Rapports sur la santé
Sentiment de contrôle et résultats positifs en matière de santé mentale chez les adultes au Canada pendant la pandémie de COVID-19

par Colin A. Capaldi, Kinda Wassef, Melanie Varin, Eric Vallières et Karen C. Roberts

Date de diffusion : le 16 avril 2025

DOI: https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202500400002-fra

Résumé

Contexte

Au Canada, pendant la pandémie de COVID-19, on a observé une baisse de la santé mentale positive (SMP) au sein de la population; cependant, de nombreuses personnes affichent encore des niveaux élevés de SMP. Un facteur de protection potentiel pourrait être le sentiment de contrôle, ce qui suppose des perceptions de la maîtrise personnelle et des contraintes perçues minimales. Des recherches canadiennes limitées ont été menées sur le lien entre le sentiment de contrôle et la SMP pendant la pandémie.

Données et méthodologie

La présente étude repose sur les données transversales de l’Enquête sur la COVID-19 et la santé mentale de 2020 et 2021, qui comprenaient les adultes (âgés de 18 ans et plus) vivant dans les 3 capitales territoriales et les 10 provinces du Canada. En tout, deux aspects du sentiment de contrôle ont été mesurés à l’aide de l’échelle du sentiment de maîtrise : la maîtrise personnelle et les contraintes perçues. Au total, trois résultats de SMP ont été mesurés au moyen des mesures uniques de la santé mentale autodéclarée (SMAD), du sentiment d’appartenance à la communauté et de la satisfaction à l’égard de la vie. Des analyses de régression ont été effectuées pour examiner les associations entre les deux aspects du sentiment de contrôle et les trois résultats liés à la SMP.

Résultats

Une plus grande maîtrise personnelle était liée à une satisfaction à l’égard de la vie moyenne plus élevée et à une plus grande probabilité d’une forte SMAD et d’un fort sentiment d’appartenance à la communauté. En revanche, de plus grandes contraintes perçues étaient liées à une plus faible satisfaction en moyenne à l’égard de la vie et à une probabilité plus faible de forte santé mentale autodéclarée et de fort sentiment d’appartenance à la communauté. Des différences sociodémographiques sur les aspects ont été observées.

Interprétation

Au Canada, les adultes ayant eu un plus grand sentiment de contrôle pendant la pandémie avaient tendance à afficher une plus grande SMP que ceux qui sentaient qu’ils avaient moins de contrôle. Des études plus poussées sur les efforts de promotion de la santé mentale supposant le sentiment de contrôle sont nécessaires.

Mots-clés

COVID-19, contrôle interne-externe, facteurs de protection, santé mentale, cohésion sociale, satisfaction personnelle, adulte, Canada, santé publique, psychologie positive.

Auteurs

Colin A. Capaldi, Melanie Varin et Karen C. Roberts font partie du Centre de surveillance et de recherche appliquée de l’Agence de la santé publique du Canada à Ottawa. Kinda Wassef et Eric Vallières travaillent pour la région du Québec à l’Agence de la santé publique du Canada.

 

Ce que l’on sait déjà sur le sujet

  • Bien que des baisses globales de la santé mentale positive aient été observées au sein de la population canadienne pendant la pandémie de COVID-19, de nombreuses personnes ont encore déclaré des niveaux élevés de santé mentale positive.
  • L’étude effectuée avant la pandémie indique qu’un sentiment de contrôle plus fort (c.-à-d. la perception de la maîtrise personnelle et les contraintes perçues minimales) est lié à une santé mentale positive, mais des études limitées ont été menées sur cette corrélation pendant la pandémie au Canada.

Ce qu’apporte l’étude

  • On a observé des différences sociodémographiques dans les niveaux de maîtrise personnelle et les contraintes perçues.
  • Lorsqu’on tient compte statistiquement de ces facteurs sociodémographiques, les adultes canadiens ayant une plus grande maîtrise personnelle et moins de contraintes perçues pendant la pandémie étaient plus satisfaits de leur vie en moyenne et plus susceptibles de déclarer une excellente ou très bonne santé mentale et un sentiment très ou assez fort d’appartenance à leur communauté.
  • Cette étude met en évidence le sentiment de contrôle comme cible potentielle des initiatives de promotion de la santé mentale et justifie le suivi continu de ces initiatives.

Introduction

La pandémie de COVID-19 a été une période difficile pour bien des gens. En fait, il semblerait que certains aspects de la santé mentale positive de la population au Canada aient diminué pendant la pandémieNote 1, Note 2, Note 3, Note 4, Note 5. L’Agence de la santé publique du Canada définit la santé mentale positive comme « la capacité qu’a chacun d’entre nous de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer notre aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés »Note 6. Plusieurs indicateurs peuvent être utilisés pour surveiller divers aspects de la santé mentale positive à des fins de surveillance de la santé publique et de rechercheNote 7, Note 8. Les données de surveillance nationale ont montré que moins d’adultes au Canada ont déclaré un niveau élevé de santé mentale autoévaluée et un fort sentiment d’appartenance à la communauté vers la fin de 2020 par rapport à 2019Note 1, et d’autres déclins ont été documentés au début de 2021Note 2. Des baisses semblables de la satisfaction moyenne à l’égard de la vie ont aussi été observéesNote 1, Note 2, Note 3. Bien que ces résultats positifs en matière de santé mentale puissent avoir diminué au niveau de la population, il y avait quand même beaucoup de personnes qui avaient déclaré avoir connu des niveaux élevés de santé mentale positive pendant la pandémie. Pour comprendre ce qui distingue ces personnes des autres et pour mettre en évidence les possibilités de promotion de la santé mentale, il est important de déterminer les facteurs de protection de la santé mentale positiveNote 9, Note 10.

Un sentiment de contrôle est un facteur de protection possible. Il comporte les croyances d’une personne en la probabilité de produire les résultats souhaités et d’empêcher ceux qui ne le sont pas, y compris la perception de la capacité de la personne d’influer sur ces résultats (p. ex. la maîtrise personnelle) et la présence ou l’absence d’obstacles (p. ex. les contraintes perçues)Note 11, Note 12, Note 13, Note 14. Le sentiment de contrôle a été reconnu comme un déterminant individuel de la santé mentale positive au cours de l’élaboration du Cadre d’indicateurs de surveillance de la santé mentale positive (CISSMP) de l’Agence de la santé publique du Canada en se basant sur une revue de la littérature et des cadres existants sur la santé mentale ainsi que sur des consultations avec des spécialistes et des intervenantsNote 7, Note 8. Les méta-analyses prépandémie montrent qu’un sentiment de contrôle plus fort est lié à une détresse ou à une maladie mentale plus faible (p. ex. l’anxiété et la dépression)Note 15, Note 16 et à un bien-être subjectif plus élevé (p. ex. la satisfaction à l’égard de la vie)Note 17. De plus, au Canada, avant la pandémie, les résultats positifs en matière de santé mentale — y compris une meilleure santé mentale autoévaluée, le bonheur, la satisfaction à l’égard de la vie et le sentiment d’appartenance — étaient liés à un sentiment de contrôle plus fortNote 18, Note 19.

Pendant la pandémie, un plus grand sentiment de contrôle était lié à une meilleure santé mentale positive dans des études internationales, comme celles menées en Chine et aux États-UnisNote 20, Note 21, Note 22, Note 23. Des recherches initiales portant sur la pandémie au Canada ont révélé que les adultes ayant un plus haut sentiment de contrôle étaient moins susceptibles d’avoir des résultats positifs pour des troubles dépressifs majeursNote 24. En outre, ils étaient moins susceptibles de déclarer que leur santé mentale s’était détériorée pendant la pandémie s’ils avaient un fort sentiment de contrôleNote 25. Cependant, peu d’études canadiennes visaient à étudier la corrélation entre le sentiment de contrôle et la santé mentale positive pendant cette période. Étant donné que la santé mentale et la détresse ou la maladie mentale sont des concepts distinctsNote 8, Note 26, il s’agit là d’une lacune évidente.

Le contrôle objectif de certains aspects de la vie a été restreint pendant la pandémie de COVID-19, ce qui fait des différences individuelles dans le contrôle subjectif un prédicteur potentiellement important de la santé mentale positive des Canadiens pendant cette périodeNote 14. Par exemple, les Canadiens qui avaient un fort sentiment de contrôle pendant la pandémie de COVID-19 ont pu s’adapter plus efficacement à la nouvelle situation en se concentrant sur ce qu’ils pouvaient encore contrôler, comme adopter des comportements favorables à la santé et des comportements de protection de la santé, alors que ceux qui avaient un faible sentiment de contrôle se sont peut-être sentis plus impuissants et passifs en réponse au virus et aux diverses restrictions de santé publique visant à minimiser sa propagation. En fait, un sentiment de contrôle plus fort était lié à des stratégies d’adaptation plus axées sur les problèmes et moins axées sur les mesures d’adaptation, à des stratégies d’évitement et de désengagementNote 27 ainsi qu’à une réactivité moindre à certains facteurs de stressNote 28.

La présente étude a porté sur le lien entre les aspects du sentiment de contrôle (c.-à-d. la maîtrise personnelle et les contraintes perçues) et trois résultats positifs en santé mentale (c.-à-d. une santé mentale autoévaluée élevée, un sentiment fort d’appartenance à la communauté et la satisfaction à l’égard de la vie) pendant la pandémie chez les adultes au Canada. Ces trois résultats positifs pour la santé mentale sont suivis dans la version adulte du CISSMPNote 7 et inclus comme indicateurs principaux dans le Cadre de la qualité de vie pour le CanadaNote 29. Sur la base de recherches antérieures, on s’attendait à ce que les personnes ayant un plus grand sentiment de contrôle (c.-à-d. une plus grande maîtrise personnelle et des contraintes perçues plus faibles) pendant la pandémie soient plus satisfaites de leur vie et soient plus susceptibles de déclarer une meilleure santé mentale autoévaluée et un fort sentiment d’appartenance à la communauté que celles ayant un plus faible sentiment de contrôle. La présente étude a également permis d’étudier les différences sociodémographiques dans les aspects du sentiment de contrôle afin de comprendre quels groupes au Canada se sentaient plus agités et moins limités et quelles populations ressentaient un plus faible sentiment de contrôle pendant la pandémie. Cette étude pourrait aider à déterminer dans quels secteurs ce facteur de protection potentiel faisait défaut et dans quels secteurs des efforts ciblés de promotion de la santé mentale pourraient être déployés au sein de la population adulte canadienneNote 13.

Méthodes

Données

Comme pour les études antérieuresNote 30, Note 31, Note 32, des données transversales ont été regroupéesNote 33 à partir des deux premiers cycles de l’Enquête sur la COVID-19 et la santé mentale (ECSM). Ces données ont été recueillies par Statistique Canada à l’aide d’interviews téléphoniques assistées par ordinateur et de questionnaires électroniques de septembre à décembre 2020 et de février à mai 2021 auprès des adultes (âgés de 18 ans et plus) vivant dans les 3 capitales territoriales et dans les 10 provinces du CanadaNote 34, Note 35. Les personnes âgées de moins de 18 ans et celles vivant dans les réserves, dans les territoires à l’extérieur des capitales, des logements collectifs ou des établissements ne faisaient pas partie de la population cible. Un plan d’échantillonnage en deux étapes a été utilisé dans le cadre de l’ECSM : premièrement, un échantillon aléatoire de logements a été sélectionné dans chaque province ou capitale territoriale, suivi de la sélection d’un répondant adulte par logement. Les taux de réponse étaient de 53,3 % pour l’ECSM de 2020 et de 49,3 % pour l’ECSM de 2021. Le consentement éclairé a été obtenu auprès de tous les participants inclus dans l’étude. Les données dépersonnalisées ont été analysées pour 18 936 des 22 721 répondants qui ont accepté que Statistique Canada transmette leurs réponses à d’autres organismes gouvernementaux comme Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada.

Mesures

Le sentiment de contrôle a été évalué à l’aide de l’échelle du sentiment de maîtrise en sept pointsNote 36. Les répondants ont évalué leur accord avec chacun des énoncés suivants : 1) « Vous avez peu de contrôle sur ce qui vous arrive » 2) « Vous ne pouvez vraiment rien faire pour résoudre certains de vos problèmes », 3) « Vous ne pouvez pas faire grand chose [sic] pour changer bien des choses importantes dans votre vie », 4) « Vous vous sentez souvent impuissant face aux problèmes de la vie », 5) « Vous trouvez parfois que vous vous faites malmener dans la vie », 6) « Ce que votre avenir renferme dépend surtout de vous-même », et 7) « Vous pouvez réaliser à peu près tout ce que vous décidez de faire ». Les options de réponse comprenaient « Fortement d’accord », « D’accord », « Ni d’accord ni en désaccord », « En désaccord » et « Fortement en désaccord ». Bien que certaines analyses canadiennes antérieures aient utilisé chacun des sept éléments (après recalcul du score) comme mesure globale du sentiment de contrôle ou de maîtriseNote 7, Note 18, Note 19, les résultats d’une analyse factorielle de confirmation effectuée au moyen des données actuelles n’ont pas pu s’appuyer sur un modèle à facteur unique (voir la figure 1 de l’annexe et le tableau 1 de l’annexe)Note 37. Un modèle à deux facteurs a permis un meilleur ajustement, les cinq premiers éléments saturés sur un facteur représentant les contraintes perçues, les deux derniers éléments saturés sur un facteur représentant la maîtrise personnelle et une association modélisée entre les deux facteurs (voir la figure 2 et le tableau 1 en annexe)Note 37. Les contraintes perçues et les facteurs de maîtrise personnelle étaient négativement associés les uns aux autres. Ces éléments ont été utilisés pour mesurer ces deux aspects du sentiment de contrôle dans les travaux de recherche antérieursNote 12, Note 38. Par conséquent, dans la présente étude, on a obtenu des scores moyens sur chaque aspect, des cotes plus élevées représentant des contraintes perçues ou une plus grande maîtrise personnelle.

Pour évaluer l’autoévaluation de la santé mentale, on a posé la question suivante aux répondants : « En général, comment décririez-vous votre santé mentale? ». Les options de réponse étaient « Excellente », « Très bonne », « Bonne », « Passable » et « Mauvaise ». L’Organisation de coopération et de développement économiques a recommandé cette question à un seul terme comme mesure démographique de la santé mentaleNote 39. On considérait que les personnes avaient une santé mentale autoévaluée élevée si elles indiquaient « Excellente » ou « Très bonne »Note 7, Note 29.

Pour évaluer le sentiment d’appartenance à la communauté, on a posé la question suivante aux répondants : « Comment décririez-vous votre sentiment d’appartenance à votre communauté locale? ». Les options de réponse étaient « Très fort », « Assez fort », « Assez faible » et « Très faible ». Un sentiment fort d’appartenance à la communauté se caractérisait par des personnes qui avaient répondu « Très fort » ou « Assez fort »Note 7, Note 29. Le sentiment d’appartenance à la communauté prend en compte un aspect (c.-à-d. l’intégration sociale) du bien-être social et peut être considéré comme un élément important de la santé mentale positiveNote 8, Note 39, Note 40, Note 41.

Pour évaluer la satisfaction à l’égard de la vie, on a demandé aux répondants : « Sur une échelle de 0 à 10, où 0 correspond à « Très insatisfait » et 10, à « Très satisfait », quel sentiment éprouvez-vous en général à l’égard de votre vie en général? ». Cette variable a été traitée comme continue dans les analyses. La satisfaction à l’égard de la vie est considérée comme un élément essentiel de la composante du bien-être hédonique de la santé mentale positiveNote 8, Note 42. La santé mentale autodéclarée, le sentiment d’appartenance à la communauté et la satisfaction à l’égard de la vie sont liés de façon positive l’un à l’autreNote 43, Note 44.

Analyse

Les analyses ont été effectuées au moyen de la version 7.1 du logiciel SAS Enterprise Guide (SAS Institute, Cary, Caroline du Nord, États-Unis). Afin de tenir compte du plan d’échantillonnage complexe, de tenir compte de la non-réponse et d’obtenir des constatations représentatives, on a utilisé les coefficients d’échantillonnage de l’enquête créés par Statistique Canada pour produire des estimations pondérées. L’estimation de la variance a été effectuée selon la méthode bootstrap (1 000 répétitions) comportant des poids fournis par Statistique Canada. Conformément aux lignes directrices sur la combinaison des cycles du Guide d’utilisation de l’ECSM de 2020 et 2021, les poids d’échantillonnage et les poids bootstrap de l’enquête dans chaque ensemble de données ont été multipliés par 0,5.

Des moyennes pondérées avec des intervalles de confiance (IC) de 95 % pour les contraintes perçues et la maîtrise personnelle ont été obtenues pour diverses caractéristiques sociodémographiques, y compris le genre (homme, femme), le groupe d’âge (18 à 34 ans, 35 à 49 ans, 50 à 64 ans, 65 ans et plus), le tertile du revenu des ménages (faible [moins de 55 000 $CAN], moyen [55 000 $CAN à 103 000 $CAN], élevé [plus de 103 000 $CAN], le groupe de population (population racisée, autochtone, non racisée et non autochtone), le statut d’immigrant (oui, non), le niveau de scolarité personnel (diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur, diplôme d’études postsecondaires) et le lieu de résidence (zone rurale, centre de population). Les adultes de diverses identités de genre n’ont pas été examinés dans cette étude, car leur taille dans l’ensemble de données était trop petite. Le groupe de population a été obtenu par l’indicateur de la minorité visible créé par Statistique CanadaNote 45, sauf que les personnes qui ont déclaré être Autochtones (c.-à-d. Premières Nations, Métis ou Inuk [Inuit]) ont été examinées séparément des personnes non racisées et non autochtones. Les immigrants comprenaient les immigrants reçus et les résidents non permanents, et les non-immigrants incluaient les personnes nées au Canada. Pour le lieu de résidence, les centres de population ont été construits en permanence dans des zones où la densité de population était d’au moins 400 personnes par km2 et où la concentration de population était d’au moins 1 000. Des différences statistiquement significatives (p < 0,05) dans les estimations moyennes entre les groupes sociodémographiques ont été déterminées par des tests t.

Les contraintes perçues et la maîtrise personnelle ont été incluses en tant que variables explicatives dans 1) les analyses de régression logistique ajustées où la santé mentale autoévaluée élevée ou le sentiment fort d’appartenance à une communauté étaient la variable critère et 2) les analyses de régression linéaire ajustées où la satisfaction à l’égard de la vie était la variable critère. Les covariables comprenaient les facteurs sociodémographiques susmentionnés, qui ont déjà montré des différences dans le sentiment global de contrôle ou la santé mentale positiveNote 7, Note 18, Note 19, Note 25. Les rapports de cotes corrigés [RCA] avec des IC de 95 % qui excluaient 1,00 et les coefficients de régression linéaire qui excluaient 0,00 ont été interprétés comme statistiquement significatifs. Les répondants affichant des données manquantes sur l’échelle du sentiment de contrôle, l’un ou l’autre des facteurs sociodémographiques ou la variable particulière de la santé mentale positive ont été exclus de l’analyse de régression respective, ce qui donne des tailles d’échantillon de 16 476 pour les analyses de régression logistique portant sur la santé mentale autoévaluée élevée, de 16 452 pour les analyses de régression logistique concernant une forte appartenance communautaire et de 16 467 pour les analyses de régression linéaire portant sur la satisfaction à l’égard de la vie. À l’exception du revenu des ménages, moins de 2,0 % des données étaient manquantes pour chaque variable (voir le tableau 1 pour obtenir les tailles des échantillons).

Résultats

Le tableau 1 présente des estimations pondérées pour les caractéristiques sociodémographiques, les aspects du sentiment de contrôle et les résultats positifs en matière de santé mentale. Une majorité d’adultes ont déclaré un niveau élevé de santé mentale autoévaluée (55,7 %) et un sentiment fort d’appartenance à la communauté (60,5 %). En moyenne, la satisfaction à l’égard de la vie a été évaluée à 7,05 sur 10. La note moyenne des contraintes perçues (M = 1,52) se situait entre les options de réponse « En désaccord » (note de 1) et « Ni en accord ni en désaccord » (note de 2), tandis que la note moyenne de maîtrise personnelle (M = 2,79) était proche de l’option de réponse « D’accord » (note de 3).


Tableau 1
Estimations pondérées des caractéristiques sociodémographiques, des résultats positifs en matière de santé mentale et des aspects du sentiment de contrôle, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Estimations pondérées des caractéristiques sociodémographiques. Les données sont présentées selon Variable (titres de rangée) et Pondéré %  et Intervalle de
confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Variable Pondéré %  Intervalle de
confiance de 95 %
de à
Genre (n = 18 900)
Hommes 49,3 49,2 49,3
Femmes 50,7 50,7 50,8
Âge (n = 18 936)
18 à 34 ans 26,5 25,8 27,2
35 à 49 ans 25,7 24,9 26,5
50 à 64 ans 25,6 25,2 26,0
65 ans et plus 22,2 22,2 22,2
Tertile du revenu du ménage (n = 17 174)
Faible (moins de 55 000 $CAN) 35,7 34,7 36,8
Moyen (de 55 000 $CAN à 103 000 $CAN) 31,0 29,9 32,1
Élevé (plus de 103 000 $CAN) 33,3 32,2 34,4
Groupe de population (n = 18 751)
Population raciséeTableau 1 Note 1 23,8 22,8 24,8
Population autochtoneTableau 1 Note 2 2,4 2,1 2,8
Population non racisée et non autochtone 73,8 72,8 74,8
Statut d’immigrant (n = 18 853)
Oui 27,3 26,3 28,3
Non 72,7 71,7 73,7
Niveau de scolarité (n = 18 892)
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 30,2 29,2 31,3
Diplôme d’études postsecondaires 69,8 68,7 70,8
Lieu de résidence (n = 18 781)
Région rurale 17,8 17,1 18,5
Centre de population 82,2 81,5 82,9
Emplacement géographiqueTableau 1 Note 3 (n = 18 936)
Ontario 39,4 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Québec 22,8 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Colombie-Britannique 13,6 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Provinces des Prairies 17,5 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Provinces de l’Atlantique 6,5 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Capitales territoriales 0,1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Santé mentale autoévaluée (n = 18 925)
Élevée 55,7 54,6 56,8
Faible ou modérée 44,3 43,2 45,4
Appartenance à la communauté (n = 18 881)
Forte 60,5 59,4 61,6
Faible 39,5 38,4 40,6
  Pondéré moyenne Intervalle de confiance de 95 %
de à
Satisfaction à l’égard de la vieTableau 1 Note 4 (n = 18 906) 7,05 7,00 7,10
Contraintes perçuesTableau 1 Note 5 (n = 18 607) 1,52 1,50 1,54
Maîtrise personnelle Tableau 1 Note 5 (n = 18 782) 2,79 2,77 2,81

Le tableau 2 présente des comparaisons sociodémographiques sur les aspects du sentiment de contrôle. En moyenne, de plus grandes contraintes perçues étaient déclarées par les femmes (par opposition aux hommes), les personnes âgées de 18 à 34 ans (par rapport à tous les groupes d’âge plus avancé), de 35 à 49 ans (par rapport aux deux groupes d’âge plus avancé), les membres de ménages à faible revenu (par rapport aux ménages à revenu moyen et à revenu élevé) ou les ménages à revenu moyen (par rapport aux ménages à revenu élevé), les personnes racisées (par rapport aux personnes non racisées et non autochtones), celles ayant un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité inférieur (par rapport à celles ayant un diplôme d’études postsecondaires) et celles vivant dans des centres de population (par rapport à celles vivant en milieu rural). En revanche, une plus grande maîtrise personnelle a été déclarée par les trois groupes d’âge plus jeunes (comparativement à ceux de 65 ans et plus), les membres des ménages à revenu élevé (comparativement à ceux des ménages à revenu moyen et à faible revenu) ou des ménages à revenu moyen (comparativement à ceux des ménages à faible revenu), les personnes qui ont déclaré être Autochtones (comparativement aux personnes racisées et aux personnes non racisées et non autochtones) ou qui étaient non racisées et non autochtones (comparativement aux personnes racisées), les personnes nées au Canada (comparativement aux immigrants) et celles vivant en milieu rural (comparativement à celles vivant dans des centres de population). Toutes les autres comparaisons sociodémographiques non mentionnées ci-dessus n’étaient pas statistiquement significatives.


Tableau 2
Comparaison sociodémographique sur les aspects du sentiment de contrôle, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Comparaison sociodémographique sur les aspects du sentiment de contrôle. Les données sont présentées selon Variable (titres de rangée) et Contraintes perçues, Maîtrise personnelle, Moyenne pondérée et Intervalle de confiance
de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Variable Contraintes perçues Maîtrise personnelle
Moyenne pondérée Moyenne pondérée
de à de à
Genre
Hommes 1,46Tableau 2 Note  1,43 1,49 279Tableau 2 Note  2,76 2,82
Femmes 1,58Tableau 2 Note  1,55 1,60 280Tableau 2 Note  2,77 2,82
Âge
18 à 34 ans 1,66Tableau 2 Note  1,61 1,71 280Tableau 2 Note  2,75 2,84
35 à 49 ans 1,51Tableau 2 Note  1,47 1,55 282Tableau 2 Note  2,78 2,86
50 à 64 ans 1,45Tableau 2 Note § 1,41 1,49 280Tableau 2 Note  2,77 2,84
65 ans et plus 1,45Tableau 2 Note § 1,41 1,49 273Tableau 2 Note  2,70 2,77
Tertile de revenu du ménage
Faible 1,65Tableau 2 Note  1,61 1,68 270Tableau 2 Note  2,67 2,74
Moyen 1,53Tableau 2 Note  1,49 1,57 281Tableau 2 Note  2,78 2,85
Élevé 1,35Tableau 2 Note § 1,31 1,39 287Tableau 2 Note § 2,84 2,91
Groupe de population
Population racisée 1,63Tableau 2 Note  1,58 1,68 272Tableau 2 Note  2,67 2,76
Population autochtone 1,59Tableau 2 Note  1,45 1,72 300Tableau 2 Note  2,87 3,13
Population non racisée et non autochtone 1,48Tableau 2 Note  1,46 1,50 281Tableau 2 Note § 2,79 2,83
Statut d’immigrant
Oui 1,56Tableau 2 Note  1,51 1,60 270Tableau 2 Note  2,66 2,74
Non 1,51Tableau 2 Note  1,49 1,53 282Tableau 2 Note  2,80 2,84
Niveau de scolarité
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 1,62Tableau 2 Note  1,58 1,66 279Tableau 2 Note  2,75 2,83
Diplôme d’études postsecondaires 1,48Tableau 2 Note  1,46 1,51 279Tableau 2 Note  2,77 2,82
Lieu de résidence
Région rurale 1,44Tableau 2 Note  1,40 1,48 288Tableau 2 Note  2,84 2,92
Centre de population 1,54Tableau 2 Note  1,52 1,57 277Tableau 2 Note  2,75 2,79

Après correction pour tenir compte statistiquement des facteurs sociodémographiques et des deux aspects du sentiment de contrôle dans les analyses de régression, les deux aspects étaient associés de façon significative aux trois résultats positifs en santé mentale. Les personnes ayant une plus grande maîtrise personnelle étaient plus susceptibles de déclarer avoir un niveau élevé de santé mentale autoévaluée (RCA = 1,21, IC à 95 % : 1,12 à 1,31), alors que les personnes ayant des contraintes perçues plus élevées étaient moins susceptibles de déclarer avoir un niveau élevé de santé mentale autoévaluée (RCA = 0,37, IC à 95 % : 0,35 à 0,41; voir le tableau 3). De même, un fort sentiment d’appartenance à la communauté était plus susceptible d’être déclaré par des personnes ayant une plus grande maîtrise personnelle (RCA = 1,18, IC à 95 % : 1,10 à 1,27) et moins susceptible d’être déclaré par les personnes ayant des contraintes perçues plus élevées (RCA = 0,58, IC à 95 % : 0,54 à 0,62; voir tableau 4). Enfin, les cotes de satisfaction à l’égard de la vie étaient plus élevées chez les personnes ayant une plus grande maîtrise personnelle (b ajusté = 0,23, IC à 95 % : 0,16 à 0,30) et plus basses pour les personnes ayant des contraintes perçues plus élevées (b ajusté = -1,09, IC à 95 % : -1,15 à -1,03; voir le tableau 5).


Tableau 3
Analyse de régression logistique avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives du niveau élevé de santé mentale autoévaluée, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Analyse de régression logistique avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives du niveau élevé de santé mentale autoévaluée Rapport de cotes corrigé et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Rapport de cotes corrigé Intervalle de confiance de 95 %
de à
Genre
Femmes 0,77 0,69 0,86
HommesTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Âge
18 à 34 ans 0,27 0,23 0,32
35 à 49 ans 0,36 0,31 0,43
50 à 64 ans 0,53 0,45 0,62
65 ans et plusTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Tertile de revenu du ménage
Faible 0,95 0,82 1,09
Moyen 1,00 0,87 1,16
ÉlevéTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Groupe de population
Population racisée 1,50 1,22 1,85
Population autochtone 0,64 0,45 0,92
Population non racisée, non autochtoneTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Statut d’immigrant
Oui 1,13 0,94 1,37
NonTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Niveau de scolarité
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 0,86 0,76 0,98
Diplôme d'études postsecondairesTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Lieu de résidence
Région rurale 1,26 1,09 1,45
Centre de populationTableau 3 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Contraintes reçues 0,37 0,35 0,41
Maîtrise personnelle 1,21 1,12 1,31

Tableau 4
Analyse de régression logistique avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives du fort sentiment d’appartenance à la communauté, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Analyse de régression logistique avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives du fort sentiment d’appartenance à la communauté Rapport
de cotes
corrigé et Intervalle de
confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
Rapport
de cotes
corrigé
Intervalle de
confiance de 95 %
de à
Genre
Femmes 1,00 0,90 1,11
HommesTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Âge
18 à 34 ans 0,34 0,29 0,40
35 à 49 ans 0,48 0,41 0,57
50 à 64 ans 0,59 0,50 0,68
65 ans et plusTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Tertile de revenu du ménage
Faible 1,02 0,89 1,17
Moyen 1,08 0,95 1,24
ÉlevéTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Groupe de population
Population racisée 1,20 0,99 1,46
Population autochtone 0,99 0,70 1,40
Population non racisée, non autochtoneTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Statut d’immigrant
Oui 1,05 0,88 1,24
NonTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Niveau de scolarité
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 1,06 0,93 1,21
Diplôme d'études postsecondairesTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Lieu de résidence
Région rurale 1,28 1,12 1,47
Centre de populationTableau 4 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Contraintes reçues 0,58 0,54 0,62
Maîtrise personnelle 1,18 1,10 1,27

Tableau 5
Analyse de régression linéaire avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives de la satisfaction à l’égard de la vie, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Analyse de régression linéaire avec les facteurs sociodémographiques et les aspects du sentiment de contrôle comme variables explicatives de la satisfaction à l’égard de la vie b ajusté et Intervalle de confiance de 95 %(figurant comme en-tête de colonne).
b ajusté Intervalle de confiance de 95 %
de à
Genre
Femmes -0,10 -0,19 -0,005
HommesTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Âge
18 à 34 ans -0,80 -0,94 -0,66
35 à 49 ans -0,54 -0,67 -0,41
50 à 64 ans -0,48 -0,61 -0,36
65 ans et plusTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Tertile de revenu du ménage
Faible -0,08 -0,19 0,03
Moyen -0,02 -0,13 0,09
ÉlevéTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Groupe de population
Population racisée -0,01 -0,17 0,14
Population autochtone -0,03 -0,26 0,20
Population non racisée, non autochtoneTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Statut d’immigrant
Oui 0,09 -0,05 0,22
NonTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Niveau de scolarité
Diplôme d’études secondaires ou niveau de scolarité inférieur 0,07 -0,05 0,18
Diplôme d'études postsecondairesTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Lieu de résidence
Région rurale 0,31 0,20 0,41
Centre de populationTableau 5 Note 1 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
Contraintes perçues -1,09 -1,15 -1,03
Maîtrise personnelle 0,23 0,16 0,30

Discussion

La présente étude visait à déterminer 1) si la maîtrise personnelle et les contraintes perçues variaient selon les facteurs sociodémographiques et 2) si ces aspects du sentiment de contrôle étaient liés à une santé mentale positive chez les adultes au Canada pendant la pandémie de COVID-19.

Une plus faible maîtrise personnelle ou des contraintes perçues plus élevées ont été observées chez les femmes, les membres de ménages à faible revenu, les personnes racisées, celles nées à l’extérieur du Canada, et les personnes ayant un niveau de scolarité moins élevé. Ces résultats reflètent en grande partie les différences sociodémographiques dans le sentiment de contrôle observées dans les données canadiennes antérieures tirées de l’Enquête sociale générale de 2003 et de 2008Note 18, Note 19. Les positions sociales relativement marginalisées, l’accès inégal aux ressources et aux possibilités économiques et sociales (qu’il soit réel ou perçu) et l’exposition accrue à la stigmatisation et à la discrimination peuvent entraîner des perceptions de contrôle plus fortes ou des sentiments plus faibles de maîtrise personnelle en moyenne parmi les membres de ces groupesNote 46, Note 47, Note 48. Pour des raisons semblables, on pouvait s’attendre à un plus faible sentiment de contrôle chez les personnes qui ont déclaré être Autochtones; toutefois, celles-ci ont déclaré une plus grande maîtrise personnelle en moyenne que les autres groupes de population qui ont été examinés. La question de savoir si cette constatation est récurrente au sein de certains groupes autochtones en particulier (p. ex. les Premières Nations, les Métis et les Inuit), parmi les personnes vivant dans les réserves ou pendant d’autres périodes n’est pas résolue. En ce qui a trait aux différences observées dans le niveau de scolarité et le revenu du ménage, une autre explication pourrait être que les personnes ayant un sentiment de contrôle fort sont plus susceptibles de poursuivre leurs études et d’obtenir des emplois plus lucratifsNote 49.

On a aussi observé un sentiment de contrôle plus faible chez les adultes dans les centres de population. Cette constatation contraste avec l’étude canadienne réalisée avant la pandémie, qui n’a pas trouvé de différences significatives en ce qui a trait au sentiment de contrôle chez les adultes plus âgés vivant en milieu rural, comparativement à ceux vivant dans les régions urbainesNote 50. Le fait de vivre dans des régions les plus densément peuplées pendant la pandémie où il y a davantage de possibilités de transmission de la COVID-19 et de plus grandes perturbations de la routine quotidienne des personnes pourrait avoir partiellement contribué à la différence observéeNote 51, Note 52. Plus généralement, les risques différentiels (réels et perçus) d’infection ou de mortalité attribuables à la COVID-19 et les répercussions indirectes liées à la pandémie peuvent aussi expliquer en partie certaines des autres différences sociodémographiques observées dans le sentiment de contrôleNote 52, Note 53, Note 54.

Autant les groupes d’âge plus âgés avaient tendance à déclarer des contraintes perçues moins élevées en moyenne, autant les jeunes adultes déclaraient une maîtrise personnelle plus élevée. Cette constatation correspond davantage aux résultats des études antérieures qui avaient tendance à observer des niveaux globaux de contrôle plus faibles chez les aînésNote 11, Note 18, Note 19. La tendance nuancée des résultats pour la maîtrise personnelle et les contraintes perçues pour l’âge et d’autres facteurs sociodémographiques souligne l’importance de tenir compte des différents aspects du sentiment de contrôle, qui sont associés négativement, mais distincts.

Après correction pour tenir compte statistiquement des facteurs sociodémographiques et de chaque aspect, l’étude actuelle a révélé que les personnes ayant une maîtrise personnelle plus élevée et des contraintes perçues moins élevées avaient tendance à déclarer une meilleure santé mentale positive pour l’ensemble des trois résultats. Ce résultat est conforme à ceux des recherches internationales et canadiennes réalisées avant la pandémieNote 17, Note 18, Note 19 et des études menées dans d’autres pays pendant la pandémieNote 20, Note 21, Note 22, Note 23. Le sentiment de contrôle a été reconnu comme une ressource psychologique qui peut aider les personnes à gérer le stress résultant d’événements de la vie négatifs et de conditions difficilesNote 11, Note 36, Note 55, Note 56, Note 57. En fait, « à moins que les gens ne croient qu’ils peuvent produire les résultats souhaités et prévenir les résultats néfastes par leurs actions, ils sont peu motivés à agir ou à persévérer face aux difficultésNote 55 » [traduction]. La pandémie de COVID-19 est l’exemple typique d’un environnement potentiellement difficile.

Les résultats actuels donnent à penser qu’un sentiment de contrôle plus fort peut avoir contribué à favoriser les perceptions positives de la santé mentale, un sentiment plus fort d’appartenance à la communauté et une plus grande satisfaction à l’égard de la vie pendant la pandémie. Les personnes qui ont un sentiment de contrôle plus fort peuvent avoir ressenti moins d’impuissance et avoir utilisé des stratégies d’adaptation plus efficaces lorsqu’elles ont dû faire face à divers facteurs de stress pendant la pandémieNote 13, Note 27. Par ailleurs, l’exposition à davantage de facteurs de stress pendant la pandémie pourrait avoir réduit le sentiment de contrôle et de santé mentale positive. De futures recherches pourraient permettre d’étudier ces pistes éventuelles (et bien d’autres) qui se situent entre le sentiment de contrôle et la santé mentale positive.

Points forts et limites

La présente étude nous permet de mieux comprendre le sentiment de contrôle et la santé mentale positive au Canada grâce à un ensemble de données relativement vaste et représentatif. L’inclusion d’une mesure multifactorielle du sentiment de contrôle dans l’ECSM a permis d’examiner deux de ses aspects, tandis que l’inclusion de nombreuses caractéristiques sociodémographiques a permis de documenter les inégalités inhérentes à ces aspects dans différents segments de la population canadienne. Les résultats fournissent des preuves cohérentes qu’une plus grande maîtrise personnelle et de plus faibles contraintes perçues sont associées à trois résultats positifs en matière de santé mentale.

Néanmoins, dans le cadre d’une enquête transversale, la causalité ne peut être déterminée. La santé mentale positive peut favoriser un sentiment de contrôle plus fort, les associations peuvent être bidirectionnelles ou les deux pourraient être influencés par une variable confusionnelleNote 13. En outre, la mesure dans laquelle les aspects du sentiment de contrôle et les résultats positifs en matière de santé mentale ont fait ressortir les différences dans l’état plutôt que celles dans les caractéristiques ne peuvent être établies au moyen des données actuellesNote 11, Note 13. Les explications possibles des différences et des associations sociodémographiques observées ont été prises en considération, mais cela n’est que pure spéculation. De plus, il est nécessaire d’effectuer davantage de travaux de validation sur la structure factorielle et l’invariance de la mesure de l’échelle du sentiment de maîtrise parmi des groupes spécifiques examinés dans la présente étude. Comme les données n’ont été recueillies qu’au cours d’une partie précise de la pandémie à la fin de 2020 et au début de 2021, l’ampleur des associations peut avoir varié pendant d’autres périodes. Des études à venir pourraient porter sur les associations au début de 2023 à l’aide des données de l’ECSM de 2023Note 58. Des comparaisons avec la période prépandémie n’ont pas été effectuées en raison d’un manque de données de référence opportunes sur l’échelle du sentiment de maîtrise immédiatement avant la pandémie. Les résultats peuvent ne pas être généralisables aux personnes qui ne faisaient pas partie de la population cible pour l’ECSM (p. ex. les jeunes), à d’autres mesures ou résultats positifs en matière de santé mentale (p. ex. le bien-être psychologique)Note 7 qui n’ont pas été évalués au cours des deux premiers cycles ou à des domaines particuliers de contrôle perçu (p. ex. le travail)Note 59. De nombreuses caractéristiques sociodémographiques ayant été associées avec au moins un aspect du sentiment de contrôle ont été neutralisées statistiquement dans les analyses de régression, mais les associations stratifiées et les effets d’interaction entre ces caractéristiques et ce sentiment de contrôle n’ont pas été examinés, pas plus que les analyses portant sur les aspects et les répercussions distinctes liés à la pandémie (p. ex. la perte d’emploi ou de revenu). Même si les résultats étaient pondérés, le biais de non-réponse pourrait toujours être un problème compte tenu des taux de réponse et de partage (surtout si la probabilité de répondre variait selon les niveaux de contrôle ou de santé mentale positive), et d’autres biais potentiels (p. ex. les réponses socialement souhaitables) pourraient être présentsNote 60. L’exclusion des répondants pour lesquels certaines données étaient manquantes sur certaines variables (p. ex. le revenu des ménages) pourrait aussi avoir influencé les résultats.

Conclusion

La présente étude contribue à enrichir la littérature en documentant les inégalités observées dans les aspects du sentiment de contrôle et leurs associations avec des résultats positifs en santé mentale chez les adultes au Canada pendant la pandémie de COVID-19. Les résultats obtenus appuient l’idée de l’inclusion permanente et de la surveillance continue du sentiment de contrôle en tant que déterminant individuel de la santé mentale positive dans le CISSMPNote 7; ils prouvent l’importance du sentiment de contrôle pour certains aspects clés de la qualité de vie des CanadiensNote 29 et mettent en évidence le sentiment de contrôle comme cible potentielle des initiatives de promotion de la santé mentaleNote 13. Les efforts intersectoriels visant à réduire les obstacles et à responsabiliser les personnes, ainsi que la promotion des techniques de thérapie cognitivo-comportementale permettant aux personnes de cerner plus efficacement les choses qu’elles peuvent contrôler et de s’adapter aux événements qui ne sont pas sous leur contrôle pourraient être envisagées comme des voies possibles de renforcement du sentiment de contrôle et de la santé mentale positive, en particulier chez les personnes qui se situent au bas de l’échelle lorsqu’on considère ces facteurs psychologiques importantsNote 13, Note 61, Note 62.

Figure 1 de l’annexe Analyse des facteurs de confirmation à facteur unique de l’échelle du sentiment de contrôle, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021

Description de la figure 1 

La figure modélise les principaux résultats de l’analyse factorielle confirmatoire à facteur unique.

Il y a un ovale près du sommet de la figure, qui représente le facteur unique. « Faible sentiment de contrôle » est écrit dans l’ovale.

Sous l’ovale, sept rectangles sont présentés côte à côte. Les rectangles représentent chaque élément de l’échelle du sentiment de contrôle. De gauche à droite, ce qui suit est écrit dans les rectangles : « Vous avez peu de contrôle sur ce qui vous arrive », « Vous ne pouvez vraiment rien faire pour résoudre certains de vos problèmes », « Vous ne pouvez pas faire grand-chose pour changer bien des choses importantes dans votre vie », « Vous vous sentez souvent impuissant face aux problèmes de la vie », « Vous trouvez parfois que vous vous faites malmener dans la vie », « Ce que votre avenir renferme dépend surtout de vous-même », et « Vous pouvez réaliser à peu près tout ce que vous décidez de faire ».

Sept flèches à tête simple pointant de l’ovale du faible sentiment de contrôle vers chacun des rectangles sont affichées, représentant les saturations factorielles normalisées. Un nombre est présenté à côté de chaque flèche à une tête pour indiquer la valeur de la saturation factorielle normalisée. De gauche à droite, les valeurs des saturations factorielles normalisées sont 0,66, 0,75, 0,78, 0,74, 0,61, -0,31 et -0,41.

Figure 2 de l’annexe Analyse factorielle confirmatoire à deux facteurs de l’échelle du sentiment de contrôle, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021

Description de la figure 2 

La figure modélise les principaux résultats de l’analyse factorielle confirmatoire à deux facteurs.

Il y a deux ovales près du sommet de la figure, qui représentent les deux facteurs. « Contraintes perçues » est écrit dans l’ovale à gauche, et « Maîtrise personnelle » est écrit dans l’ovale à droite.

Il y a une flèche à deux têtes au-dessus des ovales, qui représente la corrélation entre les facteurs. Une valeur de corrélation de -0,47 est montrée au-dessus de la flèche à deux têtes.

Sous l’ovale, sept rectangles sont présentés côte à côte. Les rectangles représentent chaque élément de l’échelle du sentiment de contrôle. De gauche à droite, ce qui suit est écrit dans les rectangles : « Vous avez peu de contrôle sur ce qui vous arrive », « Vous ne pouvez vraiment rien faire pour résoudre certains de vos problèmes », « Vous ne pouvez pas faire grand-chose pour changer bien des choses importantes dans votre vie », « Vous vous sentez souvent impuissant face aux problèmes de la vie », « Vous trouvez parfois que vous vous faites malmener dans la vie », « Ce que votre avenir renferme dépend surtout de vous-même », et « Vous pouvez réaliser à peu près tout ce que vous décidez de faire ».

Cinq flèches à tête unique partant de l’ovale des contraintes perçues vers les cinq rectangles les plus à gauche sont illustrées, représentant les saturations factorielles normalisées des éléments visant à mesurer les contraintes perçues. Un nombre est présenté à côté de chaque flèche à une tête pour indiquer la valeur de la saturation factorielle normalisée. De gauche à droite, les valeurs des saturations factorielles normalisées sont 0,66, 0,76, 0,78, 0,74 et 0,61.

Deux flèches à tête unique partant de l’ovale de la maîtrise personnelle aux deux rectangles les plus à droite sont illustrées, représentant les saturations factorielles normalisées des éléments visant à mesurer la maîtrise personnelle. Un nombre est présenté à côté de chaque flèche à une tête pour indiquer la valeur de la saturation factorielle normalisée. De gauche à droite, les valeurs des saturations factorielles normalisées sont 0,59 et 0,84.


Tableau 1 en annexe
Critères de seuil pour les indices d’ajustement et les résultats des modèles à un facteur et à deux facteurs de l’échelle du sentiment de contrôle, population à domicile âgée de 18 ans et plus, Canada, fin 2020 au début de 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Critères de seuil pour les indices d’ajustement et les résultats des modèles à un facteur et à deux facteurs de l’échelle du sentiment de contrôle. Les données sont présentées selon Critères de seuil de Hu et de Bentler (1999) (titres de rangée) et AFC à facteur unique et AFC à deux facteurs(figurant comme en-tête de colonne).
Critères de seuil de Hu et de Bentler (1999) AFC à facteur unique AFC à deux facteurs
IAC ≥ 0,95 0,860 0,954
ITL ≥ 0,95 0,790 0,925
RQMN < 0,08 0,068 0,027
EQMA < 0,06 0,075 0,045
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