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  1. Introduction
  2. Méthodologie
  3. Résultats
  4. Conclusion

1   Introduction

Il y a au Canada différents organismes qui offrent des programmes ayant pour but d’aider des personnes faisant partie de populations cibles à obtenir leur diplôme d’études secondaires. Les ententes sur le développement du marché du travail et les ententes sur le marché du travail négociées entre l’administration fédérale et les administrations provinciales aident les adultes admissibles peu qualifiés et sans emploi à obtenir une équivalence d’études secondaires (p. ex., formation générale, ou « Generalized Educational Development »). Des programmes d’intervention parascolaire ont été établis dans de nombreuses administrations pour réduire le taux d’abandon des études secondaires lorsque ce taux était élevé parmi les jeunes à risque (entre autres le programme Passeport pour ma réussite 1 ); ce même objectif a entraîné la modification des lois sur la fréquentation scolaire obligatoire dans certaines provinces 2  au cours des dernières années.

Les avantages privés et publics associés à l’augmentation du taux d’achèvement des études secondaires sont à la fois nombreux et complexes (Oreopoulos et Salvanes, 2011). La présente étude traite d’une seule dimension, soit les avantages à long terme sur le marché du travail qui découlent de l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. Des comparaisons sont faites entre deux groupes — les personnes ayant obtenu leur diplôme terminal d’études secondaires, c’est-à-dire qui ont un diplôme d’études secondaires mais n’ont pas fait d’études postsecondaires — et les personnes sans diplôme d’études secondaires. La question centrale est la suivante : quels sont les avantages à long terme sur le marché du travail qui découlent de l’obtention d’un diplôme d’études secondaires comparativement à l’absence d’un tel diplôme? Le rôle du diplôme d’études secondaires comme passerelle vers les études postsecondaires et les avantages sur le marché du travail qui résultent de diplômes additionnels dépassent la portée de notre analyse 3 .

Les économistes du domaine du travail ont décrit le rôle de l’éducation en regard des résultats sur le marché du travail à partir de deux perspectives opposées (Weiss, 1995). Selon la théorie du capital humain, les personnes ayant un niveau de scolarité supérieur auront de meilleures perspectives d’emploi parce que leurs études ont servi à hausser leur niveau de compétence et que les employeurs éventuels vont censément observer le niveau de compétence. Conformément à ce point de vue, la personne qui a satisfait à toutes les exigences reliées à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ne tirera pas un avantage en mentionnant ce diplôme dans son curriculum vitae, étant donné que ce sont les années de scolarité qui sont à la base des compétences, et que ce sont les compétences qui déterminent les résultats sur le marché du travail. Un diplôme d’études secondaires considéré indépendamment du nombre d’années d’études nécessaires pour l’obtenir ne devrait pas donner lieu à de meilleures perspectives sur le marché du travail.

La théorie des signaux propose un point de vue différent : l’hypothèse est cette fois que les employeurs ne peuvent observer les compétences des travailleurs, et qu’ils doivent donc se fonder sur des signaux, comme le diplôme d’études secondaires, pour faire une sélection parmi les postulants aux emplois. Selon cette théorie, une scolarité additionnelle n’entraînera pas une amélioration des perspectives d’emploi, sauf si cela aboutit à l’obtention d’un diplôme. Ce diplôme ne constituera pas forcément une approximation précise des compétences, mais il s’agit néanmoins d’une approximation sur laquelle peut se fonder l’employeur. Il est tout à fait possible qu’un travailleur ayant un diplôme et un travailleur non diplômé aient des compétences différentes et que la chose soit entièrement attribuable à la sélection. Par exemple, la personne ayant obtenu son diplôme peut l’avoir fait parce qu’elle a tendance à achever ce qu’elle commence ou parce qu’elle a du talent au chapitre des examens écrits, tandis que la personne non diplômée peut être plus habile pour chercher du travail, passer des entrevues ou établir des rapports sociaux. Dans l’idéal, les chercheurs devraient tenir compte du plus grand nombre possible de compétences et de caractéristiques observables dans le cadre de la comparaison entre les personnes ayant un diplôme d’études secondaires et les personnes non diplômées. Si l’on suppose que tous les facteurs pertinents sont pris en compte (dont les années de scolarité), tout écart résiduel dans les résultats sera attribuable à un effet de signal (c’est-à-dire les écarts perçus à l’égard des compétences, après exclusion des écarts de compétences réels).

Lorsqu’ils disposent de données à la fois sur les années de scolarité et sur les diplômes, les chercheurs vont souvent effectuer leur analyse en tenant compte à la fois de la théorie du capital humain et de la théorie des signaux. À titre d’exemple, Ferrer et Riddell (2002) ont utilisé les données du Recensement la population de 1996 pour estimer le rôle des diplômes dans la détermination des résultats sur le marché du travail tout en prenant en compte les années de scolarité. Ils ont ainsi observé qu’un diplôme d’études secondaires (associé peut-être à une formation postsecondaire) donne lieu à une hausse du revenu annuel de l’ordre de 5 % chez les hommes et de 6 % chez les femmes.

Il faut cependant préciser que la définition des diplômés du secondaire utilisée par Ferrer et Riddell inclut les personnes ayant suivi un programme d’enseignement postsecondaire, qu’elles aient obtenu un diplôme ou non. Il s’agit d’une approche valide, considérant que le diplôme d’études secondaires sert d’étape vers les études postsecondaires pour de nombreux étudiants. Toutefois, ce n’est pas nécessairement le cas des étudiants qui en sont à décider s’ils vont ou non achever leurs études; les comparaisons entre les personnes ayant un diplôme terminal d’études secondaires et les personnes non diplômées peuvent être plus instructives.

La seule étude canadienne à adopter cette approche est celle de Campolieti et coll. (2010). Ces auteurs déterminent l’effet de signal d’un diplôme d’études secondaires en mettant en concordance la décision d’abandonner les études secondaires et les conditions prévalant sur le marché du travail local au moment où l’étudiant faisait ses études secondaires. Ils constatent que l’obtention d’un diplôme d’études secondaires (sans études postsecondaires subséquentes) présente en général une association positive avec l’emploi et le salaire chez les personnes âgées de 22 à 24 ans. Plusieurs études américaines ont porté sur une population encore plus marginale, comptant uniquement les personnes ayant de justesse réussi ou non à remplir les exigences liées à l’obtention du diplôme d’études secondaires. Par exemple, Heckman et LaFontaine (2006) ont examiné les salaires d’un échantillon d’adultes qui, à un moment quelconque dans le passé, ont fait l’examen de formation générale (« Generalized Educational Development »). À partir des résultats d’examen et en recourant à un plan de discontinuité de la régression, ils ont procédé à une comparaison entre les personnes ayant à peine obtenu la note de passage et celles dont la note était tout juste inférieure à cette note de passage, en faisant valoir que les membres de l’un et l’autre groupe seraient sans doute très similaires même en l’absence de l’attestation. Ils ont constaté que le fait d’avoir réussi cet examen n’apporte aucun avantage sur le plan salarial. De même, Martorell et Clark (2010) ont examiné les étudiants inscrits à un programme d’enseignement secondaire régulier en Floride et au Texas, où il faut réussir un examen final pour obtenir son diplôme d’études secondaires, et ils n’ont pas non plus observé d’avantage à court terme (sur un horizon de six à sept ans) attribuable à la réussite de cet examen.

Il n’y a encore aucune étude canadienne qui ait porté sur les avantages à long terme sur le marché du travail qui sont attribuables à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. La présente étude aborde cette question en examinant les résultats obtenus sur le marché du travail par des personnes nées au milieu des années 1960, qui sont suivies depuis la mi-vingtaine jusqu’à la mi-quarantaine à partir de données administratives longitudinales (plus précisément le Fichier de données longitudinales sur la main-d’oeuvre, ou FDLMO) couplées aux données du fichier du Recensement de la population de 1991. L’étude porte sur deux groupes : les personnes ayant un diplôme terminal d’études secondaires (c’est-à-dire qui avaient un diplôme d’études secondaires mais n’avaient pas fait d’études postsecondaires au moment du Recensement de 1991), et les personnes sans diplôme d’études secondaires (c’est-à-dire qui n’avaient pas de diplôme, n’étaient pas inscrites à un programme d’études secondaires et n’avaient pas fait d’études postsecondaires au moment du Recensement de 1991). L’étude vient également enrichir la littérature consacrée à ce sujet en examinant un plus large éventail de résultats sur le marché du travail que ne l’ont fait les études antérieures.

Selon les constatations de l’étude, une fois prises en compte les différences liées au nombre d’années de scolarité et aux caractéristiques démographiques, un diplôme d’études secondaires se traduit par des revenus additionnels de 83 000 $ à 123 000 $ pour les hommes et de 70 000 $ à 107 000 $ pour les femmes au cours de la période de référence de 20 ans. Les hommes et les femmes ayant un diplôme terminal d’études secondaires participent à un régime de retraite d’employeur pendant environ une année de plus durant cette même période. Également, les femmes ayant un diplôme d’études secondaires accumulent une ou deux années d’emploi de plus. Enfin, il n’y a guère de données laissant penser qu’il existe un lien entre un diplôme terminal d’études secondaires et l’affiliation syndicale ou la probabilité d’être mis à pied.

Bien que l’étude ait porté d’abord sur l’effet de signal associé à un diplôme d’études secondaires, elle a aussi permis de constater un effet marqué sur le capital humain. Ainsi, l’étudiant moyen sans diplôme d’études secondaires a accumulé 1,8 année de scolarité de moins que le détenteur d’un diplôme terminal d’études secondaires. La valeur estimative liée à l’acquisition de cette 1,8 année de scolarité (en l’absence du diplôme) est à peu près équivalente à celle découlant de l’obtention du diplôme proprement dit.

Il faut noter que les résultats de cette étude s’appliquent à une cohorte précise, soit celle qui comprend les personnes nées au milieu des années 1960 et pour lesquelles on a pu effectuer un couplage avec des données administratives. Bien que cette cohorte soit très représentative de l’ensemble des personnes nées au milieu des années 1960, il peut néanmoins exister certaines différences. De plus, on ne connaît pas encore les résultats à long terme associés aux cohortes plus récentes; ces résultats pourraient être similaires, mais pas forcément.

Le document est structuré de la façon suivante : les données et les méthodes utilisées dans le cadre de l’étude sont décrites à la section 2. Les résultats sont présentés à la section 3, ce qui est suivi d’une conclusion où l’on retrouve des commentaires sur les constatations et des réflexions sur des travaux de recherche futurs.

2   Méthodologie

La partie principale de la présente analyse repose sur les données couplées du Recensement de 1991 et du Fichier de données longitudinales sur la main-d’oeuvre (FDLMO). Le fichier 2B (questionnaire complet) du Recensement de 1991 porte sur un échantillon aléatoire de 20 % des ménages canadiens et contient un riche ensemble de variables socioéconomiques. Ce fichier a été couplé avec des données administratives sur la santé 4  au moyen d’un couplage probabiliste avec le fichier T1 (T1 générale – Déclaration de revenus et de prestations) dans le cas des personnes âgées de 25 ans et plus le 31 décembre 1991. On a pu apparier environ 75 % de l’échantillon par cette méthode, ce qui a permis de produire un échantillon représentant à peu près 15 % de la population âgée de 25 ans et plus.

Le fichier ainsi obtenu a ensuite été couplé au FDLMO à partir du numéro d’assurance sociale. Le FDLMO représente un échantillon aléatoire englobant 10 % des personnes qui ont reçu un feuillet T4 (État de la rémunération payée) ou produit une déclaration T1 (T1 générale – Déclaration de revenus et de prestations). Ce fichier est constitué par Statistique Canada à partir de quatre fichiers administratifs couplés : le fichier des relevés d’emploi (RE) de Ressources humaines et Développement des compétences Canada; les fichiers T1 (T1 générale – Déclaration de revenus et de prestations) et T4 (T4 – État de la rémunération payée) de l’Agence du revenu du Canada, et le fichier du Programme d’analyse longitudinale sur l’emploi (PALE) de Statistique Canada. Il s’agit de données longitudinales qui portent sur la période allant de 1983 à 2010. Une fois qu’elles font partie du FDLMO, les personnes y demeurent tant et aussi longtemps que l’on recueille des données à leur sujet dans les fichiers (c’est-à-dire tant qu’ils produisent une déclaration T1 ou qu’ils reçoivent un feuillet T4). À titre d’exemple, la personne qui a un emploi rémunéré en 1996, qui est choisie pour faire partie du FDLMO, qui est sans emploi en 1997 puis qui revient sur le marché du travail en 1998 à titre de travailleur autonome figurera dans le FDLMO en 1996 et en 1998. Les analystes peuvent alors imputer zéro revenu tiré d’un emploi rémunéré ou d’un travail autonome en 1997.

Le fichier final de données couplées du Recensement de 1991 et du FDLMO représente un échantillon de quelque 1,5 % de la population âgée de 25 ans et plus en date du 31 décembre 1991, ce qui représente 263 674 personnes au total 5 . Chacun des deux fichiers composant le fichier final (fichier de données couplées du Recensement de 1991 et du FDLMO) a une utilité particulière dans la présente étude. Le fichier du Recensement de 1991 sert à sélectionner l’échantillon d’analyse et à déterminer les caractéristiques relatives aux études et les caractéristiques de base. L’échantillon est composé de personnes nées dans une province canadienne au milieu des années 1960 (plus précisément de 1964 à 1966). Ces personnes avaient donc en moyenne 26 ans en 1991 (et 45 ans en 2010). Il fallait disposer de cohortes de naissance multiples pour obtenir une taille d’échantillon permettant de produire des résultats fiables. L’échantillon final était composé de personnes ayant au plus un diplôme d’études secondaires, n’ayant pas fait d’études postsecondaires au moment du Recensement de 1991 (le 4 juin 1991) et n’ayant pas fréquenté un établissement d’enseignement au cours des neuf mois précédents.

Les répondants au Recensement de 1991 indiquaient s’ils avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires et combien d’années de scolarité ils avaient accumulées, en comptant les niveaux primaire et secondaire. Cette information sert à créer une variable nominale correspondant à l’obtention du diplôme d’études secondaires et une variable indiquant le nombre d’années de scolarité. Des données relatives à d’autres caractéristiques de base importantes ont aussi été recueillies lors du Recensement, ce qui a servi à créer les variables nominales suivantes aux fins de l’analyse : les femmes; l’appartenance à une minorité visible; le statut d’Autochtone; le français comme première langue officielle parlée; la présence d’une invalidité de longue durée; la province de naissance 6 . On a également créé des variables nominales correspondant à l’année de la naissance afin de rendre compte des trois cohortes de naissance différentes 7 .

Le FDLMO a lui aussi été utilisé pour sélectionner l’échantillon faisant l’objet de l’analyse. Plus précisément, ce fichier devait contenir des données sur une personne lors d’au moins 18 des 20 années étudiées 8 . En raison de ce critère ainsi que de ceux reliés au fichier du Recensement de 1991, l’échantillon analysé comptait 4 161 personnes. De ce nombre, 1 843 étaient détenteurs d’un diplôme d’études secondaires (899 hommes et 944 femmes), et 2 318 n’avaient pas obtenu ce diplôme (1 169 hommes et 1 149 femmes).

Le FDLMO sert également à faire le suivi de plusieurs résultats à long terme sur le marché du travail de 1991 à 2010 9 , comme le revenu total (traitements et salaires ainsi que revenu d’un travail autonome), la participation à un régime de retraite d’employeur, l’emploi, l’affiliation syndicale ainsi que les mises à pied permanentes et temporaires. L’analyse porte d’abord sur les résultats ou les avantages découlant de la participation au marché du travail ou de l’occupation d’un emploi. Par exemple, les cotisations de l’employeur à un régime de retraite présentent un intérêt puisqu’elles constituent un avantage complémentaire pour l’employé. Par contre, les cotisations d’un employé à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) sont exclues, étant donné qu’elles sont le fruit d’une décision prise par l’employé en vue de planifier sa retraite.

Le revenu total est bien sûr d’ordre monétaire et est mesuré au fil du temps. De manière à tenir compte de l’inflation, les montants sont exprimés en dollars constants de 2010, d’après le panier de l’Indice des prix à la consommation en 2009 (tableau 326-0021 de CANSIM). Pour rendre compte de la valeur de rendement de l’argent (indépendamment de l’inflation), le revenu total est également exprimé parfois selon sa valeur actualisée (c’est-à-dire au début de la période d’investissement) 10 . Les résultats produits par un facteur d’actualisation de 5 % sont présentés 11 . Notre attention portera toutefois d’abord sur le revenu total exprimé en dollars courants (c’est-à-dire sans actualisation). Tous les résultats non monétaires sont simplement des totaux rattachés à la période (comme le nombre d’années où certains résultats sont pertinents).

Voici une description plus détaillée de chaque résultat : 

Revenu cumulatif total

  1. Somme des traitements et salaires ainsi que du revenu d’un travail autonome, avant impôts et déductions.
  2. Les traitements et salaires constituent le revenu provenant d’emplois rémunérés et sont inscrits sur les feuillets T4.
  3. Le revenu net d’un travail autonome est inscrit dans la déclaration T1.
  4. Dans la présente étude, on utilise le revenu cumulatif total et sa valeur actualisée sur la période de 20 ans (en dollars constants de 2010) 12 .

Participation à un régime de retraite d’employeur

  1. Les cotisations à un régime de retraite — régime de participation différée aux bénéfices (RPDB) ou régime de pension agréé (RPA) — qui figurent sur les feuillets T4 sont inscrites dans la case de la déclaration T1 réservée au facteur d’équivalence 13 .
  2. Dans le cas d’un RPDB, toutes les cotisations sont versées par l’employeur. Cependant, dans le cas d’un RPA, l’employeur verse des cotisations et l’employé peut également verser des cotisations. C’est pourquoi il n’est pas possible de mesurer avec précision les cotisations de l’employeur aux régimes de retraite.
  3. Aux fins de l’étude, on prend en compte le nombre total d’années de participation à un régime de retraite d’employeur.

Emploi

  1. Une personne a un emploi au cours d’une année donnée si un montant supérieur à zéro est inscrit sur son feuillet T4 au titre des traitements et salaires ou si un montant autre que zéro figure à titre de revenu net d’un travail autonome dans sa déclaration T1.
  2. Aux fins de l’étude, on prend en compte le nombre total d’années où les personnes avaient un emploi au cours de la période de 20 ans examinée.

Affiliation syndicale

  1. Un montant au titre des cotisations dans la déclaration T1 (d’après l’information figurant sur le feuillet T4) sert d’indication de l’affiliation syndicale.
  2. Les cotisations inscrites dans la déclaration T1 comprennent les cotisations annuelles versées à un syndicat ou à une association de fonctionnaires, les cotisations professionnelles (à concurrence d’un montant maximum) devant être versées pour maintenir un statut professionnel reconnu par la loi, les cotisations versées à un comité paritaire ou consultatif en application d’une loi provinciale et les primes d’assurance responsabilité contre les fautes professionnelles, si elles sont nécessaires au maintien d’un statut professionnel reconnu par la loi 14 .
  3. Cette mesure n’englobera pas les personnes qui sont assujetties à une convention collective mais ne sont pas syndiquées. D’après l’Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada, environ 8,5 % des personnes qui étaient assujetties à une convention collective en 1997 (première année pour laquelle des données sont disponibles) n’étaient pas affiliées à un syndicat (Akyeampong, 1997). En 2010, cette proportion était de 6,3 % (Uppal, 2011).
  4. Aux fins de l’étude, on prend en compte le nombre total d’années d’affiliation syndicale au cours de la période de 20 ans examinée.

Mises à pied permanentes et temporaires

  1. Aux termes de la Loi sur l’assurance-emploi et du Règlement sur l’assurance-emploi, tous les employeurs doivent établir un relevé d’emploi (RE) à l’égard de leurs employés occupant un emploi assurable lorsque survient une interruption de la rémunération de ces derniers 15 Le RE indique la raison de l’interruption ou de la cessation d’emploi. Le RE peut donc servir à déterminer quels travailleurs ont été mis à pied. Il est possible de faire la distinction entre les travailleurs mis à pied de façon temporaire et ceux dont la mise à pied est permanente. Entrent dans cette dernière catégorie les travailleurs qui n’ont pas repris le travail dans la même entreprise au cours des 12 mois ayant suivi la mise à pied. Toutes les autres mises à pied sont classées comme étant temporaires 16 .
  2. Aux fins de l’étude, les mises à pied survenues au cours de la période de 20 ans examinée sont prises en compte de façon séparée selon qu’elles sont permanentes ou temporaires.

Selon la théorie classique du capital humain, une personne investira dans les études lorsqu’elle prévoit que la valeur actualisée des avantages monétaires nets censés en résulter sera positive. Les avantages monétaires pouvant être obtenus en continuant d’étudier correspondent au revenu additionnel qui en résultera au cours de la vie, tandis que les coûts monétaires comprendront le coût direct ainsi que le coût « psychique » que l’on peut associer aux études (les frais de scolarité, le cas échéant, et l’insatisfaction que peut ressentir un étudiant parce qu’il doit assister à des cours, étudier et faire des travaux), sans oublier le coût de renonciation, c’est-à-dire les revenus auxquels il faut renoncer parce que l’on fait des études au lieu de travailler. Dans le cadre théorique du capital humain, la détermination des coûts sera souvent une tâche ardue en raison des limites des données. Par contre, dans le cadre qui sous-tend la théorie des signaux, l’objectif consiste à estimer les avantages associés à l’obtention du diplôme, le nombre d’années de scolarité étant réputé être constant. Ainsi, le coût d’obtention d’un diplôme (et non de la scolarité additionnelle) se situe autour de zéro. Le coût psychique peut être légèrement supérieur à zéro si certains examens doivent être réussis. Toutefois, étant donné que la durée des études est la même, il n’y a pas de coûts directs ni de coût de renonciation. Étant donné que la présente étude porte sur les avantages marginaux de l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, on peut sans risque ne pas tenir compte des coûts associés à cette décision qui, de toute manière, sont sans doute près de zéro.

3   Résultats

Les graphiques 1 et 2 présentent les profils de revenus non rajustés des hommes et des femmes au cours de la période de référence de 20 ans. Pendant la plus grande partie de cette période, l’écart de revenu absolu est un peu plus marqué chez les hommes, mais l’écart relatif est plus prononcé chez les femmes. Dans les deux cas, la personne ayant un diplôme terminal d’études secondaires gagnera en général au moins 5 000 $ de plus par année que la personne n’ayant pas ce diplôme.

Le tableau 1 contient des mesures agrégées du revenu et d’autres résultats au cours de la période de référence. Tant pour les hommes que pour les femmes, il en ressort que les personnes ayant un diplôme d’études secondaires obtiennent à long terme des résultats nettement meilleurs que celles qui n’ont pas ce diplôme, ce qui prend la forme de revenus cumulatifs moyens plus élevés ainsi que d’un plus grand nombre d’années de participation à un régime de retraite, d’années d’emploi et d’années d’affiliation syndicale. Dans le cas des hommes, le diplôme d’études secondaires est en outre associé à un nombre moins élevé de mises à pied permanentes et temporaires; chez les femmes, ce lien est très ténu, voire inexistant.

Les écarts bruts dans les résultats sur le marché du travail au tableau 1 ne reflètent pas les différences sociodémographiques entre les détenteurs d’un diplôme d’études secondaires et les personnes qui n’ont pas ce diplôme; il se peut donc que ces écarts soient surestimés. Comparativement aux personnes sans diplôme d’études secondaires, les détenteurs d’un tel diplôme comptent en moyenne environ 1,8 année de scolarité de plus, sont moins susceptibles d’être des Autochtones, d’avoir fait état d’une invalidité de longue durée et d’être nés à Terre-Neuve-et-Labrador, et sont plus susceptibles d’être nés en Ontario (tableau 2). Il existe une corrélation entre chacune de ces caractéristiques et les résultats sur le marché du travail.

Lorsque l’on prend en compte ces différences au moyen d’une analyse de régression, les écarts rajustés dans les résultats (tableau 3) sont moins prononcés que les écarts bruts présentés précédemment 17  . Après prise en compte des caractéristiques sociodémographiques mentionnées précédemment, on observe que les hommes ayant un diplôme d’études secondaires gagnent en général 83 000 $ de plus que les hommes qui n’ont pas ce diplôme. Chez les femmes, l’écart est de 70 000 $. Aussi bien pour les hommes que pour les femmes, la durée de participation à un régime de retraite d’employeur est plus élevée chez les diplômés, mais la différence est d’une année seulement au cours de la période étudiée. Les hommes ayant un diplôme d’études secondaires subissent un peu moins de mises à pied permanentes, tandis que les femmes qui ont leur diplôme accumulent un peu plus d’années d’emploi.

Selon les résultats de la régression, la scolarité produirait également un important effet lié au capital humain. Plus précisément, une année de scolarité additionnelle (au niveau primaire ou secondaire) représente une valeur de 50 000 $ pour les hommes et de 34 000 $ pour les femmes au cours de l’ensemble de la période examinée. Étant donné que les personnes sans diplôme d’études secondaires ont interrompu leurs études alors qu’il leur restait en moyenne 1,8 année d’études à faire, le fait de poursuivre ses études et de remplir toutes les exigences entourant l’obtention d’un diplôme d’études secondaires donne lieu à un revenu additionnel estimé à 175 000 $ pour les hommes et à 131 000 $ pour les femmes au cours de la période de référence. La moitié environ de ces avantages est attribuable à un effet de signal et l’autre moitié, à un effet lié au capital humain 18 , 19  .

Le tableau 4 présente les résultats obtenus au moyen d’une série d’estimateurs d’appariement par la méthode du plus proche voisin (Abadie et coll., 2003). Tant les modèles de régression que les estimateurs d’appariement rendent compte des différences au niveau des caractéristiques lorsque l’on compare les résultats des diplômés et ceux des non-diplômés, mais les estimateurs d’appariement le font de façon beaucoup plus détaillée, établissant les meilleurs appariements en fonction de la similitude des caractéristiques 20 . Sur le plan qualitatif, les résultats obtenus au moyen des estimateurs d’appariement sont similaires aux résultats des régressions qui sont exposés au tableau 3, à quelques exceptions près : d’abord, les écarts de revenu établis au moyen des estimateurs d’appariement sont de quelque 50 % plus importants. Également, selon les résultats obtenus avec les estimateurs d’appariement, on constate une association positive entre le diplôme d’études secondaires et les années d’emploi chez les hommes, et également entre le diplôme et les années d’affiliation syndicale chez les femmes.

Les résultats de la régression et ceux obtenus au moyen des estimateurs d’appariement montrent que les plus robustes parmi les avantages associés à un diplôme terminal d’études secondaires (et peut-être les plus importants sur le plan empirique) sont le revenu additionnel, tant pour les hommes que pour les femmes, et la plus longue période de participation à un régime de retraite d’employeur pour les hommes. Aussi bien les modèles de régression que les estimateurs d’appariement produisent des estimations relatives aux avantages moyens découlant d’un diplôme terminal d’études secondaires, conditionnellement à un ensemble de caractéristiques. Il faut toutefois se demander si le revenu additionnel est réparti de façon uniforme sur l’ensemble de la distribution du revenu. En d’autres termes, est-ce que le fait d’avoir un diplôme d’études secondaires, toutes autres choses (observables) demeurant constantes, est plus important pour une personne à revenu élevé ou pour une personne à faible revenu? Grosso modo, un revenu plus élevé, conditionnellement à un large éventail de mesures du capital humain et à d’autres caractéristiques socioéconomiques, peut être l’indication de plus grandes compétences (non mesurées) sur le marché du travail.

Pour répondre à ces questions, on a procédé à l’estimation d’une série de régressions quantiles à différents points de la distribution conditionnelle du revenu 21 . Les résultats obtenus sont présentés au tableau 5. Pour les hommes comme pour les femmes, l’association entre le revenu et le fait d’avoir un diplôme d’études secondaires est fortement hétérogène. Un diplôme d’études secondaires rapporte beaucoup plus aux personnes se situant au haut de la distribution conditionnelle du revenu qu’à celles qui sont au bas de cette distribution. Bien qu’ils ne soient pas présentés, les écarts entre le 95e centile et le 5e centile sont statistiquement significatifs à 0,1 % chez les hommes et à 5 % chez les femmes.

Une critique que l’on pourrait formuler au sujet des résultats présentés jusqu’ici concerne la possibilité que les détenteurs d’un diplôme d’études secondaires et les non-diplômés ne possèdent pas les mêmes compétences. Ainsi, la personne ayant obtenu son diplôme peut l’avoir fait parce qu’elle a du talent au chapitre des examens écrits ou parce qu’elle est très persévérante, tandis que la personne non diplômée peut avoir fait ce choix parce qu’elle est habile pour établir des réseaux de personnes-ressources ou pour passer des entrevues, ou encore parce qu’elle est très déterminée à gagner de l’argent 22 .

Le recensement ne produit pas de données sur les compétences, qu’elles soient cognitives ou non, mais l’Enquête internationale sur l’alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003 comprend plusieurs mesures de compétences cognitives, plus particulièrement la compréhension de textes schématiques, la compréhension de textes suivis, la numératie et la résolution de problèmes. Également, le fichier de données de cette enquête contient des renseignements sur la scolarité des parents des répondants, ce qui constitue un facteur pouvant être corrélé avec les résultats sur le marché du travail 23 .

L’analyse exposée précédemment est reproduite de la façon la plus exacte possible au moyen des données de l’EIACA, des mesures relatives aux compétences et à la scolarité des parents étant également incluses. Quelques mises en garde s’imposent d’entrée de jeu. En premier lieu, l’échantillon analytique de l’EIACA est quelque peu différent de l’échantillon utilisé précédemment. Il se compose des personnes âgées de 26 à 45 ans qui sont nées dans une province canadienne et qui n’avaient pas fait d’études postsecondaires au moment de l’enquête. Cette fourchette d’âge plus large (pour une année particulière) est requise en raison de la petite taille de l’échantillon (1 314). En deuxième lieu, les hommes et les femmes sont regroupés aux fins de l’analyse, là encore en raison de la taille de l’échantillon. En troisième lieu, l’EIACA présente des limites en ce qui concerne les résultats sur le marché du travail. On a utilisé les traitements et salaires pour l’année 2002 (en dollars constants de 2010 dans l’analyse). En quatrième et dernier lieu, l’EIACA ne contient pas de mesure de l’existence d’une invalidité ou de l’appartenance à une minorité visible.

D’abord, les différences touchant la scolarité des parents et les compétences cognitives sont examinées. On constate ainsi que les détenteurs d’un diplôme terminal d’études secondaires sont plus susceptibles que les non-diplômés d’avoir un père ou une mère ayant un diplôme d’études postsecondaires (24 % et 19 % respectivement). On peut aussi observer que les diplômés ont obtenu de meilleurs résultats que les non-diplômés aux tests d’évaluation de chacune des quatre compétences cognitives, les écarts étant dans chaque cas de 12 % à 13 %.

L’étape suivante consiste à incorporer les variables de contrôle, comme cela a été fait lors de l’analyse fondée sur le Recensement de 1991 et le FDLMO. Dans le tableau 6, trois modèles de traitements et salaires sont estimés au moyen d’une régression par les moindres carrés ordinaires. Le premier modèle reproduit l’analyse fondée sur le Recensement de 1991 et le FDLMO de la façon la plus exacte possible. Les variables de contrôle de base incluent le nombre d’années de scolarité au niveau primaire et secondaire, l’âge (ainsi que l’âge au carré aux fins de la régression), de même que des variables nominales indiquant le statut d’Autochtone, le français à titre de première langue officielle apprise et encore comprise, la province de naissance et le sexe. L’écart de revenu estimé entre les diplômés et les non-diplômés se chiffre à 5 800 $ environ. Dans le deuxième modèle, des variables de contrôle sont incorporées pour rendre compte de la scolarité du père et de celle de la mère. Cela a pour effet de réduire quelque peu l’écart (qui est ramené à 5 700 $ approximativement). Le troisième modèle comprend des termes quadratiques pour les notes relatives aux quatre compétences cognitives. Cette mesure a très peu d’incidence sur l’écart de revenu estimé, ce dernier s’établissant encore aux alentours de 5 700 $ 24 .

Les avantages associés au diplôme d’études secondaires qui sont mentionnés précédemment accentuent les différences entre les résultats des études américaines et des études canadiennes. Aux États-Unis, ni Heckman et LaFontaine (2006), ni Martorell et Clark (2010) n’ont observé d’avantage sous forme de traitements plus élevés découlant de l’obtention du diplôme d’études secondaires; au Canada, Campolieti et coll. (2010) d’abord, puis la présente étude, constatent l’existence d’avantages monétaires attribuables à l’obtention de ce diplôme.

Qu’est-ce qui explique ces résultats divergents? L’une des explications possibles a trait aux différences méthodologiques entre les études américaines et canadiennes. Les deux études américaines mentionnées (Heckman et LaFontaine, 2006; Martorell et Clark, 2010) font appel à une approche de discontinuité de la régression fondée sur les scores de tests qui se situent tout près de la note de passage pour obtenir le diplôme. Leurs résultats portent sur les étudiants qui sont tout près de passer l’examen ou d’échouer à celui-ci (ce qui correspond à l’effet de traitement local moyen), mais ils ne s’appliquent pas forcément aux personnes dont le résultat est plus écarté de cette note de passage.

Pour leur part, les études canadiennes (celle de Campolieti et coll.[2010] et la nôtre) ont recours à des approches d’estimation dont les résultats sont plus susceptibles de rendre compte des avantages moyens associés à l’obtention du diplôme d’études secondaires, et ce, pour tous les étudiants, peu importe le niveau de compétence 25 . Campolieti et coll. (2010) instrumentalisent le diplôme d’études secondaires en fonction des conditions prévalant sur le marché du travail local au moment où les étudiants faisaient leurs études secondaires 26 . La présente étude cherche à valider les principaux résultats des régressions (selon la méthode des moindres carrés ordinaires, qui sert à estimer les avantages moyens) à l’aide d’un ensemble de données extérieur (l’EIACA de 2003) qui comprend des mesures directes des compétences cognitives.

Une explication pouvant être avancée et qui rend compte des approches méthodologiques différentes utilisées ainsi que des résultats divergents présentés dans les études américaines et les études canadiennes est que les avantages associés à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires augmentent en proportion des compétences. En théorie, le détenteur d’un diplôme d’études secondaires qui possède de plus grandes compétences sera plus à même de tirer profit de ses qualifications. Par exemple, il pourra faire preuve d’une plus grande prévoyance dans sa recherche d’emploi en ciblant les entreprises où un diplôme d’études secondaires ouvre de meilleures perspectives d’avancement (au lieu de chercher simplement à obtenir un meilleur salaire de départ).

Certains des résultats exposés précédemment concordent avec cette possibilité. Au tableau 5, les avantages associés à un diplôme terminal d’études secondaires sont nettement moindres au bas qu’au haut de la distribution conditionnelle des revenus. Il y a une corrélation positive entre le revenu et les compétences, mais cela permet uniquement de supposer qu’un lien existe.

Un test plus direct est possible au moyen de l’EIACA de 2003, qui contient des mesures directes des compétences. Dans une analyse subséquente, la moyenne des mesures relatives aux quatre compétences évaluées a été utilisée à titre d’indicateur sommaire, et les répondants ont été subdivisés en deux groupes selon qu’ils se situaient dans la moitié supérieure ou inférieure de la distribution des compétences. Des régressions de la rémunération identiques à celles effectuées au moyen du modèle 3 (tableau 6) ont ensuite été estimées pour chaque groupe. Les résultats semblent indiquer clairement que les avantages associés à un diplôme d’études secondaires sont beaucoup plus élevés au haut de la distribution des compétences (montant de 11 700 $, significatif à 5 %) qu’au bas de cette distribution (montant de -900 $, non significatif à 10 %).

4   Conclusion

Le présent document examine les avantages à long terme qu’un diplôme d’études secondaires confère sur le marché du travail. L’étude porte essentiellement sur la valeur d’un diplôme terminal d’études secondaires — c’est-à-dire un diplôme dont le détenteur n’a pas fait ensuite d’études postsecondaires. De ce fait, elle n’a pas abordé la valeur d’un tel diplôme à titre de condition d’accès aux études postsecondaires, bien que cette valeur puisse être importante, étant donné que des études antérieures ont établi un lien entre les études postsecondaires et de meilleurs résultats sur le marché du travail. L’étude porte aussi sur la valeur du diplôme d’études secondaires (effet de signal) ainsi que sur les années de scolarité additionnelles requises pour l’obtenir (effet lié au capital humain). Le principal apport de l’étude consiste à présenter des estimations à long terme concernant un large éventail de résultats sur le marché du travail.

Les résultats obtenus sur le marché du travail de personnes nées au milieu des années 1960 sont mesurés depuis qu’elles ont atteint la mi-vingtaine jusqu’à ce qu’elles arrivent à la mi-quarantaine à partir de données administratives longitudinales. Un diplôme d’études secondaires se traduit par des revenus additionnels de 83 000 $ à 123 000 $ pour les hommes et de 70 000 $ à 107 000 $ pour les femmes au cours de la période de référence de 20 ans. Les hommes et les femmes ayant un diplôme terminal d’études secondaires participent à un régime de retraite d’employeur pendant environ une année de plus durant cette même période. Également, les femmes ayant un diplôme d’études secondaires accumulent une ou deux années d’emploi de plus. Par ailleurs, il n’y a guère de données laissant penser qu’il existe un lien entre un diplôme terminal d’études secondaires et l’affiliation syndicale ou la probabilité d’être mis à pied.

Outre l’effet de signal, il y a aussi un effet important lié au capital humain qui est associé au diplôme d’études secondaires. Ainsi, l’étudiant moyen sans diplôme d’études secondaires a accumulé 1,8 année de scolarité de moins que le détenteur d’un diplôme terminal d’études secondaires. La valeur estimative de cette durée additionnelle de 1,8 année de scolarité (en l’absence du diplôme) est à peu près équivalente à celle découlant de l’obtention du diplôme proprement dit.

L’examen d’un ensemble de données extérieur (l’EIACA de 2003) confirme les principaux résultats de l’étude (effets de signal au niveau du revenu) même une fois que l’on incorpore au modèle des mesures directes des compétences de concert avec les variables relatives au niveau de scolarité des parents.

L’étude permet aussi de mieux comprendre pourquoi des chercheurs américains (Heckman et LaFontaine, 2006; Martorell et Clark, 2010) n’ont observé aucun avantage associé à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires, contrairement à certaines études canadiennes (Campolieti et coll., 2009, et la présente étude) qui ont constaté de tels avantages. En particulier, les études américaines abordent l’effet de traitement local moyen au niveau des personnes qui sont tout près de satisfaire aux exigences d’achèvement des études secondaires. Pour leur part, les études canadiennes procèdent à l’estimation des avantages moyens sans se cantonner à ceux obtenus par les étudiants qui ont presque obtenu un diplôme. En outre, les résultats produits par les régressions quantiles laissent penser qu’il existe une grande variabilité des résultats sur l’échelle de distribution conditionnelle des revenus, ce qui peut rétablir la concordance entre les constatations respectives des études canadiennes et américaines. Plus précisément, les avantages associés au diplôme d’études secondaires sont très réduits dans le cas des personnes se situant au bas de la distribution des salaires et sont nettement plus élevés pour ce qui est du reste de la distribution.

Il faut noter que les résultats de cette étude s’appliquent à une cohorte précise, soit celle qui comprend les personnes nées au milieu des années 1960 et pour lesquelles on a pu effectuer un couplage avec des données administratives. Bien que cette cohorte soit très représentative de l’ensemble des personnes nées au milieu des années 1960, il peut néanmoins exister certaines différences. De plus, on ne connaît pas encore les résultats à long terme associés aux cohortes plus récentes; ces résultats pourraient être similaires, mais pas forcément.

Une étude de suivi traitera des avantages à long terme sur le marché du travail qui découlent de la décision des détenteurs d’un diplôme d’études secondaires d’entrer sur le marché du travail immédiatement ou d’étudier pour obtenir un certificat d’études collégiales ou un baccalauréat

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