5. Discussion et mot de la fin

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Nous nous sommes servis du supplément culturel à l'ESG de 2005 pour examiner les principaux facteurs socioéconomiques qui pourraient influer sur la participation à certaines activités culturelles sélectionnées. Dans la lignée des recherches empiriques antérieures, notre analyse multivariée indique que le revenu du ménage est une variable positivement associée au degré de participation, peu importe l'activité. De même, nos trouvailles empiriques ont démontré que niveau de scolarité d'une personne est fortement associé à son niveau de participation culturelle, que les activités aient lieu à la maison ou en public. De plus, nous avons démontré que les personnes dont les parents ont fait des études supérieures sont significativement plus susceptibles que celles dont les parents possèdent des niveaux de scolarité plus faibles de participer à la plupart des activités culturelles. Cependant, nos résultats révèlent que le niveau de scolarité de la mère a plus de poids que celui du père dans l'explication de l'hétérogénéité observée dans la participation à la plupart des activités.

Parmi toutes les activités culturelles analysées, nous avons noté que les compétences scolaires du partenaire conjugal sont positivement associées à une participation accrue à des événements culturels de tous genres. Il convient de souligner que pour la plupart des activités culturelles sélectionnées, l'effet du niveau de scolarité du conjoint est plus important que celui de l'éducation des parents, peu importe le niveau de participation. Cette conclusion concorde avec l'étude d'Upright (2004), qui indique qu'aux États-Unis, les antécédents scolaires du conjoint ou de la conjointe ont une forte incidence sur la participation des individus aux activités artistiques, à l'instar de leurs propres caractéristiques, et que cet effet persiste même si l'on ne tient pas compte de la participation du partenaire conjugal. Nous avons remarqué que l'âge joue un rôle important dans l'assistance à des représentations théâtrales ainsi que dans la visite des sites historiques, des galeries publiques et des musées d'art. Ces résultats concordent avec d'autres travaux qui ont décelé des écarts similaires en fonction de l'âge (par exemple, voir DiMaggio et Ostrower 2004; Montgomery et Robinson, 2005). En revanche, nous avons découvert que la probabilité prédite d'assister régulièrement à des concerts de musique populaire, de visiter des parcs ou des zones protégées, d'aller régulièrement voir des films, d'utiliser souvent les services de bibliothèques ou de regarder des vidéos plus souvent diminue avec l'âge. Cependant, l'âge a un effet neutre sur la vraisemblance prédite de lire les revues, indépendamment de la fréquence de lecture.

En outre, pour ce qui est de l'effet du sexe, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'assister régulièrement à des représentations théâtrales et à des concerts de musique populaire, de visiter des galeries publiques et des musées d'art, de lire des livres, d'aller à la bibliothèque et de lire des revues. Collins (1998, 1992) soutient qu'en raison de leur prédominance dans les professions de production culturelle (c'est-à-dire journalistes, enseignants, artistes, interprètes, etc.), les femmes sont plus susceptibles que les hommes, d'être majoritaires parmi les participants à la plupart des événements culturels. Notre étude démontre toutefois que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de regarder régulièrement des vidéos et de visiter régulièrement des sites historiques, des parcs naturels et des zones protégées. Par ailleurs, l'emplacement géographique est apparu comme un important déterminant du niveau de consommation des biens et services culturels au Canada. Par exemple, comparativement aux Ontariens, les Québécois et les résidents du Canada atlantique sont moins susceptibles, tandis que les Britanno-Colombiens sont plus susceptibles de lire plus régulièrement des revues. Les Québécois sont également moins susceptibles que les Ontariens de regarder des vidéos régulièrement. En revanche, les résidents des Prairies sont plus susceptibles que les Ontariens de participer à cette activité à l'occasion ou régulièrement.

Les autres facteurs déterminant le degré de consommation des commodités culturelles au Canada s'inscrivent en droite ligne des recherches empiriques passées portant sur la participation aux activités culturelles. À titre d'exemple, nos résultats ont indiqué que les personnes qui vivent avec de jeunes enfants, et celles qui sont mariées (en comparaison avec les personnes qui sont divorcées ou séparées), veuves ou qui vivent en union libre, sont moins susceptibles de participer à des activités culturelles. Par ailleurs, la profession, et non pas le revenu du ménage ou le niveau de scolarité, constitue le corrélat social dominant de la participation à des activités telles que les représentations théâtrales, les concerts de musique populaire et la visite de galeries publiques, de musées d'art et de sites historiques.

Plusieurs caractéristiques socioéconomiques et démographiques sont généralement interreliées. Par exemple, les personnes qui demeurent plus longtemps dans le système éducatif gagnent en général des revenus plus élevés, sont plus susceptibles d'avoir un emploi et ont tendance à ne pas faire partie des groupes d'âge les plus jeunes et les plus vieux. De plus, les personnes qui ont un revenu élevé ont peut-être plus de temps à consacrer à leurs loisirs. Toutefois, le coût d'opportunité plus élevé du temps à consacrer aux loisirs peut donner lieu à des efforts de travail supplémentaires. Ce dernier élément peut conduire les personnes à substituer le travail aux des activités culturelles. Bien que les études descriptives donnent un aperçu de la participation aux activités culturelles en fonction des facteurs personnels et familiaux, elles ne peuvent pas identifier les facteurs clés de cette participation. Une contribution importante de cette étude quantitative est d'avoir utilisé des techniques multivariées avancées pour identifier quelles caractéristiques socioéconomiques et démographiques sont les plus importantes dans l'explication de l'hétérogénéité observée dans la participation aux activités culturelles au Canada.

Notre travail fait aussi ressortir le besoin de conduire d'autres recherches approfondies car de nombreuses questions importantes restent sans réponse. La plus opportune de ces questions a trait aux produits et services culturels consommés en majeure partie par les personnes ayant un faible revenu et un faible niveau de scolarité. La détermination des formes d'interaction culturelle de ces personnes ainsi que l'identification de leurs consommations culturelles peut entraîner une croissance tangible du nombre de consommateurs de commodités culturelles et contribuer considérablement à la viabilité économique du secteur culturel à long terme.