Regards sur la société canadienne
Utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques : leçons tirées de l’Étude sur les transferts de fonds internationaux du Canada

par Zacharie Tsala Dimbuene et Martin Turcotte

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Début de l’encadré

Aperçu de l’étude

De nombreux résidents canadiens nés à l’étranger envoient de l’argent à des membres de leur famille ou à des amis vivant à l’extérieur du Canada, le plus souvent dans leur pays d’origine, mais pas toujours. Pour ce faire, ils utilisent des méthodes traditionnelles de transfert d’argent, comme les comptoirs de transfert d’argent, ou des méthodes de transfert de fonds électroniques, comme les services bancaires en ligne ou les sites Web de fournisseurs de services. À partir des données de l’Étude sur les transferts de fonds internationaux de 2018, on examine d’abord les différences en ce qui concerne les coûts d’envoi entre les méthodes de transfert de fonds traditionnelles et électroniques, selon la région de destination. On se penche également sur les facteurs associés à l’utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques par rapport aux méthodes traditionnelles. La population cible de l’étude en 2017 est formée des résidents canadiens nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement (APD), dont la majorité étaient des immigrants de pays à revenu faible ou intermédiaire.

  • Selon la région de destination, les coûts d’envoi moyens associés aux transferts de fonds effectués au moyen de méthodes traditionnelles étaient d'environ 10 % à 70 % plus élevés que ceux associés aux transferts de fonds électroniques.
  • Même si les méthodes de transfert de fonds électroniques sont moins coûteuses que les méthodes traditionnelles, seulement 15 % des personnes qui ont envoyé des fonds à l’étranger en 2017 ont utilisé une méthode électronique la dernière fois qu’ils ont envoyé de l’argent à des parents ou à des amis.
  • Parmi les personnes qui ont envoyé des fonds à l’étranger, les plus jeunes et celles qui possédaient un niveau de scolarité élevé étaient plus susceptibles d’opter pour une méthode de transfert de fonds électronique. Les personnes qui ont envoyé de l’argent dans des pays à revenu élevé ainsi que celles qui ont envoyé de l’argent en Afrique subsaharienne étaient plus susceptibles d’utiliser une méthode électronique. En revanche, cette probabilité était plus faible chez les personnes plus âgées et celles qui ont envoyé de l’argent en Asie de l’Ouest et centrale et au Moyen-Orient.
  • On a demandé aux personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger d’indiquer le facteur qui leur importait le plus au moment de choisir une méthode d’envoi. Celles qui ont répondu « Aspect pratique pour la personne qui envoie l’argent » ou « Coût de la méthode » étaient plus susceptibles d’utiliser une méthode électronique pour envoyer de l’argent à l’étranger.

Fin de l’encadré

Introduction

Internationalement, l’argent que les immigrants, les résidents permanents et les travailleurs étrangers temporaires envoient à leur famille ou à leurs amis à l’étranger — que l’on appelle les transferts de fonds internationaux — augmente de façon constante depuis 2000. Selon de récentes estimations de la Banque mondiale, les transferts de fonds internationaux vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont augmenté de 10 % entre 2017 et 2018, pour atteindre un sommet de 529 milliards de dollars en 2018Note . Les transferts de fonds internationaux sont une source importante de financement extérieur dans les pays en développementNote et sont parfois considérés comme une stratégie d’atténuation de la pauvreté à l’échelle des ménages. Par exemple, il a été démontré que les familles qui reçoivent des transferts de fonds internationaux utilisent souvent cet argent pour améliorer leur santé, leur alimentation, leurs possibilités en matière d’éducation, leur logement et leurs installations sanitairesNote .

Plusieurs organisations internationales et groupes de défense estiment que le transfert d’argent à l’étranger coûte trop cherNote . Au Canada, selon l’Étude sur les transferts de fonds internationaux (ETFI) de 2017, les frais payés par les personnes qui ont envoyé des fonds à l’étranger représentaient en moyenne 6 % du montant d’argent transféréNote . Cela concorde avec les conclusions d’autres études internationales selon lesquelles les personnes qui envoient des fonds à l’étranger paient des coûts de transaction qui représentent en moyenne 7 % du montant d’argent envoyéNote .

Les coûts associés aux transferts de fonds internationaux sont devenus une priorité stratégique pour les organisations internationales et les gouvernements nationaux. Les Objectifs de développement durable adoptés par les membres des Nations Unies en septembre 2015 comprennent un objectif qui porte précisément sur les coûts de transfert de fonds : « D’ici à 2030, faire baisser au-dessous de 3 % les coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants et éliminer les couloirs de transfert de fonds dont les coûts sont supérieurs à 5 %Note . »

Afin d’harmoniser ses pratiques avec les initiatives internationales, le gouvernement du Canada a annoncé en 2015 une série de dispositions visant à réduire les coûts des transferts de fonds, en particulier ceux qui sont destinés aux pays en développementNote . Plus récemment, le gouvernement fédéral a réitéré son intention de travailler en étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour améliorer la réglementation de l’industrie des transferts de fonds, afin de réduire les coûts d’envoi pour les résidents canadiens qui envoient de l’argent à l’étrangerNote . Bien que les coûts associés aux transferts de fonds diminuent dans presque toutes les régions du monde, il reste des défis à releverNote .

Les méthodes de transfert de fonds électroniques, aussi appelées méthodes de transfert de fonds numériques, pourraient constituer, si elles deviennent plus largement utilisées, une solution à ces défis. Au Canada, les personnes envoyant de l’argent à l’étranger utilisent le plus souvent les méthodes traditionnelles de transfert de fonds en personne, qui comprennent tous les transferts en personne par l'intermédiaire des banques, des fournisseurs de services de transfert de fonds tels que Western Union et MoneyGram, ou d'autres types de magasins ou d'établissements, y compris les bureaux de changeNote . Toutefois, comme l'ont montré des recherches antérieures, ces méthodes traditionnelles peuvent être plus coûteuses pour les expéditeurs de fonds que les méthodes de transfert de fonds électroniquesNote .  Ces méthodes électroniques comprennent diverses options, notamment l'utilisation du site web ou de l'application mobile d'une banque ou d'une caisse populaire, du site web ou de l'application mobile d'un service de transfert d'argent, ou encore du site web ou de l'application mobile d'un autre type de fournisseur de servicesNote .  Outre la réduction des coûts d'envoi et l'amélioration de l'accessibilitéNote , une augmentation de l'utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques pourrait avoir une incidence sur le volume des envois de fonds à l'étrangerNote .

Dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19, les méthodes de transfert de fonds électroniques peuvent se révéler encore plus attrayantes que d’habitude pour les immigrants. Premièrement, l’utilisation d’une méthode électronique pour envoyer de l’argent peut sembler moins risquée, du point de vue de la santé, que le fait de se rendre en personne dans une banque ou un comptoir de transfert d’argent. Ces considérations peuvent avoir des répercussions sur de nombreux immigrants. Par exemple, des données récentes ont révélé que les immigrants sont davantage préoccupés que leurs homologues nés au Canada par les répercussions sanitaires de la pandémie de COVID-19Note . Par ailleurs, un certain nombre d’immigrants canadiens remettent habituellement de l’argent en mains propres à leurs parents et amis à l’étranger lorsqu’ils leur rendent visite. Ceux-ci étant incapables de le faire en ce moment en raison des restrictions de voyage, ils pourraient se tourner vers les méthodes de transfert de fonds électroniques.

À l’aide des données récentes de l’ETFI, on examine l’utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques par les résidents canadiens nés dans des pays admissibles à l’Aide publique au développement (APD), la population cible de cette enquête (voir la section « Sources des données, méthodes et définitions » pour obtenir de plus amples renseignements). Les pays admissibles à l’APD sont tous les pays à revenu faible et intermédiaire, en fonction du revenu national brut (RNB) par habitant publié par la Banque mondiale. Tous les pays les moins avancés, tels que définis par les Nations Unies, font partie de la liste des pays admissibles à l’APD.

Dans cet article, on examine d’abord les coûts associés aux transferts de fonds à partir du Canada au moyen des méthodes de transfert de fonds électroniques et traditionnelles. Les premières analyses descriptives de l’ETFI ont montré que les méthodes électroniques étaient en moyenne moins coûteuses que les méthodes traditionnelles pour les Canadiens envoyant des fonds à l’étrangerNote . Dans le présent article, on nuance ces résultats en tenant compte de la valeur des transferts de fonds et de leur destination, ainsi que des caractéristiques sociodémographiques des transferts de fonds dans un cadre multivarié.

Dans la deuxième section de l’article, on estime la probabilité d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique en fonction du même ensemble de caractéristiques sociodémographiques, ainsi que du facteur qui, au moment de transférer de l’argent à l’étranger, importe le plus aux répondants (en tant que valeur approximative des avantages et des risques perçus). L’information sur ces avantages et risques perçus des méthodes de transfert de fonds électroniques et des méthodes traditionnelles peut contribuer à identifier certains obstacles à l’adoption des transferts électroniques.

Les transferts de fonds électroniques coûtent moins cher que les transferts effectués au moyen des méthodes traditionnelles

Dans l’ETFI, on a demandé aux répondants quelle méthode de transfert d’argent ils avaient utilisée la dernière fois qu’ils avaient envoyé de l’argent à l’étranger en 2017. Ces méthodes ont été classées selon qu’il s’agissait de méthodes électroniques, comme l’utilisation d’un site Web bancaire ou d’une application mobile d’un service de transfert d’argent, ou de méthodes traditionnelles, comme les opérations bancaires en personne ou les transactions à un comptoir de transfert d’argent (voir la section « Sources de données, méthodes et définitions » pour obtenir de plus amples renseignements). On leur a également demandé d’indiquer le montant d’argent qu’ils avaient envoyé à l’étranger, y compris le montant des fonds qu’ils avaient envoyés lors de leur dernier transfert en 2017 et celui des coûts d’envoi payés. Ces renseignements permettent de calculer les coûts moyens en pourcentage des fonds envoyés et d’effectuer des comparaisons entre les méthodes de transfert de fonds électroniques et traditionnelles.

Dans l’ensemble, les coûts d’envoi étaient plus bas pour les méthodes électroniques que pour les méthodes traditionnelles, ceux-ci s’établissant à 4,1 % et à 5,8 %, respectivement (tableau 1).



Tableau 1
Coûts moyens payés en pourcentage du montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds international en 2017 par les résidents du Canada nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement, selon le type de méthode utilisé, la région de destination et le montant d’argent envoyé lors du dernier transfert d’argent en 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Coûts moyens payés en pourcentage du montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds international en 2017 par les résidents du Canada nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement Toutes les méthodes , Méthodes traditionnelles et Méthodes électroniques , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Toutes les méthodes Méthodes traditionnelles Méthodes électroniques
pourcentage
Variables
Tous les répondants 5,5 5,8 4,1Note *
Région de destination
Amériques (réf.) 8,5 8,8 5,7Tableau 1 Note 
Europe de l’Est et Europe du Sud 7,9Note * 8,4 5,2Tableau 1 Note 
Afrique subsaharienne 7,2Note * 7,6Note * 5,2Tableau 1 Note 
Afrique du Nord 6,1Note * 6,5Note * 4,3Note * Tableau 1 Note 
Asie de l’Ouest et centrale et Moyen-Orient 6,2Note * 6,3Note * 4,7
Asie de l’Est 2,1Note * 2,2Note * 1,3Note * Tableau 1 Note 
Asie du Sud-Est et Océanie 4,4Note * 4,5Note * 3,5Note * Tableau 1 Note 
Asie du Sud 3,6Note * 3,7Note * 3,0Note *
Pays non admissibles à l'aide publique au développement 5,8Note * 6,2Note * 4,6Tableau 1 Note 
Montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds en 2017
100 $ ou moins (réf.) 12,6 13,0 9,2Tableau 1 Note 
101 $ à 200 $ 7,0Note * 7,1Note * 6,1Note *
201 $ à 300 $ 5,1Note * 5,3Note * 4,2Note * Tableau 1 Note 
301 $ à 500 $ 3,5Note * 3,7Note * 2,6Note * Tableau 1 Note 
501 $ à 1 000 $ 2,6Note * 2,8Note * 2,0Note * Tableau 1 Note 
1 001 $ ou plus 1,3Note * 1,3Note * 1,0Note *

Les coûts d’envoi moyens variaient selon les régions de destination, mais les coûts d’envoi associés aux transferts électroniques étaient considérablement plus bas que ceux associés aux méthodes traditionnelles dans presque toutes les régions. Par exemple, les coûts pour le transfert de fonds vers l’Asie de l’Est s’élevaient en moyenne à 1,3 % pour les fonds transférés par voie électronique, comparativement à 2,2 % dans le cas des fonds envoyés par une méthode traditionnelle. En ce qui concerne les transferts de fonds vers les Amériques, ces coûts étaient respectivement de 5,7 % et de 8,8 %.

Le montant des fonds transférés a un effet négatif sur les coûts d’envoi

Les coûts d’envoi variaient selon le montant des fonds transférés (tableau 1). Dans le cas des méthodes traditionnelles, les coûts d’envoi se situaient en moyenne à 13 % du montant pour les transferts de 100 $ ou moins, tandis qu’ils étaient en moyenne de 1,3 % du montant pour les transferts de plus de 1 000 $. Une tendance semblable a été observée dans le cas des méthodes électroniques. Le montant moyen des transferts de fonds vers différentes régions de destination variait également, ce qui soulève la possibilité que les différences régionales au chapitre des coûts d’envoi soient attribuables aux différences régionales en ce qui concerne la taille des transferts de fonds. Par exemple, lors de leur dernier transfert de fonds en 2017, les personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger ont envoyé en moyenne 5 110 $ en Asie de l’Est, 1 225 $ en Asie de l’Ouest et centrale et au Moyen-Orient, 665 $ en Europe de l’Est et en Europe du Sud, 545 $ en Afrique subsaharienne et 455 $ aux Amériques (graphique 1).

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Montant d’argent moyen envoyé lors du dernier transfert en 2017, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Montant d’argent moyen envoyé lors du dernier transfert en 2017
dollars
Région de destination
Asie de l’Est 5110Note *
Pays non admissibles à l’aide publique au développement 2780Note *
Asie du Sud 1265Note *
Asie de l’Ouest et centrale et Moyen-Orient 1225Note *
Afrique du Nord 1085
Toutes les régions de destination 1050
Asie du Sud-Est et Océanie 890Note *
Europe de l’Est et Europe du Sud 665Note *
Afrique subsaharienne 545
Amériques (réf.) 455

La proportion des personnes qui ont envoyé de plus gros montants d’argent lors de leur dernier transfert variait également considérablement selon la région de destination. Par exemple, plus de la moitié des personnes qui ont envoyé de l’argent en Asie de l’Est lors de leur dernier transfert d’argent en 2017 ont envoyé au moins 1 000 $ en un seul transfert d’argent (54 %). Les proportions correspondantes étaient de 21 % pour l’Asie de l’Ouest et centrale et le Moyen-Orient, de 12 % pour l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud, de 9 % pour l’Afrique subsaharienne et de 6 % pour les Amériques. Pour ces dernières régions, il est possible que les personnes qui y ont envoyé de l’argent l’aient fait plus souvent au cours de l’année, mais à plus petite dose chaque foisNote .

Pour avoir une meilleure idée des différences au chapitre des coûts d’envoi selon la méthode et la région, on a utilisé un modèle multivarié pour estimer les coûts d’envoi associés au transfert de fonds vers différentes régions de destination par voie électronique ou au moyen d’une méthode traditionnelle. Tout d’abord, on a calculé une régression des coûts d’envoi en pourcentage du montant envoyé lors du dernier transfert d’argent en 2017 en fonction de 1) la région de destination, 2) le type de méthode utilisée, 3) les interactions entre ces deux éléments et 4) le montant d’argent envoyé lors du dernier transfert d’argent, en tenant compte de 5) les caractéristiques socioéconomiques (p. ex., le sexe, l’âge, le niveau de scolarité, l’état matrimonial, la situation d’emploi et le revenu personnel) et le lieu de résidence (Québec, Ontario, Prairies, Colombie-Britannique et provinces de l’Atlantique). Ensuite, on a estimé les coûts d’envoi prévus à partir du modèle de régression, en maintenant constant le montant d’argent envoyé entre 201 $ et 300 $, en partie parce que les coûts d’envoi ont été calculés en tant que moyenne pour un transfert de 200 $US dans les études de la Banque mondiale. On présume que les personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger en 2017 ont utilisé une méthode électronique ou traditionnelle pour effectuer la totalité de leurs transferts d’argent.

Les résultats de l’analyse multivariée ont confirmé que les coûts d’envoi des transferts de fonds effectués par voie électronique étaient inférieurs aux coûts d’envoi des transferts de fonds effectués au moyen de méthodes traditionnelles (Tableau 2). Les coûts d’envoi prévus associés aux transferts de fonds effectués au moyen de méthodes traditionnelles variaient de 4,1 % pour les fonds envoyés en Asie du Sud-Est et en Océanie à 7,8 % pour les fonds envoyés en Europe de l’Est et en Europe du Sud. En revanche, les coûts d’envoi prévus associés aux transferts de fonds électroniques variaient de 3,5 % pour les fonds envoyés en Asie de l’Est, en Asie du Sud-Est et en Océanie à 5,5 % pour les fonds envoyés en Asie de l’Ouest et centrale et au Moyen-Orient.

En général, les coûts d’envoi variaient moins d’une région de destination à l’autre dans le cas des méthodes de transfert de fonds électroniques que dans le cas des méthodes traditionnelles. Selon la région de destination, les coûts d’envoi associés aux transferts d’argent effectués au moyen de méthodes traditionnelles étaient de 10 % à 70 % plus élevés que ceux associés aux transferts d’argent électroniquesNote . Cette constatation donne à penser qu’un recours accru aux transferts électroniques réduirait à la fois les coûts d’envoi globaux et les différences au chapitre des coûts d’envoi pour le transfert de fonds dans différentes régions. Même si des différences régionales subsistent après prise en compte d’autres facteurs comme le montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds, les caractéristiques sociodémographiques et le lieu de résidence, ces différences ont été presque complètement éliminées pour les méthodes de transfert électroniques, sauf pour l’Asie de l’Ouest et centrale et le Moyen-Orient.



Tableau 2
Coûts d’envoi prévus en pourcentage du montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds international en 2017 par les résidents du Canada nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement, selon la région de destination
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Coûts d’envoi prévus en pourcentage du montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds international en 2017 par les résidents du Canada nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement. Les données sont présentées selon Région de destination (titres de rangée) et Méthodes de transfert de fonds traditionnelles , Méthodes de transfert de fonds électroniques et Différence absolue , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région de destination Méthodes de transfert de fonds traditionnelles Méthodes de transfert de fonds électroniques Différence absolue
pourcentage
Amériques (réf.) 6,5 4,1 2,4
Europe de l’Est et Europe du Sud 7,8Note ** 4,5 3,3
Afrique subsaharienne 6,4 4,3 2,1
Afrique du Nord 5,8 4,0 1,8
Asie de l’Ouest et centrale et Moyen-Orient 7,0 5,5Note * 1,5
Asie de l’Est 4,8Note ** 3,5 1,3
Asie du Sud-Est et Océanie 4,1Note ** 3,5 0,6
Asie du Sud 4,3Note ** 4,0 0,3
Pays non admissibles à l’aide publique au développement 7,0 4,7 2,3

Seulement 15 % des personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger en 2017 ont utilisé une méthode de transfert de fonds électronique la dernière fois qu’ils l’ont fait

Après avoir examiné les coûts associés aux méthodes de transfert de fonds électroniques et traditionnelles, on a examiné les caractéristiques des personnes qui ont envoyé des fonds au moyen de chacune de ces méthodes. Étant donné que les coûts associés aux méthodes de transfert de fonds électroniques sont moins élevésNote , on pourrait s’attendre à ce que ces méthodes soient privilégiées pour envoyer de l’argent à l’étranger, mais ce n’est pas le cas. Au Canada, la plupart des opérations sont encore effectuées en personneNote . En 2017, 15 % des personnes qui ont envoyé des fonds à l’étranger ont utilisé une méthode électronique lors de leur dernière transaction (tableau 3).

Un certain nombre d’obstacles possibles à l’adoption des méthodes de transfert de fonds électroniques dans le monde ont été cernés, y compris 1) le manque de sensibilisation, 2) le manque d’accès aux services financiers officiels et 3) le manque d’accès aux technologies numériquesNote . Alors que les transferts de fonds numériques étaient relativement inconnus jusqu’à récemment, les comptoirs de transfert d’argent existent depuis de nombreuses années. Lorsqu’on leur a demandé s’ils avaient utilisé différentes méthodes de transfert de fonds ou s’ils en avaient entendu parler, seulement 5 % des résidents canadiens qui avaient déjà envoyé de l’argent à l’étranger ont dit qu’ils ne connaissaient pas les comptoirs de transfert d’argent, alors qu’environ 40 % à 50 % n’étaient pas au courant de l’existence des méthodes de transfert de fonds électroniquesNote . Dans ce contexte, il se peut que de nombreuses personnes qui envoient de l’argent à l’étranger ne soient pas au courant des avantages en termes de coûts associés aux méthodes électroniques.

Pour utiliser les méthodes de transfert de fonds électroniques, il faut d’abord en connaître l’existence. Par ailleurs, l’infrastructure financière dans les pays de destination est une autre raison potentielle invoquée par certaines personnes qui envoient de l’argent à l’étranger pour expliquer pourquoi ils n’utilisent pas ces méthodes. De nombreuses personnes, en particulier dans les pays les moins avancés, n’ont pas accès à des services financiers (c.-à-d. qu’elles ne sont desservies par aucune institution financière). L’accès aux technologies numériques dans les pays de destination pourrait être un autre défi. La section qui suit porte sur les facteurs et les obstacles possibles associés à la probabilité d’utiliser les méthodes de transfert de fonds électroniques pour envoyer de l’argent à des membres de la famille et à des amis à l’étranger.

Les personnes qui envoient de l’argent à des pays non admissibles à l’Aide publique au développement et en Afrique subsaharienne sont plus susceptibles d’utiliser des méthodes électroniques

La proportion de personnes ayant utilisé des méthodes de transfert de fonds électroniques variait selon la région de destination des fonds. Les personnes qui ont le plus utilisé les méthodes électroniques sont celles qui ont envoyé des fonds à des pays non admissibles à l’APD (26 %) (graphique 2). Les destinataires de fonds dans ces pays à revenu élevé étaient les plus susceptibles d’avoir des comptes bancaires, un accès à Internet et des téléphones intelligents, ce qui facilite la réception et l’acceptation des transferts de fonds électroniques. Une part relativement importante des personnes qui ont envoyé de l’argent en Afrique subsaharienne ont aussi utilisé des méthodes de transfert de fonds électroniques (20 %).

En revanche, le plus faible pourcentage de personnes qui ont utilisé les méthodes de transfert électroniques a été observé parmi celles qui ont envoyé de l’argent en Asie de l’Ouest et centrale et au Moyen-Orient. En Asie de l’Est, qui s’est classée au premier rang pour ce qui est du montant d’argent moyen envoyé lors du dernier transfert effectué en 2017, 10 % des personnes ont utilisé une méthode électronique, ce qui n’était pas statistiquement significatif par rapport au pourcentage observé pour les transferts effectués vers les Amériques (catégorie de référence).

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Région de destination (titres de rangée) et Personnes ayant utilisé une méthode de transfert de fonds électronique, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région de destination Personnes ayant utilisé une méthode de transfert de fonds électronique
pourcentage
Asie de l’Ouest et centrale et Moyen-Orient 4,3Note *
Asie de l’Est 10,0
Amériques (réf.) 11,0
Asie du Sud-Est et Océanie 14,6Note *
Asie du Sud 14,9Note *
Europe de l’Est et Europe du Sud 16,7Note *
Afrique du Nord 17,1Note *
Afrique subsaharienne 19,5Note *
Pays non admissibles à l’aide publique au développement 25,6Note *

Des modèles de régression logistique ont été élaborés pour tenir compte d’autres facteurs (p. ex., les caractéristiques sociodémographiques des personnes qui ont envoient de l’argent à l’étranger) qui peuvent influer sur la probabilité d’utiliser une méthode de transfert de fonds électroniqueNote . Les probabilités prédites sont indiquées dans le tableau 3 et devraient être interprétées comme la probabilité qu’une personne qui envoie de l’argent à l’étranger utilise une méthode de transfert de fonds électronique, si tous les autres facteurs sont maintenus constantsNote . La probabilité d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique variait, passant de 4,5 % pour les fonds envoyés en Asie de l’Ouest et centrale et au Moyen-Orient à 22 % pour les fonds envoyés à des pays non admissibles à l’APD, ce qui concorde avec les résultats décrits ci-dessus dans les statistiques descriptives.



Tableau 3
Probabilités non ajustées et ajustées d’utilisation d’une méthode de transfert de fonds électronique chez les résidents canadiens nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement, lors de leur dernier transfert de fonds à l’étranger en 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Probabilités non ajustées et ajustées d’utilisation d’une méthode de transfert de fonds électronique chez les résidents canadiens nés dans des pays admissibles à l’aide publique au développement. Les données sont présentées selon Variables (titres de rangée) et Probabilités non ajustées et Probabilités ajustées, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Variables Probabilités non ajustées Probabilités ajustéesTableau 3 Note 1
pourcentage
Région de destination
Amériques (réf.) 11,0 14,3
Europe de l’Est et Europe du Sud 16,7Note * 16,7
Afrique subsaharienne 19,5Note ** 18,0Note *
Afrique du Nord 17,1Note ** 17,0
Asie de l’Ouest et centrale et Moyen-Orient 4,3Note ** 4,5Note **
Asie de l’Est 10,0 10,0
Asie du Sud-Est et Océanie 14,6Note ** 14,9
Asie du Sud 14,9Note ** 12,6
Pays non admissibles à l’aide publique au développement 25,6Note ** 22,3Note **
Facteur le plus important au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger
Aspect pratique pour la personne qui envoie l’argent 23,6 23,2Note *
Aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent 8,8Note ** 9,6Note **
Coût de la méthode (réf.) 21,4 18,7
Fiabilité de la méthode 13,0Note ** 13,0Note **
Rapidité de la méthode 11,1Note ** 11,7Note **
Sexe du répondant
Homme (réf.) 15,7 15,3
Femme 13,5Note * 13,9
Âge du répondant (en années)
18 à 29 ans (réf.) 23,7 25,3
30 à 39 ans 18,3Note * 17,1Note **
40 à 49 ans 15,4Note ** 14,7Note **
50 à 59 ans 9,4Note ** 9,7Note **
60 à 69 ans 6,4Note ** 7,3Note **
70 ans et plus 6,7Note ** 7,7Note **
Plus haut niveau de scolarité atteint
Sans diplôme d’études secondaires (réf.) 6,1 8,8
Études secondaires 7,0 7,4
Études postsecondaires (niveau inférieur au niveau du baccalauréat) 11,6Note ** 12,1
Universitaire (baccalauréat ou niveau supérieur) 21,7Note ** 19,9Note **
État matrimonial
Marié(e) (réf.) 14,3 14,7
Vivant en union libre 14,7 14,3
Veuf/veuve 8,6 18,7
Séparé(e) 8,0Note ** 10,2Note *
Divorcé(e) 12,5 15,8
Célibataire 19,3Note ** 14,5
Situation d’emploi en 2017
Travail à temps plein (réf.) 15,8 14,7
Travail à temps partiel 13,0 14,2
En chômage 9,9Note ** 14,4
Revenu personnel en 2017
Moins de 20 000 $ (réf.) 12,7 14,4
20 000 $ à 29 999 $ 11,0 11,6
30 000 $ à 39 999 $ 13,4 13,2
40 000 $ à 49 999 $ 13,1 13,5
50 000 $ à 69 999 $ 17,4Note ** 16,5
70 000 $ à 89 999 $ 20,1Note ** 16,6
90 000 $ ou plus 22,3Note ** 19,2Note *
Région de résidence en 2017
Québec (réf.) 13,4 13,2
Ontario 13,8 14,7
Prairies 17,5 15,7
Colombie-Britannique 12,7 13,4
Atlantique 22,5 17,2
Montant d’argent envoyé lors du dernier transfert de fonds en 2017
100 $ ou moins (réf.) 11,6 12,9
101 $ à 200 $ 13,9Note * 14,3
201 $ à 300 $ 15,9Note * 15,7
301 $ à 500 $ 15,7Note * 15,3
501 $ à 1 000 $ 17,6Note * 16,6
1 001 $ ou plus 13,8 13,1

Les jeunes et les personnes possédant un niveau de scolarité élevé sont plus susceptibles d’utiliser les méthodes de transfert de fonds électroniques

L’âge et le niveau de scolarité ressortent en tant que facteurs importants de l’utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques (tableau 3). Par exemple, la probabilité estimée d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique était de 25 % chez les personnes envoyant de l’argent à l’étranger âgées de 18 à 29 ans, comparativement à 17 % chez celles âgées de 30 à 39 ans et à seulement 7 % chez celles âgées de 60 à 69 ans. Ces écarts peuvent être attribuables aux taux plus élevés d’utilisation de la technologie chez les jeunes Canadiens, y compris chez ceux qui envoient de l’argent à l’étranger. En 2018, la proportion de Canadiens qui ont utilisé Internet était de 88 % chez les Canadiens de 15 à 24 ans, comparativement à 71 % chez les Canadiens de 65 ans et plus. Parmi les internautes, 63 % de ceux de 15 à 24 ans passaient 10 heures ou plus en ligne par semaine, comparativement à 31 % de leurs homologues de 65 ans et plusNote . Outre l’utilisation d’Internet, les transactions en personne peuvent sembler plus sûres que les transferts numériques pour certains, y compris les personnes plus âgées qui envoient des fonds à l’étranger. Au Canada, les aînés préfèrent encore généralement beaucoup plus les services bancaires en personneNote .

Par ailleurs, on a observé une corrélation entre la méthode de transfert de fonds et le niveau de scolarité. Plus précisément, parmi les personnes envoyant de l’argent à l’étranger, la probabilité d’utiliser une méthode électronique était de 9 % chez celles qui avaient un niveau de scolarité inférieur au diplôme d’études secondaires et de 20 % chez celles qui détenaient un grade universitaire (baccalauréat ou niveau supérieur). 

Bien que les résultats bivariés indiquent que les personnes qui ont envoyé de petits montants d’argent à l’étranger étaient les moins susceptibles d’avoir utilisé des méthodes électroniques, ces résultats sont devenus non significatifs une fois que d’autres facteurs ont été pris en compte dans le modèle multivarié.

Parmi les personnes qui envoient de l’argent à l’étranger, celles dont la principale considération au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger est l’aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent sont beaucoup moins susceptibles d’opter pour les transferts de fonds électroniques

Les perceptions personnelles et l’utilité d’une méthode peuvent également influer sur le choix de la méthode de transfert d’argent utilisée. Dans l’ETFI, on a demandé aux répondants d’indiquer le facteur qui leur importait le plus lorsqu’ils envoyaient de l’argent à l’étrangerNote . Les réponses comprenaient l’aspect pratique pour la personne qui envoie l’argent, l’aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent, le coût de la méthode, la fiabilité de la méthode et la rapidité de la méthodeNote . D’un point de vue théorique et pratique, ces motifs entrent dans la catégorie générale des avantages et des risques perçus, qui ont été désignés comme des facteurs de décision chez les consommateursNote .

Bien que les coûts d’envoi des transferts de fonds soient le facteur central dans les processus décisionnels des personnes qui envoient des fonds à l’étranger, la situation dans le pays de destination peut avoir encore plus d’incidence. Lorsqu’une personne envoie de l’argent à l’étranger, elle est susceptible de tenir compte de la capacité des personnes à qui elle envoie l’argent à le recevoir d’une manière sécuritaire, abordable et pratique. Ce facteur peut l’emporter sur les coûts d’envoi, associés à une méthode particulière, et qui sont engagés par la personne qui envoie l’argent. Cela peut être particulièrement le cas lors d’une situation d’urgence, comme une catastrophe naturelle, qui crée un besoin urgent d’aide financière.

Les résultats indiquent que, parmi les personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger, celles qui accordent le plus d’importance à l’aspect pratique de la méthode pour elles-mêmes étaient les plus susceptibles d’avoir utilisé une méthode de transfert de fonds électronique (23 %). En revanche, cette proportion était de 10 % chez les personnes qui ont déclaré que l’aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent était le facteur auquel elles accordaient le plus d’importance au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger.

Chez celles qui ont indiqué que le coût de la méthode était le facteur qui leur importait le plus au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger, la probabilité ajustée d’utiliser une méthode électronique était de 19 %.

Enfin, la probabilité d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique était inférieure à la moyenne chez les personnes qui ont déclaré que la rapidité de la méthode était le facteur le plus important au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger (12 %), et chez celles qui ont dit que la fiabilité de la méthode était le facteur qui leur importait le plus (13 %).

Conclusion

En cette ère numérique et compte tenu du fait que les coûts d’envoi sont devenus une priorité stratégique à l’échelle internationale, il est important de mieux comprendre comment la région de destination et les préférences individuelles peuvent influer sur les choix en matière d'envois de fonds internationaux.

En 2017, les coûts d’envoi associés aux transferts de fonds électroniques (en tant que pourcentage du montant d’argent transféré) étaient inférieurs dans toutes les régions de destination par rapport à ceux associés aux méthodes de transfert de fonds traditionnelles — ou non électroniques.

Bien que les méthodes de transfert de fonds numériques soient moins coûteuses que les méthodes traditionnelles, leur utilisation demeure limitée parmi les Canadiens qui envoient des fonds à l’étranger et qui sont nés dans des pays admissibles à l’APD. Les méthodes traditionnelles continuent de dominer les marchés des transferts de fonds. Par exemple, 85 % des personnes qui ont envoyé de l’argent à l’étranger ont utilisé une méthode de transfert de fonds traditionnelle lors de leur dernier transfert de fonds en 2017. Cela peut être attribuable au niveau de développement de l’infrastructure financière dans les régions de destination. Par exemple, le transfert de fonds à des pays non admissibles à l’APD (c.-à-d. des pays développés) est fortement associé à une plus grande probabilité d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique. Le vaste accès à Internet et aux téléphones intelligents ainsi qu’à des services bancaires universels dans les pays développés permet aux personnes qui reçoivent de l’argent d’accéder facilement aux fonds au moyen de leurs comptes bancaires. Par conséquent, les personnes qui envoient de l’argent dans ces pays peuvent privilégier les méthodes de transfert de fonds électroniques.

En analysant l’association entre le facteur important le plus aux répondants au moment d’envoyer de l’argent à l’étranger et la probabilité que ceux-ci utilisent une méthode de transfert de fonds électronique, on a constaté que les personnes qui accordent le plus d’importance à l’accès pratique pour la personne qui envoie l’argent lorsqu’elles envoient de l’argent à l’étranger étaient plus susceptibles d’avoir utilisé une méthode de transfert de fonds électronique lors de leur dernier transfert de fonds en 2017. En revanche, celles qui accordaient le plus d’importance à l’aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent étaient les moins susceptibles d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique. Enfin, les jeunes et les personnes possédant un grade universitaire étaient également plus susceptibles d’utiliser une méthode de transfert de fonds électronique.

Zacharie Tsala Dimbuene est Analyste principal du centre de données de recherche, Accès aux Microdonnées et CRDE de Statistique Canada et Martin Turcotte est rédacteur en chef de Regards sur la société canadienne, qui fait partie du Centre de renseignements et d’innovation en données sociales de Statistique Canada

Début de l'encadré

Sources de données, méthodes et définitions

Source de données

Les données de la présente étude proviennent de l’Étude sur les transferts de fonds internationaux (ETFI), une enquête transversale menée en 2018. La population cible était composée de résidents canadiens (Canadiens par naturalisation, immigrants reçus et résidents temporaires) âgés de 18 ans et plus nés dans des pays admissibles à l’Aide publique au développement (APD).

Les pays admissibles à l’APD sont tous les pays à revenu faible et intermédiaire, en fonction du revenu national brut (RNB) par habitant publié par la Banque mondiale. Tous les pays les moins avancés, tels que définis par les Nations Unies, font partie de la liste des pays admissibles à l’APD.

La liste des pays admissibles à l’APD comprend les pays les moins avancés (p. ex. Haïti et le Sénégal), les pays et territoires à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (p. ex. l’Indonésie, l’Ukraine et les Philippines) et les pays et territoires à revenu intermédiaire de la tranche supérieure (p. ex. la Chine, la Colombie et le Mexique). L’échantillon de l’ETFI est formé de répondants nés dans 127 des 166 pays admissibles à l’APD pour l’année de référence 2017.

Certains immigrants au Canada, nés dans des pays à revenu élevé qui ne sont pas éligibles à l'APD, peuvent également envoyer de l'argent à leur famille et à leurs amis vivant à l'étranger. Toutefois, les raisons pour lesquelles ces immigrants envoient de l'argent (par exemple, des cadeaux) peuvent être très différentes de celles des immigrants nés dans des pays à faible revenu, éligibles à l'APD (par exemple, de l'argent pour payer les frais de subsistance et les frais médicaux). Les résidents canadiens nés dans des pays éligibles à l'APD sont généralement plus susceptibles d'envoyer de l'argent dans des pays à faible revenu. Ceci est important, car les envois de fonds vers les régions à faible et moyen revenu constituent une source considérable de financement extérieur pour de nombreux pays en développementNote . Cela étant dit, et bien que toutes les personnes qui ont envoyé des fonds à l’étranger incluses dans la présente étude soient des personnes nées dans des pays admissibles à l’APD, celles-ci peuvent quand même envoyer de l’argent à leur famille et à leurs amis vivant dans d’autres pays à revenu plus élevé non admissibles à l’APDNote .

Pour cette étude et en raison de son accent sur l’utilisation des méthodes de transfert de fonds électroniques, l’analyse a été limitée aux répondants qui ont envoyé de l’argent à l’étranger ou qui ont remis de l’argent en mains propres à des membres de leur famille ou à des amis vivant à l’étranger et qui ont fourni une réponse valide pour 1) la méthode utilisée lors de leur dernier transfert de fonds à l’étranger et 2) le montant d’argent envoyé lors de leur dernier transfert de fonds à l’étranger en 2017, ce qui a donné lieu à un échantillon de 5 285 répondants.

Méthodes

Les analyses statistiques ont été effectuées au moyen de techniques descriptives et multivariées. Les principales variables indépendantes ont été croisées avec la variable dépendante binaire, qui prend la valeur de 1 si le répondant a utilisé une méthode de transfert de fonds électronique la dernière fois qu’il a envoyé de l’argent à l’étranger en 2017, et la valeur de 0 autrement. En ce qui concerne les techniques de modélisation, on a utilisé les coefficients et les effets marginaux moyens des régressions logistiques. On a pondéré toutes les estimations de sorte qu’elles soient représentatives de la population cible de l’ETFI. Comme de nombreuses autres enquêtes de Statistique Canada, l’ETFI est fondé sur un échantillonnage complexe et stratifié. Pour les analyses, on a utilisé les erreurs types bootstrap pour déterminer la signification statistique et les inférences. Toutefois, comme les analyses sont limitées à un sous-échantillon, l’option « subpop » (sous-population) dans Stata a été utilisée pour tenir compte de l’échantillon entier dans les analyses, tout en limitant les estimations au sous-échantillon.

Des problèmes méthodologiques découlant des analyses multivariées, comme la multicolinéarité, ont été diagnostiqués. Aucun problème de multicolinéarité n’a été détecté parmi les variables utilisées dans les analyses.

Définitions

Dans l’ETFI, les méthodes de transfert de fonds électroniques ont été mesurées en fonction des réponses à la question « En 2017, quelle méthode avez-vous utilisée la dernière fois que vous avez envoyé de l’argent à des membres de la famille ou à des amis habitant [un autre pays]? » Cet argent est aussi désigné sous le nom de « transferts de fonds internationaux ». Les réponses ont été regroupées en deux grandes catégories. La valeur « 1 » — ou méthode électronique — leur était attribuée si le répondant avait utilisé l’une des méthodes suivantes : le site Web d’une banque ou d’une caisse populaire, le site Web d’un service de transfert d’argent, le site Web d’un autre type de fournisseur de services, l’application mobile d’une banque ou d’une caisse populaire, l’application mobile d’un service de transfert d’argent ou l’application mobile d’un autre type de fournisseur de services. La valeur « 0 » — ou méthode non électronique — leur était attribuée dans les autres cas (c.-à-d. si le répondant était allé à une banque ou à une caisse populaire, à un comptoir de transfert d’argent, à un bureau de change ou à un autre type d’établissement ou de commerce, s’il avait apporté de l’argent en mains propres à des membres de la famille ou à des amis, s’il avait donné de l’argent à une personne qui voyageait afin qu’elle le remette à des membres de la famille ou à des amis en son nom, s’il avait donné de l’argent à une personne qui visitait le Canada depuis un autre pays afin qu’elle l’y rapporte ou s’il avait utilisé un système informel de transfert d’argent ou une autre méthode).

Pour la région de destination, on a d’abord posé la question suivante aux répondants : « En 2017, vers quel pays avez-vous le plus souvent envoyé de l’argent? » On leur a ensuite posé la question suivante : « En 2017, avez-vous envoyé de l’argent à des membres de la famille ou à des amis habitant à l’extérieur du Canada dans tout autre pays que [le pays indiqué à la question ci-dessus]? » À partir de ces deux renseignements, il a été possible de définir les régions de destination suivantes : 1) les Amériques, 2) l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud, 3) l’Afrique subsaharienne, 4) l’Afrique du Nord, 5) l’Asie de l’Ouest et centrale et le Moyen-Orient, 6) l’Asie de l’Est, 7) l’Asie du Sud-Est et l’Océanie, 8) l’Asie du Sud et 9) les pays non admissibles à l’APD.

Le facteur le plus important au moment de transférer de l’argent à l’étranger a été utilisé comme indicateur des avantages et des risques perçus. On a demandé aux répondants d’indiquer le facteur le plus important dont ils tiennent compte lorsqu’ils envoient de l’argent à l’étranger. Les réponses comprenaient l’aspect pratique pour la personne qui envoie l’argent, l’aspect pratique pour la personne qui reçoit l’argent, le coût de la méthode, la fiabilité de la méthode et la rapidité de la méthode.

Fin de l’encadré

Renseignements additionnels

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

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