L’activité humaine et l’environnement 2021
2.0 Étendue des écosystèmes et facteurs de changement

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Le Canada est un vaste pays, le deuxième plus grand pays du monde. La superficie terrestre et d’eau douce du Canada s’étend sur 9,98 millions de km2, tandis que sa compétence sur l’océan comprend 5,75 millions de km2 dans la limite de sa zone économique exclusive (ZEE), et un total de 7,1 millions de km2, y compris la compétence sur le plancher océanique et le sous-sol du plateau continental étendu des océans Arctique et AtlantiqueNote .

Une variété d’écosystèmes occupent les terres, les eaux douces et les paysages marins du Canada. Les forêts tempérées et boréales, les tourbières, la toundra, les prairies alpines, les prairies naturelles tempérées, les milieux humides côtiers et les récifs coralliens peuvent être délimités en fonction de l’interaction des communautés biologiques d’organismes et de leur environnement. Des caractéristiques comme le climat, la topographie, les sols, la végétation, la faune et l’activité humaine interagissent et peuvent être utilisées pour définir l’étendue des écosystèmes terrestres à différentes échelles. Pour les écosystèmes marins et côtiers, le climat, le biote, les courants, le substrat du fond marin et la zonation en latitude et la zonalité verticale (la distance de la côte et de la profondeur dans la colonne d’eau) peuvent être des éléments importants qui aident à définir les zones écosystémiques. Certaines de ces caractéristiques sont relativement fixes et ne changent que lentement, mais d’autres peuvent changer rapidement, reflétant les changements dans l’utilisation des terres et d’autres pressions.

L’activité humaine et le changement de l’utilisation des terres ont grandement modifié plusieurs écosystèmes naturels du Canada. Des changements majeurs ont été apportés aux paysages du Canada à la suite de la colonisation européenne, notamment l’assèchement des milieux humides et le défrichage des forêts pour l’agriculture, et l’établissement de colonies le long des voies navigables et des voies ferrées, près des ports et sur des terres fertiles. À la fin du XIXe siècle, la perte de bisons des plaines en liberté en raison de la chasse ainsi que l’ouverture des Prairies à l’agriculture ont modifié les prairies naturelles et les plaines indigènesNote . Au cours du siècle dernier, les forêts naturelles ont été de plus en plus transformées en forêts aménagées, ce qui a eu des répercussions sur la biodiversité et a entraîné la perte de nombreuses forêts anciennesNote .

Les changements de l’utilisation des terres résultent de changements dans les tendances d’activité humaine. Quelques exemples comprennent notamment l’expansion urbaine dans les zones agricoles, forestières ou les milieux humides à la périphérie des villes et la conversion des forêts en terres agricoles. Les activités industrielles, comme la foresterie, l’exploitation minière et l’exploration pétrolière peuvent entraîner la déforestation et la fragmentation des écosystèmes dans les régions plus éloignées du paysNote . Les activités de consommation et de production humaines sont également à l’origine de changements écosystémiques à l’échelle locale et mondialeNote . Par exemple, les émissions engendrées par les activités humaines peuvent avoir des répercussions sur la qualité de l’air, de l’eau et des sols et influer sur le système climatique mondial. Les changements climatiques ont de plus en plus d’incidence sur les fonctions écosystémiques et sur la santé et la distribution de nombreuses espèces végétales et animales dans l’ensemble du paysNote .

Le présent rapport réunit des statistiques cohérentes provenant de nombreuses sources qui permettent de cartographier et de décrire l’étendue des écosystèmes du Canada et les changements dans leur condition et les services écosystémiques qui auront une incidence sur la santé de l’économie, de la société et du bien-être humain.

2.1 Écosystèmes terrestres et d’eau douce

Le Canada possède certains des plus grands écosystèmes forestiers, de la toundra, des prairies, des milieux humides et des eaux douces du monde (carte 2.1). Dans l’ensemble, environ 36 % du pays est couvert par la forêt, 25 % par la toundra arctique, 4 % par les prairies naturelles, ce qui comprend les pâturages naturels ou les grands pâturages libres, 2 % par la couverture permanente de neige et de glace et 28 % par d’autres zones naturelles et semi-naturelles comme les terrains boisés, le couvert arbustif, la toundra alpine, les terres stériles, les milieux humides et l’eau (tableau 2.1). En 2016, 4 % de la superficie du pays était utilisée pour la culture agricole et les pâturages cultivés ou ensemencés et, en 2015, 0,6 % de la superficie était couverte de zones bâties et de surfaces artificielles utilisées pour les établissements, les transports et d’autres infrastructures.

L’eau douce couvre environ 1,3 million de km2, soit 13 % du paysage du pays, y compris les Grands Lacs. La superficie de ces cours d’eau et de ces plans d’eau varie selon la saison et les conditions météorologiques. Par exemple, en été, la fonte des neiges contribue à la formation de lacs peu profonds dans les zones de toundra, tandis que dans les Prairies, les marais qui se remplissent d’eau au printemps peuvent disparaître plus tard en été. Les fluctuations saisonnières et interannuelles peuvent rendre difficile la détermination des changements dans l’étendue des zones d’eau douce. Les Grands Lacs, le plus grand réseau de lacs d’eau douce au monde, chevauchent la frontière canado-américaine et couvrent une superficie d’environ 90 000 km2 au CanadaNote .

La zone boréale du Canada est une vaste étendue de forêts subarctiques, de milieux boisés, de landes, de prairies naturelles, de milieux humides et d’eau qui s’étend sur 5,5 millions de km2, de Terre-Neuve-et-Labrador au Yukon. La végétation est façonnée par les conditions climatiques froides, avec des températures hivernales qui peuvent constamment atteindre -40 °C et moins, et par les incendies, la principale perturbation naturelleNote . Du nord au sud, les forêts boréales se transforment en zones forestières-toundra, en forêts ouvertes puis en forêts fermées, et couvrent près de 2,8 millions de km2. L’épinette (Épicéa) est le genre d’arbre dominant dans la zone boréale, les forêts ouvertes de pessière à lichen constituant un habitat important pour le caribouNote . Les autres arbres comprennent des variétés résistantes au froid de peuplier, de bouleau, de sapin et de pinNote . De vastes milieux humides organiques, appelés tourbières, avec des zones de pergélisol sporadiques et irrégulièresNote , se sont formés dans les terres basses de la zone boréale, particulièrement autour de la baie d’Hudson et du Grand lac des Esclaves. Ces tourbières et ces tourbières basses, recouvertes de mousse, de lichens, d’arbustes et d’épinettes, s’étendent sur environ 1,1 million de km2, soit environ 11 % de la superficie totale du pays.

On trouve une plus grande diversité de végétation dans les forêts tempérées froides situées au sud de la zone boréale qui couvrent collectivement environ 8 % du pays. Il s’agit notamment des forêts pluviales de conifères, des forêts sèches, montagneuses et subboréales de la région côtière de la Colombie-Britannique et de la cordillère de la Colombie-Britannique et de l’Alberta; les forêts mixtes de l’est des Grands Lacs et du Saint-Laurent et les forêts carolingiennes de feuillus du Centre du Canada et du sud-ouest de l’Ontario; et la forêt acadienne mixte dans les MaritimesNote .

Les forêts sont touchées par des perturbations naturelles comme les infestations d’insectes, les maladies, les incendies et le déracinement par le vent, ainsi que par la récolte du bois, les pratiques d’aménagement forestier et les décisions en matière d’utilisation des terres. Une grande partie de la forêt tempérée du Canada et des parties méridionales de la forêt boréale sont aménagées aux fins de la production de bois, les pratiques de récolte et de régénération étant coordonnées de sorte à produire un rendement forestier durable à mesure que les forêts gagnent en maturitéNote . Dans l’ensemble, la superficie forestière du Canada est relativement stable : de 1990 à 2018, 0,4 % des forêts ont été déboisées et converties à d’autres usages, notamment l’agriculture et la construction de routes, de réservoirs hydroélectriques et de régions urbainesNote .

Les écosystèmes de la toundra sont des zones sans arbres composés d’arbustes nains et d’autres carex, mousses et lichens de basse altitude qui se sont développés au nord de la zone boréale et dans les régions alpines à une altitude plus élevée. La toundra arctique connaît des températures hivernales extrêmement basses et de faibles précipitations et possède de vastes étendues de pergélisol, qui stockent de grandes quantités de carbone organique. En été, la couche active ou supérieure de ce sol dégèle, formant des lacs et des zones marécageuses et libérant du méthane et du carbone provenant de la matière végétale en décomposition. La toundra arctique, ce qui englobe les terres stériles rocheuses, couvre environ 2,5 millions de km2 du Nord canadien, et d’autres zones de toundra alpine se trouvent en altitude dans les montagnes Rocheuses et dans la chaîne Cotière. Des régions de neige et de glace permanentes se trouvent également dans la Cordillère arctique et à haute altitude dans les chaînes montagneuses canadiennes, couvrant plus de 200 000 km2, soit environ 2 % de la superficie totale du CanadaNote .

Les écosystèmes des prairies naturelles se sont développés au sud de la zone boréale, dans les provinces des Prairies canadiennes, à l’est des Rocheuses et dans les vallées sèches de la partie intérieure sud de la Colombie-Britannique. Les Prairies comprennent également des centaines de milliers de petites terres humides appelées cuvettes des Prairies, qui sont importantes pour l’hydrologie locale et fournissent un habitat à la sauvagineNote , ainsi que des forêts-parcs, qui sont une zone de transition entre les prairies naturelles et la forêt boréale. La végétation dominante de graminées et d’herbages de ces prairies naturelles s’est développée sous des conditions climatiques froides et sèches, et a été maintenue par les incendies et le pâturage. Ces écosystèmes figurent parmi les écosystèmes les plus altérés en Amérique du Nord, et il reste peu de prairies naturelles originalesNote . Les prairies naturelles des Prairies ont développé des sols fertiles et riches en humus à partir des vastes systèmes radiculaires végétaux, bien qu’une part importante de cette matière organique du sol ait été perdue lors de la conversion des prairies naturelles pour l’agricultureNote , qui est maintenant l’utilisation dominante des terres. Une grande partie des milieux humides ont également été drainés et convertis à des fins agricoles. En 2016, 65 % de l’écoprovince Prairie-parcs a été utilisée pour la culture arableNote , suivi de 60 % dans la Prairie centrale et de 54 % dans les Prairies de l’Est, bien que d’autres zones herbeuses aient été utilisées comme pâturages naturels et parcours naturels.

L’agriculture constitue également une importante utilisation des terres à l’extérieur des Prairies, notamment dans les écoprovinces des Plaines Huron–Érié et des Basses terres des Grands Lacs et du Saint-Laurent, où les terres arables représentaient respectivement 58 % et 39 % de la superficie totale en 2016. Elle a également contribué pour une part importante mais moindre de l’utilisation de l’écoprovince des Plaines boréales centrales (15 %) et des Plaines boréales orientales (5 %), des Basses terres de Northumberland (7 %) et des Hautes terres appalachiennes–acadiennes (5 %) dans les Maritimes et la Dépression de Géorgie (5 %) en Colombie-Britannique.

Les êtres humains font partie des écosystèmes de la Terre. Ils exercent des pressions considérables sur les écosystèmes, ce qui influe sur leurs processus et leurs fonctionsNote . Le développement urbain et l’activité industrielle peuvent modifier considérablement le paysage environnant. Par exemple, le changement relatif à l’utilisation des terres autour des villes est un moteur direct du changement, qui fait en sorte que des écosystèmes forestiers ou agricoles sont transformés de façon permanente en zones urbaines. La plupart des zones bâties et des surfaces artificielles sont situées dans le sud du pays, où vivent la majorité des personnes (tableau 2.2). Seules sept écoprovinces avaient une population de plus de 1 million d’habitants en 2016 et une grande partie du pays reste peu peuplée. D’autres zones bâties sont associées à l’extraction des ressources et à l’industrie, ce qui comprend les mines et l’infrastructure liées à la production de pétrole et de gaz.

Dans l’ensemble, 62 600 km2 du paysage canadien sont classés comme des zones bâties et des surfaces artificielles en 2015, en hausse de 11 % par rapport à 56 400 km2 en 2000Note .

En 2010, les écoprovinces où le pourcentage de zones bâties et de surfaces artificielles était le plus élevé étaient les Plaines Huron–Érié (19 %), la Dépression de Géorgie (11 %) et les Basses terres des Grands Lacs et du Saint-Laurent (10 %). Ces trois écoprovinces comprennent Montréal, Ottawa, Vancouver, Toronto et d’autres grands centres de population urbains et abritent plus de 62 % de la population du Canada. Les populations des zones urbaines dépendent fortement des services écosystémiques générés ailleurs, car les villes elles-mêmes occupent une superficie relativement petite, même si la majorité de la population y habite. En 2016, 81 % de la population vivait dans des centres de population, dont la plus grande part habitait dans les grands centres urbains ayant une population supérieure à 100 000 habitantsNote .

Les plus fortes augmentations des zones bâties et des surfaces artificielles à l’échelle écoprovinciale de 2000 à 2010 ont été observées dans les écoprovinces du Bouclier boréal méridional, des Plaines boréales centrales et des Grands Lacs-Saint-Laurent. Ces trois écoprovinces ont représenté plus de la moitié de l’augmentation de la zone bâtie au cours de cette période.

2.2 Écosystèmes marins et côtiers

La définition de l’étendue des écosystèmes dans l’océan peut être complexe. Dans toutes les eaux sauf les eaux les moins profondes, la surveillance détaillée du fond océanique nécessite soit la plongée, soit l’envoi de sondes, bien que l’utilisation des technologies comme le sonar soit de plus en plus explorée. Certaines parties de l’océan sont moins bien connues que la surface de la lune en raison des fortes pressions et des températures presque glaciales observées en profondeurNote . La ZEE du Canada est d’environ 5 km en son point le plus profond, ce qui représente un défi majeur pour la cartographie de notre territoire océanique. Notre connaissance des écosystèmes marins et côtiers (leur emplacement, leur taille et leur condition) est incomplète, particulièrement dans les régions arctiques.

La mesure de la profondeur de l’eau au-dessus du fond marin, connue sous le nom de bathymétrie, indique l’emplacement potentiel de différents types d’écosystèmes océaniques. La lumière du soleil, qui joue un rôle important dans la détermination de l’endroit où vivent les animaux, les plantes et d’autres biotes, ne pénètre pas beaucoup plus de 200 mNote , même si de petites quantités peuvent atteindre jusqu’à 1 000 m de profondeur. D’autres caractéristiques du fond, comme la rugosité du terrain, la pente et le substrat, peuvent indiquer des emplacements favorables pour différents habitats océaniquesNote et le couvert de végétation, ainsi que la vulnérabilité aux dommages causés par l’évolution des conditions océaniques, les tempêtes d’importance ou les activités humaines et les modifications.

Les zones dont la profondeur de l’eau est inférieure à 200 m, en particulier les zones côtières moins profondes, sont les principales régions océaniques favorables aux plantes photosynthétiques. De nombreux écosystèmes importants, comme les marais salés, les herbiers marins et les forêts de varech, se trouvent principalement dans les zones côtières dont la profondeur de l’eau est inférieure ou égale à 50 m (carte 2.2 et tableau 2.3). Bien que tous les écosystèmes côtiers ne soient pas entièrement cartographiés, les estimations de l’étendue des marais salés indiquent qu’au moins 1 114 km2 de ces écosystèmes intertidaux existent, tandis que les herbiers marins et les forêts de varech couvrent respectivement 1 429 km2 et 634 km2 de fond marin (carte 2.3 et tableau 2.4). Ces écosystèmes sont des points chauds de la biodiversité et d’importants puits de carboneNote .

La plupart des principales pêches du monde, comme la pêche au hareng, à l’anchois, à la sardine et à la morue, se déroulent également dans les eaux les moins profondes (épipélagiques) de 0 à 200 mètres de profondeur. Près de 47 % de l’étendue de la ZEE du Canada a des profondeurs de fond marin qui se situent dans cette échelle, tandis que 25 % de cette étendue peut être classée comme mésopélagique, soit des eaux de 200 m à 1000 m de profondeur. Les eaux à cette profondeur ont des niveaux de lumière décroissants à mesure que la profondeur augmente et hébergent un éventail diversifié d’espèces adaptées à un environnement à faible luminosité.

Les zones d’eaux profondes (bathypélagiques), soit de 1 km à 4 km de profondeur, ont un fond marin qui ne reçoit aucune lumière du soleil et qui subit des pressions élevées et des températures froides. Certains coraux d’eau froide poussent à des profondeurs allant jusqu’à 2,5 km sur la côte Est du Canada et peuvent avoir des centaines d’années, mais ils peuvent également être trouvés dans des eaux peu profondes sur les côtes Est et OuestNote . Les récifs coralliens sont d’importants écosystèmes pour la biodiversité et abritent une population diversifiée de poissons et d’organismes de grandes profondeurs. Ces récifs sont fragiles et sensibles aux dommages causés par les activités humaines, comme la pêche et l’extraction pétrolière, ainsi qu’aux changements climatiques en raison des exigences de température de certaines espècesNote . Des calmars, de grandes baleines et des poulpes se trouvent également à ces profondeurs. Un peu plus du quart de la ZEE du Canada a des profondeurs dans cette zone, en particulier dans les écorégions de la haute mer du Pacifique et du bassin arctique.

Sur la côte Est, il y a de petites zones d’eaux très profondes (abyssopélagiques) dont la profondeur est supérieure à 4 km dans les zones extracôtières de la plate-forme Néo-Écossaise et des écorégions marines de la plate-forme de Terre-Neuve. Ces régions couvrent 2 % de la ZEE totale du Canada. De plus, ces zones très profondes ont parfois des régions moins profondes, connues sous le nom de collines abyssales ou de monts sous-marins, qui peuvent se former dans les zones ayant une pente et un relief élevés. Les collines abyssales et les monts sous-marins peuvent être riches en biodiversité puisque le mélange d’eau et d’éléments nutritifs qui se produit à ces endroits fournit de la nourriture à de nombreuses espècesNote et pourraient être au centre d’efforts de conservation. Les eaux du Pacifique dans la ZEE du Canada présentent la plus forte proportion de territoire accidenté et, par conséquent, une densité plus élevée de monts sous-marins et de collines abyssales (tableau 2.5).

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Encadré : Incidence du changement climatique sur les écosystèmes et sur les conditions des écosystèmes

Le climat est une caractéristique clé qui influe sur le développement de différents types d’écosystèmes (tableaux 2.6 et 2.7). Au Canada, le réchauffement du climat et les variations dans les caractéristiques des précipitations ont entraîné des changements dans la condition et le fonctionnement des écosystèmes. La toundra arctique et les écosystèmes boréaux connaissent des conditions changeantes, notamment le dégel du pergélisol et le développement de la topographie thermokarstiqueNote . Ces changements ont des répercussions sur la stabilité des routes et des infrastructures dans le NordNote , le débit d’eau douceNote et les rejets de gaz à effet de serre provenant du dégel des tourbièresNote . Les écosystèmes forestiers subissent des changements dans les régimes de perturbation et les aires de répartition des espèces, ce qui comprend la densification des arbustes dans la zone de transition entre les écosystèmes boréaux et la toundraNote .

La modification des régimes d’enneigement et de la fonte des glaciers, ainsi que des saisons de couverture de neige et de glace plus courtes, ont une incidence sur le moment et sur le débit de pointe, ce qui a pour effet de réduire les débits estivaux dans certaines régionsNote . Les variations de température et de précipitations peuvent avoir une incidence sur la disponibilité de l’eau pour l’agriculture et l’utilisation de l’eau par les ménages, et agir sur la fréquence ou la sévérité d’événements comme les sécheresses, les inondations et les incendies. La fréquence accrue des événements extrêmes pourrait avoir des effets plus localisés, comme des glissements de terrain, le ruissellement des eaux pluviales dans les zones urbaines et les débordements d’égouts sanitaires dans les plans d’eau et l’environnementNote . Les changements climatiques entraînent également des changements dans les océans du Canada, et des changements sont observés dans les caractéristiques physiques et chimiques comme la température de la surface de la mer, la salinité, la stratification de la densité, l’acidification, l’oxygène dissous et le niveau de la merNote . Au fil du temps, les conditions changeantes peuvent se traduire par des changements dans l’étendue et l’emplacement des différents écosystèmes.

De 1948 à 2016, toutes les régions de la masse terrestre du Canada ont connu une augmentation des températures moyennes annuelles et saisonnières de l’air (carte 2.4 et tableau 2.8), mais avec d’importantes variations régionales. Des températures croissantes sont observées dans plusieurs écosystèmes, y compris les forêts, les eaux douces et les tourbières, ainsi que dans les écosystèmes agricoles et urbains (tableau 2.9).

Les plus fortes augmentations de température au Canada sont survenues dans une vaste région du nord-ouest s’étendant de Yellowknife à la frontière entre le Yukon et l’Alaska, une région qui chevauche les zones boréales et de toundras et qui comprend des terrains montagneux alpins (carte 2.5). Dans cette région, une superficie de près de 17 500 km2, soit une superficie trois fois supérieure à celle de l’Île-du-Prince-Édouard, a connu des hausses hivernales de température de plus de 7 °C, et une superficie de plus de 300 000 km2 a connu des augmentations se situant entre 6 °C et 7 °C. Au total, une superficie de plus de 1,6 million de km2 a enregistré des augmentations de température hivernales de plus de 5 °C, touchant environ 732 000 km2 de forêt et 235 000 km2 de tourbièresNote .

Dans les Prairies, les régions agricoles représentant plus de 400 000 km2 ont connu une augmentation de 1,9 °C de la température annuelle moyenne et une augmentation de 3,8 °C de la température hivernale de 1948 à 2016, ce qui représente de nouveaux défis et de nouvelles possibilités pour la production alimentaireNote . Les écosystèmes d’eau douce sont également touchés. Dans la moitié des écoprovinces du Canada, les écosystèmes d’eau douce ont été exposés à des augmentations annuelles de température de 2 °C ou plus, avec des augmentations de température hivernales encore plus importantes. Ces variations ont une incidence sur les régimes de débit et l’habitat du poisson et d’autres espèces aquatiques.

Les caractéristiques des précipitations, sous forme de pluie et de neige, sont très variables partout au Canada, et présentent des différences dans le type, la quantité et le moment des précipitations dans différentes régions. Selon les tendances, de 1979 à 2016, les précipitations moyennes annuelles ont augmenté dans 11 écoprovinces, particulièrement dans celles situées dans le Bouclier boréal et les Prairies, et ont diminué dans six écoprovinces (tableau 2.8 et carte 2.6)Note . Au cours de cette période, les précipitations hivernales ont augmenté dans une grande partie de l’Ontario et du sud du Québec, dans une mesure de 18 mm à 62 mm, y compris dans les écoprovinces du Bouclier boréal moyen, du Bouclier boréal méridional, des Basses terres des Grands Lacs et du Saint-Laurent, des Plaines Huron–Érié et des Basses terres Hudson–James. De plus, toujours au cours de la même période, une grande partie du sud du Yukon et du nord de la Colombie-Britannique, y compris les écoprovinces des montagnes Mackenzie-Selwyn, de la chaîne boréale septentrionale et de la chaîne boréale méridionale ont enregistré une augmentation des précipitations estivales de l’ordre de 26 mm à 36 mm.

L’évapotranspiration (ET) est la combinaison de l’évaporation des surfaces terrestres et aquatiques et de la transpiration des plantes et est l’un des processus clés du cycle de l’eau. L’ET est régie par la couverture terrestre, l’approvisionnement en eau, le rayonnement solaire net, la température de l’air, l’humidité et la vitesse du vent. En plus des renseignements sur les précipitations, l’ET fournit un indicateur de la disponibilité de l’eauNote . L’évapotranspiration potentielle (ETP) représente l’évapotranspiration qui se produirait sans limitation de l’approvisionnement en eau, c’est-à-dire si davantage d’eau était disponible. Lorsqu’elle est interprétée seule ou avec d’autres mesures du cycle de l’eau comme les précipitations ou l’ET, elle peut contribuer à une compréhension de l’aridité et de la sécheresse, du stress hydrique et du manque d’eau, et du stress sur la végétationNote . Des changements persistants peuvent signaler des changements dans le cycle de l’eau, le budget énergétique et les écosystèmesNote . Ces variables sont estimées en appliquant des modèles aux données climatiques ou en utilisant une combinaison de modèles et de données satellitaires. L’ET et l’ETP sont généralement plus élevées en été et plus faibles en hiver.

La plupart des écoprovinces ont connu une tendance à la hausse de l’ET et de l’ETP entre 1979 et 2016, mais les taux varient d’une écoprovince à l’autre (tableau 2.10). De fortes augmentations de l’ET ont été observées entre 1979 et 2016 dans les Hautes terres appalachiennes–acadiennes et dans les écoprovinces du centre-sud de la Colombie-Britannique de la Chaîne montagnarde septentrionale et de la Chaîne montagnarde centrale, mais également dans les Prairies orientalesNote . Les augmentations les plus importantes d’ETP pour la même période se sont produites près de la côte Est et dans le sud de la Colombie-Britannique, en particulier dans les écoprovinces du Bouclier boréal oriental, des Hautes terres appalachiennes–acadiennes, de la Chaîne montagnarde Columbia, de la Cordillère montagnarde méridionale et de la Dépression de Géorgie.

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