Section 1 : Indice de gravité de la criminalité
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Chaque année, Statistique Canada diffuse des rapports sur le nombre et le type d'affaires criminelles qui viennent à l'attention de la police. Ce rapport annuel présente une analyse des variations des taux de crimes déclarés par la police entre les diverses régions du pays. Pour faciliter les comparaisons entre les régions géographiques et au fil du temps, les crimes déclarés par la police ont traditionnellement été exprimés en un taux pour 100 000 habitants.
Le taux de criminalité « traditionnel » fournit des renseignements sur le nombre d'affaires déclarées par la police qui sont survenues dans une population donnée. Il sert à mesurer le volume de crimes qui viennent à l'attention de la police. On calcule le taux tout simplement en divisant le nombre d'affaires criminelles signalées à la police par la population étudiée. Chaque affaire criminelle, quel que soit le type ou la gravité de l'infraction, a le même poids dans le taux. À titre d'exemple, un homicide a le même poids qu'un méfait.
Nous avons maintenant mis au point un autre outil pour mesurer les crimes déclarés par la police au Canada. L'Indice de gravité de la criminalité permettra, pour la première fois, aux Canadiens de suivre les variations annuelles de la gravité des crimes déclarés par la police. Cela est possible puisque l'Indice prend en compte non seulement le changement de volume d'un crime donné, mais aussi la gravité de ce crime en comparaison avec d'autres.
L'Indice de gravité de la criminalité peut aider à répondre à des questions comme les suivantes : Les crimes venant à l'attention de la police sont-ils plus graves ou moins graves qu'ils ne l'étaient auparavant? Les crimes déclarés par la police dans une ville ou une province donnée sont-ils plus graves ou moins graves que les crimes pour l'ensemble du Canada?
Le nouvel indice ne remplace pas les mesures existantes de la criminalité; il les complète plutôt. Il permet d'examiner la criminalité sous un autre angle, et il comble certaines des lacunes du taux de criminalité traditionnel.
Le contexte
En 2004, le Comité des informations et statistiques policières de l'Association canadienne des chefs de police a demandé à Statistique Canada de créer une nouvelle mesure des crimes déclarés par la police qui comblerait les lacunes présentées par le taux de criminalité traditionnel.
Les fluctuations d'infractions fréquentes et moins graves ont une forte incidence sur le taux de criminalité traditionnel. Cela s'explique par le fait que chaque infraction déclarée par la police, quelle que soit sa gravité, a le même poids dans le calcul du taux de criminalité.
Deux infractions relativement moins graves — le vol de moins de 5 000 $ et le méfait — représentent environ 40 % des crimes déclarés par la police au Canada. Tout changement du nombre de ces infractions déclarées par la police a donc un effet considérable sur le taux global de criminalité.
Si le nombre de vols mineurs et de méfaits décroît pendant une année donnée, le taux de criminalité est susceptible de baisser, même s'il se produit de fortes hausses de crimes plus graves, comme le meurtre et l'introduction par effraction. Autrement dit, en raison de leur volume relativement faible, les crimes plus graves ont peu d'effet sur les variations du taux global de criminalité.
On sait depuis longtemps que la variation du taux de déclaration des crimes constitue l'un des inconvénients de base liés à l'utilisation des données de la police pour déceler les tendances et établir des comparaisons entre les secteurs de compétence. Les données sur la victimisation ont invariablement révélé que le taux de déclaration à la police est fonction de la gravité du crime. Les infractions moins graves, qui dominent le taux de criminalité, sont moins susceptibles d'être signalées à la police 1 . En outre, la police ne déclare pas toujours ces infractions de façon régulière à Statistique Canada. Ces problèmes de déclaration ont eu une incidence sur la comparabilité des taux de criminalité entre les provinces et les territoires et entre les services de police.
Le taux de criminalité traditionnel ne fournit aucune information sur la gravité générale des crimes déclarés par la police. Par le passé, les changements de la gravité des crimes déclarés par la police étaient déterminés en examinant les taux d'infractions particulières. Toutefois, il est difficile de constituer un portrait global des tendances de la gravité du crime au Canada en utilisant cette méthode.
L'Indice de gravité de la criminalité a été conçu en collaboration non seulement avec la police mais aussi avec les partenaires du milieu juridique et les universitaires dans tout le pays 2 . On a donné à un groupe de travail le mandat de créer une mesure pouvant constituer un meilleur indicateur des variations annuelles des crimes déclarés par la police et pouvant améliorer la comparabilité des statistiques de la criminalité aux échelons des provinces et territoires et des municipalités en tenant compte de la gravité de chaque infraction.
La conception de l'Indice de gravité de la criminalité
Le principe à la base de l'Indice de gravité de la criminalité consistait à donner plus de poids aux crimes plus graves qu'aux crimes moins graves. Ainsi, les variations des crimes plus graves auraient un effet plus marqué sur l'Indice que sur le taux de criminalité traditionnel.
Cela réduirait l'effet des infractions fréquentes et moins graves, et permettrait à l'Indice de plus fidèlement illustrer les variations de la fréquence des crimes plus graves. En outre, l'Indice réduirait au minimum l'effet des différences entre les taux de déclaration des crimes fréquents et moins graves par le public et par la police dans les divers secteurs de compétence, ce qui améliorerait la comparabilité des données entre les provinces et entre les municipalités.
La première étape de l'élaboration de l'Indice consistait à trouver une façon de déterminer la gravité relative des crimes. Toute mesure de ce genre devait répondre à des critères précis. Plus particulièrement, elle devait être aussi empirique et objective que possible. Elle devait aussi être fondée sur des données existantes; être facilement mise à jour au fil du temps; et être facile à comprendre. De plus, l'Indice devait tenir compte de tous les crimes déclarés, contrairement au taux de criminalité traditionnel qui exclut les délits de la route, les infractions relatives aux drogues et les infractions aux autres lois fédérales.
Un examen approfondi de la documentation sur la criminologie nous a fourni des précisions sur certaines méthodes actuellement utilisées pour déterminer la gravité relative des divers crimes. Différentes options ont été considérées, dont les suivantes : inclure seulement un sous-ensemble des crimes les plus graves; utiliser des renseignements sur les perceptions du public à l'égard de la criminalité; examiner le coût financier de la criminalité; et utiliser les pénalités maximales prévues au Code criminel. Toutefois, aucune des méthodes courantes ne répondait à tous les critères établis.
En cherchant une autre approche, on a constaté que les données recueillies au moyen des enquêtes de Statistique Canada sur les tribunaux de juridiction criminelle pour les adultes et les jeunes 3 répondaient à tous les critères de définition d'une mesure de la gravité relative. Le Canada est l'un des rares pays qui recueillent des données détaillées sur la détermination des peines auprès des tribunaux.
La détermination des peines se fait en partant du principe que les tribunaux imposeront des peines plus sévères pour les crimes plus graves. La gravité relative de chaque type d'infraction criminelle peut donc être déterminée à l'aide des données objectives sur les peines imposées. Comme les données existent déjà et qu'elles sont recueillies régulièrement, il est possible de mettre à jour la mesure de la gravité relative au fil des ans.
Le calcul de l'Indice
L'Indice de gravité de la criminalité permet de suivre les changements de la gravité des crimes déclarés par la police au Canada en tenant compte à la fois du nombre de crimes déclarés dans un secteur de compétence donné et de la gravité relative de ces crimes. Il nous renseigne non seulement sur le volume de crimes qui viennent à l'attention de la police, mais aussi sur la gravité de ces crimes.
Pour ce faire, on attribue un « poids » de gravité à chaque infraction 4 . Les poids sont calculés à partir des peines qui ont actuellement été imposées par les tribunaux dans toutes les provinces et les trois territoires 5 . On attribue des poids plus élevés aux crimes plus graves, et des poids moins élevés aux crimes moins graves.
Le poids attribué à un type d'infraction donné est composé de deux parties. La première composante est le taux d'incarcération pour ce type d'infraction, c'est-à-dire la proportion des personnes reconnues coupables de cette infraction qui sont condamnées à une peine d'emprisonnement. La deuxième composante est la durée moyenne des peines d'emprisonnement, en jours, pour le type d'infraction en question 6 .
Les infractions qui ont tendance à aboutir à l'emprisonnement au moment de la condamnation sont normalement considérées comme plus graves que celles qui n'affichent pas cette tendance. En outre, les crimes plus graves donnent normalement lieu à des peines d'emprisonnement plus longues. Le taux d'incarcération et la durée moyenne des peines sont multipliés afin de donner le poids de gravité définitif pour chaque type d'infraction déclarée par la police.
On attribue à chaque occurrence d'une infraction particulière le même poids, quel que soit le résultat dans une affaire particulière. Ainsi, tous les vols qualifiés déclarés par la police auront le même poids dans l'Indice, peu importe les caractéristiques précises de chaque affaire.
Les poids sont calculés en utilisant les données des tribunaux qui sont disponibles sur les peines imposées pour les cinq dernières années. Cette mesure vise à assurer que les poids sont fondés sur une grande quantité de données disponibles. De plus, elle réduit au minimum l'incidence de toute variation des infractions à faible fréquence. En ce qui concerne les données diffusées dans le présent rapport, les poids sont fondés sur la période allant de 2002-2003 à 2006-2007.
Le tableau 1 présente des exemples de poids qui ont été calculés à partir des données judiciaires pour cette période. L'importance des poids se détermine moins par leur valeur exacte pour chaque type d'infraction que par leurs différences entre les diverses infractions. Par exemple, le poids pour une affaire de meurtre est 1 000 fois plus élevé que le poids attribué à une affaire de possession de cannabis.
Les poids seront mis à jour tous les cinq ans afin qu'ils tiennent compte des changements aux pratiques de détermination de la peine ou de nouvelles mesures législatives. Il n'est pas nécessaire de les mettre à jour annuellement étant donné que les tendances des données des tribunaux ne varient pas beaucoup d'une année à l'autre.
Défis liés à l'utilisation des données sur la détermination des peines en tant que mesure de la gravité des infractions
Statistique Canada recueille des données sur la détermination des peines auprès des tribunaux pour les adultes et les jeunes dans l'ensemble du pays. Lorsqu'il a été décidé que ces données étaient la meilleure mesure empirique qui soit de la gravité des infractions aux fins de l'Indice de gravité de la criminalité, on a reconnu qu'elles comportaient des limites. Voici des exemples de défis que représentent les données sur les tribunaux :
Temps passé en détention provisoire — Les données sur le temps passé en détention provisoire — c'est-à-dire le temps qu'un accusé passe en prison avant la détermination de sa peine — ne sont pas recueillies directement au moyen des enquêtes auprès des tribunaux. Bien que le temps passé en détention provisoire soit généralement un facteur que les juges prennent en compte lorsqu'ils déterminent la peine, il ne peut être établi à partir des données d'enquête si la peine entière a été consignée (y compris les jours passés en détention provisoire) ou si seulement le temps additionnel à purger a été consigné (sauf le temps passé en détention provisoire).
Multirécidiviste — Le casier judiciaire d'un accusé est reconnu comme un facteur important de la détermination de la peine. Toutefois, les enquêtes auprès des tribunaux ne permettent pas de recueillir de données sur la récidive.
Condamnation avec sursis — La condamnation avec sursis, aussi appelée « ordonnance différée de placement sous garde » pour les jeunes, a été traitée comme une mesure « non carcérale » dans le modèle, tout comme la probation et les amendes, même s'il s'agit d'une peine d'incarcération en vertu du Code criminel. On a procédé ainsi parce qu'il n'existe aucun système objectif ou systématique pour déterminer la gravité relative des différents types de peines.
Peine d'emprisonnement à perpétuité — Au Canada, la peine d'emprisonnement à perpétuité prive l'accusé de sa liberté pour le reste de sa vie. Ainsi, il est impossible de mesurer avec précision les peines d'emprisonnement à perpétuité en fonction du nombre de jours, car il dépend de facteurs propres à chaque individu. Aux fins de recherche, on s'entend généralement pour quantifier ce nombre à 25 ans, ce qui représente la période la plus longue avant qu'un individu condamné à l'emprisonnement à perpétuité soit admissible à la libération conditionnelle. À la suite de la libération conditionnelle, l'accusé demeure sous supervision pour le reste de sa vie. On a donc attribué une valeur de 25 ans aux fins du modèle de pondération de l'Indice de gravité de la criminalité pour les peines d'emprisonnement à perpétuité.
Pour calculer l'Indice de gravité de la criminalité, le nombre d'affaires déclarées par la police pour chaque infraction est multiplié par le poids de cette infraction 7 . On additionne ensuite toutes les infractions pondérées, puis on divise le total par la population correspondante.
Enfin, pour que l'Indice soit plus facile à interpréter, il est établi à « 100 » pour le Canada (à l'instar de l'Indice des prix à la consommation), l'année de base étant 2006.
Il y aura en fait trois indices différents : un Indice global de gravité de la criminalité, un Indice de gravité des crimes violents et un Indice de gravité des crimes sans violence — structure qui est semblable à celle du taux de criminalité traditionnel.
L'Indice global de gravité de la criminalité comprend toutes les infractions au Code criminel et les infractions aux autres lois fédérales. L'Indice de gravité des crimes violents comprend toutes les infractions avec violence 8 , alors que l'Indice de gravité des crimes sans violence comprend toutes les infractions qui ne font pas partie de la catégorie des crimes violents.
Chaque indice peut être calculé aux échelons du pays, des provinces et territoires, et des régions métropolitaines de recensement (RMR) 9 , ainsi que pour chaque service de police et détachement.
À dessein, la valeur de l'Indice de gravité de la criminalité dans un secteur de compétence donné varie selon la composition des crimes qui y sont commis et leur gravité relative. Si un secteur de compétence compte une grande proportion de crimes moins graves, donc de crimes auxquels on a attribué un faible poids, la valeur de son indice sera moins élevée. Inversement, un secteur de compétence qui compte une forte proportion de crimes plus graves aura une valeur plus élevée de l'Indice.
L'interprétation des tendances de la criminalitéau moyen de l'Indice de gravité de la criminalité
Avant de comparer l'Indice de gravité de la criminalité et le taux de criminalité traditionnel, il convient d'apporter quelques précisions. D'abord, on peut comparer seulement les tendances des crimes déclarés par la police dégagées au moyen de ces deux mesures. Les chiffres précis des crimes déclarés par la police obtenus en appliquant chaque mesure ne sont pas directement comparables.
Ensuite, l'Indice de gravité de la criminalité est une mesure normalisée, ce qui signifie qu'elle a été ajustée de façon à équivaloir à 100 pour l'année de base (2006). Par contre, le taux de criminalité est égal au nombre de crimes pour 100 000 habitants. Les graphiques qui présentent ces deux mesures affichent donc des axes différents : un pour le taux de criminalité et l'autre pour l'Indice de gravité de la criminalité.
La comparaison du taux global de criminalité et de l'Indice de gravité de la criminalité pour la période allant de 1998 à 2007 fournit un aperçu intéressant des tendances des crimes déclarés par la police (graphique 1.1 et tableau 2) 10 . Durant cette période, le taux de criminalité a fléchi de 15 %, alors que l'Indice de gravité de la criminalité a reculé encore davantage, soit de 21 %. Il importe de noter que les délits de la route, les infractions relatives aux drogues et les infractions aux autres lois fédérales sont exclus du taux de criminalité traditionnel, mais ils sont compris dans l'Indice de gravité de la criminalité.
Donc, non seulement le volume de crimes déclarés par la police a diminué au cours de la période mais, dans l'ensemble, les crimes dont la police a pris connaissance étaient de nature moins grave. De surcroît, selon la police, la gravité des crimes a reculé de façon plus marquée durant ces 10 années que le nombre de crimes déclarés.
Pendant la plupart des années, le taux de criminalité et l'Indice ont évolué dans le même sens. Toutefois, cela n'a pas été le cas entre 1999 et 2002. Alors que le taux global de crimes signalés à la police au Canada est demeuré pratiquement stable durant cette période, l'Indice de gravité de la criminalité a fléchi de 6 %.
Le volume de plusieurs crimes graves, comme l'introduction par effraction (-16 %) et le vol qualifié (-11 %), a connu une forte baisse au cours de ces années. En même temps, les affaires de méfait déclarées — infraction courante mais relativement moins grave — ont progressé (+3 %).
En bref, entre 1999 et 2002, le volume total de crimes déclarés par la police est demeuré stable mais il s'est produit une baisse de la gravité des crimes qui sont venus à l'attention du système de justice. Cet exemple montre que l'Indice de gravité de la criminalité traduit mieux les variations des infractions plus graves, alors que le taux de criminalité est révélateur du volume total de crimes qui viennent à l'attention de la police.
Au tableau 3, les données indiquent clairement les différences entre les deux mesures. Le vol de moins de 5 000 $ représente 26 % de tous les crimes compris dans le taux de criminalité. La pondération de ce crime aux fins de l'Indice de gravité de la criminalité diminue effectivement sa contribution d'un peu plus de la moitié, sa représentation se fixant à 12 %. Inversement, l'introduction par effraction, qui est une infraction fréquente et plus grave que la moyenne, représente environ le quart du volume pondéré de l'Indice, comparativement à 10 % des infractions comprises dans le taux de criminalité. Enfin, le vol qualifié contribue 1 % au taux de criminalité, mais 11 % à l'Indice.
Des indices de gravité différents ont été créés pour les crimes violents et les crimes sans violence. La comparaison des taux et des indices pour ces types de crimes illustre encore davantage l'utilité de chaque source d'information dans la compréhension des tendances des crimes déclarés par la police.
À titre d'exemple, le taux de crimes violents a progressé entre 1998 et 2000, puis a suivi une tendance à la baisse (graphique 1.2). Cela indique que le volume de crimes violents déclarés par la police est en recul depuis 2000. L'Indice de gravité des crimes violents révèle que la gravité des crimes violents déclarés par la police est demeurée relativement la même pendant cette période.
La période allant de 2004 à 2006 présente un intérêt particulier; au cours de ces années, le taux de crimes violents et l'Indice de gravité des crimes violents n'ont pas évolué dans le même sens. En effet, le taux de crimes violents a légèrement fléchi malgré des augmentations de la plupart des crimes violents graves, y compris la tentative de meurtre (+22 %), les voies de fait de niveau 3 (+20 %), les voies de fait de niveau 2 (+12 %) et le vol qualifié (+10 %). La diminution du taux de crimes violents était attribuable à la baisse des voies de fait de niveau 1, cette infraction étant la moins grave de toutes les voies de fait, mais très fréquente. À l'inverse, l'Indice de gravité des crimes violents a augmenté de 4 % pendant cette période, traduisant la hausse des crimes violents plus graves.
Les données du tableau 4 indiquent la répartition des crimes qui composent l'Indice de gravité des crimes violents et le taux de crimes violents. Alors que les voies de fait de niveau 1 — le type de voies de fait le moins grave — représentent la plus grande proportion (environ 40 %) du taux de crimes violents, elles ne contribuent que 9 % à l'Indice de gravité des crimes violents.
Le vol qualifié constitue la plus grande part de l'Indice de gravité des crimes violents (40 %), mais une proportion beaucoup plus faible du taux de crimes violents (8 %). En outre, l'homicide représente 8 % de l'Indice de gravité des crimes violents, comparativement à moins de 1 % du taux de crimes violents.
Pour ce qui est des crimes sans violence, les tendances des deux mesures étaient semblables entre 1998 et 2007 (graphique 1.3). Toutefois, le déclin du taux de crimes sans violence (-18 %) était plus faible que celui de l'Indice de gravité des crimes sans violence (-26 %). Cela nous indique que les crimes sans violence plus graves ont diminué de façon plus marquée que les crimes sans violence moins graves.
À titre d'exemple, l'introduction par effraction, dont le poids de gravité se situe au-dessus de la moyenne, a fléchi de 40 % pendant cette période, alors que le vol de moins de 5 000 $, dont le poids est inférieur à la moyenne, a reculé de 26 %.
Les données qui figurent dans le tableau 5 affichent la répartition des crimes qui composent l'Indice de gravité des crimes sans violence et le taux de crimes sans violence. L'infraction qui a contribué le plus à l'Indice de gravité des crimes sans violence était l'introduction par effraction, ce crime représentant 35 % de l'Indice, mais seulement 13 % du taux de crimes sans violence.
Le vol de moins de 5 000 $ a contribué le plus au taux de crimes sans violence (32 %), mais il ne représentait que 17 % de l'Indice de gravité des crimes sans violence. L'effet d'autres crimes sans violence moins graves a également été réduit au minimum dans cet indice. C'est notamment le cas du méfait, dont la contribution à l'Indice n'était que la moitié de celle au taux.
Les provinces et les territoires
L'Indice de gravité de la criminalité permet également de mesurer l'augmentation ou la diminution de la gravité des crimes au fil du temps dans un secteur de compétence donné, comme une province ou un territoire, et de comparer la gravité de la criminalité entre les secteurs de compétence.
Par le passé, les taux de crimes déclarés par la police ont généralement été plus élevés dans l'Ouest et le Nord que dans l'Est et la région centrale du pays. Cette constatation s'applique également à la gravité des crimes, qui est mesurée au moyen du nouvel Indice de gravité de la criminalité (graphique 1.4 et tableau 6). Toutefois, une comparaison des secteurs de compétence fondée sur ces deux mesures des crimes déclarés par la police fait ressortir d'importantes différences.
D'abord, comme l'illustre le graphique 1.4, les valeurs observées dans les territoires sont beaucoup plus proches de celles des provinces dans le cas de l'Indice que dans celui du taux de criminalité.
La mesure dans laquelle les taux de criminalité des trois territoires dépassent celui de la province qui s'est classée première varie entre 60 % et 230 %. Pour ce qui est de l'indice de gravité, l'écart est beaucoup plus faible : les indices des trois territoires ne dépassent que d'environ 15 % à 100 % l'indice de la province qui s'est classée au premier rang.
Cela laisse entendre que la différence entre les provinces et les territoires est moins marquée pour ce qui est de la gravité des crimes signalés à la police que pour le volume des crimes déclarés. Cet état de choses peut s'expliquer par la composition des crimes enregistrés dans le Nord. En effet, la proportion de crimes moins graves déclarés est plus forte dans les trois territoires que dans le reste du Canada. Par exemple, les méfaits constituent 29 % de tous les crimes déclarés dans l'ensemble des trois territoires, ce qui représente le double de la proportion pour l'ensemble des provinces (15 %).
En 2007, la Saskatchewan a enregistré l'Indice de gravité de la criminalité le plus élevé de toutes les provinces. Sa valeur de l'Indice s'élevait à 165 cette année-là, comparativement à 95 pour tout le Canada. Ainsi, la gravité des crimes déclarés par la police dans cette province était d'environ 75 % supérieure à ce qu'elle était pour le pays dans son ensemble.
La gravité de la criminalité notée en Saskatchewan a toutefois diminué de 7 % entre 1998 et 2007. Le Manitoba et la Colombie-Britannique, les provinces ayant affiché les deuxième et troisième valeurs en importance de l'Indice de gravité de la criminalité, ont également enregistré des reculs au chapitre de la gravité de la criminalité entre 1998 et 2007 (-3 % et -22 % respectivement). Dans ces trois provinces, les baisses se sont surtout produites entre 2003 et 2007.
L'Ontario et le Québec ont affiché les taux de crimes déclarés par la police les plus faibles ces dernières années. Toutefois, les indices de gravité de la criminalité les moins élevés appartenaient à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick. Donc, même si le volume de crimes venant à l'attention de la police est moindre en Ontario et au Québec lorsque la population est prise en compte, les crimes déclarés dans ces provinces sont relativement plus graves que ceux enregistrés à l'Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick.
Le graphique 1.5 illustre les différences entre les provinces pour ce qui est des crimes violents. Les taux de crimes violents ont tendance à être plus élevés dans l'Ouest et dans les régions du Nord que dans l'Est et la région centrale du Canada. De nouveau, les valeurs observées dans les territoires sont beaucoup plus proches de celles des provinces dans le cas de l'Indice de gravité des crimes violents que dans celui du taux de crimes violents. Une fois de plus, cet écart réduit découle de la composition des crimes violents dans le Nord. Les territoires affichent de plus fortes proportions de crimes violents moins graves, comme les voies de fait de niveau 1, que les provinces.
Alors que la Saskatchewan présente le plus fort taux de crimes violents parmi les provinces, le Manitoba affiche une valeur légèrement plus élevée de l'Indice de gravité des crimes violents, ce qui est attribuable à la grande proportion de crimes violents graves, comme le vol qualifié et les voies de fait des niveaux 2 et 3, déclarés par le Manitoba. La gravité des crimes violents enregistrée au Manitoba était 12 % plus élevée en 2007 qu'en 1998.
Le graphique 1.6 présente une comparaison entre les provinces et les territoires des taux de crimes sans violence et des indices de gravité des crimes sans violence. Les taux de crimes sans violence ont tendance à être plus élevés dans l'Ouest et dans les régions du Nord du Canada, constat qui s'applique également à la gravité des crimes sans violence. En 2007, la Saskatchewan a affiché la valeur de l'Indice de gravité des crimes sans violence la plus élevée de toutes les provinces, soit 163, suivie du Manitoba (141). Les valeurs les plus faibles de cet indice ont été enregistrées par l'Ontario (70), l'Île-du-Prince-Édouard (72) et le Nouveau-Brunswick (72).
Les régions métropolitaines de recensement
L'Indice de gravité des crimes est un outil utile lorsque l'on compare la gravité des crimes entre les régions métropolitaines de recensement (RMR) (graphique 1.7 et tableau 7).
En 2007, la gravité de la criminalité était la plus élevée à Regina. Cette ville a enregistré une valeur de l'Indice de gravité de la criminalité de 189, soit près du double de la moyenne nationale (95). La gravité de la criminalité notée à Regina était toutefois en baisse de 18 % par rapport à la proportion observée en 1998. La ville de Saskatoon s'est classée au deuxième rang (159) et Winnipeg, au troisième (153). Saskatoon a affiché un recul de 12 % de la gravité globale de la criminalité depuis 1998, et ce, surtout en raison d'une chute de 51 % des introductions par effraction. En revanche, les valeurs les plus faibles de cet indice ont été constatées à Toronto, Saguenay et Québec (66 chacune) et à Kitchener et Trois-Rivières (69 chacune).
En ce qui concerne les crimes violents, un portrait un peu différent se dessine, comme le montre le graphique 1.8. Les valeurs de l'Indice de gravité des crimes violents étaient près de la moyenne dans les nombreuses grandes RMR du Canada central. À Toronto, cet indice se situait à 95, valeur pratiquement égale à la moyenne nationale. La gravité des crimes violents était supérieure à la moyenne à Montréal (108).
L'Indice de gravité de la criminalité peut servir à faire ressortir des caractéristiques régionales de la criminalité qui sont uniques. De façon générale, la criminalité est plus faible dans les provinces de l'Atlantique que dans l'ensemble du Canada. Toutefois, cette tendance ne se reproduit pas nécessairement dans les régions métropolitaines les plus grandes du pays. En 2007, les trois RMR des provinces de l'Atlantique ont déclaré des valeurs de l'Indice qui étaient supérieures à la moyenne nationale (95) : Saint John (107), Halifax (106) et St. John's (100). Cela signifie que les crimes déclarés par la police dans ces villes étaient de nature plus grave que dans le centre du Canada, où la gravité des crimes était en deçà de la moyenne dans un grand nombre de RMR.
Dans certaines régions métropolitaines de l'Ouest, les valeurs de l'Indice de gravité des crimes violents étaient plus faibles que leurs valeurs de l'Indice global. À titre d'exemple, la ville de Victoria a enregistré une valeur de l'Indice global (109) qui dépassait de beaucoup la moyenne nationale, mais sa valeur de l'Indice de gravité des crimes violents (81) était sensiblement inférieure à la moyenne. Cela signifie que même si la gravité des crimes était assez élevée à Victoria en 2007, la proportion de crimes violents graves était relativement faible.
Résumé
La présente analyse a montré que l'Indice de gravité de la criminalité est un outil additionnel qui est utile lorsqu'on examine les tendances de la criminalité au Canada. Non seulement l'Indice révèle le volume de crimes qui viennent à l'attention de la police, mais aussi la gravité de ces crimes. En outre, il nous indique si la criminalité en général est relativement plus ou moins grave que par les années passées, et il nous aide à déterminer si les crimes déclarés sont plus ou moins graves dans un secteur de compétence que dans un autre.
L'Indice de gravité de la criminalité présente plusieurs avantages. En effet, il permet de mieux suivre les tendances des crimes plus graves puisqu'il prend en compte la gravité relative des infractions. Les crimes graves ont une incidence plus marquée sur l'Indice que sur le taux de criminalité. L'Indice améliore également la comparaison des tendances de la criminalité entre les services de police, entre les provinces et les territoires, et entre les municipalités en réduisant l'effet des différences liées à la déclaration des infractions moins graves.
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