Section 2 : Violence entre partenaires intimes au Canada, affaires déclarées par la police, 2017
par Marta Burczycka
Selon les données déclarées par la police, 8 victimes de violence entre partenaires intimes sur 10 étaient des femmes
- La violence entre partenaires intimes comprend les infractions avec violence commises par un conjoint marié, un conjoint de fait, un partenaire amoureux et d’autres types de partenaires intimes, actuels ou anciensNote . En 2017, la violence entre partenaires intimes représentait près du tiers (30 %) de tous les crimes violents déclarés par la police au Canada, faisant près de 96 000 victimes de 15 à 89 ansNote Note . Par comparaison, 33 % des victimes d’un crime violent avaient été agressées par une personne qu’elles connaissaient autre qu’un partenaire intime ou un membre de la famille, tandis que 26 % avaient été agressées par un étranger (tableau 2.1).
- Les femmes étaient surreprésentées parmi les victimes de violence entre partenaires intimes, représentant près de 8 victimes sur 10 (79 %). La violence entre partenaires intimes était le type de violence le plus souvent subi par les femmes (45 % de toutes les victimes de sexe féminin de 15 à 89 ans) (tableau 2.1).
- Le taux d’affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police au Canada a diminué de 14 % de 2009 à 2017, malgré une hausse de 1 % de 2016 à 2017. Cette baisse à plus long terme a été toutefois moins prononcée que la baisse similaire du taux de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime (-22 %, passant de 929 victimes pour 100 000 personnes à 721) (graphique 2.1)Note .
- La diminution des taux de violence entre partenaires intimes enregistrée de 2009 à 2017 était plus marquée chez les femmes (-16 %, passant de 579 victimes pour 100 000 personnes en 2009 à 487 en 2017) que chez les hommes (-7 %, passant de 145 pour 100 000 personnes en 2009 à 134 en 2017) (graphique 2.1).
Tableau de données du graphique 2.1
Année | Violence aux mains de partenaires intimes | Violence aux mains d’autres personnes | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
victimes de sexe féminin | victimes de sexe masculin | total des victimes | victimes de sexe féminin | victimes de sexe masculin | total des victimes | |
taux pour 100 000 habitants | ||||||
2009 | 579 | 145 | 365 | 725 | 1 139 | 929 |
2010 | 576 | 148 | 365 | 729 | 1 094 | 909 |
2011 | 544 | 140 | 344 | 668 | 1 021 | 842 |
2012 | 519 | 137 | 330 | 641 | 984 | 811 |
2013 | 487 | 131 | 311 | 589 | 883 | 735 |
2014 | 468 | 129 | 300 | 555 | 838 | 695 |
2015 | 479 | 131 | 307 | 565 | 854 | 708 |
2016 | 481 | 133 | 309 | 569 | 847 | 707 |
2017 | 487 | 134 | 313 | 592 | 853 | 721 |
Note : Les taux sont calculés pour 100 000 personnes de 15 à 89 ans. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Représente les victimes de 15 à 89 ans. Les victimes de 90 ans et plus ont été exclues de l’analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge. Exclut les victimes dont le sexe ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Repose sur la base de données sur les tendances du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire qui, depuis 2009, comprend des données pour 99 % de la population du Canada. Par conséquent, les chiffres peuvent ne pas correspondre à ceux figurant ailleurs dans le présent rapport. Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, base de données sur les tendances du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire. |
Selon les données policières, la violence est plus fréquente entre partenaires amoureux qu’entre conjoints
- En 2017, la violence entre partenaires amoureux était plus courante que la violence entre conjoints (17 % de toutes les victimes d’un crime violent par rapport à 13 %), et deux fois plus fréquente entre partenaires actuels (20 %) qu’entre d’ex-partenaires (10 %)Note (tableau 2.1).
- Les taux les plus élevés d’affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police ont été observés chez les victimes de 25 à 34 ans, une constatation qui valait tant pour les hommes que pour les femmes en 2017. Par comparaison, les taux de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime étaient les plus élevés chez les victimes de 15 à 24 ans et diminuaient avec l’âge (tableau 2.2).
- Les femmes étaient plus susceptibles d’être agressées physiquement par un partenaire intime que par une autre personne (359 victimes pour 100 000 personnes par rapport à 298). En revanche, d’après les données déclarées par la police, les agressions sexuelles commises par un partenaire intime étaient beaucoup moins fréquentes que les agressions sexuelles commises dans un contexte autre qu’une relation intime (24 victimes pour 100 000 personnes par rapport à 90) (tableau 2.2)Note .
Selon les données déclarées par la police, la violence conjugale est moins susceptible que la violence entre partenaires amoureux de donner lieu à des accusations
- Une affaire criminelle est considérée comme classée lorsqu’une accusation est déposée ou recommandée, ou lorsqu’elle est traitée d’une autre façon par la police (p. ex. grâce à un aiguillage vers un programme de déjudiciarisation). En ce qui concerne les affaires classées, la violence entre partenaires amoureux était plus susceptible que la violence conjugale de donner lieu à une accusation. Dans le cas des voies de fait, 91 % des victimes agressées par un partenaire amoureux ont vu des accusations être portées relativement aux affaires dont elles ont fait l’objet, comparativement à 78 % des victimes agressées par un conjoint (tableau 2.3).
La présence d’armes à feu est rare dans les affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police
- Environ 7 victimes de violence entre partenaires intimes sur 10 (72 %) ont vu leur agresseur utiliser de la force physique contre elles plutôt qu’une arme telle qu’une arme à feu, un couteau ou un instrument contondant. Il s’agit d’une proportion plus élevée que celle observée chez les victimes de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime (57 %)Note . Une arme comme une arme à feu, un couteau ou un autre instrument était plus souvent présente dans les affaires de violence entre partenaires intimes perpétrées contre des victimes de sexe masculin (25 %) que dans celles commises contre des victimes de sexe féminin (13 %) (tableau 2.4).
- Les armes à feu étaient le type d’arme le moins souvent présent dans les affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police en 2017 (1 %). Par comparaison, 4 % des victimes de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime ont fait l’objet d’une affaire dans laquelle une arme à feu était présente (tableau 2.4).
- En ce qui concerne la gravité des blessures qu’elles ont subies en 2017, plus de la moitié (55 %) des victimes de violence entre partenaires intimes ont fait état de blessures corporelles mineures qui n’ont pas nécessité de soins médicaux autres que des premiers soins. Une proportion de 2 % des victimes ont subi des blessures graves ou sont décédées, tandis que 42 % n’ont subi aucune blessure corporelle. Ces proportions étaient semblables pour les victimes des deux sexes, ce qui tranche avec les affaires de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime, où les hommes étaient nettement plus susceptibles que les femmes de subir des blessures (tant mineures que graves) (tableau 2.4).
Selon les données déclarées par la police, les taux de violence entre partenaires intimes sont les plus élevés parmi les auteurs présumés âgés de 25 à 34 ans
- Selon les données déclarées par la police en 2017, les taux d’auteurs présumés de violence entre partenaires intimes étaient les plus élevés chez les hommes et les femmes de 25 à 34 ans (797 auteurs présumés et 192 auteures présumées pour 100 000 personnes, respectivement) (tableau 2.5)Note .
- Chez les hommes de ce groupe d’âge (25 à 34 ans) en particulier, le taux d’auteurs présumés de violence entre partenaires intimes dépassait de loin les taux d’auteurs présumés d’autres types de violence. En effet, il était plus de deux fois supérieur au taux d’auteurs présumés de violence commise contre un ami, une connaissance ou une autre personne non apparentée connue de l’auteur présumé (363 pour 100 000 personnes) (tableau 2.5).
Les taux d’affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police sont plus élevés dans les régions rurales
- Comme pour la violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime, les taux de violence entre partenaires intimes étaient les plus élevés en Saskatchewan (682 victimes pour 100 000 personnes) et au Manitoba (599) et les plus faibles en Ontario (223) et à l’Île-du-Prince-Édouard (225). Dans l’ensemble des provinces et des territoires, les taux de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime étaient de deux à trois fois plus élevés que les taux de violence entre partenaires intimes (tableau 2.6).
- Dans la plupart des provinces et des territoires, les taux de violence entre partenaires intimes enregistrés en 2017 étaient assez stables comparativement à 2016. Au nombre des exceptions figuraient les hausses inscrites dans les Territoires du Nord-Ouest (+12 %), au Nouveau-Brunswick (+8 %), en Nouvelle-Écosse (+5 %) et au Québec (+5 %), ainsi que les baisses observées à l’Île-du-Prince-Édouard (-5 %), en Alberta (-3 %) et au Yukon (-3 %) (tableau 2.6)Note .
- Dans l’ensemble, les taux de crimes violents déclarés par la police étaient plus élevés dans les régions rurales que dans les régions urbaines en 2017, et il en était de même pour la violence entre partenaires intimes (474 victimes pour 100 000 personnes par rapport à 276)Note . Toutefois, l’écart entre les taux de criminalité en milieu urbain et en milieu rural était légèrement plus prononcé lorsqu’il s’agissait de violence entre partenaires intimes : les taux de violence entre partenaires intimes étaient 1,7 fois plus élevés dans les régions rurales que dans les régions urbaines, alors que les taux de violence commise dans un contexte autre qu’une relation intime étaient 1,3 fois plus élevés (tableau 2.7).
- En 2017, les victimes de sexe masculin dans les régions urbaines affichaient le plus faible taux global de violence entre partenaires intimes (117 victimes pour 100 000 personnes). Le taux de violence entre partenaires intimes chez les victimes de sexe féminin était également plus faible dans les régions urbaines, mais il demeurait près de quatre fois supérieur à celui observé chez leurs homologues de sexe masculin (431). Les femmes vivant dans les régions rurales ont enregistré le taux de victimisation aux mains d’un partenaire intime le plus élevé (743 victimes pour 100 000 personnes), alors que le taux était trois fois et demie plus élevé que pour les hommes dans ces régions (211) (graphique 2.2).
- Parmi les plus grandes villes du Canada, les taux les plus élevés d’affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police ont été observés en 2017 dans les régions métropolitaines de recensement (RMR)Note de Thunder Bay (439 victimes pour 100 000 personnes), de Regina (425) et de Moncton (402). Ces RMR présentaient également les taux les plus élevés de violence entre partenaires intimes envers les femmes en particulier, tandis que les taux correspondants à l’endroit des hommes étaient parmi les plus élevés à Moncton et à Thunder Bay. Un taux relativement élevé de violence entre partenaires intimes envers les victimes de sexe masculin a également été enregistré à Gatineau (193 pour 100 000 personnes) (tableau 2.8).
Tableau de données du graphique 2.2
Victimes de violence aux mains de partenaires intimes | Victimes de violence aux mains d’autres personnes | |||||
---|---|---|---|---|---|---|
Victimes de sexe féminin | Victimes de sexe masculin | Total des victimes | Victimes de sexe féminin | Victimes de sexe masculin | Total des victimes | |
taux pour 100 000 habitants | ||||||
Région urbaine | 431 | 117 | 276 | 540 | 816 | 676 |
Région rurale | 743 | 211 | 474 | 819 | 997 | 909 |
Note : Une région urbaine est définie comme une région métropolitaine de recensement (RMR) ou une agglomération de recensement (AR). Une RMR est composée d’une ou de plusieurs municipalités voisines situées autour d’un grand noyau urbain. Une RMR doit compter au moins 100 000 habitants, dont au moins 50 000 vivent dans le noyau urbain. Pour faire partie de la RMR, les municipalités adjacentes doivent être fortement intégrées à la région urbaine centrale, le degré d’intégration étant mesuré par le débit de la migration quotidienne calculé à partir des données du recensement. Le noyau urbain d’une AR doit compter au moins 10 000 habitants. Les régions rurales désignent toutes les régions situées à l’extérieur des RMR et des AR. Les taux sont calculés pour 100 000 personnes de 15 ans à 89 ans. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Représente les victimes de 15 à 89 ans. Les victimes de 90 ans et plus ont été exclues de l’analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge. Exclut les victimes dont le sexe ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Exclut les données des territoires. Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire. |
La plupart des homicides entre partenaires intimes mettent en cause des victimes de sexe féminin, des disputes et des querelles
- Les homicides entre partenaires intimes surviennent dans des contextes interpersonnels complexes, où sont souvent présents des antécédents de violence. Pour ce qui est des homicides entre conjoints, plus particulièrementNote , près des deux tiers (62 %) de ceux qui se sont produits de 2007 à 2017 ont été précédés d’antécédents de violence familiale. Le plus souvent dans ces cas, le principal mobile de l’homicide était une dispute ou une querelle (50 %), la frustration, la colère ou le désespoir (24 %) ainsi que la jalousie (17 %), ce qui représente une gamme d’émotions typiques chez les contrevenants qui exercent un contrôle sur leur victimeNote .
- Les analyses des mobiles déclarés par la police sont importantes dans le cadre des politiques de prévention de la violence. De 2007 à 2017, une dispute ou une querelle était le mobile le plus courant dans les affaires d’homicide entre partenaires intimes (39 %), y compris celles touchant des conjoints, ainsi que des partenaires amoureux; venaient ensuite la frustration, la colère ou le désespoir (27 %) ainsi que la jalousie (19 %) (tableau 2.9).
- Dans la majorité (79 %) des 933 affaires d’homicide entre partenaires intimes survenues de 2007 à 2017, la victime était de sexe féminin. La plupart des femmes victimes d’un homicide aux mains d’un partenaire intime ont été tuées par un conjoint marié ou un conjoint de fait actuel ou ancien (75 %), et l’autre quart (25 %), par un petit ami. De même, la plupart des victimes de sexe masculin ont été tuées par une conjointe mariée ou une conjointe de fait (59 %), ou une petite amie (27 %), actuelles ou anciennes, mais une proportion appréciable de ces hommes ont été tués par un conjoint ou un partenaire amoureux de même sexe (14 %) (tableau 2.10).
Tableaux de données détaillés
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