Rapports économiques et sociaux
Évaluation de la hausse des pressions inflationnistes généralisées en 2021 et en 2022
DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202300200002-fra
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L’une des caractéristiques clés de l’accroissement des pressions inflationnistes au cours des deux dernières années est la mesure dans laquelle elles sont devenues de plus en plus généralisées, la hausse des prix ayant touché un ensemble de produits et de services de plus en plus étendu. Au cours de cette période, l’augmentation des prix de l’essence, du logement, des aliments et des biens de consommation durables a exercé une pression à la hausse sur l’inflation globale, alors que les perturbations d’approvisionnement et la forte demande des ménages ont soutenu la croissance des prixNote .
Bien que l’inflation des prix à la consommation se soit atténuée en raison de la baisse des prix de l’essence à la fin de 2022, les principales sources de pression à la hausse sur les prix, y compris les aliments et le logement, ont démontré peu de signes de ralentissementNote . Décembre 2022 s’est avéré le 21e mois consécutif au cours duquel le taux global s’est situé au-dessus de 3 %, et le 10e mois d’affilée où il s’est chiffré au-dessus de 6 %. Dans l’ensemble, les prix à la consommation ont augmenté de 11,4 % au cours des deux dernières années, tandis que les prix des produits d’épicerie ont augmenté de 17,4 %.
Le présent article met en évidence la quantité de dépenses de consommation qui a été touchée par l’inflation élevée depuis que les pressions sur les prix ont commencé à se renforcer au début de 2021. À l’aide des pondérations des dépenses de l’Indice des prix à la consommation (IPC), l’article traite de la proportion du panier des dépenses qui est touchée par diverses fourchettes d’inflation. Il porte d’abord sur l’ensemble des produits et services puis, de manière distincte, sur les produits alimentaires achetés dans des épiceries.
Le graphique 1 présente les catégories de chacun des produits et services particuliers qui servent à calculer l’IPC selon quatre fourchettes de prix distinctes : les produits et les services dont les variations de prix d’une année à l’autre ont été de 3 % ou moins; ceux dont la croissance de prix s’est élevée à plus de 3 %, jusqu’à une limite supérieure de 6 %; ceux dont la croissance a été supérieure à 6 % jusqu’à 10 %; et, enfin, ceux dont l’augmentation de prix annuelle a été supérieure à 10 %. Chacun de ces biens et services est ensuite pondéré selon sa pondération correspondante dans le panier de l’IPC pour fournir une estimation de la part des dépenses de consommation consacrée aux produits qui se trouvent dans chacune des fourchettes de prixNote .
Tableau de données du graphique 1
3,0 % ou moins | 3,1 % à 6 % | 6,1 % à 10 % | Plus de 10 % | |
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pourcentage de la pondération des dépenses | ||||
2021 | ||||
janvier | 79,1 | 16,9 | 2,1 | 1,7 |
février | 74,1 | 16,9 | 8,6 | 0,3 |
mars | 64,8 | 21,9 | 8,1 | 5,0 |
avril | 63,5 | 18,5 | 13,6 | 4,4 |
mai | 56,9 | 24,7 | 7,8 | 10,6 |
juin | 57,1 | 19,9 | 6,1 | 16,9 |
juillet | 53,4 | 24,9 | 4,4 | 17,4 |
août | 46,5 | 23,4 | 11,9 | 18,2 |
septembre | 50,3 | 18,5 | 13,3 | 17,9 |
octobre | 46,2 | 24,0 | 12,5 | 17,3 |
novembre | 43,0 | 26,5 | 13,3 | 17,2 |
décembre | 41,2 | 23,3 | 17,8 | 17,8 |
2022 | ||||
janvier | 32,5 | 35,4 | 13,3 | 18,8 |
février | 31,3 | 34,0 | 14,0 | 20,7 |
mars | 33,1 | 25,4 | 19,5 | 22,0 |
avril | 28,6 | 23,6 | 24,0 | 23,8 |
mai | 24,0 | 26,4 | 21,9 | 27,6 |
juin | 22,6 | 26,6 | 32,0 | 18,9 |
juillet | 23,4 | 26,5 | 34,0 | 16,0 |
août | 19,1 | 29,4 | 35,7 | 15,8 |
septembre | 18,4 | 30,8 | 31,9 | 18,8 |
octobre | 14,6 | 32,1 | 34,9 | 18,4 |
novembre | 16,4 | 35,0 | 30,0 | 18,6 |
décembre | 26,1 | 30,9 | 27,8 | 15,2 |
Source : Statistique Canada, Indice des prix à la consommation, totalisations spéciales. |
L’idée derrière le graphique 1 est de fournir une représentation visuelle de la quantité des dépenses de consommation qui ont été progressivement touchées par l’inflation élevée alors que les prix n’ont cessé de croître. En janvier 2021, environ les quatre cinquièmes de l’ensemble des dépenses étaient consacrés à des produits et à des services dont la hausse de prix s’était établie à 3 % ou moins au cours des 12 derniers moisNote . Durant ce mois, les dépenses en produits dont la hausse annuelle des prix a été supérieure à 3 % jusqu’à 6 % ont représenté 17 % de la pondération des dépenses. Seulement 4 % des dépenses ont été consacrées à des produits dont la hausse des prix a été supérieure à 6 %.
Au mois de décembre 2021, l’inflation globale des prix à la consommation s’est chiffrée à 4,8 % en raison de la hausse constante des prix. Les dépenses en produits se situant dans la première fourchette de croissance de 3 % ou moins ont représenté 41 % des dépenses, et celles consacrées aux produits se trouvant dans la fourchette de croissance supérieure à 3 % jusqu’à 6 % ont représenté un peu moins du quart de la pondération des dépenses. En particulier, les produits et les services dont la hausse de prix annuelle a été supérieure à 6 % ont représenté une part supérieure à un tiers (36 %) du panier des dépenses; la moitié des dépenses ont été consacrées à des articles dont la croissance de prix était supérieure à 10 %.
En juin 2022, lorsque l’inflation globale a atteint un sommet, la part des dépenses dans la fourchette de croissance de 3 % ou moins a reculé pour s’établir à 23 %, tandis que les dépenses dans les fourchettes plus élevées de croissance supérieure à 6 % (les deux fourchettes supérieures) ont représenté la moitié de la pondération des dépenses. En juin, presque 20 % des dépenses ont été consacrées à des produits dont l’augmentation annuelle de prix a été supérieure à 10 %.
Bien que le ralentissement graduel de l’inflation globale au cours de la deuxième moitié de 2022 n’ait pas modifié de manière substantielle la mesure dans laquelle les pressions inflationnistes sont restées généralisées, une certaine amélioration s’est fait sentir à la fin de l’année. Après s’être établie à un creux de 15 % en octobre 2022, la part des dépenses en biens et services dans la fourchette de croissance de 3 % ou moins s’est redressée pour atteindre 26 % en décembre 2022, alors que les dépenses en biens et services dans les deux fourchettes supérieures (celles des augmentations annuelles supérieures à 6 %) ont reculé pour s’établir à 43 % de la pondération des dépenses.
Un examen plus approfondi de l’inflation généralisée des prix des aliments
La portée de l’accumulation des pressions inflationnistes a été plus marquée et plus vaste pour les produits alimentairesNote . Le graphique 2 illustre les estimations des fourchettes de prix exprimées dans le graphique 1 et porte uniquement sur les aliments et leurs pondérations de dépenses correspondantes. Au début de l’année 2021, plus de 90 % des dépenses liées à l’alimentation ont été consacrées à des produits dont les variations de prix annuelles ont été de 3 % ou moins. Au mois de décembre 2021, seulement 20 % des dépenses liées à l’alimentation se trouvaient dans cette fourchette, tandis que la part des dépenses consacrées à des produits dans les deux fourchettes de prix supérieures (augmentations annuelles de plus de 6 %) a représenté la moitié des dépenses en aliments.
Tableau de données du graphique 2
3,0 % ou moins | 3,1 % à 6 % | 6,1 % à 10 % | Plus de 10 % | |
---|---|---|---|---|
pourcentage de la pondération des dépenses en aliments | ||||
2021 | ||||
janvier | 93,9 | 3,5 | 1,7 | 0,9 |
février | 75,5 | 17,6 | 6,0 | 0,9 |
mars | 75,2 | 18,5 | 0,0 | 6,3 |
avril | 89,4 | 0,4 | 10,3 | 0,0 |
mai | 76,7 | 13,2 | 10,1 | 0,0 |
juin | 62,0 | 17,6 | 15,4 | 5,1 |
juillet | 67,5 | 24,2 | 6,4 | 1,9 |
août | 52,5 | 25,3 | 18,4 | 3,8 |
septembre | 44,3 | 26,9 | 16,8 | 12,0 |
octobre | 32,9 | 41,6 | 18,0 | 7,5 |
novembre | 30,7 | 36,4 | 24,4 | 8,5 |
décembre | 19,5 | 29,8 | 41,4 | 9,3 |
2022 | ||||
janvier | 9,3 | 32,8 | 39,0 | 18,8 |
février | 4,3 | 27,0 | 49,4 | 19,3 |
mars | 6,7 | 7,0 | 53,6 | 32,7 |
avril | 2,7 | 12,8 | 46,4 | 38,1 |
mai | 1,5 | 11,2 | 40,1 | 47,2 |
juin | 2,5 | 16,0 | 49,0 | 32,4 |
juillet | 4,8 | 9,0 | 46,1 | 40,1 |
août | 4,6 | 8,6 | 27,2 | 59,6 |
septembre | 4,4 | 5,6 | 24,0 | 66,0 |
octobre | 6,6 | 9,1 | 35,1 | 49,1 |
novembre | 6,5 | 9,7 | 23,5 | 60,3 |
décembre | 4,6 | 11,4 | 16,5 | 67,6 |
Note : Les données sont limitées aux produits alimentaires achetés en magasin. Source : Statistique Canada, Indice des prix à la consommation, totalisations spéciales. |
Au début de 2022, la part des dépenses en aliments dans les fourchettes supérieures a progressé de manière marquée. En juin, quand l’inflation globale des prix à la consommation a atteint un sommet, moins de 5 % des dépenses en aliments étaient consacrées à des produits dans la fourchette de croissance de 3 % ou moins, tandis que les produits dont la hausse annuelle de prix était de 6 % ou plus représentaient plus de 80 % de la pondération des dépenses en produits alimentaires.
La deuxième moitié de 2022 a également été marquée par une hausse prononcée de la part des dépenses en produits alimentaires se trouvant dans la fourchette de 10 % et plus. Le ralentissement de l’inflation globale à la fin de l’année n’a procuré que peu de répit. En décembre, les produits alimentaires dont l’augmentation de prix annuelle s’est chiffrée à plus de 10 % ont représenté les deux tiers des dépenses en aliments.
Bibliographie
Fradella, A. 2022. « Derrière les chiffres : ce qui cause la hausse des prix des aliments », Ottawa, produit no 62F0014M au catalogue de Statistique Canada.
Statistique Canada, 2023. « De la recherche aux connaissances : inflation des prix à la consommation, tendances récentes et analyse », produit no 11-631-X au catalogue de Statistique Canada.
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