Rapports économiques et sociaux
Croissance de l’emploi au Canada et aux États-Unis pendant la reprise post-COVID-19

Date de diffusion : le 22 décembre 2022

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202201200001-fra

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Début du texte

Introduction

De janvier à mai 2020Note , l’emploi au Canada a reculé de près de 20 %, passant d’un sommet à un creux. Cette baisse s’est traduite par la perte d’environ 3,4 millions d’emplois durant les premiers mois de la pandémie de COVID-19Note . Les répercussions des mesures de confinement sur le marché du travail ont été plus marquées au Canada qu’aux États-Unis, où l’emploi total a reculé d’un peu plus de 14 % (22,4 millions d’emplois) entre le sommet et le creux.

Après la fin des mesures de confinement, l’emploi a repris plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis, malgré l’approche plus prudente des provinces quant à la levée des restrictions relatives à la COVID-19 pendant les vagues subséquentes de la pandémieNote Note . Dans le présent article, on s’intéresse aux différences entre les deux pays relativement à la reprise après la période de confinement, en particulier au chapitre des tendances selon le secteur d’activité, des taux d’activité et des taux de roulement sur le marché du travail au cours des deux ans qui ont suivi. L’article met également en lumière un éventail de facteurs ayant eu une incidence sur le rythme relatif de la reprise de l’emploi dans les deux pays.

Reprise de l’emploi plus soutenue au Canada qu’aux États-Unis

Dans les deux pays, l’emploi a diminué davantage dans le secteur des services que dans le secteur des biens (tableau A.1 en annexe). Au Canada, l’emploi dans le secteur des services a reculé de 20,2 % entre le sommet enregistré en janvier 2020 et le creux atteint en mai 2020, tandis que l’emploi dans le secteur des biens s’est contracté de 17,4 %. Aux États-Unis, l’emploi dans ces secteurs a diminué de 14,6 % et de 11,8 % respectivement. Dans les deux pays, la baisse de l’emploi s’est concentrée dans les industries offrant des services à forte proximité, notamment dans les services d’hébergement, les autres services (comme la mécanique automobile et les soins personnels à domicile), les arts, spectacles et loisirs, et les services de restauration et débits de boissons.

Après avoir enregistré, au début de la pandémie, des baisses de l’emploi plus marquées qu’aux États-Unis, le Canada a enregistré une reprise plus rapide de l’emploi, et le rythme de croissance a dépassé celui de son voisin du sud pendant les deux années qui ont suivi le creux. L’emploi dans la production de biens aux États-Unis a repris plus rapidement au cours du premier mois qui a suivi le creux, en grande partie en raison de la rapidité avec laquelle les États-Unis ont commencé à lever les restrictions liées à la COVID-19, mais le rythme de la croissance de l’emploi au Canada a rapidement dépassé cette reprise initiale.

Ainsi, au cours des deux années qui ont suivi le creux, l’emploi au Canada a augmenté de plus de 27 % pour dépasser de 2,8 % le sommet atteint avant la pandémieNote . Aux États-Unis, l’emploi a progressé d’un peu moins de 16 % au cours de la même période. Au bout de deux ans, l’emploi aux États-Unis était toujours inférieur de 0,1 % aux niveaux pré pandémie.

L’emploi a affiché une reprise plus soutenue dans le secteur des services que dans le secteur de la production de biens

Au Canada comme aux États-Unis, l’emploi dans le secteur des services a repris plus rapidement que dans celui de la production de biens, et ce, malgré les fermetures et les réouvertures d’entreprises dans de nombreuses industries de services en raison des restrictions liées à la COVID-19 (graphique 1). Un an après la levée des mesures de confinement, la croissance de l’emploi au Canada a dépassé celle des États-Unis, en grande partie sous l’effet de hausses dans la construction, la fabrication, les soins de santé, le commerce de détail et les services d’hébergement.

Tout au long de la pandémie, en raison des restrictions récurrentes liées à la pandémie, l’emploi dans le secteur des services a été plus volatil au Canada qu’aux États-Unis. Alors que les industries productrices de biens sont généralement restées ouvertes, les industries productrices de services, en particulier les restaurants et les magasins de détail, compte tenu de leurs activités à forte proximité, ont fait l’objet de restrictions dans la plupart des provinces à l’automne 2020, qui se sont poursuivies à l’hiver et au printemps 2021.

Au cours des deux ans qui ont suivi le creux, l’emploi au Canada a augmenté de 27,6 % dans le secteur des services et de 24,1 % dans celui de la production de biens pour atteindre, respectivement, des niveaux supérieurs de 1,8 % et de 2,5 % aux niveaux de référence enregistrés avant la pandémie. Aux États-Unis, l’emploi a progressé de 16,3 % dans le secteur des services et de 13,1 % dans le secteur de la production de biens pour atteindre des niveaux légèrement inférieurs à ceux enregistrés avant la pandémie (de 0,6 % et de 0,3 %, respectivement). Après deux ans de reprise, l’emploi au Canada affichait une croissance supérieure à celle observée aux États-Unis dans presque toutes les industries productrices de services, à l’exception du transport et de l’entreposage, de l’assistance sociale, des arts, spectacles et loisirs, et des services de restauration et débits de boissons.

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Croissance de l’emploi après le creux, industries productrices de biens et de services
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Industries productrices de biens (Canada), Industries productrices de services (Canada), Industries productrices de biens (États-Unis) et Industries productrices de services (États-Unis), calculées selon M0 = 100
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Mois suivant le creux Industries productrices de biens (Canada) Industries productrices de services (Canada) Industries productrices de biens (États-Unis) Industries productrices de services (États-Unis)
M0 = 100
M0 100,0 100,0 100,0 100,0
M1 100,8 104,4 103,8 101,7
M2 107,3 110,4 106,4 105,3
M3 110,1 112,7 106,7 106,5
M4 112,4 115,4 106,9 108,0
M5 113,9 116,7 107,2 108,7
M6 114,8 116,4 107,6 109,2
M7 114,9 116,6 107,9 109,5
M8 115,4 115,3 108,3 109,3
M9 116,6 116,0 108,3 109,8
M10 116,5 118,0 108,2 110,4
M11 117,5 119,0 109,0 110,9
M12 118,8 116,9 108,8 111,2
M13 118,0 118,9 108,9 111,6
M14 118,3 121,6 109,0 112,1
M15 118,7 122,1 109,5 112,6
M16 119,3 122,8 109,7 113,0
M17 119,7 123,7 110,0 113,4
M18 120,2 124,0 110,5 113,9
M19 120,7 124,8 111,0 114,4
M20 121,2 124,7 111,5 114,8
M21 122,3 125,7 111,7 115,2
M22 122,9 126,8 112,3 115,8
M23 123,4 127,5 112,8 116,1
M24 124,1 127,6 113,1 116,3

De même, la croissance de l’emploi dans toutes les grandes industries de biens au Canada — en particulier la foresterie, l’extraction minière, l’exploitation en carrière, et l’extraction de pétrole et de gaz, et la fabrication de biens durables — avait dépassé la croissance observée aux États-Unis après deux ans de reprise.

Dans le secteur canadien des services, les principales industries à l’origine de la croissance de l’emploi sont celles des services professionnels, scientifiques et techniques (+17,7 %), de la gestion de sociétés et d’entreprises (+10,1 %) et des services de soins de santé (+7,7 %). Aux États-Unis, la reprise a été plus faible dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+9,0 %) et était toujours inférieure aux niveaux enregistrés avant la pandémie dans la gestion de sociétés et d’entreprises (-1,9 %) et les services de soins de santé (-0,7 %).

L’emploi dans le secteur canadien de la production de biens a augmenté de 2,3 % par rapport au début de 2020, en raison principalement des hausses enregistrées dans le secteur de la construction. Aux États-Unis, l’emploi dans le secteur de la production de biens a progressé de 0,2 %, lequel a également été soutenu par les hausses dans le secteur de la construction. Dans le secteur de la fabrication (principalement la production de biens non durables), la croissance de l’emploi au cours des deux ans qui ont suivi le début de 2020 a été plus prononcée aux États-Unis qu’au Canada. En revanche, le Canada a enregistré une plus forte croissance de l’emploi dans le secteur de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière, et de l’extraction de pétrole et de gaz.

Le taux d’activité atteint des sommets chez les Canadiens du principal groupe d’âge actif

Bien que le taux d’activité au Canada (ajusté en fonction des concepts américains) ait toujours été plus élevé qu’aux États-Unis (Bender, 2016)Note , les différences sont plus marquées depuis les mesures de confinement. Cette situation est en grande partie attribuable aux taux d’activité records enregistrés chez les Canadiens du principal groupe d’âge actif (de 25 à 54 ans).

Au début de la pandémie, les taux d’activité ont nettement reculé au Canada et aux États-Unis, car de nombreuses personnes ont perdu leur emploi et n’ont pas cherché de nouvel emploi. La baisse a toutefois été beaucoup plus marquée au Canada, tant chez les hommes que chez les femmes (graphique 2). En janvier 2020, le taux d’activité ajusté du Canada était de 65,3 %, tandis que celui des États-Unis était légèrement inférieur, soit 63,4 %. En avril, le taux d’activité avait reculé pour s’établir à 59,6 % au Canada et à 60,2 % aux États-Unis.

Dans les deux pays, les taux d’activité des hommes ont moins diminué que ceux des femmes. Au Canada, le taux d’activité chez les hommes est passé de 69,5 % à 64,2 %, tandis qu’aux États-Unis, il est passé de 69,3 % à 66,1 % (tableau A.2 en annexe). Chez les femmes, les taux sont passés de 61,1 % à 55,1 % au Canada et de 57,8 % à 54,6 % aux États-Unis. Au début de la pandémie, plus de femmes que d’hommes ont déclaré qu’elles restaient à la maison pour s’occuper des enfants alors que les écoles passaient à l’apprentissage en ligne et que les garderies étaient fermées (Leclerc, 2020). Les femmes sont plus susceptibles de travailler dans les industries les plus durement touchées, tout particulièrement celles offrant des services à forte proximité.

Après la période de confinement, les taux d’activité des hommes et des femmes au Canada ont augmenté plus rapidement que ceux de leurs homologues aux États-Unis. À la fin de 2020, les taux d’activité des hommes au Canada étaient revenus aux niveaux enregistrés avant la pandémie de COVID-19, tandis que les taux d’activité des femmes n’ont atteint ces niveaux que récemment. Les taux d’activité des hommes et des femmes aux États-Unis ont été beaucoup plus lents à réagir et n’ont pas encore rattrapé les niveaux prépandémie. En juillet 2020, les taux d’activité avaient augmenté pour s’élever à 64,7 % au Canada et à 62,1 % aux États-Unis. Les taux d’activité étaient plus élevés chez les hommes (68,9 %) et les femmes (60,6 %) au Canada que chez leurs homologues aux États-Unis (67,6 % et 56,9 %, respectivement). Alors que l’écart entre les taux d’activité des deux pays s’est creusé au cours des deux dernières années, il était plus prononcé chez les femmes que chez les hommes.

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Taux d’activité selon le sexe, janvier 2020 à juillet 2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Hommes (Canada), Femmes (Canada), Hommes (États-Unis) et Femmes (États-Unis), calculées selon indice (janvier 2020 = 100)
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Hommes (Canada) Femmes (Canada) Hommes (États-Unis) Femmes (États-Unis)
indice (janvier 2020 = 100)
2020
Janvier 100,0 100,0 100,0 100,0
Février 100,6 100,0 100,0 100,2
Mars 98,4 96,2 99,0 98,8
Avril 92,4 90,2 95,4 94,5
Mai 94,8 91,0 96,2 95,7
Juin 98,1 96,1 97,1 96,9
Juillet 99,1 96,2 96,8 97,1
Août 99,7 97,2 97,5 97,1
Septembre 100,0 98,4 97,4 96,4
Octobre 100,1 98,7 97,7 96,7
Novembre 100,0 98,2 97,3 96,7
Décembre 99,6 98,5 97,3 96,9
2021
Janvier 98,7 97,7 97,4 96,4
Février 99,4 98,2 97,3 96,7
Mars 100,1 99,0 97,1 97,1
Avril 99,9 97,9 97,5 97,1
Mai 99,7 97,4 97,4 96,9
Juin 99,9 98,4 97,5 97,1
Juillet 100,0 98,2 97,5 97,2
Août 99,7 98,2 97,7 97,2
Septembre 100,1 99,2 97,7 96,9
Octobre 99,9 98,7 97,7 97,1
Novembre 99,9 99,2 97,8 97,4
Décembre 100,0 99,5 97,7 97,8
2022
Janvier 99,6 98,7 98,0 98,3
Février 99,9 99,5 98,6 97,9
Mars 100,1 99,8 98,6 98,3
Avril 99,9 99,8 98,1 98,1
Mai 99,4 100,2 98,1 98,6
Juin 99,0 99,5 97,8 98,3
Juillet 99,1 99,2 97,5 98,4

Les taux d’activité records des Canadiens du principal groupe d’âge actif représentent une des principales raisons qui permettent d’expliquer l’écart du rythme de reprise entre les deux pays (graphique 3). Au Canada, le taux d’activité au sein de ce groupe d’âge a rattrapé les niveaux d’avant la pandémie au deuxième semestre de 2020, puis il a atteint un sommet en mars 2022 (87,6 % au Canada comparativement à 82,5 % aux États-Unis), avant de diminuer légèrement au cours des derniers mois. Aux États-Unis, le taux d’activité chez les travailleurs du principal groupe d’âge actif a enregistré une reprise relativement hâtive et rapide, pour ensuite ralentir. Après deux ans, il n’est toujours pas revenu aux niveaux observés avant la pandémie. En juillet 2022, le taux d’activité chez les hommes au Canada était situé à 90,9 %, en hausse comparativement au taux de 90,1 % enregistré en janvier 2020. Au cours de la même période, le taux a diminué aux États-Unis, passant de 89,3 % à 88,4 %. La tendance était semblable chez les femmes du principal groupe d’âge.

Graphique 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Taux d’activité selon certains groupes d’âge, janvier 2020 à juillet 2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Travailleurs de 25 à 54 ans (Canada), Travailleurs de 55 ans et plus (Canada), Travailleurs de 25 à 54 ans (États-Unis) et Travailleurs de 55 ans et plus (États-Unis), calculées selon indice (janvier 2020 = 100)
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Travailleurs de 25 à 54 ans (Canada) Travailleurs de 55 ans et plus (Canada) Travailleurs de 25 à 54 ans (États-Unis) Travailleurs de 55 ans et plus (États-Unis)
indice (janvier 2020 = 100)
2020
Janvier 100,0 100,0 100,0 100,0
Février 100,0 100,0 99,9 100,2
Mars 98,4 97,3 99,3 98,5
Avril 93,1 92,3 96,1 95,8
Mai 94,7 93,6 97,0 95,8
Juin 98,2 95,5 98,1 97,0
Juillet 98,5 96,0 97,7 97,8
Août 99,1 96,8 98,0 98,3
Septembre 100,0 97,1 97,5 96,8
Octobre 100,2 97,3 97,7 96,5
Novembre 100,1 96,8 97,4 96,5
Décembre 99,9 97,6 97,5 96,0
2021
Janvier 99,5 97,3 97,6 95,3
Février 99,8 97,6 97,7 95,3
Mars 100,2 99,2 97,8 95,0
Avril 100,0 97,9 98,0 95,5
Mai 99,8 98,1 98,0 95,5
Juin 99,8 98,1 98,3 95,5
Juillet 100,0 97,6 98,6 95,5
Août 99,8 97,6 98,4 95,8
Septembre 100,7 97,6 98,2 96,0
Octobre 100,6 96,8 98,3 95,5
Novembre 100,8 97,1 98,6 95,5
Décembre 101,0 96,0 98,6 95,8
2022
Janvier 100,7 95,7 98,7 97,3
Février 101,3 96,0 98,9 97,3
Mars 101,3 97,1 99,3 96,8
Avril 101,3 96,5 99,2 96,3
Mai 101,4 96,3 99,4 96,8
Juin 101,2 94,9 99,0 96,0
Juillet 100,8 95,2 99,2 96,3

Ce qui est encore plus frappant, c’est la baisse des taux d’activité chez les travailleurs de 55 ans et plus. Après avoir brièvement augmenté lorsque les États-Unis ont commencé à relancer leur économie, les taux d’activité chez les travailleurs âgés au pays ont recommencé à diminuer au deuxième semestre de 2020 pour atteindre des niveaux bien en deçà des niveaux observés avant l’imposition des mesures de confinement. Au Canada, les taux d’activité des travailleurs âgés ont diminué plus lentement et ont continué d’augmenter bien après le sommet observé aux États-Unis. Cependant, les taux d’activité au sein de ce groupe d’âge ont commencé à diminuer au printemps 2021 et n’ont pas cessé depuis. Au Canada comme aux États-Unis, les taux d’activité des travailleurs âgés demeurent bien en deçà des niveaux observés avant la pandémie de COVID-19. Au Canada, la plus grande partie de cette baisse s’est produite chez les femmes, alors qu’aux États-Unis, ce sont les hommes qui ont contribué le plus à la baisseNote .

Peu d’indications d’une « grande démission » au Canada, malgré le taux élevé de roulement du personnel aux États-Unis

Tout au long de 2021, les tendances qui se dessinaient aux États-Unis ont alimenté un débat autour d’une possible « grande démission » (NPR, 2021)Note . Ce débat était fondé sur les données d’une enquête américaine sur le taux de roulement de la main-d’œuvre et les offres d’emploi appelée Job Openings and Labor Turnover Survey, selon lesquelles le taux de démissions, c’est-à-dire le nombre de démissions observées pendant un mois complet en pourcentage de l’emploi total, a atteint des niveaux relativement élevés tout au long de la pandémie. Bien qu’il ait diminué au début de la pandémie, au deuxième semestre de 2020, le taux de démissions avait dépassé sa moyenne sur quatre ans observée avant la pandémie. Il a ensuite poursuivi sa croissance pour se stabiliser au début de 2022 (graphique 4).

Graphique 4

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Taux de démissions aux États-Unis, janvier 2020 à juillet 2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 Taux de démissions et Moyenne (2016 à 2019), calculées selon % de l’emploi total
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux de démissions Moyenne (2016 à 2019)
% de l’emploi total
2020
Janvier 2,4 2,2
Février 2,3 2,2
Mars 2,0 2,2
Avril 1,6 2,2
Mai 1,7 2,2
Juin 1,9 2,2
Juillet 2,1 2,2
Août 2,1 2,2
Septembre 2,2 2,2
Octobre 2,3 2,2
Novembre 2,3 2,2
Décembre 2,4 2,2
2021
Janvier 2,3 2,2
Février 2,4 2,2
Mars 2,6 2,2
Avril 2,8 2,2
Mai 2,6 2,2
Juin 2,8 2,2
Juillet 2,8 2,2
Août 2,8 2,2
Septembre 2,9 2,2
Octobre 2,8 2,2
Novembre 3,0 2,2
Décembre 3,0 2,2
2022
Janvier 2,8 2,2
Février 2,9 2,2
Mars 2,9 2,2
Avril 2,9 2,2
Mai 2,8 2,2
Juin 2,8 2,2
Juillet 2,7 2,2

Il y a eu jusqu’à présent peu d’indications d’une grande démission au Canada. Bien que le roulement de la main-d’œuvre soit mesuré différemment au Canada et aux États-Unis, la comparaison des taux obtenus en fonction des deux concepts peut néanmoins fournir des perspectives intéressantes.

Au Canada, le taux de changement d’emploi, qui mesure la proportion de travailleurs qui demeurent en emploi d’un mois à l’autre, mais qui changent d’emploi entre les mois, a nettement reculé en avril 2020 avant de se rétablir lentement tout au long de la pandémie (graphique 5). Pendant la majeure partie du deuxième semestre de 2021 et au début de 2022, le taux a fluctué autour de sa moyenne quadriennale enregistrée avant la pandémie, pour ensuite suivre une tendance à la baisse.

Graphique 5

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Taux de changement d’emploi au Canada, janvier 2020 à juillet 2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5 Taux de changement d’emploi et Moyenne (2016 à 2019), calculées selon % de toutes les personnes en emploi
unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux de changement d’emploi Moyenne (2016 à 2019)
% de toutes les personnes en emploi
2020
Janvier 0,71 0,70
Février 0,70 0,70
Mars 0,69 0,70
Avril 0,31 0,70
Mai 0,04 0,70
Juin 0,28 0,70
Juillet 0,26 0,70
Août 0,58 0,70
Septembre 0,24 0,70
Octobre 0,62 0,70
Novembre 0,55 0,70
Décembre 0,53 0,70
2021
Janvier 0,54 0,70
Février 0,54 0,70
Mars 0,64 0,70
Avril 0,58 0,70
Mai 0,59 0,70
Juin 0,56 0,70
Juillet 0,61 0,70
Août 0,79 0,70
Septembre 0,55 0,70
Octobre 0,73 0,70
Novembre 0,79 0,70
Décembre 0,62 0,70
2022
Janvier 0,83 0,70
Février 0,66 0,70
Mars 0,69 0,70
Avril 0,69 0,70
Mai 0,50 0,70
Juin 0,62 0,70
Juillet 0,58 0,70

Tout au long de 2021, le nombre de Canadiens qui étaient toujours sans emploi après avoir quitté leur emploi volontairement au cours des 12 mois précédents a affiché une tendance à la hausse. En juillet 2022, ce nombre était inférieur de 9 % aux niveaux enregistrés avant la pandémie.

Cela donne à penser que les Canadiens ont peut-être été moins enclins à quitter leur emploi pendant la pandémie que les travailleurs au sud de la frontière. Ce facteur contribuerait à expliquer à la fois l’augmentation du taux d’activité au Canada et la reprise plus vigoureuse du marché du travail au Canada.

Conclusion

À la suite d’une forte baisse de l’emploi pendant la période de confinement liée à la pandémie de COVID-19 au début de 2020, l’emploi a repris plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis. L’emploi au Canada est revenu aux niveaux observés avant la pandémie en février 2022. Par comparaison, l’emploi aux États-Unis n’a pas rattrapé les niveaux prépandémie au cours des deux premières années qui ont suivi le début de la pandémieNote . Dans l’ensemble, la reprise de l’emploi au Canada a été plus forte que celle observée chez son voisin du sud, tant dans le secteur des biens et que dans celui des services.

Plusieurs facteurs permettent d’expliquer le rythme plus soutenu de la reprise au Canada. Le taux d’activité au Canada a dépassé son niveau enregistré avant la pandémie relativement tôt. En revanche, aux États-Unis, le taux d’activité n’était pas encore revenu à son niveau pré pandémie deux ans après la levée des mesures de confinement. Au Canada, c’est le nombre record de travailleurs du principal groupe d’âge actif qui a le plus contribué à la croissance du taux d’activité, tandis que les travailleurs de ce groupe d’âge aux États-Unis affichaient toujours un taux d’activité inférieur au taux observé avant la pandémie. Dans l’ensemble, les taux d’activité des hommes et des femmes se sont redressés plus rapidement au Canada qu’aux États-Unis, mais les femmes affichaient un taux d’activité inférieur à celui des hommes dans les deux pays. Cette situation est principalement attribuable à une baisse du taux d’activité chez les travailleurs de 55 ans et plus, laquelle s’explique en partie par le vieillissement de la population. De plus, il est possible que la pandémie ait eu des répercussions sur les régimes de retraite.

Tout au long de la pandémie, les travailleurs canadiens semblaient moins enclins à quitter leur emploi que leurs homologues américains. En octobre 2020, les taux de démissions aux États-Unis ont dépassé leur moyenne quadriennale enregistrée avant la COVID-19 et ont continué d’augmenter depuis. Au Canada, le taux de changement d’emploi est revenu à sa moyenne prépandémie au deuxième semestre de 2021, pour ensuite atteindre un sommet au début de 2022 et, plus récemment, suivre une tendance à la baisse.

Auteurs

Sean Clarke travaille à la Division de l’analyse stratégique, des publications et de la formation de la Direction des études analytiques et de la modélisation à Statistique Canada. Andrew Fields travaille au Centre de l’information sur le marché du travail de la Direction du marché du travail, de l’éducation et du bien-être socioéconomique à Statistique Canada.

Annexe


Tableau A.1 en annexe
Croissance de l’emploi selon l'industrie, Canada et États-Unis
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Croissance de l’emploi selon l'industrie. Les données sont présentées selon Industrie (titres de rangée) et De janvier 2020 au creux de l’emploi, Du creux de l’emploi à 24 mois plus tard, Canada , États-Unis et Canada, calculées selon variation en % unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Industrie De janvier 2020 au creux de l’emploi Du creux de l’emploi à 24 mois plus tard
Canada États-Unis Canada États-Unis
variation en %
Emploi total -19,7 -14,2 27,2 15,9
Industries productrices de biens -17,4 -11,8 24,1 13,1
Foresterie -12,4 -4,0 20,8 -2,4
Extraction minière, exploitation en carrière, et extraction de pétrole et de gaz -12,5 -16,5 17,1 -39,9
Construction -23,1 -14,0 40,2 17,0
Fabrication -16,1 -10,6 18,2 11,6
Biens durables -17,7 -11,7 20,3 12,0
Biens non durables -14,3 -8,9 15,5 10,9
Services publics -6,0 -1,4 6,6 0,1
Industries productrices de services -20,2 -14,6 27,6 16,3
Commerce de gros -13,7 -6,9 14,1 6,5
Commerce de détail -22,8 -14,4 29,8 18,4
Transport et entreposage -14,2 -8,3 16,7 22,2
Information -14,3 -10,0 23,8 14,5
Finance et assurances -4,5 -0,3 12,1 1,9
Biens immobiliers -20,6 -6,2 23,9 9,9
Services professionnels, scientifiques et techniques -9,1 -4,8 28,4 13,2
Gestion de sociétés et d’entreprises -7,4 -4,7 19,2 2,5
Services d’enseignement -15,8 -13,7 26,0 14,8
Soins de santé -11,0 -9,6 20,7 9,2
Assistance sociale -9,2 -15,7 0,5 16,1
Arts, spectacles et loisirs -42,6 -52,1 82,2 90,8
Services d’hébergement -57,1 -49,0 113,9 58,8
Services de restauration et débits de boissons -29,4 -48,1 40,9 81,6
Autres services -54,7 -23,9 108,4 25,6
Administrations publiques -14,1 -6,0 20,0 3,6

Tableau A.2 en annexe
Taux d’activité selon l’âge et le sexe
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Le tableau montre les résultats de Taux d’activité selon l’âge et le sexe Canada , États-Unis, Janv. 2020, Janv. 2021, Janv. 2022 et Juill. 2022, calculées selon % unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Canada États-Unis
Janv. 2020 Janv. 2021 Janv. 2022 Juill. 2022 Janv. 2020 Janv. 2021 Janv. 2022 Juill. 2022
pourcentage
Population active totale
16 ans et plus 65,3 64,1 64,7 64,7 63,4 61,4 62,2 62,1
16 à 24 ans 67,0 63,8 66,8 67,7 56,7 55,1 55,6 55,2
25 à 54 ans 86,5 86,1 87,1 87,2 83,1 81,1 82,0 82,4
55 ans et plus 37,6 36,6 36,0 35,8 40,2 38,3 39,1 38,7
Hommes
16 ans et plus 69,5 68,6 69,2 68,9 69,3 67,5 67,9 67,6
16 à 24 ans 65,6 64,0 66,2 66,3 57,6 56,5 56,8 55,9
25 à 54 ans 90,1 89,7 91,0 90,9 89,3 89,3 87,6 88,3
55 ans et plus 43,6 42,7 41,9 41,3 46,5 44,3 45,0 44,1
Femmes
16 ans et plus 61,1 59,7 60,3 60,6 57,8 55,7 56,8 56,9
16 à 24 ans 68,6 63,6 67,5 69,3 55,9 53,7 54,4 54,6
25 à 54 ans 82,8 82,4 83,2 83,5 76,9 74,7 76,0 76,4
55 ans et plus 32,1 31,1 30,6 30,7 34,8 33,1 34,0 33,8

Bibliographie

Bender, R. 2016. Mesure de l’emploi et du chômage au Canada et aux États-Unis – une comparaison. Produit no 2015002 au catalogue de Statistique Canada, Ottawa : Statistique Canada.

Clarke, S., J. Dekker, N. Habli, R. Macdonald et C. McCormack. 2022. Mesurer la corrélation entre les restrictions liées à la COVID-19 et l’activité économique. Statistique Canada. Études analytiques : méthodes et références.

Clarke, S., C. McCormack et W. Asghar. 2020. Développements récents de l’économie canadienne 2020 : COVID-19, troisième édition. Ottawa : Statistique Canada.

Leclerc, K. 2020. Soins des enfants : répercussions de la COVID-19 sur les parents. StatCan et la COVID-19 : Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur. Produit no 45280001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

National Public Radio. 2021. As the Pandemic Recedes, Millions of Workers Are Saying ‘I Quit’. 24 juin.

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