Trois controverses dans l'histoire de l'échantillonnage
L'histoire de l'échantillonnage, qui remonte aux écrits de A.N. Kiaer, a été marquée par d'importantes controverses. Avant tout, Kiaer lui-même a dû lutter pour convaincre ses contemporains que l'échantillonnage était, en soi, une procédure légitime. Il s'y est efforcé pendant plusieurs décennies et étaient un vieillard avant que l'échantillonnage devienne une activité honorable. A.L. Bowley a été le premier à fournir à la fois une justification théorique de l'échantillonnage (en 1906) et une démonstration pratique de sa faisabilité (dans un sondage réalisé à Reading, qui a été publié en 1912). En 1925, les membres de l'IIS réunis à Rome ont adopté une résolution témoignant de leur acceptation de l'utilisation de l'échantillonnage par randomisation ainsi que par choix raisonné. Bowley a utilisé les deux approches. Cependant, au cours des deux décennies suivantes, on a assisté à une tendance croissante à rendre la randomisation obligatoire. En 1934, Jerzy Neyman a profité de l'échec relativement récent d'un grand sondage par choix raisonné pour préconiser que les sondages subséquents fassent appel uniquement à l'échantillonnage aléatoire. Il a trouvé en M. H. Hansen, W.N. Hurwitz et W.G. Madow des disciples doués qui, ensemble, ont publié en 1953 un traité d'échantillonnage faisant autorité. Cet ouvrage est demeuré incontesté pendant près de deux décennies. Toutefois, dans les années 1970, R.M. Royall et ses coauteurs ont remis en cause le recours à l'inférence fondée sur l'échantillonnage aléatoire et recommandé d'utiliser plutôt l'échantillonnage fondé sur un modèle. Ce plaidoyer a, à son tour, déclenché la troisième controverses importante en un peu moins d'un siècle. Néanmoins, le présent auteur, comme plusieurs autres, est convaincu que l'inférence fondée sur le plan de sondage et celle fondée sur un modèle ont toutes deux un rôle utile à jouer.