Revenu agricole, 2023
Diffusion : 2024-05-29
Le revenu net réalisé des agriculteurs canadiens s'est accru de 18,3 % pour atteindre 14,5 milliards de dollars en 2023, la croissance des recettes ayant contrebalancé la hausse des dépenses. L'augmentation enregistrée en 2023 fait suite à une diminution de 4,1 % observée en 2022 et à un accroissement de 69,6 % affiché en 2021. Si l'on exclut le cannabis, le revenu net réalisé en 2023 a augmenté de 16,2 % pour s'élever à 14,2 milliards de dollars.
Le revenu net réalisé correspond à la différence entre les recettes monétaires et les dépenses d'exploitation des agriculteurs, moins les frais d'amortissement, plus le revenu en nature.
En 2023, les recettes monétaires agricoles totales ont progressé de 4,4 % par rapport à 2022. La hausse des prix des bovins et des veaux a entraîné une augmentation des recettes du bétail (+3,3 milliards de dollars), tandis que la hausse des mises en marché des cultures a contribué à l'augmentation des recettes des cultures (+1,7 milliard de dollars). Les paiements de programme se sont repliés de 758,4 millions de dollars en 2023, puisque la majeure portion de l'aide attribuée à la suite de la sécheresse de 2021 avait été versée en 2022.
Les dépenses totales (après les remises) ont augmenté à un rythme plus modéré (+2,4 %) que celui des recettes en 2023. Les agriculteurs ont dû assumer des coûts plus élevés pour les frais d'intérêt (+39,1 %) ainsi que pour les achats de bétail et de volaille (+36,5 %), tandis que les dépenses pour les intrants agricoles clés comme les engrais et la chaux (-18,9 %) ainsi que le carburant pour les machines (-14,1 %) ont reculé après des hausses enregistrées en 2022.
Les fluctuations du revenu net réalisé variaient d'une région à l'autre, oscillant entre une hausse de 1,9 milliard de dollars en Saskatchewan et une baisse de 244,3 millions de dollars au Québec. L'augmentation observée en Saskatchewan est principalement attribuable à une réduction des prix des engrais, qui constituent la plus importante dépense de la province. En revanche, la baisse enregistrée au Québec a été principalement influencée par une baisse des recettes des porcs.
Les recettes monétaires agricoles augmentent en raison de la hausse des prix des bovins et des veaux et des mises en marché des cultures
Les recettes monétaires agricoles, qui comprennent les recettes des cultures et du bétail, ainsi que les paiements de programme, se sont accrues de 4,4 % par rapport à 2022 pour atteindre 99,6 milliards de dollars en 2023.
La majeure partie de l'augmentation des recettes monétaires agricoles totales en 2023 est attribuable à la vigueur des recettes des bovins conjuguée à l'augmentation des mises en marché des cultures. La récolte de 2022 a contribué à la hausse des mises en marché pour 2023, puisque la production de 2022 a atteint des niveaux habituels, après la sécheresse qui a frappé l'Ouest canadien en 2021. Après avoir atteint des sommets inégalés en 2022, les prix des cultures ont reculé en 2023 en raison de l'amélioration de l'offre mondiale de blé et de maïs.
Les recettes monétaires agricoles ont progressé dans toutes les provinces. La Saskatchewan (+1,6 milliard de dollars) a affiché l'augmentation la plus prononcée, suivie de l'Alberta (+1,1 milliard de dollars).
La hausse des recettes du bétail s'explique surtout par la vigueur des marchés des bovins
En 2023, les recettes du bétail ont connu une hausse de 9,8 % pour se chiffrer à 37,3 milliards de dollars, ce qui représente une troisième année consécutive de croissance. La hausse observée en 2023 est attribuable aux augmentations enregistrées dans les secteurs des bovins et veaux, de la volaille et des produits laitiers. La croissance des recettes du bétail enregistrée fait suite à la croissance de 11,9 % inscrite en 2022 et à celle de 13,7 % affichée en 2021.
Les recettes tirées de la production de bovins ont progressé de 25,4 % pour s'élever à 13,5 milliards de dollars en 2023, principalement sous l'effet d'une hausse des recettes des bovins d'abattage (+21,2 %). La hausse des coûts des aliments pour animaux et le resserrement de l'offre attribuable à des conditions de croissance plus arides ont contraint les agriculteurs à réduire la taille de leur cheptel pour mettre un frein à la hausse des coûts. Cela a fait en sorte que le cheptel de bovins canadien a diminué pour s'établir à son niveau le plus bas depuis le 1er janvier 1989. En 2023, le nombre de bovins abattus a régressé de 4,5 % par rapport à 2022, tandis que la demande de bœuf est demeurée forte, ce qui a exercé d'autres pressions à la hausse sur les prix. Les prix des bovins d'abattage ont progressé de 27,4 % en 2023, en raison de la forte demande sur les marchés canadiens et américains.
Le secteur assujetti à la gestion de l'offre, qui a été à l'origine d'environ 40 % des recettes totales du bétail, a vu ses recettes croître de 5,7 % pour atteindre 14,9 milliards de dollars en 2023. Un peu plus du tiers de l'augmentation des recettes observée dans le secteur des produits assujettis à la gestion de l'offre est attribuable à une hausse de 3,9 % des recettes des produits laitiers (lait non transformé provenant des bovins), lesquelles ont atteint 8,6 milliards de dollars. Les prix du lait non transformé ont augmenté de 3,3 % en 2023, après une hausse de 11,3 % enregistrée en 2022. Par ailleurs, les recettes totales de la volaille ont progressé de 8,1 % par rapport à 2022, dans un contexte de défis constants pour les agriculteurs posés par le virus de la grippe aviaire et l'augmentation des coûts de production.
En 2023, les recettes des porcs ont diminué de 10,3 % pour s'établir à 5,9 milliards de dollars sous l'effet d'une réduction de 11,4 % des prix. Les porcs d'abattage sont à l'origine de plus des trois quarts de la baisse des recettes totales des porcs. En outre, toutes les provinces ont déclaré des baisses des recettes monétaires agricoles pour le porc. Ce sont le Québec (-15,8 %) et l'Ontario (-10,1 %) qui ont affiché les baisses les plus marquées. En 2023, une importante usine de transformation du porc a fermé ses portes au Québec à la suite de pertes attribuables à l'augmentation des coûts d'exploitation, à des défis liés à la main-d'œuvre et à la réduction de la demande mondiale pour les exportations. En réaction à ces difficultés, le Québec a mis en place un programme volontaire de réduction de la taille des cheptels pour encourager les producteurs à quitter l'industrie, ce qui a contribué à la baisse des recettes.
La hausse des mises en marché du blé et des prix des pommes de terre mène la hausse des recettes des cultures
Après trois années d'augmentations égales ou supérieures à 10 %, les recettes des cultures ont augmenté de 3,1 % pour se chiffrer à 55,7 milliards de dollars en 2023. En 2023, les recettes totales des cultures ont augmenté; 59,5 % de l'augmentation était attribuable au blé (sauf le blé dur) et 13,5 %, aux pommes de terre fraîches.
Les mises en marché de la plupart des principales cultures de céréales ont affiché une augmentation marquée en 2023. En revanche, les prix des cultures au pays ont reculé sous l'effet des hausses des stocks d'ouverture. Les prix étaient toutefois élevés en 2023 par rapport aux cinq années précédentes. En 2023, les agriculteurs ont été confrontés à des conditions de croissance plus arides par rapport à 2022, ce qui a entraîné une récolte plus faible.
Les recettes monétaires agricoles pour le blé (sauf le blé dur) ont augmenté de 10,6 % pour atteindre 10,3 milliards de dollars en 2023. Les prix du blé (sauf le blé dur) ont régressé de 11,6 %, tandis que les mises en marché ont augmenté de 25,0 % par rapport à leurs niveaux de 2022.
Les recettes monétaires agricoles pour les pommes de terre fraîches ont augmenté de 12,9 % par rapport à 2022 pour atteindre 2,0 milliards de dollars en 2023. Les prix ont augmenté de 12,8 % à la suite des règlements de contrats entre les producteurs et les transformateurs, tandis que les mises en marché des pommes de terre ont été stables. Les conditions de récolte humides dans les provinces de l'Atlantique ont entraîné une réduction de la superficie récoltée de pommes de terre.
Les recettes monétaires agricoles pour le sirop d'érable et d'autres produits de l'érable ont régressé de 39,3 % par rapport à 2022 pour s'établir à 425,2 millions de dollars en 2023. En 2023, toutes les provinces productrices de sirop d'érable ont connu une baisse de production, attribuable en grande partie aux conditions météorologiques défavorables et aux variations de température qui ont entraîné une réduction des rendements.
Si l'on exclut le cannabis, les recettes des cultures ont progressé de 3,5 % pour atteindre 52,8 milliards de dollars en 2023.
Les hausses des paiements dans l'Est masquées par les baisses enregistrées dans l'Ouest
En 2023, le total des paiements directs aux producteurs canadiens a reculé de 10,3 % pour atteindre 6,6 milliards de dollars, après avoir enregistré une hausse de 23,6 % en 2022.
En 2023, les paiements directs en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba ont diminué, car les paiements d'assurance-récolte liés à la sécheresse de 2021 ont pris fin en 2022. Les baisses importantes dans les provinces de l'Ouest ont éclipsé la hausse des paiements aux agriculteurs des provinces de l'Est à la suite de divers phénomènes météorologiques, dont l'ouragan Fiona.
La croissance des paiements directs a varié, allant d'une augmentation de 15,1 % au Nouveau-Brunswick à une hausse de 94,2 % en Nouvelle-Écosse. En 2023, les provinces de l'Est ont été touchées par des feux de forêt et plusieurs phénomènes météorologiques violents, comme des ouragans, des tempêtes tropicales et un derecho, qui ont eu de profondes répercussions sur la production agricole et les exploitations agricoles dans ces provinces.
Les frais d'intérêt augmentent, tandis que les dépenses en engrais et en carburant diminuent
Les dépenses d'exploitation agricole totales (après les remises) ont augmenté de 2,3 % pour s'établir à 74,7 milliards de dollars en 2023, en hausse modeste par rapport à l'augmentation enregistrée en 2022 (+19,4 %).
En 2022, la Banque du Canada a commencé à relever les taux d'intérêt en réponse à l'inflation généralisée dans l'économie canadienne. Les frais d'intérêts après les remises ont augmenté de 39,1 % pour s'établir à 6,9 milliards de dollars en 2023 sous l'effet de la hausse des taux d'intérêt moyens (+33,7 %) et des niveaux d'endettement (+4,1 %). Il s'agit de la hausse des frais d'intérêts la plus marquée depuis 1981 (+50,1 %). À titre de référence, en 1981, les frais d'intérêts représentaient une part importante (18,3 %) des dépenses d'exploitation totales. Cependant, en 2023, la part des frais d'intérêt était de 9,3 %, ce qui représente la proportion la plus élevée en plus de 20 ans.
Les achats de bétail et de volaille ont augmenté de 36,5 % pour atteindre 3,8 milliards de dollars en 2023. L'augmentation marquée des prix des bovins et des veaux a contribué à la hausse des achats de bétail et de volaille.
Les dépenses en engrais des agriculteurs canadiens se sont repliées de 18,9 % pour atteindre 8,9 milliards de dollars en 2023. En 2023, les prix des engrais ont diminué en raison de l'amélioration de l'offre et d'une baisse des prix des produits clés utilisés dans leur production, comme le gaz naturel. Les prix des engrais ont subi des pressions à la hausse en 2022 en raison des prix élevés du gaz naturel, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ainsi que des droits de douane de 35 % imposés sur la plupart des marchandises en provenance de la Russie, y compris les engrais. L'invasion de l'Ukraine par la Russie a continué d'avoir des répercussions sur les marchés des engrais en 2023.
Les dépenses des agriculteurs en carburant pour les machines ont reculé de 14,1 % pour atteindre 3,5 milliards de dollars en 2023. Les prix du carburant ont commencé à croître en 2021, lors de la relance des économies partout dans le monde après l'assouplissement des mesures prises pour limiter l'évolution de la pandémie de COVID-19. En 2022, les prix du carburant ont été soutenus par les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et ont aussi été influencés par des sanctions imposées à la Russie à la suite de son invasion de l'Ukraine.
En 2023, les dépenses agricoles totales (après les remises), qui comprennent les dépenses d'exploitation et les frais d'amortissement, ont progressé de 2,4 % pour se chiffrer à 85,1 milliards de dollars, en raison de l'augmentation de 2,7 % des frais d'amortissement. Les dépenses agricoles totales se sont accrues dans toutes les provinces, sauf en Saskatchewan (-2,1 %).
Le revenu agricole net total diminue
En 2023, le revenu net total a reculé de 8,9 milliards de dollars par rapport à 2022 pour se situer à 12,8 milliards de dollars.
Le revenu net total correspond au revenu net réalisé, rajusté en fonction de la variation des stocks de cultures et de bétail des agriculteurs. Il représente le rendement des capitaux propres, la main-d'œuvre agricole non rémunérée, la gestion et le risque. En 2023, les stocks de fin d'année étaient inférieurs à ceux de 2022 en raison de l'augmentation des mises en marché. En 2022, les stocks étaient plus élevés en raison des meilleures conditions de croissance, ce qui a entraîné une augmentation de la production à la suite de la sécheresse qui a sévi en 2021.
Si l'on exclut le cannabis, le revenu net total a diminué de 9,1 milliards de dollars pour s'établir à 12,7 milliards de dollars en 2023.
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Note aux lecteurs
Le revenu net réalisé peut varier considérablement d'une exploitation agricole à l'autre en raison de plusieurs facteurs, dont le type de production de l'exploitation, les prix, les conditions météorologiques et les économies d'échelle. Cette mesure ainsi que d'autres mesures agrégées du revenu agricole sont calculées à l'échelon provincial à l'aide des mêmes concepts que ceux utilisés pour mesurer les résultats de l'ensemble de l'économie canadienne. Il s'agit de mesures du revenu de l'exploitation agricole, et non du revenu du ménage agricole.
Les données provisoires sur le revenu agricole pour l'année civile précédente sont diffusées pour la première fois en mai de chaque année, soit cinq mois après la période de référence. Les données révisées sont diffusées par la suite au mois de novembre de chaque année et comprennent les données qui ont été reçues trop tard pour être diffusées dans le premier communiqué. Les données de l'année ayant précédé la période de référence peuvent aussi faire l'objet de révisions.
Des données financières supplémentaires pour 2023, recueillies à l'échelon de l'exploitation agricole au moyen d'enquêtes et d'autres sources administratives, seront diffusées ultérieurement au cours de la présente année. Ces données fourniront des explications sur les écarts relativement au rendement d'exploitations agricoles de divers types et de diverses tailles.
Un ensemble sommaire des composantes du revenu agricole, à l'exclusion des recettes et des dépenses liées au cannabis, peut être fourni sur demande. Pour des raisons de confidentialité, les estimations excluant le cannabis ne sont pas accessibles pour certaines provinces.
Pour obtenir de plus amples renseignements sur les recettes monétaires agricoles du premier trimestre de 2024, consultez le communiqué intitulé « Recettes monétaires agricoles », diffusé dans Le Quotidien d'aujourd'hui.
Pour obtenir les plus récents renseignements sur le Recensement de l'agriculture, consultez le portail du Recensement de l'agriculture.
Pour obtenir plus de renseignements sur l'agriculture et l'alimentation, consultez le portail Statistiques sur l'agriculture et l'alimentation.
Produits
Il est possible de consulter l'outil interactif de visualisation des données intitulé « Revenu agricole net, par province », qui est accessible sur le site Web de Statistique Canada.
Le portail Statistiques sur l'agriculture et l'alimentation, qui est accessible sous l'onglet Sujets du site Web de Statistique Canada, fournit aux utilisateurs un point d'accès unique à une grande variété de renseignements relatifs à l'agriculture et à l'alimentation.
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