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Préoccupations concernant la mésinformation en ligne, 2023

Diffusion : 2023-12-20

La mésinformation renvoie à des nouvelles ou des renseignements qui sont, de façon vérifiable, faux, inexacts ou trompeurs. Elle peut se propager rapidement sur Internet, lorsqu'elle est partagée par les lecteurs et amplifiée au moyen des algorithmes des médias sociaux. La propagation d'information fausse ou trompeuse pourrait avoir une incidence négative sur le bien-être des Canadiens et leur confiance à l'égard des institutions publiques. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un phénomène nouveau, les préoccupations au sujet de la mésinformation et de ses répercussions sur la société ont augmenté au cours des dernières années, le rythme et l'ampleur des échanges de renseignements numériques ayant augmenté.

Publiées aujourd'hui, les nouvelles données de la Série d'enquêtes sur les gens et leurs communautés (SEGC) mettent en lumière les préoccupations des Canadiens au sujet de la mésinformation, les mesures qu'ils prennent pour lutter contre la mésinformation et leur confiance générale à l'égard des médias. En 2023, 59 % des Canadiens ont affirmé qu'ils étaient très préoccupés ou extrêmement préoccupés par tout type de mésinformation en ligne, et 43 % ont dit avoir le sentiment qu'il devenait plus difficile de distinguer la réalité de la fiction en ligne, comparativement à trois ans plus tôt. Les variations dans les niveaux de préoccupation pourraient être liées à la littératie médiatique, ainsi qu'à la capacité de déterminer l'exactitude de l'information.

Les préoccupations liées à la mésinformation augmentent avec l'âge, le niveau de scolarité et le revenu

Les femmes et les hommes sont tout aussi préoccupés par la mésinformation en ligne : 59 % des femmes et des hommes avaient un niveau élevé de préoccupation à cet égard en 2023. Pour les hommes comme pour les femmes, le niveau de préoccupation varie selon l'âge. Les Canadiens de 15 à 19 ans, qui figurent parmi les plus grands consommateurs de contenu de médias sociaux en ligne, étaient les moins inquiets au sujet de la mésinformation. Moins de la moitié (41 %) des adolescents ont dit qu'ils étaient très préoccupés ou extrêmement préoccupés par les faux renseignements en ligne. Cette proportion augmentait pour s'établir à 60 % à l'âge de 30 ans, puis était plutôt stable jusqu'à 55 ans, âge auquel les préoccupations augmentaient pour atteindre 66 %.

Le niveau de préoccupation au sujet de la mésinformation varie également selon le niveau de scolarité et le revenu. Les Canadiens ayant un niveau de scolarité plus élevé étaient les plus préoccupés par la mésinformation en ligne. Plus précisément, 66 % des Canadiens titulaires d'un diplôme d'études collégiales ou de niveau supérieur ont déclaré être préoccupés, comparativement à 52 % des Canadiens ayant un certificat ou un diplôme d'une école de métiers, un diplôme d'études secondaires ou un niveau de scolarité inférieur au secondaire.

De plus, les résultats révèlent que les préoccupations au sujet de la mésinformation augmentent en fonction du revenu personnel. En 2023, 56 % des Canadiens qui gagnaient moins de 30 000 $ par année ont dit qu'ils étaient extrêmement préoccupés ou très préoccupés par la mésinformation en ligne, par rapport à 67 % des Canadiens qui gagnaient plus de 60 000 $.

De nombreux Canadiens disent qu'il devient de plus en plus difficile de distinguer les vrais renseignements des faux renseignements

Il semble être de moins en moins facile d'établir l'exactitude des renseignements en ligne. En 2023, 43 % des Canadiens ont déclaré qu'il devenait plus difficile de faire la distinction entre les vrais et les faux renseignements, comparativement à trois ans plus tôt. D'autre part, 46 % des répondants ont déclaré que la situation était à peu près la même qu'il y a trois ans, alors que 10 % ont dit qu'ils trouvaient plus facile de distinguer la réalité de la fiction.

La vérification des faits est un moyen de déterminer la crédibilité des renseignements en ligne. À un moment ou à un autre, presque tous les Canadiens (96 %) ont vérifié les renseignements qu'ils ont rencontrés. Certains Canadiens vérifient régulièrement les faits; environ 17 % ont dit qu'ils utilisent toujours au moins une autre source pour vérifier l'exactitude des nouvelles. D'autre part, 36 % des Canadiens ont déclaré qu'ils vérifiaient souvent les faits et 32 % ont dit qu'ils le faisaient parfois.

Les Canadiens ayant constaté une augmentation des difficultés à distinguer les faits réels de la fiction étaient plus susceptibles de vérifier l'exactitude des nouvelles qu'ils consomment. Parmi les Canadiens ayant déclaré qu'il était de plus en plus difficile d'évaluer l'exactitude des renseignements en ligne, 59 % vérifiaient régulièrement les faits. En comparaison, le taux de vérification des faits était d'environ 50 % chez les Canadiens qui estimaient que la crédibilité de l'information est demeurée la même ou s'est améliorée au fil du temps.

Il est important de souligner qu'il n'est pas possible de déterminer si les autres sources utilisées pour la vérification des faits sont exactes, et si les personnes ont un certain niveau de biais de confirmation — une tendance consistant à consulter des sources secondaires qui soutiennent la pensée ou les croyances initiales de la personne.

Près de 1 Canadien sur 10 ne sait pas comment vérifier les faits

Les habitudes de consommation des médias peuvent également jouer un rôle dans la vérification des faits. Par exemple, bien que les adultes de 55 ans et plus soient les plus préoccupés par la mésinformation en ligne, ils sont les moins susceptibles de dire qu'ils vérifient régulièrement les faits (46 %); à titre de comparaison, cette proportion s'élevait à 58 % chez les Canadiens de 35 à 54 ans et à 56 % chez les Canadiens de 15 à 34 ans. Ces résultats pourraient refléter la constatation selon laquelle les adultes plus âgés préfèrent obtenir leurs nouvelles de sources traditionnelles, comme la télévision, la radio et les journaux, et, par conséquent, ils se fient à ces sources plutôt qu'à l'information en ligne.

Les Canadiens citent diverses raisons pour justifier le fait qu'ils ne vérifient pas les renseignements. Les principales raisons citées étaient le manque d'intérêt ou de motivation (50 %) et le manque de temps (37 %). Cependant, certains trouvaient qu'il était souvent trop difficile de vérifier les renseignements; 8 % ont affirmé ne pas savoir comment vérifier les renseignements et 15 % ont indiqué qu'il était trop difficile de le faire.

Les Canadiens qui se méfient des médias sont plus susceptibles de vérifier les renseignements

Dans l'ensemble, un peu plus de la moitié (53 %) des Canadiens de 15 ans et plus avaient un faible niveau de confiance envers les médias. Ce niveau de confiance variait cependant en fonction du type de média. Les résultats du début de l'année 2023 ont révélé que la confiance à l'égard des médias traditionnels (télévision, presse écrite) était beaucoup plus élevée que la confiance à l'égard du contenu en ligne. Ce constat pourrait permettre d'expliquer la raison pour laquelle, en 2023, le niveau global de confiance envers les médias n'est pas lié au niveau de préoccupation à l'égard du contenu en ligne. En effet, les niveaux de confiance sont les mêmes chez les personnes qui sont préoccupées par la mésinformation en ligne et chez celles qui ne s'en préoccupent pas.

La vérification des faits est toutefois un peu plus fréquente chez les Canadiens ayant peu confiance envers les médias. En 2023, 55 % des Canadiens ayant un faible niveau de confiance envers les médias ont toujours ou souvent vérifié les renseignements, par rapport à 51 % de ceux qui avaient un niveau de confiance élevé envers les médias.

Les sentiments de désespoir sont liés à une hausse des taux de vérification

Il est difficile, sinon impossible, de s'appuyer sur des enquêtes reposant sur l'autodéclaration pour cerner les différences quant à la vulnérabilité des Canadiens à l'égard de la mésinformation; c'est-à-dire qui est le plus vulnérable aux fausses nouvelles et aux faux renseignements. Cela s'explique par le fait que les enquêtes s'appuient sur l'exposition autodéclarée des Canadiens, laquelle est intrinsèquement sous-déclarée puisque l'incapacité de reconnaître les faux renseignements est au cœur du problème de la mésinformation. Cependant, des études laissent penser que certaines conditions psychosociales, comme la solitude et le désespoir, augmentent la probabilité que les gens croient à la mésinformation (lien en anglais seulement).

Le lien entre la solitude, la participation aux activités en ligne et la vulnérabilité à la mésinformation est complexe et peut être cyclique. L'utilisation accrue des médias sociaux a été liée à de moins bons résultats en matière de santé mentale et, parallèlement, les gens peuvent se tourner vers les médias sociaux en période d'isolement et de désespoir. Les Canadiens qui sont mentalement vulnérables peuvent être particulièrement sensibles au contenu en ligne persuasif et trompeur, et ont une faible tendance à démystifier les faux renseignements.

Bien que la vérification des faits ne garantisse pas en soi que les renseignements faux soient démystifiés (puisque la crédibilité des sources secondaires est inconnue), les résultats de la SEGC révèlent que la vérification des faits était plus importante chez les Canadiens qui éprouvaient un sentiment de désespoir à l'égard de l'avenir. En 2023, 59 % des personnes qui ressentaient du désespoir vérifiaient régulièrement les nouvelles et les renseignements. En comparaison, le taux de vérification des faits était de 50 % chez les personnes qui avaient parfois de l'espoir, et de 54 % chez les personnes qui avaient toujours ou souvent une vision optimiste de l'avenir.

La vérification des faits ne varie pas beaucoup en fonction du sentiment de solitude. Autrement dit, les Canadiens qui se sentaient toujours ou souvent seuls étaient tout aussi susceptibles de vérifier les nouvelles et les renseignements (55 %) que les Canadiens qui se sentaient rarement ou jamais seuls (53 %).

  Note aux lecteurs

Le présent communiqué est fondé sur la vague 3 de la Série d'enquêtes sur les gens et leurs communautés (SEGC) — Qualité de vie, sources d'information et confiance, dont la collecte des données a eu lieu du 2 octobre au 22 octobre 2023. La SEGC permet de recueillir des renseignements auprès des personnes sur la satisfaction à l'égard de la vie, les sources d'information et la confiance à l'égard des médias. Les résultats de l'enquête fourniront des renseignements importants sur l'environnement social et culturel des personnes et des familles au Canada, en plus de guider les décideurs dans l'élaboration de programmes et de politiques qui répondront adéquatement aux besoins de la population canadienne.

La population cible de la SEGC est constituée de personnes de 15 ans et plus vivant dans les 10 provinces du Canada, en assurant la couverture des groupes racisés et du statut d'immigrant à l'aide de suréchantillonnage, ce qui signifie qu'il est possible de désagréger les résultats par groupes de population précis.

Dans la SEGC, la mésinformation est définie comme une « nouvelle ou un renseignement qui est faux ou inexact de façon vérifiable. Les personnes qui partagent la mésinformation peuvent être conscientes ou non qu'il s'agît de mésinformation. Lorsqu'elles en sont conscientes, on parle souvent de désinformation ».

Dans la SEGC, la confiance envers les médias est évaluée au moyen de la question suivante : « En utilisant une échelle de 0 à 10, où 0 signifie "Pas du tout" et 10, "Entièrement", de manière générale, dans quelle mesure faites-vous confiance aux nouvelles ou aux informations que les médias transmettent? ». Pour mettre en évidence les personnes ayant un niveau de confiance inférieur, celles qui déclarent que leur niveau de confiance est de 5 ou moins sont considérées comme ayant un faible niveau de confiance à l'égard des nouvelles ou des renseignements des médias.

Dans le présent communiqué, le terme « Canadiens » désigne les personnes qui résident au Canada, peu importe leur statut de citoyenneté.

Coordonnées des personnes-ressources

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec nous au 514-283-8300 ou composez sans frais le 1-800-263-1136 (infostats@statcan.gc.ca), ou communiquez avec les Relations avec les médias (statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca).

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