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Étude : Comprendre les surdoses d'opioïdes à Simcoe Muskoka, en Ontario, 2018-2019

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Diffusion : 2021-07-15

Alors que la population canadienne subit encore les répercussions de la pandémie de COVID-19, l'épidémie d'opioïdes continue d'avoir des conséquences fatales pour des milliers de Canadiens et Canadiennes.

Depuis mars 2020, la surmortalité chez les personnes âgées est en grande partie attribuable à la COVID-19. Toutefois, les surdoses ont contribué, dans une plus grande mesure, à la surmortalité au sein des groupes d'âge plus jeunes.

Des surdoses d'opioïdes mortelles et non mortelles surviennent dans tous les groupes démographiques et socioéconomiques. Toutefois, il est essentiel de comprendre les caractéristiques des personnes ayant fait une surdose d'opioïdes afin d'éclairer l'élaboration de programmes d'intervention adaptés. Il est également important de déterminer si les personnes ayant fait une surdose ont été en contact avec les systèmes public et privé avant que la surdose ne survienne. Ces points de contact donnent aux responsables de la santé publique l'occasion d'offrir des programmes visant à atténuer les risques liés à la consommation de drogues.

Pour déterminer les facteurs sociaux, économiques et sanitaires qui peuvent entrer en jeu au cours de la période précédant une surdose, Statistique Canada a mené une étude pilote sur les personnes qui ont fait une surdose d'opioïdes à Simcoe Muskoka, en Ontario, entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2019, en combinant les enregistrements sur les surdoses provenant des systèmes de soins de santé, de justice, d'emploi et d'aide sociale.

La région de Simcoe Muskoka est particulièrement préoccupante en ce qui concerne les surdoses d'opioïdes. En effet, les données provenant du Réseau local d'intégration des services de santé de Simcoe Nord Muskoka (464 406 habitants au Recensement de 2016) révèlent que, en 2018 et en 2019, les visites au service des urgences pour des surdoses d'opioïdes étaient au moins 57 % plus élevées par habitant dans cette région que dans le reste de l'Ontario.

Bien que les surdoses dont il est question dans la présente étude se soient produites avant la pandémie de COVID-19, ces données permettent de dresser un profil des personnes qui ont fait une surdose et elle fournissent un point de référence pour l'examen des effets nuisibles associés à la consommation d'opioïdes avant la pandémie de COVID-19. Cela pourrait être important, puisque des travaux récents de l'Agence de la santé publique du Canada indiquent que les décès liés aux opioïdes ont augmenté pendant la pandémie.

Les hommes et les jeunes adultes représentaient la majorité des personnes ayant fait une surdose d'opioïdes

Selon les résultats de l'étude, 1 257 personnes ont fait une ou plusieurs surdoses d'opioïdes dans la région de Simcoe Muskoka en 2018 et 2019. Près de 1 personne sur 5 (19 %) a fait plus d'une surdose, pour un total de 1 746 surdoses d'opioïdes au cours de cette période.

Plus de la moitié (53 %) des personnes qui ont fait une surdose d'opioïdes étaient âgées de 25 à 44 ans, ce qui correspond à plus du double de la proportion de la population de ce groupe d'âge à Simcoe Muskoka. Les hommes représentaient 60 % des personnes ayant fait une surdose. Au sein de tous les groupes d'âge, les hommes étaient plus nombreux à avoir fait une surdose d'opioïdes que les femmes, sauf dans celui des 65 ans et plus, où les femmes étaient près de deux fois plus nombreuses que les hommes à avoir fait une surdose.

Un peu plus de 1 personne sur 10 (13 %) est décédée à la suite d'une surdose, mais le pourcentage était plus élevé chez les hommes (15 %) que chez les femmes (9 %). Parmi les personnes ayant fait une surdose, le pourcentage de surdoses mortelles était plus de deux fois plus élevé chez les personnes de 45 à 64 ans (22 %) que chez celles de moins de 35 ans (8 % à 9 %) (tableau 1).

Le système de soins de santé : le point de contact le plus courant

Aux fins d'encadrement des stratégies de prévention des surdoses, il est utile de déterminer si les personnes ayant fait une surdose d'opioïdes ont interagi avec différents organismes et établissements publics et privés. Ces points de contact peuvent être une source de soutien pour la réduction des risques liés à la consommation.

Le système de soins de santé était le point de contact le plus courant au cours des deux années précédant une surdose. Au total, 86 % des personnes ayant fait une surdose se sont présentées à un service des urgences ou ont été hospitalisées. Les femmes et les personnes de 55 ans et plus ont été le plus souvent en contact avec le système de soins de santé.

Au cours de l'année précédant leur première surdose, un peu plus des deux tiers (69 %) des personnes ayant fait une surdose s'étaient présentées au service des urgences au moins une fois, tandis que le tiers (36 %) s'y étaient présentées trois fois ou plus. Le pourcentage de femmes qui se sont rendues au service des urgences au moins une fois était plus élevé que le pourcentage d'hommes (77 % par rapport à 63 %).

Près de la moitié des personnes qui se sont rendues au service des urgences au cours de l'année précédant une surdose l'ont fait pour une blessure ou une intoxication (non liée aux opioïdes) (graphique 1). Ces résultats concordent avec ceux d'une étude similaire menée en Colombie-Britannique. Bien qu'il soit possible que certaines de ces blessures et certains de ces problèmes de santé aient entraîné une ordonnance initiale d'opioïdes, bon nombre des personnes ayant fait une surdose d'opioïdes n'ont jamais reçu d'ordonnance. Par exemple, selon les résultats de l'étude menée en Colombie-Britannique, plus de la moitié (54 %) des personnes ayant fait une surdose n'avaient pas reçu une ordonnance d'opioïdes au cours de l'année précédant la surdose.

Graphique 1  Graphique 1: Raison de la visite au service des urgences au cours de l'année précédant la surdose, personnes de la cohorte de surdoses d'opioïdes de Simcoe Muskoka qui se sont présentées au service des urgences (n = 866, soit 68 % de la cohorte), 2018 et 2019
Raison de la visite au service des urgences au cours de l'année précédant la surdose, personnes de la cohorte de surdoses d'opioïdes de Simcoe Muskoka qui se sont présentées au service des urgences (n = 866, soit 68 % de la cohorte), 2018 et 2019

Parmi les autres raisons courantes pour lesquelles des personnes se sont présentées au service des urgences au cours de l'année précédant la surdose figuraient les problèmes de santé mentale non liés à la consommation de substances (21 %) et les problèmes liés à la consommation de substances qui ne découlent pas d'une intoxication aux opioïdes (26 %). Moins de 1 personne sur 10 (7 %) ayant fait une surdose s'était présentée au service des urgences pour une surdose d'opioïdes au cours de l'année précédant la surdose.

L'emploi et l'aide sociale : des points de contact viables pour les stratégies d'intervention

Les employeurs et les programmes d'aide sociale demeurent des points de contact viables pour les stratégies d'intervention avant une surdose d'opioïdes. Au cours des deux années précédant une surdose, 47 % des personnes comprises dans l'étude étaient en contact avec un employeur et 56 %, avec un programme d'aide sociale. Alors que le pourcentage de personnes ayant eu recours à l'aide sociale était similaire selon le sexe et le groupe d'âge, les employeurs étaient plus souvent des points de contact pour les hommes et les jeunes adultes.

Plus du tiers des personnes ayant fait une surdose avaient un emploi (38 %) au cours de l'année précédant la surdose, et le pourcentage était plus élevé chez les hommes (43 %) que chez les femmes (32 %) (tableau 2).

Si l'on examine les données selon le secteur d'emploi, on constate que plus du tiers des hommes en emploi qui ont fait une surdose travaillaient dans le secteur de la construction (34 %), ce qui correspond au double du pourcentage d'hommes en emploi à Simcoe Muskoka qui travaillaient dans ce secteur en 2016 (17 %). La surreprésentation dans le secteur de la construction a également été relevée dans une étude menée en Colombie-Britannique qui portait sur les décès à la suite d'une surdose de drogues illicites.

Le secteur des services administratifs, services de soutien, services de gestion des déchets et services d'assainissement se classait au deuxième rang des secteurs d'emploi les plus courants où travaillaient les hommes compris dans l'étude (17 % par rapport à 14 % pour l'ensemble des travailleurs de sexe masculin en 2016).

Chez les femmes comprises dans l'étude, les secteurs d'emploi les plus courants étaient les services d'hébergement et de restauration (24 %) et le commerce de détail (14 %). En comparaison, au sein de la population générale de la région de Simcoe Muskoka, 15 % des femmes occupaient un emploi dans les services d'hébergement et de restauration et 10 %, dans le commerce de détail.

En ce qui concerne les programmes de soutien au revenu, plus de la moitié (52 %) des personnes qui ont fait une surdose avaient reçu de l'aide sociale au cours de l'année précédant la surdose. Par ailleurs, environ les deux tiers (62 %) étaient sans emploi durant l'année précédant la surdose, et plus du tiers (38 %) étaient sans emploi durant l'entièreté des cinq années précédentes.

Le système de justice : un point de contact commun pour les jeunes adultes

Près de la moitié des personnes ayant fait une surdose (46 %) dans la région ont eu un contact avec le système de justice au cours des deux années précédant la surdose, que ce soit par des interactions avec la police menant à une infraction (44 %), ou par un contact officiel avec les tribunaux de juridiction criminelle (31 %). Les jeunes adultes de 25 à 34 ans étaient plus susceptibles d'avoir eu un contact avec le système de justice (60 %) que les personnes des autres groupes d'âge.

Parmi les personnes qui ont eu une interaction avec la police menant à une infraction, 70 % étaient de sexe masculin, et un peu plus de la moitié (54 %) avaient eu trois interactions ou plus avec la police au cours des deux années précédant la surdose. De plus, 80 % des personnes qui ont eu un contact avec la police ont eu ce contact dans l'année suivant leur surdose d'opioïdes, tandis que 29 % avaient récemment eu un contact avec la police dans le mois suivant leur surdose d'opioïdes.

Parmi les personnes qui ont eu des contacts avec la police, 33 % avaient commis des infractions relatives à l'administration de la justice (p. ex. un manquement aux conditions de la probation), 24 % avaient commis des infractions contre les biens, 18 % avaient commis des infractions avec violence, et 12 % avaient commis des infractions relatives aux drogues lors de leur dernière interaction avec la police avant une surdose (tableau 3). Le pourcentage d'infractions avec violence était semblable à celui du reste de l'Ontario, mais le pourcentage d'infractions contre les biens était plus faible, et le pourcentage d'infractions relatives à l'administration de la justice et aux drogues était plus élevé.

Contact avec plusieurs systèmes

L'un des points forts de cette étude est qu'il a été possible de suivre les points de contact entre de multiples systèmes avant qu'une surdose d'opioïdes ne se produise. Près de 1 personne sur 5 (19 %) ayant fait une surdose d'opioïdes dans la région de Simcoe Muskoka avait eu un contact avec les systèmes de soins de santé, de justice ou d'aide sociale au cours des deux années précédant leur surdose, tandis que 2 % n'avaient eu aucun contact avec ceux-ci.

Parmi les personnes qui ont succombé à une surdose mortelle, environ 1 sur 6 (17 %) avait eu un contact avec les systèmes de soins de santé et d'aide sociale au cours des deux années précédant leur surdose.

Cette étude a mis en évidence les rôles parallèles joués par les systèmes de soins de santé (p. ex. visites au service des urgences, hospitalisations), d'emploi, d'aide sociale et de justice (p. ex. police, tribunaux) afin d'offrir des possibilités de points de contact dans le cadre de stratégies d'intervention. Étant donné que les surdoses d'opioïdes touchent de nombreux groupes démographiques et socioéconomiques différents, la prise en compte de multiples points de contact permet d'adopter une approche d'intervention plus inclusive.




  Note aux lecteurs

La cohorte de surdoses d'opioïdes de Simcoe Muskoka contient les enregistrements sur les surdoses et sur les points de contact avec divers systèmes. Ces enregistrements ont été obtenus grâce à des partenariats avec les services paramédicaux du comté de Simcoe, certains services de police de la région, l'Institut canadien d'information sur la santé (enregistrements sur les hospitalisations tirés de la Base de données sur les congés des patients et enregistrements sur les visites au service des urgences répertoriés dans le Système national d'information sur les soins ambulatoires), la Base canadienne de données des coroners et des médecins légistes de Statistique Canada (Ontario, décès non naturels pour lesquels les enquêtes sont terminées), et l'Agence du revenu du Canada (données fiscales, dossiers d'emploi et d'aide sociale). La création de la cohorte et le couplage de données ont été effectués dans l'Environnement sécurisé de couplage de données sociales de Statistique Canada.

Une des limites de la cohorte est qu'elle ne comprend que les surdoses ayant été consignées lors d'interactions officielles avec certains types de fournisseurs de soins de santé, la police, les ambulanciers paramédicaux ou les coroners. Par conséquent, les surdoses qui n'ont pas été consignées par l'un de ces systèmes n'auraient pas été incluses. Ainsi, les surdoses au sein de la cohorte représentent probablement une sous-estimation des surdoses d'opioïdes non mortelles survenues dans la région de Simcoe Muskoka au cours de la période visée par l'étude. Notamment, certaines des sources de données ne rendaient pas compte des surdoses d'opioïdes provenant du Réseau local d'intégration des services de santé numéro 12 de Simcoe Nord Muskoka. Par conséquent, les régions du comté de Simcoe n'étaient pas toutes représentées au sein de la cohorte. On tient également compte du fait que la première surdose survenue pendant la période d'observation de l'étude n'a peut-être pas été la première surdose pour la personne dans la cohorte.

Une autre limite de cette étude est que les données accessibles ne rendent pas compte de tous les types de contacts avec les systèmes officiels. Par exemple, les interactions avec la police qui n'ont pas donné lieu à une infraction (p. ex. lorsque la personne était la plaignante ou la victime) et les interactions avec le système de soins de santé autres que les visites dans un hôpital de soins de courte durée ou au service des urgences (p. ex. les visites à un médecin de famille) ne sont pas comprises dans cette étude. Les dossiers sur les ordonnances sont aussi exclus, de sorte qu'il n'a pas été possible de distinguer les sources des opioïdes. Les données sociodémographiques désagrégées, autres que l'âge, le sexe et le revenu, étaient en grande partie non disponibles. De plus, l'étude n'a pas permis d'examiner les décès attribuables à des causes autres que des surdoses d'opioïdes qui ont pu se produire au cours de la période visée par l'étude.

Produits

L'infographie intitulée « Comprendre les surdoses d'opioïdes à Simcoe Muskoka, en Ontario » est maintenant accessible dans le cadre de la série Statistique Canada - Infographies (Numéro au catalogue Numéro au catalogue11-627-M).

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