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Portrait des minorités de langue officielle au Canada : les anglophones du Québec
- 89-642-X
- Page principale
- Introduction
- Section 1 – Définitions de la population de langue anglaise du Québec
- Section 2 – Évolution de la population selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée
- Section 3 – Les facteurs d'évolution de la population de langue maternelle anglaise
- Section 4 – Quelques secteurs clés pour la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire
- Section 5 – Vitalité subjective
- Conclusion
- Références
- Tableaux, graphiques et cartes
- Annexes
- Renseignements supplémentaires
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- Autres numéros
Section 2 Évolution de la population selon la langue maternelle et la première langue officielle parlée
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2.1 Évolution de la population selon la langue maternelle
2.2 Évolution de la population selon la première langue officielle parlée
2.3 Répartition géographique de la population dont l'anglais est la première langue
officielle parlée
2.4 Proportion relative au sein des municipalités de résidence et indice de
concentration géographique
2.1 Évolution de la population selon la langue maternelle
La population de langue maternelle anglaise du Québec comptait 607 165 personnes en 2006 comparativement à 558 256 personnes en 1951, soit une hausse de 8,8 %. En comparaison, la population de langue maternelle française s'est accrue de 76,8 % pour atteindre 5 916 845 en 2006 alors que celle de tierce langue maternelle a plus que quintuplé (soit un accroissement de 506,3 %) totalisant 911 895 personnes en 2006 comparativement à un peu plus de 150 000 en 19511.
Tableau 2.1.1 Population selon la langue maternelle, Québec, 1951 à 2006
Le tableau 2.1.2 permet de rendre compte du taux annuel moyen d'accroissement de la population de chacun des groupes de langue maternelle depuis 1951. On y observe que durant la période d'après-guerre (1951-1961) l'effectif de la population de tierce langue maternelle a augmenté en moyenne de près de 9,4 % annuellement en raison de la forte progression de l'immigration internationale, comparativement à un taux annuel moyen de croissance de 2,5 % pour le groupe de langue maternelle anglaise et de 2,8 % pour celui de langue maternelle française. On y constate également que l'accroissement annuel moyen de l'effectif de la population de langue maternelle anglaise a été négatif au cours de chacune des décennies suivant le début des années 1970, à l'exception de la période quinquennale 2001 à 2006 où l'on a observé un faible taux de croissance de l'effectif. En revanche celui de l'effectif de la population de tierce langue maternelle a fluctué entre 0,7 % et 4,2 % annuellement depuis le début des années 1970. En raison de la forte croissance de l'immigration internationale au cours du dernier lustre, le taux d'accroissement moyen de la population de tierce langue maternelle a été près de 10 fois plus important que celui des deux autres groupes linguistiques.
La population de langue maternelle anglaise du Canada représente 57,8 % de l'ensemble de la population canadienne. Au Canada, à l'exception du Québec et du Nunavut, la population de langue maternelle anglaise prédomine dans toutes les provinces et tous les territoires. Au Québec, la population de langue maternelle anglaise représente 8,2 % alors que celle de langue française représente 79,6 %. Par ailleurs, au Nunavut l'anglais est la langue maternelle de 27,0 % de la population. La proportion que représentent les anglophones du Québec parmi l'ensemble de la population de langue maternelle anglaise à l'extérieur du Québec a diminué de moitié entre 1951 et 2006, passant de 7,2 % à 3,5 %.
2.2 Évolution de la population selon la première langue officielle parlée
Tel que décrit à la section 1, le critère de première langue officielle parlée (PLOP) constitue une définition plus inclusive de la population anglophone. Ainsi, la part relative de la population de PLOP anglaise est de 11,9 % (885 000) lorsqu'on exclut ceux ayant le français et anglais comme double première langue officielle, et de 13,4 % (995 000) lorsqu'on inclut la moitié de la population ayant et le français et l'anglais en tant que PLOP. Il s'agit donc d'une différence appréciable en comparaison des 607 000 personnes ayant l'anglais comme langue maternelle.
Tableau 2.2.1 Population selon la première langue officielle parlée, Québec, 1971 à 2006
À la lumière des résultats présentés au tableau 2.2.1 ainsi qu'au graphique 2.2.1, on constate donc que l'effectif de la population de langue maternelle anglaise est plus petit que celui de la population dont l'anglais est la première langue officielle parlée. Cet écart s'est même accru depuis 1981 en raison de l'effet conjugué du départ des personnes de langue maternelle anglaise vers les autres provinces et de la croissance de l'immigration de tierce langue maternelle dont l'anglais est la première langue officielle parlée. En particulier, entre 2001 et 2006, la croissance du groupe de langue maternelle anglaise a été de 16 000 individus comparativement à une augmentation de près de 76 000 pour celui dont l'anglais est la première langue officielle parlée.
2.3 Répartition géographique de la population dont l'anglais est la première langue officielle parlée
Bien qu'à l'échelle de la province de Québec la proportion d'anglophones au sein de l'ensemble de la population québécoise soit de 13,4 %, celle-ci est très inégalement distribuée sur le territoire. Ainsi, trois régions de la province regroupent près de 92 % (ou 911 000 personnes) de la population anglophone (voir tableau 2.3.1). Les anglophones de la Région métropolitaine de recensement de Montréal (RMR) représentent 80,5 % (ou 801 000 personnes) de l'ensemble de la population anglophone du Québec alors que leur part relative au sein de la population de cette RMR est de 22 %. En d'autres termes, 22 % de la population habitant la RMR de Montréal a l'anglais comme première langue officielle parlée (PLOP).
Les anglophones de l'Outaouais composent 6 % (ou 59 000 personnes) de l'ensemble de la population anglophone du Québec et ceux de la région de l'Estrie et Sud du Québec 5 % (ou 51 000 personnes). Quant à leur poids relatif au sein de l'ensemble de la population de ces deux régions, il se situe à 17 % et 9 % respectivement. Finalement, les autres anglophones de la province (8,5 % d'entre eux) résident dans les régions de Québec et ses environs (1,7 %), l'Est de la province (1,7 %) et le Reste du Québec (5,1 %). Leur poids relatif au sein de l'ensemble de la population de leur région respective dépasse à peine 4 %.
2.4 Proportion relative au sein des municipalités de résidence et indice de concentration géographique
Dans le cadre du présent portrait statistique sur les anglophones du Québec, nous ne nous contenterons pas seulement de présenter de l'information selon l'une ou l'autre des six grandes régions de résidence telle qu'elles apparaissent au tableau 2.3.1. Ces dernières sont en effet composées de plusieurs divisions de recensement (DR) et de subdivisions de recensement (SDR). Parce que les anglophones ne sont pas répartis également entre ces diverses unités géographiques et parce que la proportion qu'ils y représentent varie d'une DR ou d'une SDR à l'autre au sein des régions, la présentation de statistiques qui tiennent compte de leur part relative au sein de leur municipalité de résidence se révèle être fort utile aux fins de la présente étude. En d'autres termes, la proportion que représentent les anglophones au sein de leur municipalité peut influer davantage sur leurs perceptions et leurs pratiques linguistiques que leur proportion au sein d'une plus grande région.
L'examen de la distribution des anglophones selon le poids relatif que leur groupe représente au sein des municipalités où ils résident (voir le tableau 2.4.1) révèle une distribution qui fournit un nouvel éclairage sur le rapport minoritaire/majoritaire. Plus de 70 % des anglophones (714 000) au Québec résident dans une municipalité où le poids du groupe anglophone représente au moins 30 % de la population. De fait, environ la moitié des anglophones du Québec (52 % ou 515 000 personnes) composent entre 30 % et 49,9 % de la population de la municipalité où ils résident, et 200 000 anglophones de la province, soit 20 % d'entre eux, vivent dans des municipalités où ils sont majoritaires.
Exception faite de la région de Québec et ses environs, la proportion que représentent les Anglos-Québécois au sein de la municipalité où ils résident varie énormément d'une région à l'autre (voir le graphique 2.4.1). Québec et ses environs ne regroupe en effet que 1,7 % des anglophones de la province, mais cette région se distingue des autres du fait que la quasi-totalité (97 %) des anglophones qui s'y trouvent résident dans des municipalités où leur poids relatif est inférieur à 10 % de la population. En revanche, dans la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, laquelle est constituée de quelque 90 municipalités, près d'un anglophone sur cinq vit dans une municipalité où ce groupe linguistique forme la majorité de la population, une proportion quasi similaire à celle observée dans l'Outaouais2. Le graphique 2.4.1 rend également compte du fait que 62 % des anglophones de la grande région de Montréal résident dans des municipalités où ils forment entre 30 % et 50 % de la population. En d'autres mots, plus de huit anglophones sur dix dans cette RMR forment près du tiers de la population de la ville dans laquelle ils résident.
Dans la région Est du Québec, laquelle compte moins de 2 % des anglophones de la province, 45 % des Anglos-Québécois vivent dans une municipalité où ils forment la majorité de la population, une proportion un peu plus élevée que ce qui est observé dans le « Reste de la province », soit 37 %.
L'information portant sur la proportion que représentent les anglophones au sein de leur municipalité de résidence est très utile dans l'analyse des perceptions et des comportements langagiers des anglophones. Cependant, les tailles des municipalités sont variées et, dans le cas des grandes agglomérations urbaines, par exemple, cette information ne permet pas de savoir si les anglophones sont répartis un peu partout à travers l'ensemble du territoire ou s'ils sont concentrés dans certaines régions spécifiques.
Il est ainsi utile de distinguer les municipalités au sein desquelles les anglophones sont concentrés sur une partie spécifique du territoire de celles où ils ne forment aucune concentration particulière. Pour ce faire, nous présentons ici la répartition des anglophones sur le territoire à l'aide d'un indice de concentration3. Le tableau 2.4.2 permet de constater l'utilité d'un tel concept pour chacune des grandes régions à l'étude dans le présent rapport. En outre, cette information revêt une grande utilité dans la mesure où la concentration d'un groupe linguistique sur un territoire donné, tout comme le poids relatif de ce groupe, est susceptible d'influer sur les pratiques linguistiques de ses membres de même que sur la vitalité de cette communauté linguistique.
L'information qu'on peut tirer de l'indice de concentration est fort utile lorsqu'on la compare à celle présentée au tableau 2.3.1 et au graphique 2.4.1. Par exemple, on sait que plus de 80 % des Anglo-Québécois résident dans la Région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal, qu'ils y représentent 22 % de l'ensemble de la population et que 81 % résident au sein d'une municipalité où ils forment 30 % ou plus de la population. En ce qui a trait à la concentration de la population d'expression anglaise, l'information tirée du tableau 2.4.2 confirme le fait que 89 % des anglophones de la RMR de Montréal sont généralement très concentrés au sein de leur municipalité de résidence. Les cartes présentées en annexe illustrent de façon éloquente cette réalité.
L'information que fournit un tel indice de concentration s'applique également à d'autres régions de la province. L'examen de l'indice de concentration des anglophones au sein des régions Est et « Reste du Québec » confirme du reste le fait que la proportion d'une population au sein d'un territoire donné ne reflète pas forcément le niveau de concentration de cette population sur ce même territoire. De fait, bien que les anglophones comptent pour seulement 4 % de la population dans la région de l'Est, près des deux tiers d'entre eux sont fortement concentrés sur le territoire de la municipalité où ils résident. Par opposition, dans l'Outaouais, où la proportion d'anglophones y est de 17 %, près d'un tiers d'entre eux sont fortement concentrés sur le territoire de leur municipalité de résidence.
De ce point de vue, le « Reste du Québec » affiche certaines similitudes avec la situation observée en Estrie et dans le Sud de la province. Ainsi, les quelque 16 000 anglophones qui résident dans l'Est du Québec ne forment que 4,3 % de la population, mais près de 44 % d'entre eux sont fortement concentrés au sein de leur municipalité. En ce qui a trait à l'Estrie et Sud du Québec, les quelque 51 000 anglophones qui y vivent composent moins de 9 % de l'ensemble de la population de cette région, mais 40 % d'entre eux sont fortement concentrés sur le territoire de leur municipalité.
Notes
- Nous verrons plus loin dans ce rapport que la migration des anglophones vers les autres provinces canadiennes est le facteur principal responsable de cette faible variation de l'effectif anglophone.
- Les tableaux A-1 et A-2 qui figurent à l'annexe A ainsi que les cartes géographiques qui le précèdent présentent le poids relatif de la population anglophone au sein de chacune des régions, des divisions de recensement et des subdivisions qui en font partie en 2006.
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Se référer à l'annexe D pour une description de l'indice de concentration et du concept de l'aire de diffusion.
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