3 Source des données et méthodologie

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Les données de l'étude proviennent de l'Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC). La population cible de l'enquête, qui a été réalisée conjointement par Statistique Canada et Citoyenneté et Immigration Canada (CIC), englobe tous les immigrants qui (1) sont arrivés au Canada du 1 er octobre 2000 au 30 septembre 2001; (2) avaient 15 ans ou plus à leur arrivée et; (3) sont arrivés de l'étranger et ont présenté une demande par l'entremise d'une mission canadienne à l'étranger.

La base de sondage de l'ELIC était une base de données administratives sur tous les immigrants reçus du Canada tenue à jour par CIC. L'échantillon de l'ELIC a été créé au moyen d'une méthode d'échantillonnage stratifié à deux étapes. La première étape consistait à sélectionner les unités immigrantes (UI) au moyen d'une méthode de probabilité proportionnelle à la taille, et la deuxième, à sélectionner au hasard un membre au sein de chaque UI. Seul le membre sélectionné a été suivi tout au long de l'enquête. Les personnes de 15 ans et plus dans chaque UI pouvaient être sélectionnées comme répondants.

Trois questionnaires de l'ELIC ont été mis en œuvre sur le terrain pendant l'enquête. Environ 12 000 immigrants ont été interviewés d'avril 2001 à mars 2002, à peu près six mois après leur arrivée au Canada; approximativement 9 300 des mêmes immigrants avaient déménagé et ont été interviewés en 2003, environ deux ans après leur arrivée; et à peu près 7 700 de ces mêmes immigrants avaient déménagé et ont été interviewés une troisième fois, environ quatre ans après leur arrivée. Les quelque 7 700 répondants de l'ELIC qui avaient déménagé pendant les trois cycles sont représentatifs à l'échelle nationale des quelque 157 600 immigrants récents, dont 104 400 sont des immigrants de la composante économique, 42 600 font partie de la catégorie « regroupement familial » et 9 700 sont des réfugiés. 4

Pendant la deuxième et la troisième entrevue de l'ELIC, les répondants ont dû répondre à la question suivante :

« Depuis la dernière entrevue, avez-vous envoyé de l'argent à l'extérieur du Canada à de la parenté ou à des amis? »

Les répondants qui ont répondu oui ont ensuite dû répondre à la question ci-dessous :

« Quel est le montant que vous avez envoyé à l'extérieur du Canada à de la parenté ou à des amis? »

Pendant la première entrevue de l'ELIC (six mois après leur arrivée), on a seulement demandé aux répondants si, depuis leur arrivée au Canada, ils avaient envoyé de l'argent à l'extérieur du Canada à de la parenté ou à des amis; il n'était pas question du montant envoyé.

Dans la documentation de recherche, les transferts sont surtout abordés sur le plan de l'argent envoyé à des membres de la famille plutôt qu'à des amis à l'étranger. Par conséquent, nous limitons notre analyse aux répondants de l'ELIC dont certains membres de la famille vivent à l'extérieur du Canada. Il s'ensuit l'exclusion de 256 des 7 716 répondants, soit environ 4 900 des 157 600 immigrants dans la cohorte d'arrivée. Cette exclusion n'a pratiquement aucun effet sur les estimations du modèle. De plus, les répondants qui ont envoyé moins de 100 $ ou plus de 25 000 $ sont exclus pour réduire les effets des valeurs aberrantes sur les estimations du modèle. Ainsi, l'exclusion subséquente de 26 autres cas donne un échantillon final de 7 434 répondants.

Puisque des questions sur les transferts ont été posées au niveau des personnes plutôt que des familles (c'est-à-dire « … avez- vous envoyé de l'argent…? »), l'ELIC pourraient sous-estimer les activités de transfert des familles immigrantes. En effet, il est possible que, bien qu'un répondant de l'ELIC n'ait pas envoyé d'argent à l'étranger, un autre membre de sa famille l'ait fait. Cette situation est peut-être plus probable lorsque le répondant n'est pas le principal soutien économique de la famille — par exemple, lorsque des adolescents vivent avec leurs parents ou que des personnes âgées vivent avec leurs enfants adultes. Une variable qui indique les « principaux demandeurs » et les « conjoints et personnes à charge » dans l'unité migratoire avait été incluse dans notre analyse au départ, mais elle a été abandonnée ultérieurement parce qu'elle n'a pas donné de résultats significatifs. Au lieu de cela, une variable indiquant si le répondant était la « personne la mieux renseignée » au sujet de la situation financière de la famille est incluse. Environ les trois quarts de nos répondants (73,5 %) s'auto-identifient en tant que personne la mieux renseignée.

Trois autres remarques s'imposent au sujet de notre échantillon. D'abord, la question qui vise à savoir si les activités de transfert diminuent au fil du temps depuis l'arrivée dans le pays d'accueil peut seulement être soulevée pendant la période de quatre ans de l'enquête. Les sources de données ne sont pas disponibles pour déterminer la mesure dans laquelle les immigrants au Canada continuent d'envoyer de l'argent à l'étranger 5, 10 ou 15 ans après leur arrivée. Deuxièmement, les résidents temporaires du Canada ne sont pas inclus dans l'ELIC. L'objectif de l'enquête est de suivre l'expérience des résidents permanents pendant leurs quatre premières années au pays, et les résidents temporaires à court terme ne font pas partie du champ d'observation de l'Enquête. Par conséquent, nous ne sommes pas en mesure de comparer les habitudes de transfert de fonds des résidents temporaires et des résidents permanents. En 2005, environ 160 000 ressortissants étrangers vivaient au Canada après avoir obtenu un permis de travail temporaire (CIC, 2007). Enfin, il convient de souligner que les caractéristiques et l'expérience de la cohorte d'immigrants de l'ELIC ne sont pas nécessairement les mêmes que celles des cohortes qui sont arrivées au Canada plus tôt ou plus tard. Par exemple, le repli du secteur de la haute technologie pourrait avoir eu des conséquences particulières sur les immigrants arrivés en 2000-2001, y compris leur capacité financière de transférer des fonds à l'étranger. Il serait certes utile d'estimer les tendances d'une cohorte à l'autre ou les différences entre les activités de transfert, mais nos données ne nous permettent pas de le faire.

Bien que nous reconnaissions ces contraintes, soulignons que l'ELIC comporte d'autres avantages. Elle comprend un gros échantillon représentatif d'immigrants récents de nombreux pays d'origine, ce qui rend possibles les comparaisons entre pays des habitudes de transfert de fonds au moyen de définitions et de méthodologies uniformes. Cette large perspective n'est pas disponible dans les études qui portent sur les immigrants d'un ou deux pays d'origine. De plus, la conception longitudinale de l'ELIC nous permet d'établir un décalage entre nos variables indépendantes et dépendantes, ce qui atténue les problèmes d'endogénéité. Plus précisément, deux observations sont disponibles par répondant : les transferts effectués (ou non effectués) deux ans après l'arrivée et quatre ans après l'arrivée. Pour l'observation deux ans après l'arrivée, les variables indépendantes sont mesurées au moyen du fichier de données de six mois, et pour l'observation quatre ans après l'arrivée, les variables indépendantes sont mesurées au moyen du fichier de deux ans. Bref, les variables indépendantes sont mesurées au début de la période de référence et précèdent donc la décision de transférer 5.

3.1 Variables indépendantes

Les variables indépendantes de chacun des cinq domaines conceptuels susmentionnés sont incluses dans le modèle 6 . La capacité financière est mesurée en fonction du revenu familial, de la situation d'emploi du répondant et de la valeur des économies à l'étranger. Un indicateur révélant si le répondant est la personne la mieux renseignée au sujet du revenu de la famille est également inclus, comme susmentionné 7 .

Le capital humain est mesuré par le niveau de scolarité à l'arrivée au Canada. Les compétences linguistiques autoévaluées en anglais et en français étaient incluses dans les versions antérieures de l'analyse, mais ont été exclues par la suite parce qu'elles ne donnaient pas de résultats significatifs. Une variable sur le lieu de résidence indiquant les résidents de Montréal, de Toronto, de Vancouver, de Calgary/d'Edmonton et d'autres régions est incluse.

L'information détaillée sur l'emplacement de tous les membres de la famille de chacun des immigrants n'est pas disponible dans l'ELIC. La grande majorité des répondants de l'ELIC (98 %) indiquent que certains membres de leur famille vivent à l'étranger, mais les relations avec ces membres ne sont pas précisées. Deux variables sur la famille sont incluses dans nos modèles : le nombre d'enfants qui vivent dans le ménage du répondant et le parrainage par le répondant (ou l'intention de parrainer) (i) un conjoint ou un ou plusieurs enfants ou (ii) des parents ou des grands-parents pour les faire venir au Canada 8 .

En ce qui concerne les caractéristiques de la migration, la catégorie d'admission au Canada est incluse dans nos modèles. Les personnes sont admises au Canada à titre de résidents permanents par l'entremise de trois grandes catégories d'admission : les immigrants de la composante économique, ceux de la catégorie « regroupement familial » et les réfugiés. Les demandeurs principaux de la composante économique sont sélectionnés en raison de leurs compétences et de leurs capacités, qui leur permettront de contribuer à l'économie du Canada, et sont évalués en fonction du niveau de scolarité, des capacités linguistiques et d'autres facteurs. Étant donné que les augmentations salariales des immigrants de la composante économique dépassent de loin celles des immigrants de la catégorie « regroupement familial » et des réfugiés dans les années suivant leur arrivée (Chui et Tran, 2003), ils pourraient être plus susceptibles de faire des transferts de fonds et d'envoyer de grosses sommes d'argent en raison de leur plus grande capacité financière de le faire 9 .

Pour ce qui est de l'appartenance à un organisme, les répondants de l'ELIC doivent indiquer s'ils sont devenus membres de divers groupes et organismes ou s'ils ont pris part aux activités de ces groupes et organismes depuis leur dernière entrevue. Deux variables nominales sont incluses pour désigner les répondants qui ont participé aux activités (i) d'une église ou d'un autre groupe religieux ou (ii) d'une association ethnique ou d'immigrants ou qui en sont devenus membres, et ceux qui ne l'ont pas fait 10 .

La région d'origine est incluse dans notre analyse de deux façons. Premièrement, les modèles de régression fondés sur un échantillon combiné de tous les répondants sont présentés, et neuf régions du monde sont indiquées par une série de variables nominales. Deuxièmement, des modèles de régression distincts sont exécutés auprès des répondants de chacune de ces neuf régions. Enfin, le produit intérieur brut par habitant dans le pays d'origine du répondant est inclus.

Notre analyse multivariée comprend une régression logistique sur la probabilité des transferts et une régression des moindres carrés ordinaires sur le logarithme naturel du montant transféré. Les coefficients des régressions logistiques ont été convertis en probabilités prédites pour faciliter l'interprétation 11 . Les coefficients du logarithme naturel du montant envoyé arrondissent les différences en pourcentage et sont abordés dans ces termes pour faciliter la présentation. Tous les modèles sont calculés au moyen des poids bootstrap pour corriger les estimations de la variance en fonction du plan d'enquête : une technique appelée estimation de variance fondée sur le plan de sondage 12 .

 

4 . Les personnes qui ont présenté une demande et qui ont été admises à partir du Canada ont été exclues de l'Enquête, puisqu'elles pourraient avoir été au pays depuis un bon moment avant d'obtenir le droit d'établissement et pourraient donc présenter des caractéristiques d'intégration différentes de celles des personnes qui sont arrivées plus récemment. Les réfugiés qui demandent l'asile à partir du Canada ont également été exclus de l'Enquête. Les entrevues ont été réalisées dans les 15 langues parlées par environ 93 % de la population d'immigrants récents du Canada, en personne ou par téléphone lorsque l'entrevue en personne était impossible. Pour de plus amples renseignements sur l'Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada, voir le Guide de l'utilisateur des microdonnées au http://www.statcan.ca/francais/sdds/document/4422_D1_T1_V3_F.pdf .

5 . L'une des exceptions à cette règle est le revenu, qui est estimé au milieu de chaque période de référence au moyen d'une interpolation linéaire.

6 . Nos modèles multivariés de départ comprenaient plus de 20 variables indépendantes, dont de nombreuses n'ont pas donné lieu à des résultats statistiques significatifs. Ils ont ensuite été exclus de notre analyse par souci d'efficacité et de parcimonie. Les variables qui ont été exclues sont documentées dans les notes de bas de page de la présente section à l'intention des lecteurs susceptibles de s'y intéresser.

7 . Dans les versions précédentes de l'analyse, les dépenses du logement en tant que pourcentage du revenu familial étaient également incluses. Une corrélation négative importante a été décelée entre ces dépenses et, d'une part, la probabilité de transfert et, d'autre part, le montant envoyé. Toutefois, les décisions en matière de logement prises par un immigrant peuvent être influencées par sa décision de faire des transferts ou par son intention d'en faire ultérieurement. Par conséquent, les dépenses du logement peuvent être une conséquence des décisions de transfert plutôt qu'un facteur déterminant de ces décisions. Étant donné cette endogénéité potentielle, la variable sur les dépenses du logement a été exclue de nos modèles définitifs.

8 . Les répondants qui parrainent leur conjoint, leurs enfants, leurs parents ou leurs grands-parents ou qui ont l'intention de le faire ont été classés dans la catégorie « parrainage du conjoint ou d'un enfant ». Moins de 50 répondants se trouvaient dans cette situation. L'état matrimonial était inclus dans les versions précédentes de l'analyse, mais il n'a pas donné de résultats significatifs et a été exclu par la suite.

9 . Dans les versions précédentes des modèles multivariés, la variable était incluse pour indiquer l'unique raison la plus importante qui a amené les répondants à s'établir au Canada; plus précisément, il s'agissait de motifs économiques, familiaux, de guerre ou de libertés politiques et d'autres raisons. Ces variables n'ont pas donné de résultats significatifs et ont été exclues.

10 . Une troisième variable indiquant la participation aux activités de tout autre type de groupe ou d'organisme avait aussi été incluse au départ, mais n'a pas donné de résultats significatifs.

11 . On a estimé les probabilités prédites pour chaque variable indépendante en établissant les autres variables indépendantes à leurs valeurs moyennes.

12 . Certains chercheurs ont utilisé le modèle de sélection de Heckman (1979) pour tenir compte de la possibilité que l'échantillon d'immigrants qui font des transferts de fonds soit un échantillon sélectif des personnes qui auraient pu faire des transferts (Funkhouser, 1995; Brown et Piorine, 2005). Plusieurs modèles de Heckman ont été utilisés au moyen de différentes spécifications pour régler ce problème, mais aucune preuve de sélectivité n'a été décelée. Nos résultats concordent avec plusieurs études qui indiquent également que les effets de sélection sont modestes ou non statistiquement significatifs (Menjivar et coll., 1998; Funkhouser, 1995).