Consulter la version la plus récente.
L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.
par Kelly Firmage-O'Brien, Statistique Canada
Autrefois clairsemée, la population de bisons continue d’augmenter dans les fermes canadiennes (figures 1 et 2). Selon le Recensement de l’agriculture de 2006, le troupeau de bisons, qui comptait 195 728 têtes, a augmenté de 34,9 % depuis 2001.
Les producteurs de bisons sont concentrés dans les provinces de l'Ouest - la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba - et moins de 5 % exercent leur activité en Ontario et dans l'Est. À elle seule, l'Alberta possède 49,7 % du troupeau et 45,8 % des fermes. Le troupeau de bisons de la Saskatchewan arrive au deuxième rang en importance (29,3 %), suivi par celui du Manitoba (10,0 %) et celui de la Colombie-Britannique (6,5 %).
La région de la rivière de la Paix, en Colombie-Britannique et en Alberta, qui compte 14,4 % du troupeau du pays, est l'une des principales régions productrices de bisons au Canada. Une augmentation de 59,9 % s'est produite dans cette région située au nord de Grande Prairie (Alberta), qui englobe Dawson Creek et Fort St. John (en Colombie-Britannique), depuis le dernier Recensement de l'agriculture, le nombre de têtes étant passé de 17 661 en 2001 à 28 232 en 2006. La plus importante population de bisons du Manitoba, s'élevant à plus de 5 000 têtes, se trouvait dans la région de South Interlake située entre la partie méridionale du lac Winnipeg et la partie méridionale du lac Manitoba.
Le bison est un gros ruminant rustique à qui des jarres longs et rugueux et une bourre laineuse donnent un aspect bicolore. Sa longue crinière hirsute de couleur brun foncé fait contraste avec une barbe presque noire; son arrière-train, à la fourrure marron courte et raide, semble aussi presque noir. Le bison a l'odorat très développé, une vue excellente et un fort instinct grégaire. Bien que cet animal soit couramment appelé « buffalo », le nom scientifique de l'espèce nord-américaine est Bison bison.
Il y a deux types de bisons en Amérique du Nord : le bison des bois (Bison bison athabascae) et le bison des plaines (Bison bison bison). Le bison des plaines est l'espèce qu'on élève principalement dans les exploitations agricoles tandis que le bison des bois, qui figure sur la liste des espèces menacées du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, est élevé pour le développement des troupeaux commerciaux, mais en moins grand nombre.
L'aire de répartition des deux types de bisons différait considérablement par le passé : au Canada, il y avait des bisons des plaines en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, et des bisons des bois surtout dans le nord de l'Alberta, en Colombie-Britannique et dans les territoires.
Le bison des plaines dominait dans les prairies nord-américaines jusqu'à la fin du XIXe siècle. Comme de nombreuses espèces indigènes à ce moment là, le bison a cependant failli disparaître parce que les colons européens tuaient les animaux pour leur viande et pour le sport, et transformaient des millions d'acres de la prairie indigène - leur habitat - en terres agricoles.
Selon les récits historiques, il y avait des millions de bisons en Amérique du Nord dans les années 1800. William Temple Hornaday a écrit dans The Extermination of the American Bison qu'« il aurait été aussi facile de compter ou d'estimer le nombre de feuilles dans une forêt que de calculer le nombre de bisons vivant à un moment donné au cours de l'histoire de l'espèce avant 1870 ». Toutefois, au tournant du siècle, tout cela avait changé. Selon les estimations, il restait en 1899 moins d'un millier de bisons en Amérique du Nord.
La population de bisons sauvages des bois, confrontée à la maladie et à la perte de son habitat causée par le développement humain, l'agriculture et l'exploitation des ressources naturelles, a encore du mal à reprendre le terrain perdu.
Espèce indigène de l'Amérique du Nord, le bison est naturellement adapté au climat canadien. Sa composition génétique lui permet de bien résister aux tempêtes hivernales et à la chaleur estivale. Le bison n'a besoin que d'aires de repos bien drainées et d'abris naturels ou artificiels pour se protéger contre les conditions météorologiques extrêmes. Animal indigène, le bison s'est adapté au fil des siècles à la sécheresse et aux feux de prairie qui limitaient les disponibilités alimentaires, ayant développé un système digestif plus lent que celui des bovins, une caractéristique qui lui permet de brouter la plus grande partie de ce que le climat canadien a à lui offrir.
Le bison peut plus efficacement que les bovins transformer en énergie des plantes fourragères pauvres en protéines et s'en tire très bien dans la plupart des types de pâturages. Cependant, comme dans le cas des bovins, il est possible de compléter l'alimentation de finition du bison par du grain afin de lui faire prendre du poids plus rapidement que s'il ne consommait que du fourrage. L'ajout de céréales à l'alimentation peut aussi élever le taux de conception des bisonnes et augmentera la quantité de gras, ce qui attendrira la viande.
Malgré sa popularité croissante, le bison est encore considéré comme une espèce sauvage et il ne s'est pas encore complètement adapté à la vie dans une ferme. Les exploitants agricoles doivent bien comprendre le comportement de leurs animaux s'ils ne veulent pas courir de danger.
En captivité, le premier instinct du bison est de fuir; s'il ne le peut pas, il a tendance à se défendre ou à attaquer. Puisque le poids d'un mâle à maturité peut s'élever à 2 000 livres et que celui d'une femelle peut atteindre 1 100 livres, l'élevage de ces animaux peut être dangereux.
Le bison étant un animal si puissant, les clôtures sont souvent plus robustes et plus hautes que celles des élevages de bovins. Il faut concevoir les systèmes d'enclos et de manutention de façon à minimiser le stress que subissent les animaux et à les empêcher de paniquer. Comme les bovins toutefois, la plupart du temps, le bison est satisfait lorsqu'il a suffisamment de nourriture et d'eau. Des exploitants signalent qu'avec de l'expérience et le bon équipement, ils peuvent être aussi faciles à élever que des bovins.
Le bison a une espérance de vie moyenne de 20 à 25 ans et n'atteint pas la pleine maturité avant d'avoir huit ans. Une bisonne peut s'accoupler à deux ans, et donner naissance à son premier bisonneau lorsqu'elle a trois ans.
La saison de reproduction du bison - appelée rut - s'étend normalement de la fin de juillet à la mi septembre, la plus grande partie des accouplements ayant lieu en août (voir « Toujours coincé dans la même vieille routine? »). La période de gestation, d'environ neuf mois, est la même que pour les bovins et la plupart des bisonneaux naissent en mai ou en juin.
À la naissance, les bisonneaux pèsent en général entre 50 et 75 livres. Ils sont sevrés lorsqu'ils ont entre sept et neuf mois, et pèsent à ce moment là entre 330 et 500 livres. La plupart des animaux sont prêts pour l'abattoir entre 20 et 30 mois, soit lorsqu'ils pèsent entre 950 et 1 050 livres. Les mâles sont prêts plus tôt que les femelles, mais il faut plus de 30 mois aux animaux qui se nourrissent d'herbe. C'est cependant le marché qui, en fait, détermine à quel moment le bison est fini : lorsque la demande est forte pour les carcasses plus petites et que leur prix est élevé, les animaux sont vendus plus tôt.
Les éleveurs de bisons ont été confrontés à des défis semblables à ceux que l'industrie bovine a eus à relever au cours des cinq dernières années. En mai 2003, au moment où l'on a découvert qu'une vache en Alberta avait contracté l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), les frontières ont été fermées à tous les ruminants sur pied quittant le Canada, y compris le bison.
En août 2003, les restrictions ont été allégées et les États-Unis ont commencé à accepter de la viande désossée de bovins et d'autres ruminants de moins de 30 mois. Au début de 2005, l'interdiction a été levée pour toute la viande des animaux de moins de 30 mois. Cependant, ce n'est que plus tard dans l'année que les animaux sur pied ont pu entrer aux États-Unis.
L'interdiction d'exporter des animaux sur pied a mis en lumière une des difficultés auxquelles l'industrie du bison est confrontée et que beaucoup de gens ouvrant dans le commerce du bétail connaissent : le manque de capacité d'abattage au pays. Le nombre de bisons abattus dans des établissements inspectés par le fédéral et les provinces est passé de 11 168 en 2001 à 25 613 en 2006. Malgré ces difficultés, le marché de la viande de bison du Canada continue de croître, les exportations de viande de bison désossée effectuées en 2006 ayant plus que doublé depuis 2001 (tableau 1). Les exportations de bisons sur pied ont également augmenté, atteignant un sommet de 13 255 têtes en 2006 après que la plupart des pays aient de nouveau ouvert leurs frontières aux animaux canadiens.
Le nombre de bisons continue d'augmenter, en partie parce que les consommateurs soucieux de leur santé perçoivent le bison comme un produit alimentaire plus naturel que d'autres viandes. Le bison se nourrit surtout en broutant des pâturages et donne une viande généralement faible en gras et en calories, et riche en fer. Une comparaison des caractéristiques nutritionnelles de la viande de bison et d'autres viandes est présentée au tableau 2.
Le bison, dont le nombre atteignait autrefois des millions, a fait partie intégrante de la vie des premiers habitants des prairies canadiennes. Bien que l'avenir de cet animal ait semblé menacé pendant un certain temps, les exploitants agricoles canadiens ont contribué à réintroduire cette espèce indigène en étant plus nombreux à en faire l'élevage, rendant ainsi la viande de bison de plus en plus accessible aux consommateurs.
Vous vous demandez pourquoi les bovins peuvent se reproduire toute l'année, mais le bison seulement en certaines saisons? Cela s'appelle le cycle ostral.
La plupart des femelles de mammifères ne sont réceptives sexuellement et ne s'accouplent que lorsqu'elles peuvent devenir gravides, en général pendant leur ovulation. Cette période - appelée ostrus (aussi fréquemment appelée « chaleurs ») - fait partie du cycle ostral, qui détermine la fréquence des périodes pendant lesquelles un animal est fertile, et pendant combien de jours.
Dans la nature, il est souvent avantageux pour les animaux de suivre les saisons, et de donner naissance au printemps, lorsque la nourriture est abondante et que leurs petits ont de meilleures chances de survie. Ce cycle est déclenché par le changement de la durée du jour et par l'exposition à la lumière solaire, qui modifie la production de mélatonine et accroît les activités hormonales. La saison de l'accouplement est aussi fréquemment appelée « le rut ».
C'est la raison pour laquelle le bison ne s'accouple en général qu'entre juillet et septembre, la plupart des animaux donnant naissance l'année suivante, entre mai et juin. Le mouton, le cerf et le cheval sont d'autres animaux ayant un cycle de reproduction saisonnier. Le cheval passe par le cycle ostral et s'accouple au printemps, puis donne naissance à ses petits l'année suivante, alors que le mouton et la chèvre sont en chaleur d'août à décembre et mettent bas cinq mois plus tard.
Toutefois, les éleveurs ont trouvé certains trucs pour amener les animaux à se reproduire en dehors de leur saison normale de reproduction. Les agriculteurs laissent des lumières allumées dans leurs étables pendant un certain nombre d'heures par jour afin de berner les animaux et de les amener à croire que c'est leur saison de reproduction et à entrer en chaleur. Les traitements hormonaux peuvent aussi faire entrer les animaux en chaleur en dehors de leur saison de reproduction normale.
Domestiquées, certaines femelles qui avaient une saison de reproduction bien définie sont devenues polyœstriennes, ce qui signifie que leur cycle ostral est continuel et qu'elles ovulent et sont en chaleur jusqu'à ce qu'elles deviennent gravides. Par le passé, les bovins avaient un cycle saisonnier, mais après des générations de reproduction stratégique, ils sont devenus polyœstriennes. Bien que les porcs domestiques soient les descendants de sangliers, qui se reproduisent en saison, ils ont en grande partie triomphé de leur cycle reproductif saisonnier.