Documents démographiques
Définir les quartiers des centres-villes du Canada : limites de 2016

par François Sergerie, Karl Chastko, Dylan Saunders et Patrick Charbonneau

Date de diffusion : le 11 mai 2021
Début de l'encadré

Définitions

Classification géographique type (CGT) :

Région métropolitaine de recensement (RMR) : Territoire formé d'une ou de plusieurs municipalités voisines les unes des autres qui sont situées autour d'un noyau. Selon le dernier recensement, une RMR doit avoir une population totale d’au moins 100 000 habitants et son noyau doit compter au moins 50 000 habitants.
Subdivision de recensement (SDR) : Un terme générique qui désigne les municipalités (telles que définies par les lois provinciales et territoriales) ou les territoires considérés comme des équivalents municipaux à des fins statistiques (p. ex. les réserves indiennes, les établissements indiens et les territoires non organisés). Le statut de municipalité est défini par les lois en vigueur dans chaque province et territoire au Canada.
Aire de diffusion (AD) : Une petite unité géographique relativement stable formée d’un ou de plusieurs îlots de diffusion avoisinants dont la population moyenne est de 400 à 700 habitants, selon les données du Programme du Recensement sur la population précédent. Il s’agit de la plus petite région géographique normalisée pour laquelle toutes les données du recensement sont diffusées. Les AD couvrent tout le territoire du Canada.

Classification propre à cet article :

Centroïde : Le centre géométrique d’une unité géographique présentée. Dans le présent article, l’AD est l’unité géographique utilisée.
Noyau du centre-ville : Les aires de diffusion présentant la plus forte densité d’emplois selon les renseignements sur le lieu de travail tirés du recensement.
Quartier du centre-ville : La zone comprenant le noyau du centre-ville et la zone adjacente d’un kilomètre.

Fin de l'encadré

Début de l'encadré

Cet article présente les limites des centres-villes, selon la Classification géographique type (CGT) de 2016. Les limites seront révisées en 2021, lorsque les aires de diffusion de la CGT de 2021 seront finalisées. C’est cette version révisée de la géographie qui sera utilisée dans les produits analytiques du recensement de 2021.

Fin de l'encadré

Introduction

Le Canada est un pays fortement urbanisé. En 2020, près des trois quarts (71,8 %) des Canadiens vivaient dans l’une des régions métropolitaines de recensement (RMR) du Canada. De plus, en 2019-2020, le taux de croissance moyen de la population dans les RMR était de +1,3 %, ce qui correspond à deux fois celui observé dans le reste du Canada (+0,6 %).

La compréhension de la dynamique de la population urbaine du Canada est devenue l’objet de nombreuses études, de l’accès aux soins de santé (Canadian Institute for Health Information 2006), à l’exposition aux polluants environnementaux (Marshall, Brauer et Frank 2009) en passant par l’accès aux emplois, le navettage, les comportements liés au transport (Savage 2019), les tendances d’établissement des immigrants (Zuberi, Ivemark et Ptashnick 2018) et la croissance de la population (Gordon, Hindrichs et Willms 2018). Ces études visent toutes à comprendre l’évolution constante des populations urbaines du Canada. La pandémie du COVID-19 a aussi créé de nouvelles dynamiques entre les régions urbaines et les régions rurales, de même qu’à l’intérieur des régions urbaines, notamment en ce qui a trait aux tendances migratoires.

En raison de la diversité et de la distribution complexe de la population du Canada dans les régions urbaines, il y a une demande croissante pour l’analyse des sous-populations urbaines au pays. Les quartiers du centre-ville des grands centres urbains du Canada constituent un secteur d’intérêt important.

Dans les villes canadiennes, les quartiers du centre-ville sont généralement constitués de zones comprenant des bâtiments commerciaux, résidentiels, culturels et historiques très concentrés par rapport aux autres parties de la ville (Canadian Urban Institute 2013). Ces quartiers sont souvent définis par des limites informelles établies selon la perception du public plutôt que par des limites administratives officielles (Canadian Urban Institute 2013). Lorsqu’il y a des limites officielles au centre-ville, elles sont souvent dérivées de règlements de zonage propres à la ville ou représentent des zones d’amélioration commerciale. Ces définitions officielles du centre-ville peuvent exclure d’autres quartiers importants qui sont pertinents pour comprendre la dynamique de ces régions géographiques importantes. La subjectivité de la définition des quartiers du centre-ville constitue un obstacle important à la recherche sur les tendances sociales et économiques dans ces zones.

À l’heure actuelle, Statistique Canada ne fournit aucune unité géographique représentative des quartiers du centre-ville dans sa classification géographique type. Il s’agit d’une lacune statistique évidente compte tenu du rôle important que ces régions jouent dans notre pays de plus en plus urbain.

Il y a une demande évidente pour l’élaboration d’une méthode normalisée d’établissement de limites géographiques représentatives des différents quartiers des centres-villes du Canada, qui permettrait de comparer ces zones à l’échelle du pays. Cet article vise à déterminer le principal quartier du centre-ville pour chacune des 36 RMRNote  au Canada ainsi que les cinq plus grandes ARNote . Ces limites permettraient une analyse approfondie des tendances sociales et économiques actuelles et émergentes dans les quartiers des centres-villes partout au Canada. De plus, ces limites permettraient à Statistique Canada de diffuser plus efficacement les statistiques essentielles.

Les villes sont en constante évolution. Au cours des dernières années, les villes canadiennes se sont adaptées pour relever les défis posés par l’étalement urbain, la décentralisation du travail, le maintien de la compétitivité dans une économie de plus en plus mondialisée et la réponse aux demandes de logement découlant de l’immigration et la migration interprovinciale. L’effet de ces défis sur les villes est souvent le plus évident dans les quartiers du centre-ville. De nombreuses villes canadiennes ont mis en place des plans de revitalisation du centre-ville conçus pour relever ces défis en attirant de nouvelles entreprises et de nouveaux professionnels, tout en créant des villes plus diversifiées, plus denses et plus résilientes (Ville de Toronto 2020; Ville de Montréal 2016; Ville de Regina 2016). Bien que ces stratégies aient connu du succès dans certaines villes, d’autres ont souffert du déclin des secteurs de la fabrication et des ressources, de la décentralisation du travail et du vieillissement de la population. Les conséquences de ces effets négatifs sont souvent exprimées par le déclin des quartiers du centre-ville de ces villes. Étant donné la relation entre le bien-être des quartiers du centre-ville et la prospérité des villes, il est clair qu’il faut des limites géographiques normalisées représentatives des divers quartiers des centres-villes du Canada (Canadian Urban Institute 2013; Hernandez et Jones 2005).

Méthodes actuelles

Il est difficile de définir les quartiers du centre-ville, car il s’agit en grande partie de régions géographiques informelles. Les limites d’un quartier du centre-ville peuvent dépendre de la perception qu’a une personne de considérations culturelles et historiques, mais elles peuvent aussi tenir compte des limites physiques et administratives de la ville, comme les grands axes routiers ou les limites des circonscriptions électorales municipales (Turcotte 2008). En raison de l’interaction complexe de ces concepts, il est depuis longtemps difficile de définir officiellement les quartiers du centre-ville.

Trois méthodes principales sont souvent utilisées pour définir et étudier les quartiers du centre-ville. Ces méthodes incluent l’utilisation d’une analyse des zones tampons spatiales pour délimiter les quartiers du centre-ville, la définition des quartiers du centre-ville en fonction des règlements de zonage et des secteurs de planification locaux propres à la ville et l’utilisation de connaissances spécialisées pour déterminer les quartiers du centre-ville. Chacune de ces méthodes présente des possibilités et des défis uniques qui seront abordés dans les sections suivantes, en utilisant Vancouver comme étude de cas.

Analyse des zones tampons

La méthode la plus simple et la plus largement utilisée pour délimiter les quartiers du centre-ville consiste à appliquer un simple tampon radial aux coordonnées de l’hôtel de ville (Savage 2019; United States Census Bureau 2012). Les tampons radiaux produisent des zones circulaires en fonction du rayon choisi par l’analyste. La carte 1 présente un exemple d’analyse du tampon radial appliquée à Vancouver Canada. Elle illustre l’emplacement de l’hôtel de ville de Vancouver avec des zones tampons d’un, de deux et de trois kilomètres.

Carte 1 Analyse des zones tampons

Description de la Carte 1

Cette carte présente le centre-ville de Vancouver, identifié avec des zones tampons autour de l'hôtel de ville. Les zones tampons couvrent des distances de 1 km, 2 km et 3 km et sont identifiées avec des nuances de mauve.

Cette méthode est très populaire en raison de sa méthodologie normalisée et de sa facilité de calcul. En effet, les seules données nécessaires sont l’emplacement de l’hôtel de ville et une distance tampon radiale. Cette méthode suppose que l’hôtel de ville se trouve au cœur d’une ville et que le secteur l’entourant est représentatif d’un quartier du centre-ville. Dans certains cas, cette hypothèse est valable. Or, dans de nombreuses villes, l’emplacement de l’hôtel de ville ne correspond pas à des zones présentant des caractéristiques types d’un quartier du centre-ville.

En plus du risque de désalignement spatial de l’hôtel de ville et des quartiers du centre-ville, les zones tampons radiales ne peuvent pas délimiter efficacement les formes irrégulières des quartiers du centre-ville. Comme les centres-villes sont souvent confinés par des caractéristiques physiques comme des routes importantes, des plans d’eau et des caractéristiques topographiques, les effets de confinement de ces caractéristiques ne sont pas pris en compte par l’analyse des zones tampons. Ces facteurs représentent des limites strictes pour l’application de cette méthode aux villes canadiennes.

Données de zonage et autres secteurs de planification

Une autre méthode populaire pour délimiter les quartiers du centre-ville aux fins d’analyse des populations urbaines consiste à les définir à partir des règlements de zonage propres à la ville ou d’autres secteurs de planification locaux disponibles dans une ville donnée (Filion 2008; Feit et Feehan 2006). Les règlements de zonage dictent les types d’aménagements qui peuvent être construits dans différents secteurs d’une ville. Les plans de zonage municipaux établissent parfois explicitement les limites des quartiers du centre-ville, permettant de définir clairement ces secteurs. Lorsque des limites explicites ne sont pas définies, ces zones peuvent être déterminées à l’aide des renseignements de zonage des zones se rapprochant des limites des quartiers du centre-ville perçus, selon l’opinion d’experts. La carte 2 présente le zonage global du centre-ville défini par la ville de Vancouver (Ville de Vancouver 2020). Remarquez l’écart important entre l’emplacement de ce centre-ville et celui du centre-ville cerné à l’aide de l’analyse de la zone tampon à la carte 1.

Carte 2 Centre-ville selon le règlement de zonage et d'aménagement global

Description de la carte 2

Cette carte présente le centre-ville de Vancouver, selon le plan de zonage. Le centre-ville est identifié en mauve.

Source : Données Ouvertes de la Ville de Vancouver, https://opendata.vancouver.ca/explore/dataset/zoning-districts-and-labels/map/?refine.category=Comprehensive+Development&refine.zone_name=DD&location=14,49.28208,-123.1197

Une des principales limites de cette approche, c’est que les règlements de zonage des villes sont établis par des processus politiques et peuvent donc changer considérablement au fil du temps, en fonction de l’opinion populaire ou de façon stratégique pour des motifs économiques et politiques.

Par exemple, en 1986, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique a rezoné et réaménagé de vastes parcelles de terre pour l’Expo 86, qui font maintenant partie du centre-ville de Vancouver. L’Expo 86 a suscité un intérêt important à l’étranger pour l’aménagement immobilier à Vancouver, ce qui a mené à la vente des terrains de l’Expo détenus par la province à des investisseurs étrangers, en grande partie en raison de motivations politiques et économiques. L’Expo 86 demeure un moment controversé et charnière de l’histoire de Vancouver.

Par conséquent, les données de zonage doivent être interprétées avec soin pour s’assurer que les bonnes zones sont caractérisées comme des quartiers du centre-ville. De plus, le zonage urbain est généralement unique à chaque ville, de sorte qu’on ne peut pas comparer directement les types de zonage entre les villes. Des défis semblables s’appliquent lorsque d’autres secteurs de planification locaux sont utilisés (voir les cartes 3 et 4 pour d’autres exemples à Vancouver (Ville de Vancouver 2020 pour la carte 3; Ville de Vancouver 2020 pour la carte 4).

Carte 3 Le secteur d'aménagement commercial du centre-ville

Description de la carte 3

Cette carte présente le centre-ville de Vancouver, défini par la zone d'amélioration commerciale. Le centre-ville est identifié en mauve.

Source : Données Ouvertes de la Ville de Vancouver, https://opendata.vancouver.ca/explore/dataset/business-improvement-areas-bia/map/?refine.name=Downtown+Vancouver+BIA&location=14,49.28234,-123.11985

Carte 4 Secteur de planification locale du centre-ville

Description de la carte 4

Cette carte présente le centre-ville de Vancouver, défini par la zone de planification locale. Le centre-ville est identifié en mauve.

Source : Données Ouvertes de la Ville de Vancouver, https://opendata.vancouver.ca/explore/dataset/local-area-boundary/map/?refine.name=Downtown&location=13,49.28267,-123.11848

Opinion d’experts

L’opinion d’experts est une autre méthode couramment utilisée pour délimiter les quartiers du centre-ville (Gordon, Hindrichs et Willms 2018; Canadian Urban Institute 2013). Elle consiste à consulter des experts locaux et urbains qui connaissent bien les caractéristiques sociales, culturelles et économiques d’une ville pour cerner les quartiers du centre-ville. Souvent, ces experts s’inspirent de leurs connaissances d’une zone et choisissent des mesures objectives comme la densité de la population, la densité d’emplois et les mesures d’accessibilité pour délimiter les quartiers du centre-ville. À titre d’exemple, on peut voir à la carte 5 que ce centre-ville a été conçu par des experts locaux dans le cadre d’une étude plus vaste sur les quartiers du centre-ville au Canada (Institut urbain du Canada 2013).

Cette méthode peut s’avérer problématique lorsqu’utilisée à grande échelle, puisque l’expertise locale ne mène pas nécessairement à des définitions uniformes à travers le pays. Cette méthode est donc peut-être plus adaptée comme complément à une méthode axée sur les données. 

Carte 5 Centre-ville défini par le jugement d'experts

Description de la carte 5

Cette carte présente le centre-ville de Vancouver, défini par le jugement d'experts. Le centre-ville est identifié en mauve.

Source : Institut Urbain du Canada, https://canurb.org/wp-content/uploads/120523_The-Value-of-Investing-in-Canadian-Downtowns-compressed.pdf

Solution

Malgré l’utilisation répandue des méthodes dont il a été question précédemment, les limites de ces approches présentent des défis pour la délimitation des quartiers du centre-ville des 36 RMR du Canada. En effet, le nombre et la diversité des RMR au Canada exigent une méthode de délimitation des quartiers du centre-ville solide, reproductible et transparente.

Cette étude utilise une version modifiée des méthodes élaborées par Levy et Gilchrist (2014) pour délimiter les quartiers du centre-ville des États-Unis. Levy et Gilchrist ont utilisé des données agrégées sur le nombre d’emplois par secteur de recensement, tirées de la base de données du marché du travail de l’État et du Bureau du recensement des États-Unis, et ont appliqué des statistiques spatiales pour cerner les quartiers du centre-ville à l’échelle des États-Unis selon une méthode normalisée et reproductible.

Données

Unité de dénombrement

Le Recensement de la population du Canada de 2016 a permis d’élaborer une méthodologie, comme celle de Levy et Gilchrist, pour cerner les quartiers du centre-ville. Une modification distincte apportée consistait à analyser les données sur le nombre d’emplois au niveau de l’aire de diffusion (AD) plutôt que du secteur de recensement (SR). Les aires de diffusion ont été choisies parce qu’elles fournissaient des chiffres d’emploi pour une zone plus restreinte que les SR, utilisés par Levy et Gilchrist. Les aires de diffusion conviennent également bien à cette analyse en raison des caractéristiques suivantes :

Les secteurs de recensement ont été pris en considération pour cette analyse, mais ils ont finalement été exclus de l’analyse finale. Dans de nombreuses RMR, les SR étaient trop grands pour représenter fidèlement les quartiers du centre-ville, et ils ont été exclus de l’analyse pour cette raison.

Nombre d’emplois

La principale source de données utilisée par Levy et Gilchrist pour délimiter les quartiers du centre-ville, c’était le nombre d’emplois. Les zones où le nombre d’emplois est élevé par rapport aux autres zones d’une RMR sont souvent associées à des secteurs du centre des affaires ou à des noyaux urbains. Malgré les effets de la décentralisation du travail, les noyaux des villes abritent toujours le plus grand nombre d’emplois dans les villes du Canada lorsqu’on les considère au niveau de la RMR.

Dans le recensement canadien, les données sur le nombre d’emplois peuvent être obtenues à partir de la variable de l’aire de diffusion du lieu de travailNote . Ces renseignements sont fournis directement par les répondants au recensement (question 42 du Recensement de 2016). L’aire de diffusion du lieu de travail se divise en quatre catégories : A travaillé à domicile (y compris les fermes), A travaillé à l’extérieur du Canada, Sans adresse de travail fixe et Adresse de travail habituelle. Dans le contexte de cette étude, le nombre d’emplois est calculé comme la somme des répondants au recensement qui ont déclaré une adresse de travail précise ou qui ont travaillé à domicile. Cette décision a été prise pour saisir les effets de l’évolution des cultures du travail, caractérisée par un plus grand nombre de personnes qui travaillent à domicile ou exploitent des entreprises à domicile, et pour saisir les personnes qui participent à l’économie des petits boulots. Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, la capacité à localiser travailleurs à la maison sera encore plus pertinent dans le cadre de futurs ajustements à cette géographie. En incluant le nombre d’emplois des personnes ayant une adresse de travail précise ou travaillant à domicile, cette méthode rend compte de formes de travail plus solides qui peuvent varier spatialement dans une ville. Les personnes qui n’ont déclaré aucune adresse de travail fixe ont été exclues de cette étude, car leur lieu de travail n’a pas été déclaré.

Méthodes

Transformation du nombre d’emplois

Le nombre total d’emplois, calculé à partir de la variable du lieu de travail, est représenté comme le nombre total d’emplois dans une AD. Les quartiers du centre-ville ne peuvent pas être définis directement à partir de ces données, car le nombre d’emplois dépend de la superficie. Les grandes AD peuvent avoir un nombre d’emplois plus élevé que les petites AD en raison de leur différence de superficie. Lorsqu’une variable dépend de la superficie, il est impossible de comparer directement les observations provenant de zones de tailles différentes.

En outre, les limites strictes des AD présentent la répartition spatiale des emplois comme un processus spatial discret plutôt que continu. C’est trompeur, car en réalité, la répartition spatiale des emplois n’est pas homogène à l’intérieur des AD ou restreinte par les limites d’une AD. La répartition spatiale des emplois serait mieux représentée comme un processus spatial continu lorsqu’on la considère au niveau des RMR.

Pour régler ces problèmes, le nombre total d’emplois pour chaque AD a été redistribué en un nombre de points égal au nombre total d’emplois dans chaque AD, comme l’illustre la carte 6. Lorsque le nombre d’emplois est indiqué dans une AD, l’information au sujet des processus spatiaux qui déterminent la répartition des emplois est perdue. Par conséquent, lorsque le nombre d’emplois est redistribué comme des points représentant les emplois, les points sont attribués au hasard dans les AD. Même si les points ne représentent peut-être pas l’emplacement réel des emplois, ils permettent l’établissement d’une surface de densité d’emplois continue qui représente la répartition spatiale des emplois dans une RMR. Pour ce faire, on a réalisé une estimation de la densité par noyau à partir de points dans chaque RMR.

Carte 6 Comptes des emplois selon une distribution de points

Description de la carte 6

Cette carte présente des points aléatoires équivalents au compte d'emplois à l'intérieur de chaque aire de diffusion de Vancouver. Notez que 1 point représente 50 emplois, pour faciliter la démonstration.

Estimation de la densité par noyau

Une estimation par noyau de la densité spatiale est une méthode statistique utilisée pour calculer une surface de densité, à partir d’observations ponctuelles, d’un processus spatial. On a choisi l’estimation par noyau de la densité plutôt que d’autres techniques d’estimation spatiale parce qu’elle est facile à mettre en œuvre. L’estimation par noyau nécessite trois intrants : des observations ponctuelles d’un processus spatial, une fonction de noyau avec une largeur de bande ou un rayon de recherche précis et une grille de cellules sur laquelle des estimations sont attribuées. La figure 1 présente un exemple de la façon dont la surface de densité est calculée.

Figure 1 Estimation spatiale par densité de noyau

Description de la figure 1

Diagramme schématique d'une estimation spatiale par densité de noyau. 1 : Observations de points d'un procédé spatial dans une zone donnée. 2 : Les estimations par densité de noyaux sont faites pour chaque emplacement (X, Y), pour toutes les observations à l'intérieur du paramètre de lissage (h), utilisant la fonction de noyau (K). Les estimations du procédé spatial sont faites pour chaque emplacement dans la zone, incluant les zones sans points d'observation.

La première étape consiste à sélectionner une fonction de noyau et une largeur de bande. Les fonctions de noyaux courantes sont « uniforme », « gaussienne » et « quadratique ». Elles dictent la pondération des observations ponctuelles lorsqu’elles sont rencontrées par la fenêtre. Pour cette analyse, on a utilisé une fonction de noyau quadratique, voir l’équation 1.

Équation 1 :

Densité= 1 ( largeur de bande ) 2 i=1 n [ 3 π  . ( 1 ( dis t i largeur de bande ) 2 ) 2 ] MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbwvMCKf MBHbqedmvETj2BSbqefm0B1jxALjhiov2DaerbuLwBLnhiov2DGi1B TfMBaebbnrfifHhDYfgasaacH8srps0lbbf9q8WrFfeuY=Hhbbf9v8 qqaqFj0xc9pk0xbba9q8WqFfea0=yr0RYxir=Jbba9q8aq0=yq=He9 q8qqQ8frFve9Fve9Ff0dmeGabaqaciGacaGaaeqabaWaaqaafaaake aacaWGebGaamyzaiaad6gacaWGZbGaamyAaiaadshacaWGPdGaeyyp a0ZaaSaaaeaacaaIXaaabaWaaeWaaeaacaqGSbGaaeyyaiaabkhaca qGNbGaaeyzaiaabwhacaqGYbGaaeiiaiaabsgacaqGLbGaaeiiaiaa bkgacaqGHbGaaeOBaiaabsgacaqGLbaacaGLOaGaayzkaaWaaWbaaS qabeaacaaIYaaaaaaakmaaqahabaaaleaacaWGPbGaeyypa0JaaGym aaqaaiaad6gaa0GaeyyeIuoakmaadmaabaWaaSaaaeaacaaIZaaaba GaeqiWdahaaiaac6cadaqadaqaaiaaigdacqGHsisldaqadaqaamaa laaabaGaamizaiaadMgacaWGZbGaamiDamaaBaaaleaacaWGPbaabe aaaOqaaiaabYgacaqGHbGaaeOCaiaabEgacaqGLbGaaeyDaiaabkha caqGGaGaaeizaiaabwgacaqGGaGaaeOyaiaabggacaqGUbGaaeizai aabwgaaaaacaGLOaGaayzkaaWaaWbaaSqabeaacaaIYaaaaaGccaGL OaGaayzkaaWaaWbaaSqabeaacaaIYaaaaaGccaGLBbGaayzxaaaaaa@76F5@ Pourdis t i < largeur de bande MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaebbnrfifHhDYfgasaacH8srps0l bbf9q8WrFfeuY=Hhbbf9v8qqaqFr0xc9pk0xbba9q8WqFfea0=yr0R Yxir=Jbba9q8aq0=yq=He9q8qqQ8frFve9Fve9Ff0dmeaabaqaaiaa caGaaeqabaWaaeaadaaakeaaqaaaaaaaaaWdbiaadAeacaWGVbGaam OCaiaaysW7caWGKbGaamyAaiaadohacaWG0bWdamaaBaaaleaapeGa amyAaaWdaeqaaOWdbiabgYda8iaabccacaWGIbGaamyyaiaad6gaca WGKbGaam4DaiaadMgacaWGKbGaamiDaiaadIgaaaa@454E@

où :

i = 1 à n représente le nombre de personnes dans la largeur de bande.
largeur de bande correspond au rayon de recherche sélectionné pour le noyau.
disti représente la distance entre le point i et l’emplacement (X,Y) de la fenêtre.

La largeur de bande de recherche du noyau détermine la superficie que le noyau utilisera pour calculer les estimations de la densité. Elle est fondée sur l’unité linéaire associée à la projection des données ponctuelles. Une grande largeur de bande produit des surfaces plus lisses et plus généralisées, tandis qu’une petite largeur de bande crée des surfaces de densité qui maintiennent la variabilité locale et sont moins généralisées. Pour cette étude, les largeurs de bande ont été établies pour chaque RMR en fonction de la répartition spatiale des points représentant les lieux de travail, selon la règle de Silverman. On a procédé ainsi pour assurer qu’un niveau approprié de variabilité a été modélisé pour chaque RMR.

Enfin, la taille de la cellule de sortie doit être précisée. Dans cette étude, on a choisi une cellule de sortie de 10 mètres pour assurer l’uniformité entre les RMR et obtenir des estimations spatiales précises de la densité d’emplois. Le résultat final des estimations par noyau de la densité, c’est une surface de densité d’emplois représentant le nombre estimatif d’emplois par kilomètre carré pour une RMR donnée. La surface de densité d’emplois est constituée d’une grille de cellules de 10 mètres sur 10 mètres couvrant l’ensemble de la RMR, où chaque cellule de la grille contient une estimation de la densité d’emplois. La carte 7 présente un sous-ensemble de la surface de densité calculée pour Vancouver.

Carte 7 Densité de surface d'emplois

Description de la carte 7

Surface de densité d'emplois, calculée à partir des estimations par densité de noyau, superposée avec les points représentant les emplois. Les zones à forte densité d'emplois sont présentées en mauve brillant, jusqu'au bleu clair pour les zones à faible densité d'emploi. Chaque point gris représente 50 emplois.

Classification

Une fois que le nombre d’emplois a été transformé en un processus indépendant et continu sur le plan spatial, on a pu déterminer les zones où la densité d’emplois était élevée. Les zones à forte densité d’emplois ont été déterminées à partir de la surface de densité en la classant en 10 groupes, au moyen d’une classification par intervalles égaux. En classant les données par intervalles égaux, on peut facilement déterminer les zones à forte densité d’emplois. On a choisi une classification par intervalles égaux parce que le nombre d’emplois affiche une distribution quasi-log-normale dans toutes les RMR du Canada. La plupart des AD dans une RMR affichent un nombre relativement faible d’emplois, tandis que très peu affichent un nombre très élevé d’emplois.

Pour tenir compte de la grande variabilité du nombre d’emplois dans les RMR du Canada, chaque RMR a été classée dans l’un de trois groupes en fonction du nombre d’emplois dans cette RMR. Ces groupes ont été utilisés pour attribuer le nombre de catégories qui représentent le noyau du centre-ville à partir des surfaces de densité d’emplois.

Pour les RMR qui comptent cinq cent mille emplois ou plus, on a utilisé les six principales catégories pour cerner le noyau du centre-ville. Pour les RMR qui comptent de cent mille à cinq cent mille emplois, les quatre catégories supérieures ont été utilisées pour cerner le noyau du centre-ville. Pour les RMR qui comptent moins de cent mille emplois, les deux catégories supérieures ont été utilisées pour cerner le noyau du centre-ville. Ces catégories représentent des seuils de densité d’emplois qui peuvent être utilisés pour cerner le noyau du centre-ville principal dans chaque RMR. La sélection des catégories était fondée sur des observations empiriques de toutes les RMR.

Sélection du noyau du centre-ville

En raison de la variabilité spatiale de la densité d’emplois dans une RMR, plusieurs zones peuvent respecter les seuils de densité d’emplois définis par la classification à intervalles égaux. Pour déterminer les zones qui représentent le noyau du centre-ville principal de chaque RMR, on a appliqué une série de règles supplémentaires :

  1. Lorsqu’il existe une seule zone qui respecte le seuil, on le désigne comme le noyau du centre-ville;
  2. Lorsqu’il existe une grande zone multilobée, on exclut les zones qui comprennent des établissements institutionnels (universités et hôpitaux) et on choisit le lobe qui contient les AD contiguës ayant le plus grand nombre total d’emplois;
  3. Lorsqu’il existe deux zones ou plus, on exclut les zones qui comprennent des établissements institutionnels (universités et hôpitaux) et on choisit la zone où le nombre total d’emplois est le plus élevé (selon le nombre d’emplois des AD dans chaque zone). De plus, si les zones sont contenues dans deux SDR différentes, on choisit la zone qui se trouve dans la SDR ayant la population la plus importante. À titre d’exemple, mentionnons Kitchener–Waterloo–Cambridge (le plus grand nombre d’emplois dans le noyau du centre-ville et la population la plus nombreuse selon la SDR), St. Catharines–Niagara (moins d’emplois dans le noyau du centre-ville, mais une population plus nombreuse dans la SDR) et Belleville (la zone où il y a le plus d’emplois).

Une fois qu’une zone représentative du noyau du centre-ville a été désignée, la prochaine étape consiste à déterminer quelles AD forment cette zone. Pour atténuer les effets des différentes formes et tailles des AD, le centroïde géométrique de chaque AD est calculé et recoupé avec la zone représentant le noyau du centre-ville. Seules les AD dont le centroïde géométrique se trouve dans le noyau du centre-ville sont considérées comme des constituants du noyau du centre-ville. La carte 8 montre la zone qui représente le noyau du centre-ville et qui est dérivée de la surface de densité ainsi que des AD qui constituent le noyau du centre-ville.

Carte 8 Le noyau du centre-ville

Description de la carte 8

Le noyau du centre-ville identifié par l'estimation par densité de noyau (mauve) et les aires de diffusion (AD) comprises dans le noyau du centre-ville (contour mauve). Les centroÏdes des AD sont représentés par les points gris.

Exceptions de sélection du noyau du centre-ville

La méthode décrite ci-dessus a permis de déterminer efficacement le principal centre-ville de la majorité des RMR. Elle a été légèrement modifiée pour tenir compte de certaines RMR qui étaient incompatibles avec cette méthode.

Pour les RMR dont le nombre d’emplois est plus faible et dont une proportion élevée de la main-d’œuvre travaille dans les hôpitaux, le seuil pour le noyau du centre-ville a été élargi pour inclure des régions autres que l’AD qui comporte l’hôpital. Dans ces villes, les zones qui rencontraient le seuil de la densité de noyau ne comprenaient que l’AD qui comporte l’hôpital. Cela enfreint les règles ii et iii décrites dans la section Sélection du noyau du centre-ville. Ce rajustement a été appliqué à Trois-Rivières, à Chilliwack et à Nanaimo, où on a augmenté la ligne de démarcation des deux premières catégories de la surface de densité aux trois premières à Trois-Rivières et à Chilliwack et aux quatre premières à Nanaimo.

Une modification de la méthode a également été appliquée à Québec. Le noyau du centre-ville tel qu’identifié à partir de la surface de densité était assez grand et comportait deux lobes. Un lobe coïncidait principalement avec le Vieux-Québec et l’autre coïncidait avec les édifices de l’Assemblée nationale du Québec. Un centre-ville a été choisi conformément à la règle ii de sélection du noyau du centre-ville, qui s’harmonisait avec le centre-ville historique. Au cours des consultations, des représentants de la Ville de Québec ont demandé de désigner des AD précises du centre-ville historique et des édifices de l’Assemblée nationale comme le noyau du centre-ville et d’établir ce centre-ville autour de ces AD.

Enfin, cette méthode n’a pas permis de déterminer un noyau du centre-ville approprié à Red Deer, de sorte qu’il a été choisi manuellement. L’AD comportant le secteur du centre des affaires est vaste, ce qui signifie qu’elle a une densité d’emplois relativement faible malgré le nombre élevé d’emplois. Par conséquent, l’estimation de la densité n’a pas établi ce secteur comme un noyau du centre-ville potentiel. À Red Deer, comme à Trois-Rivières, à Chilliwack et à Nanaimo, une grande proportion de la main-d’œuvre travaille à l’hôpital. L’AD comportant l’hôpital domine la surface de densité, ce qui empêche effectivement de cerner le noyau du centre-ville « traditionnel ». Le noyau du centre-ville présenté à l’annexe pour Red Deer a été sélectionné manuellement en fonction du nombre d’emplois dans l’AD et de la présence de caractéristiques habituellement associées à un centre-ville, comme des bâtiments historiques, des aménagements mixtes et des bâtiments administratifs.

Analyse des zones tampons

En plus du noyau du centre-ville, Levy et Gilchrist (2014) ont également inclus dans leur définition du centre-ville les secteurs de recensement se trouvant à l’intérieur d’une zone tampon d’une distance d’un mille autour du noyau du centre-ville. L’objectif était d’inclure plus de secteurs résidentiels dans le centre-ville plutôt que de le limiter à la zone à vocation commerciale. Dans cette analyse, une zone tampon d’un kilomètre plutôt que d’un mille a été appliquée autour des AD formant le noyau du centre-ville. Cette décision est fondée sur une analyse des temps de marche déclarés par les Canadiens dans le Recensement de 2016. La majorité des Canadiens qui ont indiqué qu’ils se rendaient normalement au travail à pied marchaient habituellement pendant 25 minutes (voir le graphique 1).

Chart 1 Répartition de la durée de marche rapportée par les Canadiens qui marchent la plupart du temps pour se rendre au travail (2016)

Tableau de données du graphique 1

Distribution de la durée de marche rapportée par les Canadiens qui marchent la plupart du temps pour se rendre au travail. Le seuil de 25 minutes est identifié en rouge, la distribution approximative des durées de marche en gris et les réponses de la base de données en bleu.


Graphique 1
Répartition de la durée de marche rapportée par les Canadiens qui marchent la plupart du temps pour se rendre au travail (2016)
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Répartition de la durée de marche rapportée par les Canadiens qui marchent la plupart du temps pour se rendre au travail (2016). Les données sont présentées selon Durée de marche en minutes (titres de rangée) et Distribution des réponses au sondage et Distribution approximative, calculées selon nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Durée de marche en minutes Distribution des réponses au sondage Distribution approximative
nombre
1 30 115 22 796
2 26 872 32 495
3 14 465 41 734
4 5 121 50 459
5 108 600 58 634
6 4 564 66 238
7 14 929 73 300
8 10 432 79 892
9 1 092 85 843
10 130 692 91 157
11 789 95 944
12 9 491 100 128
13 1 796 103 633
14 637 106 847
15 121 575 110 120
16 565 113 166
17 1 938 115 693
18 1 782 117 413
19 168 118 036
20 83 191 117 242
21 132 114 356
22 1 223 109 731
23 550 104 076
24 210 98 099
25 31 240 92 506
26 153 88 006
27 215 84 697
28 222 80 291
29 55 74 915
30 48 051 69 066
31 23 63 240
32 135 57 936
33 79 53 649
34 36 50 089
35 8 530 46 258
36 46 42 304
37 95 38 393
38 117 34 691
39 12 31 364
40 9 559 28 573
41 22 26 132
42 41 23 883
43 42 21 815
44 16 19 913
45 10 581 18 166
46 21 16 561
47 29 15 112
48 17 13 957
49 5 13 033
50 2 089 12 240
51 16 11 478
52 14 10 647
53 8 9 647
54 10 8 509
55 534 7 464
56 17 6 513
57 10 5 644
58 8 4 110
59 4 173 3 424
60 10 2 804
61 4 2 266
62 6 1 429
63 168 1 129
64 6 1 435
65 168 1 603

Une zone tampon représentant des déplacements à pied de 25 minutes est à peu près égale à une zone tampon radiale d’un kilomètre et donc, par souci de simplicité, une zone tampon radiale d’un kilomètre a été appliquée. Les aires de diffusion dont le centroïde se trouvait dans la zone tampon d’un kilomètre du noyau du centre-ville sont considérées comme des constituants du centre-ville (voir la carte 9).

Carte 9 Zone tampon de 1 km autour du noyau du centre-ville

Description de la carte 9

Zone tampon de 1 km autour des aires de diffusion (AD) du noyau du centre-ville (mauve clair) et AD dont le centroïde est à l'intérieur de la zone tampon (contour mauve). Les centroÏdes des AD sont représentés par les points gris.

Ces deux régions, le noyau du centre-ville et les AD dans les zones tampons d’un kilomètre l’entourant, représentent le quartier du centre-ville. La carte 10 illustre en exemple le quartier du centre-ville de Vancouver. Ces étapes ont été appliquées à toutes les RMR du Canada ainsi qu’aux cinq plus grandes AR pour délimiter le centre-ville de chacune de ces régions.

Carte 10 Centre-ville de Vancouver (provisoire)

Description de la carte 10

Aires de diffusion (AD) du centre-ville de Vancouver, incluant les AD du noyau et celles de la zone tampon, identifiées en mauve clair avec un contour mauve foncé.

Consultations

Une fois que les limites préliminaires du centre-ville ont été établies, des représentants de chaque municipalité comprenant un centre-ville ont été consultés. Ces consultations ont été menées en collaboration avec le centre de géomatique statistique et avec les bureaux régionaux de Statistique Canada.

Les municipalités ont reçu une carte du centre-ville et une liste des AD qui le constituent. Les municipalités ont eu deux mois pour présenter des commentaires écrits demandant des changements aux limites préliminaires du centre-ville. D’autres réunions ont été organisées avec des représentants des municipalités centrales pour les six plus grandes RMR afin de présenter le projet et de recevoir des commentaires directs sur les limites préliminaires. Toutes les autres municipalités ont été invitées à participer à des réunions si elles souhaitaient clarifier certains aspects du projet et de notre méthodologie.

Au cours des consultations, 30 des 41 municipalités visées par ce projet ont renvoyé des commentaires et des représentants de neuf municipalités ont été rencontrés individuellement. De surcroît, des rencontres individuelles ont été organisées avec neuf de ces municipalités. Les coordonnateurs statistiques provinciaux et territoriaux ont également été consultés. Ces commentaires et ces discussions ont permis d’élaborer des règles supplémentaires pour améliorer la méthodologie et contribué à valider les limites préliminaires. Des modifications ont été apportées à bon nombre des limites des centres-villes en fonction des commentaires reçus directement au cours des consultations.

Règles supplémentaires

Bien que chaque municipalité n’ait fourni des commentaires que pour son propre centre-ville, les commentaires reçus permettent de formuler des règles s'appliquant à chaque centre-ville. Deux règles ont été ajoutées à notre méthodologie pour évaluer l’adéquation des limites préliminaires des centres-villes générées par la méthodologie originale :

  1. Veiller à ce que les limites du centre-ville respectent les importants obstacles d’origine humaine, comme les grands axes routiers, les chemins de fer ou les murs qui délimitent le centre-ville. Retirer les AD qui chevauchent ou s’étendent au-delà de ces caractéristiques. Si nécessaire, ajouter des AD au centre-ville pour s’approcher de ces obstacles. Par exemple, l’autoroute 417 constitue la limite sud du centre-ville d’Ottawa;
  2. Veiller à ce que les limites du centre-ville respectent les obstacles naturels importants comme les rivières, les plans d’eau, les falaises et les escarpements. Retirer les AD qui chevauchent ou s’étendent au-delà de ces caractéristiques. Si nécessaire, ajouter des AD au centre-ville pour s’approcher de ces obstacles. Par exemple, l’escarpement du Niagara constitue une limite naturelle du côté sud du centre-ville de Hamilton.

Ces règles ont été appliquées à tous les centres-villes, le cas échéant. Les limites du centre-ville des municipalités qui n’ont pas soumis de commentaires ont été modifiées en fonction de ces règles.

Rajustements finaux

Les limites du centre-ville sont établies à partir des AD du Recensement de 2016. Certaines AD sont mises à jour à chaque recensement pour tenir compte de la croissance de la population. Pour veiller à ce que les limites des centres-villes correspondent aux AD de 2021, des modifications y ont été apportées pour tenir compte des changements apportés aux limites des AD de 2016.

Villes supplémentaires

Au cours de l’étape de consultation de ce projet, les participants ont manifesté de l’intérêt pour l’élargissement de sa portée afin de délimiter les centres-villes des SDR qui ne sont pas les SDR centrales d’une RMR, mais qui ont une population et un nombre d’emplois importants. En fonction de ces commentaires, il a été convenu d’élargir le projet pour inclure le centre-ville des SDR ayant une population de plus de cent mille et plus de cinquante mille emplois. Les centres-villes ont été délimités selon la même méthodologie décrite ci-dessus, avec quelques modifications mineuresNote  , et une série de consultations distinctes a été menée. Quatorze autres centres-villes ont été désignés comme des villes admissibles dans le cadre de cette expansionNote  .

Résultats

Aux fins du présent document, des cartes délimitant le centre-ville de chaque RMR et des cinq plus grandes AR ont été créées (annexe). La carte 11 présente le centre-ville de Vancouver en exemple.

Carte 11 Centre-ville de Vancouver (final)

Description de la carte 11

Centre-ville de Vancouver, identifié en mauve clair avec un contour mauve foncé.

Au total, 1 711 AD ont été sélectionnées pour former les centres-villes. Le nombre total d’AD est plus élevé dans les trois plus grandes RMR, Toronto en ayant le plus grand nombre (228) et Lethbridge et Nanaimo le moins grand nombre (9) (voir le tableau 1).

La superficie des centres-villes est étroitement corrélée au nombre d’AD, avec quelques valeurs aberrantes. Le centre-ville de Vancouver, par exemple, a l’un des nombres les plus élevés d’AD (130), mais un centre-ville relativement petit selon la superficie (6,2 km2), ce qui est attribuable aux densités de population élevées observées au centre-ville de Vancouver.

Enfin, le nombre de personnes qui travaillent au centre-ville est proportionnel à la taille de la RMR, atteignant 503 577 au centre-ville de Toronto. La proportion de travailleurs de la RMR qui travaillent au centre-ville est relativement constante dans les RMR, avec une médiane de 17 % et une variation de 6 % à St. Catharines à 37 % à Red Deer.


Tableau 1
Nombre d'AD, population, nombre d'emplois et superficie des centres-villes et pourcentage des RMR et AR respectives, selon le Recensement de 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Nombre d'AD. Les données sont présentées selon Nom
du centre-ville (titres de rangée) et Centre-ville, Proportion de la RMR/AR, AD, Population, Emplois et Superficie, calculées selon nombre, km et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nom
du centre-ville
Centre-ville Proportion de la RMR/AR
AD Population Emplois Superficie Population Emplois Superficie
nombre km2 pourcentage
St. John's 21 9 431 12 310 3,0 4,6 13,1 0,4
Halifax 32 20 267 48 295 4,1 5,0 24,8 0,1
Moncton 17 7 837 15 125 6,1 5,4 21,3 0,2
Saint John 17 7 552 11 670 2,4 6,0 21,8 0,1
Fredericton 22 11 007 12 690 6,5 10,8 28,0 0,1
Saguenay 14 6 349 10 745 3,3 3,9 16,0 0,1
Québec 52 29 788 54 405 5,2 3,7 13,6 0,2
Sherbrooke 25 12 427 15 495 4,7 5,9 16,7 0,3
Trois-Rivières 18 7 858 7 940 2,0 5,0 11,9 0,2
Montréal 115 88 169 299 245 13,2 2,2 15,8 0,3
Gatineau 21 9 877 33 930 3,9 3,0 27,8 0,1
Ottawa 106 62 725 124 865 9,7 6,3 24,0 0,3
Kingston 18 8 288 19 455 2,6 5,1 25,7 0,1
Belleville 25 12 340 5 865 5,2 11,9 12,3 0,4
Peterborough 30 15 948 12 830 5,8 13,1 25,2 0,4
Oshawa 31 16 055 13 470 4,9 4,2 11,5 0,5
Toronto 228 237 698 503 575 16,6 4,0 18,1 0,3
Hamilton 89 48 510 38 055 7,7 6,5 12,7 0,6
St. Catharines 27 14 442 9 855 4,3 3,6 6,3 0,3
Kitchener 49 27 092 21 100 8,0 5,2 8,6 0,7
Brantford 22 11 134 5 890 3,7 8,3 11,2 0,3
Guelph 25 13 497 9 425 4,6 8,9 11,3 0,8
London 40 23 220 35 750 7,3 4,7 16,6 0,3
Windsor 24 11 633 13 145 2,5 3,5 9,8 0,2
Barrie 28 13 343 9 745 5,8 6,8 13,3 0,6
Sudbury 23 12 590 10 465 6,8 7,6 14,8 0,2
Thunder Bay 24 10 818 4 430 3,7 8,9 8,6 0,1
Winnipeg 64 42 394 70 870 7,3 5,4 19,5 0,1
Regina 34 18 520 41 090 8,2 7,8 35,2 0,2
Saskatoon 26 12 101 26 610 5,2 4,1 19,5 0,1
Lethbridge 9 4 862 9 605 3,5 4,1 18,5 0,1
Calgary 52 38 663 137 030 6,0 2,8 21,4 0,1
Red Deer 15 8 247 16 750 4,9 8,2 36,5 4,6
Edmonton 84 55 997 92 735 11,5 4,2 15,7 0,1
Kelowna 19 13 415 15 235 5,1 6,9 19,1 0,2
Kamloops 10 5 685 8 400 3,0 5,5 19,0 0,1
Chilliwack 22 11 996 5 700 3,7 11,8 17,3 0,3
Abbotsford 33 24 272 14 135 6,6 13,4 22,6 1,1
Vancouver 130 113 516 163 695 6,2 4,6 14,7 0,2
Victoria 61 40 681 48 345 8,1 11,1 29,0 1,2
Nanaimo 9 5 204 5 900 2,7 5,0 14,2 0,2

Conclusion

Il y a un intérêt croissant pour l’analyse axée sur les petites régions urbaines comme les centres-villes. La pandémie de COVID-19 a possiblement accru la nécessité de mesurer et de comprendre les potentielles migrations entre les centres-villes et les banlieues, ou vers des zones adjacentes des centres urbains. Dans ce contexte, il devient essentiel d’élaborer des définitions qui peuvent être appliquées à un grand nombre d’agglomérations et de déterminer les limites géographiques de ces régions. Il est à souhaiter que la méthodologie et les cartes présentées dans cet article constituent un pas dans la bonne direction. Ces limites fournissent une région géographique ciblée, qui convient à l’analyse intra-urbaine, ce qui n’est actuellement pas possible en utilisant les régions existantes fournies dans la Classification géographique type. Il est prévu de réviser ces régions géographiques à chaque cinq ans, pour tenir compte des plus récentes informations des recensements, mais la révision de 2021 sera gardée constante, pour assurer les comparaisons historiques. 

Cette méthodologie réussit à bien des égards. Elle peut s’appliquer à la plupart des régions urbaines du Canada. De plus, les recensements canadiens sont des sources de données très prisées et largement utilisées dans plusieurs domaines d’études. En outre, plusieurs autres variables des recensements, comme l’âge, le sexe, l’état matrimonial ou le revenu, peuvent facilement être ajoutées aux analyses futures. Malgré le fait que les centres-villes finissent par avoir une superficie semblable, le nombre de travailleurs est proportionnel à la population des RMR. Il y a quelques éléments subjectifs inhérents à la méthodologie, mais comme elle a donné lieu à la création de cartes qui représentent très bien les centres-villes canadiens, du moins d’un point de vue empirique, nous avons confiance dans les choix qui ont été faits.

L’aspect le plus intéressant de cette méthode est peut-être qu’elle aide à redéfinir et à délimiter chaque partie des agglomérations urbaines, selon leurs caractéristiques et usages réels, sans être restreinte par les limites administratives. Cela s’inscrit dans un mouvement plus vaste relativement à l’analyse spatiale et visant à créer des entités géographiques qui reflètent les données. En effet, « bien que la démographie traditionnelle ait examiné les classifications de jure des lieux (secteurs de recensement, etc.), les démographes se rendent de plus en plus compte que les limites juridiques et politiques ont souvent peu à voir avec les espaces réels » (Matthews et Parker 2013). Si l’on ajoute à cela le fait qu’une proportion toujours croissante de Canadiens vit dans des régions urbaines, il faut réellement repenser la façon dont les villes sont interprétées.

Annexe

Début de l'encadré

Note aux lecteurs

Cet article présente les limites des centres-villes sur la base des aires de diffusion (AD) de la Classification géographique type (CGT) 2016. Les fichiers de correspondance et les fichiers de forme (shapefiles) pour tous les centres-villes primaires et secondaires sont disponibles sur demande en contactant le service à la clientèle de la démographie (statcan.demography-demographie.statcan@canada.ca). Les limites pourraient être révisées lorsque les AD de la CGT 2021 seront finalisées.

Fin de l'encadré

Carte A1. Centre-ville de St. John's (PDF) Description

Carte A2. Centre-ville de Halifax (PDF) Description

Carte A3. Centre-ville de Moncton (PDF) Description

Carte A4. Centre-ville de Saint John (PDF) Description

Carte A5. Centre-ville de Fredericton (PDF) Description

Carte A6. Centre-ville de Saguenay (PDF) Description

Carte A7. Centre-ville de Québec (PDF) Description

Carte A8. Centre-ville de Sherbrooke (PDF) Description

Carte A9. Centre-ville de Trois-Rivières (PDF) Description

Carte A10. Centre-ville de Montréal (PDF) Description

Carte A11. Centre-ville de Gatineau (PDF) Description

Carte A12. Centre-ville d'Ottawa (PDF) Description

Carte A13. Centre-ville de Kingston (PDF) Description

Carte A14. Centre-ville de Belleville (PDF) Description

Carte A15. Centre-ville de Peterborough (PDF) Description

Carte A16. Centre-ville d'Oshawa (PDF) Description

Carte A17. Centre-ville de Toronto (PDF) Description

Carte A18. Centre-ville de Hamilton (PDF) Description

Carte A19. Centre-ville de St. Catharines (PDF) Description

Carte A20. Centre-ville de Kitchener (PDF) Description

Carte A21. Centre-ville de Brantford (PDF) Description

Carte A22. Centre-ville de Guelph (PDF) Description

Carte A23. Centre-ville de London (PDF) Description

Carte A24. Centre-ville de Windsor (PDF) Description

Carte A25. Centre-ville de Barrie (PDF) Description

Carte A26. Centre-ville de Sudbury (PDF) Description

Carte A27. Centre-ville de Thunder Bay (PDF) Description

Carte A28. Centre-ville de Winnipeg (PDF) Description

Carte A29. Centre-ville de Regina (PDF) Description

Carte A30. Centre-ville de Saskatoon (PDF) Description

Carte A31. Centre-ville de Lethbridge (PDF) Description

Carte A32. Centre-ville de Calgary (PDF) Description

Carte A33. Centre-ville de Red Deer (PDF) Description

Carte A34. Centre-ville d'Edmonton (PDF) Description

Carte A35. Centre-ville de Kelowna (PDF) Description

Carte A36. Centre-ville de Kamloops (PDF) Description

Carte A37. Centre-ville de Chilliwack (PDF) Description

Carte A38. Centre-ville d'Abbotsford (PDF) Description

Carte A39. Centre-ville de Vancouver (PDF) Description

Carte A40. Centre-ville de Victoria (PDF) Description

Carte A41. Centre-ville de Nanaimo (PDF) Description

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