Enquête auprès des peuples autochtones
Participation des Inuits à l’économie basée à la fois sur les salaires et les ressources dans l'Inuit Nunangat

par Paula Arriagada et Amanda Bleakney

Date de diffusion : le 13 juin 2019

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Introduction

Les Inuits sont les premiers habitants de la région de l’Arctique en Amérique du Nord. Au Canada, les communautés inuites s’étendent de la région la plus à l’ouest de l’Arctique à la côte est de Terre-Neuve-et-Labrador depuis d’innombrables générations. Cette région, appelée Inuit Nunangat, comprend les communautés situées dans les quatre régions inuites : le Nunatsiavut (la côte nord du Labrador), le Nunavik (le Nord du Québec), le territoire du Nunavut ainsi que la région inuvialuite (les Territoires du Nord-Ouest)Note .

En 2016, on comptait 65 025 Inuits au Canada, et près des trois quarts (73 %) d’entre eux vivaient dans l’Inuit Nunangat. Selon le recensement, la population inuite a augmenté de 29 % de 2006 à 2016. Au sein de l’Inuit Nunangat, la population inuite a connu une croissance de 20 % par rapport à celle vivant à l’extérieur de l’Inuit Nunangat, où elle a progressé de 62 %. La croissance rapide de la population inuite devrait se poursuivre. Selon tous les scénarios qui découlent des projections démographiques les plus récentes concernant les Autochtones, la population inuite totale pourrait se chiffrer entre 86 000 et 95 000 personnes d’ici 2036, tandis que le nombre d’Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat pourrait atteindre entre 64 000 et 72 000 (Morency et autres, 2015).

La population inuite est également jeune, l’âge moyen étant de 27,7 ans, ce qui est nettement inférieur à celui de la population non autochtone (40,9 ans). En 2016, l’âge moyen des Inuits de l’Inuit Nunangat était encore plus bas, soit 26,4 ans, par rapport à 31,2 ans chez les Inuits vivant à l’extérieur de l’Inuit Nunangat. Au fur et à mesure que cette jeune population avance en âge et fait son entrée sur le marché du travail, de nombreuses répercussions se font sentir concernant les débouchés d’emploi et la nécessité d’une croissance économique dans l’Inuit Nunangat au cours des décennies qui viennent (Palesch, 2016).

Les recherches ont démontré que les Inuits, ainsi que les Métis et les Premières Nations, ont connu des disparités importantes sur le marché du travail. Ces inégalités se traduisent par un plus faible taux d’emploi et de plus bas taux d’activité, ainsi que par un taux plus élevé de chômage comparativement à la population non autochtone (Moyser, 2017; Pendakur et Pendakur, 2011; Wilson et MacDonald, 2010; Bernier, 1997).

Par ailleurs, les recherches existantes ont fait ressortir de nombreux facteurs liés aux résultats moins favorables des Inuits sur le marché du travail. Ces facteurs comprennent un niveau de scolarité inférieur, la formation insuffisante, la plus grande mobilité géographique, ainsi que la faiblesse des infrastructures dans les communautés pour ce qui est de favoriser l’emploi (Palesch, 2016; Pauktuutit Inuit Women of Canada, 2016; Ciceri et Scott, 2006; Conference Board du Canada, 2002). L’accès limité aux études postsecondaires, le manque de logements abordables, l’absence de services de garde et la pénurie d’emplois figurent parmi les autres obstacles à la participation économique qui ont été déterminés (Robertson, 2018; Palesch, 2016; Pauktuutit Inuit Women of Canada, 2016; Thomas, 2016).

Ces indicateurs du marché du travail doivent être pris en compte dans le contexte de l’économie mixte unique qui s’est développée dans l’Inuit Nunangat, où les activités liées aux ressources sont associées à l’économie basée sur les salaires (Inuit Tapiriit Kanatami et Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, 2007). Par exemple, alors que de nombreux Inuits participent à des activités liées aux ressources, d’autres ont dû s’adapter aux pressions croissantes exercées sur la chasse ou la pêche (comme l’augmentation des coûts, les changements climatiques, l’érosion des connaissances et des compétences liées aux ressources et l’évolution des intérêts) et, de ce fait, ils ont dû intégrer l’économie basée sur les salaires (Kumar et autres, 2019; Laidler et autres, 2009). Au même moment, pour bon nombre d’Inuits, la participation à l’économie basée sur les salaires a préséance sur la participation aux activités liées aux ressources. Ce rapport entre l’économie basée sur les salaires et les activités liées aux ressources continuera d’évoluer au fur et à mesure des changements démographiques et de ceux touchant les caractéristiques socioéconomiques des Inuits, ces derniers étant de plus en plus scolarisés et leur population continuant d’avancer en âge (Kumar et autres, 2019). Il est essentiel de comprendre l’économie basée sur les salaires et les activités liées aux ressources chez les Inuits pour élaborer des politiques et des programmes en vue d’augmenter leur participation à ces deux niveaux.

À partir des données de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2017, le présent article porte sur la participation à l’économie basée sur les salaires de même que sur la participation à l’économie axée sur les ressources chez les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat. L’économie axée sur les ressources englobe habituellement des activités comme la chasse, la pêche, le piégeage et la cueillette de plantes sauvages (Inuit Tapiriit Kanatami, 2018; Clinton et Vail, 2008); toutefois, aux fins du présent article, la confection de vêtements et de chaussures, de même que l’artisanat et les œuvres artistiques sont aussi inclus. De plus, l'article porte exclusivement sur l’Inuit Nunangat, étant donné que c’est là où vit la majorité des Inuits, et où se déroule la plupart des activités liées aux ressources chez les Inuits (Robertson, 2018).

De façon plus particulière, la première section de l’article examine la participation à l’économie basée sur les salaires chez les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat, en mettant l’accent sur une ventilation selon la profession et l’industrie. Il est important de noter que, même si dans certains cas des données sur les Inuits âgés de 15 ans et plus peuvent être présentées, la plupart des analyses seront axées sur ceux appartenant au principal groupe d’âge actif (les 25 à 54 ans). L’application de cette restriction quant à l’âge vise à permettre une analyse plus ciblée des facteurs socioéconomiques.

La deuxième section présente des données sur les adultes inuits qui participent à l’économie basée sur les ressources, en mettant l’accent sur certains facteurs liés à cette participation. Cela permettra de mieux comprendre la diversité de l’économie de l’Inuit Nunangat.  Enfin, l'article donne un aperçu des domaines comme la scolarité et la disponibilité de services de garde, qui pourraient contribuer à combler l’écart pour les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat. À la fin de cette section, on souligne l’importance de trouver des façons d’augmenter ou de maintenir la participation à des activités liées aux ressources qui sont essentielles pour l’identité, la culture et la subsistance des Inuits.

Aperçu de l’économie basée sur les salaires dans l’Inuit Nunangat

Selon l’EAPA de 2017, un peu plus de la moitié (52 %) des Inuits âgés de 15 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat occupaient un emploi. Les résultats montrent peu de différence entre les hommes et les femmes; 53 % des femmes inuites avaient un emploi, par rapport à 51 % des hommes inuits. On constatait toutefois des différences pour ce qui est de l’emploi selon le groupe d’âge. Parmi les Inuits du principal groupe d’âge actif, c’est-à-dire ceux de 25 à 54 ans, le taux d’emploi était de 61 % par rapport à 42 % chez ceux de 55 ans et plus, et à 40 % chez ceux de 15 à 24 ans.

On a aussi noté des différences entre les régions de l’Inuit Nunangat. De façon plus particulière, la proportion d’Inuits appartenant au principal groupe d’âge actif qui occupaient un emploi allait de 51 % au Nunatsiavut, à 56 % dans la région inuvialuite, à 61 % au Nunavut et à 65 % au Nunavik (graphique 1).

Graphique 1 Situation vis-à-vis de l'activité chez les Inuits du principal groupe d'âge actif, selon la région inuite, 2017

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de donnée du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnée du graphique 1 Taux d’emploi, Taux de chômage et Personnes inactives , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux d’emploi Taux de chômage Personnes inactives
pourcentage
Nunatsiavut 50,5 24,5 33,1
Nunavik 64,8 11,2 27,0
Nunavut 60,5 12,6 30,8
Région inuvialuite 55,8 21,8 28,6

La majorité (79 %) des Inuits occupés vivant dans l’Inuit Nunangat avaient un emploi permanent en 2017. Cette situation était plus répandue chez les Inuits de 55 ans et plus et ceux du principal groupe d’âge actif (83 % et 82 %, respectivement) que chez ceux de 15 à 24 ans (66 %).

Par ailleurs, parmi les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat qui occupaient un emploi, près du quart (23 %) travaillait à temps partiel, c’est-à-dire moins de 30 heures par semaine à leur emploi principal. Les jeunes Inuits adultes étaient les plus susceptibles de travailler à temps partiel, soit dans une proportion de 41 %, par rapport à 19 % de ceux de 55 ans et plus, et à 17 % des Inuits de 25 à 54 ansNote .

En 2017, le taux de chômage globalNote  chez les Inuits âgés de 15 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat était de 16 %. Il y avait une proportion plus importante d’hommes inuits au chômage que de femmes inuites, mais cette différence n’était pas statistiquement significative (19 % par rapport à 14 %). Encore une fois, on observait des différences selon le groupe d’âge, étant donné que le taux de chômage était plus élevé chez les Inuits plus jeunes (26 %) que chez ceux de 25 à 54 ans (14 %) et ceux de 55 ans et plus (9 %). Chez les Inuits du principal groupe d’âge actif, les taux de chômage étaient les plus élevés au Nunatsiavut (25 %). Venaient ensuite la région inuvialuite (22 %), le Nunavut (13 %) et le Nunavik (11 %).

En outre, plus du tiers (38 %) des Inuits âgés de 15 ans et plus vivant dans l’Inuit Nunangat étaient inactifsNote  en 2017 (38 % pour les hommes inuits et 39 % pour les femmes inuites). Cette situation était la plus répandue chez les adultes plus âgés (54 %), suivis par ceux de 15 à 24 ans (46 %) et les adultes du principal groupe d’âge actif (30 %). Dans l’ensemble des régions inuites, les proportions pour la population du principal groupe d’âge actif allaient de 33 % au Nunatsiavut, à 31 % au Nunavut, à 29 % dans la région inuvialuite et à 27 % au Nunavik.

Les personnes inactives sont dans cette situation pour un certain nombre de raisons, y compris parce qu’elles sont à la retraite, prennent soin des enfants ou d’autres membres de la famille, sont aux études, ont une maladie chronique ou une incapacité, sont des chercheurs découragés (c'est-à-dire des personnes qui veulent travailler et qui sont disponibles pour le faire, mais qui n’ont pas cherché de travail parce qu’elles croyaient qu’aucun emploi convenable n’était disponible). Le fait d’être un chercheur découragé était la raison la plus couramment invoquée pour ne pas faire partie de la population active parmi les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat (30 %). Par ailleurs, les hommes inuits de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat étaient plus susceptibles que les femmes inuites de déclarer être des chercheurs découragés (42 % par rapport à 14 %Note E: à utiliser avec prudence).

Lorsqu’on examine le taux d’activité chez les Inuits, il est aussi important de reconnaître que l’économie de l’Inuit Nunangat dépend de certains facteurs pour la majeure partie de l’emploi (Pauktuutit Inuit Women of Canada, 2016). De façon plus particulière, les industries du secteur public, comme les administrations fédérales, territoriales et municipales, la santé, l’assistance sociale et l’enseignement, ainsi que les ressources naturelles sont principalement présentes dans les régions de l’Inuit Nunangat. Par exemple, les données de l’Enquête auprès des peuples autochtones — Supplément sur les Inuits du Nunavut de 2017 ont montré que plus de la moitié des Inuits visés par l’Accord sur le Nunavut au Nunavut ont déclaré travailler pour une administration fédérale, territoriale ou municipaleNote .

La présente section de l’article repose sur le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN)Note  ainsi que sur la Classification nationale des professions (CNP)Note  et examine la représentation des Inuits dans les diverses industries et professions dans l’Inuit Nunangat. Cela est important car nous pouvons ainsi avoir une meilleure compréhension de l’activité sur le marché du travail dans cette population.

Les administrations publiques constituent l’industrie prédominante chez les Inuits du principal groupe d’âge actif occupant un emploi dans l’Inuit Nunangat

En 2017, à l’exception du Nunavik, les administrations publiques étaient l’industrie où travaillaient le plus grand nombre d’Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat (23 %). Venaient ensuite les soins de santé et l’assistance sociale (16 %), les services d’enseignement (12 %), le commerce de détail (9 %), puis le transport et l’entreposage (7 %) (graphique 2).

Les soins de santé et l’assistance sociale étaient la principale industrie au Nunavik (22 %) et la proportion de personnes y travaillant était nettement plus élevée que dans la région inuvialuite (14 %) et au Nunavut (14 %). Le travail dans les services d’enseignement était aussi plus courant chez ceux vivant au Nunavik (14 %) et au Nunavut (13 %), par rapport à ceux de la région inuvialuite (7 %Note E: à utiliser avec prudence) et du Nunatsiavut (7 %Note E: à utiliser avec prudence). L’emploi dans l’extraction minière, l’exploitation en carrière et l’extraction de pétrole et de gaz était plus fréquent au Nunatsiavut (11 %Note E: à utiliser avec prudence) et au Nunavut (7 %Note E: à utiliser avec prudence).

Graphique 2 Les 10 industries en importance chez les Inuits du principal groupe d'âge actif vivant dans l'Inuit Nunangat, 2017

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de donnée du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnée du graphique 2. Les données sont présentées selon Industrie (titres de rangée) et Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Industrie Pourcentage
Administrations publiques 22,8
Soins de santé et assistance sociale 16,0
Services d’enseignement 12,4
Commerce de détail 8,7
Transport et entreposage 7,0
Extraction minière, exploitation en carrière, et extraction de pétrole et de gaz 5,7Note E: à utiliser avec prudence
Construction 4,2Note E: à utiliser avec prudence
Services immobiliers et services de location et de location à bail 3,9Note E: à utiliser avec prudence
Arts, spectacles et loisirs 3,5Note E: à utiliser avec prudence
Autres services (sauf les administrations publiques) 2,8Note E: à utiliser avec prudence

Des variations ont été observées dans l’industrie selon le sexe. Par exemple, une proportion légèrement plus élevée d’hommes que de femmes travaillaient dans les administrations publiques (26 % par rapport à 20 %). Parmi les autres industries qui prédominaient chez les hommes inuits figuraient le transport et l’entreposage (12 %Note E: à utiliser avec prudence), l’extraction minière, l’exploitation en carrière et l’extraction de pétrole et de gaz (10 %Note E: à utiliser avec prudence), le commerce de détail (9 %Note E: à utiliser avec prudence), la construction (8 %Note E: à utiliser avec prudence), et les arts, spectacles et loisirs (5 %Note E: à utiliser avec prudence).

Chez les femmes inuites, les soins de santé et l’assistance sociale représentaient le secteur d’emploi le plus répandu (27 %), une proportion beaucoup plus élevée de femmes que d’hommes (4 % Note E: à utiliser avec prudence) y travaillant. Les administrations publiques représentaient le deuxième secteur en importance (20 %), suivies par les services d’enseignement, qui étaient aussi plus répandus chez les femmes que chez les hommes (19 % par rapport à 5 %Note E: à utiliser avec prudence).

Les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat étaient les plus susceptibles de travailler dans les professions de la vente et des services

La vente et les services constituaient la proportion la plus importante des professions parmi les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat (23 %). Venaient ensuite les professions de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux (22 %), celles des affaires, de la finance et de l’administration (19 %), ainsi que celles des métiers, du transport, de la machinerie et des domaines apparentés (18 %) (graphique 3).

Graphique 3 Répartition des professions chez les Inuits du principal groupe d'âge actif vivant dans l'Inuit Nunangat, 2017

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de donnée du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de donnée du graphique 3. Les données sont présentées selon Profession (titres de rangée) et Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Profession Pourcentage
Vente et services 23,3
Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux 21,9
Affaires, finance et administration 19,1
Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés 18,4
Gestion 5,1Note E: à utiliser avec prudence
Ressources naturelles, agriculture et domaines connexes 4,3Note E: à utiliser avec prudence
Art, culture, sports et loisirs 2,9Note E: à utiliser avec prudence
Secteur de la santé 1,9Note E: à utiliser avec prudence
Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés 1,9Note E: à utiliser avec prudence
Fabrication et services d’utilité publique 1,1Note E: à utiliser avec prudence

Ceux exerçant les professions de la vente et des services avaient l’un des revenus médians les plus faibles parmi les 10 groupes professionnels (26 138 $) (tableau 1). En comparaison, les professions de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux affichaient un revenu médian plus élevé (55 539 $), ainsi que celles des affaires, de la finance et de l’administration (69 695 $).


Tableau 1
Revenu d’emploi médian selon la profession, Inuits âgés de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat, 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Revenu d’emploi médian selon la profession. Les données sont présentées selon Profession (titres de rangée) et Revenu médian, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Profession Revenu médian
dollars
Gestion 44 122
Affaires, finance et administration 69 695
Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés Note F: trop peu fiable pour être publié
Secteur de la santé Note F: trop peu fiable pour être publié
Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux 55 539
Arts, culture, sports et loisirs Note F: trop peu fiable pour être publié
Vente et services 26 138
Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés 35 896
Ressources naturelles, agriculture et production connexe 31 579
Fabrication et services d’utilité publique Note F: trop peu fiable pour être publié

À l’échelon régional, les professions de la vente et des services représentaient la proportion la plus élevée de l’emploi au Nunavik (31 %) et dans la région inuvialuite (29 %), de même que par rapport au Nunavut (20 %) et au Nunatsiavut (16 %). Parallèlement, les professions de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux affichaient la proportion la plus importante de l’emploi au Nunatsiavut (24 %) et au Nunavut (22 %), alors que la proportion était nettement plus faible dans la région inuvialuite (15 %) que dans toutes les autres régions de l’Inuit Nunangat. Enfin, la proportion de professions des métiers, du transport, de la machinerie et des domaines apparentés était plus élevée au Nunavut (21 %) que dans la région inuvialuite (17 %), au Nunavik (13 %) et au Nunatsiavut (11 %Note E: à utiliser avec prudence).

Les femmes inuites étaient six fois plus susceptibles que les hommes inuits d’exercer les professions de l’enseignement, du droit et des services sociaux, communautaires et gouvernementaux (36 % par rapport à 6 %Note E: à utiliser avec prudence), ainsi que les professions des affaires, de la finance et de l’administration (28 % par rapport à 9 %Note E: à utiliser avec prudence). Les professions des métiers, du transport, de la machinerie et des domaines apparentés constituaient le groupe de professions le plus souvent déclaré par les hommes inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat (37 %).

Économie axée sur les ressources dans l’Inuit Nunangat

Le présent article a jusqu’à maintenant fourni un aperçu de l’économie basée sur les salaires selon l’industrie et la profession; toutefois, de nombreux Inuits contribuent à la subsistance de leurs familles et de leur communauté grâce à des activités liées aux ressources. L’expression « moyens de subsistance » a été utilisée dans les recherches antérieures pour désigner les nombreuses façons dont les familles inuites touchent un revenu et assurent leur subsistance; non seulement grâce à un emploi rémunéré, mais aussi grâce à des activités comme la cueillette de denrées alimentaires, la production d’aliments, les œuvres artistiques et l’artisanat (Inuit Tapiriit Kanatami, 2018). Dans ce cas, il est nécessaire d’aller au-delà de concepts exclusifs comme l’emploi pour bien comprendre l’économie des Inuits (Inuit Tapiriit Kanatami, 2018; Anderson et Thompson, 2016).

Les recherches existantes ont démontré qu’un certain nombre de facteurs sont associés à la participation à des activités liées aux ressources, y compris le sexe, l’âge, la santé, le revenu, la situation vis-à-vis de l’activité, le type de famille et l’éloignement (Kumar et autres, 2019; Kumar et Janz, 2010). La présente section de l’article fournit un nouvel éclairage à la recherche en examinant de façon plus détaillée la participation des Inuits à des activités liées aux ressources et les facteurs liés à cette participation, afin de mieux rendre compte de la réalité complexe du travail dans les communautés où vivent de nombreux Inuits.

Un certain nombre de questions ont été posées au sujet des activités liées aux ressources dans l’EAPA de 2017. Ces questions étaient axées sur la participation des répondants à la chasse, à la pêche et au piégeage, à la cueillette de plantes sauvages, à la confection de vêtements ou de chaussures, ainsi qu’à la création de sculptures, dessins, bijoux et autres œuvres artistiques au cours de la dernière année. Par ailleurs, on a demandé aux répondants à quelle fréquence ils participaient à de telles activités, ainsi que les raisons qui les motivaient à participer (par exemple comme complément de revenu, pour leur propre usage ou l’usage de leur famille ou pour des raisons culturelles)Note .

En 2017, la majorité (85 %) des Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat avaient participé à au moins l'une de ces activités liées aux ressources au cours des 12 derniers mois. Les résultats montrent en outre que 65 % des Inuits du principal groupe d’âge actif de l’Inuit Nunangat chassaient, pêchaient ou piégeaient, alors que 48 % cueillaient des plantes sauvages, 35 % confectionnaient des vêtements ou des chaussures, et 15 % créaient des sculptures, des dessins, des bijoux et d’autres œuvres artistiques.

Par ailleurs, les résultats de l’EAPA montrent aussi que les Inuits qui participaient à ces activités liées aux ressources le faisaient souvent. Par exemple, parmi ceux qui avaient cueilli des plantes sauvages au cours de la dernière année, plus de la moitié (52 %) l’avaient fait au moins quelques fois par semaine, durant la saison, tandis que 25 % l’avaient fait une fois par semaine. Chez les Inuits qui chassaient, pêchaient ou piégeaient, 46 % l’avaient fait au moins quelques fois par semaine au cours de la saison, et 23 %, une fois par semaine. Des tendances similaires sont ressorties pour les autres activités liées aux ressources.

La participation aux activités liées aux ressources varie selon la région inuite

La participation à des activités liées aux ressources variait entre les quatre régions de l’Inuit Nunangat. Par exemple, la chasse, la pêche et le piégeage affichaient le plus faible taux de participation dans la région inuvialuite (60 %), par rapport aux trois autres régions (tableau 2). Parallèlement, la prévalence de la cueillette de plantes sauvages chez les Inuits de 25 à 54 ans était uniformément plus élevée au Nunatsiavut (68 %) et au Nunavik (71 %), par rapport au Nunavut (38 %) et à la région inuvialuite (48 %).

Par ailleurs, la confection de vêtements ou de chaussures était plus répandue au Nunavik et au Nunavut (39 % et 36 %, respectivement) que dans les deux autres régions inuites. Enfin, la prévalence de la création de sculptures, de dessins et d’autres œuvres artistiques allait de 18 % au Nunatsiavut, à 16 % au Nunavik, à 15 % au Nunavut et à 13 % dans la région inuvialuite.

Les hommes et les femmes inuits participent à des activités différentes liées aux ressources

Dans l’ensemble, les femmes inuites du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat étaient plus susceptibles que les hommes inuits d’avoir participé à l’économie axée sur les ressources au cours des 12 derniers mois (87 % par rapport à 82 % ayant participé à au moins une activité liée aux ressources).

Après une répartition selon le type d’activité, les hommes du principal groupe d’âge actif étaient proportionnellement plus nombreux à chasser, pêcher et piéger que les femmes en général (73 % chez les hommes par rapport à 58 % chez les femmes) et dans l’ensemble des régions inuites. De même, les femmes étaient globalement plus susceptibles que les hommes de cueillir des plantes sauvages et de confectionner des vêtements et des chaussures. En outre, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de créer des sculptures, des dessins et d’autres types d’œuvres artistiques au Nunavik (20 % par rapport à 13 %Note E: à utiliser avec prudence) et au Nunavut (18 % par rapport à 12 %Note E: à utiliser avec prudence) que dans les autres régions de l’Inuit Nunangat (tableau 2).


Tableau 2 
Proportion de personnes participant à l’économie axée sur les ressources, selon le type d’activité, la région et le sexe, Inuits âgés de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat, 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion de personnes participant à l’économie axée sur les ressources. Les données sont présentées selon Région (titres de rangée) et Chasse, pêche et piégeage, Cueillette de plantes sauvages, Confection de vêtements ou de chaussures et Création de sculptures, dessins, bijoux ou autres œuvres artistiques, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Région Chasse, pêche et piégeage Cueillette de plantes sauvages Confection de vêtements ou de chaussures Création de sculptures, dessins, bijoux ou autres œuvres artistiques
pourcentage
Inuit Nunangat 65,3 48,3 34,9 15,4
Femmes Tableau 2 Note  58,2 57,5 63,2 12,8
Hommes 73,1Note * 38,6Note * 4,5Note E: à utiliser avec prudence Note * 18,2Note *
Nunatsiavut 73,0 68,3 17,5 17,9
Femmes Tableau 2 Note  62,9 78,6 31,9 18,4
Hommes 82,7Note * 58,5Note * Note F: trop peu fiable pour être publié 17,4
Nunavik 62,8 71,2 38,9 16,3
Femmes Tableau 2 Note  56,4 84,5 69,9 12,6Note E: à utiliser avec prudence
Hommes 69,8Note * 56,3Note * Note F: trop peu fiable pour être publié 20,4Note *
Région inuvialuite 59,9 47,6 24,9 12,7
Femmes Tableau 2 Note  50,9 49,8 45,1 14,6
Hommes 69,7Note * 45,3 Note F: trop peu fiable pour être publié 10,6Note E: à utiliser avec prudence
Nunavut 66,3 38,1 36,1 15,2
Femmes Tableau 2 Note  59,3 46,2 65,4 12,3Note E: à utiliser avec prudence
Hommes 73,7Note * 29,5Note * 4,9Note E: à utiliser avec prudence Note * 18,3Note *

La composition du ménage, le niveau de scolarité et l’emploi sont des facteurs clés de la participation à des activités liées aux ressources chez les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat

Les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat qui avaient au moins un diplôme d’études secondaires ou un niveau de scolarité plus élevé étaient plus susceptibles de participer à au moins une activité liée aux ressources que ceux ayant un niveau de scolarité inférieur au diplôme d’études secondaires au cours de la dernière année (tableau A.1 en annexe). Par ailleurs, la participation au marché du travail influence celle liée aux ressources, les Inuits qui étaient inactifs étant moins susceptibles de participer que ceux occupant un emploi (79 % par rapport à 88 %). Néanmoins, le fait que près de 8 Inuits sur 10 n’occupant pas un emploi participaient à au moins une activité liée aux ressources dans la dernière année réaffirme le besoin d’aller voir au-delà des indicateurs traditionnels de participation au marché du travail.

Parmi les autres variables socioéconomiques considérées comme ayant un lien avec la participation à des activités liées aux ressources figurait le revenu personnel; toutefois, cela était propre au type d’activité. Par exemple, ceux dont le revenu personnel se situait au niveau médian ou au-dessus de ce niveauNote  étaient plus susceptibles de chasser, pêcher et piéger que ceux ayant un revenu inférieur à la médiane (71 % par rapport à 60 %). Cette différence peut être attribuable au fait que le coût de l’équipement et de l’essence requis pour ces activités continue d’augmenter (Fawcett et autres, 2018), ce qui peut constituer un obstacle à la participation.

La composition du ménage était aussi liée à la participation à des activités liées aux ressources. Par exemple, les ménages monoparentaux ayant à leur tête une femme étaient moins susceptibles que les couples sans enfants de participer à des activités liées aux ressources (75 % par rapport à 89 %). Par ailleurs, au Nunatsiavut et dans la région inuvialuite, les Inuits vivant dans des ménages comptant trois personnes ou plus étaient généralement plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources que les ménages plus petits.

Par ailleurs, les ménages qui comptaient au moins une personne de moins de 18 ans vivant à la maison étaient plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources que ceux qui n’en comptaient aucune (86 % par rapport à 80 %). Il est possible que ces types de ménages dépendent davantage de l’économie axée sur les ressources pour subvenir aux besoins de leurs familles plus jeunes et plus grandes.

Enfin, ceux qui avaient un fort sentiment d’appartenance à leur groupe inuit étaient plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources que ceux qui étaient neutres ou qui déclaraient avoir un faible sentiment d’appartenance (87 % par rapport à 60 %Note E: à utiliser avec prudence), ce qui consolide encore plus le rapport entre les activités traditionnelles et l’identité ainsi que le sens de la communauté des Inuits.

Un peu plus du quart des Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat participent à des activités liées aux ressources pour compléter leur revenu

Il y a plusieurs raisons qui incitent les Inuits à participer à des activités liées aux ressources, y compris comme loisir, en vue d’un partage avec la famille ou la communauté, ou pour des raisons culturelles (pour obtenir plus de renseignements sur les raisons de la participation, voir le tableau A.2 en annexe). Il y a aussi des raisons financières, de nombreux Inuits ayant participé à ces activités pour compléter leur revenu. De façon plus particulière, plus du quart (27 %) des Inuits du principal groupe d’âge actif de l’Inuit Nunangat ayant participé au cours de la dernière année à au moins une activité lié aux ressources l’ont fait pour de gagner de l’argent ou compléter leur revenu.

Les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de participer à l’économie axée sur les ressources pour compléter leur revenu (29 % par rapport à 25 %). À l’échelon régional, ceux vivant au Nunavik étaient les plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources pour compléter leur revenu (35 %), suivis par ceux du Nunavut (26 %), de la région inuvialuite (19 %) et du Nunatsiavut (17 %). En outre, les Inuits qui étaient au chômage et inactifs étaient plus susceptibles que ceux occupant un emploi d’avoir participé à ces activités pour gagner de l’argent.

Discussion et conclusion

Pour les Inuits, le terme « moyen de subsistance » englobe le travail dans l’économie basée sur les salaires et celui qui les relie à la terre, à leur culture et à leur communauté. Les résultats de l'EAPA de 2017 figurant dans cet article font ressortir l’importance d’inclure l’économie axée sur les ressources dans tout examen du marché du travail. Par ailleurs, ces résultats laissent supposer que des politiques et des programmes sont nécessaires pour améliorer l’emploi et les résultats économiques connexes chez les Inuits.

En 2017, environ 6 Inuits sur 10 du principal groupe d’âge actif (61 %) vivant dans l’Inuit Nunangat occupaient un emploi. Parallèlement, les résultats montrent aussi qu’il existe une proportion importante d’Inuits qui ne participent pas à l’économie basée sur les salaires. De façon plus particulière, 30 % des Inuits de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat étaient inactifs. Ces proportions étaient les plus élevées au Nunatsiavut (33 %) et au Nunavut (31 %), suivis par la région inuvialuite (29 %) et le Nunavik (27 %). Le fait d’être un chercheur découragé, c’est-à-dire une personne qui croit qu’aucun emploi n’est disponible, était la raison la plus fréquemment déclarée pour justifier la non-recherche d’un emploi. Par ailleurs, les hommes inuits étaient nettement plus susceptibles que les femmes inuites d’être des chercheurs découragés (42 % par rapport à 14 %Note E: à utiliser avec prudence).

Le présent article était aussi axé sur les industries et les professions afin de faire ressortir celles qui sous-tendent principalement l’économie basée sur les salaires de l’Inuit Nunangat. Dans ce cas, les administrations publiques étaient l’industrie la plus courante, suivie par les soins de santé et l’assistance sociale, les services d’enseignement ainsi que le transport et l’entreposage. Du point de vue des professions, celles de la vente et des services représentaient la proportion la plus importante parmi les Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat. Venaient ensuite les professions de l’enseignement, du droit, des services sociaux, communautaires et gouvernementaux, et celles des affaires, de la finance et de l’administration.

En outre, dans le présent article, on a examiné les facteurs liés à la participation à des activités liées aux ressources chez les Inuits du principal groupe d’âge actif. Les mesures conventionnelles de l’activité sur le marché du travail, ainsi que de la participation à des activités liées aux ressources, comme la chasse, la pêche, la cueillette de plantes sauvages ou les œuvres artistiques, fournissent un aperçu plus précis de la réalité complexe du travail dans ces communautés.

Les résultats montrent que plus de 8 Inuits sur 10 (85 %) âgés de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat avaient participé à au moins une activité liée aux ressources au cours de la dernière année. Il y avait toutefois des différences dans la participation selon le type d’activité. De façon plus particulière, 65 % des Inuits chassaient, pêchaient ou piégeaient, alors que 48 % cueillaient des plantes sauvages. En outre, plus du tiers (35 %) confectionnaient des vêtements et des chaussures et 15 % créaient des sculptures, des dessins ou d’autres œuvres artistiques. De plus, les résultats montrent qu’environ la moitié des Inuits prenaient part à ces activités au moins une fois par semaine. Par ailleurs, soulignons que plus du quart (27 %) des Inuits du principal groupe d’âge actif vivant dans l’Inuit Nunangat participaient à ces activités pour gagner de l’argent ou compléter leur revenu.

Plusieurs caractéristiques sont associées à la participation aux activités liées aux ressources. Les femmes inuites, par exemple, sont plus susceptibles que les hommes inuits de participer à l’économie axée sur les ressources, même si les types d’activités diffèrent entre les hommes et les femmes. Un autre facteur important est le niveau de scolarité, ceux ayant au moins un diplôme d’études secondaires étant plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources. En outre, les Inuits inactifs étaient moins susceptibles de participer que ceux occupant un emploi. Toutefois, lorsqu’ils participent à ces activités, ils le font plus souvent pour gagner de l’argent ou compléter leur revenu.

Les résultats montrent en outre que la composition du ménage fait une différence, particulièrement pour les ménages monoparentaux ayant à leur tête une femme, qui sont moins susceptibles de participer à l’économie axée sur les ressources. Par ailleurs, les ménages plus importants et ceux comptant au moins une personne de moins de 18 ans étaient plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources. En outre, les résultats montrent aussi que la solidité du lien avec leur groupe inuit est importante, ceux qui déclaraient un fort sentiment d’appartenance étant plus susceptibles de participer à des activités liées aux ressources que ceux qui étaient neutres ou déclaraient avoir un faible sentiment d’appartenance.

Les résultats indiqués dans l'article font ressortir le fait que la participation, tant à l’économie basée sur les salaires qu’à celle axée sur les ressources, est importante pour les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat. Toutefois, il existe des obstacles à la participation dans les deux cas. Par exemple, dans un certain nombre de communautés inuites, il n’y a pas suffisamment d’emplois, et lorsque des débouchés sont disponibles, bon nombre d’Inuits ne possèdent pas le niveau de scolarité ou les compétences requises (Robertson, 2018). Dans le cadre de l’EAPA de 2017, on a posé des questions aux répondants concernant les obstacles à l’emploi et ce qui pourrait les aider à trouver du travail. De façon plus particulière, 83 % des Inuits au chômage ont mentionné la « pénurie d’emplois » parmi les obstacles, tandis que près de la moitié (46 %) des Inuits qui travaillaient à temps partiel le faisaient parce qu’il n’y avait pas d’emplois à temps plein disponibles. Par ailleurs, la formation professionnelle, des études plus poussées et un plus grand nombre d’emplois disponibles ont été cités comme étant les plus utiles pour décrocher un emploi. Chez les femmes inuites, l’indemnité pour frais de garde d’enfants a été fréquemment déclarée comme facteur facilitant la recherche d’emploi (11 %Note E: à utiliser avec prudence des femmes inuites au chômage et 19 % de celles qui étaient inactives).

Les Inuits doivent aussi faire face à des obstacles à la participation aux activités liées aux ressources comme les changements climatiques, la perte des connaissances traditionnelles, le manque d’argent pour l’équipement et fournitures, ainsi que les changements dans les politiques gouvernementales concernant la chasse et la cueillette (Kumar et autres, 2019). Les activités liées aux ressources sont essentielles à l’identité, à la culture, ainsi qu’à la subsistance et à la sécurité alimentaire des Inuits, ce qui fait ressortir encore davantage la nécessité de recherches plus poussées sur l’économie informelle basée sur les ressources.

Les résultats présentés dans cet article servent à faire ressortir le fait que la compréhension des expériences sur le marché du travail des Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat ne constitue qu’un aspect de l’économie diversifiée des Inuits. Dans ce cas, il est nécessaire de tenir compte à la fois de l’économie basée sur les salaires et de l’économie axée sur les ressources, les deux étant interreliées, afin que les décideurs puissent élaborer des stratégies à long terme.

Sources de données et méthodes

Sources de données

Les données utilisées proviennent de l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2017. Celle-ci est une enquête nationale menée sur une base volontaire auprès des Premières Nations vivant hors réserve, des Métis et des Inuits âgés de 15 ans et plus. L’EAPA vise à déterminer les besoins de ces groupes autochtones et à guider les politiques et les programmes. Elle a pour objectif de fournir des données pertinentes et à jour à divers intervenants, y compris les organismes autochtones, les communautés, les fournisseurs de services, les chercheurs, les gouvernements et le grand public.

L’EAPA est une enquête postcensitaire conçue pour donner suite au recensement de la population et le compléter. L’EAPA de 2017 représente le cinquième cycle de l’enquête et suit l’approche thématique qui a été adoptée pour la première fois dans le cadre de l’EAPA de 2012. L’EAPA de 2017 portait sur la participation à l’économie canadienne, les compétences transférables, la formation pratique et l’utilisation des technologies de l’information. L’enquête a permis de recueillir des données sur l’emploi à temps partiel, le travail autonome, l’aide aux entreprises, la satisfaction au travail, la recherche d’emplois ainsi que sur la non-participation à la population active et les compétences professionnelles. Elle a aussi permis d’obtenir des renseignements uniques et détaillés sur la scolarité, la santé, les langues, la société et les communautés.

L’EAPA de 2017 a été élaborée par Statistique Canada, grâce au financement fourni par Services aux Autochtones Canada, Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, Santé Canada, et Emploi et Développement social Canada.

Même si le présent article analyse les taux d’emploi de la population inuite à partir de l’EAPA de 2017, les taux d’emploi, de chômage et d’activité officiels sont produits au moyen de l’Enquête sur la population active (EPA), qui est menée chaque mois.

La population cible de l’EAPA de 2017 était composée de la population d’identité autochtone du Canada âgée de 15 ans et plus en date du 15 janvier 2017 qui vivait dans des logements privés. Les personnes vivant dans des réserves et des établissements indiens et dans certaines communautés des Premières Nations du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest étaient exclues. L’échantillon de l’enquête a été choisi à partir d’une base d’échantillonnage constituée de personnes qui ont répondu « Oui » à l’une des trois questions définissant l’identité autochtone dans le recensement (questions 18, 20 et 21) ou celles ayant déclaré une ascendance autochtone à la question 17. Bien que ne faisant pas partie de la population cible de l’EAPA de 2017, certains répondants d’ascendance autochtone qui n’ont pas déclaré une identité autochtone ont quand même été échantillonnés, car on a noté lors d’enquêtes antérieures que près d’un tiers de ces personnes déclareront une identité autochtone dans l’EAPA. Ainsi, contrairement à la population cible, la population échantillonnée (ou la population d’enquête) comprend à la fois la population d’identité autochtone et la population d’ascendance autochtone seulement. D’autres renseignements relatifs à l’enquête sont accessibles à partir du lien suivant Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) ainsi que dans le Guide des concepts et méthodes.

L’EAPA de 2017 a été menée de janvier à août 2017. Le taux de réponse global était de 76 %. Les taux de réponse ont été plus élevés dans l’Inuit Nunangat (85 %).

Méthodes

La population visée par cette analyse est constituée des personnes de 25 à 54 ans s’auto-identifiant comme Inuits. Il était possible de fournir plus d’une réponse à la question portant sur l’identité autochtone dans l’EAPA. Les présentes données combinent les personnes ayant fourni une réponse unique ou des réponses multiples qui comprenaient toujours l’identité inuite.

Les estimations de la prévalence comprises dans cet article sont fondées sur une analyse descriptive menée au moyen de SUDAAN appelable en SAS et de STATA. Les estimations pondérées ont été calculées au moyen de méthodes tenant compte du plan de sondage de l’EAPA. Les valeurs manquantes « Ne sait pas », « Non déclaré » et « Refus » ont été exclues du dénominateur au moment du calcul des pourcentages. Les différences statistiquement significatives entre deux estimations ont été déterminées au moyen de tests d’hypothèses.

Afin d’assurer la confidentialité des répondants, les estimations fondées sur un petit nombre de cellules (10 ou moins) ont été supprimées, tout comme les estimations dont la précision a été jugée inacceptable (coefficient de variation supérieur à 33,3 %). Les estimations comportant une précision marginale (coefficient de variation entre 16,6 % et 33,3 %) sont accompagnées de la mention « E » et doivent être utilisées avec prudence. Pour calculer le revenu médian, les poids bootstrap ont été utilisés, il convient de signaler que les estimations de la variance sont instables. Si la taille de l’échantillon pour le revenu médian était inférieure à 30, la mention « F » était insérée dans le tableau.

Annexe


Tableau A_1
Proportion de personnes participant à une ou plusieurs activités liées aux ressources selon certaines caractéristiques, Inuits âgés de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat, 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion de personnes participant à une ou plusieurs activités liées aux ressources selon certaines caractéristiques Nunatsiavut, Nunavik, Région inuvialuite , Nunavut et Inuit Nunangat, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Nunatsiavut Nunavik Région inuvialuite Nunavut Inuit Nunangat
pourcentage
Population totale âgée de 25 à 54 ans 92,7 87,7 78,8 83,3 84,6
Sexe
Femmes Tableau A_1 Note  91,2 92,0 81,9 85,5 87,1
Hommes 94,1 82,9Note * 75,3 81,0 81,8Note *
Niveau de scolarité
N'ayant pas terminé des études secondaires 93,1 84,9 76,5 76,0Note * 79,5Note *
Études secondaires Tableau A_1 Note  92,9 86,2 85,1 92,5 90,6
Études postsecondaires 92,0 94,6 79,7 87,1 87,8
Structure de la famille économique
Couples sans enfants Tableau A_1 Note  90,9 95,1Note E: à utiliser avec prudence 74,1 89,8Note E: à utiliser avec prudence 88,9
Couples avec enfants 94,5 90,2 84,3 85,8 87,1
Pères seuls Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié 87,0Note E: à utiliser avec prudence 71,6Note E: à utiliser avec prudence 72,7Note E: à utiliser avec prudence
Mères seules 88,0Note E: à utiliser avec prudence 84,5 65,6 70,1Note E: à utiliser avec prudence 75,3Note *
Autres types de familles économiques 85,8Note E: à utiliser avec prudence 80,3 89,4Note E: à utiliser avec prudence 78,4 79,7
Surpeuplement du logement
Une personne ou moins par pièce Tableau A_1 Note  93,2 88,6Note E: à utiliser avec prudence 84,3 85,4Note E: à utiliser avec prudence 86,5
Plus d’une personne par pièce 100Note E: à utiliser avec prudence 88,6Note E: à utiliser avec prudence 67,3Note E: à utiliser avec prudence 92,2Note E: à utiliser avec prudence 90,2
Mode d’occupation du logement
Propriétaires Tableau A_1 Note  93,0 Note F: trop peu fiable pour être publié 87,4Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 76,1Note E: à utiliser avec prudence
Locataires 100E 88,0 78,0 93,7 90,9
Situation vis-à-vis de l'activité
Personnes occupées Tableau A_1 Note  93,0 89,1 76,4 87,8 87,6
Personnes au chômage 97,9Note * 91,5Note E: à utiliser avec prudence 79,6 79,3Note E: à utiliser avec prudence 83,6
Personnes inactives 89,6 83,7 82,9 76,1Note * 79,1Note *
Sentiment d’appartenance à un groupe inuit
Fort sentiment d’appartenance Tableau A_1 Note  92,7 88,9 80,9 86,2 86,8
Neutre ou faible sentiment d’appartenance 94,3 73,6Note E: à utiliser avec prudence 52,1Note E: à utiliser avec prudence Note * Note F: trop peu fiable pour être publié 60,3Note E: à utiliser avec prudence Note *
Revenu d’emploi
Inférieur au revenu médian Tableau A_1 Note  93,7 85,4 79,4 81,9 83,2
Supérieur ou équivalent au revenu médian 91,8 90,0 78,1 84,7 85,9
Composition du ménage
1 à 2 membres Tableau A_1 Note  88,2 82,0 68,9 80,2 80,1
3 ou 4 membres 95,4Note * 85,9 79,2Note * 85,8 85,9
5 membres et plus 91,8 90,9 85,9Note * 82,7 85,1
Nombre de personnes de moins de 18 ans dans le ménage
Au moins une personne Tableau A_1 Note  91,6 89,8 83,3 84,9 86,3
Aucune 94,3 81,6Note * 71,5Note * 77,7 79,5Note *
Connaissance d’une langue autochtone
Une certaine connaissance Tableau A_1 Note  93,3 87,7 80,9 82,9 84,5
Aucune connaissance 87,9 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 71,0Note * Note F: trop peu fiable pour être publié 84,4

Tableau A_2
Proportion de personnes ayant participé à une ou plusieurs activités liées aux ressources au cours de la dernière année, selon la raison de le faire, Inuits âgés de 25 à 54 ans vivant dans l’Inuit Nunangat, 2017
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Proportion de personnes ayant participé à une ou plusieurs activités liées aux ressources au cours de la dernière année. Les données sont présentées selon Raison de participer (titres de rangée) et Nunatsiavut, Nunavik, Région inuvialuite, Nunavut et Inuit Nunangat, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Raison de participer Nunatsiavut Nunavik Région inuvialuite Nunavut Inuit Nunangat
pourcentage
Pour le plaisir ou les loisirs 46,7 72,2 60,9 69,5 68,2
Revenu ou complément de revenu 16,9 34,9 19,3 26,2 27,3
Propre usage ou celui de la famille 98,6 97,1 95,0 93,3 94,7
Partage avec la communauté 53,2 62,4 70,4 61,7 61,9
Raisons culturelles 45,2 57,4 55,7 59,5 57,8
Autre raison Note F: trop peu fiable pour être publié 4,8Note E: à utiliser avec prudence 4,3Note E: à utiliser avec prudence 5,6Note E: à utiliser avec prudence 5,1

Références

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