Littératie et marché du travail : formation de compétences et incidence sur les gains de la population de souche

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par David A. Green et W. Craig Riddell, Département d'économique, Université de Colombie-Britannique

Introduction

La littératie des adultes est foncièrement et utilitairement importante. Sen (1999) affirme que nous devrions aspirer à une société où chacun est capable de cultiver ce qu'il perçoit raisonnablement comme étant le bien. Pour ce faire, on doit disposer à la fois de ressources minimales et de caractéristiques que cet auteur appelle « fonctionnements »; la littératie compte parmi les premiers de ces fonctionnements. Si on n'a pas des compétences en littératie, on ne peut participer intégralement et en toute égalité au discours social et politique : sans les instruments de base nécessaires à la réalisation de ses objectifs, on déchoit de son rang de membre égal dans la société (Sen, 1999). Dans tout mouvement d'édification d'une société meilleure, la répartition et la création de compétences en littératie sont d'un intérêt fondamental. La littératie peut aussi être importante utilitairement, puisque celui ou celle qui jouit de meilleures compétences dans ce domaine peut sans doute s'attendre à exploiter de meilleures possibilités d'emploi, de rémunération et donc de bien-être. D'un point de vue sociétal, une main-d'œuvre ayant plus de compétence en littératie sera aussi mieux placée pour s'adapter à l'évolution et faire siennes de nouvelles technologies. Ainsi, l'amélioration de la littératie de l'individu peut avoir des retombées sur la productivité de l'ensemble de l'économie.

Nous examinerons d'abord la répartition des compétences en littératie dans l'économie canadienne, ainsi que leur formation. Dans une large mesure, cette acquisition de compétences doit passer par la scolarisation et l'éducation au foyer. Nous nous attacherons à ces questions, mais pas aussi exhaustivement que ne le permettrait une base de données longitudinales comportant des questions sur la littératie comme l'ELNEJ. Nous regarderons également la nature de la formation de compétences dans les années professionnelles qui suivent la scolarisation. Après avoir tracé les faits saillants du tableau qui peut être dressé de la littératie dans l'économie, nous verrons quelle est l'incidence d'une amélioration des compétences dans ce domaine sur les gains individuels. Il sera question à la fois de l'action causale de la littératie sur les gains et de la corépartition de cette même littératie et du revenu, cette distribution devant nous livrer une mesure plus complète de la qualité du fonctionnement de l'individu dans la société selon Sen. Ainsi, nous examinerons le double rôle fondamental et utilitaire de la littératie dans la société canadienne.

La clé de notre étude, ce sont, bien sûr, les données. Nous utilisons deux versions d'un fonds d'information remarquable où sont combinés les réponses à des questions de démographie et de marché du travail et les résultats des examens en littératie. Notre principale source d'information est le volet canadien de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) de 2003. C'est là une très vaste enquête auprès de plus de 22 000 personnes avec suréchantillonnage de la population d'ascendance autochtone. Dans une autre étude, nous avons considéré ce dernier groupe en détail, et nous l'excluons donc de la présente analyse, tout comme la population immigrante. Nous nous servons aussi du volet canadien de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA) de 1994 pour dégager un tableau plus complet de l'évolution de la littératie selon l'âge et les cohortes de naissances. Pour prévenir toute confusion, nous parlerons de l'EIACA 2003 et de l'EIAA 1994.

Notre investigation de la littératie à l'aide de l'EIACA 2003 donne de solides résultats. La littératie s'améliore nettement (mais à un taux décroissant) avec le nombre d'années de scolarité. Les niveaux d'éducation parentale sont aussi d'une nette incidence positive sur la littératie, notamment l'éducation maternelle. Par ailleurs, la profession des parents n'a aucune incidence économiquement appréciable ni statistiquement significative sur la littératie une fois que l'on rend compte de l'éducation parentale. De plus, que la mère de l'enquêté ait travaillé lorsque celui-ci avait 16 ans n'influe pas sur son degré de littératie. Le plus intéressant peut-être, c'est que nous ne relevons guère de liens entre l'âge ou l'expérience professionnelle, d'une part, et la littératie, d'autre part. Nous retrouvons ces mêmes solides résultats dans des travaux antérieurs avec les données de l'EIAA 1994 (Green et Riddell, 2003). De prime abord, l'implication serait que les gens améliorent leur littératie avec la scolarisation et l'éducation au foyer et que les compétences alors acquises ne changent pas pour l'essentiel après les études. Lorsque nous combinons les données de l'EIAA 1994 et de l'EIACA 2003, nous constatons cependant que l'aplatissement de la courbe de compétence en littératie selon l'âge dans les données transversales s'explique en réalité par un ensemble d'effets de vieillissement et de cohorte qui se neutralisent. Notons en particulier que les membres d'une cohorte de naissances perdent en fait de leurs compétences en littératie après avoir quitté l'école. On est aussi nettement porté à croire que les cohortes plus récentes ont moins de compétence en littératie. Cette constatation, qui vaut particulièrement pour les gens mieux scolarisés, ressort surtout de la queue plus mince à droite de la distribution de la littératie (il y a moins de gens qui atteignent de hauts niveaux de littératie). Ainsi, une personne de 35 ans dans l'EIACA 2003 présente en gros les mêmes résultats moyens de littératie qu'une personne de 25 ans dans la même enquête, non pas parce que celle-ci devrait se situer au même niveau dans 10 ans, mais parce que la personne de 35 ans se trouvait à un niveau plus élevé à l'âge de 25 ans (elle appartient à une cohorte ayant un plus niveau de littératie) et a perdu de ses compétences après avoir quitté l'école. Selon ces résultats, les compétences en littératie diminueraient au fil des ans et nous réussirions de moins en moins dans nos tâches d'éducation des générations qui se succèdent. En tenant compte de l'usage qui se fait des compétences en lecture, en écriture et en calcul dans le monde du travail, nous nous demandons en outre si les compétences se perdent à force de ne pas être employées.


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