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Acquisition et perte de compétences en littératie au cours de la vie

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par J. Douglas Willms et T. Scott Murray

Introduction
La perte de compétences et l'âge
Pourquoi se préoccuper de la perte de compétences
Effets de l'âge, de la période et de la cohorte

Introduction

[Traduction] Le travail annuel de toute nation est le fonds qui fournit initialement à celle-ci les nécessités et les commodités de la vie qu'elle consomme chaque année, et qui est toujours constitué soit du produit immédiat de ce travail, soit de ce qui est acheté à d'autres nations grâce à ce produit.

Par conséquent, selon que ce produit, ou ce qu'il permet d'acheter, est plus ou moins important par rapport au nombre de personnes qui le consommeront, la nation sera plus ou moins bien pourvue de toutes les nécessités et commodités qu'il lui faut.

Adam Smith, 1776, Book One.

Les décideurs reconnaissent depuis un certain temps que le capital humain – ce que les travailleurs connaissent et peuvent mettre à profit – joue un rôle important dans le développement social et économique des nations (Becker, 1964; Schultz, 1963). Comme le montre la citation ci-dessus, Adam Smith, l'un des premiers économistes au monde et auteur d'ouvrages sur la question, a été l'un des premiers à souligner l'importance du capital humain pour la richesse des nations. Plus récemment, John Kenneth Galbraith, économiste canadien de renom, a décrit la littératie comme un aspect important du capital humain et un pilier central du développement économique :

[Traduction] Les gens sont le dénominateur commun du progrès. Donc… aucune amélioration n'est possible si les gens ne s'améliorent pas, et le progrès est assuré lorsque les gens sont libérés et scolarisés. Nous aurions tort de négliger l'importance du réseau routier, des chemins de fer, des centrales électriques, des usines et autres outils familiers du développement économique… Mais nous en venons à prendre conscience… qu'il y a une certaine stérilité dans les monuments économiques qui se retrouvent seuls dans une mer d'illittératie. Il faut d'abord lutter contre l'illittératie. (Galbraith, 1958)

L'intuition de Smith et de Galbraith a récemment été confirmée par des preuves empiriques. Les différences que présentent 14 pays de l'OCDE au chapitre du stock de capital humain, qui sont observables dans les niveaux moyens des compétences en littératie des adultes, expliquent plus de la moitié (55 %) des différences observables dans les taux de croissance à long terme du PIB par habitant, l'une des principales mesures de la performance économique (Coulombe, Tremblay et Marchand, 2005). Outre cet effet de « niveau », Coulombe a également relevé un effet de répartition faisant en sorte que le pourcentage d'adultes dont les compétences en littératie1 sont très faibles semble réduire le taux de croissance à long terme du produit intérieur brut (PIB) par habitant et la productivité dans les pays comptant un pourcentage élevé de ces adultes.

L'apprentissage, y compris l'acquisition de compétences en littératie, se poursuit tout au cours de la vie dans une multitude de contextes. Les pays peuvent influer sur le stock de capital humain mis à la disposition de l'économie et de la société en améliorant les extrants des systèmes d'apprentissage – soit la quantité et la qualité des apprentissages pour les personnes de tous âges. Par exemple, on peut accroître les résultats d'apprentissage en améliorant la santé maternelle, la qualité de l'expérience de la petite enfance, la qualité de l'enseignement primaire, la qualité et la durée moyenne des études secondaires, la qualité et la durée moyenne des études postsecondaires, de même que la fréquence et la durée de l'apprentissage formel ou informel chez les adultes2. Il est également possible d'améliorer les résultats d'apprentissage en augmentant l'efficience du processus d'apprentissage dans chacun de ces systèmes par divers moyens : encourager davantage l'apprentissage; accroître l'efficience des marchés qui sélectionnent et rétribuent les compétences; adopter des technologies pédagogiques plus productives; donner aux individus les outils nécessaires pour être autodidactes.

Le Canada fait partie des quelques pays qui ont investi massivement dans l'accroissement de leur stock de capital humain; il a consacré en moyenne 7 % du PIB à l'éducation au cours des années d'après-guerre. Une bonne part de cet investissement a servi à améliorer la qualité de l'expérience de la petite enfance et à accroître la valeur qualitative et quantitative de l'éducation formelle initiale. Aujourd'hui, le Canada affiche l'un des niveaux de scolarité les plus élevés au monde. Il fait en outre partie de l'élite mondiale quant à la qualité de son système d'enseignement secondaire et se classe parmi les premiers lorsqu'il est comparé à d'autres pays au chapitre des compétences en lecture, en mathématiques et en sciences (Beaton et coll., 1996; Willms, 2006).

Toutefois, des données récentes issues de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA) et de l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA) de 2003 semblent démontrer que le stock de capital humain du Canada n'augmente peut-être pas aussi rapidement qu'on pouvait s'y attendre, du moins si on le mesure en fonction de l'augmentation des niveaux moyens de littératie des adultes (Willms, 2005). Il semble que cette stagnation puisse être attribuée au fait que l'amélioration des compétences en littératie découlant du système d'éducation initial est atténuée par une perte importante de ces compétences à l'âge adulte. Cette constatation est troublante étant donné le lien établi entre la littératie et la performance économique globale, et entre la littératie et les indicateurs de la réussite individuelle tels que la rémunération, l'état de santé et l'engagement social. La perte de compétences érode le rendement des investissements publics et privés consentis pour leur acquisition et prive tant les individus que l'économie des avantages associés à de bonnes compétences en littératie.

La présente étude, menée à partir des données de l'EIAA et de l'ELCA, vise à examiner l'évolution du stock de compétences en littératie au Canada entre 1994 et 2003. La méthode utilisée, soit l'analyse de cohortes synthétiques, permet d'établir la variation nette des compétences au sein de divers groupes démographiques, pour le Canada et les provinces, et d'examiner les caractéristiques individuelles qui font qu'un groupe donné a, en moyenne, acquis ou perdu des compétences au cours des neuf années de référence. L'analyse révèle une importante perte de compétences en littératie au cours de l'âge adulte, qui semble toucher surtout les adultes venant d'un milieu socio-économique défavorisé. Étant donné l'incidence que semblent avoir les compétences en littératie sur la réussite professionnelle des individus et sur la performance globale de l'économie, il est prioritaire de comprendre les causes de cette perte et les mesures, s'il en est, que pourraient prendre les individus, les institutions ou les administrations publiques pour ralentir ou renverser ce processus.

La perte de compétences et l'âge

Le fait que les individus perdent en moyenne des compétences à mesure qu'ils vieillissent et que la population canadienne est vieillissante constitue une explication plausible à la perte de compétences observée au Canada. Le graphique 1 montre le lien entre la compréhension de textes schématiques et l'âge pour le Canada et la Norvège, d'après les données de l'EIAA de 1994. Les domaines de compétences évalués par l'EIAA et l'ELCA étaient un peu différents3; cependant, les mesures de la compréhension de textes suivis et de la compréhension de textes schématiques étaient quasi identiques, de sorte que les données se prêtaient à l'établissement de comparaisons entre les cohortes. Aux fins de ces analyses, nous avons choisi la compréhension de textes schématiques plutôt que la compréhension de textes suivis parce qu'elle est généralement associée plus étroitement à la réussite professionnelle et à la rémunération (Statistique Canada et Organisation de coopération et de développement économiques, 2005).

Pour les deux pays, les résultats montrent une diminution marquée des compétences en fonction de l'âge chez les individus de 30 ans et plus. Ce lien est toutefois plus fort au Canada qu'en Norvège. Certains des effets de l'âge sont associés au niveau de scolarité atteint par les adultes dans les deux pays, ainsi qu'à d'autres facteurs. Par conséquent, nous posons la question : « La répartition des compétences en littératie au Canada pourrait-elle être comparable à celle de la Norvège? »

Graphique 1 Résultats moyens en compréhension de textes schématiques selon l'âge, Norvège et Canada, 1994. Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Graphique 1 Résultats moyens en compréhension de textes schématiques selon l'âge, Norvège et Canada, 1994

Pourquoi se préoccuper de la perte de compétences

Les niveaux élevés des pertes de compétences en littératie chez les adultes s'avèrent troublantes à plusieurs titres. Premièrement, de nombreux observateurs soutiennent que le développement économique et social du Canada dépendra à l'avenir de notre capacité collective à soutenir la concurrence sur les marchés mondiaux. En tant que citoyens, nous avons tous intérêt à comprendre les facteurs qui influent sur notre réussite relative, y compris ceux sur lesquels nous avons un certain pouvoir, que ce soit en tant qu'individus ou par l'action de nos institutions ou de nos gouvernements.

Au Canada, notre économie est beaucoup plus dépendante des échanges commerciaux que dans la plupart des autres pays, ce qui implique que les entreprises canadiennes ressentiront plus rapidement tout changement relié au commerce. De tout temps, la richesse du Canada s'est appuyée sur l'exploitation de ressources exigeant un faible niveau de compétences. Toutefois, le Canada doit compter de plus en plus sur une production qui dépend largement du savoir-faire et des connaissances, bien que cette tendance soit actuellement masquée par le prix élevé des produits de base (Kanagarajah, 2003; Statistique Canada, 2004; Yan, 2005). Même nos industries primaires – la pêche, l'agriculture, le secteur forestier et l'exploitation minière – font aujourd'hui davantage appel aux compétences, aux connaissances et au capital alors qu'elles s'efforcent de devenir plus productives et plus concurrentielles sur les marchés mondiaux.

La présente analyse révèle une perte de compétences suffisamment grande  pour neutraliser les gains de compétences qui aurait dû résulter des investissements accrus le domaine de l'éducation au cours de la période à l'étude (1994-2003). Une perte de compétences de cette ampleur pourrait être attribuable à la faiblesse de la demande, à des problèmes touchant la qualité de l'offre de compétences ou à l'inefficience des marchés des compétences, ou aux trois à la fois. Les gouvernements doivent comprendre l'incidence relative de chacun de ces facteurs afin de savoir s'ils doivent intervenir et où ils doivent le faire. Le fait que certains des pairs économiques du Canada ont choisi d'investir massivement dans la littératie – afin d'accroître les niveaux de la demande de compétences, la quantité, la qualité et l'équité de l'offre de compétences et ainsi que l'efficience des marchés des compétences – laisse entendre que les décideurs publics canadiens doivent envisager une action quelconque4. En outre, il est de plus en plus évident que l'inaction aura de graves conséquences. L'offre mondiale de compétences économiquement productives augmente rapidement et, comme pour tout produit, le prix risque de chuter (UNESCO, 2005; Murray, 2005). C'est pourquoi les gouvernements doivent consacrer plus d'énergie et de ressources à comprendre et à gérer leur capital humain (Murray 2005). Comprendre et gérer la demande de compétences, la suffisance de l'offre et l'efficience des marchés des compétences qui réunissent les deux est simplement une question d'intérêt économique national.

Deuxièmement, la perte de compétences érode le rendement de l'investissement engagé dans l'éducation, laquelle est largement financée à même les fonds publics. Comme l'éducation absorbe une part importante des dépenses publiques, il est dans notre intérêt collectif de veiller à ce que cet investissement soit rentable. En outre, les impôts des Canadiens servent à la prestation d'autres biens et services publics, tels que les services de santé et les services sociaux, et la demande de ces biens et services de même que leurs coûts dépendent dans une large mesure des compétences en littératie des individus qui en bénéficient.

Troisièmement, des analyses des données de l'EIAA et l'ELCA menées antérieurement indiquent que les jeunes et les adultes issus de milieux socio-économiques défavorisés affichent un niveau de scolarité significativement inférieur à celui des individus de milieux plus favorisés (Statistique Canada et Organisation de coopération et de développement économiques, 2005; Organisation de coopération et de développement économiques et Statistique Canada, 2000). Si la perte de compétences associée au vieillissement est plus grande chez les personnes les plus pauvres, on peut craindre pour l'équité et pour le droit des différents groupes à une juste concurrence sur les marchés qui opèrent leur sélection et leur rétribution en fonction des compétences, y compris le marché du travail et les marchés de l'éducation permanente. Il s'agit d'une préoccupation sérieuse puisque les Canadiens sont fiers d'offrir l'égalité des chances à leurs concitoyens (Développement des ressources humaines Canada, 2002; Maxwell, 1995).

Au Canada, le lien entre les compétences en littératie et les résultats sur le marché du travail,  le système de santé, le système d'éducation et le système social est parmi les plus forts au monde. Par exemple, les analyses démontrant l'impact des compétences en littératie sur les écarts de rémunération ont révélé que parmi tous les pays participants de l'EIAA, c'est au Canada que les compétences expliquent une plus grande proportion des salaires des individus, soit 33 % (Organisation de coopération et de développement économiques et Ressources humaines et Développement des compétences Canada, 1997). Bien qu'on puisse alléguer que cette situation est économiquement efficiente, une telle efficience impose des coûts énormes aux Canadiens dont les compétences en littératie sont moindres. La perte de compétences ne servira qu'à accroître une inégalité sociale déjà forte en ce qui concerne des résultats importants tels que l'employabilité et le taux de rémunération. En réduisant l'inégalité dans les compétences, on aiderait à réduire l'inégalité dans de nombreux autres domaines.


Enfin, tout semble indiquer que le capital humain deviendra un facteur de production de plus en plus important, incitant les entreprises canadiennes à adoptée des technologies et des structures organisationnelles axées sur les connaissances et les compétences ce qui devrait permettre au Canada de demeurer concurrentiel sur la scène économique mondiale  (Brink, 2002; Krahn & Lowe, 1998). De nombreuses indications montrent que la rapidité avec laquelle les travailleurs canadiens pourront adopter des technologies de l'information et des communications propres à accroître la productivité dépendra de leurs niveaux de littératie (Statistique Canada et Organisation de coopération et de développement économiques, 2005). Marshal McLuhan a bien résumé l'importance de l'apprentissage continu pour garantir la performance économique : [Traduction] « À l'ère de l'électricité et de l'automatisation, le monde devient une collectivité de l'apprentissage continu, un vaste campus où tous, quel que soit leur âge, gagnent leur vie en apprenant. »(McLuhan, 1969, p. 41). Si McLuhan dit vrai, alors la littératie – la capacité de résoudre des problèmes à partir d'informations glanées dans des écrits, d'apprendre de façon autonome et d'utiliser efficacement les technologies – devient une compétence dont aucun Canadien ne peut se passer et un fondement essentiel de notre prospérité économique future.

Effets de l'âge, de la période et de la cohorte

Les Canadiens ont tous intérêt à ce que l'ampleur et la rapidité des changements touchant les principaux enjeux sociaux et économiques soient bien documentés et que l'on comprenne les processus sous-jacents aux changements observés. Cette connaissance permet tant aux citoyens qu'aux décideurs politiques de faire des choix plus éclairés quant à l'investissement des ressources restreintes dont ils disposent.

Cependant, il est généralement difficile de distinguer entre les effets d'âge, de cohorte et de période. Les effets d'âge sont les effets associés au vieillissement. En ce qui a trait aux compétences en littératie, par exemple, on peut s'attendre à ce que les individus acquièrent rapidement des compétences au cours de leur enfance et de leur adolescence, puis qu'ils les maintiennent, les améliorent ou même les perdent au cours de leur vie d'adulte, selon qu'ils pratiquent plus ou moins des activités de littératie. Par effets de cohorte, on entend les macroconditions de la société qui touchent une cohorte donnée, c'est-à-dire les personnes nées au cours d'une certain année. Par exemple, la majorité des personnes qui avaient 16 ans lors de la tenue de l'ELCA sont nées en 1987. Les membres de cette cohorte ont vécu des expériences familiales et scolaires très différentes de celles vécues par les personnes nées, disons, dix ans plus tôt, en raison des changements survenus au niveau de la structure familiale, du niveau d'éducation des parents, des dépenses au titre de l'enseignement, des méthodes pédagogiques, et ainsi de suite. L'un des changements à long terme ayant le plus d'incidence sur les compétences en littératie est l'augmentation de la scolarisation, qui peut influer de deux façons : les individus sont susceptibles d'avoir de meilleures compétences en littératie que les membres de la génération précédente non seulement parce qu'ils ont un niveau de scolarité plus élevé, mais aussi parce qu'ils ont généralement grandi au sein d'une famille dont les parents étaient davantage scolarisés. Les effets de période, quant à eux, découlent d'événements précis qui influencent le parcours de tous les individus au cours d'une période donnée. Par exemple, l'augmentation rapide de l'utilisation des technologies de l'information et des communications au cours des dix années ayant précédé l'ELCA a probablement eu un effet de période sur les compétences en littératie de la population.

Idéalement, des données longitudinales seraient utilisées afin de suivre les changements au niveau des individus pour plusieurs cohortes afin d'isoler les effets d'âge, de période et de cohorte et de comprendre les facteurs qui influencent ou expliquent les variations observées dans la répartition complète des résultats. Malheureusement, la collecte de données longitudinales est coûteuse en argent et en temps, au point qu'il arrive souvent qu'elle ne livre ses résultats que longtemps après que l'on ait dû prendre des décisions.

L'approche adoptée dans la présente étude comporte l'utilisation de « cohortes synthétiques », ce qui permet d'obtenir des données plus actuelles. Plutôt que de suivre les changements au niveau des individus, l'analyse de cohortes synthétiques suit les changements touchant différents sous-groupes de la population. Ce niveau d'information est généralement suffisant pour l'élaboration de politiques sociales et économiques. Les décideurs peuvent ainsi savoir si les changements se produisent dans les paramètres attendus et, dans la négative, évaluer dans quelle mesure ils peuvent intervenir le plus efficacement à court, moyen et long terme.

Dans les analyses qui suivent, on compare les résultats de littératie des mêmes groupes de population observés à neuf années d'intervalle. Par exemple, on compare les compétences moyennes des adultes de 15 à 24 ans en 1994 avec celles des adultes âgés de 24 à 33 ans en 2003, puis on déterminer l'écart entre les deux. Cette analyse permet également d'évaluer l'ampleur de l'acquisition ou de la perte nette de compétences pour différents groupes démographiques. On peut ensuite étendre l'analyse en introduisant d'autres caractéristiques susceptibles d'être à l'origine de la perte ou de l'acquisition de compétences. On peut ainsi commencer à établir approximativement la répartition sous-jacente des parcours individuels en montrant la mesure dans laquelle différents groupes ont acquis ou perdu des compétences en littératie au cours de la période à l'étude.

L'afflux d'immigrants constitue une des variables confusionnelles susceptibles d'influer sur l'ampleur de la perte de compétences au cours de la période visée. Par conséquent, lorsqu'on compare les cohortes synthétiques, on exclut de l'analyse les personnes ayant immigré au Canada au cours de l'intervalle compris entre les deux études. On obtient ainsi une estimation relativement prudente de la perte de compétences, puisque les adultes qui étaient des nouveaux immigrants avant 1994 devraient avoir acquis des compétences en littératie en améliorant leur connaissance du français ou de l'anglais, ce que démontrent clairement les résultats présentés à la section suivante5.


Notes

1. Ce terme renvoie aux compétences de niveau 1, selon la définition utilisée dans l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA). 

2. De nombreux observateurs considèrent que les processus d'apprentissage informel ajoutent considérablement au stock des compétences disponibles sur le marché du travail et dans l'ensemble de la société. Bien que les estimations du volume d'apprentissage informel établies dans le cadre de l'ELCA soient élevées, peu d'éléments semblent démontrer que les faibles écarts observés entre les sous-groupes ou les pays se traduisent à long terme par un avantage économique pour les pays affichant les taux les plus élevés de participation à l'apprentissage informel.

3. L'EIAA mesurait la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques et la compréhension de textes au contenu quantitatif, alors que l'ELCA mesurait la compréhension de textes suivis, la compréhension de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes.

4. Voir par exemple l'initiative Skills for Life du Royaume-Uni et l'initiative annoncée récemment en Australie.

5. Dans les analyses, il est impossible de tenir compte de deux autres facteurs de flux : la perte de compétences due à l'émigration et celle attribuable aux décès. Le premier de ces facteurs devrait avoir une incidence limitée en raison du faible nombre de personnes en cause, et le second n'aura une incidence marquée que sur les résultats des groupes âgés.


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