Section 2 : Violence familiale envers les enfants et les jeunes au Canada, affaires déclarées par la police, 2019

La violence familiale envers les enfants et les jeunes, aussi appelée maltraitance des enfants, peut entraîner toute une gamme de répercussions pour les jeunes victimes, dont des blessures corporelles, des retards de croissance et de développement, des problèmes de santé mentale et émotionnelle, des problèmes de consommation d’alcool et de drogues, et d’autres comportements à risque (Agence de la santé publique du Canada, 2014; Nations Unies, 2006). En outre, des recherches ont révélé qu’il existe un lien entre la maltraitance durant l’enfance et la victimisation avec violence à l’âge adulte, y compris la violence entre partenaires intimes, et les troubles mentaux ou psychologiques accrus et la mauvaise santé physique (Burczycka, 2017).

Il est important de souligner que la victimisation des enfants et des jeunes est souvent difficile à détecter — particulièrement dans un contexte de violence familiale —, et que les données déclarées par la police sont probablement une sous-estimation de l’ampleur réelle du problème. Par exemple, les jeunes victimes forment un groupe distinct, puisqu’elles ne sont peut-être pas conscientes qu’elles font l’objet de victimisation, ne savent peut-être pas vers qui ou vers quelle ressource se tourner pour obtenir de l’aide, ne sont peut-être pas en mesure de signaler elles-mêmes la violence qu’elles subissent, et dépendent peut-être de leur agresseur. Pendant la pandémie de COVID-19, de nombreux enfants et jeunes sont très peu exposés à des personnes à l’extérieur de leur foyer, comme des amis, des enseignants, des médecins et des conseillers, et la maltraitance des jeunes est encore plus cachée. En outre, étant donné que les enfants et les jeunes passent plus de temps en ligne, la nature de leur victimisation peut avoir changé.

Dans la présente section, la violence familiale désigne la violence commise par les parents (biologiques et adoptifs, les beaux-parents et les parents de famille d’accueil), les frères et sœurs (biologiques, les demi-frères et demi-sœurs, et les frères et sœurs par alliance, par adoption et de famille d’accueil), les membres de la famille élargie (p. ex. les grands-parents, les oncles et tantes, les cousins et cousines, et les membres d’une belle-famille) et les conjoints et conjointes (mariés, séparés, divorcés et vivant en union libre). Les données portent sur les victimes âgées de 17 ans ou moinsNote  .

Parmi les enfants et les jeunes qui ont été victimes d’affaires de violence déclarées par la police, 1 sur 3 a été agressé par un membre de la famille

En 2019, 69 691 enfants et jeunes ont été victimes d’affaires de violence déclarées par la police au Canada, et les victimes étaient le plus souvent des filles (57 %) (tableau 2.1). Les auteurs de violence envers les enfants et les jeunes étaient le plus souvent une simple connaissance (32 %), un parent (19 %) ou un étranger (16 %).

Le tiers (32 %) des enfants et des jeunes ayant été victimes d’affaires de violence qui ont été portées à l’attention de la police ont été agressés par un membre de la famille. Cela représentait 22 299 enfants et jeunes victimes de violence familiale et, encore une fois, une plus grande proportion de victimes étaient des filles (60 %). Au sein de la famille, les enfants et les jeunes victimes étaient le plus souvent agressés par un parent (60 %), tandis que la violence perpétrée par un frère ou une sœur (15 %) était moins fréquente.

Les enfants plus jeunes étaient proportionnellement plus nombreux à être victimes de violence familiale, et la proportion diminuait avec l’âge. Plus des deux tiers (71 %) des victimes de 5 ans ou moins ont été agressées par un membre de la famille, alors que c’était le cas pour moins du cinquième (18 %) des victimes de violence âgées de 15 à 17 ans.

Les affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes augmentent pour une troisième année consécutive

De 2018 à 2019, le taux d’affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes déclarées par la police s’est accru de 14 %, et les augmentations observées étaient semblables chez les filles et les garçons victimes (graphique 2.1)Note  . Le taux d’affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes a augmenté chaque année depuis 2016 pour afficher une hausse de 33 %. De fait, le taux a progressé de 15 % de 2009 à 2019, alors que le taux d’affaires de violence non familiale envers les enfants et les jeunes a diminué de 22 %.

Graphique 2.1 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et l'année, Canada, 2009 à 2019

Tableau de données du graphique 2.1 
Tableau de données du graphique 2.1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2.1. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Violence familiale, Violence non familiale, victimes de genre féminin, victimes de genre masculin et total des victimes, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Violence familiale Violence non familiale
victimes de genre féminin victimes de genre masculin total des victimes victimes de genre féminin victimes de genre masculin total des victimes
taux pour 100 000 personnes
2009 325 211 267 791 878 835
2010 338 211 273 778 823 801
2011 326 209 266 716 768 743
2012 319 204 260 682 704 693
2013 299 191 244 624 584 603
2014 287 188 237 563 512 537
2015 279 185 231 567 509 538
2016 279 186 232 593 505 548
2017 308 193 249 646 532 588
2018 335 208 270 665 509 585
2019 379 239 308 739 575 655

Les voies de fait sont la forme la plus courante de violence familiale infligée aux enfants et aux jeunes

En 2019, le taux d’affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes déclarées par la police était de 311 victimes pour 100 000 personnes (tableau 2.2). Les voies de faitNote  étaient le type le plus courant de violence familiale perpétrée contre des enfants et des jeunes, représentant 54 % des victimes, ce qui correspond à un taux de 169 pour 100 000 personnes. Alors que le taux de voies de fait était semblable chez les filles et les garçons (167 par rapport à 171), le taux d’infractions sexuellesNote  était 4,6 fois plus élevé chez les filles que chez les garçons (170 par rapport à 37).

Chez les enfants et les jeunes victimes de violence familiale, les taux de voies de fait augmentaient généralement avec l’âge. En ce qui concerne les infractions sexuelles, les taux ont atteint un sommet chez les filles de 12 à 14 ans et les garçons de 6 à 11 ans (275 et 50 pour 100 000 personnes, respectivement).

Les trois quarts (74 %) des enfants et des jeunes victimes de violence familiale ont été agressés au moyen de la force physique (tableau 2.3)Note  . De plus, 15 % des jeunes victimes de violence familiale ont été agressées avec la présence d’une arme, comme un couteau, une massue ou une arme à feu. Plus du tiers (36 %) des enfants et des jeunes victimes de violence familiale ont subi des blessures corporellesNote  . Parmi ceux qui ont subi des blessures corporelles, presque tous (96 %) ont subi des blessures mineures. Les blessures corporelles découlant de la violence familiale étaient plus fréquentes chez les garçons que chez les filles (43 % par rapport à 31 %).

Début de l’encadré 2

Encadré 2
Expériences autodéclarées de violence physique et sexuelle durant l’enfance

Comme il a été mentionné précédemment, mesurer la violence envers les enfants et les jeunes représente un défi. Il est essentiel de recueillir des renseignements de diverses sources afin de surveiller cette question (Agence de la santé publique du Canada, 2019). Les données déclarées par la police représentent vraisemblablement une sous-estimation de l’étendue réelle de la violence faite aux enfants et aux jeunes, particulièrement dans le contexte familial. C’est la raison pour laquelle les données autodéclarées offrent un complément d’information sur la nature et l’étendue de la violence dont les jeunes sont victimes et viennent compléter les données policières.

L’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés de 2018 comprenait des questions rétrospectives sur les expériences de violence physique et sexuelle durant l’enfanceNote  . Un peu plus du quart (27 %) des Canadiens ont été victimes de violence avant l’âge de 15 ansNote  . Une proportion légèrement moins élevée de femmes que d’hommes ont été victimes de violence physique à un jeune âge (22 % par rapport à 25 %), tandis que trois fois plus de femmes que d’hommes ont été victimes de violence sexuelle (12 % par rapport à 4 %).

En ce qui concerne la violence subie durant l’enfance, 78 % des victimes de violence physique et 45 % des victimes de violence sexuelle ont dit que l’incident le plus grave qu’elles ont vécu a été perpétré par un membre de la famille. La victimisation aux mains d’un membre de la famille était plus courante chez les victimes de genre féminin de violence physique (83 % par rapport à 74 % des victimes de genre masculin) et de violence sexuelle (49 % par rapport à 32 % des victimes de genre masculin).

Parmi les personnes ayant subi de la violence dans leur milieu familial pendant l’enfance, 6 % ont dit que la violence dont elles ont été victimes avait été portée à l’attention de la police, alors que 6 % ont dit avoir parlé à une personne des services de protection de l’enfance.

Fin de l’encadré 2

La Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et le Manitoba enregistrent les plus hauts taux de violence familiale envers les enfants et les jeunes parmi les provinces

À l’échelle des provinces, les taux les plus élevés d’affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes déclarées par la police ont été enregistrés en Saskatchewan (540 pour 100 000 personnes), à Terre-Neuve-et-Labrador (433) et au Manitoba (414), alors que les plus faibles taux ont été observés en Ontario (211), en Alberta (286) et en Colombie-Britannique (291) (tableau 2.4)Note  . Comparativement aux provinces, les territoires ont enregistré des taux beaucoup plus élevés, et c’est le Nunavut (1 913) qui a affiché le plus haut taux, suivi des Territoires du Nord-Ouest (1 349) et du Yukon (764).

Le taux de violence familiale était plus élevé envers les filles qu’à l’endroit des garçons, et ce, dans toutes les provinces et tous les territoires. Les écarts les plus prononcés entre les taux de violence familiale à l’endroit des filles et des garçons ont été observés dans les Territoires du Nord-Ouest (1 953 par rapport à 748, soit un taux 2,6 fois plus élevé chez les filles), au Yukon (999 par rapport à 546, soit un taux 1,8 fois plus élevé chez les filles) et en Colombie-Britannique (374 par rapport à 213, soit un taux 1,8 fois plus élevé chez les filles).

Dans chaque province et territoire en 2019, le taux de violence familiale envers les enfants et les jeunes a augmenté par rapport à l’année précédente, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard (-1 %)Note  . Les plus fortes hausses provinciales ont été observées à Terre-Neuve-et-Labrador (+46 %) et en Colombie-Britannique (+41 %).

À l’échelle des provinces, le taux de violence familiale envers les enfants et les jeunes était 2,0 fois plus élevé dans les régions rurales que dans les régions urbaines (522 par rapport à 265 pour 100 000 personnes), et cette tendance était semblable chez les filles et les garçons victimes (graphique 2.2)Note  . Dans les régions rurales, le taux de violence familiale envers les filles était 1,6 fois supérieur à celui des garçons (652 par rapport à 398 pour 100 000 personnes). Par ailleurs, en ce qui concerne la violence perpétrée à l’endroit des enfants et des jeunes, l’écart entre les taux ruraux et urbains était plus prononcé pour la violence familiale que pour la violence non familiale (2,0 fois plus élevé par rapport à 1,5 fois plus élevé dans les régions rurales).

Graphique 2.2 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la région urbaine ou rurale, provinces, 2019

Tableau de données du graphique 2.2 
Tableau de données du graphique 2.2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2.2 Violence familiale, Violence non familiale, Victimes de genre féminin, Victimes de genre masculin et Total des victimes, calculées selon taux pour 100 000 personnes unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Violence familiale Violence non familiale
Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes Victimes de genre féminin Victimes de genre masculin Total des victimes
taux pour 100 000 personnes
Région urbaine 325 208 265 656 551 602
Région rurale 652 398 522 1 146 692 914

Le taux d’affaires de violence familiale envers les enfants et les jeunes était 2,1 fois moins élevé dans les régions métropolitaines de recensementNote  (RMR), soit les plus grandes villes du Canada, que dans les régions autres que des RMR (239 par rapport à 492) (tableau 2.5)Note  . Parmi les RMR, les taux les plus élevés ont été observés au Saguenay (488), à Trois-Rivières (417) et à Kitchener–Cambridge–Waterloo (389), tandis que les taux les plus faibles ont été enregistrés à Guelph (106), à OttawaNote  (121) et à Barrie (163).

Parmi les RMR, les écarts les plus marqués dans les taux de violence familiale entre les filles et les garçons ont été enregistrés à Thunder Bay (389 par rapport à 111, soit un taux 3,5 fois plus élevé chez les filles) et à Kingston (274 par rapport à 93, soit un taux 2,9 fois plus élevé chez les filles).

Tableaux de données détaillés

Tableau 2.1 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre et le groupe d’âge de la victime, et le lien de l’auteur présumé avec celle-ci, Canada, 2019

Tableau 2.2 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre et le groupe d’âge de la victime, et le type d’infraction, Canada, 2019

Tableau 2.3 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime, le type d’arme sur les lieux de l’affaire et le degré de gravité des blessures, Canada, 2019

Tableau 2.4 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la province ou le territoire, 2018 à 2019

Tableau 2.5 Enfants et jeunes victimes de violence familiale et non familiale, affaires déclarées par la police, selon le genre de la victime et la région métropolitaine de recensement, 2019

Références

AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. 2019. « Un pays pionnier : Feuille de route du Canada pour mettre fin à la violence à l’égard des enfants ».

AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. 2014. Initiative de lutte contre la violence familiale.

BURCZYCKA, Marta. 2017. « Profil des adultes canadiens ayant subi des mauvais traitements durant l’enfance », La violence familiale au Canada : un profil statistique, 2015, Juristat, produit no 85-002-X au catalogue de Statistique Canada.

NATIONS UNIES. 2006. Rapport mondial sur la violence à l’encontre des enfants, Genève, Suisse, United Nations Publishing Services.

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