Section 3 : Violence familiale envers les aînés au Canada, affaires déclarées par la police, 2018
par Laura Savage
Le tiers des aînés victimes d’affaires de violence déclarées par la police sont agressés par un membre de la famille
- Selon les données déclarées par la police, 12 202 aînés (65 ans et plus)Note ont été victimes de violence au Canada en 2018Note . Parmi ces victimes, 45 % étaient des femmes et 55 %, des hommes (tableau 3.1).
- Le tiers (33 %) des aînés victimes d’affaires de violence déclarées par la police ont été agressés par un membre de la famille, comme un enfant, un conjoint, un frère ou une sœur, ou un autre membre de la famille. Les femmes âgées victimes de violence familiale étaient plus susceptibles d’être agressées par un conjoint (14 %) que les hommes âgés, lesquels étaient le plus souvent agressés par leur enfant (9 %) (tableau 3.1).
- De 2017 à 2018, le taux de violence familiale envers les aînés a augmenté de 4 %, tandis que le taux de violence non familiale a augmenté de 2 %. De 2009 à 2018, le taux de violence familiale envers les aînés a augmenté de 11 %, et le taux de violence non familiale a connu une augmentation légèrement plus prononcée (+15 %) (graphique 3.1)Note .
- En 2018, le taux global d’affaires de violence familiale envers les aînés déclarées par la police était de 67 victimes pour 100 000 personnes, et le taux de violence non familiale, de 135 victimes pour 100 000 personnes. Les voies de faitNote étaient l’infraction qui affichait les taux les plus élevés dans les affaires de violence envers les aînés, qu’il s’agisse de violence familiale (47 victimes pour 100 000 personnes) ou de violence non familiale (80) (tableau 3.2).
- Le taux de violence familiale était plus élevé chez les femmes âgées (74 victimes pour 100 000 personnes) que chez les hommes âgés (60). Cependant, on observait l’inverse en ce qui concerne la violence non familiale, les hommes âgés affichant un taux de victimisation avec violence de près du double de celui observé chez les femmes âgées (178 victimes par rapport à 98 victimes pour 100 000 personnes) (tableau 3.2).
Tableau de données du graphique 3.1
Année | Violence familiale | Violence non familiale | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
victimes de sexe féminin | victimes de sexe masculin | total des victimes | victimes de sexe féminin | victimes de sexe masculin | total des victimes | |
taux pour 100 000 personnes | ||||||
2009 | 65 | 55 | 60 | 83 | 160 | 118 |
2010 | 69 | 51 | 61 | 90 | 167 | 125 |
2011 | 67 | 53 | 61 | 84 | 160 | 119 |
2012 | 68 | 51 | 60 | 86 | 159 | 120 |
2013 | 64 | 51 | 58 | 86 | 156 | 118 |
2014 | 66 | 53 | 60 | 80 | 154 | 115 |
2015 | 66 | 53 | 60 | 90 | 161 | 123 |
2016 | 68 | 56 | 62 | 87 | 163 | 122 |
2017 | 71 | 58 | 65 | 96 | 173 | 132 |
2018 | 73 | 60 | 67 | 98 | 177 | 135 |
Note : Les taux sont calculés pour 100 000 personnes de 65 à 89 ans. Les chiffres de population sont fondés sur des estimations au 1er juillet fournies par la Division de la démographie de Statistique Canada. Représente les victimes de 65 à 89 ans. Les victimes de 90 ans et plus ont été exclues de l’analyse en raison de la possibilité que les affaires pour lesquelles l’âge de la victime était inconnu aient été classées incorrectement dans cette catégorie d’âge. Exclut les victimes dont le sexe ou l’âge était inconnu ou pour lesquelles le lien de l’auteur présumé avec la victime était inconnu. Repose sur la base de données sur les tendances du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire qui, depuis 2009, comprend les données de 99 % des services de police au Canada. Par conséquent, les chiffres peuvent ne pas correspondre à ceux figurant ailleurs dans le présent rapport. Source : Statistique Canada, Centre canadien de la statistique juridique, base de données sur les tendances du Programme de déclaration uniforme de la criminalité fondé sur l’affaire. |
Dans les affaires déclarées par la police, plus de 4 agressions sexuelles sur 10 commises contre des aînés ne sont pas classées
- Une affaire criminelle est considérée comme classée lorsqu’une accusation est déposée ou recommandée, ou lorsqu’elle est traitée d’une autre façon par la police (p. ex. en aiguillant la personne vers un programme de déjudiciarisation). En 2018, les affaires de violence familiale envers les aînés, peu importe le type d’infraction, ont été plus souvent classées par mise en accusation que les affaires de violence non familiale (tableau 3.3).
- Quant aux affaires de violence familiale déclarées par la police, plus de 4 affaires d’agression sexuelleNote sur 10 (43 %) n’ont pas été classées, comparativement à environ 2 affaires de voies de fait sur 10 (16 %) et à d’autres infractions avec violence ou menace de violenceNote (23 %) (tableau 3.3).
La majorité des aînés victimes de violence familiale vivent avec la personne qui les a agressés
- La grande majorité des femmes âgées (92 %) et des hommes âgés (88 %) victimes de violence familiale ont été agressés dans un lieu résidentiel (tableau 3.4).
- Parmi les aînés victimes de violence familiale qui ont été agressés dans un lieu résidentiel, environ 6 sur 10 (62 % des victimes de sexe féminin et 58 % des victimes de sexe masculin) vivaient avec la personne qui les a agressés (tableau 3.4).
La force physique est employée contre 6 aînés victimes de violence familiale sur 10
- Environ 6 aînés victimes de violence familiale sur 10 (63 %) ont vu leur agresseur employer la force physique à leur endroit. Cette proportion était semblable à celle observée chez les aînés victimes de violence non familiale (62 %) (tableau 3.5).
- La présence d’une arme, comme une arme à feu, un couteau ou une autre arme, était un peu plus fréquente dans les affaires impliquant des aînés de sexe masculin qui ont été victimes de violence familiale (20 %) que chez les aînés de sexe féminin qui ont été l’objet de violence familiale (15 %) (tableau 3.5)Note .
Dans les affaires de violence familiale envers les aînés, les auteurs présumés de sexe masculin étaient le plus souvent eux-mêmes des aînés
- Parmi les auteurs présumés de violence familiale envers les aînés, on dénombrait 4 auteurs présumés de sexe féminin et 10 auteurs présumés de sexe masculin pour 100 000 personnes (tableau 3.6)Note .
- Le taux d’auteurs présumés de sexe masculin de violence familiale envers les aînés était le plus élevé chez les hommes de 65 ans et plus (19 auteurs présumés pour 100 000 personnes) (tableau 3.6).
Selon les données policières, le taux de violence envers les aînés a connu une légère hausse de 2017 à 2018
- Le Nunavut (1 644 victimes pour 100 000 personnes) et les Territoires du Nord-Ouest (1 490) ont affiché les plus hauts taux globaux de violence familiale envers les aînés. En revanche, l’Île-du-Prince-Édouard et l’Ontario ont enregistré les taux les plus faibles (49 et 53 victimes pour 100 000 personnes, respectivement) (tableau 3.7).
- La violence familiale envers les aînés a augmenté de 4 % de 2017 à 2018, mais ce sont les Territoires du Nord-Ouest qui ont enregistré la plus forte hausse (+27 %). De 2017 à 2018, la violence non familiale envers les aînés a augmenté de 2 % (tableau 3.7)Note .
- Peu importe le sexe de la victime, le taux de violence familiale envers les aînés était plus élevé dans les régions rurales (93 victimes pour 100 000 personnes) que dans les régions urbaines (60). En revanche, le taux de violence non familiale envers les aînés dans les régions rurales (130) était semblable à celui dans les régions urbaines (135) (tableau 3.8)Note .
- Dans l’ensemble, le taux de violence familiale était plus faible chez les aînés vivant dans les plus grandes villes du Canada (régions métropolitaines de recensement ou RMR) que parmi ceux vivant dans des régions autres que les RMR (60 victimes par rapport à 83 victimes pour 100 000 personnes). Dans les RMR, le plus haut taux de violence familiale envers les aînés a été enregistré à Kitchener–Cambridge–Waterloo (114 victimes pour 100 000 personnes), ce qui était en grande partie attribuable au taux de violence envers les aînés de sexe féminin (134) (tableau 3.9)Note .
- Le taux de violence familiale était plus élevé chez les aînés de sexe féminin dans la majorité des RMR du Canada. Les RMR de Sherbrooke, St. Catharines–Niagara, Barrie, Thunder Bay, Regina, Abbotsford–Mission et Victoria faisaient exception (tableau 3.9).
Plus du tiers des homicides commis contre un aîné par un membre de la famille sont motivés par la frustration, la colère ou le désespoir
- Les homicides commis au sein de la famille surviennent dans des contextes interpersonnels complexes, lesquels peuvent être difficiles à expliquer au moyen des données policièresNote . Néanmoins, une analyse des mobiles déclarés par la police est importante afin d’élaborer les politiques de prévention de la violence. De 2008 à 2018, la frustration, la colère ou le désespoir (37 %) — une gamme d’émotions typiques chez les contrevenants qui exercent un contrôle sur leur victime — et une dispute ou une querelle (36 %) étaient les principaux mobiles des homicides commis contre les aînés au sein de la famille. En comparaison, ces mobiles représentaient une proportion plus faible dans le cas des homicides commis contre les aînés dans un contexte non familial (25 % et 20 %, respectivement) (tableau 3.10).
- De 2008 à 2018, le taux d’homicides commis contre un aîné au sein de la famille a augmenté de 32 %, lequel est passé de 2,8 victimes pour 1 million d’aînés à 3,6. Le taux d’homicides commis contre les aînés dans un contexte non familial a aussi augmenté (+34 %), lequel est passé de 3,2 victimes pour 1 million d’aînés en 2008 à 4,3 en 2018. En 2018, 22 aînés ont été victimes d’un homicide commis au sein de la famille (tableau 3.11).
Début de l’encadré 3.1
Encadré 3.1
Violence envers les aînés vivant en résidence
La proportion de personnes de 65 ans et plus devrait continuer de croître rapidement. Selon les plus récentes projections démographiques, 1 Canadien sur 5 (20 %) pourrait être âgé de 65 ans et plus d’ici 2024Note .
À mesure que la population vieillit, le nombre d’aînés (65 ans et plus) vivant dans des établissements de soins infirmiers continue de croîtreNote Note . Parmi les 12 202 aînés qui ont été victimes d’affaires de violence déclarées par la police en 2018, 946 (8 %) d’entre eux ont été agressés dans un établissement de soins infirmiers ou dans une maison de retraite. La plupart (79 %) des aînés victimes de violence ont été l’objet de voies de fait, et près de 2 aînés victimes de violence sur 10 (18 %) ont été l’objet d’une agression sexuelle. Les aînés constituant la proportion restante ont subi d’autres formes de comportement violent.
Parmi les affaires comportant une seule victime et un seul auteur présumé, plus de 7 aînés victimes de violence sur 10 (71 %) ont été agressés par une simple connaissance, souvent un autre aîné (85 %).
Ce n’est qu’en 2017 que les établissements de soins infirmiers et les maisons de retraite ont été ajoutés au Programme de déclaration uniforme de la criminalité comme lieux où les aînés sont victimes de violence. Il se peut donc que certains services de police n’aient pas encore entièrement intégré ces catégories dans leurs pratiques de codage. Les renseignements que contient le présent encadré reflètent les données disponibles pour les établissements de soins infirmiers et les maisons de retraite.
Fin de l’encadré 3.1
Tableaux de données détaillés
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