Résumé

Contexte

De nombreuses études ont associé des mesures subjectives et objectives de l’isolement à un risque accru de mortalité, et certaines d’entre elles ont révélé des effets différentiels.

Données et méthodes

Les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Vieillissement en santé (2008-2009) couplées à la Base canadienne de données de l’état civil – décès ­ont été utilisées pour estimer la prévalence de l’isolement social mesuré de façon objective (faible participation sociale) et subjective (sentiment de solitude et faible sentiment d’appartenance à la collectivité). On a examiné les associations avec le décès pendant la période de suivi de huit à neuf ans au moyen de modèles multivariés à risques proportionnels de Cox en tenant compte de caractéristiques sociodémographiques et liées à la santé. Des modèles d’équations structurelles (MES) ont porté sur les liens directs avec le temps de survie et les effets indirects de l’état de santé en tenant compte de covariables qui étaient significatives dans les modèles de Cox. Les analyses ont été stratifiées selon le sexe.

Résultats

Parmi les personnes âgées de 65 ans et plus, on estime que 525 000 personnes (12 %) se sentaient socialement isolées et plus d’un million (1 018 000) d’entre elles (24 %) ont déclaré une faible participation. Dans les modèles multivariés de Cox, la faible participation présentait une association significative avec le décès chez les hommes et chez les femmes, même lorsque les effets qui peuvent entraîner de la confusion comme l’isolement subjectif, les caractéristiques sociodémographiques, l’état de santé et les comportements influant sur la santé étaient pris en considération. L’isolement subjectif ne présentait pas d’association avec le décès dans les modèles multivariés finaux chez les hommes ou chez les femmes. Les MES ont mis en lumière des associations significatives entre la faible participation et le temps de survie chez les hommes et chez les femmes. En plus des effets directs, des effets indirects significatifs étaient induits par l’état de santé. L’isolement subjectif n’avait pas d’effet direct sur la survie chez les hommes ou chez les femmes, seulement des effets indirects induits par l’état de santé.

Interprétation

L’isolement subjectif et l’isolement objectif présentaient une association différente avec la mortalité.

Mots-clés

solitude, morbidité, couplage de données, analyse causale, modélisation par équations structurelles, vieillissement

DOI : https://www.doi.org/10.25318/82-003-x202000300003-fra

Résultats

Les répercussions de l’isolement social et de la solitude sur la santé et le bien-être sont reconnues à l’échelle mondiale comme une question de santé publique. Le Royaume-Uni a nommé un ministère chargé de la solitude et l’Organisation mondiale de la Santé reconnaît les répercussions de l’isolement social sur l’incapacité et le décès. Les travaux de recherche démontrent de façon générale que l’isolement social est associé à un risque accru de mortalité comparable aux facteurs de risque traditionnels, comme la consommation d’alcool, le tabagisme et l’obésité, ou plus important encore. [Article complet]

Auteurs

Heather Gilmour (Heather.Gilmour@canada.ca) et Pamela L. Ramage-Morin travaillent au sein de la Division de l’analyse de la santé de Statistique Canada, Ottawa (Ontario) K1A 0T6.

Début de l'encadré

 

Ce que l'on sait déjà sur le sujet

  • Il n’existe pas de norme de référence pour définir et mesurer l’isolement social.
  • Certaines définitions sont axées sur des caractéristiques mesurées de façon objective comme le nombre de contacts sociaux ou la fréquence de la participation sociale.
  • D’autres reposent sur des sentiments subjectifs comme la solitude ou l’impression d’être exclu.
  • L’évaluation subjective et l’évaluation objective de l’isolement social présentent toutes deux une association avec un risque accru de décès.

Ce qu'apporte l'étude

  • Les hommes et les femmes âgés de 65 ans et plus étaient tout aussi susceptibles d’avoir une faible participation, une mesure objective de l’isolement social.
  • Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de déclarer un sentiment d’isolement social.
  • La faible participation présentait une association avec le risque de décès (temps de survie plus court) tant chez les hommes que chez les femmes.
  • L’isolement social subjectif ne présentait pas d’association directe avec le décès; un effet indirect induit par l’état de santé a été observé.

Fin de l'encadré

Date de modification :