Rapports sur la santé
Hospitalisation en soins de courte durée des enfants et des jeunes autochtones

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par Anne Guèvremont, Gisèle Carrière, Evelyne Bougie et Dafna Kohen
Date de diffusion : le 19 juillet 2017

Des recherches ont démontré des résultats en matière de santé moins favorables chez les enfants et les jeunes autochtones comparativement à leurs contemporains non autochtonesNote 1Note 2Note 3Note 4Note 5Note 6. Des analyses de données administratives provinciales ont également permis de découvrir des taux d’hospitalisation plus élevés chez les jeunes autochtonesNote 7Note 8Note 9Note 10Note 11Note 12Note 13.Deux étudesNote 7Note 8ont signalé un taux élevé d’hospitalisation pour blessures (intentionnelles et non intentionnelles) parmi les enfants des régions qui présentaient des pourcentages plus élevés de résidents autochtones pour l’ensemble du Canada (sauf le Québec). Cependant, les méthodes géographiques tendent à sous-estimer les hospitalisations dans l’ensemble des sous-populationsNote 14.

Des renseignements sur les taux d’hospitalisation chez les enfants autochtones sont requis afin de documenter les causes et les disparités, et afin de mieux comprendre l’utilisation des ressources et les besoins en services. La présente étude fournit les dénombrements nationaux (à l’exclusion du Québec) des hospitalisations en soins de courte durée et les principaux diagnostics pour les enfants (de 0 à 9 ans) et les jeunes (de 10 à 19 ans) autochtones et non autochtones. Les données sont présentées pour les Premières Nations vivant dans les réserves et hors réserve, les Métis et les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat. L’analyse est fondée sur les données sociodémographiques (y compris l’identité autochtone) du Recensement de 2006 qui ont été couplées aux dossiers sur les congés des patientsNote 15.

Données et méthodologie

Sources de données

Les données du Recensement de 2006Note 16pour neuf provinces (à l’exclusion du Québec) et trois territoires ont été couplées à la Base de données sur les congés des patients (BDCP) de 2006-2007 à 2008-2009 de l’Institut canadien d’information sur la santé. Les répondants au questionnaire détaillé du recensement (environ 20 % de la population excluant les pensionnaires d’établissements institutionnels) ont fourni des données sociodémographiques détaillées, y compris l’identité autochtoneNote 16. De plus, au lieu d’échantillonner les ménages, on a demandé à tous les ménages du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest (sauf Yellowknife), du Yukon (sauf Whitehorse) et des réserves et établissements indiens de remplir le questionnaire détaillé.

Chaque année, la BDCP regroupe environ trois millions de dossiers d’hospitalisation provenant de tous les établissements de soins de courte durée et certains établissements psychiatriques, pour maladies chroniques, de réadaptation et de chirurgie d’un jour au CanadaNote 17Note 18Note 19, sauf au Québec. En raison de l’exclusion du Québec, ni les habitants de cette province (Inuits du Nunavik y compris) ni ceux des territoires ou d’autres provinces hospitalisés au Québec ne sont représentés dans les données couplées.

Un couplage déterministe hiérarchique a été effectué à l’aide des identificateurs communs au recensement et à la BDCP : date de naissance, sexe et code postal. Une étude de validation a conclu que le fichier couplé convenait pour la recherche liée à la santé et qu’il était largement représentatif de la population canadienneNote 15.

Une limite importante tient au plus faible taux de couverture au recensement et d’admissibilité au couplage à la BDCP des groupes pertinents à la présente analyse : personnes s’identifiant comme Autochtones, enfants de moins d’un an et jeunes âgés de 15 à 19 ansNote 15. Par plus faible taux de couverture, on entend une plus grande susceptibilité des enfants et des jeunes autochtones d’être sous-représentés. Statistique Canada estime que 10,6 % des Autochtones vivant dans des réserves ne faisaient pas partie du Recensement de 2006Note 20. Environ 94 % des répondants non autochtones au recensement étaient admissibles au couplage, comparativement à 89 % des répondants des Premières Nations, 93 % des répondants métis et 92 % des répondants inuits. Cette limite a vraisemblablement entraîné une sous-estimation des taux d’hospitalisation et un biais à la baisse possible. Comme les âges de la cohorte n’ont pas été ajustés à travers les trois années de données d’hospitalisation combinées, les taux d’hospitalisation pour certaines conditions sont plus susceptibles d’être sous-estimés, par exemple les taux d’hospitalisation due aux maladies du système respiratoire chez les jeunes pour certaines strates d’âge.

Le couplage a été effectué conformément à la Directive sur le couplage d’enregistrementsNote 21et approuvé par le Conseil exécutif de gestion de Statistique CanadaNote 22.Un article paru antérieurement présente des détails sur la méthode de couplageNote 15.

Statistique Canada garantit la protection de la vie privée des répondants pendant le couplage et l’utilisation subséquente des fichiers couplésNote 21. Seuls les employés qui interviennent directement dans le processus ont accès aux données d’identification uniques nécessaires au couplage (comme le nom et le sexe). Toutefois, ces employés n’ont pas accès aux renseignements relatifs à la santé. Une fois le couplage de données terminé, un fichier d’analyse est créé, dans lequel les données d’identification sont supprimées. Les analystes ont accès uniquement au fichier exempt de données d’identification.

Identité autochtone

La question portant sur l’identité autochtone au Recensement de 2006 était la suivante : « Cette personne est-elle un Autochtone, c’est-à-dire un Indien de l’Amérique du Nord, un Métis ou un Inuit (Esquimau)? » Le membre du ménage qui remplissait le recensement répondait pour chacun des membres du ménage et devait cocher toutes les réponses pertinentes. Les réponses étaient classées ainsi : Indien de l’Amérique du Nord (seulement), Métis (seulement), Inuit (seulement), Autre identité autochtone (identité multiple ou indéterminée), et non-Autochtone. La présente analyse porte uniquement sur les personnes ayant déclaré une seule identité autochtone; environ 3 % de la population d’identité autochtone ayant coché Autre identité autochtone (identité multiple ou indéterminée)Note 23en est exclue.

Les données géographiques des répondants au recensement ont servi à localiser les Inuits vivant dans l’Inuit Nunangat et les Premières Nations vivant dans les réserves (y compris les établissements indiens) ou à l’extérieur des réserves. Les estimations concernant les Inuits sont fournies uniquement pour les Inuits des régions de l’Inuit Nunangat, c’est-à-dire les collectivités dans les quatre régions inuites faisant l’objet de revendications territoriales : Nunatsiavut (Côte-Nord du Labrador), Nunavik (Nord-du-Québec), le territoire du Nunavut ainsi que la région d’établissement de l’Inuvialuit dans les Territoires du Nord-Ouest. Les régions d’Inuit Nunangat représentent 78 % de la population inuite totale. Les chiffres sur les Inuits pour la présente analyse excluent le Nunavik, parce que les données sur les congés obtenus des hôpitaux du Québec n’étaient pas disponibles. Par conséquent, 9 565 Inuits (19 % de la population inuite totale, 24 % du total des Inuits de Nunangat)Note 23sont exclus de l’analyse.

Selon le Recensement de 2006, la population vivant dans les réserves comprend les habitants des huit types de subdivisions de recensement (SDR) qui sont légalement affiliées aux Premières Nations, ainsi que d’autres types de SDR situées dans le nord de la Saskatchewan, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon qui comptent de grandes concentrations de Premières Nations. Par « réserves », on entend les réserves indiennes et les établissements indiens au sens de la loi, d’autres types de terres créées grâce à la ratification d’ententes sur l’autonomie gouvernementale, de même que d’autres collectivités du Nord rattachées aux Premières Nations, conformément aux critères établis par Affaires autochtones et du Nord Canada.

La présente étude porte sur les Premières Nations vivant dans les réserves, celles vivant à l’extérieur des réserves, les Métis, les Inuits de l’Inuit Nunangat (sauf le Nunavik) et la population non autochtone. Par « Autochtones », on entend les membres des quatre groupes autochtones; « Inuit » correspond aux Inuits de l’Inuit Nunangat, sauf le Nunavik.

Hospitalisation

La fréquence des hospitalisations selon la catégorie ou le chapitre de diagnostic, sur la base du « diagnostic principal », a été compilée pour les enfants et les jeunes de chaque groupe autochtone et non autochtone. Les personnes pouvaient être représentées plus d’une fois si elles avaient été hospitalisées à de nombreuses reprises pendant la période allant de 2006-2007 à 2008-2009.

Les dossiers de congé des patients d’hôpitaux de soins de courte durée provenant de la BDCP qui ont été couplés avec les enregistrements du recensement admissibles tirés du questionnaire détaillé ont été classés selon l’identité autochtone de la personne déclarée dans le cadre du recensement ainsi que ses données géographiques, plutôt qu’en fonction de la province ayant soumis le dossier d’hospitalisation. Ainsi, on a pu déclarer les hospitalisations dans une province autre que la province ou le territoire de résidence du répondant au moment du Recensement de 2006.

Diagnostic principal

Chaque dossier de congé du patient comprend jusqu’à 25 diagnostics fondés sur la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, 10e révision, Canada (CIM-10-CA)Note 24. Le « diagnostic principal », qui désigne le problème de santé diagnostiqué le plus important ou qui explique la durée de séjour la plus longue, a servi à répartir les dossiers d’hospitalisation en chapitres, en fonction d’une maladie ou d’un traumatisme particulier, de l’étiologie de la maladie, de problèmes de santé propres aux systèmes de l’organisme, ou de problèmes de santé et de situations représentant des facteurs de risque pour la santéNote 25.Pour chacun des principaux diagnostics, les trois premiers caractères ont servi à classer les hospitalisations selon le chapitre. Conformément aux méthodes utilisées précédemmentNote 7Note 8Note 10Note 26les hospitalisations pour blessures ont été classées comme blessures non intentionnelles ou blessures intentionnelles; les blessures intentionnelles chez les jeunes de 10 à 19 ans ont été réparties en blessures attribuables à des agressions et en blessures auto-infligées.

Une procédure de classement hiérarchique a été appliquée à tous les dossiers recensement-BDCP couplés compris dans le champ de l’étude afin de déterminer les diagnostics les plus courants. Les codes de chapitre de la partie supérieure de la hiérarchie ainsi que les hospitalisations pour tous les chapitres combinés, y compris avec et sans les hospitalisations liées à la grossesse et à l’accouchement, ont été sélectionnés en vue de déclarer les taux d’hospitalisation pour les enfants et les jeunes de chaque groupe autochtone et pour les non-Autochtones.

Techniques analytiques

Des taux d’hospitalisation (pour 100 000 habitants) normalisés selon l’âge (THNA), des rapports de taux (RT) et des intervalles de confiance à 95 % ont été calculés pour chaque groupe autochtone et pour la population non autochtone. Afin de réduire les grandes variations possibles et attribuables aux petits chiffres, on a combiné les dossiers de congé des patients des trois exercices financiers couplés aux répondants au questionnaire détaillé du Recensement de 2006.

Pour calculer les THNA, on a pris comme numérateur la somme des dossiers d’hospitalisation ayant fait l’objet d’un couplage qui se rapportaient à un groupe d’identité autochtone donné, on l’a divisée par le dénominateur, c’est-à-dire le nombre non pondéré de personnes dans la cohorte d’étude du recensement appartenant au même groupe d’identité, puis on a multiplié le résultat par trois (nombre d’années de la BDCP). La normalisation selon l’âge a fait appel à la méthode directe, sur la base de la structure par âge de la population autochtone d’après le Recensement de 2006.

On a construit des intervalles de confiance à 95 % normalisés selon l’âge autour des THNA et des RT au moyen de la méthode de SpiegelmanNote 27. Dans le cas des RT, la population non autochtone est la population de référence.

Résultats

Hospitalisations toutes causes confondues

Les taux normalisés selon l’âge d’hospitalisation toutes causes confondues dans les hôpitaux de soins de courte durée étaient uniformément plus élevés chez les enfants et les jeunes autochtones que chez leurs contemporains non autochtones. Chez les enfants de 0 à 9 ans, le taux d’hospitalisation global était plus élevé chez les Premières Nations vivant dans les réserves (839 pour 100 000), soit un taux 1,8 fois plus élevé que chez les enfants non autochtones (478 pour 100 000) (tableau 1). Comparativement aux taux chez les enfants non autochtones de 0 à 9 ans, les taux chez les Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves étaient 1,4 fois plus élevés, chez les Métis, 1,3 fois plus élevés et, chez les Inuits de la région d’Inuit Nunangat, 1,4 fois plus élevés.

Chez les jeunes de de 10 à 19 ans, le taux d’hospitalisation global (y compris les naissances) était plus élevé chez les Inuits de la région d’Inuit Nunangat (1 866 pour 100 000), soit un taux 3,8 fois plus élevé que chez les jeunes non autochtones (497 pour 100 000) (tableau 2). Le taux était presque aussi élevé (1 806 pour 100 000) chez les jeunes des Premières Nations qui vivaient dans les réserves, soit 3,6 fois celui des jeunes non autochtones. Les taux chez les jeunes des Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves et les jeunes métis étaient 2,3 et 2,0 fois plus élevés, respectivement, que les taux chez les jeunes non autochtones. Lorsqu’on excluait des calculs les congés liés à l’accouchement, les taux globaux chez les 10 à 19 ans diminuaient, mais demeuraient bien supérieurs à ceux des jeunes non autochtones : 2,6 fois plus élevés chez les Inuits, 2,5 fois plus élevés chez les Premières Nations vivant dans les réserves, 1,8 fois plus élevés chez les Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves et 1,6 fois plus élevés chez les Métis.

Causes principales

Chez les 0 à 9 ans, les trois causes principales d’hospitalisation étaient les mêmes pour chaque groupe autochtone et pour les enfants non autochtones. La cause principale était « les maladies du système respiratoire ». Les « blessures, empoisonnements et certaines autres conséquences de causes externes » représentaient la deuxième cause d’hospitalisations pour les enfants de tous les groupes autochtones, suivies des « maladies de l’appareil digestif »; chez les enfants non autochtones, ces causes se classaient au troisième et au deuxième rang respectivement.

Pour les jeunes de 10 à 19 ans dans chacun des groupes autochtones, la principale cause d’hospitalisation était « grossesse, accouchement et puerpéralité », suivie des « blessures, empoisonnements et certaines autres conséquences de causes externes ». Pour les jeunes non autochtones, le rang de ces deux causes était inversé. La troisième cause principale d’hospitalisation pour les jeunes des Premières Nations (vivant dans les réserves et à l’extérieur des réserves) et les jeunes inuits était « troubles mentaux et du comportement ». Chez les jeunes métis et non autochtones, les « maladies de l’appareil digestif » sont arrivées au troisième rang.

Ratios de taux pour les enfants de 0 à 9 ans

Pour les enfants de 0 à 9 ans, les Premières Nations vivant dans les réserves présentaient les plus grandes disparités de taux d’hospitalisation par rapport aux non-Autochtones; leurs ratios de taux étaient plus que deux fois plus élevés pour les « maladies du système respiratoire » (RT = 2,5), les « blessures non intentionnelles » (2,4) et les « maladies de l’appareil génito-urinaire » (2,2) (figure 1).

Chez les enfants des Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves, les RT les plus élevés étaient observés pour les « maladies de l’appareil génito-urinaire » (1,8), les « maladies du système respiratoire » (1,7) et les « blessures non intentionnelles » (1,6). Le rang et l’ampleur des RT pour les enfants métis étaient similaires : « maladies de l’appareil génito-urinaire » (1,9), « blessures non intentionnelles » (1,8) et « maladies du système respiratoire » (1,7).

Chez les enfants inuits, les RT pour les deux principaux problèmes de santé étaient similaires à ceux des enfants des Premières Nations vivant dans les réserves : « maladies du système respiratoire » (2,2) et « blessures non intentionnelles » (2,0). En raison de la petite taille de l’échantillon, les RT n’ont pu être observés pour les maladies de l’appareil génito-urinaire, les maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques, les maladies de l’appareil circulatoire et les troubles mentaux et du comportement.

Ratios de taux pour les jeunes de 10 à 19 ans

Chez les jeunes de 10 à 19 ans des Premières Nations vivant dans les réserves, le RT le plus élevé était pour les « blessures intentionnelles (agressions) », avec un taux 10,0 fois supérieur à celui des jeunes non autochtones (figure 2). Les RT qui venaient aux rangs suivants étaient pour la « grossesse, accouchement et puerpéralité » (9,3), les « blessures intentionnelles (auto‐infligées) » (5,9) et les « troubles mentaux et du comportement » (3,0).

Les RT chez les jeunes des Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves étaient plus faibles, mais le rang était le même : « blessures intentionnelles (agressions) » (6,9), « grossesse, accouchement et puerpéralité » (4,9), « blessures intentionnelles (auto-infligées) » (3,6) et « troubles mentaux et du comportement » (2,5).

Chez les jeunes métis, ce rang était encore le même : « blessures intentionnelles (agressions) » (4,8), « grossesse, accouchement et puerpéralité » (4,1), « blessures intentionnelles (auto-infligées) » (2,7) et « troubles mentaux et du comportement » (1,9).

Chez les jeunes inuits, les RT avaient tendance à être élevés et le rang était différent. Le RT le plus élevé était à 14,2 pour les « blessures intentionnelles (auto-infligées) », suivi de la « grossesse, accouchement et puerpéralité » (9,8), des « blessures intentionnelles (agressions) » (5,9) et des « troubles mentaux et du comportement » (4,4).

Discussion

Selon les résultats du couplage d’enregistrements du Recensement de 2006 avec ceux de la BDCP, les enfants et les jeunes autochtones étaient plus susceptibles que leurs contemporains non autochtones d’être hospitalisés. Chez les enfants de 0 à 9 ans, les taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge étaient, dans l’ensemble, environ 1,5 fois plus élevés. Chez les jeunes de 10 à 19 ans, les taux étaient de 2,0 à 3,8 fois plus élevés. Les taux étaient généralement les plus élevés pour les Premières Nations qui vivaient dans les réserves et pour les Inuits d’Inuit Nunangat. Ces différences démontrent l’importance d’examiner l’hospitalisation des enfants et des jeunes pour chaque groupe autochtone.

La principale cause d’hospitalisation de 0 à 9 ans était « les maladies du système respiratoire » pour chaque groupe autochtone et pour les enfants non autochtones. Cependant, les enfants des Premières Nations vivant dans les réserves et les enfants inuits étaient plus que deux fois plus susceptibles que les enfants non autochtones d’avoir été hospitalisés pour cette raison. Les conditions de logement telles que le surpeuplement et la piètre qualité de l’air intérieur ont été associées aux problèmes respiratoires chez les enfants et les adultes autochtonesNote 5Note 28.

Dans la présente analyse, « la grossesse, l’accouchement et la puerpéralité » se situaient dans la partie supérieure de la hiérarchie des causes d’hospitalisation parmi les jeunes des Premières Nations, Métis et Inuits. Cela correspond aux recherches qui indiquent que les femmes autochtones sont plus susceptibles que les femmes non autochtones d’être des mères adolescentesNote 29Note 30. La maternité à l’adolescence a des répercussions non seulement sur l’utilisation des services de soins de santé, mais aussi sur les résultats scolaires et économiquesNote 29, et elle a été liée à une moins bonne santé physique et mentale des enfantsNote 31Note 32Note 33.

Les différences les plus marquées dans les taux d’hospitalisation entre les jeunes autochtones et non autochtones de 10 à 19 ans étaient pour les blessures intentionnelles : agressions chez les Premières Nations et les Métis, et les blessures auto-infligées chez les Inuits. Des analyses faisant appel aux méthodes géographiques ont également permis de découvrir des taux élevés de blessures non intentionnelles chez les enfants et de blessures intentionnelles chez les jeunes dans les régions à pourcentages plus élevés de résidents autochtonesNote 7Note 8. Des études provinciales ont aussi signalé des taux plus élevés de blessures intentionnellesNote 12et non intentionnellesNote 10Note 12Note 34Note 35 chez les enfants et les jeunes autochtones. Le RT élevé de blessures auto-infligées chez les Inuits (14,2) renforce le besoin de stratégies de prévention en matière de santé.

Des disparités de taux d’hospitalisation entre les enfants autochtones et non autochtones étaient évidentes pour les « maladies de l’appareil génito-urinaire », particulièrement chez les Premières Nations vivant à l’extérieur des réserves et les Métis, même si le nombre total d’hospitalisations était relativement petit. Chez les enfants, les problèmes du système urinaire comprennent les insuffisances rénales aiguës et chroniques, les infections des voies urinaires, les obstructions des voies urinaires et les anomalies de naissanceNote 36.

Il se pourrait que les taux élevés d’hospitalisation des enfants et des jeunes autochtones soient associés à des facteurs qui n’ont pas été pris en compte dans la présente étude et qui doivent l’être dans de futures analyses. Par exemple, certaines différences pourraient être liées à des conditions socioéconomiques défavorables pour les enfants et les jeunes autochtonesNote 37.Les résultats pourraient aussi refléter des différences d’accès et des obstacles aux soinsNote 38. De plus, les différences dans les blessures intentionnelles et les troubles mentaux ont été attribuées aux répercussions intergénérationnelles des pensionnatsNote 34Note 35.

Limites

Les résultats devraient être interprétés en tenant compte de nombreuses limites. L’absence de données pour le Québec et pour les résidents de 22 réserves non énumérées laisse supposer une possible sous‐estimation. En outre, les hospitalisations pour des raisons de santé mentale en Ontario n’ont pas été systématiquement incluses dans la BDCP, mais l’ont plutôt été dans le Système d’information ontarien sur la santé mentale. De plus, les données couplées recensement-BDCP sous-représentent les enfants de moins d’un an. C’est pour ces raisons que des études faisant appel à d’autres ensembles de données sont requises.

Les analyses étaient fondées sur les chiffres d’hospitalisation et ne tiennent pas compte des réadmissions ni du nombre de personnes hospitalisées. Des recherches explorant les réadmissions seraient utiles afin de comprendre l’utilisation des ressources et les stratégies de promotion de la santé.

Même si les hospitalisations des enfants et des jeunes ne causent pas d’entraves majeures sur le système de soins de santé (environ un cinquième de l’ensemble des hospitalisationsNote 39), elles sont importantes pour la santé et l’utilisation à long terme des services de soins de santé.

Les hospitalisations constituent un indicateur limité de l’état de santé. Ces résultats ne peuvent être interprétés comme représentant la prévalence des problèmes de santé ou des blessures.

Conclusion

Contrairement aux estimations fondées sur les régions, l’étude présente des renseignements nationaux (à l’exception du Québec) sur l’hospitalisation en soins de courte durée des enfants et des jeunes autochtones sur le plan individuel. Les taux d’hospitalisation normalisés selon l’âge étaient uniformément plus élevés pour tous les groupes d’identité autochtone comparativement aux enfants et aux jeunes non autochtones. De futures recherches pourraient examiner les raisons de ces disparités ainsi que la façon dont les taux et les raisons varient selon des facteurs tels que le genre et l’emplacement géographique.

Remerciements

Les auteurs remercient la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits de Santé Canada de leur soutien, ainsi que les pairs examinateurs et autres examinateurs des établissements de santé pour leurs commentaires.

Références
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