La santé des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis de moins de 6 ans

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Par Leanne Findlay et Teresa Janz

Les recherches ont montré que les enfants autochtones ont une moins bonne santé que les enfants non autochtones1-3. Par exemple, un rapport récent4 a révélé d'importantes différences en matière de santé entre les Autochtones et les non-Autochtones, y compris des taux plus élevés de blessure, de décès accidentel et de syndrome de mort subite du nourrisson. Les risques d'otite moyenne (infection chronique de l'oreille), d'infections respiratoires5, d'obésité6, de problèmes dentaires7 et d'hospitalisation liée à l'asthme8 sont plus élevés dans le cas des enfants autochtones.

D'aucuns ont suggéré que les différences en matière de santé entre les populations autochtones et non autochtones sont associées à des déterminants sociaux plutôt que biologiques9, dont bon nombre méritent de faire l'objet d'une étude plus poussée, tout particulièrement dans le cas des enfants4,10. On a constaté un lien entre la santé des enfants autochtones et les conditions familiales et sociales comme le revenu du ménage8, le niveau de scolarité des parents11, la structure de la famille12, l'usage du tabac à la maison12-14 et la sécurité alimentaire15. Il y aurait également un lien entre la santé des enfants et les caractéristiques des collectivités, y compris le logement16,17, et le quartier18.

L'engagement et l'identité culturels ont été reconnus comme jouant un rôle dans la santé et le bien-être des Autochtones19, bien que peu de renseignements soient disponibles sur les enfants. Selon King et coll. 9, les enseignements traditionnels sont liés à la santé globale et à l'image de soi, des liens à la culture et à l'identité étant associés avec une bonne santé.

Les auteurs d'études antérieures ainsi que divers groupes et dirigeants autochtones ont recommandé d'étudier séparément les Premières nations, les Métis et les Inuits plutôt que tous les peuples autochtones pris ensemble10. Même les comparaisons entre groupes peuvent être déconseillées, puisqu'ils diffèrent quant à leurs antécédents culturels, leur accès aux soins de santé et leur région de résidence.

Dans la présente étude, nous examinons les données déclarées par les parents ou tuteurs au sujet de l'état de santé général, des problèmes de santé chroniques et des limitations physiques des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis de moins de 6 ans. Les données sont tirées de l'Enquête sur les enfants autochtones (EEA) de 2006. Il a été démontré que l'état de santé général déclaré par le parent ou tuteur est une bonne mesure de l'état de santé global de l'enfant3,20, va dans le sens des recherches antérieures (p. ex. , l'Enquête régionale sur la santé des Premières nations) et est couramment utilisé comme outil de surveillance de la santé21.

Méthodes

Source des données

L'EEA de 2006 a été élaborée par Statistique Canada et des conseillers autochtones de partout au pays. Elle a été menée de concert avec Ressources humaines et Développement des compétences Canada. L'enquête a été conçue pour fournir des données sur le développement de la petite enfance et les conditions sociales et de vie des enfants.

La population cible de l'EEA comprenait les enfants des Premières nations vivant hors réserve, les enfants métis et les enfants inuits dans les dix provinces ainsi que tous les enfants autochtones dans les trois territoires. Les enfants ont été identifiés dans l'EEA comme étant « Indien de l'Amérique du Nord »; toutefois, l'expression « Premières nations » est utilisée tout au long du présent article.

L'échantillon d'enfants de moins de six ans a été sélectionné auprès des ménages avec enfants identifiés dans le Recensement de 2006 comme ayant des antécédents autochtones; et (ou) identifiés comme étant Indien de l'Amérique du Nord et (ou) Métis et (ou) Inuit; et (ou) ayant un statut d'Indien des traités ou d'Indien inscrit; et (ou) appartenant à une bande indienne. Les enfants vivant dans des réserves des Premières nations n'étaient pas inclus dans l'échantillon de l'enquête; ainsi, les résultats ne s'appliquent pas à la population des réserves, laquelle représentait environ 43 % de la population des Premières nations en 200622.

Le taux de réponse global à l'EEA était de 81,1 % (n = 12 845 enfants, représentant une population d'environ 135 000 enfants autochtones de moins de six ans). De plus amples renseignements sur l'EEA sont fournis ailleurs23. La présente étude porte uniquement sur les enfants dont les parents ont déclaré que leurs enfants avaient une ou plusieurs identités autochtones, soit Premières nations (n = 5 167) ou Métis (n = 3 793). Moins de 2 % de la population a déclaré appartenir à plus d'un groupe autochtone. Par conséquent, seulement un petit pourcentage de la population a été compté deux fois.

Mesures

Caractéristiques sociodémographiques

Le parent ou tuteur qui a répondu au questionnaire de l'EEA était la mère biologique ou le père biologique dans le cas de 90 % des enfants des Premières nations habitant hors réserve et de 94 % des enfants métis. Le parent ou tuteur a fourni des renseignements sur le sexe et l'âge de l'enfant au moment de l'entrevue, le plus haut niveau de scolarité du parent ou tuteur, le nombre de personnes dans le ménage, le revenu total du ménage, le nombre de fois que l'enfant a déménagé et la province ou la région (tableau 1). Le parent ou tuteur a également déclaré le nombre de personnes contribuant à élever l'enfant (par exemple, le père, les grands-parents, d'autres membres de la famille), qui a été catégorisé comme étant « une », « deux » ou « trois personnes ou plus ». On s'attendait à ce que le nombre de personnes élevant l'enfant convienne mieux à l'examen de la structure de la famille dans le cas des enfants autochtones que la dichotomie un parent/deux parents24.

Tableau 1 Certaines caractéristiques des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis de moins de 6 ans, population à domicile, Canada, 2006Tableau 1 Certaines caractéristiques des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis de moins de 6 ans, population à domicile, Canada, 2006

Étant donné les petites tailles d'échantillon, les provinces de l'Atlantique (Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard) ont été regroupées, de même que les territoires (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut).

Des renseignements ont été recueillis sur la question de savoir si l'enfant avait été allaité et, dans l'affirmative, le nombre de mois d'allaitement.

La sécurité alimentaire du ménage a été mesurée au moyen de la question suivante : « À quelle fréquence l'enfant a-t-il eu faim parce que la famille était à court de nourriture ou n'avait plus d'argent pour en acheter? » Les réponses possibles étaient : plus souvent qu'à la fin de chaque mois, régulièrement à la fin du mois, certains mois, occasionnellement et jamais. Aux fins de la présente étude, les ménages en situation d'insécurité alimentaire ont été définis comme étant ceux où l'enfant a eu faim à cause d'un manque de nourriture au moins occasionnellement; le reste des ménages ont été définis comme étant en situation de sécurité alimentaire.

Les renseignements sur l'usage du tabac ont été recueillis au moyen de la question suivante : « En comptant les membres du ménage et les visiteurs habituels, est-ce que quelqu'un fume dans votre maison tous les jours ou presque? » (oui, non).

Le niveau d'activité de l'enfant a été estimé à l'aide d'une question sur la fréquence de l'activité physique (au moins une fois par jour, moins d'une fois par jour ou jamais). Le nombre quotidien total d'heures passées devant un écran (à regarder la télévision, à jouer à des jeux vidéo ou à utiliser l'ordinateur) a également été déclaré.

Le parent ou tuteur a répondu à des questions sur la satisfaction par rapport à son logement (très satisfait ou satisfait par rapport à insatisfait ou très insatisfait) et le quartier en tant qu'endroit i) ayant des établissements de santé et ii) offrant des activités culturelles (excellent, très bien,  bien par rapport à passable, mauvais).

Indicateurs de la santé

En tant que marqueur global de la santé, le parent ou tuteur a déclaré la santé générale de l'enfant comme étant excellente ou très bonne par rapport à bonne, passable ou mauvaise. D'autres résultats en matière de santé étaient les limitations des activités physiques de l'enfant en raison d'un problème de santé (oui, non), le nombre d'infections de l'oreille que l'enfant avait eues au cours de l'année précédente et si l'enfant avait des problèmes dentaires (oui, non). Seuls les enfants de trois ans ou plus ont été visés par l'analyse des questions dentaires, puisque la recommandation actuelle est que les enfants subissent régulièrement des examens buccodentaires lorsqu'ils atteignent deux ou trois ans. Le parent ou tuteur a déclaré la présence de problèmes de santé chroniques, y compris l'asthme, les allergies, la déficience visuelle ou auditive, les maladies du cœur, le diabète et le syndrome d'alcoolisation fœtale (une liste des problèmes de santé chroniques incluse dans l'EEA figure à l'annexe A). Si un problème de santé chronique était déclaré, on demandait au parent ou tuteur s'il avait été diagnostiqué par un professionnel de la santé (oui, non). Si le problème avait été diagnostiqué par un professionnel, on demandait au parent ou tuteur si l'enfant avait reçu des traitements (oui, non).

Tableau A Prévalence des problèmes de santé chroniques, du diagnostic et du traitement, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006Tableau A Prévalence des problèmes de santé chroniques, du diagnostic et du traitement, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006

On a examiné la prévalence des problèmes de santé chroniques pour déterminer lesquels étaient les plus fréquents. Les problèmes ayant un taux de prévalence de 5 % ou plus ont été retenus; les autres problèmes de santé ont été regroupés dans une catégorie « Autres ». Des renseignements sur la prévalence des problèmes de santé classés dans la catégorie « Autres » figurent à l'annexe A.

Analyses statistiques

Des statistiques bivariées ont servi à décrire les caractéristiques sociodémographiques de l'échantillon et les indicateurs de la santé des enfants. Pour certains marqueurs de la santé, les données sur les enfants non autochtones ont été tirées de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes de 2006.Toutefois, aucune comparaison statistique n'a été faite entre les enfants autochtones et non autochtones en raison de différences dans l'échantillon et(ou) dans les questions posées dans les deux enquêtes.

Pour chaque groupe autochtone, on a utilisé des comparaisons chi carré et des tests t pour déterminer les caractéristiques sociodémographiques et liées au mode de vie significativement associées à une excellente ou très bonne évaluation de la santé par le parent ou tuteur par rapport à bonne, passable ou mauvaise. La santé autoévaluée a été dichotomisée de cette façon dans des recherches antérieures25, plus particulièrement dans le cas des enfants autochtones3, et a été jugée appropriée étant donné le jeune âge des membres de cet échantillon, dont on s'attendrait à ce que la majorité soit en excellente ou en très bonne santé.

On a procédé à des analyses de régression logistique prédisant une excellente ou très bonne évaluation de la santé de l'enfant par le parent ou tuteur, à partir des divers déterminants sociaux. Ces analyses visaient à déterminer quelles associations entre la santé des enfants et les déterminants sociaux demeurent significatives lorsqu'on tient compte des autres déterminants. Seules les variables significativement associées à la variable de résultat au niveau univarié (à l'intérieur des groupes autochtones) ont été incluses dans les modèles de régression logistique. Des modèles distincts ont été ajustés pour les enfants des Premières nations vivant hors réserve et les enfants métis.

L'activité physique a été exclue des analyses du chi carré et de régression en raison de la très faible variation; en effet, presque tous les enfants exerçaient une activité physique tous les jours.

Les poids de sondage de l'enquête ont été utilisés afin que toutes les analyses soient représentatives des populations métisse et des Premières nations vivant hors réserve au Canada. Afin de tenir compte du plan de sondage complexe, on a appliqué une technique bootstrap pour l'estimation de la variance26 ainsi que le facteur multiplicatif approprié (le « facteur d'ajustement de Fay »)23.

Résultats

Enfants des Premières nations vivant hors réserve

Indicateurs de la santé 

Selon leur parent ou tuteur, 85 % des enfants des Premières nations de moins de six ans vivant hors réserve étaient en excellente ou très bonne santé (tableau 2), comparativement à 90 % de l'ensemble des enfants canadiens. Peu d'enfants des Premières nations vivant hors réserve (5 %) présentaient des limitations d'activités en raison d'un problème de santé. Environ la moitié (51 %) des enfants des Premières nations vivant hors réserve avaient déjà eu une infection de l'oreille et il s'agissait en moyenne d'une infection au cours de l'année précédente. Dans le cas des enfants de 0 à 3 ans, 46 % (données non présentées) des enfants des Premières nations vivant hors réserve avaient eu une infection de l'oreille, comparativement à 40 % de l'ensemble des enfants canadiens dans cette fourchette d'âge.

Tableau 2 État de santé des enfants, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006Tableau 2 état de santé des enfants, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006

Près du tiers (30 %) des enfants des Premières nations de 3 ans ou plus vivant hors réserve avaient eu des problèmes dentaires.

Les problèmes de santé chroniques les plus courants chez les enfants des Premières nations vivant hors réserve étaient l'asthme (10 %), les difficultés de la parole ou du langage (10 %), les allergies (9 %) et l'intolérance au lactose (7 %). Un enfant sur six (15 %) souffrait d'un autre problème de santé chronique. Toutefois, le problème de santé chronique déclaré n'avait pas été diagnostiqué par un professionnel de la santé dans le cas de tous les enfants. Par exemple, 70 % des enfants ayant une intolérance au lactose, 76 % de ceux ayant des difficultés de la parole ou du langage, 78 % de ceux souffrant d'allergies et 95 % de ceux faisant de l'asthme avaient reçu un diagnostic professionnel. Parmi les enfants ayant reçu un diagnostic, la prévalence du traitement variait, allant de 57 % pour l'intolérance au lactose à 96 % pour l'asthme.

Déterminants sociaux de la santé

Les caractéristiques des enfants des Premières nations vivant hors réserve qui étaient en excellente ou en très bonne santé différaient de celles des enfants des Premières nations vivant hors réserve dont la santé était bonne, passable ou mauvaise (tableau 3). Les filles étaient significativement plus susceptibles que les garçons d'être déclarées en excellente ou en très bonne santé. La probabilité d'être en excellente ou très bonne santé était significativement plus élevée chez les garçons dont le parent ou tuteur était titulaire d'un diplôme d'études secondaires et chez les enfants élevés par au moins deux personnes.

Tableau 3 Déterminants sociaux de l'évaluation par le parent ou tuteur de l'état de santé des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006Tableau 3 Déterminants sociaux de l'évaluation par le parent ou tuteur de l'état de santé des enfants des Premières nations vivant hors réserve et des enfants métis, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006

Des différences géographiques s'observaient également, les enfants des Premières nations vivant hors réserve dans les provinces de l'Atlantique et en Ontario étant significativement plus susceptibles d'être en excellente ou très bonne santé que ceux dans les provinces de l'Ouest et dans les Territoires. En outre, les enfants en Saskatchewan étaient moins susceptibles d'être en excellente ou en très bonne santé que les enfants au Québec, en Alberta ou en Colombie-Britannique. Les enfants en excellente ou en très bonne santé avaient tendance à vivre dans des ménages plus petits au revenu moyen relativement élevé et avaient déménagé moins de fois (t = 4,98, p < ,001) (données non présentées parce que le nombre moyen de déménagements selon l'année d'âge n'est pas interprétable).

Les enfants des Premières nations vivant hors réserve qui avaient été allaités étaient plus susceptibles d'être en excellente ou en très bonne santé que ceux qui n'avaient pas été allaités. La prévalence d'une excellente ou très bonne santé était également plus élevée chez les enfants vivant dans les ménages en situation de sécurité alimentaire et dans ceux où l'usage du tabac n'était pas chose courante. Le temps total passé chaque jour devant un écran n'était pas différent dans le cas des enfants ayant une excellente ou très bonne santé par rapport à bonne, passable ou mauvaise.

La satisfaction du parent ou tuteur par rapport au logement et les perceptions positives à l'égard des établissements de santé locaux étaient associées à des pourcentages plus élevés d'enfants déclarés être en excellente ou en très bonne santé.

Bien entendu, bon nombre des caractéristiques associées à l'excellente ou la très bonne santé des enfants sont elles-mêmes interreliées. Par exemple, il n'est pas déraisonnable de s'attendre à constater une association entre le niveau de scolarité du parent ou tuteur, le revenu du ménage et la sécurité alimentaire.

Lorsque les effets éventuels de ces facteurs ont été pris en compte simultanément dans un modèle de régression logistique, plusieurs sont demeurés indépendamment et significativement liés à la santé des enfants des Premières nations vivant hors réserve (tableau 4). La cote exprimant la possibilité d'être déclaré en excellente ou en très bonne santé était plus faible si l'enfant était de sexe masculin et s'il était élevé par une seule personne (comparativement à deux personnes). La cote exprimant la possibilité d'une santé excellente ou très bonne était progressivement plus faible à mesure que la taille du ménage et le nombre de déménagements augmentaient.

Tableau 4 Rapports de cotes corrigés reliant les déterminants sociaux à une évaluation « excellente » ou « très bonne » de la santé par le parent ou tuteur, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006Tableau 4 Rapports de cotes corrigés reliant les déterminants sociaux à une évaluation « excellente » ou « très bonne » de la santé par le parent ou tuteur, selon l'identité autochtone, population à domicile de moins de 6 ans, Canada, 2006

La cote exprimant la possibilité d'être en excellente ou en très bonne santé était significativement plus élevée dans le cas des enfants dont le parent ou tuteur possédait au moins un diplôme d'études secondaires (comparativement à un plus faible niveau de scolarité), qui vivaient dans les ménages ayant un revenu élevé, et qui avaient été allaités. La cote exprimant la possibilité d'être en excellente ou en très bonne santé était également plus élevée pour les enfants dont le parent ou tuteur était très satisfait ou satisfait de son logement (par rapport à insatisfait ou très insatisfait) et percevait les établissements de santé communautaires comme étant excellents ou très bons (par rapport à passables ou mauvais).

Enfants métis 

Indicateurs de la santé

Environ 87 % des enfants métis ont été déclarés par leur parent ou tuteur être en excellente ou en très bonne santé (tableau 2); dans le cas de 4 % des enfants, l'activité physique était limitée par un problème de santé. Un peu plus de la moitié (51 %) des enfants métis avaient eu au moins une infection de l'oreille au cours de leur vie (45 % de ceux de 3 ans ou moins). Ceux qui avaient déjà eu une infection de l'oreille avaient eu en moyenne au moins une infection au cours de l'année précédente. Plus du cinquième (22 %) des enfants métis de 3 à 5 ans avaient eu des problèmes dentaires au cours de l'année précédente.

Les problèmes de santé chroniques les plus courants chez les enfants métis étaient l'asthme (10 %), les allergies (10 %), les difficultés de la parole ou du langage (9 %) et l'intolérance au lactose (6 %). Un enfant sur six (15 %) souffrait d'un autre problème de santé chronique. Parmi les enfants ayant un problème de santé chronique, le pourcentage ayant reçu un diagnostic par un professionnel de la santé allait de 72 % (intolérance au lactose) à 96 % (asthme). Chez les enfants ayant reçu un diagnostic, 53 % de ceux ayant une intolérance au lactose, 62 % de ceux souffrant d'allergies, 81 % de ceux ayant des difficultés de la parole ou du langage et 97 % de ceux faisant de l'asthme avaient reçu un traitement.

Déterminants sociaux de la santé

Les filles et les jeunes enfants métis étaient plus susceptibles que les garçons et les enfants plus âgés d'être déclarés en excellente ou en très bonne santé (tableau 3). Le niveau de scolarité plus élevé (diplôme d'études secondaires ou niveau plus élevé de scolarité) du parent ou tuteur et le fait d'être élevé par deux personnes ou plus (comparativement à une seule personne) étaient également associés à une meilleure santé. Les enfants métis en Saskatchewan étaient moins susceptibles d'être déclarés en excellente ou en très bonne santé que ceux vivant ailleurs. Le fait de vivre dans un ménage à revenu élevé, d'avoir déménagé relativement peu souvent (t = -4,93, p < ,001), et d'avoir été allaité étaient liés à une santé excellente ou très bonne (tableau 3).

En outre, les enfants vivant dans les ménages qui étaient en situation de sécurité alimentaire et où l'usage du tabac à la maison n'était pas chose courante étaient plus susceptibles d'être en excellente ou en très bonne santé. La santé des enfants, excellente ou très bonne par rapport à bonne, passable ou mauvaise, n'était pas liée au nombre quotidien d'heures passées devant un écran. Toutefois, les perceptions positives du parent ou tuteur à l'égard du logement et des établissements de santé communautaires étaient associées à des pourcentages plus élevés d'enfants en excellente ou très bonne santé.

Lorsque les déterminants sociaux de la santé ont été pris en compte simultanément (tableau 4), plusieurs d'entre eux sont demeurés liés de façon significative à la cote exprimant la possibilité que les enfants métis soient déclarés en excellente ou en très bonne santé. La cote exprimant la possibilité d'être en excellente ou très bonne santé était significativement plus faible pour les garçons et les enfants élevés par une seule personne (plutôt que par deux personnes). La cote exprimant la possibilité d'être en excellente ou en très bonne santé diminuait à mesure que le nombre de déménagements augmentait. La cote exprimant la possibilité d'être en excellente ou en très bonne santé était plus élevée dans le cas des enfants vivant dans des ménages à revenu élevé, qui avaient été allaités, et dont le parent ou tuteur était très satisfait ou satisfait de son logement et percevait son quartier comme ayant des établissements de santé excellents, très bons ou bons, par rapport aux enfants qui ne partageaient pas ces caractéristiques.

Discussion

D'après l'Enquête sur les enfants autochtones de 2006, la majorité des enfants des Premières nations vivant hors réserve (85 %) et des enfants métis (87 %) de moins de six ans ont été déclarés être en excellente ou en très bonne santé par leur parent ou tuteur. Ces pourcentages sont inférieurs à celui de 90 % de l'ensemble des enfants canadiens dans cette catégorie d'état de santé. Ces résultats s'apparentent à ceux d'études antérieures indiquant des inégalités en matière de santé chez les enfants autochtones4,8.

Les problèmes de santé chroniques les plus courants déclarés par les parents ou tuteurs des enfants métis et des Premières nations étaient l'asthme, les difficultés de la parole ou du langage, les allergies et l'intolérance au lactose. Ces résultats sont comparables à ceux de l'Enquête régionale sur la santé des Premières nations3, selon laquelle les problèmes de santé chroniques les plus courants chez les enfants des Premières nations vivant dans les réserves sont l'asthme, les allergies et les infections de l'oreille chroniques. Dans la présente étude, la probabilité que ces problèmes de santé aient été diagnostiqués par un professionnel et traités varie considérablement, ce qui peut tenir à des différences en matière d'accès aux soins médicaux ou d'options de traitement4,27.

Dans l'analyse multivariée, plusieurs déterminants sociaux comportaient un lien significatif avec une santé excellente ou très bonne chez les enfants métis et des Premières nations, à savoir le niveau de scolarité des parents, le nombre de personnes contribuant à élever l'enfant, le revenu du ménage, les déménagements et l'allaitement. En revanche, les différences provinciales en matière de prévalence de la santé excellente ou très bonne au niveau univarié sont disparues dans les modèles multivariés. Cela donne à penser que l'effet de la géographie était atténué par d'autres variables comprises dans les modèles ou corrélé avec elles.

Des associations significatives se sont dégagées entre la santé de l'enfant et les perceptions du parent ou tuteur de la collectivité. Même lorsque les autres facteurs familiaux et sociaux étaient pris en compte, la cote exprimant la possibilité que les enfants des Premières nations vivant hors réserve et les enfants métis soient déclarés être en excellente ou en très bonne santé était plus élevée si le parent ou tuteur percevait le logement comme étant excellent, très bon ou bon. En outre, la cote exprimant la possibilité d'une évaluation positive de la santé était significativement plus élevée pour les enfants dont le parent ou tuteur percevait les établissements de santé communautaires comme étant excellents, très bons ou bons plutôt que passables ou mauvais. Toutefois, comme les données sont autodéclarées, un biais dû aux réponses positives est possible, c'est-à-dire que les parents qui font une évaluation positive de l'état de santé de leurs enfants peuvent être également plus susceptibles d'évaluer de façon positive leur logement et leurs établissements de santé communautaires.

Limites et orientations futures

Malgré les nombreux points forts de la présente étude, notamment le grand échantillon représentatif d'enfants autochtones, il convient de souligner plusieurs limites. Les enfants des Premières nations vivant dans les réserves (43 % de l'ensemble des enfants des Premières nations) ont été exclus de l'EEA; par conséquent, les résultats ne peuvent être généralisés à l'échelle de cette population. En outre, les mesures étaient déclarées par les parents et transversales (prises à un point dans le temps). Des recherches longitudinales, s'appuyant peut-être sur plusieurs sources de données, sont nécessaires pour permettre de mieux comprendre la nature de la relation entre les conditions sociales, les comportements influant sur la santé et les résultats en matière de santé chez les enfants autochtones.

Cela étant dit, les évaluations du parent ou tuteur de l'état de santé général faites dans l'EEA sont probablement des mesures valides. Les analyses préliminaires ont révélé une association entre les problèmes de santé chroniques et l'état de santé général : les enfants ayant des problèmes de santé chroniques étaient plus susceptibles d'être déclarés en moins bonne santé par le parent ou tuteur que les enfants n'ayant pas ces problèmes de santé. Toutefois, les travaux à venir pourraient porter sur d'autres indices de la santé des enfants.

Enfin, il y a lieu de faire une mise en garde en ce qui concerne l'interprétation de la « santé ». Selon les perceptions du parent ou tuteur, l'évaluation de la santé de l'enfant peut comprendre ou ne pas comprendre la santé mentale. La définition ou l'interprétation des peuples autochtones de la santé générale peut être fondée sur une approche holistique qui englobe les aspects physiques, mentaux, émotionnels et spirituels9,28,29. Ainsi, les mesures de la santé des enfants dans la présente analyse ne saisissent peut-être pas tout ce qui, aux yeux des Premières nations ou des Métis, constitue la santé.

Conclusion

La présente étude fournit des preuves d'associations entre la santé des enfants autochtones et plusieurs déterminants sociaux de la santé, y compris le nombre de personnes qui élèvent l'enfant, l'allaitement, les conditions de logement et les perceptions à l'égard des établissements de santé communautaires. De futurs travaux de recherche permettraient d'examiner d'autres marqueurs et prédicteurs de la santé des enfants chez les Premières nations vivant hors réserve et les Métis.