Analyses de la survie conditionnelle selon le siège du cancer

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Par Larry F. Ellison, Heather Bryant, Gina Lockwood et Lorraine Shack

Les statistiques sur la survie sont des indicateurs de l'efficacité des activités de détection et de traitement du cancer1. Ces statistiques servent à effectuer des comparaisons portant sur la lutte contre le cancer au fil du temps2 ainsi qu'entre les secteurs de compétence3,4. Elles sont aussi utiles aux cliniciens qui fournissent des soins directs, et aux patients, qui demandent généralement à connaître leur pronostic5.
 
Les estimations de la survie sont généralement exprimées sous forme de probabilité – ou ratio, de la proportion de cas de survie relative observés à celle de cas prévus – de survivre pendant une période donnée (cinq ans, par exemple) après un diagnostic de cancer. Ces estimations deviennent toutefois moins pertinentes pour les personnes ayant survécu un an ou plus à un diagnostic, car le risque de décès par cancer est souvent le plus grand pendant les premières années. Une fois passée cette période initiale, le pronostic peut devenir nettement meilleur, si bien que les estimations originales ne s'appliquent plus6. Pour ces personnes, il convient d'évaluer les perspectives de survie en fonction de la survie conditionnelle.

Pour la première fois au Canada, des estimations de la survie relative conditionnelle prévue sont présentées pour un grand nombre de cancers. Ainsi, l'étude met en évidence les cancers pour lesquels l'amélioration relative du pronostic depuis le moment du diagnostic est la plus grande. Elle montre aussi les cancers pour lesquels cette amélioration est plus limitée. (Voir Les données)

Le pronostic s'améliore au fil du temps

Plus on s'éloigne du moment où le diagnostic initial a été posé, plus la probabilité relative de survivre cinq années de plus s'améliore, et ce, pour presque tous les types de cancer étudiés; cette amélioration est particulièrement marquée dans les deux premières années (tableau 1). Il existe toutefois une exception notable, soit la leucémie lymphoïde chronique (LLC), à laquelle le ratio de survie relative à cinq ans au moment du diagnostic est légèrement inférieur à 80 % et ne semble pas s'améliorer dans les cinq ans qui le suivent.

Tableau 1 Ratios de survie relative (RSR) à cinq ans prévus, par type de cancer, conditionnels à la survie jusqu'à cinq ans, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006Tableau 1 Ratios de survie relative (RSR) à cinq ans prévus, par type de cancer, conditionnels à la survie jusqu'à cinq ans, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006

Après cinq années de survie, le ratio de survie relative (RSR) conditionnelle à cinq ans avait progressé, pour atteindre au moins 95 %, dans le cas des cancers pour lesquels le RSR à cinq ans initial était de 80 % ou plus. Faisait exception le cancer du sein (RSR de 93 % après cinq ans). Dans le cas des cancers de la thyroïde, de la prostate et  des testicules, le pronostic sur cinq ans au moment du diagnostic était de 95 %; ce niveau a été atteint au bout de trois ans pour le mélanome de la peau et le cancer du corps de l'utérus, et au bout de cinq ans pour le lymphome hodgkinien. Un ratio de survie relative conditionnelle à cinq ans de 90 % ou plus a été atteint pour le cancer du sein après deux ans et pour tous les autres cancers de ce groupe, après un an.

Parmi les cancers pour lesquels le RSR à cinq ans variait de 50 % à 79 % au moment du diagnostic, les cancers du col de l'utérus et du côlon affichaient un ratio de survie relative conditionnelle à cinq ans de 95 % ou plus après cinq ans; il était de 90 % et plus après trois ans de survie pour les cancers de la vessie, du rein et du bassinet du rein, ainsi que des tissus mous, et après quatre ans de survie pour le cancer du rectum. Un tel ratio n'a pas été atteint dans le cas des autres cancers dont le RSR à cinq ans initial allait de 50 % à 79 %; on observe néanmoins une progression chez les personnes ayant survécu cinq ans à un diagnostic de cancer de la bouche ou du larynx ainsi que de lymphome non hodgkinien, leur RSR étant passé de plus ou moins 65 % au moment du diagnostic à environ 85 % après cinq ans. L'absence apparente d'amélioration du pronostic chez les personnes ayant reçu un diagnostic de LLC représentait un cas unique parmi les cancers associés avec au moins une faible surmortalité au moment du diagnostic. Ces observations concordent avec celles d'une étude menée récemment à partir de données tirées du Surveillance, Epidemiology and End Results Program aux États-Unis7.

Des prévisions de survie nettement meilleures que celles formulées au moment du diagnostic ont été atteintes pour tous les cancers pour lesquels le pronostic relatif sur cinq ans initial était inférieur à 50 % (figure 1). Cela dit, le ratio de survie relative conditionnelle à cinq ans était toujours inférieur à 90 % cinq ans après le diagnostic pour tous les cancers de ce groupe, sauf deux – le cancer de l'estomac et la leucémie (LLC non comprise). Dans ces deux cas, il a atteint 90 % malgré des pronostics initiaux de 24 % et 34 %, respectivement. Les estimations les plus faibles de la survie relative à cinq ans depuis le moment du diagnostic correspondaient aux cancers de l'œsophage (13 %) et du pancréas (6 %); toutefois, après cinq ans de survie, l'un et l'autre affichaient un ratio de survie relative conditionnelle à cinq ans variant de 85 % à 89 % environ. L'amélioration a été plus modeste (de 37 % à 60 %) dans le cas du myélome multiple.

Figure 1 Ratios de survie relative conditionnelle à cinq ans prévus, certains cancers, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006Figure 1 Ratios de survie relative conditionnelle à cinq ans prévus, certains cancers, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006

Classement selon le RSR à cinq ans

Les cancers du pancréas et du côlon sont ceux où l'on constate l'amélioration la plus marquée dans le classement des RSR à cinq ans entre le moment du diagnostic et cinq ans plus tard (tableau 2). En effet, parmi les cancers que nous avons étudiés, le cancer du pancréas se classait au 26e  rang au moment du diagnostic, mais au 16e  au bout de cinq ans de survie; pour sa part, le cancer du côlon est passé du 15e au 6e  rang. Quant aux cancers de l'estomac et de l'œsophage, ainsi qu'à la leucémie (LLC non comprise), leur classement s'est amélioré de sept, six et cinq positions, respectivement.

Tableau 2 Classement relatif des types de cancer, selon le ratio prévu de survie relative à cinq ans au moment du diagnostic et conditionnelle à cinq ans de survie, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006Tableau 2 Classement relatif des types de cancer, selon le ratio prévu de survie relative à cinq ans au moment du diagnostic et conditionnelle à cinq ans de survie, Canada, Québec non compris, 2004 à 2006

On observe un recul marqué dans le classement de la LLC – du 8e au 23e  rang –, ce qui tient en grande partie à l'absence d'une hausse prévue de la survie relative chez les personnes ayant survécu les cinq premières années suivant le diagnostic. Enfin, le myélome multiple et les cancers du sein et du larynx ont reculé de six ou sept rangs, ce qui signifie que les perspectives de survie à ces cancers ne se sont pas améliorées autant que pour nombre d'autres cancers.

Profils similaires chez les hommes et les femmes

Les profils par sexe de survie relative conditionnelle à la survie de un à cinq ans suivant le diagnostic étaient généralement similaires chez les hommes et les femmes (données non présentées). Par exemple, au moment du diagnostic, le RSR à cinq ans pour le cancer du rectum était de 63 % chez les hommes et de 65 % chez les femmes et, après cinq ans de survie, de 92 % et 94 %, respectivement.

Dans certains cas, un avantage quant à la survie lié au sexe qui était apparent au moment du diagnostic disparaissait au cours des cinq premières années de la période de suivi. Par exemple, dans le cas du mélanome de la peau, des cancers du poumon et des bronches, du lymphome hodgkinien et du cancer du cerveau, le RSR à cinq ans au moment du diagnostic était d'au moins 4 points de pourcentage supérieur chez les femmes, mais différait tout au plus d'un point de pourcentage d'avec celui des hommes avant ou à la date du cinquième anniversaire du diagnostic (données non présentées). De même, dans le cas du cancer de la vessie, l'avantage quant à la survie dont semblaient jouir les hommes au moment du diagnostic disparaissait assez rapidement après l'établissement de ce dernier (données non présentées).

Conclusion

Les estimations de la survie conditionnelle présentées ici sont fondées sur la population et reflètent donc le temps de survie moyen pour des groupes de personnes nombreux plutôt que pour une seule personne. Néanmoins, ces chiffres permettent d'actualiser le pronostic initial pour un certain nombre de cancers et représentent généralement une source d'optimisme. Pour la plupart des types de cancer, les perspectives de survie des personnes ayant survécu un an ou plus à leur diagnostic sont meilleures – de beaucoup parfois – qu'au moment du diagnostic. En revanche, dans le cas des cancers auxquels l'espérance de survie était déjà très bonne, comme le cancer de la thyroïde, on ne peut s'attendre qu'à une amélioration limitée.

Les données sur la survie conditionnelle fournissent des renseignements qui permettent de faire des pronostics plus exacts en ce qui a trait à l'évolution du risque de décès. Ces résultats pourraient aider les personnes ayant survécu un an ou plus à un diagnostic de cancer à revoir leur façon d'envisager l'avenir et les personnes leur offrant des soins à planifier en fonction de l'avenir. Des calculs de la survie conditionnelle à des cancers particuliers selon le sous-siège ou le sous-type histologique du cancer et par groupe d'âge permettraient d'approfondir nos connaissances sur le plan clinique.

Remerciements

Le Registre canadien du cancer est tenu à jour par Statistique Canada. Il contient des données fournies par les registres provinciaux et territoriaux du cancer, dont la collaboration est vivement appréciée. Les auteurs tiennent à remercier Kathryn Wilkins de Statistique Canada pour son examen du manuscrit.