Résultats
Consulter la version la plus récente.
Information archivée dans le Web
L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.
La douleur qui dure plusieurs mois1 ou qui persiste une fois qu'une blessure est guérie2 est considérée comme chronique. La douleur chronique a des répercussions non seulement sur les personnes qui l'éprouvent, mais sur leurs familles, le système de soins de santé et la société dans son ensemble3. Elle peut être à l'origine d'autres problèmes de santé comme les problèmes d'alimentation, les troubles du sommeil et la fatigue4-6. Les absences de l'école, du travail et d'activités sociales ont été liées à la douleur chronique3,7,8. Les gens peuvent perdre leur emploi ou changer d'emploi et, dans des cas plus extrêmes, ne peuvent pas travailler du tout3,5, 9,10. La santé mentale peut être compromise. En effet, la douleur chronique a été associée à l'anxiété, à la dépression, à la solitude, aux idées suicidaires et aux tentatives de suicide11.
Même si la douleur chronique est habituellement associée au vieillissement, elle est relativement courante à des âges plus jeunes. Cependant, les grandes études de population portant sur la douleur chronique chez les personnes non âgées sont peu nombreuses4,12-14. Les recherches sur la douleur chez les personnes plus jeunes portent plutôt sur des problèmes de santé chroniques et des sièges de la douleur particuliers15-17, de petits segments de la population comme des groupes professionnels ou ethniques18-20, ou des échantillons de convenance tels que les enfants qui fréquentent certaines écoles ou qui habitent dans certaines régions4,21. Les résultats de pareilles études ne brossent qu'un tableau partiel de la douleur chronique chez les personnes plus jeunes.
La présente analyse fondée sur la population s'appuie sur les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2007-2008. Elle fournit des estimations de la prévalence de la douleur chronique selon des caractéristiques sociodémographiques pour un échantillon de 57 660 participants à l'enquête de 12 à 44 ans, représentant les 14,6 millions de Canadiens dans cette fourchette d'âge (tableau A en annexe). Les auteurs examinent également la douleur chronique en rapport avec les problèmes de santé chroniques, les répercussions sur le fonctionnement, les caractéristiques du travail, l'utilisation des soins de santé et la santé mentale ainsi que le bien-être en général. (Voir Les Données)
Un sur dix
En 2007-2008, plus de 1,5 million de Canadiens de 12 à 44 ans – 9 % d'hommes et 12 % de femmes – ont déclaré souffrir de douleur chronique (tableau 1). La prévalence de la douleur chronique augmentait avec l'âge : chez les 12 à 17 ans, 2 % des hommes et 6 % des femmes ont déclaré éprouver de la douleur chronique; dans le groupe des 35 à 44 ans, les chiffres correspondants étaient 14 % et 17 %.
Conformément aux études antérieures9,10,20,24,25, les données de l'ESCC de 2007-2008 montrent que la cote exprimant le risque d'éprouver de la douleur chronique était plus élevée pour les femmes de 12 à 44 ans que pour les hommes dans cette fourchette d'âge. Toutefois, ce rapport n'est plus significatif après prise en compte de la présence de problèmes de santé chroniques, ce qui donne à penser que ces derniers sont dans une large mesure à l'origine de l'association observée entre le sexe et la douleur (données non présentées).
Le niveau de scolarité du ménage est associé à la douleur. Les personnes vivant dans des ménages dont aucun membre n'était titulaire d'un diplôme d'études secondaires étaient près de deux fois plus susceptibles de déclarer souffrir de douleur chronique que celles vivant dans des ménages comptant au moins un titulaire d'un diplôme d'études postsecondaires.
Comparativement aux personnes d'origine raciale ou culturelle blanche, les Autochtones étaient plus susceptibles de déclarer éprouver de la douleur. Cela s'explique peut-être en partie par la prévalence plus élevée des problèmes de santé chroniques liés à la douleur (problèmes de dos, migraine, arthrite, ulcères à l'estomac ou à l'intestin, troubles d'anxiété et troubles de l'humeur) dans la population autochtone (données non présentées).
Dans le cas des hommes, la douleur chronique est plus courante chez ceux vivant en région rurale que chez ceux vivant en région urbaine.
Problèmes de santé chroniques
Les problèmes de dos ont été déclarés par plus de 2 millions de personnes de 12 à 44 ans (14 % d'hommes et 17 % de femmes), dont environ le tiers ont également déclaré éprouver de la douleur chronique (tableau 2). La migraine est également répandue dans cette fourchette d'âge, particulièrement chez les femmes (17 %) et près du quart de ces dernières ont déclaré éprouver de la douleur chronique. L'arthrite, problème relativement peu courant chez les personnes de 12 à 44 ans (moins de 5 %) est étroitement associée à la douleur. Environ la moitié des hommes et des femmes atteints d'arthrite ont également déclaré éprouver de la douleur chronique. Fait peu surprenant, plus le nombre de problèmes de santé chroniques était élevé, plus les personnes étaient susceptibles de déclarer souffrir de douleur chronique.
Limitations d'activités
Plus de 60 % des personnes de 12 à 44 ans souffrant de douleur chronique ont déclaré avoir « parfois » ou « souvent » des limitations d'activités, comparativement à 15 % de celles n'éprouvant pas de douleur chronique (tableau 3). Ces limitations touchent tous les aspects de la vie, à la maison, à l'école, au travail, le transport et les loisirs, et elles persistent dans l'analyse multivariée qui tient compte de l'âge, des caractéristiques sociodémographiques et des problèmes de santé chroniques (données non présentées).
La majorité des hommes (64 %) et des femmes (74 %) éprouvant de la douleur chronique ont déclaré que celle-ci non seulement limitait mais empêchait au moins quelques activités. La prévalence de la douleur empêchant les activités augmente avec l'âge et est systématiquement plus élevée chez les femmes que chez les hommes. La différence entre les sexes est particulièrement prononcée chez les personnes de 12 à 17 ans : 66 % des femmes éprouvant de la douleur chronique ont déclaré qu'elle empêchait des activités, comparativement à 42 % des hommes.
Besoin d'aide
Les activités de la vie quotidienne (AVQ) (activités essentielles à l'autonomie) comprennent les soins personnels comme prendre un bain, s'habiller, manger et prendre des médicaments, ainsi que se déplacer dans la maison. Les activités instrumentales de la vie quotidienne (AIVQ) permettent d'évaluer l'autonomie fonctionnelle et comprennent préparer les repas, exécuter les travaux ménagers quotidiens, se rendre aux rendez-vous, faire des commissions comme l'épicerie, effectuer des opérations bancaires et payer des factures. On a identifié les personnes ayant besoin d'aide pour les AVQ ou les AIVQ à cause de problèmes de santé. Étant donné que la plupart des jeunes de 12 à 17 ans, sans égard à leur état de santé, ont besoin d'aide pour de nombreuses AIVQ, cette variable est examinée seulement pour les personnes de 18 à 44 ans.
Très peu de personnes de 18 à 44 ans n'éprouvant pas de douleur avaient besoin d'aide pour les AVQ, mais chez les personnes souffrant de douleur chronique, 3 % des hommes et 5 % des femmes avaient besoin d'aide (tableau 3). De même, alors que 2 % des personnes n'éprouvant pas de douleur chronique avaient besoin d'aide pour les AIVQ, les chiffres sont de 13 % pour les hommes et de 23 % pour les femmes souffrant de douleur chronique. Chez les personnes éprouvant de la douleur chronique, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'avoir besoin d'aide pour se déplacer dans la maison, faire les tâches ménagères, faire des commissions et préparer les repas. Les pourcentages d'hommes et de femmes éprouvant de la douleur chronique qui avaient besoin d'aide pour les soins personnels ou la gestion des finances ne diffèrent pas significativement (données non présentées).
Emploi
Au cours de la semaine qui a précédé l'entrevue, la majorité des personnes de 25 à 44 ans occupaient un emploi. Toutefois, c'était le cas de 87 % des hommes et de 72 % des femmes n'éprouvant pas de douleur, mais de 78 % des hommes et de 65 % des femmes qui ont déclaré souffrir de douleur chronique (tableau 3). Ces écarts donnent à penser que les personnes éprouvant de la douleur chronique étaient plus susceptibles que les membres du groupe n'éprouvant pas de douleur d'être sans emploi durant la semaine qui a précédé leur entrevue ou d'avoir une incapacité permanente de travailler.
Les travailleurs souffrant de douleur chronique n'étaient pas plus susceptibles que ceux n'éprouvant pas de douleur chronique de s'absenter de leur travail. Cependant, peut-être en conséquence des efforts déployés pour faire face aux limitations au travail liées à la douleur, ceux éprouvant de la douleur chronique étaient plus susceptibles de déclarer souffrir de stress au travail.
Soins de santé
Il n'est pas étonnant de constater que les personnes de 12 à 44 ans souffrant de douleur chronique étaient plus susceptibles que celles n'éprouvant pas de douleur chronique d'utiliser divers services de soins de santé, y compris de nombreux services non couverts par les régimes d'assurance-maladie publics (tableau 4). Par exemple, 19 % des hommes et 18 % des femmes éprouvant de la douleur chronique ont consulté un physiothérapeute au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête, comparativement à 7 % des hommes et des femmes qui généralement n'éprouvaient pas de douleur.
Bien-être
Comme on pouvait s'y attendre, les personnes éprouvant de la douleur chronique étaient moins susceptibles que celles qui généralement n'éprouvaient pas de douleur à faire une évaluation positive de leur bien-être (tableau 5). Alors que presque toutes (plus de 95 %) les personnes de 12 à 44 ans n'éprouvant pas de douleur chronique ont décrit leur santé comme étant bonne, très bonne ou excellente, les pourcentages sont considérablement inférieurs pour celles éprouvant de la douleur chronique, soit 80 % pour les hommes et 76 % pour les femmes. En outre, 23 % des personnes souffrant de douleur chronique ont déclaré que leur santé était moins bonne qu'elle ne l'était l'année précédente; cela a été le cas de 7 % des personnes n'éprouvant pas de douleur.
Les personnes souffrant de douleur chronique étaient moins susceptibles que celles n'éprouvant pas de douleur chronique d'être satisfaites de leur vie ou d'avoir un sentiment positif d'appartenance à la collectivité. Elles étaient plus susceptibles de percevoir la vie comme étant stressante et moins susceptibles de déclarer une bonne, très bonne ou excellente santé mentale.
Les troubles de l'humeur comme la dépression et la dysthymie ainsi que les troubles d'anxiété comme la phobie et le trouble panique sont relativement courants chez les personnes de 12 à 44 ans, particulièrement chez les femmes (tableau 2). La prévalence des troubles de l'humeur et d'anxiété est particulièrement élevée chez les personnes souffrant de douleur chronique (tableau 5). Par exemple, 21 % des femmes éprouvant de la douleur chronique étaient atteintes d'un trouble de l'humeur, et 18 %, d'un trouble d'anxiété; chez les femmes n'éprouvant pas de douleur, 6 % ont déclaré être atteintes d'un trouble de l'humeur et 6 %, d'un trouble d'anxiété.
Les relations entre la douleur chronique et les mesures du bien-être persistent après prise en compte des caractéristiques sociodémographiques et des problèmes de santé chroniques douloureux potentiellement confusionnels (tableau 5). Dans la plupart des cas, les associations entre la douleur et le bien-être sont présentes sans égard à l'intensité de la douleur (données non présentées).
Résumé
La douleur chronique est courante chez les jeunes Canadiens. Elle a des répercussions sur les activités quotidiennes, l'emploi, l'utilisation des soins de santé et le bien-être général et psychosocial. L'association entre la douleur chronique et les troubles de l'humeur et d'anxiété révélée dans la présente étude fait ressortir qu'il importe de suivre les personnes plus jeunes qui souffrent de douleur chronique afin de déceler l'apparition de ces troubles mentaux.
- Date de modification :