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Les femmes dans les professions et les domaines d'études non traditionnels

Kathryn McMullen, Jason Gilmore and Christel Le Petit
Statistique Canada

L'évolution professionnelle des femmes
Évolution de la participation des femmes aux études postsecondaires
Conclusion

La situation des femmes au sein de la société canadienne et sur le marché du travail a énormément évolué au cours des dernières décennies. Les femmes représentent aujourd'hui la majorité des diplômés universitaires. En 2009, l'écart entre les sexes sur le marché du travail avait considérablement diminué par rapport à ce qu'il était en 1976. Les femmes sont aussi de plus en plus présentes dans des professions et des domaines d'études non traditionnels. Cela dit, la répartition traditionnelle des rôles entre les sexes persiste dans de nombreuses professions. En effet, des mutations sociétales fondamentales comme celle-ci s'étendent habituellement sur une longue période, à mesure qu'évoluent les comportements de cohortes successives de jeunes gens.

Le présent article fait état des changements observés dans les professions occupées par des femmes sur le marché du travail et dans les domaines d'études que les femmes choisissent au niveau postsecondaire. Il montre où cette évolution s'est manifestée et où elle pourrait se poursuivre à l'avenir à la suite de mutations dans la répartition des diplômés de niveau postsecondaire.

Précisons tout de suite qu'il n'existe aucune définition uniformisée d'une profession ou d'un domaine d'études « non traditionnel », pour les femmes comme pour les hommes. À l'instar de la pratique habituelle, nous considérons comme « non traditionnels » les professions ou domaines d'études dans lesquels un groupe donné représente une proportion relativement faible de la population totale. Le génie et bon nombre de métiers constituent des exemples d'emploi non traditionnel pour les femmes, puisque ces dernières représentent habituellement moins de 10 % des travailleurs de ces domaines.

L'évolution professionnelle des femmes

Au cours des 30 dernières années, de plus en plus de femmes ont obtenu un emploi rémunéré, réduisant considérablement l'écart avec les hommes au chapitre de l'activité (graphique 1). Par conséquent, la part de l'emploi des femmes a augmenté dans presque toutes les professions.

Graphique 1
Taux d'activité sur le marché du travail, hommes et femmes âgés de 25 à 64 ans, 1976 à 2009

Description pour le graphique 1

Graphique 1. Taux d'activité sur le marché du travail, hommes et femmes âgés de 25 à 64 ans, 1976 à 2009

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

On observe toutefois des écarts importants dans les profils professionnels des femmes et des hommes. En 2009, par exemple, les femmes représentaient plus de la moitié des effectifs de deux groupes professionnels : la vente et les services, ainsi que les affaires, la finance et l'administration (graphique 2). En outre, les femmes étaient proportionnellement plus nombreuses que les hommes à travailler dans les domaines des services sociaux, de l'enseignement, de l'administration publique et de la religion et dans le secteur de la santé. Par contre, les hommes continuaient de prédominer dans les métiers, le transport et la machinerie et, dans une moindre mesure, en sciences naturelles et appliquées, en gestion ainsi que dans la fabrication, la transformation et les services d'utilité publique.

Graphique 2
Répartition en pourcentage des hommes et des femmes âgés de 25 à 64 ans dans les grandes catégories professionnelles, 2009

Description pour le graphique 2

Graphique 2. Répartition en pourcentage des hommes et des femmes âgés de 25 à 64 ans dans les grandes catégories professionnelles, 2009

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

Néanmoins, le profil professionnel des femmes a évolué au fil du temps. On le remarque surtout lorsqu'on examine la ventilation détaillée des professions, plutôt que celle des grands groupes1. Entre 1996 et 2006, par exemple, les femmes sont passées de minoritaires à majoritaires dans six professions. Elles ont fait des progrès appréciables parmi les professionnels en gestion des ressources humaines et en services aux entreprises, ainsi que les directeurs des services administratifs et les directeurs d'autres services. Au cours de cette période, la part des femmes a grimpé à plus de la moitié dans les professions suivantes : les opérateurs de machine dans la fabrication de produits textiles et le personnel assimilé, les directeurs des arts, de la culture, des sports et des loisirs, ainsi que le personnel de l'assurance, de l'immobilier et des achats.

Toujours entre 1996 et 2006, on a aussi observé une progression appréciable de la part des femmes dans plusieurs autres professions (graphique 3). Étant donné la faible présence des femmes dans ces professions au début de la période, on les considère comme des professions « non traditionnelles » pour les femmes. On observe donc des avancées importantes des femmes parmi les directeurs des ventes, du marketing et de la publicité; les professionnels des sciences physiques; le personnel technique en architecture, en dessin, en arpentage et en cartographie; les directeurs des services de génie, d'architecture, de sciences naturelles et des systèmes d'information; ainsi que les policiers et les pompiers.

Graphique 3
Professions non traditionnelles dans lesquelles la part de l'emploi des femmes a augmenté entre 1996 et 2006

Description pour le graphique 3

Graphique 3. Professions non traditionnelles dans lesquelles la part de l'emploi des femmes a augmenté entre 1996 et 2006

Source : Statistique Canada, Recensements de 1996 et 2006.

Dans l'ensemble, les métiers englobent en grande partie des professions non traditionnelles pour les femmes. En 2007, par exemple, sur un total de 24 495 personnes ayant suivi un programme d'apprentissage, on comptait 2 780 femmes, soit 11 %. Cette proportion est plus ou moins stable depuis le milieu des années 1990, mais elle a augmenté depuis 1991, année où elle ne dépassait pas 6 %. Toutefois, dans la plupart des grands groupes de métiers, la proportion de femmes était très faible en 2007 : elle se situait entre 1 % et 2 % des diplômés2.

En 2007, les femmes représentaient un très fort pourcentage des diplômés dans deux grands groupes de métiers : 79 % dans les métiers de l'alimentation et des services et 62 % dans les « autres métiers ». Dans le premier groupe, environ les deux tiers de l'ensemble des diplômées provenaient du programme de coiffure. Autrement dit, la hausse de la part des femmes dans les métiers reflète dans une grande mesure la croissance dans des professions traditionnellement « féminines ».

Évolution de la participation des femmes aux études postsecondaires

Depuis bon nombre d'années, les femmes participent davantage aux études postsecondaires que les hommes, mais cela n'a pas toujours été le cas.

En examinant le pourcentage de la population ayant fait des études postsecondaires par groupe d'âge, on constate, parmi les groupes âgés (de 65 ans et plus), un vaste écart entre les sexes, les hommes étant proportionnellement beaucoup plus nombreux que les femmes à détenir un diplôme d'études postsecondaires. Cet écart a commencé à s'amenuiser lorsque les baby-boomers, surtout des femmes, ont commencé à fréquenter le collège et l'université en plus grand nombre. On constate cette réduction de l'écart entre les sexes dans le graphique 4, qui montre de fortes hausses du pourcentage de femmes ayant fait des études postsecondaires chez les personnes qui étaient âgées de 55 à 64 ans en 2006. Cette tendance s'est poursuivie avec les cohortes subséquentes, si bien qu'en 2006, chez les personnes de 35 à 44 ans et surtout celles de 25 à 34 ans, la part des femmes ayant fait des études postsecondaires dépassait celle des hommes.

Graphique 4
Part de la population ayant fait des études postsecondaires, selon le sexe et le groupe d'âge, 2006

Description pour le graphique 4

Graphique 4. Part de la population ayant fait des études postsecondaires, selon le sexe et le groupe d'âge, 2006

Source : Statistique Canada, Recensement de 2006.

En outre, des cohortes successives de femmes ont un niveau de scolarité plus élevé, préférant mener des études universitaires plutôt que s'en tenir aux études collégiales ou aller au collège plutôt que s'arrêter à l'école secondaire, comme en témoigne la part croissante des femmes parmi les diplômés universitaires. Par exemple, les femmes représentaient 61 % des diplômés universitaires en 2007, contre 56 % en 1992.

Non seulement les femmes accèdent-elles à des niveaux de scolarité plus élevés, mais on observe aussi une évolution dans les domaines d'études embrassés par les diplômées universitaires. En 1992 comme en 2007, les femmes représentaient la vaste majorité des diplômés universitaires dans les domaines d'études liés à la santé et à l'éducation. Étant donné la prédominance de longue date des femmes dans les professions liées à la santé, il s'agit de domaines d'études considérés comme « traditionnels » pour les femmes. Cependant, il importe de noter que le domaine de la santé a également évolué. Par exemple, au sein du vaste domaine de la « santé et des sciences cliniques connexes », les femmes représentaient 59 % des diplômés en médecine en 2007, contre 43 % en 1992; de même, chez les diplômés en dentisterie, la part des femmes est passée de 37 % en 1992 à 55 % en 2007.

De plus, entre 1992 et 2007, la part des diplômées féminines a dépassé la barre des 50 % dans deux domaines d'études : les sciences physiques et de la vie et les technologies, ainsi que l'agriculture, les ressources naturelles et la conservation. En fait, les femmes ont si bien accru leur part du nombre de diplômés universitaires qu'en 2007, elles représentaient plus de la moitié des diplômés dans tous les domaines d'études, sauf trois : l'architecture et le génie, les mathématiques et l'informatique, ainsi que les services personnels, de protection et de transport (graphique 5).

Graphique 5
Part des femmes parmi les diplômés universitaires, selon le domaine d'études, 1992 et 2007

Description pour le graphique 5

Graphique 5. Part des femmes parmi les diplômés universitaires, selon le domaine d'études, 1992 et 2007

Source : Statistique Canada, Statistique Canada Système d'information sur les étudiants postsecondaires.

Au chapitre des métiers, comme dans le cas des professions, les femmes ont moins réussi à s'imposer dans les domaines d'études non traditionnels. En 2006, dans les cinq principaux métiers où les hommes avaient obtenu un certificat d'une école de métiers, ils représentaient 79 % des finissants. Dans ces cinq principaux métiers à prédominance masculine, les femmes représentaient 2 % des certificats d'une école de métiers en mécanique et réparation et en métiers de la construction, 3 % en travail de précision, 7 % en transport de personnes et de matériel et 10 % en génie.

Par contre, les femmes ayant obtenu un certificat d'une école de métiers en 2006 prédominaient dans les domaines d'études suivants : sciences de la famille et de la consommation/sciences humaines; services de santé/sciences de la santé; commerce, services administratifs et services de soutien connexes; services personnels et culinaires.

Conclusion

Dans l'ensemble, la nature de l'activité des femmes sur le marché du travail a connu une évolution fondamentale au cours des dernières décennies. Si les femmes prédominent toujours dans les professions qu'on peut considérer comme traditionnellement féminines, elles ont aussi fait des progrès dans un certain nombre de professions non traditionnelles.

Un facteur important de cette évolution tient à la forte hausse des niveaux de scolarité atteints par les femmes, surtout au niveau universitaire. En outre, des générations successives de jeunes femmes obtiennent des grades universitaires dans des domaines d'études non traditionnels. On peut en déduire qu'au fil du temps, l'évolution se poursuivra dans les professions occupées par les femmes.

Cela dit, certains secteurs du marché du travail restent à peu près insensibles à cette évolution, surtout dans les métiers où, à quelques exceptions près, les hommes représentent toujours la vaste majorité des détenteurs d'un certificat d'une école de métiers.

Notes :

  1. À l'instar d'autres systèmes de classification, la Classification nationale des professions est organisée de manière hiérarchique. Chaque grande catégorie professionnelle compte au moins un grand groupe; chaque grand groupe comprend un ou plusieurs sous-groupes qui renferment eux-mêmes un ou plusieurs groupes de base. Un système de codage permet de faire le lien entre eux. Pour en savoir plus, voir Classification nationale des professions pour statistiques (CNP-S) 2006.

  2. Skof, Karl. 2010. « Tendances dans les métiers : nombre total d'inscriptions, de diplômés et d'attestations des apprentis inscrits, 1991 à 2007 », Questions d'éducation, vol. 6, no 6. no 81-004-X au catalogue de Statistique Canada.
    www.statcan.gc.ca/pub/81-004-x/2009006/article/11127-fra.htm (site consulté le 30 mars 2010).