Regards sur la société canadienne
Scolarité et gains des populations noires nées au Canada

par Katherine Wall et Shane Wood

Passer au texte

Début du texte

Début de la boîte de texte

Aperçu de l’étude

Fondée sur les données du Recensement de 2021, la présente étude porte sur le plus haut niveau de scolarité et les gains de la population noire née au Canada, et ce en se concentrant sur trois groupes : 1) les personnes ayant au moins un parent né en Afrique (origine africaine); 2) celles ayant au moins un parent né dans les Caraïbes (origine caribéenne); et 3) celles dont les parents sont tous deux nés au Canada (origine canadienne). Des comparaisons sont établies avec la population non racisée et non autochtone de deuxième génération et de troisième génération ou plus. L’étude présente une analyse descriptive des données démographiques et des caractéristiques relatives à la scolarité des trois populations noires nées au Canada, suivie d’une analyse de régression permettant d’examiner les facteurs influant sur les gains, notamment le plus haut niveau de scolarité, les caractéristiques professionnelles et d’autres facteurs.

  • Le plus haut niveau de scolarité des populations noires nées au Canada diffère grandement entre les groupes. Par exemple, la proportion de la population noire d’origine africaine détenant un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat s’élève à 46 %; dans la population noire d’origine caribéenne, celle-ci s’élève à 27 %, et dans la population noire d’origine canadienne, à 16 %.
  • Une fois l’âge pris en compte, tous les groupes d’hommes noirs ont des gains inférieurs aux hommes non racisés de troisième génération ou plus. Les hommes noirs d’origine canadienne affichent l’écart de gains le plus marqué (-16 300 $) et les hommes noirs d’origine africaine, l’écart de gains le plus faible (-8 500 $). Les femmes noires d’origine canadienne (-9 500 $) et d’origine caribéenne (-1 300 $) affichent aussi des gains inférieurs à ceux des femmes non racisées de troisième génération ou plus, tandis que les femmes noires d’origine africaine gagnent davantage (+3 100 $).
  • Chez les femmes comme chez les hommes, les écarts relatifs au plus haut niveau de scolarité sont associés à un écart de gains d’environ 8 000 $ entre les populations noires d’origine africaine et d’origine canadienne, après la prise en compte d’autres facteurs.
  • Les écarts relatifs au plus haut niveau de scolarité sont liés à des gains plus élevés chez les femmes (+4 500 $) et les hommes noirs (+3 500 $) d’origine africaine ayant un haut niveau de scolarité, et à des gains plus faibles chez les femmes (-3 800 $) et les hommes noirs (-4 500 $) d’origine canadienne ayant un faible niveau de scolarité, comparativement à leurs homologues non racisés de troisième génération ou plus. Les écarts de gains ayant trait au plus haut niveau de scolarité sont moindres chez les femmes noires (+1 200 $) et les hommes noirs (-400 $) d’origine caribéenne, ceux-ci ayant un niveau de scolarité plus similaire à celui de la population non racisée de troisième génération ou plus.
  • Malgré leur diversité en termes de niveau de scolarité et d’autres caractéristiques, tous les groupes de population noire affichent des écarts de gains (allant de 1 400 $ à 4 100 $) liés au fait d’occuper des postes de niveau inférieur à leur niveau de scolarité et au fait d’être moins susceptibles d’occuper un emploi à temps plein toute l’année, comparativement à la population non racisée de troisième génération ou plus. Chez les hommes d’origine africaine et les femmes d’origine caribéenne, l’effet négatif de ces différences sur la rémunération est plus marqué que l’effet positif d’un niveau de scolarité plus élevé.
  • De plus, l’ensemble de la population noire affiche des écarts de gains (allant de 2 900 $ à 8 300 $) que les facteurs examinés dans le cadre de l’analyse de régression n’ont pas permis d’expliquer. Les écarts de salaire entre les travailleurs noirs et les travailleurs non racisés occupant les mêmes postes pourraient constituer un facteur expliquant ces écarts. Les effets inexpliqués étaient plus marqués chez les hommes noirs que chez les femmes noires, et ce, dans tous les trois groupes de la population noire.
Fin de la boîte de texte

Remerciements

Mille mercis à Carl James, Ph. D., de l’Université York, et à Malinda Smith, Ph. D., de l’Université de Calgary, pour leurs conseils d’experts sur le contenu de cet article.

Introduction

De hauts niveaux de scolarité, surtout dans le cas d’études faites au Canada, sont habituellement liés à de meilleures conditions d’emploi et à des gains plus élevés. Cependant, même si la population noire née au Canada âgée de 25 à 54 ans a un niveau de scolarité (29 % détenant un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat) comparable à celui de la population non racisée née au Canada (28 %), celle-ci gagne seulement 0,76 $ pour chaque dollar gagné par leurs homologues non racisés nés au Canada. Cette disparité en matière de revenu d’emploi, qui vise les membres canadiens de tout groupe racisé, se classe derrière celle visant les Latino-Américains, qui constitue la plus importante disparité observée puisque ces derniers gagnant en moyenne 0,71 $ pour chaque dollar gagné par la population non racisée née au Canada.

La recherche antérieure a fait état des désavantages socioéconomiques subis par la population noire née au Canada, notamment par celle dont les deux parents sont nés au Canada et celle dont les parents sont nés à l’étrangerNote  . Leurs taux de chômage sont plus élevés et leurs salaires, plus faibles que dans le reste de la population, et ce, même après avoir tenu compte de facteurs comme l’âge, la composition de la famille, l’emplacement géographique, la langue et le niveau de scolaritéNote  . Les écarts de salaires s’expliquent en partie par la plus faible probabilité des membres de cette population d’occuper un emploi à temps plein et par les différences en termes de professions exercées. Toutefois, la majeure partie de ces écarts reste inexpliquée, surtout en ce qui concerne les hommes noirsNote  . Ces écarts inexpliqués pourraient être liés à de nombreux facteurs difficiles à mesurer, une possibilité étant qu’une rémunération différente puisse être versée à des travailleurs exerçant la même profession.

Les travailleurs noirs sont plus susceptibles de déclarer faire l’objet de discrimination ou de traitement injuste au travailNote  . Des études canadiennes et américaines ont révélé que les employeurs sont moins enclins à rappeler des candidats portant des noms « racisés » ou à les sélectionner pour des entrevues que d’autres candidats possédant les mêmes qualités requisesNote  .

Une décomposition par régression peut brosser un tableau plus précis quant à la mesure dans laquelle différents facteurs ont une incidence sur les disparités de gains que connaissent les populations noires. Un facteur vient toutefois compliquer l’analyse, à savoir l’hétérogénéité de la population noire concernant les études et d’autres caractéristiques. Même après la prise en compte des différences entre les générations, d’autres écarts importants apparaissent entre les populations noires de deuxième génération dont les parents sont nés dans différentes régions. Cela s’applique particulièrement aux personnes dont les parents sont nés en Afrique, qui atteignent des niveaux de scolarité plus élevés que celles dont les parents sont nés dans les CaraïbesNote  . Par conséquent, le lien entre les salaires et d’autres facteurs pourrait varier entre les populations noires nées au Canada.

C’est la raison pour laquelle trois différentes populations noires nées au Canada sont analysées dans le présent article : les personnes dont au moins un parent est né en Afrique, celles dont au moins un parent est né dans les Caraïbes et celles dont les deux parents sont nés au Canada. Il convient de présenter un contexte historique pour bien comprendre les différences entre ces populations.

L’immigration massive de Noirs provenant d’Afrique a eu lieu principalement au cours des dernières années au Canada, alors que cette population est passée de 16 000 personnes de 1980 à 1990 à 185 000 personnes de 2011 à 2021. Par ailleurs, la majeure partie de cette immigration récente se composait d’immigrants économiques hautement scolarisés. Bien que ces immigrants proviennent de nombreux pays différents, ceux qui sont assez âgés pour avoir des enfants de 25 ans et plus nés au Canada (c.-à-d. ceux ayant immigré dans les années 1990 ou avant) sont principalement originaires de l’Afrique de l’Est (p. ex. Éthiopie, Érythrée et Somalie) ou de pays anglophones de l’Afrique de l’Ouest (p. ex. Ghana et Nigeria).

L’immigration en provenance des Caraïbes a commencé plus tôt, majoritairement à partir des années 1960, et s’est poursuivie à un rythme régulier depuis. Les immigrants noirs des Caraïbes sont en grande partie originaires de deux pays en particulier, à savoir la Jamaïque et Haïti. Ces immigrants, surtout ceux arrivés avant 2000, étaient habituellement peu scolarisés et devenaient souvent des travailleurs domestiques ou, plus tard, des travailleurs de soutien en soins de santé.

La population noire de troisième génération ou plus au Canada se compose de descendants de communautés noires établies depuis longtemps en Nouvelle-Écosse et en Ontario et formées à l’origine de loyalistes ayant soutenu l’Angleterre durant la Révolution américaine et, plus tard, d’Américains immigrés au Canada dans les années 1700 et 1800. Elle comprend également les petits-enfants des premiers immigrants caribéens arrivés à la fin des années 1960.

Bien que la population née au Canada sur laquelle porte cette étude constitue une minorité de la population noire (elle ne représente par exemple que 26 % de ses membres âgés de 25 à 54 ans), elle croît rapidement. En effet, la population noire née au Canada de moins de 25 ans est 2,5 fois plus nombreuse que celle âgée de 25 à 54 ans. Il est donc impératif de comprendre et de corriger les disparités socioéconomiques dont est victime la population noire afin de contribuer à façonner l’avenir des enfants et des jeunes noirs.

Cet article tente de répondre à deux grandes interrogations : d’abord, celle concernant les différences quant au niveau de scolarité entre les trois populations noires nées au Canada; puis celle portant sur la contribution de la scolarité et d’autres facteurs dans les écarts de gains observés entre les diverses populations noires et entre les populations noires et la population non racisée et non autochtone. Une analyse descriptive permet de répondre à la première question, analyse couvrant également un certain contexte sociodémographique relatif aux différentes populations. Une analyse de décomposition par régression permet de répondre à la seconde question, laquelle évalue les divers facteurs liés aux disparités salariales entre les populations noires et la population non racisée et non autochtone (cette dernière étant divisée en deux groupes qui seront dorénavant appelés « population non racisée de deuxième génération » et « population non racisée de troisième génération ou plus »). Cette étude permettra d’obtenir un portrait précis des façons dont ces trois populations noires se distinguent les unes des autres, de même que des différences et des similitudes que présentent les types et les sources de difficultés qu’elles rencontrent.

Analyse descriptive

Les trois populations noires nées au Canada sont jeunes et très urbanisées

Afin de contextualiser les constatations portant sur la scolarité et les gains, il est nécessaire de procéder à un bref examen des renseignements sociodémographiques en lien avec les trois populations noires nées au Canada âgées de 25 à 54 ans (principal groupe d’âge actif).

Les trois populations sont nettement plus jeunes que celles non racisées. C’est le cas en particulier de la population noire d’origine africaine, dont près des trois quarts (74 %) sont âgés de 25 à 34 ans (tableau 1). Puisque la majeure partie de l’immigration au Canada en provenance d’Afrique a eu lieu dans les années 1990 et s’est poursuivie, les enfants nés au Canada d’immigrants arrivés dans les années 1990 seraient essentiellement dans la vingtaine ou au début de la trentaine en 2021. En comparaison, l’immigration en grand nombre en provenance des Caraïbes a largement commencé à la fin des années 1960, de sorte que la population noire d’origine caribéenne est plus âgée.


Tableau 1
Renseignements sociodémographiques sur les populations noires nées au Canada et les populations non racisées nées au Canada, population âgée de 25 à 54 ans, 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Renseignements sociodémographiques sur les populations noires nées au Canada et les populations non racisées nées au Canada. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Population noire — Total, Population noire d’origine africaine — Deuxième génération, Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération , Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus , Population non racisée de toute origine — Deuxième génération et Population non racisée d’origine canadienne — Troisième génération ou plus , calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Population noire — Total Population noire d’origine africaine — Deuxième génération Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus Population non racisée de toute origine — Deuxième génération Population non racisée d’origine canadienne — Troisième génération ou plus
nombre
Population 150 325 17 121 94 373 29 037 1 307 208 6 335 275
pourcentage
Âge
25 à 34 ans 49,0 74,2 45,0 46,7 25,5 32,0
35 à 44 ans 32,4 19,9 36,4 28,4 33,4 34,1
45 à 54 ans 18,6 5,9 18,7 24,9 41,1 33,9
Résidence dans une région métropolitaine de recensement ou une agglomération de recensement en 2020
Région métropolitaine de recensement (RMR) 94,3 97,4 97,0 84,6 83,6 65,9
Agglomération de recensement (AR) 2,9 1,4 1,4 8,0 7,2 13,4
Hors d’une RMR ou d’une AR 2,8 1,2 1,5 7,4 9,2 20,7
Région géographique de résidence en 2020
Provinces de l’Atlantique 4,6 1,2 0,6 20,3 2,6 10,0
Montréal 18,6 11,1 23,6 9,3 10,5 11,9
Reste du QuébecTableau 1 Note 1 1,1 1,9 0,9 1,5 1,7 16,3
Ottawa–Gatineau 4,9 11,3 4,2 3,6 4,0 4,5
Toronto 43,3 44,6 50,1 24,4 24,9 6,5
Autres RMR en Ontario 12,4 8,2 11,1 16,5 19,3 12,5
Ontario, hors des RMR 2,2 1,1 1,5 4,8 7,1 8,4
Calgary 2,4 4,2 1,6 3,0 4,1 3,8
Edmonton 2,8 6,8 1,7 3,7 3,6 3,9
Vancouver 3,2 4,7 2,0 4,1 7,4 3,7
Autres RMR des provinces de l’Ouest 3,0 4,0 1,9 5,0 7,6 7,8
Provinces de l’Ouest, hors des RMR 1,5 0,9 0,7 3,6 7,3 10,4
Type de famille de recensement
Couple sans enfants 10,8 10,4 9,5 13,6 17,6 19,9
Couple avec enfants 23,8 15,8 24,8 25,1 47,4 45,2
Parent dans une famille monoparentale 13,1 4,9 13,5 16,8 6,4 7,5
Vivant sans autres personnes apparentées 9,2 3,3 9,4 12,5 5,4 6,5
Vivant avec d’autres personnes apparentées 3,9 1,5 4,1 4,3 1,0 1,0
Enfant vivant avec un (des) parent(s) 27,8 42,7 29,6 15,3 11,2 7,7
Enfant dans une famille comptant un couple 11,7 22,4 12,0 5,2 6,9 4,5
Enfant dans une famille monoparentale 16,2 20,3 17,6 10,1 4,3 3,2
Hors famille de recensement 24,5 26,2 22,5 29,2 17,4 19,7
Langue parlée le plus souvent à la maison
Anglais 83,6 80,5 80,1 93,5 90,9 69,7
Français 12,8 10,3 16,4 5,3 5,4 29,3
Français et anglais 1,6 1,8 1,9 0,9 0,8 0,7
Langue(s) non officielle(s) ou combinaison de langues officielle et non officielle 2,0 7,3 1,6 0,3 2,9 0,3

En général, les populations de deuxième génération sont plus urbanisées que celles de troisième génération ou plus, ce qui a été observé dans le cas de la population noire et de la population non racisée. Toutefois, dans les deux catégories de génération, la population noire était plus susceptible de vivre dans des régions métropolitaines de recensement (RMR) que la population non racisée. Plus de 95 % des populations noires d’origine africaine et d’origine caribéenne vivaient notamment dans des RMR, la moitié (50 %) de la population noire d’origine caribéenne et 45 % de celle d’origine africaine étant établies à Toronto. À part Toronto, la population d’origine africaine était plus encline que les autres groupes de population noire à élire domicile à Ottawa–Gatineau ou dans les RMR de l'Ouest du Canada, tandis que la population d’origine caribéenne choisissait plus souvent Montréal. Enfin, près de la moitié de la population noire d’origine canadienne vivait en Ontario. Ses membres étaient également plus susceptibles que ceux des autres groupes de population noire de vivre dans des régions d'Ontario autres que Toronto et Ottawa; un autre cinquième d’entre eux vivait dans les provinces de l’Atlantique, Halifax abritant une population noire depuis des siècles.

Ces facteurs ont des répercussions sur la scolarité et les résultats sur le marché du travail. En effet, les populations plus jeunes et plus urbanisées ont tendance à atteindre un niveau de scolarité plus élevé. Les populations urbanisées tendent aussi à gagner davantage de revenus que les populations non urbaines, en partie en raison du coût de la vie plus élevé dans les villes, tandis que les populations plus jeunes gagnent habituellement moins en raison de leur manque d’expérience de travail.

La corésidence avec les parents est plus courante chez les populations noires d’origine africaine et d’origine caribéenne

On observe également des différences considérables en ce qui concerne le type de famille, les adultes noirs d’origine africaine et ceux d’origine caribéenne étant plus susceptibles que les adultes d’autres groupes de vivre avec leurs parents. Plus précisément, 43 % de la population noire d’origine africaine et 30 % de celle d’origine caribéenne cohabitent avec leurs parents (en plus de ne pas être en couple et de ne pas avoir d’enfants) (tableau 1). En comparaison, cette situation s’observe chez 15 % de la population noire d’origine canadienne, 11 % de la population non racisée de deuxième génération et 8 % de la population canadienne non racisée. Le plus jeune âge de ces populations noires n’expliquait pas entièrement cette différence.

Une fois l’âge pris en compte, deux tendances ont été observées chez les populations noires nées au Canada et les populations non racisées nées au Canada. Tout d’abord, les populations de deuxième génération étaient plus susceptibles de vivre avec leurs parents que celles de troisième génération ou plus. Ensuite, à l’intérieur des générations, les populations noires étaient plus susceptibles de vivre avec leurs parents que les populations non racisées. Par exemple, à l’âge de 30 ans, 44 % de la population noire d’origine africaine et 38 % de celle d’origine caribéenne cohabitaient avec leurs parents, comparativement à 22 % de la population non racisée de deuxième génération. De même, 17 % de la population noire d’origine canadienne vivaient avec leurs parents à l’âge de 30 ans, comparativement à 12 % de la population non racisée de troisième génération ou plus. Ces habitudes de vie pourraient s’expliquer en partie par des considérations financières (surtout compte tenu de la concentration à Toronto des populations d’origine africaine et d’origine caribéenne, où les coûts de logement sont très élevés) ou par l’absence d’aide financière des parents à leurs enfants ou des enfants à leurs parents, sans oublier les préférences personnelles. Chez les hommes, le fait de vivre avec ses parents est habituellement lié à une rémunération moins élevée. Toutefois, la corésidence avec les parents est plus probablement une conséquence des faibles revenus (puisque la corésidence coûte moins cher) que la cause ce ceux-ciNote  .

Les populations noires étaient aussi plus susceptibles que la population non racisée de vivre au sein de familles monoparentales (en tant que parent ou qu’enfant); cette situation touchait au moins le quart de chaque groupe de la population noire (31 % de la population d’origine caribéenne, 27 % de celle d’origine canadienne et 25 % de celle d’origine africaine), comparativement à 11 % de la population non racisée. Au sein des populations noires d’origine africaine et d’origine caribéenne, dont les membres sont plus jeunes que dans les autres populations analysées dans la présente étude, la plupart des personnes vivant dans des familles monoparentales étaient des enfants adultes vivant avec leur parent.

Les titres scolaires diffèrent énormément entre les groupes de population noire, celle d’origine africaine affichant le niveau de scolarité le plus élevé et celle d’origine canadienne, le plus faible

D’un point de vue global, la proportion de la population noire âgée de 25 à 54 ans née au Canada qui détient un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat (29 %) semble égale à celle de la population non racisée du même groupe d’âge (28 %). Cependant, comme il a été mentionné dans une étude précédente, des comparaisons de cet ordre occultent d’énormes différences entre les groupes de population noireNote  . En effet, la population noire d’origine africaine était plus susceptible de détenir un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat (46 %) que la population noire d’origine caribéenne (27 %) et la population noire d’origine canadienne (16 %) (graphique 1). On observait des tendances similaires en ce qui concerne les caractéristiques relatives à la scolarité, notamment en ce qui a trait aux taux d’obtention du diplôme d’études secondaires et d’obtention de tout titre scolaire du niveau postsecondaire (métiers, collège ou université).

Graphique 1 Caractéristiques relatives à la scolarité concernant les populations noires nées au Canada et les populations non racisées nées au Canada, population âgée de 25 à 54 ans, 2021

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Groupe de population (titres de rangée) et Diplôme d’études secondaires ou attestation d’équivalence, Certificat, diplôme ou grade d’études postsecondaires et Baccalauréat ou grade universitaire supérieur au baccalauréat, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe de population Diplôme d’études secondaires ou attestation d’équivalence Certificat, diplôme ou grade d’études postsecondaires Baccalauréat ou grade universitaire supérieur au baccalauréat
pourcentage
Population noire d’origine africaine — Deuxième génération 95,8 72,6 46,4
Population non racisée — Deuxième génération 92,9 71,2 35,6
Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération 92,6 66,9 27,4
Population non racisée — Troisième génération ou plus 89,2 67,2 26,9
Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus 86,1 49,7 15,9

Comparativement aux populations d’origine canadienne, les populations de deuxième génération, tant noire que non racisée, tendent à avoir un niveau de scolarité plus élevé pour les trois mesures : obtention du diplôme d’études secondaires, titre scolaire du niveau postsecondaire et baccalauréat ou grade universitaire supérieur au baccalauréat. Les facteurs ayant contribué à ces résultats comprennent le niveau de scolarité élevé de leurs parents immigrants et les attentes ambitieuses entretenues par les parents et les personnes elles-mêmes en ce qui a trait à leurs étudesNote  .

D’autres différences existent toutefois. Dans les populations de deuxième génération, la population noire d’origine africaine se révélait plus scolarisée que la population non racisée, et ce, pour les trois mesuresNote  , tandis que la population d’origine caribéenne l’était moins. En réalité, la population noire d’origine caribéenne présentait des caractéristiques relatives à la scolarité comparables à celles de la population non racisée de troisième génération ou plus. Par ailleurs, comparativement aux populations d’origine canadienne, la population noire affichait des niveaux de scolarité nettement plus faibles que la population non racisée. Sa probabilité de détenir un titre scolaire du niveau postsecondaire était inférieure de 17 points de pourcentage, un écart majoritairement attribuable à leur plus faible probabilité (de 11 points de pourcentage) de détenir un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat.

Ces constatations concordent avec celles d’autres recherches, tant à l’échelle nationale que celles axées particulièrement sur Toronto, qui montrent des niveaux de scolarité élevés dans les populations d’origine africaine et chez leurs parents immigrants africainsNote  . Une étude (fondée sur des données de 2008 à 2011) sur les établissements d’études secondaires et certaines universités de Toronto a aussi révélé que certains des écarts les plus marqués entre les étudiants noirs et non noirs concernaient les enfants et les jeunes noirs dont les parents sont nés au Canada.

Chez de nombreux étudiants noirs, il existe une divergence entre leurs aspirations et leurs attentes. Les résultats de l’Enquête sociale générale de 2016 ont révélé que 94 % des jeunes noirs de 15 à 25 ans voulaient obtenir un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat, ce qui correspond à une proportion plus élevée que celle observée dans la population non noire (82 %); en revanche, 60 % s’attendaient à obtenir ce diplôme, comparativement à 79 % des jeunes non noirsNote  . Certaines recherches menées auprès du plus important conseil scolaire de Toronto ont révélé qu’un nombre anormalement élevé de professeurs et de conseillers en information scolaire orientaient les étudiants noirs des programmes d’études secondaires, quelle que soit leur situation scolaire, vers des cours ne correspondant pas à ceux qui sont préalables aux études universitairesNote  .

Les femmes d’origine africaine de deuxième génération affichaient un niveau de scolarité particulièrement élevé

Plus de la moitié (57 %) des femmes noires d’origine africaine détenaient un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat, un écart de 16 points de pourcentage par rapport aux femmes non racisées de deuxième génération et de 25 points de pourcentage par rapport aux femmes non racisées de troisième génération ou plus (graphique 2). En comparaison, 36 % des hommes noirs d’origine africaine détenaient un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat, ce qui correspond à un écart de 6 points de pourcentage par rapport aux hommes non racisés de deuxième génération et de 15 points de pourcentage par rapport aux hommes non racisés de troisième génération ou plus.

Graphique 2 Obtention d’un baccalauréat ou d’un grade universitaire supérieur au baccalauréat au sein des populations noires nées au Canada et des populations non racisées nées au Canada, population âgée de 25 à 54 ans, selon le genre, 2021

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Groupe de population (titres de rangée) et Femmes et Hommes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe de population Femmes Hommes
pourcentage
Population noire d’origine africaine — Deuxième génération 57,3 36,1
Population non racisée — Deuxième génération 41,7 29,7
Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération 35,3 19,7
Population non racisée — Troisième génération ou plus 32,7 21,2
Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus 19,4 12,4

La proportion de la population noire d’origine caribéenne titulaire d’un baccalauréat ou grade supérieur était plus faible que celle observée dans la population non racisée de deuxième génération, mais l’écart était plus petit chez les femmes (6 points de pourcentage) que chez les hommes (10 points de pourcentage). Bien que les femmes noires d’origine caribéenne soient un peu plus susceptibles que les femmes non racisées de troisième génération ou plus de détenir un baccalauréat ou grade supérieur, cette situation était inversée chez les hommes.

Analyse de régression

Une fois l’âge pris en compte, tous les groupes de population noire, sauf les femmes noires d’origine africaine, faisaient des gains inférieurs à leurs homologues non racisés de troisième génération ou plus

L’article tente de répondre à une deuxième question centrale, soit dans quelle mesure les différences en matière de scolarité ont une incidence sur les écarts de gains entre les populations noires et la population non racisée de troisième génération ou plus, et quels autres facteurs contribuent à ces écarts? De quelle manière les facteurs expliquant les écarts de gains varient-ils entre les populations noires de deuxième génération et la population non racisée de deuxième génération? Et comment les liens entre la scolarité, d’autres variables et les salaires se comparent-ils entre les différents groupes de population noire? La population non racisée de troisième génération ou plus sert de population de référence parce qu’elle représente la majorité de la population canadienne et procure un point de comparaison commun. Les gains mesurés dans cette partie correspondent aux salaires, et les personnes dont le revenu provient d’un travail autonome sont exclues.

Avant la prise en compte de tout autre facteur, les trois populations noires, tant chez les femmes que chez les hommes, gagnaient moins en moyenne que la population non racisée de troisième génération ou plus. L’ampleur des écarts de gains allait de 3 400 $ chez les femmes noires d’origine caribéenne à près de 20 000 $ chez les hommes noirs d’origine canadienne (tableau 2).

Le fait que les populations noires d’origine africaine et d’origine caribéenne, surtout celle d’origine africaine, soient plus jeunes que la population de référence constitue un facteur important dans les écarts de gains observés. Après correction en fonction de l’âgeNote  , les femmes noires d’origine africaine gagnaient environ 3 100 $ de plus que les femmes de la population de référence. Cette situation pourrait s’expliquer en l’occurrence par le niveau plus élevé de scolarité des femmes noires d’origine africaine, tel que précédemment mentionné. Cependant, les femmes non racisées de deuxième génération gagnaient 5 900 $ de plus que les femmes de la population de référence (après correction en fonction de l’âge), et ce, bien que celles-ci n’aillent pas un niveau de scolarité aussi élevé que celui des femmes noires d’origine africaine.

Pour toutes les autres populations noires, les gains, après correction en fonction de l’âge, demeuraient significativement inférieurs à ceux de la population de référence. L’ampleur de l’écart de gains était la plus marquée chez les hommes noirs d’origine canadienne (16 300 $), suivie de celle chez les hommes noirs d’origine caribéenne (13 800 $).


Tableau 2
Rémunération moyenne des populations noires nées au Canada et des populations non racisées nées au Canada, ajustée en fonction de l’âge aux fins de comparabilité, population âgée de 25 à 54 ans, selon le genre, 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Rémunération moyenne des populations noires nées au Canada et des populations non racisées nées au Canada et rémunération moyenne de la population de référence ajustée en fonction de l’âge aux fins de comparabilité. Les données sont présentées selon Groupe de population (titres de rangée) et Population d’intérêt, Population de référence (corrigée en fonction de l’âge afin d'être comparable à la population d’intérêt), Population de référence (population non racisée de troisième génération ou plus), Écarts de gains de la population de référence ajustée en fonction de l’âge et Écarts de gains de la population de référence non ajustée, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe de population Population d’intérêt Population de référence (corrigée en fonction de l’âge afin d'être comparable à la population d’intérêt) Population de référence (population non racisée de troisième génération ou plus) Écarts de gains de la population de référence ajustée en fonction de l’âge Écarts de gains de la population de référence non ajustée
dollars
Femmes
Population noire d’origine africaine — Deuxième génération 50 519 47 464 54 908 3 055 -4 389
Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération 51475 52763 54908 -1288 -3433
Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus 43 220 52 735 54 908 -9 515 -11 688
Population non racisée — Deuxième génération 61 873 55 962 54 908 5 911 6 965
Hommes
Population noire d’origine africaine — Deuxième génération 51 144 59 645 69 165 -8 501 -18 021
Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération 52 804 66 631 69 165 -13 827 -16 361
Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus 49 297 65 584 69 165 -16 287 -19 868
Population non racisée — Deuxième génération 77 539 70 626 69 165 6 913 8 374

Les différences en termes de niveau de scolarité jouaient un rôle important dans les écarts de salaires entre les diverses populations noires

Outre les différences d’âge, les populations noires présentent des différences sociodémographiques à la fois entre elles et avec la population de référence, ce qui pourrait expliquer une partie des écarts de gains observés. Une analyse par décomposition d’Oaxaca a été utilisée afin d’étudier la mesure dans laquelle les différences relatives à l’emplacement géographique, à la situation familiale, à la langue parlée le plus souvent à la maison, au plus haut niveau de scolarité atteint, au principal domaine d’études, aux activités professionnelles, à la profession, à l’affiliation syndicale et à la souscription à un régime de pension agréé (RPA) expliquaient les écarts de gains.

Les différentes populations ont été corrigées en fonction de l’âge avant de procéder à l’analyse afin que l’âge ne puisse pas influer sur la décomposition. Ceci permet d’établir une comparaison plus précise entre les populations car il est reconnu que les structures par âge des populations varient considérablement et que d’autres variables, comme le type de famille et le niveau de scolarité, varient en fonction de l’âge.

La question clé demeure : en quoi les liens entre les caractéristiques de la population et les salaires diffèrent-ils entre les populations après avoir tenu compte des différences relatives à l’âge? La régression met l’âge en interaction avec le niveau de scolarité, parce que le lien entre le niveau de scolarité et les salaires change grandement en fonction de l’âge (c.-à-d. que les personnes ayant un niveau de scolarité plus élevé tendent à obtenir des gains salariaux plus importants à mesure qu’elles avancent en âge).

Dans le graphique 3, les différences de salaire par rapport à la population de référence présentées dans le tableau 2 sont représentées par le cercle rouge. Les contributions des diverses variables de régression à ces différences de salaire sont représentées par les barres, la somme des barres positives et négatives d’un groupe étant égale au montant illustré par le cercle rouge.

Un plus haut niveau de scolarité est lié à de meilleurs salaires, et ceci se reflète dans les résultats de l’analyse par décomposition. La majeure partie des écarts de gains liés au niveau de scolarité atteint était associée à la proportion de la population détenant un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat. La plus faible probabilité de détenir un titre scolaire du niveau postsecondaire inférieur au baccalauréat (p. ex. un certificat ou diplôme d’un collège ou d’une école de métiers) constituait également un facteur des salaires moins élevés chez les hommes noirs d’origine canadienne.

Les femmes et les hommes noirs d’origine africaine avaient des gains plus élevés puisqu’ils détenaient en grande proportion un baccalauréat ou un grade universitaire supérieur au baccalauréat. Parallèlement, les gains plus faibles chez les femmes et les hommes noirs d’origine canadienne étaient attribuables à leur niveau de scolarité moins élevé. Les résultats obtenus par les femmes et les hommes noirs d’origine caribéenne correspondaient aussi aux tendances attendues en fonction de leur niveau de scolarité, les femmes de cette origine ayant des gains plus élevés et les hommes, des gains plus faibles.

L’ampleur de ces écarts de gains en fonction de la scolarité, par rapport à la population de référence, allait de 4 500 $ de plus chez les femmes noires d’origine africaine à 4 500 $ de moins chez les hommes noirs d’origine canadienne (graphique 3). Chez les femmes comme chez les hommes, les différences relatives à la scolarité des groupes de population noire ayant les niveaux de scolarité les plus élevés (d’origine africaine) et de ceux ayant les niveaux de scolarité les moins élevés (d’origine canadienne) entrainaient un écart d’environ 8 000 $ dans les salaires annuels de ces deux groupes. L'écart entre la population noire d'origine caribéenne et celle d'origine canadienne atteignait environ 5 000 $ chez les femmes et 4 000 $ chez les hommes. Les différences relatives au niveau de scolarité constituaient la source la plus importante d’écart de salaires entre les divers groupes de population noire. D’autres facteurs majeurs, communs à de multiples groupes de population noire, influent toutefois sur les différences de salaires.

Comme il a été mentionné précédemment, les populations de deuxième génération sont habituellement plus scolarisées que celles de troisième génération ou plus (d’origine canadienne) : la situation s’observe également chez la population non racisée. Le plus haut niveau de scolarité de la population non racisée de deuxième génération était également lié à des salaires plus élevés que ceux de la population non racisée de troisième génération ou plus, tant chez les femmes (+2 700 $) que chez les hommes (+2 300 $). Ces différences de salaires en fonction de la scolarité se révélaient cependant moins marquées que celles observées entre les populations noires de deuxième et de troisième génération.

Graphique 3 Décomposition des différences de gains entre les populations d’intérêt et la population non racisée de troisième génération ou plus, selon le sexe, population âgée de 25 à 54 ans, 2021

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Population noire d’origine africaine — Deuxième génération , Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération , Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus, Population non racisée — Deuxième génération, Femmes et Hommes, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Population noire d’origine africaine — Deuxième génération Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus Population non racisée — Deuxième génération
Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes
dollars
Niveau de scolarité 4 452 3 547 1 158 -439 -3 764 -4 516 2 668 2 264
Principal domaine d’études 197 -524 -302 -832 178 -235 -383 -309
Profession -1 012 -1 650 -851 -1 474 -244 -114 -179 -18
Travail -463 -2 484 -500 -2 571 -2 381 -2 329 -151 174
Syndicat/Régime de pension agréé -203 -494 -115 -92 -895 -683 -304 -397
Type de famille -390 -3 312 -626 -2 831 -312 -1 344 -145 -305
Région géographique 3 409 2 621 3 978 2 261 968 682 3 171 3 041
Langue parlée à la maison -15 285 101 230 338 519 201 425
Écart non expliqué -2 920 -6 490 -4 132 -8 079 -3 403 -8 268 1 034 2 039
Différence de salaire net par rapport à la population de référence 3 055 -8 501 -1 288 -13 827 -9 515 -16 287 5 910 6 913

Une incidence plus élevée de surqualification et de sous-emploi dans les populations noires a contribué aux écarts de gains

Malgré les différences considérables entre les trois populations noires, ces dernières sont plus susceptibles que la population non racisée de troisième génération ou plus d’exercer une profession requérant un niveau de compétences moindre que celui associé à leur niveau de scolarité et/ou d’occuper un emploi à temps partiel ou d’occuper un emploi pendant une partie de l’année seulement. En revanche, la situation était nettement différente dans le cas de la population non racisée de deuxième génération.

Les variations relatives au travail (heures et nombre de semaines travaillées) et à la profession étaient liées à des écarts de gains, par rapport à la population de référence, allant de 4 000 $ chez les hommes noirs d’origine africaine et d’origine caribéenne, à quelque 1 400 $ à 1 500 $ chez les femmes noires d’origine africaine et d’origine caribéenne. Dans l’ensemble, ces écarts s’élevaient à environ 2 500 $, tant chez les femmes et les hommes noirs d’origine canadienne (graphique 3). Les différences de salaires les plus importantes attribuables à une plus faible probabilité d’occuper un emploi à temps plein toute l’année touchaient les trois groupes d’hommes noirs, ainsi que les femmes noires d’origine canadienne; les plus grandes différences attribuables à la profession touchaient quant à elle les hommes noirs d’origine africaine et d’origine caribéenneNote  .

Pour certains groupes de population noire, ces différences neutralisaient une grande partie des gains tirés d’un plus haut niveau de scolarité. Par exemple, un plus haut niveau de scolarité permettait aux femmes noires d’origine caribéenne de tirer environ 1 200 $ de plus que la population non racisée de troisième génération ou plus; ces gains étaient toutefois neutralisés par les gains inférieurs liés aux différences en matière de profession et de travail (-1 400 $). Les hommes noirs d’origine africaine avaient quant à eux un avantage salarial de 3 500 $ grâce à un plus haut niveau de scolarité, mais un manque à gagner de 4 100 $ lié aux différences de salaire relatives à la profession et au travail.

Cela pourrait expliquer, comme l'a suggéré la littérature antérieure, le plus faible niveau de scolarité observé chez les groupes de population noire dont les familles sont établies au Canada depuis plus longtemps. Ces personnes pourraient en effet se sentir découragées en voyant que des membres de leur famille ou leurs pairs atteignent un niveau de scolarité plus élevé, mais occupent des emplois de moindre qualité, moins bien rémunérésNote  .

La catégorie professionnelle de cette décomposition par régression correspond aux différences de salaires liées aux écarts relatifs à la profession entre personnes ayant atteint le même niveau de scolaritéNote  . L’incidence de ces différences en termes de profession sur les salaires était plus marquée chez les groupes de population noire ayant un plus haut niveau de scolarité (origine africaine et origine caribéenne), puisque la proportion de la population plus scolarisée, susceptible d’être touchée par ces différences, est plus importante parmi ces groupes. Cela dit, la probabilité que les femmes et les hommes titulaires d’un baccalauréat ou d’un grade universitaire supérieur au baccalauréat, dans les trois groupes de population noire, exercent une profession libérale (qui nécessite habituellement un diplôme) ou occupent un poste de haute direction ou de gestion spécialiséeNote  était inférieure de 8 à 12 points de pourcentage par rapport à celle de la population de référence, après correction en fonction de l’âge.

Les hommes noirs d’origine africaine et d’origine caribéenne qui détenaient un titre scolaire du niveau postsecondaire inférieur au baccalauréat étaient aussi de 14 à 15 points de pourcentage plus susceptibles que les hommes de la population de référence ayant le même niveau de scolarité d’exercer des professions nécessitant habituellement un diplôme d’études secondaires ou moinsNote  . Chez les hommes d’origine caribéenne, les emplois de niveau inférieur occupés par les détenteurs d’un titre scolaire du niveau postsecondaire inférieur au baccalauréat représentaient plus de la moitié de l’effet en fonction de la profession.

Une grande partie de la différence salariale entre les populations noires et la population de référence ne peut être expliquée par les facteurs pris en considération dans l’analyse par décomposition

Dans chacun des trois groupes de population noire, tant chez les femmes que chez les hommes, une grande partie de la différence salariale entre les populations noires et la population de référence demeure inexpliquée. La portion inexpliquée était environ deux fois plus élevée chez les hommes noirs (allant de -6 500 $ à -8 300 $) que chez les femmes noires (de -2 900 $ à -4 100 $) (graphique 3). Cette tendance est relativement constante chez les groupes de population noire de deuxième et de troisième génération ou plus, mais est absente de la population non racisée de deuxième génération (où existe un effet positif inexpliqué de moindre importance). L’existence d’un tel effet négatif parmi tous les groupes de population noire, malgré leurs différences relatives à d’autres caractéristiques comme la scolarité, le lieu de naissance des parents et les régions géographiques de résidence au Canada, témoigne des désavantages subis par la population noire.

Un des facteurs expliquant ce phénomène pourrait être le fait que les travailleurs noirs reçoivent un salaire inférieur pour un même travail. À titre d'illustration, 89 % des travailleurs noirs âgés de 25 à 64 ans ont exercé des professions dans lesquelles les hommes noirs recevaient des salaires moyens inférieurs à ceux des hommes non racisés; chez les femmes noires, la proportion correspondante était de 71 %Note  . Ce résultat va de pair avec l’effet inexpliqué plus marqué chez les hommes que chez les femmes. Les autres facteurs possibles comprennent les différences relatives au travail et à la profession, qui auraient pu être plus granulaires que ce que la taille de l’échantillon n’a permis d’examiner dans le cadre cet article (p. ex. le nombre exact d’heures travaillées par semaineNote  ). Les analyses portant sur les écarts salariaux observées chez les populations noires, réalisées à partir de données de recensements précédents, ont montré que les différences professionnelles et salariales au sein des professions expliquaient une part importante de l’écart salarial globalNote  .

Il est important de souligner que la grande ampleur de la partie inexpliquée de la pression à la baisse qui touche les salaires des populations noires n’est pas unique à ces groupes. Des résultats d’une ampleur similaire sont observés chez les femmes et les hommes latino-américains et philippins de deuxième génération. Les causes à l’origine de la partie inexpliquée de ces pressions à la baisse ne sont pas nécessairement les mêmes entre les populations. Des analyses supplémentaires visant à trouver les sources de ces pressions au sein de ces populations représentent un domaine intéressant pour de futures recherches.

La partie inexpliquée gagne en complexité chez les femmes d’origine africaine et d’origine caribéenne. Selon les tendances observées au sein de la population de référence (ainsi que toutes les autres populations de femmes et d’hommes analysées, mis à part ces deux groupes de femmes), les personnes vivant dans quatre des plus grandes villes au Canada, à savoir Toronto, Edmonton, Calgary et Vancouver, gagnent généralement un revenu supérieur à celui des personnes vivant ailleursNote  . Toutefois, chez les femmes noires d’origine africaine et d’origine caribéenne, les avantages salariaux liés à la vie dans certaines de ces villes, ou l’ensemble de ces villes, s’avéraient nettement plus faibles. Toronto occupe une très grande place dans cette tendance, puisque cette ville abrite une grande proportion des populations noires d’origine africaine et d’origine caribéenne. De plus, les personnes vivant à Montréal gagnaient habituellement des revenus moins élevés que dans la majorité des autres RMR. On retrouvait cette tendance chez tous les groupes, mais celle-ci était plus marquée chez les femmes noires d’origine africaine et d’origine caribéenne. Ces tendances géographiques s’appliquent à la totalité de l’effet inexpliqué chez les femmes d’origine africaine et à la majeure partie de celui observé chez les femmes d’origine caribéenneNote  , mais ne s’appliquent pas chez d’autres populations noires. Cela n’exclut pas systématiquement la possibilité du rôle joué par les différences professionnelles ou salariales au sein des professions, si ces facteurs se manifestent dans certaines régions géographiques de façon plus marquée que dans d’autres. Les raisons de ces tendances constituent un domaine à explorer dans une prochaine analyse.

Un autre facteur possible de ces écarts et de la partie inexpliquée chez d’autres populations noires pourrait relever des différences entre les régions de Toronto et d’autres villes abritant diverses populations, puisque les gains varient possiblement en fonction de la région (p. ex. centre-ville par rapport aux banlieues). La régression n’a pas pu prendre cette variable en compte, mais il pourrait s’agir d’un domaine à explorer dans le cadre de prochaines recherches.

Conclusion

L’examen de la scolarité et des gains des populations noires nées au Canada fait ressortir des relations complexes. Malgré la similitude apparente du niveau de scolarité de la population noire par rapport à celui de la population non racisée et non autochtone, ce constat masque d’importantes différences quant au niveau de scolarité atteint dans divers groupes de population noire. Cet article porte essentiellement sur les populations noires nées au Canada. La population noire d’origine africaine est la plus scolarisée. La population noire d’origine caribéenne est quant à elle moins scolarisée que celle d’origine africaine, toutefois son niveau de scolarité rejoint celui de la population non racisée de troisième génération ou plus. La population noire d’origine canadienne présente d’importants écarts sur le plan de la scolarisation. Ce constat met en évidence l’importance de procéder à une analyse désagrégée de groupes racisés particuliers, puisque des moyennes générales peuvent faire perdre de vue de grandes variations.

Les résultats de l’analyse de décomposition par régression ont montré que ces écarts en termes de niveau de scolarité sont liés à des différences salariales d’environ 8 000 $ entre les populations noires d’origine africaine et d’origine canadienne.

D’autres facteurs sont toutefois liés aux salaires moins élevés chez l’ensemble des populations noires. Comparativement à la population non racisée de troisième génération ou plus, les populations noires sont moins susceptibles d’occuper un emploi à temps plein toute l’année et / ou sont plus susceptibles d’exercer des professions requérant un niveau inférieur de compétences à leur niveau de scolarité. Ces deux facteurs étaient liés à des différences salariales allant de -1 400 $ à -4 100 $ au sein des diverses populations noires. Tous les groupes de population noire présentaient également des différences salariales n’étant pas expliquées par les facteurs utilisés dans la régression. L’ampleur de ces différences salariales non expliquées allait de -2 900 $ à -4 100 $ chez les femmes noires, et de -6 500 $ à -8 300 $ chez les hommes noirs. Ces tendances n’ont pas été observées chez la population non racisée de deuxième génération. Cela indique que bien que les populations noires diffèrent en termes de niveau de scolarité et d’autres caractéristiques, celles-ci ont d’importants points communs quant aux difficultés qu’elles éprouvent dans le monde du travail.

Katherine Wall est analyste au Centre canadien de la statistique de l’éducation de Statistique Canada et Shane Wood est un analyste économique à Statistique Canada.

Début de la boîte de texte

Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données

Les données de l’analyse proviennent du Recensement de la population de 2021. Environ 1 ménage canadien sur 4 a rempli le questionnaire du Recensement de 2021 (détaillé), ce qui a permis de présenter des renseignements sur un large éventail de caractéristiques démographiques, sociales et économiques. Le grand nombre d’observations et la richesse des données du recensement en font des données bien adaptées pour l’étude de sous-groupes de population.

L’analyse permet de comparer les populations noires à des populations non racisées et non autochtones. Elle porte essentiellement sur des personnes répondant aux critères d’admissibilité suivants : elles sont des personnes non immigrantes et nées au Canada, âgées de 25 à 54 ans au moment de la tenue du Recensement de 2021 et n’ont pas fréquenté l’école au cours de la période allant de septembre 2020 au 11 mai 2021. Les personnes dont la principale langue parlée à la maison était une langue autochtone et celles vivant dans les territoires étaient exclues de la régression parce que la trop petite taille de ces populations ne permet pas de les inclure dans les catégories analytiques.

L’analyse des gains se limitait de plus à la population ayant reçu des salaires en 2020 et n’ayant pas de revenu provenant d’un travail autonome. En outre, la proportion de 2 % des personnes de la partie supérieure et de la partie inférieure de ces observations triées par revenu salarial ont été exclues puisque ces observations constituent souvent des valeurs aberrantes. Toutes les valeurs en dollars mentionnées dans l’article sont arrondies à la centaine de dollars près.

Les tailles d’échantillon pondérées et non pondérées sont les suivantes :


Tableau 3
Tailles de l'échantillon d'analyse pondéré et non-pondéré, analyses portant sur la scolarité et les gains, 2021
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tailles de l'échantillon d'analyse pondéré et non-pondéré. Les données sont présentées selon Groupe de population (titres de rangée) et Analyse portant sur la scolarité, Analyse portant sur les gains, Femmes et Hommes, calculées selon Nombre et Nombre pondéré unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Groupe de population Analyse portant sur la scolarité Analyse portant sur les gains
Femmes Hommes Femmes Hommes
Nombre Nombre pondéré Nombre Nombre pondéré Nombre Nombre pondéré Nombre Nombre pondéré
Population noire d’origine africaine — Deuxième génération 1 948 8 271 2 075 8 850 1 296 5 494 1 214 5 187
Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération 11 192 46 785 11 308 47 589 7 479 31 191 7 039 29 625
Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus 3 420 14 466 3 444 14 572 1 994 8 362 2 032 8 542
Population non racisée — Deuxième génération 154 889 641 799 159 906 665 409 106 300 439 774 113 244 470 619
Population non racisée — Troisième génération ou plus (population de référence) 748 607 3 100 072 775 370 3 235 203 517 657 2 138 357 565 091 2 350 766

Méthodologie

Dans l’analyse par décomposition d’Oaxaca (aussi appelée Kitagawa-Blinder-Oaxaca), le revenu d’emploi a fait l’objet d’une régression pour les catégories groupées suivantes : type de famille de recensement, langue parlée le plus souvent à la maison, travail, principal domaine d’études (à partir des variants STGM et SACHES de la CPE de 2021, « Commerce et études connexes » constituant la catégorie de référence) et les variables composites suivantes :

  • une composante d’âge correspondant à l’âge et à l’âge au carré (il est à noter que les données sont corrigées en fonction de l’âge avant la décomposition, ce qui soustrait l’effet de l’âge sur la décomposition);
  • le niveau de scolarité, qui renferme cinq catégories (sans certificat, diplôme ou grade; diplôme d’études secondaires ou certificat équivalent; certificat d’études postsecondaires ou diplôme inférieur au baccalauréat; baccalauréat; certificat, diplôme ou grade universitaire supérieur au baccalauréat) et interagit avec la composante d’âge;
  • la profession, qui se rapporte à la catégorie FEERNote  de la CNP de 2021 et interagit avec le niveau de scolarité. La catégorie FEER de la CNP la plus souvent utilisée pour chaque niveau de scolarité sert de catégorie de référence;
  • les régions géographiques, qui se composent des six principales RMR (Toronto, Montréal, Vancouver, Ottawa–Gatineau, Calgary et Edmonton), les provinces de l’Atlantique, le Québec hors de ces RMR, d’autres RMR de l’Ontario dans son ensemble, d’autres RMR de l’Ouest du Canada dans son ensemble, l’Ontario hors des RMR, et les provinces de l’Ouest hors des RMR. Il aura fallu procéder à des regroupements supérieurs à l’échelle provinciale en raison des petites populations noires établies dans de nombreuses régions hors des grandes villes;
  • la composante syndicat-RPA se compose d’indicateurs permettant de savoir si la personne a travaillé dans un emploi syndiqué, souscrivait un régime de pension agréé (RPA), ou les deux.

Sauf indication contraire, toutes les constatations traitées dans la section « Analyse de régression » sont statistiquement significatives à p = 0,001 ( c.-à-d. un intervalle de confiance de 99,9 %).

La régression reposait sur l’hypothèse selon laquelle les liens entre les salaires et les variables indépendantes étaient les mêmes pour les trois populations noires et la population non racisée de deuxième génération que pour la population de référence (la population non racisée de troisième génération ou plus). Une seconde régression, réalisée pour vérifier la fiabilité de l’analyse, traitait les liens entre les salaires et les variables indépendantes comme étant différents pour chaque population. Cette régression a fait ressortir une seule différence importante à propos du lien entre la région géographique et les salaires des femmes noires d’origine africaine et d’origine caribéenne, dont il a été question dans les résultats de la régression. L’annexe présente une comparaison détaillée des deux régressions.

Méthode de décomposition d’Oaxaca ― brève description

L’analyse par décomposition d’Oaxaca mène à une régression sur la population de référence afin de mesurer l’effet moyen de chaque variable indépendante sur le résultat présentant un intérêt (dans le cas présent, les salaires) pour cette population. Cet effet sert ensuite à mesurer la différence attendue quant aux salaires compte tenu des différences de caractéristiques entre chacune des populations. Tout ce que cet effet n’explique pas est considéré comme étant inexpliquéNote  .

Supposons par exemple qu’il existe deux populations, une gagnant un revenu moyen de 1 500 $ et l’autre, de 1 550 $, et que la seule différence entre ces deux populations soit le fait que la seconde compte 5 points de pourcentage de plus que la première de titulaires d’un baccalauréat et 5 points de pourcentage de moins de diplômes d’études secondaires en tant que plus haut niveau de scolarité atteint. Si les titulaires d’un baccalauréat gagnent en moyenne, après avoir tenu compte de tout le reste, un revenu supérieur de 500 $ à celui des titulaires d’un diplôme d’études secondaires, l’effet escompté sur le revenu moyen de la population serait de 5 % x 500 $ = 25 $. Donc, une proportion de 25 $ de la différence de 50 $ s’expliquerait par le changement relatif à la scolarité, et 25 $ resteraient inexpliqués.

Définitions

Population noire d’origine africaine : Population noire non immigrante, née au Canada, dont au moins un parent est né en Afrique. Les personnes dont un parent est né en Afrique et l’autre, dans les Caraïbes ou en Guyana, sont exclues.

Population noire d’origine caribéenne : Population noire non immigrante, née au Canada, dont au moins un parent est né dans les Caraïbes ou en Guyana. (La Guyana est le seul pays latino-américain du continent comptant une vaste population composée d’immigrants noirs et dont la culture s’apparente le plus aux populations noires caribéennes.) Les personnes dont un parent est né en Afrique et l’autre, dans les Caraïbes ou en Guyana, sont exclues.

Population noire d’origine canadienne : Population noire née au Canada, dont les deux parents sont aussi nés au Canada.

Population de deuxième génération : Population née au Canada, dont au moins un parent est né à l’étranger. Les populations d’origine africaine et d’origine caribéenne sont toutes deux de deuxième génération.

Troisième génération ou plus : Population née au Canada, dont les deux parents sont aussi nés au Canada. La population noire d’origine canadienne est de troisième génération ou plus

Fin de la boîte de texte

Annexe : Vérification de la robustesse de l’analyse de régression

Aux fins du présent article, la régression principale (régression 1, ou R1, dans les graphiques ci-dessous) repose sur l’hypothèse selon laquelle les liens entre les gains et les variables indépendantes sont les mêmes pour les populations noires que pour la population de référence.

Une seconde régression (régression 2, ou R2), réalisée pour vérifier la robustesse des résultats, ne repose pas sur cette hypothèse. Elle fonde plutôt sa décomposition sur les liens entre les gains et les variables indépendantes observés dans chaque population (p. ex. femmes noires d’origine africaine, hommes noirs d’origine caribéenne). Cette régression présente l’avantage de tenir compte du fait que les liens pourraient ne pas être les mêmes dans tous les groupes. L’inconvénient réside toutefois dans le fait que l’estimation des gains des personnes appartenant à certaines catégories de variables indépendantes peuvent reposer sur des échantillons de très petites tailles, ce qui peut fausser certains résultats.

Les deux régressions sont présentées ensemble afin de fournir plus de renseignements sur les parties où les résultats concordent entre eux et sur celles où les résultats diffèrent.

Il convient de noter que les écarts de gains totaux entre le groupe cible et la population de référence sont les mêmes dans les deux régressions. Les différences apparaissent seulement dans l’ampleur relative des effets des diverses variables indépendantes de la décomposition.

Les graphiques A.1 et A.2 présentent les résultats de la régression pour les femmes et les hommes à partir de deux méthodes de régression différentes, tandis que le graphique A.3 montre l’ampleur des différences entre les deux régressions pour les variables où les résultats des deux régressions diffèrent grandement les uns des autres, à p = 0,05 (intervalle de confiance de 95 %).

Graphique A.1 Décomposition des différences de gains entre les populations d’intérêt et la population de référence, à partir de la régression principale (R1) et de la régression de vérification de la robustesse (R2), pour les femmes âgées de 25 à 54 ans, 2021

Tableau de données du graphique A.1 
Tableau de données du graphique A.1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique A.1. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Population noire d’origine africaine — Deuxième génération , Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération , Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus, Population non racisée — Deuxième génération, R1 et R2, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Population noire d’origine africaine — Deuxième génération Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus Population non racisée — Deuxième génération
R1 R2 R1 R2 R1 R2 R1 R2
dollars
Niveau de scolarité 4 452 3 440 1 158 898 -3 764 -3 164 2 668 2 864
Principal domaine d’études 197 724 -302 -130 178 363 -383 -370
Profession -1 012 -1 224 -851 -899 -244 -417 -179 -273
Travail -463 -585 -500 -527 -2 381 -1 970 -151 -173
Syndicat/Régime de pension agréé -203 -282 -115 -179 -895 -1 158 -304 -121
Type de famille -390 -1 014 -626 -573 -312 -690 -145 -202
Région géographique 3 409 1 103 3 978 1 743 968 -323 3 171 3 411
Langue parlée à la maison -15 189 101 -89 338 924 201 186
Écart non expliqué -2 920 703 -4 132 -1 531 -3 403 -3 080 1 034 588
Différence de salaire net par rapport à la population de référence 3 055 3 055 -1 288 -1 288 -9 515 -9 515 5 910 5 910

Graphique A.2 Décomposition des différences de revenus entre les populations d’intérêt et la population de référence, à partir de la régression principale (R1) et de la régression de vérification de la robustesse (R2), pour les hommes âgés de 25 à 54 ans, 2021

Tableau de données du graphique A.2 
Tableau de données du graphique A.2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique A.2. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Population noire d’origine africaine — Deuxième génération , Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération , Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus, Population non racisée — Deuxième génération, R1 et R2, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Population noire d’origine africaine — Deuxième génération Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus Population non racisée — Deuxième génération
R1 R2 R1 R2 R1 R2 R1 R2
dollars
Niveau de scolarité 3 547 4 789 -439 -181 -4 516 -3 047 2 264 2 644
Principal domaine d’études -524 215 -832 -401 -235 -1 167 -309 -314
Profession -1 650 -2 693 -1 474 -1 015 -114 -52 -18 34
Travail -2 484 -2 275 -2 571 -2 251 -2 329 -1 869 174 254
Syndicat/Régime de pension agréé -494 -564 -92 -180 -683 -1 087 -397 -275
Type de famille -3 312 -3 720 -2 831 -1 929 -1 344 -1 087 -305 -330
Région géographique 2 621 2 618 2 261 1 400 682 618 3 041 3 595
Langue parlée à la maison 285 -68 230 -64 519 -289 425 328
Écart non expliqué -6 490 -6 803 -8 079 -9 207 -8 268 -8 307 2 039 977
Différence de salaire net par rapport à la population de référence -8 501 -8 501 -13 827 -13 827 -16 287 -16 287 6 913 6 913

Graphique A.3 Ampleur des écarts statistiquement significatifs entre la régression 1 et la régression 2, pour les femmes et les hommes âgés de 25 à 54 ans, 2021

Tableau de données du graphique A.3 
Tableau de données du graphique A.3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique A.3. Les données sont présentées selon Caractéristiques (titres de rangée) et Population noire d’origine africaine — Deuxième génération , Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération , Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus, Population non racisée — Deuxième génération, Femmes et Hommes, calculées selon dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Caractéristiques Population noire d’origine africaine — Deuxième génération Population noire d’origine caribéenne — Deuxième génération Population noire d’origine canadienne — Troisième génération ou plus Population non racisée — Deuxième génération
Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes
dollars
Niveau de scolarité 0 0 0 0 0 1 469 197 380
Principal domaine d’études 0 0 0 431 0 -933 0 0
Profession 0 0 0 460 0 0 -94 0
Travail 0 0 0 320 0 0 0 0
Syndicat/Régime de pension agréé 0 0 0 0 0 0 183 122
Type de famille 0 0 0 903 0 0 -57 0
Région géographique -2 305 0 -2 235 0 0 0 0 554
Langue parlée à la maison 0 0 0 -293 0 0 0 0
Écart non expliqué 3 624 0 2 600 0 0 0 -446 -1 062
Différence de salaire net par rapport à la population de référence -3 638 0 -2 500 0 0 0 647 1 487
Renseignements additionnels

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

  1. Documents consultés
  2. Comment citer le présent article

Date de modification :