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Mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité et résultats sur le marché du travail : variation parmi la deuxième génération d’immigrants au Canada

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par Wen-Hao Chen et Feng Hou
11F0019M no 418
Date de diffusion : le 18 février 2019 Date de correction : le 29 mars 2019

Avis de correction

La version de mars 2019 de cette publication remplace la version précédente de février 2019. Des corrections ont été apportées à cette publication parce qu’une erreur a été décelée dans le programme utilisé pour produire les tableaux de données. Les tableaux et les résultats correspondants ont été rectifiés.

Résumé

Au moyen des données du Recensement canadien de 2016, le présent article porte sur le statut socioéconomique de la deuxième génération d’immigrants, dont la population est devenue de plus en plus diversifiée. L’analyse est axée sur les différences entre les groupes, selon l’appartenance à une minorité visible, dans deux aspects liés à la mobilité socioéconomique : 1) le progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité, qui indique la capacité d’atteindre un niveau de scolarité plus élevé quelle que soit le niveau de scolarité des parents; 2) la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail, qui révèle la capacité de traduire les titres scolaires en bien-être économique. Les résultats en général permettent de brosser un portrait très positif pour les enfants d’immigrants en ce qui a trait au premier aspect, tandis que des résultats mitigés sont évidents pour le deuxième aspect. En particulier, certains groupes de minorité visible sont caractérisés par un niveau de scolarité élevé et des revenus élevés, tandis que certains autres groupes affichent une faible mobilité au chapitre de la scolarité et de faibles résultats sur le marché du travail en raison de leur niveau de scolarité. Ces résultats donnent à penser qu’il existe des parcours d’intégration socioéconomique divergents au sein de la deuxième génération d’immigrants.

Mots-clés : Deuxième génération d’immigrants, minorité visible, mobilité sociale

Sommaire

La littérature canadienne antérieure a fait état d’un brillant aperçu socioéconomique pour les enfants des immigrants canadiens — la deuxième génération d’immigrants — tandis que leur rendement dépasse généralement celui de la troisième génération d’immigrants et des suivantes sur le plan du niveau de scolarité et du marché du travail. Malgré des résultats globaux optimistes, il existe de grandes variations parmi différents groupes de deuxième génération d’immigrants. Tandis que la provenance des immigrants au Canada a changé considérablement au cours des dernières décennies, passant de l’Europe à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine, la composition ethnique de la deuxième génération d’immigrants est devenue plus diversifiée. Cette diversification soulève des questions au sujet des résultats à long terme des familles immigrantes issues d’antécédents culturels variés. Toute différence marquée en ce qui a trait aux résultats socioéconomiques entre les groupes de minorité visible pourrait entraîner par conséquent un défi en matière d’inclusion sociale au Canada.

Au moyen des données du Recensement canadien de 2016, la présente étude porte sur les différences entre les groupes sur le plan du statut socioéconomique de la deuxième génération d’immigrants en ce qui a trait à deux aspects : 1) le progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité; 2) la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail. L’analyse montre une distinction entre 10 groupes de deuxième génération d’immigrants : Blancs, Sud-Asiatiques, Chinois, Noirs, Philippins, Asiatiques occidentaux ou Arabes, Latino-américains, Asiatiques du Sud-Est, Coréens et Japonais.

Sur le plan du progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité, les résultats montrent une amélioration notable pour les enfants d’immigrants de tous les groupes de minorité visible. Pratiquement tous les groupes de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires plus élevés que ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Le progrès relativement au niveau de scolarité parmi les générations est particulièrement marqué chez les Canadiens d’origine chinoise, sud-asiatique et coréenne, mais il est plutôt modéré pour le groupe Noirs et les hommes latino-américains et absent chez les hommes philippins.

Pour ce qui est de la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail, des résultats mitigés ont été constatés. Dans l’ensemble, l’étude révèle que ce ne sont pas tous les enfants d’immigrants qui sont capables de traduire leur niveau de scolarité élevé par un succès sur le marché du travail. Quatre groupes distincts ont été déterminés. Le premier groupe, qui comprend les Canadiens d’origine chinoise, sud-asiatique, coréenne et japonaise de deuxième génération, est caractérisé par une plus grande mobilité au chapitre de la scolarité et des résultats décents sur le marché du travail. Le deuxième groupe a enregistré une bonne mobilité au chapitre de la scolarité, mais un faible taux d’emploi et des revenus inférieurs à la moyenne. Cette tendance décrit le mieux l’expérience des personnes des groupes Asiatiques occidentaux ou Arabes et, dans une moindre mesure, le groupe Asiatiques du Sud-Est de deuxième génération d’immigrants. Le troisième groupe comprend les groupes Noirs et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants qui ont affiché des taux moyens de mobilité au chapitre de la scolarité et de faibles niveaux de scolarité chez les hommes, en plus d’avoir des revenus peu élevés tant chez les hommes que chez les femmes. Le dernier groupe — les Philippins de deuxième génération d’immigrants — a affiché une faible mobilité au chapitre de la scolarité et des revenus peu élevés chez les hommes.

Ces résultats donnent à penser qu’il existe des parcours d’intégration socioéconomique divergents au sein de la deuxième génération d’immigrants. En particulier, il mettent en évidence la nécessité de comprendre pour quelles raisons certains groupes de minorité visible de la deuxième génération d’immigrants ont éprouvé de la difficulté à obtenir des revenus annuels décents malgré le fait qu’ils affichaient des taux plus élevés d’achèvement d’études universitaires et des parts plus élevées d’emplois hautement qualifiés. Un plus grand nombre d’études portant sur des groupes particuliers sont requises afin d’examiner les défis uniques que doivent relever chacun des groupes principaux.

1 Introduction

La deuxième génération d’immigrants — les personnes nées au Canada ayant au moins un parent immigrant — constitue une importante composante de la population canadienne. Selon le Recensement de 2016, environ 6,1 millions de Canadiens sont de deuxième génération d’immigrants. En 2016, les immigrants de deuxième génération représentaient 27 % de la population canadienne âgée de moins de 25 ans et 16 % de la population âgée de 25 à 44 ans. Puisque les immigrants de deuxième génération ont été élevés et éduqués au Canada, les obstacles communs sur le marché du travail auxquels les immigrants adultes se butent souvent, comme la langue et la reconnaissance des titres de compétence étrangers, ne s’appliquent pas à eux. Par conséquent, les résultats socioéconomiques de la deuxième génération d’immigrants, particulièrement en comparaison avec ceux ayant deux parents nés au Canada, permettent de mieux comprendre l’intégration à long terme des familles immigrantes ayant divers antécédents socioéconomiques et culturels.

Il est bien documenté que la deuxième génération d’immigrants affiche de meilleurs résultats que ceux de la troisième génération et des suivantes (personnes nées au Canada ayant deux parents nés au Canada) au chapitre de la scolarité et des résultats semblables sur le marché du travail (Aydemir et Sweetman, 2007; Boyd, 2002; Boyd et Grieco, 1998; Picot et Hou, 2010 et 2011). Malgré des résultats globaux optimistes, il existe de grandes variations parmi différents groupes de la deuxième génération d’immigrants (Boyd, 2008). Par exemple, les groupes Chinois et Sud-Asiatiques de deuxième génération d’immigrants affichent des taux d’achèvement d’études universitaires beaucoup plus élevés que les groupes Noirs et Philippins de deuxième génération d’immigrants (Abada, Hou et Ram, 2009). De même, ce ne sont pas tous les groupes de deuxième génération d’immigrants qui affichent un rendement supérieur à celui du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Chez les personnes ayant des niveaux de scolarité et des caractéristiques d’emploi similaires, les minorités visibles de deuxième génération, le groupe Noirs en particulier, ont des revenus inférieurs à ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes (Hou et Coulombe, 2010; Picot et Hou, 2010; Skuterud, 2010). Des études antérieures ont donné à penser que les résultats socioéconomiques variés au sein de la deuxième génération d’immigrants sont principalement attribuables aux interactions entre ce que les groupes d’immigrants ont apporté dans le pays d’accueil (p. ex. leurs antécédents socioculturels et leur capital humain) et les différents contextes socioéconomiques qu’ils ont vécus dans la société d’accueil (p. ex. conditions macroéconomiques, politiques de rétablissement du gouvernement, attitudes de la population envers l’immigration en général et envers un groupe particulier d’immigrants ou de réfugiés) (Alba et Nee, 2003; Hou et Bonikowska, 2017; Portes et Zhou, 1993).

Ces études indiquent que l’aperçu socioéconomique optimiste habituel pour les enfants d’immigrants pourrait ne plus être certain aujourd’hui, alors que la deuxième génération d’immigrants non européens a vieilli. Depuis les années 1970, les régions sources d’immigrants ont changé considérablement pour passer de l’Europe à l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Le changement des régions sources a contribué à l’accroissement rapide de la diversité au sein de la deuxième génération d’immigrants. En 2016, 56 % des immigrants de deuxième génération de 15 à 24 ans et 31 % des immigrants de deuxième génération de 25 à 44 ans étaient membres d’un groupe de minorité visible, en hausse par rapport aux taux de 31 % des immigrants de deuxième génération de 15 à 24 ans et de 9 % des immigrants de deuxième génération de 25 à 44 ans observés en 2001Note . Qui plus est, la composition ethnique ou culturelle de la deuxième génération de minorité visible est devenue plus diversifiée tandis que les membres de plus petits groupes de minorité visible sont devenus plus visibles grâce à l’augmentation de leur part au sein de la population. Chez les adultes de la deuxième génération d’immigrants de 25 à 44 ans, par exemple, la part de certains petits groupes — en particulier les groupes Philippins, Asiatiques du Sud-Est et Latino-américains — a plus que quadruplé au cours de la période allant de 2001 à 2016.

La diversité croissante au sein de la deuxième génération d’immigrants soulève des questions au sujet de leur intégration et de leur inclusion dans la société canadienne, ce qui est particulièrement le cas pour certains groupes de deuxième génération d’immigrants qui sont seulement devenus nombreux récemment. Certaines études antérieures ont permis d’examiner les différences entre les groupes en ce qui a trait à certains résultats socioéconomiques au sein de la deuxième génération d’immigrants, mais elles portaient souvent sur le niveau de scolarité et les revenus connexes, sans suffisamment rendre compte des différences entre les groupes sur le plan du progrès intergénérationnel et de la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail. Pour les enfants d’immigrants, la capacité d’atteindre des niveaux de scolarité plus élevés, quel que soit le niveau de scolarité des parents, ainsi que la capacité à traduire les titres scolaires en résultats sur le marché du travail exigeraient un degré élevé de possibilités. Toute différence marquée de ces résultats entre les groupes de minorité visible signifierait par conséquent qu’il y a un manque d’intégration et présenterait un défi en matière d’inclusion sociale au Canada.

La présente étude permet de combler la lacune dans la littérature en examinant les différences entre les groupes dans deux aspects : 1) le progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité; 2) la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail, y compris les taux d’emploi, le plus haut niveau d’emploi et les revenus. Au moyen des données des recensements canadiens, la présente étude porte sur 10 groupes de deuxième génération d’immigrants, tels que déterminés dans la Loi sur l’équité en matière d’emploi. Ces groupes sont les suivants : Blancs, Sud-Asiatiques, Chinois, Noirs, Philippins, Asiatiques occidentaux ou Arabes, Latino-américains, Asiatiques du Sud-Est, Coréens et Japonais. Le groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes est inclus comme groupe de référence. L’analyse porte uniquement sur les personnes âgées de 25 à 44 ans en 2016.

2 Différences relatives à la mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité entre les groupes

2.1 Niveau de scolarité des parents immigrants et des groupes de deuxième génération d’immigrants

Le tableau 1 présente les taux d’achèvement d’études universitaires (c.-à-d le pourcentage de personnes titulaires d’au moins un baccalauréat) des parents de la deuxième génération d’immigrants. Puisque le Recensement de 2016 n’a pas permis de recueillir de renseignements sur le niveau de scolarité des parents, un couplage générationnel sur le plan du niveau de scolarité est effectué en jumelant une cohorte synthétique de parents, déterminés à partir des données du Recensement de 1991. Plus précisément, l’échantillon du tableau 1 a été construit en fonction des immigrants qui avaient des enfants de moins de 20 ans nés au Canada lors du Recensement de 1991, car leurs enfants auraient été âgés de 25 à 44 ans en 2016Note .

Les taux variaient considérablement entre les groupes de deuxième génération d’immigrants. Parmi les pères, ceux des Canadiens d’origine coréenne et japonaise de deuxième génération d’immigrants présentaient les taux les plus élevés, suivis des pères des groupes Asiatiques occidentaux ou Arabes, Chinois, Philippins et Sud-Asiatiques. Les taux d’achèvement d’études universitaires des pères immigrants de ces six groupes étaient plus de deux fois plus élevés que ceux des pères du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Entre-temps, les pères des groupes Blancs, Noirs, Asiatiques du Sud-Est et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires similaires à ceux des pères du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. La variation entre les groupes sur le plan des taux d’achèvement d’études universitaires était aussi marquée chez les mères. En particulier, plus du tiers des mères du groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants étaient titulaires d’un grade universitaire, comparativement à moins de 1 sur 10 pour les mères des groupes Noirs, Latino-américains et Asiatiques du Sud-Est.


Tableau 1
Taux d’achèvement d’études universitaires chez les parents immigrants des groupes de deuxième génération d'immigrants
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d’achèvement d’études universitaires chez les parents immigrants des groupes de deuxième génération d'immigrants Ayant un grade universitaire, Taille de l’échantillon, Pères et Mères, calculées selon pourcentage et nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Ayant un grade universitaire Taille de l’échantillon
Pères Mères Pères Mères
pourcentage nombre
Groupes de deuxième génération d'immigrants
Sud-Asiatiques 30,8 21,9 11 849 11 778
Noirs 16,8 7,9 7 416 10 063
Chinois 33,6 19,7 9 919 10 197
Philippins 33,2 35,9 2 917 3 923
Asiatiques du Sud-Est 18,5 8,7 2 254 2 589
Asiatiques occidentaux ou Arabes 33,7 21,7 4 662 3 839
Latino-américains 13,6 9,6 1 896 2 644
Coréens 42,5 27,4 830 935
Japonais 38,1 22,6 351 483
Blancs 17,8 13,3 74 368 71 695
Ensemble de la deuxième génération d'immigrants 21,6 15,2 117 167 119 011
Blancs de la troisième génération d'immigrants et des suivantes 15,2 10,6 492 854 560 890

Le tableau 2 présente les taux d’achèvement d’études universitaires parmi les personnes de la deuxième génération d’immigrants âgées de 25 à 44 ans lors du Recensement de 2016. Par construction, ils sont susceptibles d’être les enfants de parents immigrants dans le tableau 1. Dans l’ensemble, un progrès intergénérationnel évident a été observé sur le plan du niveau de scolarité entre les groupes de minorité visible, plus particulièrement pour les femmes : les taux d’achèvement d’études universitaires étaient plus élevés parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants que parmi leurs groupes de parents respectifs. Les femmes de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires plus élevés que les hommes dans tous les groupes. Cette tendance était très différente de celle de leurs parents immigrants indiquée précédemment, ce qui laisse supposer une différence marquée ayant trait au sexe sur le plan de l’amélioration du niveau de scolarité intergénérationnel.


Tableau 2
Taux d’achèvement d’études universitaires chez les personnes des groupes de deuxième génération d'immigrants âgés de 25 à 44 ans
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d’achèvement d’études universitaires chez les personnes des groupes de deuxième génération d'immigrants âgés de 25 à 44 ans Taux d’achèvement d’études universitaires observés, Taux d’achèvement d’études universitaires ajustés, Taille de l’échantillon, Hommes et Femmes, calculées selon pourcentage et nombre unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux d’achèvement d’études universitaires observés Taux d’achèvement d’études universitaires ajustés Taille de l’échantillon
Hommes Femmes Hommes Femmes Hommes Femmes
pourcentage nombre
Groupes de deuxième génération d'immigrants
Sud-Asiatiques 48,2Note *** 61,6Note *** 41,6Note *** 54,2Note *** 13 646 12 966
Noirs 19,8Note *** 35,5Note *** 12,3Note *** 26,9Note *** 10 868 11 858
Chinois 60,6Note *** 72,6Note *** 54,1Note *** 65,4Note *** 11 676 10 665
Philippins 28,1Note *** 45,6Note *** 21,1 37,9Note *** 4 036 3 774
Asiatiques du Sud-Est 35,7Note *** 46,2Note *** 31,3Note *** 40,1Note *** 2 673 2 613
Asiatiques occidentaux ou Arabes 39,2Note *** 48,1Note *** 34,5Note ** 42,4Note *** 2 647 2 374
Latino-américains 16,1Note *** 25,1Note *** 10,8Note *** 18,5Note *** 2 425 2 483
Coréens 62,4Note *** 71,3Note *** 54,2Note *** 62,9Note *** 996 944
Japonais 45,7Note *** 56,4Note *** 42,4Note *** 51,9Note *** 611 667
Blancs 30,0Note *** 42,7Note *** 26,6Note *** 39,7Note *** 117 687 116 716
Ensemble de la deuxième génération d'immigrants 33,3Note *** 45,9Note *** 28,5Note *** 41,1Note *** 171 416 169 451
Blancs de la troisième génération d'immigrants et des suivantes 21,2 33,2 22,5 34,6 554 847 555 116

2.2 Progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité

Le progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité est examiné en comparant la moyenne des taux d’achèvement d’études universitaires des groupes de parents immigrants à celle des groupes de deuxième génération d’immigrants (graphique 1). Pour les femmes, les hausses les plus marquées des taux d’achèvement d’études universitaires comparativement à ceux de leurs mères immigrantes a été observée par les Canadiennes des groupes Chinois (53 points de pourcentage), Coréens (44 points de pourcentage) et Sud-Asiatiques (40 points de pourcentage) de deuxième génération d’immigrants. Une amélioration intergénérationnelle marquée a également été observée pour les femmes des groupes Asiatiques du Sud-Est (38 points de pourcentage), Japonais (34 points de pourcentage) et Blancs (29 points de pourcentage) de deuxième génération d’immigrants. Aux fins de comparaison, le taux d’achèvement d’études universitaires pour les femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes a augmenté de 23 points de pourcentage par rapport à leurs mères.

Pour les hommes de deuxième génération d’immigrants, leurs gains en matière de niveau de scolarité ont été plus faibles. Encore une fois, la plus grande hausse des taux d’achèvement d’études universitaires d’une génération à l’autre a été observée parmi les Canadiens des groupes Chinois (27 points de pourcentage) et Coréens (20 points de pourcentage) de deuxième génération d’immigrants. En revanche, peu de changements ont été observés pour les groupes Noirs (3 points de pourcentage), Latino-américains (3 points de pourcentage) et Philippins (-5 points de pourcentage) de deuxième génération d’immigrants. Pour tous les autres groupes d’hommes de deuxième génération d’immigrants, la croissance des taux d’achèvement d’études universitaires a varié entre 6 points et 17 points de pourcentage d’une génération à l’autre.

Les hommes du groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants était le seul groupe à avoir affiché une faible amélioration intergénérationnelle sur le plan du niveau de scolarité. Ils étaient moins susceptibles que leurs pères immigrants d’obtenir un grade universitaire. Les femmes du groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants ont affiché un taux d’achèvement d’études universitaires de seulement 10 points de pourcentage de plus que celui de leurs mères. Une faible mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité pour le groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants a aussi été observée aux États-Unis (Zhou et Xiong, 2005).

Ces résultats indiquent que les parts des groupes de minorité visible qui achèvent des études universitaires deviennent plus inégales d’une génération d’immigrants à l’autre, en raison de la croissance différente de la mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité entre les groupes. Par exemple, les écarts dans les taux d’achèvement d’études universitaires entre les groupes Noirs et Chinois étaient de seulement 17 points de pourcentage chez les pères immigrants et de 12 points de pourcentage chez les mères immigrantes, mais ils ont augmenté pour atteindre 41 points de pourcentage chez les fils de deuxième génération d’immigrants et 37 points de pourcentage chez les filles de deuxième génération d’immigrants.

Graphique 1 Mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité, selon le groupe de population

Tableau de données du graphique 1
Tableau de données pour le graphique 1
Mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité, selon le groupe de population
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité Taux d’achèvement d’études universitaires, Parents immigrants des groupes de deuxième génération d’immigrants, Groupes de deuxième génération d’immigrants âgés 25 à 44 ans, Pères , Mères, Fils et Filles, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux d’achèvement d’études universitaires
Parents immigrants des groupes de deuxième génération d’immigrants Groupes de deuxième génération d’immigrants âgés 25 à 44 ans
Pères Mères Fils Filles
pourcentage
Groupes de deuxième génération d’immigrants
Sud-Asiatiques 30,8 21,9 48,2 61,6
Noirs 16,8 7,9 19,8 35,5
Chinois 33,6 19,7 60,6 72,6
Philippins 33,2 35,9 28,1 45,6
Asiatiques du Sud-Est 18,5 8,7 35,7 46,2
Asiatiques occidentaux ou Arabes 33,7 21,7 39,2 48,1
Latino-américains 13,6 9,6 16,1 25,1
Coréens 42,5 27,4 62,4 71,3
Japonais 38,1 22,6 45,7 56,4
Blancs 17,8 13,3 30,0 42,7
Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes 15,2 10,6 21,2 33,2

Malgré d’importantes différences observées parmi les groupes de minorité visible, le tableau 2 montre que la plupart des groupes de deuxième génération d’immigrants (à l’exclusion du groupe Latino-américains et des hommes du groupe Noirs), tant les hommes que les femmes, affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires plus élevés que ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantesNote . Une partie de l’avantage de la deuxième génération d’immigrants relativement au niveau de scolarité était liée à la concentration de leur population dans les grandes régions urbaines où il y a plus d’universités et où la demande pour l’obtention de diplômes est plus forte. Lorsque les différences sur les plans de la répartition géographique, de l’âge et de la langue parlée à la maison étaient prises en compte, les écarts dans les taux d’achèvement d’études universitaires entre la plupart des groupes de deuxième génération d’immigrants et du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes diminuaient. Cependant, les hommes et les femmes des groupes Noirs et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires encore plus faibles que ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes (voir les taux ajustés au tableau 2).

En plus d’être un objectif important en soi, le niveau de scolarité est un facteur contributif crucial au succès sur le marché du travail. Mais la deuxième génération d’immigrants traduit-elle son niveau de scolarité élevé par un succès sur le marché du travail? Et dans quelle mesure cela est-il différent entre les groupes de minorité visible? La section 3 porte sur l’examen de trois résultats différents sur le marché du travail : emploi, profession et revenus.

3 Différences entre les groupes sur le plan des avantages de l’éducation sur le marché du travail

3.1 Taux d’emploi

Le tableau 3 montre les taux d’emploi des personnes âgées de 25 à 44 ans en 2016. En général, la plupart des groupes de minorité visible de deuxième génération d’immigrants ont enregistré des taux d’emploi similaires à ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Le groupe Chinois et les femmes du groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants ont affiché des taux d’emploi supérieurs (d’environ 3 points de pourcentage) à ceux des femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Les taux d’emploi étaient relativement faibles pour les groupes Noirs, Asiatiques occidentaux ou Arabes et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants. Par exemple, environ 77 % des hommes du groupe Noirs de deuxième génération d’immigrants occupaient un emploi, comparativement à 86 % des hommes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Environ 73 % des femmes du groupe Asiatiques occidentaux ou Arabes de deuxième génération d’immigrants occupaient un emploi, comparativement à 82 % des femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes.

Certaines variations des taux d’emploi entre les groupes de minorité visible de deuxième génération d’immigrants pourraient être liées aux différences relatives aux caractéristiques sociodémographiques entre les groupes, comme l’âge, l’emplacement géographique, le niveau de scolarité, la langue parlée à la maison et la disponibilité de travailler. Lorsque ces facteurs ont été pris en compte, l’écart entre les taux d’emploi pour les groupes Noirs et Asiatiques occidentaux ou Arabes de deuxième génération d’immigrants — par rapport à ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes — a peu varié (tableau 3, panneau de droite). D’autres caractéristiques non observables, comme des rôles familiaux ou entre les sexes associés à des facteurs culturels ou religieux, peuvent jouer un rôle dans les décisions en matière d’emploi, lesquelles nécessitent de mener des recherches plus poussées.


Tableau 3
Taux d’emploi parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants âgés de 25 à 44 ans
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Taux d’emploi parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants âgés de 25 à 44 ans Taux d’emploi observé, Taux d’emploi ajusté, Hommes et Femmes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Taux d’emploi observé Taux d’emploi ajusté
Hommes Femmes Hommes Femmes
pourcentage
Groupes de deuxième génération d’immigrants
Sud-Asiatiques 83,8Note *** 80,9Note * 83,1Note *** 78,7Note ***
Noirs 76,7Note *** 77,9Note *** 79,6Note *** 77,8Note ***
Chinois 86,8Note ** 85,2Note *** 85,8 81,9
Philippins 86,5 85,3Note *** 85,7 83,3Note *
Asiatiques du Sud-Est 82,0Note *** 82,9 85,1 83,4
Asiatiques occidentaux ou Arabes 82,4Note *** 73,1Note *** 83,4Note *** 72,9Note ***
Latino-américains 82,4Note *** 78,6Note *** 86,1 81,4
Coréens 84,9 83,3 83,7Note * 80,1
Japonais 86,5 85,1Note * 84,2 82,6
Blancs 87,4Note *** 81,8 86,4Note *** 80,9Note ***
Ensemble de la deuxième génération d’immigrants 86,1Note * 81,6 85,6Note *** 80,6Note ***
Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes 85,8 81,7 86,0 82,0

3.2 Réussite professionnelle

Tandis que le fait d’avoir un emploi est important pour le bien-être économique, la qualité de l’emploi revêt aussi une importance. Un des paramètres est la mesure dans laquelle le niveau de scolarité élevé parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants mène à des professions hautement spécialisées. Le tableau 4 présente les différences entre les groupes dans la part des travailleurs qui occupent des professions hautement spécialisées. Les professions hautement spécialisées renvoient aux professions de cadres supérieurs et de cadres intermédiaires spécialisés, et aux professions qui exigent habituellement des études universitaires, y compris le personnel professionnel en gestion des affaires et en finance, en sciences naturelles et appliquées, en santé, en éducation, en droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux et en arts et culture.

De grandes différences ont été observées entre les groupes de minorité visible dans le pourcentage de travailleurs occupant des professions hautement spécialisées (panneau de gauche). Environ 40 % ou plus des personnes des groupes Chinois, Coréens, Japonais et Sud-Asiatiques de deuxième génération d’immigrants occupaient des professions hautement spécialisées, comparativement à 20 % des hommes à 31 % des femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Les groupes Asiatiques occidentaux ou Arabes, Asiatiques du Sud-Est, Philippins  et Blancs de deuxième génération d’immigrants étaient aussi plus susceptibles d’occuper des professions hautement spécialisées, quoique dans une moindre mesure, que le groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. En revanche, les parts des groupes Latino-américains et Noirs de deuxième génération d’immigrants occupant des professions hautement spécialisées étaient semblables ou inférieures à la part observée pour le groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes.

Le niveau de scolarité a grandement contribué aux différences entre les groupes sur le plan de la réussite professionnelle. Il est possible de constater ce résultat en comparant les données du tableau 4 et du tableau 2, alors que la part des travailleurs occupant des professions hautement spécialisées augmente parallèlement aux taux d’achèvement d’études universitaires. Cette comparaison permet d’expliquer pour quelles raisons les emplois hautement spécialisés sont plus courants chez les personnes des groupes Chinois, Sud-Asiatiques et Coréens de deuxième génération d’immigrants. Lorsque le niveau de scolarité et les autres caractéristiques démographiques n’étaient pas pris en compte (panneau de droite du tableau 4), ces groupes affichaient des taux d’emploi dans des professions hautement spécialisées semblables à ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes.


Tableau 4
Pourcentage des travailleurs de 25 à 44 ans occupant des professions hautement spécialisées parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage des travailleurs de 25 à 44 ans occupant des professions hautement spécialisées parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants Part observée des travailleurs occupant des professions hautement spécialisées, Part ajustée des travailleurs occupant des professions hautement spécialisées, Hommes et Femmes, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Part observée des travailleurs occupant des professions hautement spécialisées Part ajustée des travailleurs occupant des professions hautement spécialisées
Hommes Femmes Hommes Femmes
pourcentage
Groupes de deuxième génération d’immigrants
Sud-Asiatiques 39,0Note *** 47,8Note *** 24,4Note *** 34,3Note ***
Noirs 19,1 29,8Note ** 19,5Note *** 30,7Note ***
Chinois 46,2Note *** 50,8Note *** 26,4Note *** 32,6
Philippins 27,0Note *** 37,2Note *** 23,1Note * 33,1
Asiatiques du Sud-Est 29,4Note *** 34,9Note *** 24,2Note *** 32,3
Asiatiques occidentaux ou Arabes 33,9Note *** 38,5Note *** 24,6Note *** 31,4
Latino-américains 15,9Note *** 22,9Note *** 20,7 31,2
Coréens 41,2Note *** 49,1Note *** 20,2 30,8
Japonais 38,1Note *** 42,7Note *** 25,6Note ** 31,4
Blancs 26,6Note *** 36,2Note *** 22,0Note * 32,0Note *
Ensemble de la deuxième génération d’immigrants 28,6Note *** 37,6Note *** 22,4Note *** 32,1Note ***
Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes 19,9 31,0 21,7 32,6

3.3 Revenus annuels

Enfin, le tableau 5 montre les revenus annuels moyens, qui sont le produit du salaire horaire et des heures travaillées annuellement. Malgré d’importants avantages sur le plan de l’éducation, les revenus de la plupart des groupes de minorité visible de deuxième génération d’immigrants n’étaient pas considérablement plus élevés que ceux du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes, ce qui correspond aux résultats des études canadiennes précédentes (p. ex. Hou et Coulombe, 2010; Picot et Hou, 2010). Cependant, les résultats de la présente étude révèlent une variation marquée entre les groupes.

Chez les hommes, les revenus des groupes Chinois, Sud-Asiatiques, Coréens et Japonais étaient d’environ 5 % à 14 % supérieurs à ceux des hommes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes, tandis que pour les autres groupes de minorité visible, des désavantages sur le plan des revenus ont été constatés (-5 % à -29 %). Les hommes des groupes Noirs et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants affichaient les revenus les plus faibles, soit environ 16 000 $ à 18 000 $ de moins que ceux des hommes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes.

Les tendances en matière de revenus chez les femmes de deuxième génération d’immigrants étaient plus favorables. Les revenus des femmes du groupe Chinois et Coréens étaient environ 30 % plus élevés que ceux des femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Les femmes des groupes Noirs et Latino-américains affichaient des revenus nettement moins élevés que ceux des femmes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes.

Les différences observées au chapitre des revenus entre les groupes étaient partiellement liées aux différences relatives au niveau de scolarité, à la répartition géographique, à l’âge et à d’autres facteurs démographiques. Si ces facteurs restaient constants, les revenus des hommes des groupes Chinois, Sud-Asiatiques, Philippins, Japonais et Coréens de deuxième génération d’immigrants seraient moins élevés que  leurs revenus observés. Cela est principalement attribuable au fait que ces groupes affichaient un niveau de scolarité plus élevé et que leur population était plus concentrée dans les grandes régions métropolitaines que les hommes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. À l’inverse, les revenus ajustés des hommes des groupes Latino-américains et Asiatiques du Sud-Est de deuxième génération d’immigrants sont devenus plus élevés comparativement aux revenus non ajustés, principalement en raison de leur âge moyen moins élevé et de leur part plus élevée ne parlant pas une langue officielle à la maison. L’ajustement a eu des répercussions semblables chez les femmes, bien que les femmes du groupe Chinois de deuxième génération d’immigrants avaient des revenus plus élevés (de 10 %) que ceux des femmes du groupe de la troisième génération et des suivantes.


Tableau 5
Revenu annuel moyen des employés de 25 à 44 ans parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Revenu annuel moyen des employés de 25 à 44 ans parmi les groupes de deuxième génération d’immigrants Revenus annuels moyens observés, Revenus annuels moyens ajustés, Hommes et Femmes, calculées selon en dollars de 2010 unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Revenus annuels moyens observés Revenus annuels moyens ajustés
Hommes Femmes Hommes Femmes
en dollars de 2010
Groupes de deuxième génération d’immigrants
Sud-Asiatiques 68 300Note *** 50 800Note *** 62 900 44 800
Noirs 46 500Note *** 40 900Note *** 51 900Note *** 40 400Note ***
Chinois 68 100Note *** 57 300Note *** 60 300Note *** 49 100Note ***
Philippins 54 600Note *** 48 100Note *** 52 100Note *** 44 000
Asiatiques du Sud-Est 49 600Note *** 42 200 58 900Note *** 45 800
Asiatiques occidentaux ou Arabes 59 700 44 000 59 700Note *** 42 400Note **
Latino-américains 44 500Note *** 37 300Note *** 55 400Note *** 42 400Note ***
Coréens 71 600Note *** 55 700Note *** 60 500 45 800
Japonais 66 000 49 300Note *** 56 500Note * 42 300
Blancs 68 400Note *** 48 200Note *** 62 700Note *** 43 900Note ***
Ensemble de la deuxième génération d’immigrants 65 700Note *** 48 200Note *** 61 300Note *** 44 000Note ***
Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes 62 700 43 500 64 000 44 700

4 Conclusion

Le présent article permet d’examiner les différences entre les groupes en ce qui a trait au statut socioéconomique parmi les immigrants de deuxième génération en axant l’analyse sur deux transitions importantes de la vie : le progrès intergénérationnel relativement au niveau de scolarité et la relation entre le niveau de scolarité et les résultats sur le marché du travail. Les résultats montrent de grandes variations entre les groupes de minorité visible. Les quatre différentes tendances suivantes sont déterminées.

1) Grande mobilité au chapitre de la scolarité et niveau de scolarité élevé, et résultats décents sur le marché du travail : Cette tendance peut être observée chez les Canadiens d’origine chinoise, sud-asiatique, coréenne et japonaise de deuxième génération. Ces quatre groupes ont affiché une amélioration intergénérationnelle importante relativement au niveau de scolarité et ont enregistré un taux très élevé d’achèvement d’études universitaires. En raison de leurs taux d’achèvement d’études universitaires élevés, ces groupes asiatiques ont en général obtenu de bons résultats sur le marché du travail. Les groupes Chinois, Sud-Asiatiques et Coréens de deuxième génération d’immigrants, en particulier, étaient surreprésentés dans les professions hautement spécialisées comparativement au groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes. Grâce à leurs avantages supérieurs sur le plan de l’éducation ainsi qu’à leur concentration plus élevée dans les professions hautement spécialisées, ils touchaient des revenus annuels moyens plus élevés que ceux enregistrés par le groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes, particulièrement chez les femmes.

2) Bonne mobilité au chapitre de la scolarité et bon niveau de scolarité, faible taux d’emploi et revenus inférieurs à la moyenne : Les groupes Asiatiques occidentaux ou Arabes et Asiatiques du Sud-Est de deuxième génération d’immigrants sont dans cette catégorie. En général, ils ont aussi connu une hausse importante en ce qui a trait à la mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité (particulièrement chez les femmes) et enregistré des taux d’achèvement d’études universitaires élevés. Malgré leurs taux d’achèvement d’études universitaires élevés, les femmes du groupe Asiatiques occidentaux ou Arabes et les hommes du groupe Asiatiques du Sud-Est de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’emploi faibles comparativement au groupe Blancs de la troisième génération et les suivantes. Les personnes de ce groupe qui occupaient des emplois étaient plus susceptibles que les personnes du groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes d’occuper des emplois hautement spécialisés. Toutefois, leurs revenus étaient inférieurs à la moyenne chez les hommes.

3) Mobilité moyenne au chapitre de la scolarité et niveau de scolarité moyen, professions peu spécialisées et faibles revenus : Cette tendance décrit le mieux l’expérience des groupes Noirs et Latino-américains de deuxième génération d’immigrants. Ils affichaient les taux d’achèvement d’études universitaires les plus faibles de tous les groupes de deuxième génération d’immigrants, principalement en raison du fait que leurs parents affichaient des niveaux de scolarité très faibles et que l’amélioration intergénérationnelle était modérée chez les hommes. Ils étaient aussi moins susceptibles d’occuper des emplois hautement spécialisés et leurs revenus moyens se situaient parmi les plus faibles de tous les groupes de deuxième génération d’immigrants.

4) Faible mobilité au chapitre de la scolarité et faibles revenus : Les hommes du groupe Philippins de deuxième génération d’immigrants étaient le seul groupe de l’étude à avoir affiché une faible amélioration intergénérationnelle relativement au niveau de scolarité. Ils affichaient aussi de faibles revenus comparativement aux hommes du groupe Blancs de la troisième génération et les suivantes.

Dans le cas du groupe Blancs de deuxième génération d’immigrants, sa tendance peut être décrite par une mobilité moyenne au chapitre de la scolarité et un niveau de scolarité moyen, ainsi que de bons résultats sur le marché du travail. Tandis que son taux d’occupation d’emplois hautement spécialisés n’était pas particulièrement élevé comparativement aux autres groupes de minorité visible, ce groupe se situait parmi les groupes affichant les revenus annuels les plus élevés.

En résumé, la présente étude donne à penser qu’il existe différents cheminements vers l’intégration des enfants immigrants, parce que la capacité d’atteindre des niveaux de scolarité plus élevés quelle que soit le niveau de scolarité des parents, ainsi que la capacité à traduire les titres scolaires en résultats sur le marché du travail, avaient tendance à varier beaucoup entre les différents groupes de deuxième génération d’immigrants au Canada. Tandis que certains groupes de minorité visible ont accompli de grands progrès intergénérationnels relativement au niveau de scolarité et ont été en mesure d’atteindre des niveaux de scolarité élevés, ils ont tout de même enregistré des résultats différents sur le plan du marché du travail. En particulier, certains groupes de minorité visible de deuxième génération d’immigrants affichaient du retard sur le groupe Blancs de la troisième génération d’immigrants et des suivantes sur le plan des revenus annuels, malgré le fait qu’ils enregistraient des taux plus élevés d’achèvement d’études universitaires et une part plus élevée d’emplois hautement spécialisés. Les grandes variations dans les résultats socioéconomiques entre les groupes de deuxième génération d’immigrants sont encore présentes, même lorsque les influences sociodémographiques habituelles sont exclues.

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