Regards sur la société canadienne
Femmes et filles autochtones : conditions socioéconomiques dans les collectivités éloignées par rapport aux régions plus accessibles

par Amanda Bleakney et Alexandria Melvin

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Note de reconnaissance

La présente étude a été financée par Femmes et Égalité des genres Canada.

Aperçu de l’étude

La présente étude, fondée sur la classification de l’indice d’éloignement nouvellement élaborée par Statistique Canada ainsi que sur les données du Recensement de la population de 2016, fait état des caractéristiques socioéconomiques des femmes et des filles métisses, inuites et des Premières Nations vivant dans des collectivités caractérisées par divers niveaux d’éloignement. Elle fournit aux responsables des politiques des renseignements sur les différences relatives aux caractéristiques socioéconomiques et linguistiques entre les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions éloignées et celles vivant dans des régions plus accessibles.

  • En 2016, 795 730 femmes et filles vivaient dans des régions éloignées ou très éloignées au Canada. De ce nombre, 226 805 étaient des femmes et des filles métisses, inuites ou des Premières Nations, ce qui représente près du tiers (29 %) des femmes et des filles vivant dans ces régions.
  • Les femmes et les filles inuites étaient les plus susceptibles de vivre dans des régions éloignées. Plus des trois quarts (80 %) d’entre elles vivaient dans des régions éloignées ou très éloignées, comparativement à 32 % des femmes et des filles des Premières Nations et à 13 % des femmes et des filles métisses.
  • Les femmes et les filles inuites et des Premières Nations vivant dans des régions éloignées ou très éloignées étaient beaucoup plus jeunes que celles vivant dans des régions plus accessibles, alors que les femmes et les filles non autochtones étaient généralement plus âgées. Dans les régions très éloignées, en particulier, l’âge médian des femmes et des filles inuites (23 ans) et des femmes et des filles des Premières Nations (25 ans) était environ la moitié de celui de leurs homologues non autochtones (50 ans).
  • Les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions éloignées ou très éloignées étaient plus susceptibles d’habiter dans un logement surpeuplé ou dans un logement nécessitant des réparations majeures que celles vivant dans des régions plus accessibles. Cette constatation ressortait davantage chez les femmes et les filles inuites et des Premières Nations. Par exemple, près de la moitié (47 %) des femmes et des filles des Premières Nations vivant dans des régions très éloignées habitaient dans un logement nécessitant des réparations majeures, comparativement à 13 % de celles vivant dans des régions facilement accessibles.
  • Le niveau de scolarité diminuait pour tous les groupes autochtones à mesure qu’augmentait l’éloignement, en particulier chez les femmes inuites et des Premières Nations. Par exemple, environ 4 femmes inuites sur 10 vivant dans des régions très éloignées avaient terminé leurs études secondaires ou un niveau de scolarité supérieur (41 %), comparativement à plus de 7 femmes inuites sur 10 vivant dans des régions facilement accessibles (72 %).
  • L’activité sur le marché du travail, le taux d’emploi et le revenu d’emploi diminuaient généralement chez les femmes métisses et des Premières Nations à mesure qu’augmentait l’éloignement. Chez les femmes inuites, en revanche, ces mêmes indicateurs étaient les plus élevés chez celles qui vivaient dans des régions éloignées.
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Introduction

En 2016, environ la moitié (52 %) des Autochtones vivaient dans des régions urbaines comptant au moins 30 000 habitantsNote . Toutefois, bon nombre d’entre eux habitaient dans des collectivités rurales, éloignées ou nordiquesNote . Par exemple, près des trois quarts (73 %) des Inuits vivaient dans l’Inuit NunangatNote , où la majorité des collectivités ne sont accessibles que par voie aérienneNote . Bien que certaines collectivités des Premières Nations se trouvent au sein ou près de grands centres métropolitains, bon nombre se situent dans des régions rurales et éloignées. Les Métis étaient les plus susceptibles de vivre dans une ville; en 2016, près des deux tiers (63 %) d’entre eux habitaient dans une région métropolitaine. Cependant, ils étaient bien plus susceptibles de vivre dans des régions rurales que les non-AutochtonesNote .

Les Autochtones vivant dans des collectivités rurales ou éloignées bénéficient souvent d'un lien plus étroit avec leurs communautés, leurs cultures, leurs traditions, leurs langues, leurs terres et leurs ressources. Toutefois, ils sont également confrontés à des obstacles et à des défis uniques, notamment à des difficultés à accéder à certains services, tels que les soins médicaux, ainsi qu’à un moins grand nombre de possibilités en termes d’études et d’emploi. De plus, la situation socioéconomique des femmes et des filles autochtones vivant en région rurale est souvent moins favorable. Par exemple, ces femmes sont moins susceptibles d’avoir fait des études universitaires que les femmes autochtones vivant en région urbaine et les femmes non autochtones vivant en région urbaine ou rurale. Il a en outre été montré que le revenu médian des femmes autochtones vivant en région rurale était inférieur à celui des femmes autochtones vivant en région urbaine et des hommes autochtones vivant en région urbaine ou ruraleNote .

Au Canada, les études démographiques ont souvent reposé sur la classification urbaine-rurale, selon laquelle les régions comptant au moins 1 000 habitants et ayant une densité de 400 personnes par kilomètre carré sont classées comme urbaines, et celles ne correspondant pas à cette définition sont classées comme rurales. Or, cette approche ne tient pas compte de l’hétérogénéité des collectivités rurales, en particulier en ce qui a trait à la proximité de la collectivité à un grand centre de population. Les collectivités relativement proches de centres de population peuvent accéder plus facilement aux biens et aux services qu’offre le centre de population voisin. En revanche, l’accès à des biens et à des services peut être plus difficile pour les personnes vivant dans des collectivités éloignées se trouvant à une plus grande distance des grands centres de population.

En 2017, Statistique Canada a élaboré un indice d’éloignement, qui permet d’attribuer une valeur à chaque subdivision de recensement (SDR), ou municipalité, en fonction de sa proximité aux centres de population environnants et de la taille de la population de ces centresNote . La présente étude repose sur la classification de l’indice d’éloignement et les données du Recensement de la population de 2016. Elle fait état des caractéristiques socioéconomiques et linguistiques des femmes et des filles métisses, inuites et des Premières NationsNote  vivant dans des collectivités caractérisées par divers niveaux d’éloignement, selon une approche fondée sur les distinctions. Les différences notables relatives aux résultats et aux caractéristiques socioéconomiques entre les femmes autochtones vivant dans des régions plus éloignées et celles vivant dans des régions plus accessibles peuvent aider à orienter le développement d’infrastructures, ainsi que l’élaboration de politiques et de programmes axés sur l’amélioration de l’accessibilité aux services et des possibilités d’études et d’emploi des femmes et des filles autochtones vivant dans des collectivités éloignées.

La classification de l’indice d’éloignementNote  a été utilisée pour classer les SDR en cinq catégories d’éloignement : les régions facilement accessibles, les régions accessibles, les régions moins accessibles, les régions éloignées et les régions très éloignées (voir l’encadré intitulé « Sources de données, méthodes et définitions »). Comme les réalités géographiques et les secteurs de compétence dans lesquels vivent les Premières Nations, les Métis et les Inuits peuvent varier, on a tenu compte de la résidence au sein et hors d’une réserve pour les Premières Nations et au sein et hors de l’Inuit Nunangat pour les Inuites. Il a toutefois été impossible de produire des résultats distincts pour les huit établissements métis de l’Alberta en raison de leurs tailles de population plus petitesNote .

Les femmes et les filles autochtones représentent près des trois quarts de la population féminine vivant dans des régions très éloignées

En 2016, 795 730 femmes et filles vivaient dans des régions canadiennes éloignées ou très éloignées. De ce nombre, 226 805 étaient des femmes et des filles métisses, inuites ou des Premières Nations, ce qui représente près du tiers (29 %) des femmes et des filles vivant dans ces régions.

Les femmes et les filles autochtones étaient bien plus susceptibles de vivre dans de telles régions que leurs homologues non autochtones. Cette tendance était particulièrement vraie chez les femmes et les filles inuites; plus des trois quarts (80 %) d’entre elles vivaient dans des régions éloignées ou très éloignées (tableau 1). Même si la majorité des femmes et des filles métisses et des Premières Nations vivaient dans des régions facilement accessibles ou accessibles, elles étaient tout de même plus susceptibles de vivre dans des régions éloignées ou très éloignées (32 % des Premières Nations et 13 % des Métisses) que leurs homologues non autochtones (3 %).

Les femmes et les filles autochtones sont donc surreprésentées dans les régions éloignées et très éloignées, en particulier dans les régions très éloignées où elles représentaient près des trois quarts (72 %) de la population féminine vivant dans ces collectivités en 2016. Cette proportion est environ 15 fois supérieure à la proportion des femmes et des filles autochtones au sein de la population féminine canadienne (5 %).

Plus particulièrement, les femmes et les filles des Premières Nations, qui constituaient 3 % de la population féminine canadienne en 2016, représentaient 54 % de la population féminine vivant dans des régions très éloignées (graphique 1)Note . En outre, les femmes et les filles inuites, qui constituaient 0,2 % de la population féminine canadienne, représentaient 14 % de la population féminine vivant dans des régions très éloignées. Enfin, les femmes et les filles métisses représentaient deux fois leur part de la population féminine canadienne (2 %) dans ces régions (4 %).


Tableau 1
Population et répartition en pourcentage des femmes et des filles métisses, inuites, des Premières Nations et non autochtones, selon le niveau d’éloignement, Canada, 2016
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Population et répartition en pourcentage des femmes et des filles métisses. Les données sont présentées selon Niveau d’éloignement (titres de rangée) et Total ― Femmes et filles non autochtones et autochtones, Femmes et filles non autochtones, Femmes et filles des Premières Nations (identité unique), Femmes et filles métisses (identité unique) et Femmes et filles inuites (identité unique), calculées selon nombre et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Niveau d’éloignement TotalTableau 1 Note 1 ― Femmes et filles non autochtones et autochtones Femmes et filles non autochtones Femmes et filles des Premières Nations (identité unique) Femmes et filles métisses (identité unique) Femmes et filles inuites (identité unique)
nombre pourcentage nombre pourcentage nombre pourcentage nombre pourcentage nombre pourcentage
Canada 17 488 485 100,0 16 628 220 100,0 505 725 100,0 298 115 100,0 32 995 100,0
Régions facilement accessibles 11 985 985 68,5 11 707 540 70,4 147 760 29,2 116 740 39,2 3 600 10,9
Régions accessibles 3 352 080 19,2 3 130 210 18,8 120 195 23,8 93 400 31,3 2 085 6,3
Régions moins accessibles 1 354 690 7,7 1 225 055 7,4 77 335 15,3 47 890 16,1 1 025 3,1
Régions éloignées 663 630 3,8 529 135 3,2 89 275 17,7 34 460 11,6 7 770 23,5
Régions très éloignées 132 100 0,8 36 280 0,2 71 160 14,1 5 625 1,9 18 515 56,1

Graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Niveau d’éloignement (titres de rangée) et Non-Autochtones, Premières Nations (identité unique), Métisses (identité unique) et Inuites (identité unique) , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Niveau d’éloignement Non-Autochtones Premières Nations (identité unique) Métisses (identité unique) Inuites (identité unique)
pourcentage
Régions très éloignées 27,5 53,9 4,3 14,0
Régions éloignées 79,7 13,5 5,2 1,2
Régions moins accessibles 90,4 5,7 3,5 0,1
Régions accessibles 93,4 3,6 2,8 0,1
Régions facilement accessibles 97,7 1,2 1,0 0,0
Canada 95,1 2,9 1,7 0,2

Dans les régions très éloignées, environ la moitié des femmes et des filles inuites sont âgées de 23 ans ou moins

La population autochtone est généralement plus jeune que la population non autochtone — les plus jeunes sont les Inuits, suivis des Premières Nations, puis des MétisNote . En 2016, les Autochtones étaient, en moyenne, neuf ans plus jeunes que les non-AutochtonesNote .

Dans l’ensemble, les femmes et les filles inuites et des Premières Nations vivant dans des régions éloignées ou très éloignées étaient beaucoup plus jeunes que celles vivant dans des régions plus accessibles. Les femmes et les filles non autochtones étaient quant à elles généralement plus âgées. La différence d’âge entre les femmes et les filles autochtones et non autochtones vivant dans des régions plus éloignées était plus marquée que celle observée dans la population générale.

En 2016, plus particulièrement, l’âge médian des femmes et des filles inuites (23 ans) et des femmes et des filles des Premières Nations (25 ans) vivant dans des régions très éloignées était moins de la moitié de celui de leurs homologues non autochtones vivant dans ces régions (50 ans) (graphique 2)Note . En comparaison, les âges médians des femmes et des filles des Premières Nations et non autochtones étaient, respectivement, de 31 ans et de 41 ans dans les régions facilement accessibles.

La différence d’âge entre les femmes et les filles métisses et les femmes et les filles non autochtones augmentait aussi avec le niveau d’éloignement. Toutefois, cette hausse était plutôt attribuable à l’augmentation de l’âge des femmes et des filles non autochtones, car les Métisses vivant dans des régions éloignées ou très éloignées avaient souvent le même âge ou étaient plus âgées que leurs homologues vivant dans des régions plus accessibles.

Graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles , Régions accessibles , Régions moins accessibles , Régions éloignées et Régions très éloignées , calculées selon années unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
années
Non-Autochtones 41 44 47 48 50
Premières Nations (identité unique) 31 27 29 28 25
Métisses (identité unique) 34 32 35 36 34
Inuites (identité unique) 28 27 29 26 23

Les ménages multigénérationnels sont plus courants dans les régions très éloignées

Les ménages multigénérationnels, qui comptent au moins une personne vivant avec un enfant et un petit-fils ou une petite-fille, sont plus courants chez les Autochtones. Les ménages multigénérationnels jouent un rôle important dans l’éducation des enfants et la transmission de la culture et des connaissances traditionnelles. Les aînés et les grands-parents ont toujours été reconnus en tant que conseillers et gardiens du savoir culturelNote . De plus, les familles peuvent choisir de vivre au sein d’un ménage multigénérationnel pour avoir un logement abordable ou composer avec la pénurie de logements au sein de leur collectivité.

Chez les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations, les ménages multigénérationnels étaient plus courants dans les régions très éloignées que dans les régions facilement accessibles, en particulier chez les femmes et les filles inuites et des Premières Nations (graphique 3). Par exemple, environ le tiers (29 %) des femmes et des filles des Premières Nations en région très éloignée vivaient dans un ménage multigénérationnel, comparativement à 9 % de leurs homologues en région facilement accessibleNote . Chez les femmes et les filles non autochtones, on a observé la tendance opposée, c’est-à-dire qu’elles étaient plus susceptibles de vivre dans un ménage multigénérationnel dans des régions facilement accessibles que dans des régions plus éloignées.

Graphique 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles, Régions accessibles, Régions moins accessibles, Régions éloignées et Régions très éloignées, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 9,0 12,7 12,0 17,2 29,2
Métisses (identité unique) 6,4 6,2 5,1 6,1 13,2
Inuites (identité unique) 6,9 4,8 7,3 14,5 25,6
Non-Autochtones 7,7 3,9 3,4 3,1 3,0

Les femmes et les filles inuites et des Premières Nations vivant dans des régions éloignées sont plus susceptibles d’habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures et dans un logement surpeuplé

Le piètre état des logements et le surpeuplement dans les réserves et de nombreuses collectivités inuites sont bien documentésNote . La situation des Autochtones qui vivent dans d’autres régions est toutefois moins bien connue, en particulier celle des femmes et des filles.

En général, les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions éloignées ou très éloignées étaient plus susceptibles d’habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures (graphique 4)Note . Cette tendance était particulièrement vraie chez les femmes et les filles des Premières Nations; près de la moitié (47 %) d’entre elles vivant dans des régions très éloignées habitaient dans un logement nécessitant des réparations majeures, comparativement à 13 % de celles vivant dans des régions facilement accessiblesNote . Pour tous les niveaux d’éloignement, les femmes et les filles des Premières Nations vivant dans une réserve étaient plus susceptibles d’habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures que leurs homologues vivant hors d’une réserve. Toutefois, cette différence était la plus marquée dans les régions accessibles, où 45 % des femmes et des filles vivant dans une réserve habitaient dans de tels logements, comparativement à 12 % de celles vivant hors d’une réserve.

Les proportions de femmes et de filles inuites (31 %) et métisses (19 %) vivant dans un logement nécessitant des réparations majeures étaient également beaucoup plus élevées chez celles vivant dans des régions très éloignées. De plus, dans les régions éloignées et très éloignées, les femmes et les filles inuites vivant dans l’Inuit Nunangat (30 % dans les régions éloignées et 31 % dans les régions très éloignées) étaient nettement plus susceptibles d’habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures que leurs homologues vivant hors de l’Inuit Nunangat (13 % dans les régions éloignées et 18 % dans les régions très éloignées).

Graphique 4

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles, Régions accessibles, Régions moins accessibles, Régions éloignées et Régions très éloignées, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 13,1 19,4 21,9 30,0 46,8
Métisses (identité unique) 10,7 10,3 12,5 14,6 18,6
Inuites (identité unique) 13,6 9,4 13,2 24,7 31,0
Non-Autochtones 5,8 6,0 7,7 8,6 10,9

Les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions très éloignées étaient également plus susceptibles d’habiter dans un logement surpeuplé ― c’est-à-dire un logement qui n’est pas considéré de taille convenable par rapport au nombre de personnes y habitantNote  ― que celles vivant dans des régions plus accessibles. Cet écart était plus marqué chez les femmes et les filles inuites et des Premières NationsNote Note . Par exemple, les femmes et les filles inuites vivant dans des régions très éloignées étaient près de quatre fois plus susceptibles d’habiter dans un logement surpeuplé (53 %) que celles vivant dans des régions facilement accessibles (14 %).

Les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations sont plus susceptibles de parler une langue autochtone dans les régions très éloignées

Les langues autochtones sont reconnues comme fondamentales pour l’identité et la culture des peuples autochtones. L'année 2022 a marqué le début de la Décennie des langues autochtones de l'UNESCO, qui a été proclamée pour soutenir la préservation, la revitalisation et la promotion des langues autochtones.

En 2016, au Canada, environ 1 adulte autochtone sur 6 (16 %) était capable de parler une langue autochtone suffisamment bien pour soutenir une conversation. Des proportions semblables d’hommes (15 %) et de femmes (16 %) ont déclaré pouvoir parler une langue autochtoneNote . La proportion la plus élevée d’adultes pouvant parler une langue autochtone a été enregistrée chez les Inuits (64 %); venaient ensuite les Premières Nations (21 %) et les Métis (2 %)Note .

Les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations vivant dans des régions très éloignées étaient plus susceptibles de parler une langue autochtone suffisamment bien pour soutenir une conversation que celles vivant dans des régions d’un autre niveau d’éloignement (graphique 5).

Les femmes et les filles inuites vivant dans des régions éloignées (60 %) ou très éloignées (83 %) étaient jusqu’à 10 fois plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant dans des régions moins accessibles (10 %) ou accessibles (8 %). Cette tendance est en partie liée à la proportion élevée d’Inuits parlant une langue autochtone et vivant dans l’Inuit NunangatNote , où toutes les régions sont classées comme éloignées ou très éloignées. Chez les femmes et les filles inuites, celles vivant dans des régions éloignées (82 %) ou très éloignées (85 %) de l’Inuit Nunangat étaient plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant hors de l’Inuit Nunangat (9 % dans les régions éloignées et 16 % dans les régions très éloignées).

Par ailleurs, plus de la moitié (57 %) des femmes et des filles des Premières Nations vivant dans des régions très éloignées pouvaient parler une langue autochtone, comparativement à 7 % de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessiblesNote . Pour tous les niveaux d’éloignement, les femmes et les filles des Premières Nations vivant dans une réserve étaient plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant hors d’une réserve. Cette différence était la plus marquée dans les régions éloignées, où les femmes et les filles des Premières Nations vivant dans une réserve étaient trois fois plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant hors d’une réserve (48 % et 16 %, respectivement).

Quant aux femmes et aux filles métisses, la capacité de parler une langue autochtone augmentait également à mesure qu’augmentait l’éloignement, allant de moins de 1 % dans les régions facilement accessibles à 15 % dans les régions très éloignées.

Graphique 5

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles, Régions accessibles, Régions moins accessibles, Régions éloignées et Régions très éloignées, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 7,2 12,4 16,7 32,4 57,2
Métisses (identité unique) 0,7 0,9 1,6 4,8 15,3
Inuites (identité unique) 22,1 7,7 10,2 59,7 83,3

Le taux d’achèvement des études secondaires ou d’un niveau de scolarité supérieur est plus faible dans les régions plus éloignées

Le niveau de scolarité des femmes autochtones a augmenté au fil du temps. En 2016, 14 % des femmes autochtones étaient titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme de niveau supérieur, comparativement à 9 % en 2006. Malgré l’amélioration du niveau de scolarité des femmes autochtones, la proportion d’entre elles détenant un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur demeure inférieure à celle des femmes non autochtones. Les niveaux de scolarité plus faibles des femmes autochtones peuvent être attribuables à des obstacles comme le fait de devoir déménager pour faire des études, de manquer de ressources financières ou d’avoir des responsabilités personnelles ou familialesNote .

Les données révèlent que le niveau de scolarité diminue à mesure qu’augmente l’éloignement, et ce pour tous les groupes autochtones. Cependant, des diminutions plus importantes ont été observées chez les femmes inuites et des Premières Nations.

En 2016, près des quatre cinquièmes (78 %) des femmes des Premières Nations vivant dans des régions facilement accessibles avaient terminé leurs études secondaires ou un niveau de scolarité supérieur, comparativement à moins de la moitié (47 %) de leurs homologues vivant dans des régions très éloignées (graphique 6)Note . Les femmes des Premières Nations vivant dans une réserve étaient généralement moins susceptibles d’avoir terminé leurs études secondaires ou un niveau de scolarité supérieur que celles vivant hors d’une réserve, à l’exception de celles vivant dans des régions facilement accessibles, où le taux d’achèvement était tout aussi probable chez les femmes des Premières Nations vivant au sein d’une réserve que chez celles vivant hors d’une réserve (78 % pour les deux groupes).

Des résultats similaires ont été observés chez les femmes inuites. En 2016, environ 4 femmes inuites sur 10 vivant dans des régions très éloignées avaient terminé leurs études secondaires ou un niveau de scolarité supérieur (41 %), comparativement à plus de 7 femmes inuites sur 10 vivant dans des régions facilement accessibles (72 %). Les femmes inuites vivant dans des régions très éloignées de l’Inuit Nunangat étaient moins susceptibles d’avoir terminé leurs études secondaires ou un niveau de scolarité supérieur (40 %) que celles vivant dans des régions très éloignées hors de l’Inuit Nunangat (65 %). Les taux d’achèvement des études secondaires plus faibles chez les Inuites dépendent probablement de plusieurs facteurs, comme les répercussions de la fréquentation de pensionnats autochtones sur de nombreuses générations d’Inuits, le nombre insuffisant d’enseignants inuits et les programmes inadaptés aux différences culturelles, et le fait que les enfants doivent souvent apprendre dans une langue secondeNote .

En revanche, même si les taux d’achèvement des études secondaires ou d’un niveau de scolarité supérieur étaient généralement plus faibles dans les régions plus éloignées, les taux de diplomation chez les femmes métisses et non autochtones vivant dans des régions très éloignées sont demeurés relativement élevés (69 % et 75 %, respectivement).

Des tendances similaires ont été observées quant à l’obtention d’un grade universitaire. Les femmes métisses, inuites et des Premières Nations étaient de moins en moins susceptibles d’être titulaires d’un certificat, d’un diplôme ou d’un grade universitaire au niveau du baccalauréat ou supérieur à mesure qu’augmentait l’éloignementNote . Par exemple, 3 % des femmes inuites vivant dans des régions très éloignées détenaient un baccalauréat, comparativement à 11 % de celles vivant dans des régions facilement accessibles et à 19 % de celles vivant dans des régions accessibles.

Les différences dans les niveaux de scolarité en fonction du niveau d’éloignement peuvent dépendre de plusieurs facteurs, comme le nombre restreint d’établissements d’enseignement, de collèges ou d’universités ou l’accès limité à ces établissements dans les régions plus éloignées, de même qu’un accès Internet limité ou peu fiableNote .

Graphique 6

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles , Régions accessibles , Régions moins accessibles , Régions éloignées et Régions très éloignées , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 77,8 74,1 71,5 62,2 46,7
Métisses (identité unique) 82,8 83,2 79,6 75,9 68,6
Inuites (identité unique) 72,1 79,6 71,0 61,8 41,1
Non-Autochtones 86,4 86,4 82,5 78,8 74,5

Les taux de chômage augmentent en fonction du niveau d’éloignement

Dans les collectivités éloignées, l’accès limité aux emplois dans de nombreux secteurs peut avoir d’importantes répercussions sur l’activité sur le marché du travail. Les principaux indicateurs du marché du travail relatifs aux femmes autochtones en témoignent d’ailleurs.

Chez les femmes métisses et des Premières Nations de 15 ans et plus, les taux d’activité diminuent à mesure qu’augmente l’éloignementNote . Cependant, chez les femmes inuites, les taux d’activité étaient les plus élevés dans les régions éloignées (66 %) et très éloignées (61 %), et les plus faibles dans les régions moins accessibles (56 %).

Les taux d’emploi variaient de façon comparable aux taux d’activité en fonction du niveau d’éloignement (graphique 7). Chez les femmes métisses, des Premières Nations et non autochtones, les taux d’emploi étaient les plus élevés chez celles vivant dans des régions facilement accessibles et accessibles. Cette tendance était particulièrement vraie chez les femmes des Premières Nations, chez qui le taux d’emploi passait de 52 % dans les régions facilement accessibles à 37 % dans les régions très éloignéesNote . De plus, les taux d’emploi des femmes des Premières Nations vivant dans une réserve étaient inférieurs à ceux des femmes des Premières Nations vivant hors d’une réserve pour tous les niveaux d’éloignement.

En revanche, les taux d’emploi chez les femmes inuites n’indiquaient aucune tendance particulière en fonction du niveau d’éloignement. Ils variaient de 48 % à 55 % et étaient plus élevés chez les femmes inuites vivant dans l’Inuit Nunangat.

Graphique 7

Tableau de données du graphique 7 
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles , Régions accessibles , Régions moins accessibles , Régions éloignées et Régions très éloignées , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 51,8 47,4 44,9 41,9 37,1
Métisses (identité unique) 60,4 60,5 56,0 56,9 46,5
Inuites (identité unique) 48,5 53,5 47,7 54,6 48,1
Non-Autochtones 57,6 57,0 53,1 52,1 49,6

Finalement, les données montrent que les taux de chômage chez les femmes inuites, métisses et des Premières Nations augmentent à mesure qu’augmente l’éloignement (graphique 8)Note . Pour tous les groupes, le taux de chômage était le plus élevé dans les régions les plus éloignées. Cette tendance était particulièrement marquée chez les femmes métisses vivant dans des régions très éloignées, chez qui le taux de chômage (19 %) était plus de deux fois celui de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles (9 %).

Graphique 8

Tableau de données du graphique 8 
Tableau de données du graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles , Régions accessibles , Régions moins accessibles , Régions éloignées et Régions très éloignées , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
pourcentage
Premières Nations (identité unique) 12,1 14,8 15,8 17,8 19,8
Métisses (identité unique) 9,3 8,6 10,7 10,1 18,7
Inuites (identité unique) 16,3 10,5 14,1 17,0 20,7
Non-Autochtones 6,9 5,9 7,5 8,3 14,1

Les femmes autochtones déclarent des revenus d’emploi plus faibles dans les régions éloignées et très éloignées

Dans les collectivités éloignées, l’accès limité à des emplois et ses répercussions sur le marché du travail se reflètent dans les revenus d’emploi qu’ont déclarés les femmes autochtones en 2015.

En général, les revenus d’emploi des femmes autochtones et non autochtones tendaient à diminuer à mesure qu’augmentait l’éloignement. Cette tendance était particulièrement vraie chez les femmes des Premières NationsNote  et les femmes inuites, dont le revenu d’emploi médian dans les régions très éloignées (18 400 $ et 14 500 $, respectivement) était respectivement 23 % et 35 % inférieur à celui de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles (23 800 $ et 22 200 $, respectivement) (graphique 9)Note .

Toutefois, le revenu d’emploi médian des femmes inuites était le plus élevé dans les régions éloignées (31 400 $). Dans ces régions, les femmes inuites vivant dans l’Inuit Nunangat gagnaient un revenu médian supérieur à celles vivant hors de l’Inuit Nunangat (34 000 $ par rapport à 28 200 $). Il est néanmoins important de garder à l’esprit que, même si les femmes inuites vivant dans des régions éloignées de l’Inuit Nunangat gagnaient les revenus d’emploi les plus élevés, le coût de la vie dans ces régions est particulièrement élevé, et de nombreux Inuits ont déclaré éprouver des difficultés à payer les produits de première nécessité, comme des aliments sains, de l’équipement pour la chasse et la pêche, et des vêtementsNote .

Graphique 9

Tableau de données du graphique 9 
Tableau de données du graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 9. Les données sont présentées selon Identité autochtone (titres de rangée) et Régions facilement accessibles, Régions accessibles, Régions moins accessibles, Régions éloignées et Régions très éloignées, calculées selon en dollars unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Identité autochtone Régions facilement accessibles Régions accessibles Régions moins accessibles Régions éloignées Régions très éloignées
en dollars
Premières Nations (identité unique) 23 800 21 400 20 200 19 800 18 400
Métisses (identité unique) 28 000 25 400 24 000 23 000 23 200
Inuites (identité unique) 22 200 22 600 21 200 31 400 14 500
Non-Autochtones 29 800 27 800 25 400 24 000 22 800

Conclusion

Bien que les autochtones vivant dans des communautés éloignées bénéficient souvent d'un lien plus étroit avec leurs communautés, leurs cultures, leurs traditions, leurs langues, leurs terres et leurs ressources, ils sont également confrontés à des obstacles et à des défis uniques. Au sein de ces communautés, la situation des femmes et des filles autochtones est souvent encore moins favorable, d'où la nécessité de se concentrer sur ce groupe en particulier.

Il existe des différences socioéconomiques et démographiques importantes entre les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations selon le niveau d’éloignement, ainsi qu’entre les femmes et les filles des Premières Nations vivant au sein d’une réserve et celles vivant hors d’une réserve, et les Inuites vivant au sein de l’Inuit Nunangat et celles vivant hors de l’Inuit Nunangat.

La présente étude a montré que la proportion de femmes et de filles vivant dans des régions éloignées était la plus élevée chez les Inuites; venaient ensuite les Premières Nations et les Métisses. En 2016, plus des trois quarts des femmes et des filles inuites vivaient dans des régions éloignées ou très éloignées, alors que près du tiers des femmes et des filles des Premières Nations vivaient dans de telles régions. Les femmes et les filles métisses étaient plus susceptibles de vivre dans des régions plus accessibles; 7 femmes et filles métisses sur 10 ont déclaré vivre dans des régions accessibles ou facilement accessibles.

Les langues autochtones sont une composante fondamentale de l'identité et de la culture des peuples autochtones. De même, un lien plus étroit avec la culture autochtone peut favoriser la transmission des langues autochtones. Chez les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations, la capacité de parler une langue autochtone était plus fréquente dans les régions plus éloignées. La part la plus élevée de femmes et de filles parlant une langue autochtone a été observée chez les femmes inuites vivant dans des régions éloignées ou très éloignées; celles vivant dans des régions très éloignées étaient environ 10 fois plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant dans des régions accessibles.

Les femmes et les filles métisses, inuites et des Premières Nations vivant dans des régions éloignées ou très éloignées étaient également plus susceptibles de vivre au sein d’un ménage multigénérationnel, dans un logement surpeuplé ou dans un logement nécessitant des réparations majeures, en particulier les femmes inuites et des Premières Nations. De plus, le taux d’achèvement des études secondaires ou d’un niveau de scolarité supérieur diminuait pour tous les groupes autochtones à mesure qu’augmentait l’éloignement, en particulier chez les femmes inuites et des Premières Nations.

L’emploi et le revenu des femmes autochtones variaient également en fonction du niveau d’éloignement. Chez les femmes métisses et des Premières Nations, l’activité sur le marché du travail, le taux d’emploi et le revenu d’emploi médian diminuaient généralement à mesure qu’augmentait l’éloignement. En revanche, l’activité sur le marché du travail, le taux d’emploi et le revenu d’emploi médian des femmes inuites étaient les plus élevés chez celles vivant dans des régions éloignées.

La présente étude a mis en évidence la différence entre les caractéristiques des femmes et des filles autochtones vivant dans des collectivités éloignées et celles vivant dans des régions plus accessibles. Toutefois, ces différences variaient selon le groupe autochtone et reflétaient la diversité des expériences des femmes et des filles vivant dans des régions éloignées, ainsi que les obstacles auxquels elles sont confrontées, tels que l’accès limité à des services, comme les soins de santé et l’éducation, ainsi qu’à un logement ou à un emploi. Les constats dressés dans la présente étude font ainsi ressortir l’importance d’examiner les caractéristiques socioéconomiques des femmes et des filles autochtones selon le niveau d’éloignement à l’aide d’une approche fondée sur les distinctions. Ceux-ci peuvent également contribuer à orienter le développement d’infrastructures et l’élaboration de programmes visant à réduire les inégalités et à éliminer les obstacles.


Amanda Bleakney et Alexandria Melvin sont des analystes au Centre de la statistique et des partenariats autochtones à Statistique Canada.


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Sources de données, méthodes et définitions

Sources de données

Les données du Recensement de la population de 2016 et la classification de l’indice d’éloignement de Statistique Canada ont été utilisées pour examiner les différences relatives aux caractéristiques socioéconomiques des femmes et des filles métisses, inuites et des Premières Nations en fonction du niveau d’éloignement.

Recensement de la population

La présente étude repose sur les données provenant du questionnaire détaillé du Recensement de la population de 2016. Statistique Canada mène le Recensement de la population tous les cinq ans et recueille des données relatives aux caractéristiques démographiques et économiques des personnes et des ménages. Le Recensement de la population est la principale source de données socioéconomiques pour des groupes de population particuliers (p. ex. les Autochtones, les immigrants, les personnes âgées) et pour des régions plus précises. Un échantillon de 25 % des ménages canadiens ont reçu le questionnaire détaillé, et toutes les réserves et toutes les collectivités inuites ont été dénombrées à l’aide du questionnaire détaillé. Les autres ménages ont reçu un questionnaire abrégé. Le questionnaire détaillé a été envoyé uniquement aux logements privés, excluant par conséquent les logements collectifs, comme les hôpitaux, les maisons de convalescence et les prisons.

Indice d’éloignement

L’indice d’éloignement (IE) de Statistique Canada a servi à quantifier l’éloignement d’une subdivision de recensement (SDR) ou la distance la séparant des centres de population voisins. Pour élaborer l’EI, les chercheurs ont utilisé des données provenant de sources statistiques officielles, comme le recensement, et des données provenant de sources statistiques non officielles, comme l’interface de programmation d’applications de Google Maps. La valeur d’EI de chaque SDR a été déterminée en fonction de la proximité relative de la SDR à tout centre de population voisin dans un rayon permettant une accessibilité quotidienne (mesurée en coût du trajet), ainsi qu’en fonction de la taille de ces centres de population (déterminée par la taille de la population).

L’EI est une variable d’indice continue qui fournit une valeur pour chaque SDR, allant de 0 à 1, où 1 indique le niveau d’éloignement le plus élevé. Les valeurs d’EI ont été classées à l’aide de seuils de classification répartissant les valeurs d’EI en cinq catégories d’éloignement : les régions facilement accessibles, les régions accessibles, les régions moins accessibles, les régions éloignées et les régions très éloignées (voir le tableau 2).

Par exemple, la subdivision de recensement (SDR) Coquitlam 1, une réserve des Premières Nations sous l'administration de la Première Nation Kwikwetlem, est située dans la grande région de Vancouver en Colombie-Britannique et a été classée comme une zone facilement accessible. En revanche, la SDR de Taloyaok (ou Talurjuaq), une communauté inuite, a été classée comme une zone très éloignée. Elle est située au Nunavut et est la communauté la plus septentrionale de la partie continentale du Canada.


Tableau 2
Classifications de l’indice d’éloignement par valeur d’indice d’éloignement
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Classifications de l’indice d’éloignement par valeur d’indice d’éloignement. Les données sont présentées selon Niveau d'éloignement (titres de rangée) et Valeur d’indice d’éloignement(figurant comme en-tête de colonne).
Niveau d'éloignement Valeur d’indice d’éloignement
Région facilement accessible < 0,1500
Région accessible 0,1500 à 0,2888
Région moins accessible 0,2889 à 0,3898
Région éloignée 0,3899 à 0,5532
Région très éloignée > 0,5532

Stratégie analytique

Une approche fondée sur les distinctions a été adoptée; ainsi, les résultats relatifs aux Premières Nations, aux Métisses et aux Inuites ont été analysés et présentés séparémentNote .

Des statistiques descriptives ont été calculées pour décrire les caractéristiques des femmes et des filles (de moins de 15 ans) métisses, inuites et des Premières Nations vivant à divers niveaux d’éloignement. Des statistiques descriptives ont également été calculées en particulier pour les femmes et les filles des Premières Nations ayant ou non le statut d’Indienne inscrite ou d’Indienne des traités, les femmes et les filles des Premières Nations vivant au sein ou hors d’une réserve, et les femmes et les filles inuites vivant au sein ou hors de l’Inuit Nunangat. Les caractéristiques examinées portaient sur l’achèvement des études secondaires ou d’un niveau de scolarité supérieur (limité aux personnes de 18 ans et plus), le niveau de scolarité atteint (limité aux personnes de 25 ans et plus), la situation vis-à-vis de l’activité sur le marché du travail, le revenu d’emploi médian, l’état du logement, la connaissance d’une langue autochtone et la situation multigénérationnelle du ménage.

Renseignements additionnels

Articles connexes

Sources de données

Références bibliographiques

  1. Documents consultés
  2. Comment citer le présent article

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