Étude : Femmes et filles autochtones : conditions socioéconomiques dans les collectivités éloignées par rapport aux régions plus accessibles
Diffusion : 2022-06-20
Les femmes et les filles autochtones sont plus susceptibles que leurs homologues non autochtones de vivre dans des régions se trouvant à une plus grande distance des grands centres de population.
Plus particulièrement, les femmes et les filles autochtones représentaient près des trois quarts (72 %) de la population de sexe féminin vivant dans des collectivités très éloignées en 2016.
Selon une nouvelle étude, les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions plus éloignées sont plus souvent confrontées à des défis et à des obstacles qui ont une incidence sur leur bien-être socioéconomique comparativement à celles vivant dans des régions accessibles.
Par exemple, elles sont moins susceptibles d'avoir terminé leurs études secondaires ou d'avoir un niveau de scolarité supérieur, et elles sont proportionnellement plus nombreuses à habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures et d'être sans emploi. Toutefois, elles sont également plus susceptibles que leurs homologues vivant dans des régions plus accessibles de vivre au sein d'un ménage multigénérationnel et de parler une langue autochtone. Il est essentiel de comprendre les conditions socioéconomiques réelles auxquelles sont confrontées les femmes et les filles autochtones afin de mettre en place des mesures favorisant la vitalité des collectivités, des langues, des cultures et des traditions autochtones, après avoir connu des siècles de perturbations causées par la colonisation et par des pratiques coloniales préjudiciables.
Ces conclusions sont tirées d'une étude intitulée « Femmes et filles autochtones : conditions socioéconomiques dans les collectivités éloignées par rapport aux régions plus accessibles », publiée aujourd'hui.
L'étude est fondée sur la classification de l'indice d'éloignement et sur les données du Recensement de la population de 2016. Plus précisément, elle fait état des caractéristiques des femmes et des filles métisses, inuites et des Premières Nations vivant dans des collectivités qui présentent divers niveaux d'éloignement.
Les Autochtones vivant dans des collectivités éloignées ont souvent un lien plus étroit avec leur collectivité, leur culture, leurs traditions, leur langue, leur territoire et leurs ressources. Cependant, ils doivent également faire face à des obstacles et à des défis particuliers. Par exemple, l'accès à des biens et à des services peut être plus difficile pour les personnes vivant dans des collectivités éloignées qui se trouvent à une plus grande distance des grands centres de population. Il est important d'examiner les caractéristiques et la situation des femmes et des filles autochtones vivant dans des régions plus éloignées pour orienter le développement d'infrastructures ainsi que l'élaboration de politiques et de programmes axés sur l'amélioration de l'accessibilité aux services, ainsi que pour explorer les possibilités d'études et d'emploi des femmes et des filles autochtones vivant dans ces collectivités.
Les femmes et les filles inuites sont les plus susceptibles de vivre dans des régions éloignées
En 2016, 795 730 femmes et filles vivaient dans des régions canadiennes éloignées ou très éloignées. De ce nombre, 226 805 étaient des femmes et des filles métisses, inuites ou des Premières Nations, ce qui représente près du tiers (29 %) des femmes et des filles vivant dans ces régions.
À l'inverse, les femmes et les filles autochtones représentaient 2 % de la population de sexe féminin dans les régions facilement accessibles.
Les femmes et les filles inuites étaient les plus susceptibles de vivre dans des régions éloignées. Plus des trois quarts (80 %) d'entre elles vivaient dans des régions éloignées ou très éloignées, comparativement à 32 % des femmes et des filles des Premières Nations et à 13 % des femmes et des filles métisses.
Les femmes et les filles inuites et des Premières Nations vivant dans des régions plus éloignées étaient, en moyenne, beaucoup plus jeunes que leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles. En revanche, les femmes et les filles métisses avaient généralement le même âge ou étaient plus âgées que leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles.
De plus, la différence d'âge entre les femmes et les filles autochtones et non autochtones était plus marquée dans les régions plus éloignées. Par exemple, dans les régions très éloignées, l'âge médian des femmes et des filles inuites (23 ans) et des Premières Nations (25 ans) était environ la moitié de celui de leurs homologues non autochtones (50 ans). La différence d'âge comparable entre les femmes et les filles des Premières Nations et les femmes et les filles non autochtones était de 10 ans dans les régions facilement accessibles.
Les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions très éloignées sont plus susceptibles de parler une langue autochtone et de vivre au sein d'un ménage multigénérationnel
Les langues autochtones sont reconnues comme un élément fondamental des identités et des cultures autochtones. L'année 2022 a marqué le début de la Décennie internationale des langues autochtones de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), qui a été proclamée afin de soutenir la préservation, la revitalisation et la promotion des langues autochtones.
Les Autochtones vivant dans des collectivités éloignées ont un lien plus étroit avec leur collectivité, leur culture, leurs traditions et leur langue, ce qui peut mener à une plus grande transmission des langues autochtones.
En effet, les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions très éloignées sont plus susceptibles de parler une langue autochtone que les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions d'un autre niveau d'éloignement.
En 2016, les femmes et les filles inuites vivant dans des régions très éloignées (83 %) étaient approximativement 10 fois plus susceptibles de parler une langue autochtone que celles vivant dans des régions accessibles (8 %). En outre, plus de la moitié (57 %) des femmes et des filles des Premières Nations vivant dans des régions très éloignées pouvaient parler une langue autochtone, comparativement à 7 % de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles. Quant aux femmes et aux filles métisses, la capacité de parler une langue autochtone augmentait également à mesure qu'augmentait l'éloignement; elle variait de 15 % dans les régions très éloignées à moins de 1 % dans les régions facilement accessibles.
Les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions plus éloignées étaient également plus susceptibles de vivre dans un ménage multigénérationnel, qui compte au moins une personne vivant avec au moins l'un de ses enfants et petits-enfants. Cette tendance était particulièrement marquée chez les femmes et les filles des Premières Nations; environ le tiers (29 %) d'entre elles vivaient dans un ménage multigénérationnel en région très éloignée, comparativement à 9 % de leurs homologues en région facilement accessible. Les ménages multigénérationnels jouent un rôle important dans l'éducation des enfants, et les grands-parents tiennent le rôle essentiel de gardiens du savoir et ils assurent la transmission des valeurs, des histoires et des enseignements autochtones aux jeunes générations.
Les femmes autochtones affichent des taux de chômage plus élevés et des revenus d'emploi plus faibles dans les régions très éloignées
Les femmes et les filles autochtones sont confrontées à plusieurs défis et obstacles lorsqu'elles vivent dans des régions plus éloignées. Parmi ceux-ci figure notamment l'accès à une éducation, à des possibilités d'emploi, à un logement et à des services adéquats. Ces obstacles, découlant souvent de la colonisation, de pratiques coloniales préjudiciables et de la marginalisation continue, sont associés à des disparités au chapitre des conditions socioéconomiques.
En 2016, les femmes autochtones vivant dans des régions plus éloignées étaient moins susceptibles d'avoir terminé des études que celles vivant dans des régions plus accessibles. Par exemple, parmi les femmes inuites de 18 ans et plus, environ 4 sur 10 (41 %) vivant dans des régions très éloignées avaient terminé leurs études secondaires ou avaient un niveau de scolarité supérieur, comparativement à plus de 7 sur 10 (72 %) vivant dans des régions facilement accessibles.
En plus du niveau de scolarité plus faible, l'accès limité aux emplois dans de nombreux secteurs au sein des collectivités éloignées peut avoir d'importantes répercussions sur l'activité sur le marché du travail et le revenu des personnes vivant dans ces collectivités.
Plus particulièrement, les taux d'emploi chez les femmes métisses et chez les femmes des Premières Nations tendent à diminuer en fonction du niveau d'éloignement. Par exemple, le taux d'emploi des femmes des Premières Nations était de 52 % dans les régions facilement accessibles, mais de 37 % dans les régions très éloignées. En revanche, les taux d'emploi chez les femmes inuites n'indiquaient aucune tendance particulière en fonction du niveau d'éloignement. Le taux d'emploi des femmes inuites était de 48 %, tant dans les régions très éloignées que dans les régions moins accessibles.
Le taux de chômage était plus élevé parmi tous les groupes de femmes autochtones vivant dans les régions très éloignées. Cette tendance était particulièrement marquée chez les femmes métisses vivant dans des régions très éloignées, chez qui le taux de chômage (19 %) était plus de deux fois celui de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles (9 %).
Plus le niveau d'éloignement était élevé, plus le revenu d'emploi des femmes autochtones tendait à diminuer, en particulier chez les femmes des Premières Nations, dont le revenu d'emploi médian dans les régions très éloignées (18 400 $) était 23 % inférieur à celui de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles (23 800 $). De même, des diminutions importantes du revenu ont été observées chez les femmes inuites (14 500 $) et métisses (23 200 $) dans les régions très éloignées, dont le revenu d'emploi était respectivement 35 % et 17 % inférieur à celui des femmes inuites (22 200 $) et des femmes métisses (28 000 $) vivant dans des régions facilement accessibles.
Les femmes et les filles inuites et des Premières Nations vivant dans des régions plus éloignées sont plus susceptibles d'habiter dans un logement nécessitant des réparations majeures et dans un logement surpeuplé
En 2016, près de la moitié (47 %) des femmes et des filles des Premières Nations vivant dans des régions très éloignées habitaient dans un logement nécessitant des réparations majeures, soit un taux considérablement plus élevé que celui de leurs homologues vivant dans des régions facilement accessibles (13 %). Les proportions de femmes et de filles inuites (31 %) et métisses (19 %) qui habitaient dans un logement nécessitant des réparations majeures étaient également beaucoup plus élevées chez celles vivant dans des régions très éloignées que chez celles vivant dans des régions facilement accessibles.
Par ailleurs, les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions très éloignées étaient plus susceptibles que celles vivant dans des régions plus accessibles d'habiter dans un logement surpeuplé ― c'est-à-dire un logement qui n'est pas considéré de taille convenable par rapport au nombre de personnes y habitant.
Les données du Recensement de 2021 sur la population autochtone seront diffusées en septembre 2022. Ces données fourniront des renseignements actuels sur les populations autochtones vivant dans des régions plus éloignées.
Note aux lecteurs
L'étude repose sur les données provenant du questionnaire détaillé du Recensement de la population de 2016. Statistique Canada mène le Recensement de la population tous les cinq ans et recueille des données relatives aux caractéristiques démographiques et économiques des personnes et des ménages. Le Recensement de la population est la principale source de données sociodémographiques pour des groupes de population particuliers (p. ex. les Autochtones, les immigrants, les personnes âgées) et pour des niveaux géographiques inférieurs. Un échantillon de 25 % des ménages canadiens ont reçu le questionnaire détaillé, et toutes les réserves et toutes les collectivités inuites ont été dénombrées à l'aide du questionnaire détaillé. Les autres ménages ont reçu le questionnaire abrégé. Le questionnaire détaillé a été envoyé uniquement aux logements privés, lesquels excluent par conséquent les logements collectifs, comme les hôpitaux, les maisons de convalescence et les établissements correctionnels ou de détention.
Indice d'éloignement
L'indice d'éloignement (IE) de Statistique Canada a servi à quantifier l'éloignement d'une subdivision de recensement (SDR) ou la distance la séparant des centres de population voisins. Pour élaborer l'IE, les chercheurs ont utilisé des données provenant de sources statistiques officielles, dont le recensement, et des données provenant de sources statistiques non officielles, comme l'interface de programmation d'applications de Google Maps. La valeur de l'IE de chaque SDR a été déterminée en fonction de la proximité relative de la SDR à tout centre de population voisin dans un rayon permettant une accessibilité quotidienne (mesurée en coût du trajet), ainsi qu'en fonction de la taille de ces centres de population (déterminée par la taille de la population).
L'IE est une variable d'indice continue qui fournit une valeur pour chaque SDR, qui va de 0 à 1, où 1 indique le niveau d'éloignement le plus élevé. Les valeurs de l'IE ont été classées à l'aide de seuils de classification qui permettent de répartir les valeurs de l'IE en cinq catégories d'éloignement : les régions facilement accessibles, les régions accessibles, les régions moins accessibles, les régions éloignées et les régions très éloignées.
Par exemple, la SDR de Coquitlam 1, une réserve des Premières Nations administrée par la Première Nation Kwikwetlem, se trouve dans la région du Grand Vancouver, en Colombie-Britannique, et a été classée comme une région facilement accessible. En revanche, la SDR de Taloyaok (ou Talurjuaq), une collectivité inuite, a été classée comme une région très éloignée. Elle est située au Nunavut et il s'agit de la collectivité la plus au nord du territoire canadien.
Produits
L'article intitulé « Femmes et filles autochtones : conditions socioéconomiques dans les collectivités éloignées par rapport aux régions plus accessibles » est maintenant accessible dans la publication Regards sur la société canadienne (). 75-006-X
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