Regards sur la société canadienne
L’apprentissage intégré au travail pendant les études postsecondaires, diplômés de 2015
par Diane Galarneau, Mark Kinack et George Marshall
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Début de l’encadré
Reposant sur les données de l’Enquête nationale auprès des diplômés de 2018, la présente étude porte sur la participation des diplômés postsecondaires de 2015 à une forme d’apprentissage intégré au travail (AIT), comme un stage coopératif, un stage, un internat ou un placement clinique. On examine, entre autres, s’il existe un lien entre la participation à une forme d’AIT et les résultats des diplômés sur le marché du travail, trois années après l’obtention de leur diplôme.
- Parmi les diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi d’études par la suite, la moitié a participé à une forme d’AIT durant leur formation postsecondaire (50 %).
- La propension à avoir participé à une forme d’AIT était la plus élevée chez les diplômés de niveau collégial (61 %). Le taux de participation diminuait pour s’établir à 49 % chez les diplômés du baccalauréat, à 37 % chez les diplômés de la maîtrise et à 19 % chez ceux du doctorat.
- Le fait d’avoir participé à une forme d’AIT n’était pas associé à une probabilité plus élevée d’occuper un emploi trois ans après l’obtention du diplôme. En revanche, les diplômés postsecondaires qui avaient participé à une forme d’AIT étaient plus susceptibles d’avoir un emploi en lien avec leur diplôme d’études.
- Les participants à une forme d’AIT étaient proportionnellement moins nombreux à être surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupaient trois ans après avoir obtenu leur diplôme. Par exemple, parmi les diplômés du baccalauréat, 32% de ceux qui avaient participé à une forme d’AIT étaient surqualifiés pour leur emploi, comparativement à 49% parmi les non-participants.
- Les diplômés du baccalauréat qui avaient participé à une forme d’AIT affichaient des gains d’emploi supérieurs à ceux qui n’y avaient pas participé. En effet, on notait, à ce chapitre, un écart de 7 % en ce qui concerne les revenus d’emploi de l’ensemble des diplômés du baccalauréat ayant un emploi de même que ceux des diplômés du baccalauréat travaillant à temps plein.
Fin de l’encadré
Introduction
L’apprentissage intégré au travail (AIT), qui peut prendre la forme d’un stage coopératif ou non coopératif, d’un internat ou d’un placement clinique pendant les études postsecondaires, fait partie d’un modèle éducatif combinant l’enseignement formel en classe et l’expérience sur le marché du travail. En offrant aux étudiants une expérience de travail pertinente, la participation à une forme d’AIT pourrait aider les nouveaux diplômés à trouver, à la fin de leurs études, un emploi de bonne qualité et en lien avec leur formation. On peut également penser que les employeurs qui offrent des possibilités d’AIT en tirent certains avantages, en ayant accès à une main-d’œuvre qualifiée, souvent à moindre coûtNote . Ces employeurs peuvent aussi dénicher de bons candidats, qu’ils pourront embaucher à plus long terme. Reconnaissant l’importance de l’apprentissage intégré au travail, le gouvernement fédéral investit de façon continue dans ces programmes depuis 2016Note .
Précédemment, dans l’Enquête nationale auprès des diplômés (END), l’AIT était uniquement associé aux placements effectués dans le cadre des programmes coopératifs, pour lesquels les étudiants alternent entre des sessions d’étude en classe et des stages de travail rémunérés. Certaines études portant sur l’AIT, fondées sur les données des cycles précédents de l’END, portaient d’ailleurs seulement sur la participation des diplômés aux placements de type coopératifs (en se penchant notamment sur l’intégration des diplômés au marché du travailNote ).
À partir de l’END de 2018, on a élargi le concept d’AIT, afin d’inclure également les stages, les internats, les placements cliniques et les autres placements en milieu de travail offrant une expérience sur le terrain (pour obtenir plus de renseignements, voir l’Enquête nationale auprès des diplômés de 2018). D’après les données de l’END de 2018, les diplômés ayant participé à des stages coopératifs représentaient environ le tiers de tous les participants aux différentes formes d’AIT, d’où l’importance de tenir compte de ces autres formesNote .
Reposant sur les données de l’END de 2018, la présente étude porte sur la participation des diplômés postsecondaires de 2015 à une forme d’AIT durant leur programme, selon diverses caractéristiques démographiques. On tente également de déterminer s’il existe un lien entre la participation des diplômés à une forme d’AIT durant leurs études et leurs résultats sur le marché du travail, trois années après l’obtention de leur diplômeNote . Pour la première fois, on utilisera, pour réaliser l’analyse, la définition élargie de l’AIT de l’END.
Un diplômé postsecondaire de 2015 sur deux a participé à une forme d’apprentissage intégré au travail durant ses études
Parmi tous les diplômés postsecondaires de 2015, 60 % (ou 250 000) n’ont pas poursuivi leurs études au cours des trois années suivant l’obtention de leur diplôme. De ce nombre, 50 % ont déclaré avoir participé à une forme d’AIT durant leur formation postsecondaire, soit 126 000 diplômés Note .
Les diplômés de niveau collégial étaient les plus susceptibles d’avoir participé à une forme d’AIT durant leur programme d’études, ceux-ci ayant affiché un taux de participation de 61 % (tableau 1). Bien qu’ils forment 37 % de l’ensemble des diplômés postsecondaires n’ayant pas poursuivi leurs études après 2015, ils représentaient 45 % des diplômés ayant participé à une forme d’AIT.
Niveau de scolarité | ||||
---|---|---|---|---|
Collégial | Baccalauréat | Maîtrise | Doctorat | |
pourcentage | ||||
Total | 60,7 | 48,7 | 36,7 | 18,6 |
Hommes | 47,9Note * | 43,3Note * | 27,6Note * | 14,7Note * |
Femmes (réf.) | 70,7 | 52,5 | 43,0 | 23,0 |
Groupe d'âge | ||||
Moins de 25 ans | 62,1 | 45,3 | 33,4 | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique |
25 à 29 ans (réf.) | 62,3 | 50,5 | 47,0 | 33,7 |
30 à 39 ans | 59,3 | 47,7 | 33,8Note * | 19,9Note * |
40 ans et plus | 57,0 | 40,0Note * | 25,2Note * | 14,4Note * |
Domaine d'études | ||||
Éducation | 81,5 | 92,0Note * | 24,0Note * | 9,2Note * |
Arts visuels et d'interprétation, et technologie des communications | 52,5Note * | 30,3Note * | 23,5Note * | 14,6 |
Sciences humaines | 38,2Note * | 18,7Note * | 32,4Note * | 9,3Note * |
Sciences sociales et de comportements, et droit | 81,9Note * | 28,6Note * | 41,5Note * | 41,6Note * |
Commerce, gestion et administration publique | 50,4Note * | 29,7Note * | 34,2Note * | 7,6Note * |
Sciences physiques et de la vie, et technologies | 53,1Note * | 26,8Note * | 18,2Note * | 10,9Note * |
Mathématiques, informatique et sciences de l'information | 52,7Note * | 47,3Note * | 33,7Note * | 18,3 |
Architecture, génie et services connexes | 42,1Note * | 64,6Note * | 19,3Note * | 14,3Note * |
Agriculture, ressources naturelles et conservation | 46,6Note * | 41,8Note * | 41,3Note * | 14,0Note * |
Santé et domaines connexes (réf.) | 88,2 | 84,3 | 74,4 | 18,1 |
Services personnels, de protection et de transport | 51,9Note * | 50,8Note * | 28,0Note * | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique |
Autres domaines | 29,4Note * | 21,3Note * | 47,4Note * | 29,2Note * |
Province d'études | ||||
Terre-Neuve-et-Labrador | 58,5 | 59,2Note * | 21,9Note * | 17,3 |
Île-du-Prince-Édouard | 74,4Note * | 55,4Note * | 36,0 | Note x: confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique |
Nouvelle-Écosse | 89,3Note * | 49,4 | 39,6 | 20,3Note * |
Nouveau-Brunswick | 88,9Note * | 44,4 | 35,8 | 26,7Note * |
Québec | 66,6Note * | 49,6 | 33,8Note * | 26,0Note * |
Ontario (réf.) | 57,2 | 45,3 | 41,0 | 15,0 |
Manitoba | 65,3Note * | 53,6Note * | 38,6 | 13,3 |
Saskatchewan | 64,7 | 55,3Note * | 30,4Note * | 14,7 |
Alberta | 59,0 | 54,2Note * | 31,3Note * | 14,3 |
Colombie-Britannique | 52,3 | 49,6 | 37,7 | 18,9Note * |
Statut d'immigrantTableau 1 Note 1 | ||||
Oui (réf.) | 53,4 | 39,1 | 29,8 | 14,7 |
Non | 62,7Note * | 51,2Note * | 39,8Note * | 21,2Note * |
Identité autochtoneTableau 1 Note 2 | ||||
Oui (réf.) | 63,8 | 57,7 | 45,8 | 23,7 |
Non | 60,4 | 48,5 | 36,5 | 18,6 |
Présence d'une incapacité | ||||
Oui (réf.) | 67,6 | 49,4 | 41,5 | 16,5 |
Non | 58,5Note * | 48,5 | 35,7Note * | 19,1Note * |
x confidentiel en vertu des dispositions de la Loi sur la statistique
|
Le taux de participation à une forme d’AIT diminuait à mesure que le niveau de scolarité augmentait : il passait à 49 % chez les diplômés du baccalauréat, à 37 % chez ceux de la maîtrise et à 19 % chez ceux du doctorat. Il convient de noter que les diplômés qui avaient travaillé pour un professeur d’université, à titre d’assistant à la recherche ou à l’enseignement, n’étaient pas considérés comme ayant participé à une forme d’AIT, malgré le fait qu’il s’agisse, dans les deux cas, d’une expérience de travail généralement en lien avec le programme d’études. Les taux de participation plus faibles des diplômés de la maîtrise et du doctorat pourraient s’expliquer, en partie, par la propension plus grande des diplômés des cycles supérieurs à avoir occupé ce type d’emploi durant leurs études.
On a constaté des variations importantes d’une province à l’autre au chapitre des taux de participation. La Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick affichaient des proportions particulièrement élevées à cet égard, puisque 89 % des diplômés de niveau collégial de ces provinces avaient participé à une forme d’AIT, comparativement à 57 % des diplômés de niveau collégial de l’Ontario.
Les femmes étaient surreprésentées parmi les participants à une forme d’AIT, celles-ci représentant 65 % des diplômés ayant participé à de tels programmes (soit 81 900 femmes), alors qu’elles formaient 58 % des diplômés n’ayant pas poursuivi leurs études postsecondaires. Des taux de participation plus élevés étaient enregistrés pour chacun des niveaux de scolarité postsecondaires chez les femmes. L’écart le plus important était cependant observé chez les diplômés de niveau collégial : 71 % des femmes de ce niveau de scolarité avaient participé à une forme d’AIT, comparativement à 48 % des hommes. Ces écarts selon le sexe étaient liés, en partie, à la concentration des femmes dans certains domaines d’études comme ceux de la santé et domaines connexes et de l’éducation, où les stages en milieu de travail sont souvent requis pour l’obtention du diplômeNote .
Le taux de participation des diplômés postsecondaires à une forme d’AIT variait d’ailleurs grandement selon leur domaine d’études. Au niveau collégial et au niveau du baccalauréat, les diplômés des domaines de la santé et domaines connexes et de l’éducation se distinguaient, affichant des taux de participation allant de 82 % à 92 %. Au niveau collégial, les diplômés du domaine des sciences sociales et de comportements, et droit affichaient également un taux de participation relativement élevé, soit de 82 %.
Au niveau du baccalauréat, un taux de participation plus élevé que la moyenne était enregistré par les diplômés du domaine de l’architecture, génie et services connexes (65 %, soit près de 16 points de pourcentage de plus que la proportion de 49 % observée pour l’ensemble des diplômés du baccalauréat). Le taux de participation le plus faible, au niveau du baccalauréat, était enregistré par les diplômés des sciences humaines (19 %).
Parmi les diplômés de la maîtrise, ceux du domaine de la santé et domaines connexes affichaient un taux de participation sensiblement plus élevé que la moyenne (74 %, soit le double de la proportion enregistrée pour l’ensemble des diplômés de la maîtrise). En revanche, le taux de participation le plus faible était observé chez les diplômés du domaine des sciences physiques et de la vie, et technologies (18 %).
Enfin, parmi les diplômés du doctorat, ce sont ceux des sciences sociales et de comportements, et droit qui étaient les plus susceptibles d’avoir participé à une forme d’AIT au cours de leur programme d’enseignement (42 %). En comparaison, c’était le cas de 8 % des diplômés du doctorat en commerce, gestion et administration publique.
En ce qui concerne les caractéristiques sociodémographiques, le taux de participation à une forme d’AIT était généralement plus faible chez les personnes immigrantes. Au contraire, le taux de participation tendait à être plus élevé chez les personnes ayant une incapacité (niveaux collégial et maîtrise).
Les participants à une forme d’apprentissage intégré au travail sont plus susceptibles de trouver un emploi lié à leur domaine d’études
Dans le cadre de l’END de 2018, la majorité des diplômés postsecondaires qui avaient participé à une forme d’AIT, soit près des deux tiers, ont indiqué que leur stage les avait aidés à trouver un emploi après avoir obtenu leur diplôme.
Le succès des diplômés sur le marché du travail dépend d’un ensemble de facteurs qui ne sont pas toujours observables. Si des caractéristiques comme le sexe, l’âge, le niveau de scolarité, le domaine d’études et la situation économique sont relativement faciles à mesurer, il en va autrement des facteurs comme le talent, la motivation, l’ambition personnelle, le niveau de compétences en communication orale et écrite, et en mathématiques, la capacité de réseautage, et tant d’autres caractéristiques propres aux personnes. Bien que l’ensemble de ces caractéristiques puissent expliquer le succès relatif des diplômés sur le marché du travail, elles ne sont pas toutes mesurables à l’aide des enquêtes existantesNote .
Malgré ce fait, il est possible d’établir certains liens de corrélation et d’en mesurer la significativité à l’aide de techniques statistiques. Au moyen de modèles de régression tenant compte simultanément de plusieurs caractéristiques personnelles, on a produit sept indicateurs, reflétant les résultats des diplômés postsecondaires de 2015 sur le marché du travail (selon qu’ils aient participé ou non à une forme d’AIT). Dans le cadre de cette analyse, les diplômés des domaines de la santé et domaines connexes et de l’éducation ont été exclus. Dans ces deux domaines d’études, la participation à une forme d’AIT est, pour la plupart des étudiants, requise pour l’obtention du diplôme (le groupe « n’ayant pas participé à une forme d’AIT » était donc trop petit pour être utilisé à des fins de comparaison). De plus, les diplômés de la maîtrise et du doctorat ont été combinés en un seul groupe pour cette analyse.
Les indicateurs de résultats sur le marché du travail sont observés trois années après l’obtention du diplôme, soit en 2018 (tableau 2). Ces indicateurs de résultats sur le marché du travail sont ajustés, c’est-à-dire qu’ils tiennent compte des différences au chapitre des caractéristiques observables des diplômés. En outre, le fait d’avoir occupé ou non un emploi rémunéré durant les études postsecondaires, de même que le fait d’avoir fait du bénévolat, sont pris en compte dans les analyses (pour obtenir une liste complète de tous les facteurs, consulter l’encadré Sources de données, méthodes et définitions).
Niveau de scolarité | |||
---|---|---|---|
Collégial | Baccalauréat | Maîtrise et doctorat | |
pourcentage | |||
Taux d'emploi | |||
Participation à une forme d'AIT | 87,4 | 92,4 | 93,8Note * |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 89,6 | 90,4 | 91,7 |
Taux d'emploi à temps plein | |||
Participation à une forme d'AIT | 79,5 | 86,9 | 86,7 |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 81,3 | 84,4 | 87,2 |
Emploi permanent | |||
Participation à une forme d'AIT | 72,0 | 76,5 | 71,0 |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 70,5 | 77,0 | 72,2 |
Perception d'un emploi quelque peu ou fortement lié au domaine d'études | |||
Participation à une forme d'AIT | 78,1Note * | 88,4Note * | 92,1Note * |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 70,2 | 71,0 | 88,3 |
Perception d'avoir un niveau de scolarité supérieur au niveau requis par la profession | |||
Participation à une forme d'AIT | 39,1Note * | 31,8Note * | 58,1Note * |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 47,9 | 48,9 | 70,5 |
dollars | |||
Revenu d'emploi | |||
Participation à une forme d'AIT | 44 600 | 57 900Note * | 69 700Note * |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 45 400 | 54 100 | 73 000 |
Revenu d'emploi à temps plein | |||
Participation à une forme d'AIT | 46 600 | 59 900Note * | 72 300 |
Sans participation à une forme d'AIT (réf.) | 47 800 | 56 000 | 74 600 |
Source : Enquête nationale auprès des diplômés, 2018. |
Les résultats révèlent que la participation à une forme d’AIT n’était pas associée à une probabilité plus élevée d’occuper un emploi, d’avoir un emploi à temps plein ou d’occuper un emploi permanent trois ans après l’obtention du diplôme; les écarts entre les deux groupes au chapitre de ces indicateurs étaient soit faibles, soit non significatifs.
En revanche, le fait d’avoir participé à une forme d’AIT était associé à une probabilité plus forte d’occuper un emploi lié à son domaine d’études. Aussi, les diplômés de 2015 ayant participé à une forme d’AIT durant leurs études étaient moins susceptibles d’être surqualifiés pour l’emploi occupé en 2018. Ces constatations ont été faites pour les trois niveaux de scolarité étudiés, mais les diplômés du baccalauréat affichaient des écarts relativement plus importants.
Par exemple, 88 % des diplômés du baccalauréat ayant participé à une forme d’AIT ont dit avoir trouvé un emploi qu’ils estimaient lié à leur domaine d’études. En comparaison, c’était le cas de 71 % de leurs homologues n’ayant pas eu de possibilités d’AIT. De même, les diplômés du baccalauréat qui avaient participé à une forme d’AIT étaient proportionnellement moins nombreux à être surqualifiés dans leur emploi (32%) que leurs homologues n’ayant pas participé à une forme d’AIT (49 %).
Ces résultats variaient cependant selon le domaine d’études. Au niveau du baccalauréat, le taux de surqualification des diplômés en mathématiques, informatique et sciences de l’information était de 32 points de pourcentage plus faible lorsque les diplômés avaient participé à une forme d’AIT (graphique 1)Note . À l’opposé, l’écart le plus faible entre les participants et les non-participants était observé chez les diplômés en arts visuels et d’interprétation, et technologie des communications (écart non significatif).
Tableau de données du graphique 1
Domaine d'études | Baccalauréat sans participation à une forme d'AIT (réf.) | Baccalauréat comprenant la participation à une forme d'AIT |
---|---|---|
pourcentage | ||
Services personnels, de protection et de transport | 78,5 | 72,8 |
Arts visuels et d'interprétation, et technologie des communications | 63,6 | 60,8 |
Agriculture, ressources naturelles et conservation | 67,5 | 46,9 |
Sciences sociales et de comportements, et droit | 60,9 | 41,8Note * |
Sciences humaines | 63,8 | 33,7Note * |
Commerce, gestion et administration publique | 42,1 | 28,0Note * |
Sciences physiques et de la vie, et technologies | 46,4 | 24,3Note * |
Architecture, génie et services connexes | 36,7 | 15,9Note * |
Mathématiques, informatique et sciences de l'information | 47,6 | 15,3Note * |
|
Dans le même ordre d’idées, l’écart entre les participants et les non-participants, au chapitre de la proportion de diplômés du baccalauréat déclarant occuper un emploi lié à leur domaine d’études, était le plus élevé chez les diplômés en sciences humaines (graphique 2) (54 points de pourcentage d’écart). En revanche, chez les diplômés en commerce, gestion et administration publique, le fait d’avoir participé ou non à une forme d’AIT était moins fortement associé à la probabilité d’occuper un emploi lié à son domaine d’études (7 points de pourcentage d’écart entre les participants et les non-participants), trois ans après la fin des études.
Tableau de données du graphique 2
Domaine d'études | Baccalauréat sans participation à une forme d'AIT | Baccalauréat comprenant la participation à une forme d'AIT |
---|---|---|
pourcentage | ||
Mathématiques, informatique et sciences de l'information | 82,6 | 96,9 |
Architecture, génie et services connexes | 87,7 | 96,5Note * |
Commerce, gestion et administration publique | 85,5 | 92,5Note * |
Sciences physiques et de la vie, et technologies | 57,2 | 86,1Note * |
Services personnels, de protection et de transport | 72,7 | 84,8 |
Sciences humaines | 30,6 | 84,8Note * |
Arts visuels et d'interprétation, et technologie des communications | 58,7 | 84,8Note * |
Agriculture, ressources naturelles et conservation | 62,3 | 84,1 |
Sciences sociales et de comportements, et droit | 53,8 | 82,4Note * |
|
Des gains d’emploi supérieurs chez les diplômés du baccalauréat ayant participé à une forme d’apprentissage intégré au travail
Parmi les diplômés de niveau collégial, on n’a observé aucun écart sur le plan de la rémunération salariale entre ceux ayant participé à une forme d’AIT et ceux n’y ayant pas participé, et ce, malgré le fait qu’une plus faible proportion des participants à une forme d’AIT étaient surqualifiés en emploi.
En revanche, les diplômés du baccalauréat ayant participé à une forme d’AIT affichaient des salaires annuels supérieurs à ceux qui n’y avaient pas participé. En effet, il existait une différence de 7 % pour ce qui est des salaires de l’ensemble des diplômés du baccalauréat ayant un emploi, de même que pour les salaires de ceux travaillant à temps pleinNote . Bien que la participation à une forme d’AIT puisse avoir une incidence positive sur les revenus d’emploi, il faut faire preuve de prudence dans l’interprétation des résultats. En effet, ce résultat pourrait aussi être attribuable à l’effet des compétences non observées. Pour participer à l’AIT, les étudiants doivent respecter certaines conditions, ce qui comprend souvent le fait de maintenir une moyenne générale supérieure à un certain niveau.
Chez les diplômés de la maîtrise et du doctorat, le revenu d’emploi ajusté des participants à une forme d’AIT était inférieur à celui des non-participants. Pour ces niveaux, la variable AIT pourrait saisir des effets de sélection négatifs; contrairement à ce qui est observé au chapitre du baccalauréat, la participation à une forme d’AIT pourrait être une option moins attrayante en général aux cycles supérieurs. De même, étant donné que les postes d’assistants à la recherche ou à l’enseignement ne sont pas compris dans les différentes formes d’AIT, l’effet de ces emplois sur les résultats sur le marché du travail des diplômés de la maîtrise et du doctorat n’a pu être saisi. Aux niveaux de la maîtrise et du doctorat, les meilleurs étudiants sont souvent très convoités par les professeurs. Pour les étudiants, le fait d’occuper un poste d’assistant à la recherche ou à l’enseignement peut ouvrir la porte à de bons emplois, dans leur domaine d’études, lorsqu’ils obtiennent leur diplôme.
Conclusion
Parmi les diplômés postsecondaires de 2015, 50 % ont déclaré avoir participé à une forme d’AIT faisant partie intégrante de leur programme d’études. La propension à participer à une forme d’AIT pendant les études postsecondaires diminuait à mesure qu’augmentait le niveau de scolarité. Elle passait de 61 % chez les diplômés de niveau collégial à 19 % chez ceux du doctorat.
Les femmes étaient surreprésentées parmi les participants, en partie en raison de leur concentration dans certains domaines d’études, tels que la santé et domaines connexes et l’éducation, où les stages en emploi sont souvent requis pour l’obtention du diplôme.
Il est important de comprendre les liens entre la participation à une forme d’AIT et les résultats des diplômés sur le marché du travail étant donné les investissements importants en temps et en argent effectués par les diplômés, leur famille et la société en général.
Bien que le fait d’avoir participé à une forme d’AIT ne soit pas associé à une probabilité plus grande d’occuper un emploi, il existe un lien avec certains indicateurs clés de qualité d’emploi, trois ans après l’obtention du diplôme. En particulier, les diplômés postsecondaires de 2015 ayant participé à une forme d’AIT ont plus souvent estimé occuper un emploi en lien avec leur domaine d’études et étaient moins souvent surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupaient. Ce résultat s’appliquait autant au niveau collégial et au niveau du baccalauréat que de la maîtrise et du doctorat. Ce sont cependant les diplômés du baccalauréat qui affichaient les écarts les plus importants : 88 % des participants à une forme d’AIT ont déclaré occuper un emploi lié à leur domaine d’études, comparativement à 71 % chez les non-participants; près de 32 % des diplômés du baccalauréat étaient surqualifiés pour l’emploi qu’ils occupaient lorsqu’ils avaient participé à une forme d’AIT, comparativement à 49 % lorsqu’ils n’avaient pas participé à un tel programme.
Un écart était aussi observé quant au revenu annuel d’emploi des diplômés du baccalauréat, pour l’ensemble des employés, de même que pour les employés à temps plein. Ces résultats sont conformes à ceux d’études semblables sur le sujet. Il convient cependant de souligner que la définition de l’AIT pendant les études postsecondaires pourrait avoir une certaine incidence sur les résultats. De plus, les résultats de la présente étude ne sont fondés que sur une seule cohorte (celle de 2015), observée trois ans plus tard (en 2018). Des recherches supplémentaires seront nécessaires afin de vérifier si les résultats seront semblables dans le cas des futures cohortes de diplômés.
Diane Galarneau et George Marshall sont analystes au Centre canadien de la statistique de l’éducation et Mark Kinack est gestionnaire de l’Enquête nationale auprès des diplômés au sein de la même division.Début de l'encadré
Sources de données
L’Enquête nationale auprès des diplômés (END) de 2018 a permis de recueillir des renseignements sur les personnes ayant obtenu un diplôme d’un établissement postsecondaire public au Canada en 2015. Les questions portent sur le cheminement scolaire, le financement des études postsecondaires, y compris les prêts aux étudiants consentis par le gouvernement et la transition vers le marché du travail. La population cible de cette enquête était celle des diplômés postsecondaires de 2015 qui résidaient toujours au Canada au moment où l’enquête a été réalisée en 2018.
Pour la première fois dans le cadre de l’END, le cycle mené en 2018 comporte 12 nouvelles questions sur l’apprentissage intégré au travail (AIT), lesquelles viennent s’ajouter au contenu portant sur la participation aux programmes coopératifs, qui faisaient déjà partie de l’END, de 1986 à 2013. Les questions de l’END menée en 2018 sur l’AIT portaient précisément sur les « placements en emploi faisant partie intégrante du programme d’études » et comprenaient les placements organisés dans le cadre de programmes coopératifs, les internats, les placements cliniques et les stages obtenus par le truchement de programmes offrant une expérience sur le terrain, les services d’apprentissage communautaires et les autres placements faisant partie intégrante des programmes d’études postsecondaires. Étaient exclus de l’END de 2018 les emplois ne faisant pas partie intégrante du programme d’études, comme les placements du Programme fédéral d’expérience de travail étudiant, les emplois d’assistants à la recherche et à l’enseignement, de même que le travail lié aux thèses de maîtrise ou de doctorat. Bien que les stages pour apprentis fassent également partie des AIT, ils étaient exclus de l’END de 2018 puisque les diplômés des programmes d’apprentis étaient exclus de la population cible de l’enquête.
La présente étude porte uniquement sur les diplômés des niveaux collégial et universitaire qui n’avaient pas poursuivi leurs études après l’obtention de leur diplôme en 2015 (soit jusqu’au moment où l’END a été menée, en 2018). Il convient de noter que le profil des diplômés ayant participé à une forme d’AIT était semblable, que les diplômés aient poursuivi ou non leurs études. Les diplômés peuvent avoir participé à plus d’une forme d’AIT, mais seul celui dont la durée a été la plus longue a été retenu dans le cadre de l’enquête.
Définitions
Collégial : Comprend les certificats et diplômes de niveau collégial et de niveau non universitaire, de même que les diplômes ou certificats des collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps).
Baccalauréat : Comprend les diplômes du baccalauréat, les diplômes de baccalauréat en médecine, dentisterie, médecine vétérinaire et optométrie, de même que les certificats et diplômes universitaires de niveau inférieur au baccalauréat.
Maîtrise : Comprend les diplômes de la maîtrise ainsi que les diplômes et certificats universitaires de niveau supérieur au baccalauréat.
Taux d’emploi : Proportion des diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études et qui occupaient un emploi ou avaient une entreprise au cours de la semaine précédant l’END de 2018.
Taux d’emploi à temps plein : Proportion des diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études et qui occupaient un emploi à temps plein (auquel ils travaillaient au moins 30 heures par semaine) dans le cadre d’un emploi ou de leur entreprise durant la semaine précédant l’enquête de 2018.
Emploi permanent : Proportion des diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études et qui occupaient un emploi permanent durant la semaine précédant l’END de 2018.
Emploi quelque peu ou fortement lié au domaine d’études de 2015 : Proportion des diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études, qui ont déclaré occuper un emploi durant la semaine précédant l’END de 2018 et qui ont déclaré que cet emploi était quelque peu ou fortement lié à leur domaine d’études de 2015.
Surqualification : Proportion des diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études, qui ont déclaré occuper un emploi durant la semaine précédant l’END de 2018 et étaient surqualifiés pour l’emploi occupé. Les diplômés surqualifiés avaient un niveau de scolarité supérieur à celui qu’ils estimaient nécessaire de posséder pour obtenir leur emploi.
Revenu d’emploi : Rémunération salariale annuelle comprenant les pourboires et commissions avant impôt et toutes les autres déductions qu’ont reçus les diplômés postsecondaires de 2015 qui n’avaient pas poursuivi leurs études pour l’emploi occupé durant la semaine précédant l’END de 2018. Lorsque les gains sont déclarés selon un taux horaire, ils sont annualisés en fonction des heures habituelles de travail par semaine.
Revenu d’emploi à temps plein : Rémunération salariale annuelle telle que définie précédemment, pour les employés ayant déclaré travailler à temps plein (soit au moins 30 heures par semaine).
Analyse de régression
À l’aide de modèles de régression, on a mesuré si la participation à une forme d’AIT durant les études postsecondaires est associée à des indicateurs du marché du travail plus favorables que la non-participation. Étant donné que la plupart des diplômés des domaines de la santé et domaines connexes et de l’éducation doivent participer à une forme d’AIT pour obtenir leur diplôme, ils ont été exclus de l’analyse. Des modèles distincts ont été estimés pour chacun des niveaux de scolarité, et les niveaux de la maîtrise et du doctorat ont été combinés étant donné le faible nombre de diplômés du doctorat. On a étudié les indicateurs suivants :
- La probabilité d’occuper un emploi
- La probabilité d’avoir un emploi à temps plein
- La probabilité d’occuper un emploi permanent
- La probabilité de déclarer occuper un emploi quelque peu ou fortement lié au programme d’études postsecondaires de 2015
- La probabilité d’occuper un emploi pour lequel le diplômé est surqualifié
- Le niveau des gains d’emploi moyen
- Le niveau des gains d’emploi moyen des employés à temps plein
Pour chacun de ces modèles, en plus des variables dichotomiques sur la participation ou non à une forme d’AIT, les variables suivantes ont été prises en compte : le fait d’avoir occupé un emploi rémunéré durant les études postsecondaires, la participation à des activités de bénévolat, le sexe, l’âge, le statut d’immigrant, l’appartenance à un groupe de minorité visible ou à un groupe autochtone, le fait d’avoir une limitation d’activité, le domaine d’études, la province de résidence au moment où l’enquête a été menée en 2018 et la scolarité des parents.
Fin de l’encadré
Début de l'encadré
En plus de participer à une forme d’AIT, une grande partie des étudiants occupent un emploi rémunéré pendant leurs études ou participent à des activités de bénévolat de leur propre initiative. Le travail rémunéré et le bénévolat sont également susceptibles d’aider les diplômés à intégrer le marché du travail, en leur permettant d’acquérir une expérience pratique non intégrée formellement dans leur programme d’études.
On a examiné de quelle façon se répartissaient les diplômés quant à leur participation à l’une ou l’autre de ces activités (tableau 3). Or, une grande partie des diplômés postsecondaires de 2015 (40 %) ont combiné la participation à une forme d’AIT à un travail rémunéré ou au bénévolat, alors que 10 % ont participé uniquement à une forme d’AIT. Par ailleurs, 42 % des diplômés n’ont pas participé à une forme d’AIT, mais ont occupé un emploi rémunéré ou ont fait du bénévolat, alors que 8 % n’ont participé à aucune de ces activités. La participation à l’une de ces activités variait selon le niveau de scolarité; pour chaque niveau cependant, une faible proportion de diplômés avaient uniquement participé à une forme d’AIT ou n’avaient participé à aucune de ces activités.
Niveau de scolarité | |||||
---|---|---|---|---|---|
Collégial | Baccalauréat | Maîtrise | Doctorat | Total | |
pourcentage | |||||
Total | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |
Participation à une forme d'AIT uniquement | 14,8 | 7,5 | 7,3 | 3,5 | 10,1 |
Participation à une forme d'AIT et travail rémunéré ou bénévolat | 45,9 | 41,2 | 29,4 | 15,1 | 40,3 |
Travail rémunéré ou bénévolat, sans participation à une forme d'AIT | 29,2 | 46,1 | 53,4 | 64,5 | 41,5 |
Aucune de ces activités | 10,1 | 5,3 | 9,9 | 16,9 | 8,1 |
Source : Enquête nationale auprès des diplômés, 2018. |
Fin de l’encadré
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