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Scolarité des immigrants et compétences professionnelles requises

Par Diane Galarneau et René Morissette

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En 2006, la proportion d'immigrants récents détenteurs d'un diplôme universitaire était deux fois plus élevée que celle des Canadiens de naissance. Malgré cette forte scolarité, plusieurs indicateurs témoignent de certaines difficultés éprouvées par les immigrants récents lorsqu'ils tentent de s'intégrer au marché du travail canadien. Leur taux d'emploi et de chômage ainsi que leurs gains d'emploi affichent en général des écarts importants avec les Canadiens de naissance (Frenette et Morissette, 2003; Picot, Hou et Coulombe, 2007; Statistique Canada, 2008).

Les difficultés auxquelles les immigrants font face ont été imputées à plusieurs facteurs. L'un d'eux tient à la faible reconnaissance de leurs titres de compétences (Ferrer et Riddell, 2004; Green et Worswick, 2002). La proportion importante d'immigrants récents diplômés de l'université occupant un poste de faible scolarité, tels que vendeurs dans des commerces de détail, camionneurs, commis de bureau, caissiers ou chauffeurs de taxi reflète en partie cette réalité. En 2006, 28 % des hommes immigrants récents et 40 % des femmes occupaient ce genre d'emploi (graphique A). Les proportions correspondantes pour les Canadiens de naissance étaient de 10 % et 12 % respectivement.

Cette forme de sous-emploi des nouveaux immigrants pourrait être attribuable à leur arrivée récente au pays, à leur manque d'information sur le marché du travail canadien et à leur faible réseau On s'attendait cependant à ce que ces effets disparaissent avec le temps.

Cette hypothèse semblait plausible en 1991 puisque les chances des immigrants de plus longue date d'occuper un poste de faible scolarité lorsqu'ils détenaient un diplôme universitaire, semblaient en effet très proches de celles des Canadiens de naissance. En 1991, le taux des immigrants masculins arrivés entre 1975 et 1979 était de 12 %, soit un peu plus élevé que le taux de 8 % observé chez leurs homologues nés au Canada. En 2006 cependant, la situation avait changé. Le taux des immigrants arrivés entre 1990 et 1994 était de 21 %; un écart de 10 points de pourcentage séparait désormais les immigrants de longue date des Canadiens de naissance. De même, chez les immigrantes de longue date, en 1991, cette proportion était déjà deux fois plus élevée que celle des Canadiennes de naissance tandis qu'en 2006, l'écart avait augmenté.

Cette hausse donne à penser qu'en 2006, les immigrants de longue date avaient plus de difficultés à trouver un emploi reflétant leur niveau de scolarité que les immigrants de longue date en 1991. Cette forme de sous-emploi des immigrants diminue l'apport de ces derniers à la prospérité économique du Canada et constitue une perte de bien-être puisqu'elle a des conséquences sur leurs gains d'emploi (Galarneau et Morissette, 2004). Ces écarts persistants avec les Canadiens de naissance, surtout s'ils s'étendent aux immigrants de plus longue date, risquent par ailleurs de nuire à la capacité du Canada d'attirer des immigrants qualifiés.

Dans une étude précédente (Galarneau et Morissette, 2004), il avait été démontré qu'il existait un lien entre la proportion élevée d'immigrants récents diplômés de l'université qui occupaient des postes de faible scolarité et leur pays d'origine, leur langue maternelle, leur statut de minorité visible et leur domaine d'études. Cependant, on connaît peu la situation des immigrants de plus longue date. Cet article s'attarde donc à ce sous-groupe et cherche à comprendre dans quelle mesure la hausse de la proportion d'entre eux qui occupent des postes de faible scolarité est liée au changement de leur profil sociodémographique (voir Source de données et définitions). On examine également la hausse touchant les immigrants récents, même si les proportions élevées observées en 2006 se situaient à l'intérieur des bornes observées depuis 1991.

Des immigrants très scolarisés

Depuis 1991, le niveau de scolarité s'est accru pour l'ensemble de la population. La proportion de Canadiens de naissance avec un diplôme universitaire est passée de 16 % et 13 % en 1991 à 19 % et 23 % respectivement pour les hommes et les femmes en 2006 (graphique B). Parmi les immigrants récents, la hausse a été beaucoup plus importante. En 2006, 58 % et 49 % des hommes et des femmes immigrants récents possédaient au moins un baccalauréat. La hausse pour les immigrants arrivés depuis 11 à 15 ans était comparable à celle observée pour les Canadiens de naissance; en 2006, ces derniers affichaient une proportion de diplômés universitaire légèrement plus élevée, soit près de 28 % des hommes et des femmes.

Le fait d'être plus nombreux à détenir un diplôme universitaire accroît le bassin de candidats diplômés et augmente la compétition pour les postes de haut niveau de compétences. Cela crée des pressions à la hausse sur les chances des immigrants récents d'être sous-employés1. Par ailleurs, les conditions favorables des dernières années sur le marché du travail auraient dû créer des pressions contraires (graphique C).

Le nouveau visage de l'immigration

En 15 ans, l'immigrant type détenteur d'un diplôme universitaire a changé (tableau 1). Comparativement à 1991, les immigrants récents de 2006 étaient en moyenne plus âgés, plus susceptibles de ne pas avoir l'anglais ou le français comme langue maternelle et encore plus susceptibles qu'en 1991 d'être ressortissants d'Asie du Sud et d'Asie de l'Est2. En 1991, malgré une certaine prévalence de ces régions d'origine, les immigrants diplômés de l'université provenaient d'un ensemble de pays plus diversifié. Les immigrants sont également plus susceptibles maintenant que par le passé, d'être membres d'un groupe de minorité visible.

En général, ces nouvelles caractéristiques réduisent les chances des immigrants de trouver un emploi correspondant à leur niveau de scolarité. On sait que l'expérience acquise en sol étranger n'est pas toujours reconnue sur le marché du travail canadien (Green et Worswick, 2002; Ferrer et Riddell, 2004; Picot et Sweetman, 2005; Ferrer, Green et Riddell, 2004; Aydemir et Skuterud, 2004). Or, le fait que les immigrants arrivent au Canada à un âge de plus en plus avancé augmente habituellement leur nombre d'années d'expérience à l'étranger ce qui pourrait diminuer, toutes choses étant égales par ailleurs, leurs chances d'exercer une profession correspondant à leur niveau de scolarité.

Par ailleurs, la connaissance de l'une des deux langues officielles est une dimension importante du niveau de compétence. Les compétences linguistiques ne sont pas mesurées par le recensement. Le recensement comporte cependant des informations sur la langue maternelle. Une étude récente (Ferrer, Green et Riddell, 2004) basée sur les résultats de tests de littératie et de numératie a conclu qu'il existe une différence claire au niveau des compétences linguistiques entre les personnes nées au Canada et les immigrants. Le fait que les immigrants arrivent au pays de plus en plus souvent avec une langue maternelle autre que le français ou l'anglais pourrait donc indiquer une aisance moindre à communiquer dans l'une de ces deux langues, ce qui pourrait également augmenter leurs chances d'occuper un poste de faible scolarité.

De la même façon, le nombre croissant d'immigrants provenant de plus en plus de pays d'Asie, pour lesquels peu d'information existe sur la qualité de l'enseignement qu'ils ont reçu, peut engendrer une certaine méfiance de la part des employeurs et empêcher ces immigrants récents de faire valoir leurs titres de compétences ou de trouver un emploi reflétant leur niveau de scolarité (Green et Worswick, 2002; Ferrer et Riddell, 2004). La langue, le pays d'origine et le statut de minorité visible sont difficiles à dissocier les uns des autres, mais expliquent en général une part importante de l'écart observé entre les résultats sur le marché du travail des Canadiens de naissance et des immigrants (Picot et Sweetman, 2005).

Si on compare les caractéristiques observées en 1991 des immigrants ayant cumulé entre 11 et 15 années de vie au Canada — autrement dit, des immigrants arrivés entre 1975 et 1979 — à celles observées en 2006 pour les immigrants arrivés entre 1990 et 1994, on constate des différences semblables à celles observées pour les immigrants récents. En 2006, ces immigrants de plus longue date étaient également plus âgés, plus souvent membres d'un groupe de minorité visible, avaient moins souvent le français ou l'anglais comme langue maternelle et provenaient également d'un plus grand nombre de pays différents.

Diplômés des technologies de l'information et des communications

De façon générale, la demande de compétences liée aux sciences appliquées comme le génie et l'informatique de même que celle du domaine de la santé avantagent les immigrants qui possèdent un diplôme dans ces disciplines (Galarneau et Morissette, 2004). Comparativement à 1991, l'attrait des immigrants récents pour les sciences appliquées était encore plus marqué en 2006, la proportion d'entre eux ayant comme domaine d'études l'un des champs appliqués est passée de 52 % à 65 % pour les hommes, principalement en raison de l'augmentation des diplômés en génie. Cette croissance s'est produite aux dépens principalement des sciences humaines et sociales. Chez les femmes, on observe des mouvements semblables, mais beaucoup moins prononcés.

Les immigrants arrivés depuis 11 à 15 ans, affichent également une hausse de leur proportion de diplômés dans l'une des sciences appliquées (de 52 % à 57 %), encore une fois attribuable au domaine du génie principalement. Cependant, cette hausse était plus modeste que pour les immigrants plus récents. Les femmes immigrantes de longue date se retrouvent en plus grande proportion dans le domaine des sciences non appliquées, mais cette tendance s'est atténuée depuis 1991 en raison d'une baisse de l'attrait pour les disciplines de l'enseignement et des beaux-arts.

Évolution du taux de représentation des immigrants au sein des professions de faible scolarité

Le taux de représentation au sein des professions de faible scolarité s'est accru pour tous les groupes d'immigrants considérés (tableau 2). Les hommes immigrants récents affichent un taux qui fluctue en général de plus ou moins 6 points de pourcentage d'un recensement à l'autre. Ainsi, la hausse de 1991 à 2006, de 22 % à 28 %, se situe entre les niveaux observés depuis 1991. Lorsque l'on examine le taux selon différentes caractéristiques, la hausse est assez généralisée, un peu plus forte pour les immigrants plus âgés de même que pour les diplômés dans certaines disciplines comme celles de la santé, du génie et des sciences humaines et sociales. Les ressortissants d'Afrique et de l'Asie de l'Est affichaient les hausses les plus prononcées entre 1991 et 2006, soit une hausse de 8 points de leur taux de représentation. Cependant, pour les immigrants récents ce sont toujours les ressortissants de l'Asie du Sud et de l'Asie du Sud-Est qui affichent les taux les plus élevés, atteignant respectivement 38 % et 42 %.

Les hommes immigrants de plus longue date affichent quant à eux une forte croissance de leur proportion occupant un poste de faible scolarité laquelle est passée de 12 % à 21 % entre 1991 et 2006. Pour ces immigrants, le fait de ne pas parler l'anglais ou le français, d'être un ressortissant d'Asie du Sud, d'Asie du Sud-Est et d'Amérique Centrale semblait associé à une augmentation plus rapide de leur taux de représentation au sein des professions de faible scolarité. Les diplômés des domaines du génie et des sciences humaines et sociales se distinguaient par une hausse de plus de 10 points de pourcentage de leur taux de représentation. Pour ces hommes immigrants de plus longue date, l'écart par rapport aux Canadiens de naissance s'est donc creusé durant ces 15 années. Cette hausse de l'écart ne semblait pas attribuable à des changements dans la structure par âge et niveau de scolarité entre les deux groupes3. Autrement dit, la hausse de l'écart ne semblait pas être liée au fait que les Canadiens d'un groupe d'âge particulier aient accru leur niveau de scolarité plus rapidement que les immigrants de longue date du même âge.

Les femmes affichaient des taux beaucoup plus élevés que les hommes et ceci était remarquable tant en 1991 qu'en 2006. Cet écart était en partie expliqué par le domaine d'études des immigrantes plus souvent dans des champs non appliqués et par leur niveau de scolarité plus faible en comparaison de leurs homologues masculins4.

En raison probablement de cette forte prévalence, leur taux s'est accru de façon beaucoup plus modeste durant la période d'observation (de 4 points pour les immigrantes récentes et de 5 points pour celles arrivées 11 à 15 années plus tôt). Dans les deux cas, la hausse est plus prononcée pour les femmes de 45 à 54 ans ainsi que pour certains domaines d'études tels que le génie et l'informatique. Les ressortissantes d'Asie du Sud-Est arrivées 11 à 15 années plus tôt affichaient une hausse de 18 points de leur taux de représentation et s'approchaient ainsi de leurs homologues arrivées plus récemment. Les femmes provenant d'Asie du Sud et du Sud-Est affichaient des taux considérables, dépassant les 50% pour celles qui étaient arrivées récemment et légèrement inférieurs à 50 % pour les immigrantes de plus longue date.

Afin de déterminer si les variables telles que l'âge, la scolarité, l'appartenance à un groupe de minorité visible, le pays d'origine, le domaine d'études et la région de résidence étaient importantes dans l'explication de l'accroissement entre 1991 et 2006 du taux de représentation au sein des professions de faible scolarité, on a procédé à une analyse de régression5 (tableau 3).

Dans le cas des hommes immigrants, le pays d'origine et le fait d'avoir une langue autre que le français ou l'anglais expliquaient plus de la moitié de la hausse de 6 points du taux de représentation chez les immigrants récents et près du quart de la hausse de 8 points pour les immigrants de plus longue date. Autrement dit, si les immigrants de 2006 avaient conservé la même répartition par pays d'origine et par langue maternelle que celle observée en 1991, leur taux se serait accru de moins de 3 points pour les immigrants récents et de près de 6 points pour les immigrants de plus longue date.

Par ailleurs, le domaine d'études, diminuait les chances d'un immigrant d'occuper un poste de faible scolarité. Il semble donc que le fait de détenir un diplôme dans l'un des champs appliqués soit encore une protection contre les chances d'occuper un poste de faible scolarité et ce, malgré la conjoncture moins favorable des dernières années dans le secteur des technologies de l'information (TI). Ce secteur a en effet subi des baisses d'emploi entre 2000 et 2005 et compte tenu de la proportion élevée d'immigrants récents diplômés dans ce secteur, le repli de ce secteur a eu des répercussions importantes sur les gains des immigrants récents (Frenette et coll., 2008) et sur le taux de faible revenu des immigrants très scolarisés (Picot, Hou et Coulombe, 2007).

Pour la période allant de 2001 à 2006, la corrélation entre le domaine d'études et la probabilité d'occuper un poste de faible scolarité était moins forte en comparaison à la période 1991 à 2006. L'effet de protection semblait donc toujours présent mais moindre que dans le passé6, ce qui reflète les difficultés du secteur.

Pour les femmes, la langue et le pays d'origine expliquaient à eux seuls la totalité de la hausse de 3 points pour les immigrantes récentes et le tiers de la hausse de 5 points des immigrantes moins récentes. Par ailleurs, leur domaine d'études et leur niveau de scolarité ralentissaient également la progression de leur taux de représentation au sein des postes de faible scolarité.

Ces résultats sont conformes à ceux d'études semblables sur le sujet (Picot et Sweetman, 2005; Galarneau et Morissette, 2004; Aydemir et Skuterud, 2004). En général, la langue maternelle et le pays d'origine — qui sont aussi liés à la qualité de l'éducation reçue et à la faible reconnaissance de l'expérience acquise en sol étranger — expliquent en grande partie la détérioration de la situation des immigrants sur le marché du travail. La catégorie des immigrants pourrait également s'ajouter à la liste des explications. Certains immigrants arrivent au Canada en tant que travailleurs qualifiés, pour réunification familiale ou à titre de réfugiés. On s'attend en général, à ce que les travailleurs qualifiés réussissent mieux sur le marché du travail puisqu'ils sont acceptés comme immigrants en raison de leurs qualifications. Si cela était le cas dans le passé (Chui, 2003; Chui et Zietsma, 2003), il semble que ce soit moins vrai pour les immigrants arrivés au début des années 2000. Par exemple, le fait d'appartenir à la catégorie des travailleurs qualifiés n'a pas semblé aider les immigrants récents arrivés au début des années 2000, à échapper aux situations de faible revenu (Picot, Hou et Coulombe, 2007).

Néanmoins, un aspect important, mais impossible à mesurer avec les données du Recensement, a trait à la mobilité internationale des immigrants. Autrement dit, une fois arrivés au Canada, les immigrants n'y demeurent pas nécessairement. Parmi les immigrants arrivés entre 1980 et 1996, ceux de la catégorie des travailleurs qualifiés ou des entrepreneurs de même que ceux en provenance des États-Unis ou de Hong-Kong sont plus susceptibles que les autres de quitter le pays (Aydemir et Robinson, 2006). Quatre immigrants sur dix, ayant ces caractéristiques seraient partis en moyenne au bout de 10 ans. Les ralentissements économiques ont aussi augmenté les probabilités de quitter le pays. Il est donc possible qu'une certaine portion d'immigrants arrivés autour des années 1990, ait quitté le Canada durant les années suivantes et que nos résultats soient basés sur un sous-ensemble de cette cohorte. Si les candidats qualifiés quittent le pays, et ce, davantage lorsqu'ils arrivent durant des périodes de ralentissement économique — comme ce fut le cas pour les immigrants arrivés au début des années 1990 — cela pourrait expliquer en partie la persistance, observée en 2006, de la représentation des immigrants arrivés autour des années 1990 au sein des professions de faible scolarité.

Le fait d'arriver sur le marché du travail pendant une récession peut pousser à la baisse les salaires des individus, et ce, pendant plusieurs années (Oreopoulos, von Wachter et Heisz, 2008). Cet effet serait d'ailleurs plus important en début de carrière et tendrait à disparaître au bout de 8 à 10 ans. Il se pourrait donc que la récession du début des années 1990 et la reprise caractérisée par une faible croissance de l'emploi qui a suivi, aient également touché les nouveaux immigrants d'alors. Notons cependant que les immigrants de longue date de 1996 sont également arrivés durant une période caractérisée par des taux de chômage relativement élevés (entre 1980 et 1984), mais leur taux de représentation s'est accru plus modestement (de 12 % à 16 %). L'effet des récessions semble donc varier d'une récession à l'autre et d'un groupe d'immigrants à l'autre.

Professions réglementées

Lorsque des professions sont réglementées par des associations professionnelles, les candidats doivent souvent passer des examens et démontrer qu'ils possèdent un certain nombre d'années d'expérience de travail au Canada et une bonne connaissance du français ou de l'anglais afin d'être accrédités en vertu de la loi provinciale (Boyd, 2000). Ce processus peut avoir une incidence sur les chances des immigrants de trouver un emploi correspondant à leur niveau de scolarité.

Pour pallier ces difficultés, il existe de nombreux efforts aux niveaux provincial et fédéral qui visent à faciliter l'accréditation des immigrants au sein des professions réglementées. Plusieurs programmes offrent par exemple des cours d'appoint dans certains domaines spécifiques et des cours de langue. Il s'agit parfois, d'efforts intégrés au niveau de la province, des établissements d'enseignement collégial et universitaire, des employeurs et des organismes de réglementation des professions7. L'impact de ces efforts est difficile à évaluer, mais il est intéressant d'examiner dans quelle mesure les immigrants ayant déclaré un domaine d'études menant à des professions réglementées travaillent dans des professions de faible scolarité. Pour les besoins de l'exercice, nous avons choisi un sous-ensemble des domaines d'études menant à des professions réglementées (tableau 4).

Si on compare avec les Canadiens de naissance, le taux de représentation au sein des professions de faible scolarité pour les diplômés en médecine (générale et spécialisée), soins infirmiers, génie, comptabilité et droit, est plus élevé pour les immigrants et, plus particulièrement pour les immigrants récents. Le taux de représentation des Canadiens de naissance demeurait sous la barre des 10 % pour l'ensemble des professions sélectionnées, et ce, sur toute la période d'observation — le domaine de la comptabilité faisait cependant exception pour les femmes en 1991. On note par ailleurs, peu de variation pour les Canadiens de naissance8.

En 1991, les hommes immigrants de plus longue date affichaient des taux de représentation semblables à ceux des Canadiens de naissance pour les domaines de la médecine et du génie. Ces domaines sont parmi ceux qui ont connu la plus forte croissance entre 1991 et 2006, chez les immigrants de plus longue date, particulièrement celui de la médecine dont le taux est passé de 1 % à 13 %. Pour le domaine de la médecine, l'essentiel de la croissance s'est produit entre 2001 et 2006, et ce, malgré des preuves continues relatives à la pénurie de médecins. Le génie affiche également des taux considérablement plus élevés en 2006 (18 % comparativement à 7 %) et la croissance s'est également produite de façon plus marquée entre 2001 et 200610. Cette détérioration n'est probablement pas étrangère aux pertes d'emploi importantes dans le domaine des TI, tel que mentionné précédemment. En ce qui a trait au domaine de la médecine en 2006, les immigrants de plus longue date n'affichaient presque plus d'avantages par rapport à leurs homologues plus récemment arrivés.

Chez les hommes immigrants récents, déjà en 1991, les taux étaient considérablement plus élevés que ceux des Canadiens de naissance et l'écart s'est creusé davantage avec les années.

Les femmes immigrantes de plus longue date affichaient également en 1991 des taux légèrement supérieurs à ceux de leurs homologues nées au Canada — le domaine de la comptabilité faisait encore exception avec des taux beaucoup plus élevés pour les femmes immigrantes de longue date. En 2006, ces taux avaient crû de manière appréciable, et ce, plus particulièrement pour les domaines du droit et des sciences infirmières où ils avaient triplé tandis que les domaines du génie et de la médecine affichaient des augmentations importantes également. Chez les femmes immigrantes récentes, les taux étaient déjà élevés en 1991 et le sont demeurés en 2006, les domaines de la médecine et du génie affichaient les taux de croissance les plus élevés.

En 2006, les immigrants de plus longue date conservaient encore un certain « avantage » par rapport aux immigrants récents puisque leurs taux étaient généralement plus faibles. Mais cet avantage s'est effrité avec les années.

Conclusion

Au cours de la période s'étendant de 1991 à 2006, la proportion d'immigrants diplômés de l'université qui occupaient des postes de faible scolarité tels que commis, camionneurs, vendeurs, caissiers et chauffeurs de taxi a augmenté. Pour les immigrants récents, cette proportion a oscillé entre 22 % et 28 % pour les hommes et entre 36 % et 44 % pour les femmes. Les immigrants masculins de plus longue date affichaient quant à eux une croissance importante à cet égard, leur proportion étant passée de 12 % à 21 % alors que celle de leurs homologues féminins avait augmenté plus modestement, passant de 24 % à 29 %. Ces proportions tranchaient avec celles observées pour les Canadiens de naissance qui sont demeurées stables à environ 10 % pour les hommes et les femmes.

Ces augmentations pour les immigrants de longue date donnent à penser que les difficultés habituellement constatées chez les immigrants récents, s'étendent aujourd'hui aux immigrants de plus longue date. Cela porte à croire également que les difficultés des immigrants récents ne sont pas nécessairement temporaires.

Pour comprendre cette détérioration, on a examiné le profil de ces deux groupes d'immigrants. Or, les changements observés au niveau du profil des immigrants de longue date — particulièrement en ce qui a trait à la langue et au pays d'origine — expliquaient seulement le quart de cette détérioration pour les immigrants de longue date. Par ailleurs, leur champ d'études — plus souvent dans un domaine des sciences appliquées — ralentissait la progression de leur taux de représentation au sein des postes de faible scolarité. Cet effet de protection était cependant moindre récemment alors que le secteur des technologies de l'information accusait des pertes d'emploi. Ces constatations valaient tant pour les hommes que pour les femmes. Ainsi, si le profil des immigrants arrivés entre 1990 et 1994 était resté le même que pour les immigrants arrivés entre 1975 et 1979, la proportion d'entre eux occupant des professions de faible scolarité en 2006, aurait été de 18 % au lieu de 21 %. Pour les femmes, le taux aurait été d'environ 27 % au lieu de 29 %.

Chez les immigrants récents masculins, les changements observés au niveau du profil expliquaient le cinquième seulement de la croissance alors que chez les femmes, ils expliquaient la presque totalité de l'accroissement.

Par conséquent, une part importante de l'accroissement parmi les immigrants semble attribuable à des facteurs autres que les caractéristiques sociodémographiques. La partie restante pourrait être expliquée par des phénomènes tels que les compétences linguistiques des immigrants, la non-reconnaissance de leurs titres de compétences, de leur niveau de scolarité ou de leur expérience acquise en sol étranger (Green et Worswick, 2002; Picot et Sweetman, 2005; Ferrer, Green et Riddell, 2004; Aydemir et Skuterud, 2004) ou encore par la qualité de l'éducation reçue par les ressortissants de pays d'origine relativement nouveaux (Sweetman, 2004). Par ailleurs, les immigrants arrivés entre 1990 et 1994 ont fait leur entrée sur le marché du travail pendant une récession particulièrement sévère ou pendant la reprise qui a suivi et qui était caractérisée par une faible croissance de l'emploi. Le fait de débuter sa carrière lorsque les taux de chômage sont élevés peut avoir des conséquences à plus long terme sur le salaire des individus (Oreopoulos, von Wachter et Heisz, 2008). Il est donc possible que les récessions aient également des effets sur les chances des immigrants d'occuper un poste de faible scolarité. Les compétences des immigrants qualifiés risquent fort de s'étioler avec le temps, ce qui pourrait contribuer à les empêcher de rétablir leur situation à mesure que les années passent. Également, les immigrants qualifiés sont plus susceptibles de quitter le Canada, à fortiori pendant les périodes de récession (Aydemir et Robinson, 2006). Cela pourrait également expliquer la croissance observée de la propension des immigrants de longue date à occuper des postes de faible scolarité.

Le processus d'accréditation des immigrants récents au sein des professions règlementées peut également avoir une incidence sur leurs chances de trouver un emploi correspondant à leur niveau de scolarité. De façon générale, lorsque les immigrants de longue date (hommes et femmes) avaient un diplôme dans un domaine d'études menant à des professions règlementées comme celles des médecins, infirmières, ingénieurs, avocats et comptables, leurs taux de représentation étaient comparables à ceux des Canadiens de naissance. Cependant, ces taux se sont accrus de façon marquée par la suite. Malgré la persistance des signes continus de pénurie de médecins, le domaine de la médecine affichait la hausse la plus importante. Le domaine du génie subissait également des hausses sensibles qui coïncidaient avec une conjoncture moins favorable, ces dernières années, dans le domaine des technologies de l'information.

En 2006, les immigrants de plus longue date conservaient en général un certain avantage par rapport aux immigrants récents puisque la proportion d'entre eux qui occupaient des postes de faible scolarité était généralement plus faible, mais on constate qu'avec le temps, les proportions se rapprochent et l'écart par rapport aux Canadiens de naissance se creuse.

Source de données et définitions

De 1991 à 2006, les travailleurs inclus dans le Recensement pouvaient être répartis parmi plus de 500 groupes de professions, en fonction de la nature de leur travail et de leurs tâches. On a attribué un niveau de compétence estimé (provenant de la classification nationale des professions) à chacun de ces groupes de professions. Le niveau de compétence reflète le niveau de scolarité habituellement requis sur le marché du travail pour occuper ces professions de même que le niveau de responsabilité (tâches de supervision, professions de la santé) et de risque (policier, pompier) lié à ces professions. Les professions peuvent être réparties entre différents niveaux de compétences : les « professionnels » requérant habituellement des études universitaires, les professions qui requièrent habituellement un diplôme collégial, un certificat ou une formation d'apprenti et finalement celles qui demandent un diplôme d'études secondaires ou moins qui représentent les professions à faible niveau de compétences.

Dans le cadre de cette classification, aucun niveau de compétence n'a été attribué aux gestionnaires, en tant que groupe de professions, en raison de la grande diversité de leur expérience et de leur niveau de scolarité. Dans cette étude, on cherche à connaître la proportion de diplômés universitaires qui occupent une profession peu qualifiée (requérant un niveau de secondaire V ou moins). Nous avons donc uniquement besoin d'identifier les professions ayant un faible niveau de compétences. Étant donné que les gestionnaires ont des tâches de supervision et ont de ce fait, un certain niveau de responsabilité, ces professions ne font pas partie du groupe à faible niveau de compétence.

Dans cet article, on s'attarde aux personnes occupées ayant au moins un baccalauréat, mais exerçant une profession requérant au plus un niveau d'éducation secondaire. En s'en tenant à ces cas, on évite de surestimer les variations du taux de représentation entre 1991 et 2006. Il est en effet peu probable que les professions qui demandaient un niveau secondaire et moins en 1991 requièrent aujourd'hui un baccalauréat ou même davantage. Ainsi, il est raisonnable de penser que les immigrants récents qui détiennent un diplôme universitaire, mais qui ont un emploi de chauffeur de taxi, de barmaid ou de manœuvre dans le secteur primaire par exemple, occupent des emplois requérant une scolarité moindre que celle qu'ils possèdent, et ce, tant en 1991 qu'en 2006. Cette mesure conservatrice de représentation dans des emplois à faible scolarité exclut donc tous les autres cas.

La présente étude utilise les fichiers de microdonnées des Recensements, représentant 20% de la population canadienne. L'échantillon est constitué des individus âgés de 25 à 54 ans détenant un diplôme universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat) et occupant un emploi (comme employé ou travailleur autonome) lors de la semaine de référence du recensement.

Taux de représentation dans des emplois requérant une faible scolarité est un ratio calculé pour les diplômés universitaires âgés de 25 à 54 ans et occupant des postes requérant tout au plus un diplôme d'études secondaire par rapport à l'ensemble des diplômés universitaires occupés âgés de 25 à 54 ans.

Immigrants récents sont définis comme étant arrivés au Canada 1 à 5 ans avant l'année de référence du recensement. En 2006, il s'agissait des personnes arrivées entre 2000 et 2004, en 2001, des personnes arrivées entre 1995 et 1999 et en 1991, des personnes arrivées entre 1985 et 1989. Les immigrants arrivés durant l'année du recensement ou durant celle juste avant ont été exclus pour faciliter la comparaison des résultats avec ceux d'études antérieures (Grant, 1999; Frenette et Morissette, 2003).

Immigrants de plus longue date sont définis comme étant arrivés entre 11 et 15 ans avant l'année de référence du recensement. En 1991, les immigrants de longue date sont ceux qui sont arrivés entre 1975 et 1979 et en 2006, il s'agit des personnes arrivées entre 1990 et 1994.

Extension de la période jusqu'en 1981

La période d'observation s'étend de 1991 à 2006 parce que la classification des professions qui permet l'attribution d'un niveau de compétence n'est disponible que depuis 1991 (Description de la classification basée sur les compétences). Afin d'étendre la période d'observation jusqu'en 1981, on a tenté d'attribuer un niveau de compétence aux codes de la classification de 1981 à partir des tables d'équivalence produites par Statistique Canada.

La classification de 1981 fonctionne sur une toute autre base que celle de 1991 de sorte que chaque profession de 1981 est associée à plusieurs professions de la classification de 1991. Certains codes de 1981 sont associés non seulement à plusieurs professions de la classification de 1991 mais également à plus d'un niveau de compétences.

Sur un total de 595 codes de professions dans la classification de 1981, 206 codes étaient toujours associés à des professions de niveau de compétence non faible dans la classification de 1991 et 146 codes étaient toujours associés à des professions dont le niveau de compétences était faible. Ces professions ne présentaient donc aucune difficulté puisque l'exercice consistait uniquement à attribuer un niveau de compétence (faible ou non faible) à chaque code de 1981 et non pas à établir une équivalence parfaite entre les professions de 1981 et 1991. Le reste des codes était associé à des professions de plusieurs niveaux de compétence (faible et non faible).

On a donc établi deux taux pour l'année 1981, un taux minimum si on suppose que tous les codes qui n'ont pu être associés à un seul niveau de compétence ne sont pas de faible niveau de compétence et un taux maximum si on suppose l'inverse, soit que tous les codes non associés à un niveau de compétence sont de faible niveau de compétence (tableau 5). Ces deux taux donnent les bornes minimum et maximum entre lesquelles le taux de 1981 se situe. Ces bornes ont peu de signification en soi, on a donc préféré utiliser une mesure d'écart des taux entre immigrants et Canadiens de naissance.

En 1981, l'écart était inexistant entre les Canadiens de naissance et les immigrants arrivés 11 à 15 années plus tôt, et ce, que l'on utilise le taux minimum ou maximum pour chacun de ces sous-groupes (tableau 6).

On s'est intéressé à cet écart nul du taux de représentation des immigrants de plus longue date dans les professions de faible scolarité en 1981 puisque l'hypothèse voulant que les immigrants récents faisaient face à des difficultés semblables à celles de nouveaux entrants sur le marché du travail semblait en effet plausible à cette époque. En 1981, après avoir cumulé entre 11 à 15 années de résidence au pays, les immigrants détenant un diplôme universitaire semblaient avoir des chances égales à celles des Canadiens de naissance, d'occuper des postes de faible scolarité. Cet écart augmentait d'ailleurs lorsque diminuait le nombre d'années de résidence au pays. Ainsi, pour les immigrants récents, soit ceux arrivés entre 1 et 5 années avant 1981 l'écart par rapport aux Canadiens de naissance était de 9 à 11 points selon que l'on utilise le taux minimum ou maximum. Pour les immigrants arrivés de 6 à 10 années avant 1981, l'écart était de 6 à 8 points.

En 1991, cependant, un écart de 4 points s'était creusé entre les immigrants de longue date et les Canadiens de naissance et en 2006, cet écart atteignait 10 points. Les changements relatifs au pays d'origine, à la langue, au statut de minorité visible sont encore plus importants entre 1981 et 2006 qu'entre 1991 et 2006. En 1981, les immigrants arrivés au pays 11 à 15 années plus tôt, soit entre 1965 et 1969, étaient beaucoup plus susceptibles d'être originaires d'Amérique du Nord et d'Europe du Nord. Par ailleurs, les immigrants étaient beaucoup plus nombreux également à avoir l'anglais comme langue maternelle, ils étaient plus jeunes et étaient beaucoup moins susceptibles d'être membres d'un groupe de minorité visible (tableau 7). L'ensemble des caractéristiques démographiques entre 1981 et 2006 expliquaient cependant une faible part de l'accroissement de la représentation des immigrants récents au sein des professions de faible scolarité, soit environ 13 %.9


Notes

  1. Dans cet article, les expressions "sous-emploi" et "sous-employé" sont utilisées pour désigner les personnes qui détiennent un diplôme universitaire, mais qui occupent des postes requérant tout au plus un diplôme d'études secondaires.
  2. L'Asie du Sud comprend l'Inde, le Bangladesh, le Bhoutan, les Maldives, le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka et le Timor oriental. L'Asie de l'Est comprend la République populaire de Chine, Hong-Kong, le Japon, la Corée du Nord et du Sud, le Macao, la Mongolie et Taïwan.
  3. Pour vérifier ceci, on a estimé deux régressions (une pour 1991 et une pour 2006) sur la population des hommes immigrants de longue date et des Canadiens de naissance. La variable dépendante était une variable dichotomique prenant la valeur 1 si la personne occupait un poste de faible scolarité et 0 autrement et les variables indépendantes étaient les suivantes : âge, âge au carré, scolarité et une variable dichotomique prenant la valeur 1 s'il s'agissait d'un immigrant de longue date et 0 autrement. Le coefficient de cette dernière variable augmentait autant que l'écart du taux de représentation entre les deux groupes ce qui donne à penser que l'accroissement de l'écart n'est pas dû à des changements dans la structure par âge et dans le niveau de scolarité des deux groupes.
  4. Ces résultats proviennent d'un modèle de décomposition Oaxaca-Blinder. Des régressions en moindres carrés ordinaires ont d'abord été estimées. La variable dépendante était une variable dichotomique prenant la valeur 1 si la personne occupait un poste de faible scolarité et 0 autrement. Même si la variable dépendante était dichotomique, on a procédé à une estimation en MCO puisque la probabilité d'occuper un poste de faible scolarité n'était pas près de 0 ou de 1 (voir Moffitt, 1999). Les variables indépendantes étaient l'âge, l'âge au carré, le niveau de scolarité (pour différencier les baccalauréats des maîtrises et doctorats), le domaine d'études, l'appartenance à un groupe de minorité visible, la région de résidence et le pays d'origine. Le domaine d'études et le niveau de scolarité des femmes immigrantes expliquaient au moins le quart de l'écart entre hommes et femmes. On sait également que les femmes arrivent au Canada plus souvent à titre de conjoint ou pour des raisons de réunification familiale tandis que les hommes entrent plus souvent au Canada à titre d'immigrants économiques. Ces derniers ont habituellement des taux d'emploi plus élevés et ont en général de meilleurs résultats sur le marché du travail que les autres catégories d'immigrants. Le Recensement ne comporte pas d'information sur la catégorie d'immigrants, mais il est possible que cela explique en partie la plus forte prévalence des femmes au sein de professions de faible scolarité.
  5. Des modèles de régression ont été estimés pour quatre groupes distincts, celui des hommes immigrants récents, des hommes immigrants de plus longue date, des femmes immigrantes récentes et des femmes immigrantes de plus longue date. La variable dépendante était la probabilité d'occuper un poste de faible scolarité lorsque l'on détient un diplôme universitaire et les variables indépendantes étaient les suivantes : âge, âge au carré, niveau de scolarité (pour différencier les baccalauréats des maîtrises et doctorats), le fait d'être membre ou non d'un groupe de minorité visible, le pays d'origine, le domaine d'études et la région de résidence. Après avoir estimé un modèle en MCO pour les quatre groupes distincts et pour les années 1991 et 2006, on a procédé à une décomposition Oaxaca-Blinder déterminant les variables qui expliquaient la hausse entre 1991 et 2006 du taux de représentation (voir Note 4). Il est important de préciser que nous cherchons ici à expliquer un accroissement. Certains facteurs peuvent être associés à une forte représentation au sein des professions faiblement scolarisées, mais si le niveau du facteur n'a pas changé, ni le taux de représentation, on ne peut pas dire qu'il soit associé à une croissance.
  6. Ce résultat vient d'une décomposition Oaxaca-Blinder sur les mêmes variables que celles énumérées précédemment, mais portant sur la période de 2001 à 2006.
  7. Voir entre autres : www.etablissement.org et www.citizenship.gov.on.ca/french/, de même que le « Projet visant à faciliter l'accès aux professions et métiers réglementés mis en œuvre par les ministères de l'immigration et des communautés culturelles et leurs partenaires » du gouvernement du Québec.
  8. La classification des domaines d'études a changé entre les recensements de 2001 et 2006. Pour rendre les domaines d'études sélectionnés de 1991 et 2001 compatibles avec ceux de 2006, on a utilisé un fichier d'appariement préliminaire. Les taux pourraient donc être légèrement différents de ce qu'ils auraient été si on avait pu utiliser le fichier final d'appariement.
  9. Ces résultats proviennent d'une décomposition Oaxaca-Blinder dans laquelle on compare les résultats des immigrants arrivés au pays depuis 11 à 15 ans en 1981 et en 2006 en tenant compte des variables âge, sexe, éducation, appartenance à un groupe de minorité visible, pays d'origine et région de résidence. Ces décompositions ont été calculées pour le taux minimum et maximum de 1981. Pour le taux minimum, la décomposition expliquait entre 2 et 9 points des 16 points d'écart alors que pour le taux maximum, la décomposition expliquait entre 3 et 8 points des 8 points d'écart. On a également tenté une décomposition dynamique qui tient compte des changements survenus tant pour les Canadiens de naissance que pour les immigrants au cours de la période de 1981 à 1991. Ce type de décomposition oblige la présence de variables identiques pour les deux sous-populations. Le pays d'origine a donc été retiré des variables explicatives puisque tous les Canadiens proviennent du Canada. Ces décompositions se sont cependant avérées non concluantes en raison du peu de variables pouvant être prises en compte.
  10. La différence entre les valeurs de 1991 et 2006 était significative au seuil de 5 %.

Documents consultés

Auteurs

Diane Galarneau est au service de la Division de l'analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail. On peut la joindre au 613-951-4626 ou à perspective@statcan.gc.ca. René Morissette travaille présentement à l'étranger.