Logo StatCan et la COVID-19: Des données aux connaissances, pour bâtir un Canada meilleur Les Autochtones vivant en milieu urbain : Vulnérabilités aux répercussions socioéconomiques de la COVID-19

par Paula Arriagada, Tara Hahmann et Vivian O’Donnell

Text begins

L’Agence de la santé publique du Canada a indiqué que certains groupes sont plus à risque de développer la COVID-19. Ces groupes pourraient aussi être plus vulnérables au stress et aux défis qui découlent des mesures visant à en ralentir la propagation, y compris la fermeture d’écoles et d’entreprises. Cet article porte sur les vulnérabilités aux répercussions socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 chez les Autochtones vivant en milieu urbain.

Des études antérieures ont souligné les défis auxquels font face les familles et les personnes inuites, métisses et des Premières Nations vivant en milieu urbain, y compris l’absence de soutien traditionnel et l’augmentation du coût de la vie (Place, 2012). Cet article porte sur les 970 000 Autochtones vivant en milieu urbain (hors réserve), et renseigne à l’aide d’indicateurs clés de bien-être économiqueNote . Bien que ces données proviennent d’avant la pandémie de COVID-19 (Recensement de 2016 et Enquête auprès des peuples autochtones de 2017), elles donnent un aperçu des vulnérabilités existantes dans ces régions dans le contexte de la situation économique actuelle.

Environ le quart des Autochtones en milieu urbain en situation de pauvreté

Les personnes et les groupes vulnérables financièrement sont davantage exposés aux conséquences socioéconomiques négatives des interventions visant à réduire la transmission de la COVID-19 (Nations Unies, 2020). Pour ceux qui sont déjà désavantagés sur le plan économique, rester à la maison signifie souvent perdre un revenu qui sert à répondre à des besoins fondamentaux comme le loyer, le transport et la nourriture. Cela peut aussi limiter la capacité des enfants d’entreprendre un apprentissage à la maison s’ils n’ont pas accès à un ordinateur ou à Internet.

Selon la mesure du panier de consommation (MPC), le seuil officiel de pauvreté au Canada, environ le quart (24 %) des Autochtones vivant dans les régions urbaines des provinces vivaient dans la pauvretéNote . En comparaison, 13 % de la population non autochtone de ces régions vivait dans la pauvreté (Graphique 1).

Graphique 1 Pourcentage vivant sous le seuil de pauvreté (mesure du panier de consommation), en milieu urbain, Canada (excluant les territoires), 2015

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Total, Femmes et Hommes (réf.), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Total Femmes Hommes (réf.)
pourcentage
Population authochtone totale 24,0 25,4 22,5
Premières Nations 29,6 31,0 28,0
Métis 17,8 19,0 16,4
Inuit 19,3 19,8 18,8
Population non-autochtone 13,3 13,5 13,0

Alors que 30 % des enfants et des jeunes autochtones de moins de 18 ans habitant en milieu urbain vivaient dans la pauvreté, le pourcentage était plus élevé chez les familles monoparentales. Selon le recensement de 2016, 38 % des enfants et des jeunes autochtones en milieu urbain vivaient avec un parent seul (le plus souvent avec une mère seuleNote ), et plus de la moitié d’entre eux (51 %) vivaient dans la pauvreté. Des taux de pauvreté plus élevés que la moyenne étaient également observés chez les personnes vivant avec des grands-parents sans parent présent (43 %) et les enfants en famille d’accueil (37 %) (Tableau 1).


Tableau 1
Pourcentage vivant sous le seuil de pauvreté (mesure du panier de consommation), enfants et jeunes autochtones (âgés de moins de 18 ans) vivant en milieu urbain, Canada (excluant les territoires), 2015
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Pourcentage vivant sous le seuil de pauvreté (mesure du panier de consommation) Pourcentage sous le seuil de pauvreté(figurant comme en-tête de colonne).
Pourcentage sous le seuil de pauvreté
Total, moins de 18 ans 29,8
Vivant avec deux parents 12,8
Vivant avec un parent seul dans une famile monoparentale 51,2
Vivant avec des grands-parents sans parent présent 42,7
Enfants en famille d’accueil 37,2

Plus d’un Autochtone sur trois habitant en milieu urbain vit dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire

L’insécurité alimentaire se produit lorsqu’au moins un des membres du ménage n’a pas accès à une quantité acceptable d’aliments sains et de qualité en raison de contraintes financières. Il a été démontré que l’insécurité alimentaire entraîne une mauvaise santé physique et mentale (Rotenberg, 2016; Anderson, 2015; Willows et coll., 2011), et qu’elle est également liée à des résultats scolaires plus faibles et au stress familial (Conseil des académies canadiennes, 2014; Butler Walker et coll., 2009). Les ménages qui éprouvaient déjà de l’insécurité alimentaire au début de la pandémie de COVID-19 pourraient être particulièrement vulnérables à ses conséquences économiquesNote .

En 2017, 38 % des Autochtones âgés de 18 ans et plus habitant en milieu urbain vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire. Les proportions étaient de 43 % chez les Premières Nations vivant hors réserve, de 31 % chez les Métis et de 53 % chez les Inuits (graphique 2). De plus, les femmes étaient plus susceptibles d’être en situation d’insécurité alimentaire; 41 % des femmes autochtones âgées de 18 ans et plus vivaient dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire, comparativement à 34 % des hommes autochtones.

Graphique 2 Pourcentage des ménages souffrant d’insécurité alimentaire chez les Autochtones de 18 ans et plus vivant en milieu urbain, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 2 
STableau de données du graphique 2
ommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Total, Femmes et Hommes (réf.), calculées selon percent unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Total Femmes Hommes (réf.)
percent
Population authochtone totale 37,7 40,8Note * 34,0
Premières Nations 42,6 46,6Note * 37,7
Métis 31,1 33,1Note * 28,9
Inuit 53,3 53,0 53,6

Bon nombre déclarent être incapables d’acquitter une dépense imprévue de 500 $

Un indicateur clé qui renseigne sur la capacité à faire face aux conséquences économiques de la pandémie de COVID-19 est la capacité d’acquitter des dépenses imprévues. Lorsqu’on leur a demandé en 2017 si leur ménage pouvait acquitter une dépense imprévue de 500 $ à partir de leurs propres ressources, 39 % des Autochtones vivant en milieu urbain ont répondu qu’ils ne le pouvaient pas (graphique 3). L’écart entre les hommes et les femmes était considérable, puisque 44 % des femmes autochtones ont déclaré ne pas être en mesure d’acquitter une telle dépense imprévue, par rapport à 33 % des hommes autochtones.

Graphique 3 Pourcentage de personnes incapables d'acquitter des dépenses imprévues chez les Autochtones de 18 ans et plus en milieu urbain, Canada, 2017

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Total, Femmes et Hommes (réf.), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Total Femmes Hommes (réf.)
pourcentage
Population
authochtone totale
39,2 44,2Note * 33,2
Premières Nations 44,6 50,4Note * 37,3
Métis 32,7 36,8Note * 28,3
Inuit 45,7 46,7 44,6

La pandémie de COVID-19 continuera d'avoir de profondes répercussions sur le bien-être de tous les Canadiens, incluant les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits. Un premier article du Quotidien, diffusé le 17 avril, portait sur les caractéristiques sociales et de la santé associées à un risque plus élevé de contracter ou de propager la COVID-19, en mettant l’accent sur les collectivités rurales, éloignées et nordiques. Le présent article portait sur les vulnérabilités aux impacts socioéconomiques parmi les Autochtones vivant en milieu urbain.

Au cours des prochaines semaines, Statistique Canada continuera de fournir des renseignements sur les impacts de la pandémie actuelle sur les Autochtones, en mettant notamment à profit des données de la série de collecte de données Répercussions de la COVID-19 sur les Canadiens, une série d’enquêtes menées selon une approche participative dont le but est de recueillir des renseignements en continu sur des sujets liés à la pandémie de COVID-19.

Méthodologie

Les principales sources de données sont l’Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) de 2017 et le Recensement de la population de 2016.

Il est important de noter que les résultats présentés ici concernent la population vivant dans des ménages privés. Les Autochtones qui vivent une situation d’itinérance ou qui vivent dans des logements temporaires ou collectifs peuvent représenter un nombre important de personnes non dénombrées qui vivent sous le seuil de faible revenu.

Identité autochtone : L’expression « identité autochtone » désigne toute personne ayant déclaré être membre d’une Première Nation (Indien de l’Amérique du Nord), Métis ou Inuit, et/ou avoir le statut d’Indien inscrit ou d’Indien des traités (c’est-à-dire un Indien inscrit en vertu de la Loi sur les Indiens du Canada) et/ou être membre d’une Première Nation ou d’une bande indienne. Les données du recensement pour des groupes autochtones précis (Premières Nations, Métis ou Inuits) désignent ceux qui ont déclaré une seule identité, et les résultats de l’EAPA comprennent les groupes d’identité unique et multiple.

Classifications géographiques : Dans le cadre de cette étude, les régions urbaines réfèrent aux centres de population. Les centres de population sont définis comme des régions d’au moins 1 000 habitants et une densité de population de 400 personnes par kilomètre.  Il y a des réserves qui seraient considérées des centres de population en raison de la taille et de la densité de leurs populations; toutefois, en raison du contexte différent de ces collectivités, l’étude ne porte que sur les résidents hors réserve.

Taux de pauvreté : La mesure fondée sur un panier de consommation (MPC) est basée sur le coût d’un panier de biens et de services correspondant à un niveau de vie de base. Le panier comprend le coût de la nourriture, des vêtements, du logement, du transport et d’autres articles pour une famille de référence. On compare ces coûts au revenu disponible des familles pour déterminer si elles vivent sous le seuil de la pauvreté.

L’insécurité alimentaire : Dans l’Enquête auprès des peuples autochtones, par insécurité alimentaire, on entend toute situation où les membres d’un ménage ont déjà mangé les aliments achetés (c’est-à-dire qu’ils manquent de nourriture) et ne disposent pas de suffisamment d’argent pour en racheter, ils n’ont pas les moyens de manger des repas équilibrés ou ils réduisent leurs portions ou sautent des repas parce qu’ils ne disposent pas de suffisamment d’argent pour se procurer assez de nourriture.

Note

Le Profil de la population autochtone, Recensement de 2016, fournit des renseignements sur la population d’identité autochtone de diverses régions géographiques couvrant les provinces et les territoires jusqu’aux subdivisions de recensement et aux régions visées par des traités historiques. De plus amples renseignements se trouvent dans le Profil de la population autochtone du Recensement de 2016, Produit no 98-510-X2016001 au catalogue de Statistique Canada.

Références

Anderson, Thomas. 2015 Les déterminants sociaux d’un niveau élevé de souffrance mentale chez les Inuits. Produit no 89-653-X au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.

Butler Walker, Jody, Norma Kassi et Claire Eamer. 2009. Food Security in Times of Change: A Policy Brief on Food Security for Northern Canada. Whitehorse, Yukon. Arctic Health Research Network – Yukon.

Conseil des académies canadiennes. 2014. La sécurité alimentaire des populations autochtones dans le Nord du Canada : Évaluation de l’état des connaissances, Ottawa. Le comité d’experts sur l’état des connaissances à propos de la sécurité alimentaire dans le Nord du Canada, Conseil des académies canadiennes.

Rotenberg, Cristine. 2016 Enquête auprès des peuples autochtones de 2012 : Les déterminants sociaux de la santé des Premières Nations de 15 ans et plus vivant hors réserve, 2012. Produit no 89-653-X au catalogue de Statistique Canada, Ottawa.

Nations Unies. 2020. COVID-19 et les peuples autochtones. Extrait le 5 mai 2020 de https://www.un.org/development/desa/indigenouspeoples/covid-19.html

Willows, Noreen, Paul Veugelers, Kim Raine et Stefan Kuhle. 2011. « Liens entre l’insécurité alimentaire du ménage et les résultats pour la santé chez les Autochtones (excluant les réserves). » Rapports sur la santé. Vol. 22, no 2. Produit no 82-003-au catalogue de Statistique Canada.

Date de modification :