Rapports économiques et sociaux
L’évolution de la nature du travail depuis le début de la pandémie de COVID-19

Date de diffusion : le 26 juillet 2023

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202300700003-fra

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Résumé

Avant le début de la pandémie de COVID-19, les progrès rapides dans les domaines de l’automatisation et de l’intelligence artificielle ont souvent fait l’objet de discussions sur la nature changeante du travail. La préoccupation, toujours présente aujourd’hui, porte sur la possibilité que les machines et les robots puissent accomplir certaines tâches plus efficacement que les humains, ce qui pourrait entraîner une transformation rapide des emplois et des perturbations potentielles. Parallèlement, la mondialisation croissante et les transformations industrielles peuvent avoir modifié davantage le type de tâches effectuées en milieu de travail. Des travaux antérieurs ont montré que même si la main-d’œuvre s’éloignait des emplois comprenant des tâches manuelles routinières pour se diriger vers des emplois comprenant des tâches cognitives non routinières, les changements étaient modérés et très réguliers entre 1987 et 2018 (Frank et coll., 2021). Ce rythme aurait pu donner aux travailleurs le temps de s’adapter aux réalités du milieu de travail qui évoluaient lentement, soit par la reconversion ou par des facteurs démographiques (c.-à-d. l’attrition des emplois manuels et routiniers à mesure que les travailleurs plus âgés prennent leur retraite). La pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement connexes ont peut-être accéléré ces tendances pour plusieurs raisons. Du côté de l’offre (les travailleurs), les mesures de confinement ont suscité de nombreuses préoccupations en matière d’économie et de santé pour les travailleurs touchés, principalement ceux qui avaient des contacts étroits avec le public ou leurs collègues. Cette situation peut avoir incité certains travailleurs à chercher un emploi comprenant moins de contacts humains. Du côté de la demande (les employeurs), certaines entreprises peuvent avoir cherché à rendre leurs processus de production et de livraison plus résilients à de futures mesures de confinement en investissant dans la technologie de l’automatisation, tandis que toutes les industries peuvent avoir pris de l’expansion ou s’être contractées pour s’adapter aux nouvelles conditions du marché. Le présent article montre que certaines des tendances à long terme relatives à la nature du travail qui prévalaient avant le début de la pandémie se sont non seulement poursuivies pendant la pandémie, mais elles se sont également accélérées. En particulier, la proportion d’employés occupant des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) observée pendant la pandémie a augmenté plus que pendant les trois décennies précédentes. Bien que les augmentations d’emplois comprenant des tâches cognitives non routinières enregistrées pendant la pandémie étaient similaires chez les hommes et les femmes, les baisses correspondantes dans les autres types d’emplois n’ont pas été observées. Chez les hommes, la majeure partie de l’augmentation des emplois dans les professions techniques, libérales et de gestion s’est accompagnée d’une baisse importante des emplois dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (tâches manuelles routinières) et dans les professions dans le secteur des services (tâches manuelles routinières). Chez les femmes, la majeure partie de l’augmentation des emplois dans les professions techniques, libérales et de gestion s’est accompagnée d’une baisse des emplois dans les professions dans le secteur des services. Chez les hommes et les femmes, le déclin dans les professions dans le secteur des services a été particulièrement notable, d’autant plus que la part des emplois dans le secteur des services a en fait augmenté modérément au cours des trois décennies précédant la pandémie. Chez les hommes, le déclin dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution représentait une légère accélération du déclin graduel à long terme établi avant la pandémie. Enfin, l’augmentation des emplois dans les professions techniques, libérales et de gestion, et le déclin des emplois dans les professions dans le secteur des services étaient considérablement plus prononcés chez les jeunes travailleurs (25 à 34 ans) que chez les travailleurs plus âgés (45 à 54 ans). Changer de métier peut avoir nécessité de la formation dans certains cas, et des soutiens gouvernementaux étaient disponibles pour aider les travailleurs déplacés à suivre cette voie s'ils le choisissaient.

Auteur

Marc Frenette travaille à la Division de l’analyse sociale et de la modélisation, Direction des études analytiques et de la modélisation de Statistique Canada.

Introduction

Le suivi des tendances relatives à la nature du travail est important pour de nombreuses raisons. Par exemple, l’évolution rapide de la technologie, en particulier sous la forme de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, pourrait permettre de remplacer certaines tâches traditionnellement accomplies par les humains. Cette situation pourrait conduire à la transformation ou au remplacement d’emplois. La mondialisation croissante pourrait également avoir une incidence sur la nature du travail, selon l’avantage comparatif détenu par différents pays dans la production de divers biens et services. En fait, ces deux facteurs pourraient s’influencer l’un l’autre, car de nouveaux accords commerciaux peuvent accélérer l’adoption de technologie, et l’adoption de technologie peut permettre aux entreprises d’être concurrentielles sur les marchés étrangers (Fort et coll., 2018). Les effets de l’adoption de technologie et de la mondialisation croissante peuvent être positifs ou négatifs, selon la mesure dans laquelle les travailleurs s’adaptent à leurs nouveaux rôles. L’une des considérations importantes est la vitesse à laquelle ces changements se produisent. Des changements lents et prévisibles peuvent donner aux travailleurs, aux entreprises et aux décideurs le temps d’apporter les ajustements nécessaires (p. ex. pour permettre la formation).

La nature du travail est également importante dans la mesure où la réussite professionnelle ne se définit pas uniquement par les revenus. Le type d’activités professionnelles peut également entrer en ligne de compte. Des données probantes indiquent qu’il peut être difficile d’atteindre des objectifs professionnels, parce qu’il y a une grande disparité entre les professions que les étudiants du secondaire aspirent à exercer à l’âge de 30 ans et la répartition réelle des professions occupées par des personnes de 30 ans (Frenette, 2009).

Frank et coll. (2021) ont examiné les tendances relatives aux types d’emplois occupés par les Canadiens entre 1987 et 2018. Leurs travaux ont révélé un mouvement constant et progressif s’éloignant du travail manuel routinier et se tournant vers un travail cognitif non routinier au cours de cette période. Fait intéressant, Frank et coll. (2021) n’ont pas constaté une accélération des tendances auxquelles on pouvait s’attendre au cours des années 2010, lorsque l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique ont fait des progrès importants.

Depuis, la pandémie de COVID-19 et les mesures de confinement qui y sont associées ont suscité de nombreuses préoccupations en matière d’économie et de santé pour les travailleurs et les employeurs, ce qui pourrait avoir eu une incidence sur l’offre et la demande pour certaines tâches liées à l’emploi. Du côté de l’offre, les travailleurs peuvent avoir cherché un emploi comprenant moins de contacts directs avec les gens, comme des emplois professionnels, qui peuvent souvent être effectués à domicile en cas de confinement. Du côté de la demande, les employeurs pourraient avoir tenté de rendre leurs processus de production et de livraison plus résilients en cas de confinement futur. Il s’agit d’automatiser les tâches, puisque les machines, les robots et les algorithmes informatiques ne sont pas vulnérables aux virus biologiques. En fait, des données semblent indiquer que les investissements dans les robots se sont accélérés pendant la pandémieNote . En revanche, Cardoso et Malloy (2021) soulignent une diminution de la mondialisation (mesurée par les importations et les exportations entre le Canada et les États-Unis) qui était directement liée à la gravité de la COVID-19 (mesurée par les cas, les hospitalisations et les décès). Dans certains cas, des industries peuvent avoir connu un ralentissement ou une expansion en raison de la pandémie afin de s’adapter aux nouvelles conditions du marché. Ces facteurs de l’offre et de la demande ne sont pas des entités indépendantes, car les travailleurs occupant des emplois présentant le risque de transformation le plus faible en raison de l’automatisation (habituellement des personnes hautement scolarisées, selon Frenette et Frank, 2020) sont également les plus susceptibles de pouvoir faire leur travail à la maison (Messacar et coll., 2020). À l’inverse, certains travailleurs dans le secteur des services et de la production peuvent faire face à des risques d’automatisation relativement élevés et être en contact étroit avec le public ou des collègues.

La question de savoir si les tendances évoquées par Frank et coll. (2021) ont continué à se maintenir pendant la pandémie est une question ouverte. L’objectif de la présente étude est de mettre à jour les tendances relatives à l’évolution de la nature du travail établies par Frank et coll. (2021), grâce à de nouvelles données couvrant la période de pandémie (jusqu’en 2022 inclusivement). L’approche selon Autor et coll. (2003), classe les professions en quatre grandes catégories : les professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières), les professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières), les professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières), et les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (tâches manuelles routinières)Note .

Accélération de la tendance à long terme vers des tâches cognitives non routinières pendant la pandémie

Au cours des trois décennies qui ont précédé la pandémie, le milieu de travail canadien s’est graduellement éloigné des emplois requérant des tâches principalement routinières et manuelles, pour se tourner vers des emplois requérant principalement des tâches cognitives non routinières (graphique 1). Cette transformation a été lente, mais constante. En 1987, 29,5 % des employés travaillaient dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (tâches manuelles routinières). En 2019, ce pourcentage avait diminué pour s’établir à 21,8 %. Au cours de la même période, la proportion d’employés qui occupaient des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) est passée de 23,7 % en 1987 à 32,3 % en 2019. De plus faibles variations ont été observées dans les professions dans le secteur des services (19,2 % en 1987; 21,3 % en 2019) et dans les professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (27,6 % en 1987; 24,6 % en 2019).

Graphique 1 Proportion d’employés selon le groupe d’activité professionnelle, 1987 à 2022

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières), Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières), Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) et Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières) Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières)
pourcentage
1987 23,7 19,2 27,6 29,5
1988 24,4 18,7 28,1 28,8
1989 24,1 19,0 27,8 29,1
1990 25,1 18,9 27,6 28,4
1991 26,0 18,9 27,7 27,5
1992 26,1 19,3 27,6 26,9
1993 26,7 19,5 27,3 26,5
1994 27,4 19,4 26,8 26,4
1995 28,0 19,1 26,5 26,5
1996 27,4 19,7 26,1 26,8
1997 28,1 19,3 25,7 26,9
1998 28,3 19,1 26,0 26,6
1999 28,2 19,4 26,1 26,3
2000 28,2 19,6 26,2 26,1
2001 27,8 19,6 27,0 25,7
2002 27,9 19,9 26,5 25,7
2003 27,6 20,2 26,6 25,6
2004 27,7 20,2 26,6 25,5
2005 28,5 20,0 26,4 25,1
2006 29,2 20,2 26,0 24,6
2007 29,1 20,8 26,1 24,0
2008 29,6 20,7 26,1 23,7
2009 29,6 21,1 26,0 23,3
2010 30,4 21,6 25,7 22,4
2011 30,0 21,4 25,9 22,7
2012 30,4 21,5 25,1 23,0
2013 30,6 21,4 25,3 22,7
2014 30,2 21,7 25,4 22,7
2015 31,2 21,5 25,1 22,2
2016 31,5 21,3 24,9 22,3
2017 31,7 21,2 25,3 21,9
2018 31,7 21,1 25,2 21,9
2019 32,3 21,3 24,6 21,8
2020 33,8 20,5 24,6 21,0
2021 34,8 19,4 25,0 20,8
2022 36,0 19,2 24,3 20,5

Le passage graduel à des emplois associés à des tâches cognitives non routinières s’est accéléré pendant la pandémie. Plus précisément, la proportion d’employés occupant des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion est passée de 32,3 % en 2019 à 36,0 % en 2022. Cela représente une augmentation de 3,7 points de pourcentage (significatif à 0,1 %) sur une courte période (trois ans). La croissance de la proportion des employés occupant des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion au cours des trois dernières années représentait 30,1 % de la croissance au cours des 35 dernières années.

L’augmentation de 3,7 points de pourcentage de la part des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion pendant la pandémie s’est accompagnée d’une baisse des professions dans le secteur des services (-2,1 points de pourcentage, significatif à 0,1 %) et des professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (-1,2 point de pourcentage, significatif à 0,1 %). Le déclin dans les professions dans le secteur des services a été particulièrement notable, d’autant plus que la part des emplois dans le secteur des services a augmenté modérément au cours des trois décennies précédant la pandémie. La part des emplois dans les professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif a été relativement stable pendant cette période (-0,3 point de pourcentage, non significatif à 10 %).

Bien sûr, certains des changements dans la nature du travail pendant la pandémie auraient pu être causés par de nouvelles conditions du marché ou l’adoption de technologie qui auraient pu avoir une incidence sur la répartition de l’emploi dans l’industrie. Après la prise en compte des variations de la composition de l’industrie sur l’ensemble de la période (1987 à 2022), la part des emplois dans les professions techniques, libérales et de gestion a augmenté de 2,0 points de pourcentage pour s’établir à 2,3 points de pourcentage entre 2019 et 2022 (en baisse par rapport à une augmentation de 3,7 points de pourcentage des données brutes). Ce changement était considérablement plus important que pour toute période de trois ans enregistrée au cours de la période de 1987 à 2022, à l’exception de la période de 1992 à 1995, où une augmentation semblable a été enregistréeNote .

Les tendances récentes dans les tâches liées à l’emploi diffèrent pour les hommes et les femmes

Bien qu’il y ait eu des augmentations semblables de la proportion d’hommes et de femmes occupant un emploi dans les professions techniques, libérales et de gestion pendant la pandémie, les deux sexes ont enregistré une baisse de la proportion de différents types de professions.

En effet, la proportion des hommes occupant un emploi dans les professions techniques, libérales et de gestion a augmenté de 3,8 points de pourcentage (significatif à 0,1 %) pendant la pandémie pour passer de 30,7 % en 2019 à 34,5 % en 2022 (graphique 2). Cette augmentation n’était que légèrement plus élevée que celle enregistrée chez les femmes, soit 3,6 points de pourcentage (également significatif à 0,1 %), alors que la proportion est passée de 34,0 % en 2019 à 37,6 % en 2022 (graphique 3).

Graphique 2 Proportion d’employés (hommes) selon le groupe d’activité professionnelle, 1987 à 2022

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières), Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières), Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) et Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières) Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières)
pourcentage
1987 24,1 13,8 16,1 46,0
1988 24,9 13,8 16,2 45,2
1989 24,4 13,9 15,7 46,0
1990 24,6 14,0 16,2 45,2
1991 25,9 14,1 16,0 44,1
1992 25,7 14,5 16,3 43,5
1993 26,0 14,8 16,1 43,0
1994 26,9 14,6 15,7 42,9
1995 27,4 14,4 15,2 42,9
1996 26,5 14,7 15,6 43,3
1997 27,5 14,1 15,0 43,4
1998 27,5 14,2 15,7 42,6
1999 28,1 14,0 15,8 42,2
2000 28,0 13,9 16,2 41,9
2001 27,3 13,9 17,2 41,7
2002 27,7 14,1 16,7 41,6
2003 26,9 14,3 16,8 41,9
2004 27,1 14,2 17,2 41,6
2005 27,7 14,3 16,7 41,3
2006 28,6 14,2 16,6 40,7
2007 28,2 14,9 16,7 40,2
2008 28,7 14,6 16,7 40,0
2009 28,6 15,0 16,6 39,8
2010 29,4 15,8 16,3 38,5
2011 28,8 15,3 17,2 38,8
2012 28,6 15,3 16,5 39,6
2013 29,0 15,2 16,6 39,2
2014 28,7 15,6 16,8 38,9
2015 29,8 15,6 16,6 38,1
2016 29,7 15,5 16,9 38,0
2017 30,1 15,5 17,2 37,3
2018 29,9 15,4 17,3 37,5
2019 30,7 15,4 17,1 36,9
2020 32,0 15,1 17,5 35,5
2021 32,6 14,0 18,1 35,3
2022 34,5 13,9 16,8 34,8

Graphique 3 Proportion d’employées (femmes) selon le groupe d'activité professionnelle, 1987 à 2022

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières), Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières), Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) et Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières) Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières)
pourcentage
1987 23,4 25,6 41,3 9,9
1988 23,9 24,5 41,9 9,7
1989 23,8 24,7 41,8 9,7
1990 25,6 24,5 40,6 9,4
1991 26,0 24,4 40,7 8,9
1992 26,6 24,8 40,2 8,4
1993 27,4 24,7 39,7 8,2
1994 28,0 24,7 39,1 8,2
1995 28,6 24,2 38,9 8,3
1996 28,3 25,4 37,9 8,5
1997 28,8 25,0 37,6 8,7
1998 29,1 24,5 37,3 9,1
1999 28,5 25,3 37,2 9,0
2000 28,4 25,6 37,0 9,0
2001 28,4 25,6 37,4 8,7
2002 28,2 26,2 36,9 8,6
2003 28,2 26,4 36,9 8,5
2004 28,3 26,4 36,5 8,8
2005 29,4 25,8 36,6 8,1
2006 29,9 26,5 35,8 7,8
2007 30,1 26,8 35,9 7,3
2008 30,6 26,8 35,7 6,9
2009 30,7 27,3 35,6 6,5
2010 31,4 27,4 35,3 5,9
2011 31,3 27,7 34,9 6,2
2012 32,1 27,8 33,9 6,1
2013 32,2 27,7 34,2 5,9
2014 31,8 28,0 34,3 5,9
2015 32,7 27,7 33,9 5,7
2016 33,4 27,4 33,2 6,0
2017 33,3 27,1 33,7 5,9
2018 33,6 27,1 33,5 5,8
2019 34,0 27,5 32,4 6,1
2020 35,8 26,2 32,1 5,9
2021 37,0 25,2 32,1 5,7
2022 37,6 24,7 31,9 5,8

Chez les hommes, l’augmentation de la proportion des travailleurs exerçant des professions techniques, libérales et de gestion était accompagnée d’une baisse de la proportion des travailleurs exerçant des professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (-2,1 points de pourcentage) et des professions dans le secteur des services (-1,4 point de pourcentage), les deux étant significatifs à 0,1 %. En revanche, la majeure partie de l’augmentation de la proportion de femmes occupant un emploi dans les professions techniques, libérales et de gestion était accompagnée d’une baisse de la proportion de celles occupant un emploi dans les professions dans le secteur des services (-2,8 points de pourcentage, significatif à 0,1 %).

Les deux graphiques suivants montrent les variations en points de pourcentage entre 2019 et 2022 de la proportion des personnes exerçant des professions plus précises au sein de chacune des quatre grandes catégories d’activités professionnelles pour les hommes (graphique 4) et les femmes (graphique 5). Ces constatations révèlent l’importance des résultats désagrégés selon le sexe et les professions plus détaillées. En fait, dans la plupart de ces grandes catégories de professions et de sexe, la proportion de travailleurs a augmenté dans certaines professions, mais a diminué dans d’autres. De plus, les tendances pour les professions plus détaillées étaient parfois différentes pour les hommes et les femmes.

Graphique 4 Variation en points de pourcentage de la part des emplois entre 2019 et 2022, hommes

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4. Les données sont présentées selon Classification nationale des professions 2016 (titres de rangée) et Variation en points de pourcentage entre 2019 et 2022(figurant comme en-tête de colonne).
Classification nationale des professions 2016 Variation en points de pourcentage entre 2019 et 2022
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières)
Personnel professionnel des sciences naturelles et appliquées (21) 1,91Note ***
Cadres intermédiaires spécialisés/cadres intermédiaires spécialisées (01-05) 1,08Note ***
Personnel professionnel en gestion des affaires et en finance (11) 0,37Note *
Cadres intermédiaires des métiers, des transports, de la production et des services d’utilité publique (07-09) 0,27Note *
Personnel professionnel en services d’enseignement (40) 0,27Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel professionnel du droit et des services gouvernementaux, sociaux et communautaires (41) 0,19Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel professionnel en soins infirmiers (30) 0,15Note **
Cadres intermédiaires dans le commerce de détail, de gros et des services à la clientèle (06) 0,10
Personnel professionnel des arts et de la culture (51) 0,07
Personnel professionnel des soins de santé (sauf soins infirmiers) [31] 0,03
Personnel technique des soins de santé (32) 0,01
Cadres supérieurs/cadres supérieures (00) -0,01
Personnel technique assimilé aux sciences naturelles et appliquées (22) -0,32Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel technique des arts, de la culture, des sports et des loisirs (52) -0,35Note **
Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières)
Personnel de soutien des services de santé (34) 0,16Note *
Personnel des services de protection publique de première ligne (43) 0,15Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel paraprofessionnel des services juridiques, sociaux, communautaires et de l’enseignement (42) 0,04
Dispensateurs/dispensatrices de soins et personnel de soutien en enseignement, en droit et en protection publique (44) 0,00
Représentants/représentantes de services et autre personnel de services à la clientèle et personnalisés (65) -0,53Note ***
Personnel de supervision en services et personnel de services spécialisés (63) -0,62Note ***
Personnel de soutien en service et autre personnel de service, non classé ailleurs (67) -0,64Note ***
Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières)
Personnel de supervision du travail administratif et financier et personnel administratif (12) 0,46Note ***
Personnel de soutien de bureau (14) 0,18Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel de coordination de la distribution, du suivi et des horaires (15) 0,05
Personnel de supervision des ventes au détail et personnel des ventes spécialisées (62) -0,03
Personnel en finance, assurance et personnel assimilé en administration des affaires (13) -0,10
Personnel de soutien des ventes (66) -0,21
Représentants/représentantes des ventes et vendeurs/vendeuses - commerce de gros et de détail (64) -0,59Note ***
Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières)
Personnel d’installation, de réparation et d’entretien et manutentionnaires (74) 0,17
Superviseurs/superviseures et métiers techniques dans les ressources naturelles, l’agriculture et la production connexe (82) 0,02
Manœuvres à la récolte, en aménagement paysager et en ressources naturelles (86) -0,01
Monteurs/monteuses dans le secteur de la fabrication (95) -0,04
Opérateurs/opératrices de machinerie reliée à la transformation et à la fabrication et autre personnel assimilé (94) -0,07
Personnel en ressources naturelles, en agriculture et en production connexe (84) -0,09
Personnel de soutien des métiers, manœuvres et aides d’entreprise en construction et autre personnel assimilé (76) -0,19Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel de supervision dans la transformation, la fabrication et les services d'utilité publique et opérateurs/opératrices de poste central de contrôle (92) -0,25Note *
Personnel des métiers d’entretien et d’opération d’équipement (73) -0,35Tableau de données du graphique 4 Note 
Personnel en opération d'équipement de transport et de machinerie lourde et autre personnel assimilé à l’entretien (75) -0,36Tableau de données du graphique 4 Note 
Manœuvres dans la transformation, la fabrication et les services d’utilité publique (96) -0,40Note ***
Personnel des métiers de l’électricité, de la construction et des industries (72) -0,54Note *

Graphique 5 Variation en points de pourcentage de la part des emplois entre 2019 et 2022, femmes

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5. Les données sont présentées selon Classification nationale des professions 2016 (titres de rangée) et Variation en points de pourcentage entre 2019 et 2022(figurant comme en-tête de colonne).
Classification nationale des professions 2016 Variation en points de pourcentage entre 2019 et 2022
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières)
Personnel professionnel en gestion des affaires et en finance (11) 1,17Note ***
Personnel professionnel des sciences naturelles et appliquées (21) 0,68Note ***
Cadres intermédiaires spécialisés/cadres intermédiaires spécialisées (01-05) 0,54Note ***
Personnel professionnel du droit et des services gouvernementaux, sociaux et communautaires (41) 0,47Note **
Personnel professionnel des soins de santé (sauf soins infirmiers) [31] 0,30Note ***
Personnel professionnel en soins infirmiers (30) 0,27Tableau de données du graphique 5 Note 
Personnel professionnel en services d’enseignement (40) 0,24
Personnel technique assimilé aux sciences naturelles et appliquées (22) 0,14
Personnel technique des soins de santé (32) 0,05
Cadres intermédiaires des métiers, des transports, de la production et des services d’utilité publique (07-09) 0,04
Personnel professionnel des arts et de la culture (51) 0,04
Cadres supérieurs/cadres supérieures (00) -0,02
Cadres intermédiaires dans le commerce de détail, de gros et des services à la clientèle (06) -0,03
Personnel technique des arts, de la culture, des sports et des loisirs (52) -0,29Note *
Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières)
Personnel de soutien des services de santé (34) 0,10
Personnel des services de protection publique de première ligne (43) 0,02
Personnel paraprofessionnel des services juridiques, sociaux, communautaires et de l’enseignement (42) 0,00
Dispensateurs/dispensatrices de soins et personnel de soutien en enseignement, en droit et en protection publique (44) -0,14
Personnel de supervision en services et personnel de services spécialisés (63) -0,65Note ***
Personnel de soutien en service et autre personnel de service, non classé ailleurs (67) -0,76Note ***
Représentants/représentantes de services et autre personnel de services à la clientèle et personnalisés (65) -1,40Note ***
Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières)
Personnel de supervision du travail administratif et financier et personnel administratif (12) 0,47Note *
Personnel de supervision des ventes au détail et personnel des ventes spécialisées (62) 0,06
Personnel en finance, assurance et personnel assimilé en administration des affaires (13) -0,02
Représentants/représentantes des ventes et vendeurs/vendeuses - commerce de gros et de détail (64) -0,03
Personnel de soutien des ventes (66) -0,07
Personnel de coordination de la distribution, du suivi et des horaires (15) -0,12
Personnel de soutien de bureau (14) -0,81Note ***
Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières)
Personnel des métiers d’entretien et d’opération d’équipement (73) 0,11Note *
Personnel d’installation, de réparation et d’entretien et manutentionnaires (74) 0,06
Personnel de supervision dans la transformation, la fabrication et les services d’utilité publique et opérateurs/opératrices de poste central de contrôle (92) 0,04
Personnel en opération d’équipement de transport et de machinerie lourde et autre personnel assimilé à l’entretien (75) 0,01
Personnel de soutien des métiers, manœuvres et aides d’entreprise en construction et autre personnel assimilé (76) 0,00
Personnel des métiers de l’électricité, de la construction et des industries (72) -0,01
Monteurs/monteuses dans la fabrication (95) -0,01
Personnel en ressources naturelles, en agriculture et en production connexe (84) -0,02
Superviseurs/superviseures et métiers techniques dans les ressources naturelles, l’agriculture et la production connexe (82) -0,03
Manœuvres à la récolte, en aménagement paysager et en ressources naturelles (86) -0,07Tableau de données du graphique 5 Note 
Opérateurs/opératrices de machinerie reliée à la transformation et à la fabrication et autre personnel assimilé (94) -0,10
Manœuvres dans la transformation, la fabrication et les services d’utilité publique (96) -0,23Note **

Parmi les professions techniques, libérales et de gestion, la part de l’emploi a augmenté dans la plupart des cas, tant chez les hommes que chez les femmes, en particulier parmi les emplois professionnels et les emplois de gestion. La plus forte augmentation chez les hommes a été observée pour le personnel professionnel des sciences naturelles et appliquées : elle est passée de 6,8 % de tous les emplois chez les hommes en 2019 à 8,7 % en 2022 (en hausse de 1,9 point de pourcentage, significatif à 0,1 %). Chez les femmes, la plus forte augmentation a été observée pour le personnel professionnel en gestion des affaires et en finance pour passer de 4,2 % en 2019 à 5,4 % en 2022 (en hausse de 1,2 point de pourcentage, significatif à 0,1 %). La part de l’emploi n’a diminué (modérément) que pour un petit nombre de professions, toutes de nature technique (encore une fois, tant chez les hommes que chez les femmes).

La part de l’emploi dans les professions dans le secteur des services a diminué dans trois catégories chez les hommes et les femmes : représentants/représentantes de services et autre personnel de services à la clientèle et personnalisés; personnel de supervision en services et personnel de services spécialisés; personnel de soutien en service et autre personnel de service, non classés ailleurs. La plus forte baisse a été enregistrée dans les professions de représentants/représentantes de services et autre personnel de services à la clientèle et personnalisés chez les femmes, pour passer de 6,8 % en 2019 à 5,4 % en 2022 (en baisse de 1,4 point de pourcentage, significatif à 0,1 %). Des hausses très modérées de la part des emplois ont été enregistrées chez les hommes pour le personnel de soutien des services de santé et pour le personnel des services de protection publique de première ligne.

Dans l’ensemble, et comme mentionné précédemment, il n’y a pas eu de changement dans la part des emplois correspondant aux professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif. Toutefois, pour les hommes et les femmes, les répartitions plus détaillées des professions ont révélé un petit nombre de gains et de pertes dans les parts des emplois. Premièrement, la part de l’emploi pour le personnel de supervision du travail administratif et financier et personnel administratif a augmenté de 0,5 point de pourcentage tant chez les hommes (significatif à 0,1 %) que chez les femmes (significatif à 5 %). La part des emplois chez les représentants/représentantes des ventes et vendeurs/vendeuses - commerce de gros et de détail, a diminué chez les hommes (-0,6 point de pourcentage, significatif à 0,1 %). Fait intéressant, la part des emplois pour le personnel de soutien de bureau a diminué chez les femmes (-0,8 point de pourcentage, significatif à 0,1 %), mais a augmenté modérément chez les hommes (+0,2 point de pourcentage, significatif à 10 %). Il convient de mentionner qu’une proportion beaucoup plus faible d’hommes occupaient un emploi de soutien de bureau en 2019 (1,1 %) comparativement aux femmes au cours de cette année-là (7,0 %).

Des baisses importantes de la part des emplois ont été enregistrées chez les hommes dans bon nombre des professions les plus détaillées de la grande catégorie des professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution. Chez les femmes, il y avait beaucoup moins de baisses significatives, et ces dernières étaient moins importantes que celles enregistrées chez les hommes. Ce constat n’est peut-être pas surprenant, car la proportion d’hommes occupant des emplois dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (36,9 %) était environ six fois plus élevée que la proportion de femmes occupant ces emplois (6,1 %) en 2019.

Augmentation du nombre de professions requérant des tâches cognitives non routinières presque deux fois plus importantes chez les jeunes travailleurs que chez les travailleurs plus âgés

L’augmentation des professions techniques, libérales et de gestion et le déclin des professions dans le secteur des services étaient considérablement plus prononcés chez les jeunes travailleurs (25 à 34 ans) que chez les travailleurs plus âgés (45 à 54 ans). Plus précisément, la proportion de personnes exerçant des professions techniques, libérales et de gestion a augmenté de 5,6 points de pourcentage (significatif à 0,1 %) entre 2019 et 2022 chez les 25 à 34 ans, comparativement à 3,2 points de pourcentage (significatif à 0,1 %) chez les 45 à 54 ans (graphique 6). Parallèlement, la proportion de personnes exerçant des professions dans le secteur des services a diminué de 2,6 points de pourcentage (significatif à 0,1 %) chez les 25 à 34 ans, comparativement à une baisse de 1,2 point de pourcentage (significatif à 1 %) chez les 45 à 54 ans. La baisse de la part de l’emploi dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution était semblable pour les deux groupes d’âgeNote .

Graphique 6 Croissance de la proportion des employés selon le groupe d’activité professionnelle entre 2019 et 2022

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6 25 à 34 ans et 45 à 54 ans, calculées selon points de pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
25 à 34 ans 45 à 54 ans
points de pourcentage
Professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) 5,61Note *** 3,25Note ***
Professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières) -2,61Note *** -1,24Note **
Professions dans le domaine de la vente, du travail de bureau et du soutien administratif (tâches cognitives routinières) -0,68 0,07
Professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l'exécution (tâches manuelles routinières) -2,31Note * -2,08Note ***

Bien qu’il n’y ait aucune façon de prédire l’avenir, les tendances par groupe d’âge peuvent donner un aperçu des tendances futures. La demande croissante pour des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion peut être plus facilement satisfaite par les jeunes travailleurs, dont le capital humain peut être plus malléable. Autrement dit, les jeunes travailleurs sont peut-être mieux placés pour faire un virage, car ils ont généralement moins de responsabilités familiales qui les empêchent de retourner aux études et ils ont plus d’années pour récupérer leurs investissements.

Conclusion

Pendant plusieurs décennies avant la pandémie de COVID-19, la nature du travail au Canada s’est lentement orientée vers des tâches cognitives non routinières et s’est éloignée des tâches manuelles routinières. Cette tendance était probablement attribuable à l’adoption graduelle de la technologie de l’automatisation et à la mondialisation croissante. À la suite de fermetures qui ont été coûteuses pour les entreprises et les travailleurs, les entreprises ont peut-être cherché à rendre la production de leurs biens et services plus résiliente grâce à l’automatisation, tandis que les travailleurs ont peut-être cherché des emplois qui seraient moins sensibles à de futures fermetures.

Le présent article révèle que certaines des tendances à long terme relatives à la nature du travail qui étaient présentes avant la pandémie se sont non seulement poursuivies pendant la pandémie, mais ont également commencé à s’accélérer pour la première fois depuis des décennies. En particulier, la proportion d’hommes et de femmes occupant des postes dans les professions techniques, libérales et de gestion (tâches cognitives non routinières) a augmenté plus rapidement qu’au cours des trois décennies précédentes. Ce changement s’est accompagné d’une baisse notable de la proportion d’hommes et de femmes exerçant des professions dans le secteur des services (tâches manuelles non routinières) et, chez les hommes, d’une légère accélération d’une tendance à la baisse à long terme de la part des emplois dans les professions liées à la production, aux corps de métier, à la réparation et à l’exécution (tâches manuelles routinières). Enfin, l’augmentation des professions techniques, libérales et de gestion et le déclin des professions dans le secteur des services étaient considérablement plus prononcés chez les jeunes travailleurs (25 à 34 ans) que chez les travailleurs plus âgés (45 à 54 ans). Changer de métier peut avoir nécessité de la formation dans certains cas, et des soutiens gouvernementaux étaient disponibles pour aider les travailleurs déplacés à suivre cette voie s'ils le choisissaient.

Les travaux futurs dans ce domaine devraient continuer de suivre ces tendances à mesure que l’économie évolue dans un monde post-pandémie, en raison de l’évolution de la demande et des conditions de l’offre pour différents types de travailleurs. Du côté de la demande, ce point est d’autant plus important que la technologie continue d’évoluer et que la transformation de l’emploi qui en découle oblige les travailleurs, les entreprises et les décideurs à réfléchir à la nécessité de mettre en place des stratégies d’adaptation. Comprendre l’évolution de la nature du travail peut également fournir des renseignements utiles aux personnes qui prennent des décisions concernant leur éducation et à celles qui sont impliquées dans des stratégies de recherche d’emploi. Il sera particulièrement intéressant de surveiller la capacité de l’intelligence artificielle à imiter les humains dans des fonctions avancées. Par exemple, Korinek (2023) démontre l’utilité de grands modèles linguistiques (comme ChatGPT) en économie à titre d’adjoints de recherche et de tuteurs dans six domaines : idéation, rédaction, recherche de fond, analyse de données, codage et dérivations mathématiques. D’autres formes d’intelligence artificielle se développent également rapidement dans les domaines de la musique, de la visualisation, des conversations simulées, etc. Du côté de l’offre, les pénuries de main-d’œuvre actuelles semblent être très concentrées dans des emplois ne requérant pas d’études postsecondairesNote , ce qui pourrait également avoir une incidence sur les tendances en matière de type de travail effectué par la main-d’œuvre canadienne (selon la façon dont les travailleurs, les employeurs et les décideurs réagissent aux conditions changeantes du marché du travail).

Bibliographie

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Frenette, M. 2009. « Objectifs de carrière au secondaire : les élèves connaissent- ils les moyens pour les atteindre, et est-ce important? », Direction des études analytiques : documents de recherche, produit no 11F0019M320 au catalogue de Statistique Canada.

Frenette, M. et K. Frank. 2020. « Automatisation et transformation des emplois au Canada : qui est à risque? », Direction des études analytiques : documents de recherche, produit no 11F0019M448 au catalogue de Statistique Canada.

Korinek, A. 2023. Language models and cognitive automation for economic research (document de travail no 30957), National Bureau of Economic Research.

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