Rapports économiques et sociaux
Mesurer la valeur de la contribution des femmes à l’économie canadienne : nouveaux renseignements fondés sur des travaux récents

par Jeannine N. Bailliu et Danny Leung
Date de diffusion : le 22 février 2023 Date de correction : le 24 février 2023

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202300200001-fra

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Avis de correction

Dans l’article « Mesurer la valeur de la contribution des femmes à l’économie canadienne : nouveaux renseignements fondés sur des travaux récents » publié le 22 février 2023, deux erreurs ont été relevées dans la troisième phrase du premier paragraphe.

Le pourcentage « taux d'activité » a été ajusté de 85,0 % à 85,1 % et le pourcentage « taux d'emploi » a été ajusté de 84,7 % à 81,6 %. Cela a été modifié dans les versions HTML et PDF de ce document.

Les femmes jouent un rôle clé dans l’économie canadienne en tant que travailleuses, entrepreneures, ainsi que comme prestataires de travail non rémunéré des ménages. Les femmes contribuent de façon importante au marché du travail. En novembre 2022, le taux d’activité (85,1 %) et le taux d’emploi (81,6 %) des femmes du principal groupe d’âge actif (25 à 54 ans) ont atteint des sommets recordsNote . Les femmes sont aussi des dirigeantes et des entrepreneures. En 2018, plus de 5 000 des 28 000 administrateurs au sein des conseils d’administration des sociétés au Canada étaient des femmesNote . Elles étaient également propriétaires majoritaires de 272 000 entreprises privées sur 1,3 million et propriétaires à parts égales de 208 000 autres entreprises privées en 2018Note . Parallèlement, les femmes continuent d’effectuer la majorité du travail ménager. De 2015 à 2018, les femmes effectuaient 60,1 % du total des heures de travail ménager non rémunéréNote .

Le présent article résume les recherches récentes de Statistique Canada qui portent sur l’amélioration des estimations de la contribution des femmes à l’économie, au moyen du travail rémunéré et non rémunéré. La taille de l’économie a généralement été mesurée par le produit intérieur brut (PIB), et les contributions des femmes et des hommes au PIB ont été évaluées approximativement en fonction de leur part dans la rémunération du travail (p. ex. les salaires, les traitements et les revenus supplémentaires du travail). Toutefois, cette approche ne tient pas compte de l’autre composante importante du PIB, à savoir le revenu du capital, dont la répartition entre les hommes et les femmes peut être différente de celle du revenu du travail. Faryaar et coll. (2022) examinent la structure de propriété des entreprises privées en utilisant des microfichiers administratifs pour calculer la part du revenu du capital des entreprises privées (p. ex. les bénéfices) selon le sexeNote . Ils estiment qu’en 2018, 49,2 % du PIB auraient pu être attribuables aux hommes, 28,5 % aux femmes, et que 22,4 % n’étaient pas attribués. Cette partie non attribuable représente, entre autres, les bénéfices des entreprises détenues de façon différente (p. ex. les sociétés cotées en bourse), les sociétés étrangères et le revenu du capital du secteur public (p. ex. l’administration publique et la partie publique des secteurs de la santé et de l’éducation).

Toutefois, le PIB est limité parce que, selon la convention internationale, certaines activités ne sont pas incluses dans les comptes nationaux. Parmi ces activités figure le travail non rémunéré dans le ménage, comme la cuisine, le nettoyage et la prestation de soins aux personnes à charge jeunes et âgées. Ces activités sont principalement effectuées par des femmes. Besporstov et Sinclair (2022) estiment qu’en 2018, la valeur monétaire du travail ménager non rémunéré se situait environ entre 25,5 % et 37,3 % du PIB, selon la méthode utiliséeNote , et constatent que les femmes représentaient entre 56,7 % et 57,9 % de la valeur du travail non rémunéré. Les auteurs remarquent que ces parts sont inférieures à la part des femmes dans le nombre d’heures de travail ménager non rémunéré (60,1 %) en raison de l’écart salarial entre les hommes et les femmes et parce que les tâches ménagères qui sont habituellement effectuées par les femmes (p. ex. le nettoyage et la prestation de soins) sont également moins rémunérées sur le marché que les tâches principalement effectuées par les hommes (p. ex. les réparations et l’entretien)Note .

Le graphique 1 combine les estimations de Faryaar et coll. (2022) et Besporstov et Sinclair (2022) pour fournir des estimations de la contribution des femmes et des hommes à l’activité économique, y compris l’activité de travail rémunérée et non rémunéréeNote . Faryaar et coll. (2022) ont indiqué que la contribution des femmes au PIB était de 28,5 % en 2018. Lorsque la valeur du travail non rémunéré est incluse, leur contribution à l’activité économique s’élève à 35,8 %. En revanche, la contribution des hommes au PIB était de 49,2 %, mais cette proportion diminue à 47,5 % lorsque la valeur du travail non rémunéré est incluse, parce qu’ils effectuent moins de travail non rémunéré. Les 16,8 % restants sont des revenus du capital qui ne peuvent être attribués à un sexe.

Valeur du travail non rémunéré et rémunéré selon le sexe et le revenu qui ne peut être attribuée à un sexe en 2018

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Millions de dollars et Pourcentage(figurant comme en-tête de colonne).
Millions de dollars Pourcentage
1 099 952 37
308 276 10
424 386 14
637 167 22
498 556 17

Malgré la contribution croissante des femmes au PIB (Faryaar et coll. [2022] montrent que la contribution des femmes au PIB a augmenté pour passer de 25,7 % à 28,5 % entre 2008 et 2018), le graphique 1 indique que les différences entre les hommes et les femmes persistent encore. Comme l’ont suggéré Besporstov et Sinclair (2022), l’écart salarial entre les hommes et les femmes joue un rôle. En outre, si les femmes renoncent à des possibilités de revenu plus élevé pour accomplir davantage d’activités ménagères, des efforts continus visant à réduire les obstacles à la participation des femmes au travail rémunéré peuvent aider.

On a déterminé que le coût des services de garde était un obstacle potentiel à la pleine participation des femmes au marché du travail, que ce soit leur entrée sur le marché du travail, leur capacité à travailler à temps plein ou leur capacité à occuper des postes de direction. Gu (2022) a trouvé des preuves qui démontrent que l’introduction du programme universel de services de garde à contribution réduite au Québec a entraîné une augmentation du taux d’activité des femmes et de l’utilisation des services de garde rémunérés dans la province. L’introduction de services de garde à faible coût dans l’ensemble du Canada est donc de bon augure, car elle permet d’éliminer un obstacle important à l’activité des femmes sur le marché du travail ou de réduire ses effets.

Enfin, Faryaar et coll. (2022) montrent que lorsque l’on tient compte du revenu du capital, la différence entre la contribution des hommes au PIB et celle des femmes s’élargit. Ce n’est pas surprenant, car il y a actuellement plus d’entreprises appartenant à des hommes au Canada que d’entreprises appartenant à des femmes, et les entreprises appartenant à des femmes ont tendance à être plus petites et à avoir des taux de croissance de la productivité plus faiblesNote . Il peut y avoir des obstacles propres à la propriété d’entreprise auxquels les femmes sont confrontées, et il est important de les comprendre, mais ces obstacles sont probablement liés à ceux auxquels les femmes sont confrontées sur le marché du travail. Par exemple, Grekou et Watt (2021) constatent que l’écart entre les taux de croissance de la productivité des entreprises appartenant à des femmes et de celles appartenant à des hommes semble attribuable au fait que les hommes entrepreneurs sont plus susceptibles d’avoir une expérience antérieure au sein de l’industrie que leurs homologues féminins.

Auteurs

Jeannine N. Bailliu et Danny Leung travaillent à la Division de l’analyse économique de Statistique Canada.

Bibliographie

Besporstov, S., et A. Sinclair. 2022. « Estimation de la valeur économique du travail ménager non rémunéré au Canada, 2015 à 2019 », Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens, Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/13-605-x/2022001/article/00001-fra.pdf?st=yDTADb39

Faryaar, H., R. Macdonald et J. Watt. 2022. « Améliorer la mesure de la contribution des femmes à l’économie : estimation du produit intérieur brut selon le sexe », Rapports économiques et sociaux, vol. 2, no 10. https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/36-28-0001/2022010/article/00003-fra.pdf?st=P386NEfl

Grekou, D., J. Li et H. Liu. 2018. « Mesure de la propriété d’entreprises selon le sexe dans la Base de données canadienne sur la dynamique employeurs-employés », Études analytiques : méthodes et références, no 17, Statistique Canada. Mesure de la propriété d’entreprises selon le sexe dans la Base de données canadiennes sur la dynamique employeurs-employés (statcan.gc.ca)

Grekou, D., et B. Gueye. 2021. « Qui sont les hommes et les femmes qui deviennent propriétaires d’entreprise au Canada? », Direction des études analytiques : documents de recherche, no 459, Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11f0019m/11f0019m2021002-fra.pdf

Grekou, D., et J. Watt. 2021. « Examen de l’écart de productivité du travail entre les entreprises appartenant à des femmes et celles appartenant à des hommes : l’influence d’une expérience antérieure au sein de l’industrie », Direction des études analytiques : documents de recherche, no 464, Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/11f0019m/11f0019m2021007-fra.pdf?=9wXiDto0

Gu, W. 2022. «  La valeur des soins des enfants non rémunérés et de l’emploi rémunéré selon le sexe : quelles sont les répercussions du programme universel de services de garde à contribution réduite », Rapports économiques et sociaux, vol. 2, no 7.https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/pub/36-28-0001/2022007/article/00003-fra.pdf?st=INRqH1ip

Houle, P., M. Turcotte et M. Wendt. 2017. « Évolution de la participation des parents aux tâches domestiques et aux soins des enfants de 1986 à 2015 », Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale, Statistique Canada. Évolution de la participation des parents aux tâches domestiques et aux soins des enfants de 1986 à 2015 (statcan.gc.ca)

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