Rapports économiques et sociaux
Rémunération réelle et productivité au cours de la pandémie de COVID-19

Date de diffusion : le 27 octobre 2022

DOI : https://doi.org/10.25318/36280001202201000002-fra

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Résumé

Une hausse de la rémunération et des prix a caractérisé la pandémie en 2021 et en 2022. La forte montée des coûts unitaires de main-d’œuvre a soulevé des préoccupations en matière de compétitivité. Le présent article éclaire la discussion en permettant d’examiner l’évolution de la rémunération réelle dans le secteur des entreprises au cours de la pandémie et la question de savoir si cette variation a reflété celle de la productivité du travail. Il a été montré que la rémunération réelle (rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du produit intérieur brut) au deuxième trimestre de 2022 était inférieure de 7,1 % à celle enregistrée lors du premier trimestre de 2019. En revanche, la productivité du travail a diminué de seulement 0,3 % au cours de la même période. Même si l’écart qui s’est créé depuis le début de la pandémie a des précédents, il est proche de la limite de sa fourchette historique. De plus, la rémunération réelle calculée en ajustant la rémunération totale par heure travaillée selon le déflateur de l’Indice des prix à la consommation a augmenté de 3,6 % au cours de la même période. La différence en matière de rémunération réelle suggère que le prix des biens et services produits par les travailleurs a augmenté par rapport au prix des biens et services consommés par les travailleurs. La hausse du prix relatif peut être liée à une croissance plus forte du prix de la formation brute de capital fixe (en particulier les bâtiments résidentiels et non résidentiels) et au prix des exportations par rapport à celui des dépenses de consommation finale.

Auteurs

Danny Leung et Ryan Macdonald travaillent à la Division de l’analyse économique de Statistique Canada.

Introduction

L’augmentation d’une année à l’autre de l’inflation des prix à la consommation a atteint 8,1 % en juin 2022, ce qui représente son niveau le plus élevé depuis janvier 1983Note 1. En effet, la majeure partie de 2021 et 2022 a jusqu’à présent été marquée par une inflation croissante. Les sources de cette inflation comprennent des défis généraux en matière d’approvisionnement et une forte demande, au moment où l’économie se rétablit de la pandémie de COVID-19Note 2.

Des preuves suggèrent que les entreprises canadiennes devraient continuer à augmenter les prix et les salaires. Les résultats de l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises du deuxième trimestre 2022 ont indiqué que près des deux cinquièmes (39,0 %) des entreprises s’attendent à augmenter les prix au cours des trois prochains mois; ce qui constitue une hausse continue par rapport à un quart des entreprises (25,9 %) enregistré au trimestre précédentNote 3. En consultant les données de la même enquête pour le premier trimestre 2022, Morissette (2022) constate que parmi les entreprises s’attendant à l’obstacle de pénuries de main-d’œuvre au cours des trois prochains mois, près de la moitié (46 %) ont prévu d’augmenter les salaires des nouveaux employés et que près des deux tiers (64 %) ont prévu augmenter les salaires des employés existants.

Du fait de l’augmentation de la rémunération, les coûts unitaires de main-d’œuvre (rémunération totale du travail par unité de production) ont monté en flèche. Au cours du deuxième trimestre de 2022, les coûts unitaires de main-d’œuvre (en dollars américains) pour le secteur des entreprises étaient 21,7 % plus élevés qu’au premier trimestre de 2019. Cela peut être comparé à une croissance des coûts unitaires de main-d’œuvre de 16,6 % aux États-Unis au cours de la même période. Des coûts unitaires de main-d’œuvre supérieurs, en particulier par rapport à des partenaires commerciaux clés, rendent les investissements au Canada moins attrayants et peuvent entraîner une perte de compétitivité à l’avenir.

Le présent article étudie la façon dont la rémunération réelle a évolué par rapport à la productivité du travail, afin de déterminer si l’augmentation de la rémunération reflète les hausses de prix et des notions fondamentales. L’augmentation de la productivité du travail (production valeur ajoutée par heures travaillées) est partagée entre les entreprises et les travailleurs. Sharpe et coll. (2008b) ainsi que Williams (2021) montrent que, malgré certaines déviations, la rémunération réelle et la productivité du travail ont augmenté de façon comparable sur le long terme. Dans de nombreux pays, toutefois, la hausse de la rémunération réelle a été plus lente que celle de la productivité du travailNote 4. Des raisons de ce phénomène comprennent la mondialisation et le pouvoir de négociation réduit des travailleurs, la numérisation et la montée des entreprises superstar s’appropriant une grande part du surplus de production, l’importance croissante des actifs à dépréciation plus rapide (comme les immobilisations incorporelles) nécessitant une part de capital plus importante aux fins de maintien, et les transformations de la structure industrielle vers des industries capitalistiques.

Suivant de récentes études ayant examiné cette évolution au Canada par le passé (voir Sharpe et coll. [2008a, 2008b], Greenspon et coll. [2021], Sharpe et Ashwell [2021] et Williams [2021]), le présent article examine la relation entre la rémunération réelle et la productivité. Il analyse, en particulier, si cette relation a changé depuis le début de la pandémie et si elle est sensible à l’utilisation de différents déflateurs dans le calcul de la rémunération réelle.

La rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du produit intérieur (PIB) a augmenté à un taux plus lent que la productivité du travail entre le premier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2022. Même si l’écart qui s’est déclaré depuis le début de la pandémie entre la rémunération réelle et la productivité du travail a des précédents, il est proche de la limite de sa fourchette historique. L’écart ne peut pas s’expliquer entièrement par des prix plus élevés du pétrole et du gaz. La rémunération réelle relative à la productivité du travail a également diminué une fois le secteur pétrolier et gazier retiré du secteur des entreprises dans son ensemble, même si dans une moindre mesure que lorsque ce secteur y est inclus. La rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur des prix à la consommation a augmenté entre le premier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2022. Cela a eu lieu du fait d’une croissance plus rapide des prix des biens et services produits par les travailleurs (déflateur du PIB) par rapport à la hausse des prix des biens et services consommés par les travailleurs (prix à la consommation).

La section suivante présente la relation entre la productivité du travail et la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB.

La croissance de la rémunération réelle totale par heure travaillée a pris du retard sur la productivité du travail, entre le premier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2022

Nous examinons dans la présente section la relation entre la productivité du travail et la rémunération totale par heure travaillée. En général, les entreprises maximisent les profits en choisissant les intrants de sorte que leurs coûts marginaux soient égaux à leurs revenus marginaux. Dans le cas du travail, le coût marginal d’utiliser une heure supplémentaire de travail est le taux de rémunération horaire ( w MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacaWG3baaaa@3712@ ), alors que le revenu marginal est la valeur de la production supplémentaire créée en travaillant cette heure supplémentaire tout en maintenant les autres intrants constants :

w = p × Δ Y Δ H .                                                                                                   ( 1 ) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacaWG3bGaeyypa0JaamiCaiabgEna0oaalaaapaqaa8qacqqHuoar caWGzbaapaqaa8qacqqHuoarcaWGibaaaiaacckacaGGGcGaaiiOai aacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGa aiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckaca GGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaa cckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaai iOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckacaGG GcGaaiiOaiaacckacaGGGcGaaiiOaiaacckapaWaaeWaaeaapeGaaG ymaaWdaiaawIcacaGLPaaaaaa@7A3F@

p MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacaWGWbaaaa@370B@ est le prix de la production de l’entreprise, ΔY MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacqqHuoarcaWGzbaaaa@385A@ est la variation de la production et ΔH MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacqqHuoarcaWGibaaaa@384A@ est la variation du nombre d’heures travaillées. L’augmentation de la production par heure travaillée supplémentaire dépend de la technologie de production de l’entreprise. Selon un rendement d’échelle constant, en supposant une fonction de production de Cobb-Douglas standard et en divisant les deux termes par le prix de la production, l’équation (1) devient :

w p =α Y H .                                                  ( 2 ) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qadaWcaaWdaeaapeGaam4DaaWdaeaapeGaamiCaaaacqGH9aqpcqaH XoqydaWcaaWdaeaapeGaamywaaWdaeaapeGaamisaaaaaaa@3CF4@

La rémunération horaire réelle est proportionnelle à la productivité du travail (production par heure travaillée). La technologie de production utilisée par l’entreprise influe sur cette proportion; ce qui établit l’importance relative du travail au sein du processus de production, α MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacqaHXoqyaaa@37B6@ . Au fil du temps, si α MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacqaHXoqyaaa@37B6@ demeure fixe, la croissance de la rémunération horaire réelle devrait être égale à la croissance de la productivité du travail. Passer de la théorie au niveau de l’entreprise au secteur des entreprises signifie qu’une corrélation parfaite n’est pas attendue à chaque période. Des variations de la composition des entreprises et des industries existent au fil du temps (chacune avec ses propres technologies de production et circonstances) et les rémunérations ne sont pas toujours automatiquement et instantanément mises à jour par les entreprises. De plus, certaines de ces variations peuvent être de longue durée. Comme nous l’avons mentionné, la rémunération horaire réelle relative à la productivité du travail a diminué dans de nombreux pays.

Le graphique 1 montre que la rémunération totale réelle par heure travaillée (rémunération horaire divisée par le déflateur du PIB) a évolué avec la productivité du travail (production valeur ajoutée réelle par heure travaillée) au fil du temps dans le secteur des entreprises. Au cours des trimestres récents, toutefois, rémunération réelle a diminué plus vite que la productivité du travail. La rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB au cours du deuxième trimestre de 2022 était 7,1 % inférieure à celle du premier trimestre de 2019, par rapport à un écart de 0,3 % seulement pour la productivité du travail. Le graphique 2 montre que malgré des précédents de l’écart entre la productivité du travail et la rémunération totale réelle par heure travaillée des premier et deuxième trimestres de 2022, elle se situait à l’extrémité supérieure de sa fourchette historique et justifie une surveillance accrue. L’indice cumulatif de l’écart en 2022 (jusqu’au deuxième trimestre) était de 93,7; l’année de référence de 1997 étant 100 et le seul point de donnée inférieur étant 92,7 en 2005.

Le graphique 2 présente l’évolution de la rémunération totale réelle par heure travaillée par rapport à la productivité du travail, une fois le secteur pétrolier et gazier exclu du secteur des entreprises. Les points de données pour 2019 à 2022 à ce jour sont projetés pour le secteur pétrolier et gazier, car la valeur ajoutée nominale pour ce secteur n’est pas disponible pour ces annéesNote 5. Le secteur du pétrole et du gaz est capitalistique; le travail y influe donc relativement moins sur la productivité de l’industrie que dans des secteurs nécessitant plus de main-d’œuvre ( α MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacqaHXoqyaaa@37B6@  est inférieur dans le secteur pétrolier et gazier). Une évolution vers ce secteur (des prix du pétrole et du gaz plus élevés augmentent la part de la valeur ajoutée nominale du secteur pétrolier et gazier) ralentirait la croissance de la rémunération totale réelle par heure travaillée par rapport à la productivité du travail. Le graphique 2 montre que d’omettre le secteur pétrolier et gazier ralentit le recul de la rémunération réelle par rapport à la productivité du travail, sans l’éliminer. Entre 2019 et 2022 à ce jour, la rémunération réelle par rapport à la productivité du travail dans le secteur des entreprises a diminué de 3,5 % par rapport à 2,1 % dans le secteur des entreprises ne comprenant pas le secteur pétrolier et gazierNote 6.

graphique 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Productivité du travail et Rémunération totale par heure travaillée, calculées selon indice (T1 1981 = 100) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Productivité du travail Rémunération totale par heure travaillée
indice (T1 1981 = 100)
1981
T1 100,000 100,000
T2 100,346 101,272
T3 99,420 101,816
T4 99,972 104,377
1982
T1 100,283 105,220
T2 101,289 105,849
T3 102,620 105,114
T4 102,209 104,735
1983
T1 104,553 105,255
T2 104,857 104,824
T3 104,440 103,386
T4 106,272 104,420
1984
T1 108,134 104,784
T2 109,313 105,686
T3 108,295 106,081
T4 109,641 107,247
1985
T1 110,798 108,252
T2 109,937 107,609
T3 109,773 107,766
T4 110,249 107,513
1986
T1 108,902 107,329
T2 109,610 108,328
T3 109,816 108,387
T4 107,432 108,363
1987
T1 109,086 108,597
T2 109,046 108,129
T3 110,405 108,631
T4 110,422 108,953
1988
T1 111,458 110,348
T2 111,267 110,998
T3 110,948 111,101
T4 110,925 111,468
1989
T1 111,649 112,360
T2 111,396 111,790
T3 110,873 111,590
T4 110,891 113,183
1990
T1 111,563 113,839
T2 110,934 114,234
T3 110,157 114,145
T4 110,155 115,633
1991
T1 110,317 117,365
T2 110,826 117,469
T3 111,115 118,719
T4 111,191 119,136
1992
T1 112,140 120,031
T2 112,710 120,959
T3 113,889 121,277
T4 114,463 121,739
1993
T1 114,229 121,229
T2 115,192 120,120
T3 116,534 121,269
T4 116,065 119,657
1994
T1 117,921 119,887
T2 118,512 121,053
T3 118,277 119,311
T4 117,756 118,150
1995
T1 119,818 118,758
T2 119,679 118,489
T3 118,891 118,715
T4 119,004 118,381
1996
T1 118,029 117,991
T2 118,228 117,791
T3 118,291 117,745
T4 119,405 118,846
1997
T1 121,240 120,019
T2 122,060 122,320
T3 122,039 123,113
T4 122,438 122,417
1998
T1 125,291 126,045
T2 124,319 127,150
T3 124,677 128,681
T4 125,490 129,501
1999
T1 128,161 129,545
T2 127,633 128,180
T3 129,995 128,595
T4 129,999 128,302
2000
T1 132,665 129,894
T2 134,185 132,026
T3 135,430 131,693
T4 134,384 130,630
2001
T1 134,615 129,351
T2 136,007 131,567
T3 137,008 135,606
T4 138,643 138,660
2002
T1 139,235 137,144
T2 138,532 134,475
T3 138,940 134,321
T4 138,791 133,691
2003
T1 138,536 131,266
T2 139,527 134,792
T3 139,094 132,626
T4 138,331 132,291
2004
T1 137,986 132,002
T2 139,030 131,772
T3 140,653 132,560
T4 141,402 132,678
2005
T1 141,438 133,281
T2 142,126 134,405
T3 143,962 134,436
T4 145,023 134,338
2006
T1 145,664 136,312
T2 144,410 136,252
T3 144,912 137,514
T4 145,467 139,538
2007
T1 146,075 139,632
T2 145,968 139,043
T3 145,369 139,642
T4 144,084 138,209
2008
T1 143,467 136,667
T2 143,682 134,649
T3 145,452 135,479
T4 144,869 142,873
2009
T1 143,673 146,019
T2 144,112 146,609
T3 144,480 144,533
T4 146,066 142,527
2010
T1 145,707 139,910
T2 144,723 139,911
T3 146,263 142,487
T4 146,370 141,136
2011
T1 147,368 141,654
T2 147,493 140,900
T3 148,434 140,758
T4 149,791 141,362
2012
T1 149,276 142,724
T2 148,248 144,032
T3 147,908 145,091
T4 147,945 145,424
2013
T1 148,927 145,146
T2 149,775 146,032
T3 151,073 146,517
T4 152,992 148,271
2014
T1 152,514 146,441
T2 155,413 148,935
T3 156,982 150,197
T4 157,497 151,579
2015
T1 156,432 155,921
T2 154,289 154,864
T3 154,124 153,748
T4 154,142 155,423
2016
T1 154,213 153,001
T2 153,846 152,681
T3 156,118 152,090
T4 156,140 150,489
2017
T1 157,964 150,415
T2 158,234 150,668
T3 157,190 152,269
T4 157,561 151,876
2018
T1 157,500 152,788
T2 158,831 152,130
T3 159,329 152,395
T4 158,972 156,531
2019
T1 159,228 155,911
T2 159,302 154,681
T3 160,093 157,333
T4 160,740 157,979
2020
T1 166,611 167,562
T2 187,674 198,683
T3 169,669 169,695
T4 166,908 164,375
2021
T1 162,909 155,316
T2 162,108 155,272
T3 160,368 154,160
T4 159,374 149,682
2022
T1 158,392 148,258
T2 158,700 144,897

graphique 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Secteur des entreprises, Secteur des entreprises sauf l’extraction de pétrole et de gaz et Secteur des entreprises sauf l’extraction de pétrole et de gaz—projection, calculées selon indice (1997 = 100) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Secteur des entreprises Secteur des entreprises sauf l’extraction de pétrole et de gaz Secteur des entreprises sauf l’extraction de pétrole et de gaz—projection
indice (1997 = 100)
1981 102 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1982 104 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1983 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1984 97 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1985 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1986 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1987 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1988 100 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1989 101 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1990 103 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1991 107 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1992 107 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1993 104 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1994 101 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1995 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1996 100 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1997 100 100 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1998 102 101 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
1999 100 100 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2000 97 100 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2001 97 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2002 97 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2003 95 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2004 94 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2005 93 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2006 93 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2007 94 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2008 93 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2009 99 101 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2010 96 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2011 94 97 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2012 96 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2013 96 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2014 95 98 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2015 99 99 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2016 97 96 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2017 95 96 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer
2018 96 97 97
2019 97 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 98
2020 101 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 100
2021 96 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 96
2022 94 Note ...: n'ayant pas lieu de figurer 96

La rémunération horaire totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur de l’Indice des prix à la consommation a augmenté, car le prix des biens et services produits par rapport au prix des biens et services consommés a augmenté

Dans la précédente section, la rémunération horaire totale était ajustée selon le déflateur du PIB, le prix implicite de la production valeur ajoutée produite au Canada. Du point de vue d’une entreprise maximisant son profit, l’utilisation du déflateur du PIB est pertinente, car il s’agit du prix qu’elle reçoit pour sa production. En revanche, les travailleurs perçoivent la rémunération réelle différemment des entreprises, puisque la combinaison des biens et services qu’ils consomment est différente de celle des biens et services produits. Cette combinaison diffère du fait du commerce international (p. ex. des travailleurs consomment des biens et services provenant d’autres pays) et parce que les biens créés ne sont pas tous consommés immédiatement (p. ex. investissement en logement ou en machines et matériel).

L’Indice des prix à la consommation est souvent interprété comme une mesure de la variation du coût de la vie des ménages. Il représente la hausse du niveau de prix d’un panier typique de biens et services achetés directement par les ménages. Le graphique 3 compare la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur de l’Indice des prix à la consommation, la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB et la productivité du travail, depuis le premier trimestre de 2019. La rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur des prix à la consommation a augmenté au début de la pandémie, puis a diminué jusqu’au premier trimestre de 2021 et est demeurée relativement stable depuis. Globalement, la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur des prix à la consommation au deuxième trimestre de 2022 était 3,6 % supérieure à celle du premier trimestre de 2019. En comparaison, la productivité du travail est 0,3 % inférieure et la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB est 7,1 % inférieure.

L’augmentation plus rapide du déflateur du PIB par rapport aux prix à la consommation signifie que le prix des biens et services que les travailleurs produisent augmente plus rapidement que le prix des biens et services qu’ils consomment. Sharpe (2008a, 2008b) et Williams (2021) désignent ce ratio (le prix de production relatif au prix de consommation) comme étant les termes de l’échange du travail. Son amélioration (hausse au cours de la pandémie) a permis une augmentation de la rémunération totale des travailleurs relative aux prix à la consommation par rapport à la productivité du travail, malgré le recul de la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB relativement à la productivité du travail. Pour que cette idée soit plus concrète, le terme de gauche de l’équation (2) peut être modifié en le multipliant par un, le prix à la consommation ( p C MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qacaWGWbWdamaaBaaaleaapeGaam4qaaWdaeqaaaaa@382E@ ) sur le prix à la consommation,

w p × p C p C = α Y H ,                                                                                                   ( 3 ) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aaatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qadaWcaaWdaeaapeGaam4DaaWdaeaapeGaamiCaaaacqGHxdaTdaWc aaWdaeaapeGaamiCa8aadaWgaaWcbaWdbiaadoeaa8aabeaaaOqaa8 qacaWGWbWdamaaBaaaleaapeGaam4qaaWdaeqaaaaak8qacqGH9aqp cqaHXoqydaWcaaWdaeaapeGaamywaaWdaeaapeGaamisaaaaaaa@439B@

puis en réorganisant les termes :

w p C = α Y H × p p C .                                                                                                   ( 4 ) MathType@MTEF@5@5@+= feaagKart1ev2aqatCvAUfeBSjuyZL2yd9gzLbvyNv2CaerbuLwBLn hiov2DGi1BTfMBaeXatLxBI9gBaerbd9wDYLwzYbItLDharqqtubsr 4rNCHbGeaGqiVu0Je9sqqrpepC0xbbL8F4rqqrFfpeea0xe9Lq=Jc9 vqaqpepm0xbba9pwe9Q8fs0=yqaqpepae9pg0FirpepeKkFr0xfr=x fr=xb9adbaqaaeGaciGaaiaabeqaamaabaabaaGcbaaeaaaaaaaaa8 qadaWcaaWdaeaapeGaam4DaaWdaeaapeGaamiCa8aadaWgaaWcbaWd biaadoeaa8aabeaaaaGcpeGaeyypa0JaeqySde2aaSaaa8aabaWdbi aadMfaa8aabaWdbiaadIeaaaGaey41aq7aaSaaa8aabaWdbiaadcha a8aabaWdbiaadchapaWaaSbaaSqaa8qacaWGdbaapaqabaaaaaaa@43A1@

L’équation (4) montre que la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le prix à la consommation est proportionnelle à la productivité du travail et au ratio du déflateur du PIB sur le prix à la consommation (termes de l’échange du travail).

graphique 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 IPC, Déflateur du prix implicite des DCF, Déflateur du PIB et Productivité du travail, calculées selon indice (T1 2019 = 100) unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
IPC Déflateur du prix implicite des DCF Déflateur du PIB Productivité du travail
indice (T1 2019 = 100)
2019
T1 100,000 100,000 100,000 100,000
T2 99,428 99,529 99,211 100,047
T3 100,527 100,728 100,912 100,543
T4 101,375 101,384 101,326 100,949
2020
T1 105,576 105,253 107,473 104,637
T2 123,849 122,327 127,434 117,865
T3 109,588 108,861 108,841 106,557
T4 107,185 106,796 105,429 104,823
2021
T1 104,395 103,916 99,618 102,311
T2 106,697 106,876 99,590 101,808
T3 106,052 106,597 98,877 100,715
T4 103,876 104,563 96,005 100,091
2022
T1 104,217 104,763 95,091 99,475
T2 103,603 105,562 92,936 99,668

Examiner les déflateurs des composantes du PIB selon les dépenses éclaire davantage ce constat. Le déflateur implicite du PIB selon les dépenses et le déflateur du PIB implicite des comptes de productivité du travail du secteur des entreprises ne sont pas strictement comparables, car le premier concerne l’économie totale, alors que le deuxième concerne le secteur des entreprises. Au cours de la période de 2019 à 2022, cependant, leurs variations sont très similaires.

Des composantes majeures du PIB selon les dépenses comprennent les dépenses de consommation finale, la formation brute de capital fixe et les échanges nets (exportations moins importations). Les dépenses de consommation finale comprennent les dépenses de consommation finale des ménages (les dépenses totales en biens et services achetés directement par les ménages) ainsi que les dépenses de consommation finale des institutions sans but lucratif au service des ménages et les dépenses de consommation finale des administrations publiques générales (biens et services consommés par les ménages, mais payés indirectement par les institutions sans but lucratif et les administrations publiques). Le déflateur du prix implicite pour les dépenses de consommation finale fournit une mesure du coût de consommation par les ménages plus large que l’Indice des prix à la consommationNote 7. Le tableau 3 présente les données de la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du prix implicite des dépenses de consommation finale. Ces données sont pratiquement identiques lorsque les prix à la consommation sont utilisés comme déflateur. Par conséquent, le prix des autres composantes des dépenses du PIB est responsable de la différence relative au déflateur du PIB et aux prix à la consommation.

Le tableau 1 présente la croissance cumulative et la contribution à la croissance des déflateurs du prix implicite pour certains composantes du PIB selon les dépenses, entre le premier trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2022. Le déflateur implicite pour le PIB selon les dépenses était de 20,1 %; presque deux fois celui de la hausse du prix des dépenses de consommation finale (10,3 %). Les prix des bâtiments résidentiels (33,3 %) et non résidentiels (18,8 %), parts importantes de la formation brute de capital fixeNote 8, ont augmenté plus rapidement que le prix des dépenses de consommation finale. Les prix des autres composantes de la formation brute de capital fixe ont augmenté plus lentement que les dépenses de consommation finale (p. ex. machines et matériel et produits de la propriété intellectuelle) ou ont constitué une part relativement faible de la formation brute de capital fixe.

Cette hausse rapide des prix des exportations de biens (44,4 %) au cours de cette période a également contribué considérablement à la différence entre les tendances du déflateur du PIB et des prix de consommation finale. Cette contribution est présentée au tableau 1, qui montre aussi la contribution en pourcentage par rapport à la croissance cumulative du déflateur pour le PIB aux prix du marché. La contribution de la variation des prix à l’exportation et à l’importation (34,0 %) est supérieure à la croissance des prix dans la formation brute de capital fixe (21,7 %). La hausse des prix des bâtiments résidentiels (33,3 %) a représenté plus de la moitié (13,5 points de pourcentage des 21,7 %) de la formation brute de capital fixe.

En résumé, les travailleurs ont bénéficié de la hausse des termes de l’échange du travail, car elle a permis l’augmentation de leur rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur des prix à la consommation, malgré le déclin de la productivité du travail et le recul plus important de la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIBNote 9. Il est incertain si cette augmentation des termes de l’échange du travail peut se maintenir au cours des prochains trimestres. Le resserrement de la politique monétaire (augmentation de deux points de pourcentage du taux d’intérêt de la politique) au deuxième trimestre de 2022 aura probablement une incidence sur le prix de la formation brute de capital fixe, en particulier sur les bâtiments résidentiels et non résidentiels. Statistique Canada (21 juillet 2022) a annoncé que la croissance des prix des nouvelles habitations avait ralenti en juin 2022. Les prix des nouvelles habitations ont enregistré leur hausse la plus faible d’une année à l’autre depuis mars 2021. En outre, la composante des produits énergétiques de l’Indice des prix des produits de base de la Banque du Canada a reculé de 18,7 % de juin à août 2022.


Tableau 1
Croissance cumulative et contribution à la croissance cumulative des déflateurs du prix implicite pour certains composantes du produit intérieur brut selon les dépenses, du premier au deuxième trimestre de 2022
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Croissance cumulative et contribution à la croissance cumulative des déflateurs du prix implicite pour certains composantes du produit intérieur brut selon les dépenses Croissance cumulative et Contribution, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Croissance cumulative Contribution
pourcentage
Dépenses de consommation finale 10,3 39,1
Formation brute de capital fixe 19,8 21,7
Bâtiments résidentiels 33,3 13,5
Bâtiments non résidentiels 18,8 4,5
Machines et matériel 1,0 0,1
Produits de la propriété intellectuelle 8,8 0,8
Formation brute de capital fixe des institutions sans but lucratif au service des ménages 18,2 0,1
Formation brute de capital fixe des administrations publiques générales 13,9 2,5
Exportations de biens et de services 38,6 53,5
Exportations de biens 44,4 50,2
Exportations de services 12,2 3,0
Moins : importations de biens et de services 13,1 -19,5
Exportations nettes 25,5 34,0
Produit intérieur brut au prix du marché 20,1 100,0

Conclusion

Le présent article a examiné la relation entre la rémunération réelle et la productivité. L’objectif était de savoir si la croissance de la rémunération réelle (croissance de la rémunération totale ajustée selon le déflateur du PIB) avait pris du retard sur la croissance de la productivité du travail au cours de la pandémie. Il a été relevé que la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB avait augmenté plus lentement que la productivité du travail depuis le premier trimestre de 2019. Alors que cet écart a des précédents, il est proche de la limite de sa fourchette historique. L’indice cumulatif de l’écart en 2022 (jusqu’au deuxième trimestre) s’est établi à 93,7 (1997 = 100).  En comparaison, un creux de 92,7 avait été enregistré en 2005.

Des études antérieures, telles que celle de Williams (2021), ont montré que la relation entre la rémunération réelle et la productivité du travail était demeurée relativement stable au Canada. Par conséquent, pour maintenir cette relation, la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur du PIB devrait augmenter par rapport à la productivité du travail à l’avenir. Cela peut ne pas être le cas, si, au cours de la pandémie, la manière dont les biens et services sont produits au sein de l’économie change. Par exemple, la hausse de l’automatisation entraînée par les pénuries de main-d’œuvre et le besoin de travailler dans des environnements respectant la distance sanitaire diminueront la part du travail dans le PIB et empêcheront le retour de la rémunération réelle à sa position antérieure.

Des preuves passées relatives à d’autres pays ont souligné que la croissance de la productivité du travail dépasse la croissance de la rémunération réelle sur de longues périodes. Plusieurs raisons pour cela ont été avancées, notamment le passage de la structure de l’industrie à des industries plus capitalistiques. Du fait de la récente hausse des prix du pétrole et du gaz, on a examiné la relation entre la rémunération réelle et la productivité du travail pour le secteur des entreprises, en excluant le secteur pétrolier et gazier. Le recul de la rémunération réelle par rapport à la productivité du travail était toujours évident malgré l’exclusion de ce secteur, mais moins de deux tiers de la taille.

Cet article a également examiné l’évolution de la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur de l’Indice des prix à la consommation. La rémunération réelle est souvent représentée à l’aide de l’Indice des prix à la consommation plutôt que du déflateur du PIB, car il représente le pouvoir d’achat de la rémunération horaire totale du point de vue des travailleurs. Cela a révélé que, contrairement à la rémunération réelle calculée à l’aide du déflateur du PIB (qui a diminué de 7,1 % entre le premier trimestre de 2021 et le deuxième trimestre de 2022), la rémunération réelle calculée à l’aide de l’Indice des prix à la consommation a augmenté de 3,6 % au cours de la même période. Cette constatation suggère une hausse du prix des biens et services produits au Canada par rapport à celui des biens et services consommés. Une enquête sur les composantes du déflateur du PIB indique que les améliorations du prix des exportations par rapport aux prix des importations ont été le facteur le plus important, suivi des prix plus élevés de la formation brute de capital fixe, en particulier pour les bâtiments résidentiels. Le resserrement récent de la politique monétaire (qui pourrait atténuer le prix des bâtiments) et la modération du prix du pétrole (qui pourrait modérer le prix des exportations) pourraient affaiblir cette hausse à l’avenir.

Un inconvénient de l’approche adoptée dans la présente étude est qu’elle demeure au niveau agrégé. Une meilleure compréhension pourrait découler de l’examen de la rémunération réelle payée à un groupe de travailleurs différent. Bien que la rémunération totale par heure travaillée ajustée selon le déflateur des prix à la consommation ait augmenté au niveau agrégé, elle peut ne pas décrire adéquatement l’expérience de toute la population canadienne. L’enquête Portrait de la société canadienne, menée entre le 19 avril et le 1er mai 2022, a relevé que 3 Canadiens sur 4 ont déclaré que la hausse des prix avait une incidence sur leur capacité à assumer leurs dépenses quotidiennes (Statistique Canada, 9 juin). À l’avenir, une étude plus détaillée pourrait éclairer la raison pour laquelle une si grande partie de la population canadienne a déclaré cela.

Références

Banque du Canada. 2022. Rapport sur la politique monétaire, juillet.

Organisation internationale du travail et Organisation de coopération et de développement économiques. 2015. The Labour Share in G20 Economies. Report prepared for the G20 Employment Working Group.

Greenspon, J., A.M. Stansbury et L.H. Summers. 2021. Productivity and Pay in the US and Canada (NBER Working Paper 29548). National Bureau of Economic Research.

Morissette, R. 2022. Réponses des employeurs aux pénuries de main-d’œuvre. Rapports économiques et sociaux. 2(7).

Sabourin, P. et P. Duguay. 2015. Measuring Durable Goods and Housing Prices in the CPI: An Empirical Assessment. Revue de la Banque du Canada, automne, 24-29.

Sharpe, A., J.-F. Arsenault et P. Harrison. 2008a. The Relationship between Labour Productivity and Real Wage Growth in Canada and OECD Countries. CSLS Research Report n° 2008-08. Centre d’étude des niveaux de vie.

Sharpe, A., J.-F. Arsenault et P. Harrison. 2008b. Why Have Real Wages Lagged Labour Productivity Growth in Canada? Observateur international de la productivité, 17 (automne), 16-27.

Sharpe, A. et J. Ashwell. 2021. The Evolution of the Productivity-Median Wage Gap in Canada, 1976-2019. Observateur international de la productivité, 41 (automne), 98-117.

Statistique Canada. 30 mai 2022. Enquête canadienne sur la situation des entreprises, deuxième trimestre de 2022. Le Quotidien.

Statistique Canada. 9 juin 2022. La hausse des prix a une incidence sur la capacité de la plupart des Canadiens à assumer leurs dépenses quotidiennes.

Statistique Canada. 20 juillet 2022. Indice des prix à la consommation, juin 2022. Le Quotidien.

Statistique Canada. 21 juillet 2022. Indice des prix des logements neufs, juin 2022. Le Quotidien.

Williams, D.M. 2021. Pay and Productivity in Canada: Growing Together, Only Slower than Ever. Observateur international de la productivité, 40 (printemps), 3-26.

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