Rapports économiques et sociaux
Le recours au programme de Subvention salariale d’urgence du Canada par les employeurs en 2020

Résumé

Le présent article d’Aperçus contient des renseignements sur la manière dont la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) a été utilisée par les employeurs au cours de la période d’avril 2020 à octobre 2020. Selon les résultats de l’analyse, le recours à ce programme a varié selon le secteur et la taille de l’entreprise. Ce sont les entreprises des secteurs ayant enregistré les plus fortes baisses de l’emploi, comme le secteur des arts, des spectacles et des loisirs et celui des services d’hébergement et de restauration, qui ont affiché les plus hauts taux de recours à la SSUC. Quant à la taille de l’entreprise, les taux de recours à la SSUC ont été les plus élevés parmi les entreprises comptant de 10 à 49 employés, lesquelles ont aussi subi les plus fortes baisses de l’emploi. En revanche, les taux les plus bas ont été enregistrés par les entreprises comptant de 1 à 9 employés, lesquelles ont subi les plus petites diminutions de l’emploi. En moyenne, les entreprises bénéficiaires de la SSUC (c.‑à-d. celles ayant reçu de l’aide financière dans le cadre du programme de SSUC) étaient de plus grande taille en moyenne que les entreprises non bénéficiaires actives (c.‑à-d. celles n’ayant pas présenté une demande de SSUC) avant la pandémie de COVID-19, et elles ont subi de plus fortes baisses de l’emploi que ces dernières.

Auteurs

Huju Liu et Michael Willox travaillent à la Division de l’analyse économique et Yuqian Lu  travaille à la division de l’analyse sociale et de la modélisation, Direction des études analytiques, Statistique Canada.

Introduction

Le présent article vise à fournir des renseignements sur la manière dont la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), offerte par le gouvernement fédéral, a été utilisée par les employeurs^Note  , sur la façon dont le recours à ce programme différait selon le secteur et la taille de l’entreprise et sur les caractéristiques des entreprises qui y ont eu recours. Ces renseignements peuvent nous aider à mieux comprendre les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les entreprises canadiennes et le recours de ces dernières à l’aide financière gouvernementale.

Le programme de SSUC joue un rôle important dans le Plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19, lequel a été instauré à la mi-mars 2020 compte tenu des conséquences économiques de la pandémie de COVID-19. Le programme de SSUC représente 37 % (83,5 milliards de dollars) des dépenses totales estimées du plan pour l’exercice 2020-2021 (Finances Canada, 2020). Des programmes de plus petite envergure ont aussi été mis en place pour aider les entreprises, dont le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes et l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial, lesquels représentent respectivement 6 % et 1 % des dépenses totales prévues dans le plan pour le même exercice financier. L’objectif du programme de SSUC est d’offrir une subvention salariale aux employeurs admissibles afin qu’ils puissent éviter la mise à pied et le licenciement de personnel en gardant leurs employés sur leur liste de paie et réembaucher ceux qui ont déjà et été mis à pied ou qui sont en congé forcé^Note  . Au départ, le programme visait à fournir du soutien aux employeurs ayant subi une baisse marquée de leur revenu mensuel brut en leur offrant une subvention couvrant 75 % du salaire des employés admissibles^Note  . Par conséquent, le recours à la SSUC par les employeurs est intrinsèquement lié aux répercussions économiques de la pandémie^Note  .

Aux fins de l’analyse, les données sur les entreprises bénéficiaires du programme de SSUC pour la période d’avril à octobre 2020 ont été couplées aux données administratives mensuelles sur la paie en temps quasi réel de Statistique Canada, lesquelles visent tous les employeurs au Canada. À partir de ce couplage, il a été possible d’examiner le recours à la SSUC par les entreprises selon leur secteur et la taille de leur effectif (et de déterminer ainsi les secteurs et les catégories de taille au sein desquels les entreprises sont les plus susceptibles de recevoir du soutien de la SSUC), d’établir une distinction entre les entreprises qui ont reçu du soutien de la SSUC et celles qui n’en ont pas reçu et d’examiner les entreprises au fil du temps pour comparer le taux d’emploi avant la pandémie avec le taux d’emploi pendant les premiers mois de la pandémie. L’analyse montre que les entreprises qui ont eu recours au programme de SSUC appartenaient généralement aux secteurs et aux catégories de taille ayant subi les plus fortes diminutions de l’emploi. De plus, les entreprises qui ont eu recours à la SSUC étaient de plus grande taille avant la pandémie, en moyenne, et ont enregistré de plus fortes baisses de l’emploi que celles qui n’y ont pas eu recours.

Les résultats de la présente analyse peuvent servir de complément à d’autres statistiques publiées portant sur les entreprises qui ont reçu du soutien dans le cadre du programme de SSUC, comme les données détaillées sur les demandes de SSUC selon la province ou le territoire, le secteur et la taille (Agence du revenu du Canada, s.d.) et celles de la Base de données régionale et communautaire de la Subvention salariale d’urgence du Canada (Statistique Canada, 2021). Ils peuvent également compléter d’autres statistiques publiées fondées sur des enquêtes, comme celles de l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises, dans le cadre de laquelle on a demandé aux entreprises si elles avaient reçu du soutien financier de la SSUC ou d’autres programmes gouvernementaux.

Le couplage des données de la Subvention salariale d’urgence du Canada et de l’ensemble de données mensuelles sur la paie

Les données utilisées pour l’analyse comprennent des renseignements sur près de 360 000 entreprises avec employés qui ont reçu du soutien financier dans le cadre du programme de SSUC d’avril à octobre 2020^Note  . Les données du programme de SSUC contiennent, entre autres, des renseignements sur le nombre d’employés admissibles au programme, le montant total demandé et la réembauche rétroactive d’employés pendant la période visée par la demande. Elles ne contiennent toutefois pas de renseignements sur les entreprises ayant trait à la période prépandémie. Afin de pouvoir suivre les entreprises au fil du temps, avant et pendant la pandémie, et de comparer les caractéristiques des entreprises qui ont reçu du soutien de la SSUC avec celles des entreprises qui n’en ont pas reçu, les données de la SSUC ont été couplées aux données mensuelles sur la paie de Statistique Canada^Note  . Les données sur la paie utilisées aux fins de l’analyse comprennent des renseignements mensuels sur le nombre d’employés pour chaque employeur au Canada durant la période d’avril 2019 à octobre 2020. Grâce à la période de 7 mois pour laquelle les deux ensembles de données se chevauchent (d’avril à octobre 2020), les entreprises bénéficiaires figurant dans les données de la SSUC ont pu être repérées dans les données sur la paie en remontant jusqu’à avril 2019, soit 12 mois avant le début de la pandémie au Canada. Ensuite, grâce au couplage de ces deux ensembles de données, les entreprises avec employés bénéficiaires et les entreprises avec employés non bénéficiaires peuvent être comparées jusqu’à 12 mois avant et 7 mois après le début de la pandémie au Canada. Ces deux périodes sont respectivement appelées, dans la présente, la période prépandémie et la période initiale de la pandémie.

En plus des caractéristiques des entreprises relatives à l’emploi et au secteur d’activité, qui peuvent être obtenues à partir des données sur la paie, l’ensemble de données couplées permet de distinguer trois types d’entreprises en fonction de leur situation d’activité pendant la période initiale de la pandémie : 1) les entreprises non bénéficiaires de la SSUC, c’est-à-dire les entreprises actives qui avaient des employés sur leur liste de paie pendant la période prépandémie et la période initiale de la pandémie, mais qui n’ont pas reçu de soutien de la SSUC d’avril à octobre 2020^Note  ; 2) les entreprises bénéficiaires de la SSUC, c’est-à-dire les entreprises actives qui avaient des employés sur leur liste de paie pendant la période prépandémie et pendant la période initiale de la pandémie et qui ont reçu du soutien de la SSUC pendant la période d’avril à octobre 2020; 3) les entreprises inactives, c’est-à-dire les entreprises qui avaient des employés sur leur liste de paie avant la pandémie, mais qui n’en avaient pas pendant les 7 premiers mois de la pandémie. Les entreprises inactives n’étaient pas admissibles au programme de SSUC et n’ont donc pas été incluses dans cette analyse sur le recours de la SSUC^Note  .

Afin de mieux comprendre l’utilisation de la SSUC par les entreprises, trois mesures ont été définies. La première est le taux de recours à la SSUC, lequel est calculé en divisant le nombre d’entreprises bénéficiaires de la SSUC par le nombre d’entreprises actives (bénéficiaires et non bénéficiaires). La deuxième est le taux de remplacement de la SSUC, qui est calculé en divisant le nombre total d’employés admissibles à la SSUC par le nombre d’emplois avant la pandémie parmi les bénéficiaires de la SSUC seulement^Note  . Le taux de remplacement de la SSUC montre donc le taux de couverture des employés par la SSUC parmi les bénéficiaires de la SSUC, comparativement au niveau d’emploi avant la pandémie. La troisième mesure est le taux de réembauche parmi les bénéficiaires de la SSUC, lequel correspond au nombre d’entreprises bénéficiaires de la SSUC qui ont réembauché au moins un employé pour au moins une période de demande de la SSUC, divisé par le nombre total de bénéficiaires de la SSUC.

Le recours à la Subvention salariale d’urgence du Canada selon le secteur

Parmi les entreprises actives, le taux de recours à la SSUC s’est situé, dans l’ensemble, à environ 36 % (graphique 1), mais il variait d’un secteur à l’autre. Les plus hauts taux ont été enregistrés dans le secteur des services d’hébergement et de restauration (66 %), le secteur des arts, des spectacles et des loisirs (56 %) et le secteur de la fabrication (55 %), et les plus faibles taux, dans le secteur des services publics (17 %), de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (18 %) et dans celui de la finance et des assurances (19 %).

Tableau de données du graphique 1



Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Secteur (titres de rangée) et Taux de recours à la SSUC , Taux de remplacement de la SSUC et Variation de l’emploi total , calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

Secteur	Taux de recours à la SSUC	Taux de remplacement de la SSUC	Variation de l’emploi total
	pourcentage
Agriculture, foresterie, pêche et chasse	18	95	5
Extraction minière, exploitation en carrière, et extraction de pétrole et de gaz	36	80	-10
Services publics	17	85	-3
Construction	36	86	-6
Fabrication	55	84	-8
Commerce de gros	48	85	-7
Commerce de détail	39	71	-11
Transport et entreposage	23	78	-7
Industrie de l’information et industrie culturelle	42	82	-7
Finance et assurances	19	80	-4
Services immobiliers et services de location et de location à bail	20	72	-11
Services professionnels, scientifiques et techniques	33	89	-4
Gestion de sociétés et d’entreprises	24	73	1
Services administratifs, services de soutien, services de gestion des déchets et services d’assainissement	34	73	-12
Services d’enseignement	47	63	-14
Soins de santé et assistance sociale	38	65	-5
Arts, spectacles et loisirs	56	52	-36
Services d’hébergement et de restauration	66	64	-31
Autres services (sauf les administrations publiques)	36	76	-14
Tous les secteurs	36	75	-10
Notes : SSUC est le sigle de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Le taux de recours à la SSUC correspond au nombre d’entreprises bénéficiaires de la SSUC divisé par le nombre d’entreprises actives (bénéficiaires et non bénéficiaires). Le taux de remplacement de la SSUC correspond au nombre total d’employés admissibles à la SSUC divisé par l’emploi prépandémie (avril 2019 à mars 2020) parmi les bénéficiaires de la SSUC seulement. La variation de l’emploi total correspond à la différence en pourcentage de l’emploi entre la période prépandémie (d’avril 2019 à mars 2020) et la période initiale de la pandémie (d’avril à octobre 2020). Source : Statistique Canada, couplage de la Subvention salariale d’urgence du Canada et des données mensuelles sur la paie.

Cette variation sectorielle du recours à la SSUC est fortement associée aux variations de l’emploi à l’échelle des secteurs entre la période prépandémie et la période initiale de la pandémie^Note  . Par exemple, dans le secteur des services publics, qui a affiché le plus faible taux de recours à la SSUC, la baisse de l’emploi par rapport à avant la pandémie a été modeste, celui-ci se situant à 3 %. Le secteur de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse est venu au deuxième rang des plus faibles taux de recours à la SSUC, et l’emploi dans ce secteur a progressé de 5 %. En revanche, le secteur des arts, des spectacles et des loisirs et le secteur des services d’hébergement et de restauration ont enregistré les plus fortes baisses de l’emploi par rapport à avant la pandémie, les niveaux y ayant fléchi de 36 % et de 31 %, respectivement^Note  .

Parmi les entreprises bénéficiaires de la SSUC, le taux de remplacement s’est situé, dans l’ensemble, à 75 %, ce qui donne à penser que cette proportion de l’emploi prépandémie était couverte par la SSUC (graphique 1)^Note  . Toutefois, comme pour le taux de recours à la SSUC, le taux de remplacement était très différent d’un secteur à l’autre, reflétant la variation de l’emploi, entre les deux périodes observées, chez les bénéficiaires de la SSUC^Note  . Par exemple, les entreprises bénéficiaires du secteur des arts, des spectacles et des loisirs et du secteur des services d’hébergement et de restauration ont enregistré les plus faibles taux de remplacement (52 % et 64 %, respectivement), de même que les plus fortes baisses de l’emploi entre les deux périodes (-39 % et -33 %, respectivement.

Certaines différentes ont également été observées entre les bénéficiaires et les non-bénéficiaires de la SSUC. En moyenne, les entreprises bénéficiaires de la SSUC étaient plus grandes que les entreprises non bénéficiaires avant la pandémie (tableau 1). Pendant la période prépandémie (d’avril 2019 à mars 2020), l’emploi mensuel moyen s’élevait à 20,5 pour les bénéficiaires de la SSUC, comparativement à 15,1 pour les non-bénéficiaires. Ce constat est le même dans la plupart des secteurs. Par exemple, dans le secteur des arts, des spectacles et des loisirs, ainsi que dans le secteur des services d’hébergement et de restauration, les entreprises bénéficiaires de la SSUC étaient environ trois fois plus grandes que les entreprises actives non bénéficiaires avant la pandémie. Les secteurs des services publics, de la finance et des assurances, des services d’enseignement, et des soins de santé et de l’assistance sociale figurent parmi les exceptions. Certains de ces secteurs, comme les services publics, les services d’enseignement, les soins de santé et l’assistance sociale, sont généralement dominés par de grandes institutions publiques, qui ne sont pas admissibles à la SSUC.

De plus, dans presque tous les secteurs, les entreprises bénéficiaires de la SSUC ont enregistré une diminution de l’emploi entre la période prépandémie (d’avril 2019 à mars 2020) et la période initiale de la pandémie (avril à octobre 2020), alors que les entreprises actives non bénéficiaires ont affiché des baisses moins prononcées de l’emploi ou une croissance positive (tableau 1). En moyenne, dans l’ensemble des secteurs, les bénéficiaires de la SSUC ont affiché une baisse de l’emploi mensuel moyen de 6,9 %, tandis que les entreprises actives non bénéficiaires ont enregistré une croissance de 1,4 %. Dans les services d’hébergement et de restauration, un secteur durement touché par la pandémie, l’emploi parmi les bénéficiaires de la SSUC a chuté de 23,8 %, alors que parmi les entreprises actives non bénéficiaires, il a fléchi de 11,5 %. Le secteur de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse, le secteur des services publics, le secteur de la construction, et celui des services professionnels, scientifiques et techniques étaient les seuls secteurs où les entreprises bénéficiaires de la SSUC ont enregistré une croissance de l’emploi.



Recours à la Subvention salariale d’urgence du Canada selon la taille de l’entreprise

Des tendances particulières relatives aux taux de recours à la SSUC ressortent également d’un examen de la répartition des entreprises selon la taille de leur effectif (mesurée selon l’emploi mensuel moyen pendant la période prépandémie). Le taux de recours à la SSUC ne présente pas une correspondance monotone avec la taille de l’effectif (graphique 2). Il était le plus élevé parmi les entreprises de 10 à 49 employés (62 %) et le plus faible parmi celles de moins de 10 employés (29 %). Toutefois, parmi les entreprises comptant plus de 10 employés, le taux de recours à la SSUC diminuait en fonction de la taille de l’effectif.

Cette tendance est généralement compatible avec les variations de l’emploi entre la période prépandémie et la période initiale de la pandémie, et ce, pour tous les groupes de taille de l’effectif^Note  . Par exemple, la plus petite baisse de l’emploi a été enregistrée par les entreprises de moins de 10 employés (-5 %), lesquelles ont affiché le plus faible taux de recours à la SSUC. En revanche, la plus forte baisse de l’emploi a été enregistrée par les entreprises de 10 à 49 employés (-15 %), lesquelles ont affiché le plus haut taux de recours à la SSUC. Parmi les entreprises de plus de 10 employés, la baisse de l’emploi s’atténuait parallèlement à l’augmentation de la taille de l’effectif. 

Chez les bénéficiaires de la SSUC, le taux de remplacement diminuait en fonction de la taille de l’effectif. Bien que les entreprises de moins de 10 employés aient affiché les plus faibles taux de recours à la SSUC, leur taux de remplacement s’est élevé à 92 %. Cela signifie qu’au sein de ces entreprises, 92 % de l’emploi prépandémie était couvert par la SSUC. Ce sont les grandes entreprises (comptant plus de 500 employés) qui ont affiché le plus faible taux de remplacement, celui-ci se chiffrant à 68 %. Cette tendance rend compte, en partie, de la plus forte baisse de l’emploi subie par les grandes entreprises bénéficiaires de la SSUC entre les deux périodes visées^Note  .

Tableau de données du graphique 2



Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Taille de l'effectif (titres de rangée) et Taux de participation à la SSUC (% à gauche), Taux de remplacement de la SSUC (% à gauche) et Variation de l’emploi total (% à droite), calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

Taille de l'effectif	Taux de participation à la SSUC (% à gauche)	Taux de remplacement de la SSUC (% à gauche)	Variation de l’emploi total (% à droite)
	pourcentage
1 à 9 employés	29	92	-5
10 à 49 employés	62	76	-15
50 à 99 employés	60	74	-14
100 à 499 employés	54	75	-12
500 employés ou plus	41	68	-8
Toutes les tailles	36	75	-10
Notes : SSUC est le sigle de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Le taux de recours à la SSUC correspond au nombre d’entreprises bénéficiaires de la SSUC divisé par le nombre d’entreprises actives (bénéficiaires et non bénéficiaires). Le taux de remplacement de la SSUC correspond au nombre total d’employés admissibles à la SSUC divisé par l'emploi prépandémie (avril 2019 à mars 2020) parmi les bénéficiaires de la SSUC seulement. La variation de l’emploi total correspond à la différence en pourcentage de l’emploi entre la période prépandémie (d'avril 2019 à mars 2020) et la période initiale de la pandémie (d’avril à octobre 2020). Source : Statistique Canada, couplage de la Subvention salariale d’urgence du Canada et des données mensuelles sur la paie.



Contrairement aux différences observées selon le secteur, les bénéficiaires de la SSUC ne différaient pas beaucoup des non-bénéficiaires actifs en ce qui a trait à l’emploi prépandémie au sein d’un même groupe de taille, sauf pour le groupe comptant l’effectif le plus nombreux (tableau 2). Au sein de celui-ci, les entreprises bénéficiaires de la SSUC étaient nettement plus petites que les entreprises non bénéficiaires avant la pandémie (1 607 employés par rapport à 2 915 employés). Cependant, les bénéficiaires de la SSUC ont enregistré de plus fortes baisses de l’emploi entre les deux périodes que les non-bénéficiaires, et ce, dans l’ensemble des groupes de taille de l’effectif, et la baisse a été la moins prononcée au sein du groupe comptant l’effectif le moins nombreux.

Taux de réembauche chez les bénéficiaires de la Subvention salariale d’urgence du Canada selon le secteur

L’un des objectifs de la SSUC est de permettre aux bénéficiaires de réintégrer à leur liste de paie leurs employés qui ont été mis à pied ou qui sont en congé forcé. Le taux de réembauche (c.‑à-d. la part d’entreprises bénéficiaires de la SSUC qui ont réembauché au moins un employé pour au moins une période de demande d’avril à octobre 2020) s’est établi à 23 %^Note  . Tout comme les taux de recours à la SSUC, dans l’ensemble des secteurs, les taux de réembauche présentent une forte association négative avec les variations de l’emploi parmi les bénéficiaires du programme (graphique 3)^Note  . Par exemple, les secteurs où les taux de réembauche sont les plus élevés comprennent les services d’hébergement et de restauration (37 %), les services d’enseignement (27 %) et les arts, spectacles et loisirs (25 %). Les bénéficiaires de la SSUC dans ces trois secteurs ont également enregistré les plus fortes diminutions de l’emploi entre la période prépandémie et la période initiale de la pandémie, ces baisses se chiffrant à 33 %, à 24 % et à 39 %, respectivement.

Tableau de données du graphique 3



Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3. Les données sont présentées selon Secteur (titres de rangée) et Taux de réembauche de la SSUC et Variation de l’emploi total parmi les bénéficiaires de la SSUC, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).

Secteur	Taux de réembauche de la SSUC	Variation de l’emploi total parmi les bénéficiaires de la SSUC
	pourcentage
Agriculture, foresterie, pêche et chasse	11	3
Extraction minière, exploitation en carrière, et extraction de pétrole et de gaz	17	-14
Services publics	7	-5
Construction	21	-9
Fabrication	25	-11
Commerce de gros	21	-10
Commerce de détail	26	-20
Transport et entreposage	18	-16
Industrie de l’information et industrie culturelle	17	-12
Finance et assurances	12	-13
Services immobiliers et services de location et de location à bail	17	-20
Services professionnels, scientifiques et techniques	14	-8
Gestion de sociétés et d’entreprises	16	-19
Services administratifs, services de soutien, services de gestion des déchets et services d’assainissement	22	-18
Services d’enseignement	27	-24
Soins de santé et assistance sociale	24	-14
Arts, spectacles et loisirs	25	-39
Services d’hébergement et de restauration	37	-33
Autres services (sauf les administrations publiques)	22	-19
Tous les secteurs	23	-18
Notes : SSUC est le sigle de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Le taux de recours à la SSUC correspond au nombre d’entreprises bénéficiaires de la SSUC divisé par le nombre d’entreprises actives (bénéficiaires et non bénéficiaires). Le taux de remplacement de la SSUC correspond au nombre total d’employés admissibles à la SSUC divisé par l’emploi prépandémie (avril 2019 à mars 2020) parmi les bénéficiaires de la SSUC seulement. La variation de l’emploi total correspond à la différence en pourcentage de l’emploi entre la période prépandémie (d’avril 2019 à mars 2020) et la période initiale de la pandémie (d’avril à octobre 2020). Source : Statistique Canada, couplage de la Subvention salariale d’urgence du Canada et des données mensuelles sur la paie.

En moyenne, les entreprises bénéficiaires du programme de SSUC qui ont réembauché du personnel étaient de plus grande taille que celles qui ne l’ont pas fait, l’effectif des bénéficiaires de la SSUC se situant à 24,1 employés comparativement à 19,5 pour les non-bénéficiaires (tableau 3). Cette tendance a été observée dans presque tous les secteurs. Toutefois, les bénéficiaires de la SSUC qui ont réembauché du personnel ont enregistré des baisses plus prononcées de l’emploi mensuel moyen que les bénéficiaires de la SSUC qui n’ont pas réembauché de personnel, et ce, dans presque tous les secteurs. Dans l’ensemble, l’emploi mensuel moyen a reculé de 11,5 % pour les bénéficiaires de la SSUC ayant réembauché du personnel, comparativement à 5,5 % pour ceux ne l’ayant pas fait.



Conclusion

Le présent article fournit des renseignements sur le recours, par les employeurs, au programme de Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) pendant la période initiale de la pandémie (d’avril à octobre 2020). Les résultats indiquent que dans l’ensemble, 36 % des entreprises actives comptant des employés ont obtenu du soutien dans le cadre de ce programme au cours de la période visée. Toutefois, le recours à la SSUC variait d’un secteur à l’autre. Les entreprises des services d’hébergement et de restauration (66 %), des arts, des spectacles et des loisirs (56 %) et de la fabrication (55 %) ont enregistré les plus hauts taux de recours au programme, alors que celles des services publics, de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse, et de la finance et des assurances ont affiché les plus faibles taux.

Le recours à la SSUC a également varié selon la taille de l’entreprise. En effet, il était le plus élevé parmi les entreprises de 10 à 49 employés (62 %) et le plus bas parmi celles comptant moins de 10 employés (29 %). Ces tendances relatives au recours à la SSUC selon le secteur et la taille de l’entreprise présentent une association négative avec les variations de l’emploi entre la période prépandémie et la période initiale de la pandémie, selon le secteur et la taille.

Bien que le taux global de recours à la SSUC ait été relativement faible, le taux de remplacement (c.‑à-d. la proportion de l’emploi prépandémie qui a été couverte par la SSUC, au sein d’entreprises bénéficiaires) était élevé, s’élevant à 75 % en moyenne pour l’ensemble des secteurs. Parmi les bénéficiaires de la SSUC, 23 % ont réembauché au moins un employé. Il est possible que de nombreux employés qui n’ont pas été réembauchés par les entreprises bénéficiaires de la SSUC aient reçu de l’aide d’autres programmes gouvernementaux, comme la Prestation canadienne d’urgence. Il est aussi possible que des bénéficiaires de la SSUC qui n’ont pas réembauché d’employés doivent encore composer avec des incertitudes en ce qui concerne la demande et la reprise.

L’analyse a également montré que les bénéficiaires de la SSUC étaient des employeurs de plus grande taille, en moyenne, avant la pandémie, et qu’ils ont subi une plus forte diminution de l’emploi en raison de la pandémie. Les analyses à venir seront consacrées à la compréhension des caractéristiques des entreprises, outre l’emploi et le secteur, comme la productivité, la responsabilité, l’innovation et la diversité, qui sont liées à la survie des entreprises et au recours au soutien gouvernemental, et à la manière dont ce soutien aide les entreprises à surmonter la pandémie.

Références

Agence du revenu du Canada. s.d. Demandes de la SSUC – données détaillées. Disponible au lien suivant : https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/subvention/subvention-salariale-urgence/ssuc-statistiques/statistiques-detaillees.html.

Finances Canada. 2020. Soutenir les Canadiens et lutter contre la COVID-19 : Énoncé économique de l’automne de 2020.

Statistique Canada. 2021. Base de données régionale et communautaire de la Subvention salariale d’urgence du Canada. Disponible au lien suivant : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-26-0003/112600032021001-fra.htm.