Rapports économiques et sociaux
Différences entre les répercussions économiques de la COVID-19 dans les provinces et les territoires

Date de diffusion : le 23 juin 2021

DOI: https://doi.org/10.25318/36280001202100600001-fra

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L’activité économique est demeurée vigoureuse pendant les derniers mois de 2020 et le début de 2021, pendant que les ménages et les entreprises continuaient à s’adapter aux changements attribuables au renforcement des mesures de lutte contre la COVID-19. Pendant cette période, le rythme de la reprise, notamment en ce qui concerne les niveaux d’activité dans le secteur des services à forte intensité de contact, a été à l’image de l’assouplissement ou du resserrement des mesures de santé publique en place dans les différentes régions du pays.

Une nouvelle présentation, Répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 dans les provinces et les territoires (Gellatly et McCormack, 2021), indique de quelles façons la COVID-19 a influé sur l’activité économique des différents secteurs de compétence du Canada. Elle fournit un résumé des principaux développements survenus depuis le début de la pandémie.

Bien que des baisses marquées de la production économique aient été observées dans l’ensemble des provinces en 2020, l’ampleur des pertes subies a varié considérablement d’une région à l’autre du pays. Au-delà des perturbations majeures que les mesures de confinement ont engendrées dans les secteurs des services d’hébergement et de restauration, de la vente au détail et du transport de passagers partout au pays, ces baisses ont surtout été modulées par des facteurs propres à chaque province. Dans plusieurs provinces, dont l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador, la baisse de la production industrielle liée à l’extraction des ressources ou aux travaux de génie civil a pesé lourdement sur l’activité économique.

Pendant toute la durée de la pandémie, les niveaux d’emploi ont suivi  les variations d’intensité des mesures de confinement, en particulier dans le secteur des services à forte intensité de contact, qui a été le plus durement touché par les restrictions de santé publique. Dans la plupart des régions du pays, les pertes d’emplois ont été plus prononcées chez les jeunes et les travailleurs à temps partiel, en particulier les jeunes femmes, car les restrictions changeantes ont été lourdes de conséquences pour les restaurants et les détaillants exerçant leurs activités dans des établissements physiques. Lors de la deuxième vague, des mesures de confinement moins strictes au Canada atlantique ont permis d’atténuer les pertes d’emplois chez les jeunes travailleurs, car de nombreux commerces non essentiels ont pu demeurer ouverts plus longtemps que dans d’autres régions du pays.

Bien que les niveaux d’emploi dans le secteur des services d’hébergement et de restauration demeurent bien en deçà des niveaux antérieurs à la pandémie, bon nombre d’industries ayant une forte capacité de télétravail ont créé des emplois pendant la pandémie. L’emploi dans les secteurs des services professionnels, scientifiques et techniques et des services financiers a augmenté de façon constante dans plusieurs régions du pays, et les hausses les plus marquées ont été observées en Ontario et en Colombie-Britannique. L’emploi dans les services à rémunération élevée a également progressé de façon constante au Québec.

La pandémie continue d’alimenter la hausse du marché immobilier dans de nombreuses régions du pays, car les consommateurs sont à la recherche de plus grands espaces de vie et de résidences plus vastes leur permettant de s’adapter à la transition rapide vers le travail en ligne. Les prix des maisons ont augmenté de façon marquée dans la plupart des provinces (sauf en Alberta et en Saskatchewan). En effet, les hausses de prix de 10 % ou plus, d’abord observées dans les grands centres urbains, ont depuis gagné les villes et collectivités de plus petite taille. L’une des caractéristiques clés de la reprise économique dans l’ensemble du pays est la mesure dans laquelle l’activité du marché immobilier aura soutenu la croissance économique, étant donné que les dépenses liées à l’acquisition de logements résidentiels ont supplanté les investissements plus modestes dans les structures non résidentielles dans plusieurs régions du pays.

Ouest canadien

L’activité économique en Alberta et en Saskatchewan a beaucoup pâti de la baisse de la demande en énergie. Les ventes dans le secteur de la fabrication de produits du pétrole et du charbon ont baissé de près des deux tiers en Alberta pendant les premiers confinements et, en mars 2021, elles se situaient toujours 14 % en deçà des niveaux antérieurs à la pandémie. En Saskatchewan, les ventes de machinerie et de fournitures agricoles, alimentées par une demande forte et soutenue pour les produits agricoles, ont été moins touchées par les perturbations liées à la COVID-19 et ont partiellement compensé les baisses dans le secteur de l’énergie. Des réductions substantielles des travaux de génie civil liés aux projets de ressources naturelles ont pesé sur l’activité économique en Alberta et en Saskatchewan, ainsi qu’au Manitoba.

Les répercussions économiques de la pandémie ont été plus profondes en Alberta que dans les autres provinces. En février 2021, le nombre d’entreprises en activité dans la province demeurait inférieur d’un peu plus de 2 % au niveau observé avant la pandémie, soit l’écart le plus important dans l’Ouest canadien. Parmi les provinces de l’Ouest, c’est en Alberta que la reprise de l’emploi chez les jeunes et dans le secteur des services d’hébergement et de restauration à la suite des première et deuxième vagues a été la plus lente, car une troisième série de restrictions est entrée en vigueur en avril.

L’activité économique en Colombie-Britannique s’est avérée plus vigoureuse, notamment grâce à une forte activité sur le marché immobilier qui a contribué à atténuer les reculs observés dans les secteurs du tourisme et des services à forte intensité de contact. Depuis le début de la pandémie, le prix des logements neufs dans la province a augmenté de plus de 12 % en avril, ce qui a accentué les défis liés au coût de la vie et à la viabilité financière. Un accroissement des travaux de génie civil liés aux grands projets de ressources naturelles a contribué à compenser le ralentissement de la production manufacturière malgré la contraction de 3,8 % qu’a connue l’économie de la province en 2020 — un repli qui demeure toutefois sensiblement moins prononcé que celui observé dans les autres provinces de l’Ouest. L’emploi dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a repris de la vigueur en Colombie-Britannique et, ce faisant, a contribué à soutenir la reprise de l’emploi la plus forte à avoir été observée au Canada, malgré les restrictions « coupe-circuits » imposées à la fin du mois de mars. En évitant les restrictions de la troisième vague, l’emploi chez les jeunes en Saskatchewan a progressé de façon constante depuis la nouvelle année, surpassant en mai les niveaux atteints avant la pandémie et présentant la reprise la plus forte à l’extérieur du Canada atlantique.

Région centrale du Canada

En Ontario, les ventes du secteur de la fabrication ont été durement touchées au début de la pandémie, alors que les fermetures d’usine dans le secteur de l’automobile ont entraîné des baisses record avant que la production ne puisse redémarrer avec l’assouplissement des restrictions initiales. Vers le milieu de l’été 2020, les ventes des usines de montage et des fabricants de pièces avaient dépassé leurs niveaux observés avant la pandémie. Au Québec, les ventes du secteur de la fabrication ont suivi une trajectoire similaire; elles ont rapidement repris de la vigueur à la suite des confinements initiaux. La contraction de l’activité manufacturière en 2020 est à l’origine de près du quart des baisses annuelles observées dans ces deux provinces.

Au Québec, les ventes au détail ont connu la plus forte baisse enregistrée au pays pendant les premiers confinements; elles ont reculé de 60 % par rapport à leurs niveaux antérieurs à la pandémie avant de connaître une reprise rapide vers la fin du printemps. Les ventes ont suivi une trajectoire similaire en Ontario.

La reprise robuste des dépenses liées au commerce de détail s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’automne, moment où de nouvelles restrictions ont été imposées en réponse à la deuxième vague. Dans les deux provinces, les ventes au détail ont atteint leur plus haut niveau en novembre pour ensuite diminuer de façon marquée en décembre et en janvier, particulièrement au Québec où des restrictions plus strictes concernant les rassemblements sociaux et la vente de biens et de services non essentiels sont entrées en vigueur. En février, les ventes ont progressé de façon marquée au Québec. En mars, les dépenses au détail des Québécois étaient supérieures de 15 % aux niveaux observés avant la pandémie et elles dépassaient de 6 points de pourcentage la reprise survenue en Ontario. Les ventes du secteur de la fabrication ont commencé à ralentir au début de 2021 en Ontario en raison de la pénurie mondiale de semi-conducteurs touchant la production automobile, tandis qu’au Québec, elles ont progressé grâce à des hausses généralisées.

Les niveaux d’emploi en Ontario et au Québec ont fluctué en fonction des changements apportés aux mesures de confinement pour lutter contre la COVID-19. Au Québec, l’emploi chez les jeunes a été particulièrement durement touché lors du premier confinement, ayant diminué de plus du tiers avant de reprendre de la vigueur en septembre pour atteindre un niveau inférieur de 7 % au niveau affiché avant la pandémie. Vers la fin de 2020 et le début de 2021, l’emploi chez les jeunes a connu certaines fluctuations liées au resserrement puis à l’assouplissement des restrictions en vigueur dans la province. L’emploi dans le secteur des services d’hébergement et de restauration a diminué de façon marquée en octobre lorsque la province a resserré les restrictions et est demeuré inférieur de près d’un tiers aux niveaux observés avant la pandémie de COVID-19 avant de diminuer en mai.

La reprise de l’emploi en Ontario s’est poursuivie jusqu’en novembre pour ensuite s’interrompre vers la fin de l’année avec l’entrée en vigueur de confinements dans l’ensemble de la province. Les fermetures généralisées dans la région du Grand Toronto se sont prolongées au-delà de l’hiver 2021. La reprise de l’emploi chez les jeunes en Ontario est demeurée nettement en retard par rapport à celle observée dans les autres provinces. En mai, l’emploi chez les jeunes en Ontario accusait un recul de 18 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19, alors que ce recul était de 10 % au Québec. De façon similaire, le nombre d’entreprises en activité en Ontario un an après le début de la pandémie était inférieur de 4,5 % aux niveaux observés en février 2020, comparativement à un écart de 1,1 % au Québec.

Canada atlantique

À Terre-Neuve-et-Labrador, près de la moitié de la baisse de la production économique observée en 2020 est attribuable à la diminution des travaux de génie civil liés aux grands projets de ressources naturelles. Lourdement touchées par le ralentissement dans le secteur de l’énergie, les ventes du secteur de la fabrication à Terre-Neuve-et-Labrador ont connu des baisses plus prononcées que dans les autres provinces et demeurent bien en deçà des niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19. En revanche, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, les ventes du secteur de la fabrication ont augmenté de façon importante depuis le début de la pandémie. Une augmentation de la fabrication de matériel de transport a contribué à la reprise en Nouvelle-Écosse, tandis que la croissance soutenue qu’a connue le Nouveau-Brunswick a été alimentée par les livraisons de biens non durables, lesquelles ont été relativement peu touchées par les mesures liées à la pandémie.

La reprise de l’emploi au Canada atlantique a été beaucoup plus harmonieuse comparativement à celle observée dans les autres régions du pays. Au Canada atlantique, les pertes d’emplois survenues entre la mi-2020 et mai 2021 ont été moins nombreuses par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19. Alors que plusieurs provinces, dont le Québec, le Manitoba et l’Ontario, ont commencé à imposer des confinements vers la fin de 2020 afin de lutter contre la deuxième vague de la pandémie, le Canada atlantique a pu demeurer relativement ouvert en dehors de restrictions de courte durée imposées pendant la période des Fêtes. La reprise de l’emploi chez les jeunes à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick s’est opérée plus rapidement que dans d’autres provinces. En mai 2021, les niveaux d’emploi chez les jeunes de 15 à 24 ans étaient supérieurs de 6 % et de 5 % respectivement aux niveaux antérieurs à la pandémie dans les deux provinces. Les restrictions « coupe-circuits » à la fin d’avril en Nouvelle-Écosse ont entraîné une baisse de 13 % de l’emploi chez les jeunes en mai, arrêtant la forte reprise.

Bien que la baisse de la production à l’Île-du-Prince-Édouard ait été moins marquée que dans d’autres régions du Canada atlantique, la reprise de l’emploi dans la province, en particulier chez les jeunes travailleurs, a été bien plus modeste qu’ailleurs, car les services d’hébergement et de restauration et les autres activités liées au tourisme ont continué de subir les contrecoups de la pandémie. Une augmentation de l’activité dans les secteurs de l’immobilier et des services financiers a contribué à atténuer les fortes baisses survenues dans les secteurs liés au tourisme.

Auteur

Carter McCormack travaille au sein de la Division de l’analyse stratégique, des publications et de la formation, Direction des études analytiques, de Statistique Canada.

Référence

Gellatly, G. et C. McCormack. 2021. Répercussions économiques de la pandémie de COVID-19 dans les provinces et les territoires. Série de présentations de Statistique Canada sur l’économie, l’environnement et la société, no 2. Disponible au lien suivant : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/11-631-x/11-631/x2021002-fra.htm.

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