Feuillets d'information de l'environnement
La pointe de l’iceberg

Date de diffusion : le 6 juin 2022

Passer au texte

Début du texte

Des icebergs de diverses formes et tailles sont fréquemment aperçus au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador; les habitants et les visiteurs en sont émerveillés et l’industrie du transport maritime reste en alerte. Les icebergs ont une incidence sur l’économie locale et la culture et pourraient également avoir des répercussions environnementales sur les eaux environnantes. La plupart des icebergs qui atteignant le couloir d’icebergs à Terre-Neuve-et-Labrador proviennent du Groenland (Greene et coll., 2024).

Où se trouve le couloir d’icebergs et qu’est-ce que c’est exactement?

Le couloir d’icebergs longe la côte, de la pointe nord du Labrador à la côte sud-est de Terre-Neuve. Cette région est marquée par une forte concentration de flux d’icebergs qui partent du Groenland, ce qui lui confère le nom de couloir d’icebergs. Les icebergs dérivent en moyenne pendant deux à trois ans. Ils voyagent le long du courant de l’Île de Baffin, puis du courant du Labrador jusqu’aux Grands Bancs de Terre-Neuve; ensuite, bon nombre d’entre eux atteignent le couloir d’icebergs (Environnement et Changement climatique Canada, 2015).

Début du texte de la boîte

Note aux lecteurs

Les icebergs sont des immenses masses de glace de dimensions très variables, qui se sont détachées d’un glacier ou d’une calotte glaciaire et qui peuvent être flottantes ou échouées (Environnement et Changement climatique Canada, 2017). La principale source de données utilisée pour la présente publication est l’International Ice Patrol (IIP), qui a été fondée en 1913 à la suite du naufrage du Titanic en 1912, provoqué par une collision avec un iceberg. L’IIP et le Service canadien des glaces suivent le déplacement individuels des icebergs dans l’Atlantique Nord afin de fournir des données sur les icebergs à la communauté maritime. Des méthodes d’observation ont été établies en 1900 et ont été développées au fil du temps, et comprennent des observations visuelles (navires et aéronefs), avec les ajouts importants des radars aéroportés avancés en 1983 et de l’imagerie satellite en 2017. Ces méthodes permettent d’observer et de suivre les icebergs; cependant, la population d’icebergs n’est pas représentée dans sa totalité parce qu’il y a des limites à la détection par satellite et seule une fraction de la région est couverte par des observations visuelles et par radars.

Carte 1 Zone de l’International Ice Patrol

Texte descriptif pour la carte 1

Le titre de cette carte est « Zone de l’International Ice Patrol ». Cette carte fournit une représentation visuelle de la zone basée sur la longitude et la latitude que surveille l’International Ice Patrol (IIP) au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador. La carte comporte deux composantes : la carte principale et une légende.

La carte principale montre le Canada à une échelle de 1 : 22 000 000. Les masses terrestres sont en couleur gris clair et des lignes noires délimitent les provinces et les pays. La carte comprend du texte bleu foncé pour indiquer l’océan et les mers dans l’Atlantique Nord et à proximité. Les villes (Ottawa, New York, Montréal, Halifax et St. John’s) sont indiquées sur la carte par un point noir. La carte comprend la côte Est du Canada jusqu’au début des Grands Lacs en Ontario et le nord du Canada, qui comprend le Nunavut et la mer de Beaufort. L’Europe de l’Ouest est également incluse, à partir de la Norvège au nord, jusqu’au Portugal au sud.

Au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador, les plateformes de Terre-Neuve et du Labrador sont mises en évidence en bleu plus foncé que le reste de l’eau sur la carte et entourées de noir. Il y a un contour bleu plus foncé de la région de reconnaissance de la Patrouille internationale des glaces. Cette région comprend la longitude de 40° N à 60° N et la latitude de 40° O à 60° O.

Il y a des flèches bleues foncées représentant divers courants océaniques qui transportent des icebergs. Les courants comprennent notamment :

  • le courant Groenlandais de l’Est, qui circule du nord au sud le long de la côte est du Groenland
  • le courant de l’île de Baffin circule de la côte nord de l’île de Baffin vers le sud
  • le courant du Labrador qui circule vers le sud, le long de la côte est de Terre-Neuve-et-Labrador

Le Gulf Stream est également inclus sur la carte, le long de la zone sud-est de la région de reconnaissance de l’IIP. Il y a des lignes rouges qui proviennent de divers endroits en Amérique du Nord et qui traversent la région de reconnaissance de l’IIP jusqu’à divers endroits le long de la côte ouest de l’Europe qui représentent les lignes de navigation transatlantique. La latitude de 48° N est indiquée sur la carte (St. John’s, Terre-Neuve, est juste au sud de cette ligne).

Légende :


Légende :
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Légende :. Les données sont présentées selon Symbole (titres de rangée) et Description(figurant comme en-tête de colonne).
Symbole Description
Flèches bleues foncées Courants océaniques
Ligne bleue foncée Région de reconnaissance de l’IIP
Ligne rouge Lignes de navigation transatlantique
Zone ombrée bleue foncée Plateformes de Terre-Neuve et du Labrador
Zone ombrée bleue claire Océans et Grands Lacs
Zone ombrée gris clair Terres

Les données définitives diffusées sont présentées en deux formats normalisés : les icebergs au sud du 48° N (48e parallèle nord) et les icebergs dans toute la région de reconnaissance (voir la carte 1 pour obtenir plus de renseignements). La principale raison de la séparation des ensembles de données est que les icebergs au sud du 48° N représentent une menace immédiate pour les navires qui traversent l’Atlantique. Cette différence d’objectif signifie que les périodes et les variables d’observation diffèrent entre les deux ensembles de données. Ces ensembles de données suivent les mêmes mesures de classification des icebergs, comme le montre le tableau 1, pour classer les icebergs selon la taille. Les icebergs sont suivis selon l’année d’iceberg, ce qui diffère de l’année civile. Par exemple, l’année d’iceberg 2021 désigne la période allant d’octobre 2020 à septembre 2021.


Tableau 1
Mesures de classification des icebergs
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau 1. Mesures de classification des icebergs . Les données sont présentées selon Classification des icebergs (titres de rangée) et Hauteur au-dessus de la surface de la mer, Longueur et Poids (mégatonnes)(figurant comme en-tête de colonne).
Classification des icebergs Hauteur au-dessus de la surface de la mer Longueur Poids (mégatonnes)
Bourguignon Moins de 1 mètre Moins de 5 mètres 0,001
Fragment d’iceberg 1 mètre à moins de 5 mètres 5 mètres à moins de 15 mètres 0,01
Petit iceberg 5 mètres à 15 mètres 15 mètres à 60 mètres 0,1
Moyen iceberg 16 mètres à 45 mètres 61 mètres à 120 mètres 2,0
Gros iceberg 46 mètres à 75 mètres 121 mètres à 200 mètres 10,0
Très gros iceberg Plus de 75 mètres Plus de 200 mètres Plus de 10,0

Fin du texte de la boîte

Nombre fluctuant d'icebergs

Il y a une grande variabilité du nombre d’icebergs signalés chaque année. Depuis 2002, en moyenne, plus de 6 600 icebergs ont été suivis chaque année dans la région de reconnaissance de l’IIP. Il y a eu une légère augmentation du nombre d'icebergs de petite et moyenne taille au cours des dernières années par rapport au début des années 2000 (graphique 1).

Au sud du 48° N, le nombre d’icebergs observés chaque année varie également. Les icebergs deviennent de plus en plus petits et disparaissent au fur et à mesure qu’ils se dirigent vers le sud en raison des températures plus chaudes et de l’érosion causée par les vagues. Le nombre le plus élevé d’icebergs suivis au sud du 48° N était de 2 202 en 1984 (un an après que les radars aéroportés avancés ont été ajoutés aux outils utilisés par l’IIP pour suivre le déplacement des icebergs), mais aucun iceberg n’a été signalé en 1966 et en 2006 (International Ice Patrol, 2020) (graphique 2). À l’avenir, il sera important de suivre cette variabilité, car un plus grand nombre d’icebergs pourrait accroître le risque de danger dans les voies maritimes, tandis qu’un nombre peu élevé d’icebergs pourrait avoir une incidence économique sur les secteurs culturels, comme le tourisme.

Une partie de la culture

Les icebergs jouent un rôle important dans le tourisme à Terre-Neuve-et-Labrador. En 2019, la contribution des activités touristiques au produit intérieur brut a été de 547 millions de dollars, ce qui représente 1,6 % de l’économie de Terre-Neuve-et-Labrador (Statistique Canada, 2019). Un sondage effectué auprès des touristes qui ont visité la région en 2016 a révélé qu’un peu plus du quart des répondants n’ont pas manqué de participer aux activités d’observation des icebergs pendant leur séjour sur l’île (gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, 2018).

Les icebergs sont également célébrés dans la culture locale, grâce au festival annuel de l’iceberg qui se tient à St. Anthony, à Terre-Neuve-et-Labrador. L’exploitation des icebergs est également devenue une activité économique sur l’île, l’eau des icebergs étant utilisée pour fabriquer des produits comme la vodka, la bière, le vin, de l’eau embouteillée et des cosmétiques (Jones, 2019).

Graphique 1 Nombre d’icebergs signalés, selon la taille observée dans la région de reconnaissance de l’International Ice Patrol, 2002 à 2021

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Petit, Moyen, Gros et Taille inconnue, calculées selon nombre d’icebergs unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Année Petit Moyen Gros Taille inconnue
nombre d’icebergs
2002 1 087 393 136 554
2003 1 236 509 285 432
2004 396 376 78 2 031
2005 75 26 13 12
2006 866 992 422 1 353
2007 939 1 077 862 2 135
2008 671 848 507 667
2009 1 504 2 106 1 224 1 384
2010 500 829 486 568
2011 1 034 1 108 1 465 756
2012 787 401 306 746
2013 685 538 453 1 935
2014 2 474 1 400 1 264 5 034
2015 1 263 886 995 2 887
2016 1 447 898 881 1 237
2017 1 573 1 368 859 1 474
2018 795 611 311 465
2019 2 872 4 461 546 1 936
2020 959 1 358 308 238
2021 707 570 132 380

Graphique 2 Nombre total d’icebergs, au sud du 48° N, 1900 à 2021

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2. Les données sont présentées selon Année (titres de rangée) et Nombre d’icebergs(figurant comme en-tête de colonne).
Année Nombre d’icebergs
1900 88
1901 81
1902 48
1903 802
1904 266
1905 822
1906 428
1907 635
1908 207
1909 1 041
1910 51
1911 374
1912 1 038
1913 543
1914 721
1915 487
1916 55
1917 38
1918 181
1919 317
1920 430
1921 762
1922 492
1923 284
1924 11
1925 109
1926 341
1927 393
1928 507
1929 1 329
1930 504
1931 14
1932 514
1933 216
1934 576
1935 872
1936 25
1937 470
1938 664
1939 850
1940 1
1941 3
1942 30
1943 840
1944 700
1945 1 083
1946 430
1947 63
1948 523
1949 47
1950 457
1951 8
1952 15
1953 56
1954 312
1955 61
1956 80
1957 931
1958 1
1959 689
1960 258
1961 114
1962 121
1963 25
1964 369
1965 76
1966 0
1967 441
1968 230
1969 53
1970 85
1971 73
1972 1 588
1973 846
1974 1 387
1975 100
1976 151
1977 22
1978 75
1979 152
1980 24
1981 63
1982 188
1983 1 352
1984 2 202
1985 1 063
1986 204
1987 318
1988 187
1989 301
1990 793
1991 1 974
1992 876
1993 1 753
1994 1 765
1995 1 432
1996 611
1997 1 011
1998 1 380
1999 22
2000 843
2001 89
2002 877
2003 927
2004 262
2005 11
2006 0
2007 324
2008 976
2009 1 204
2010 1
2011 3
2012 499
2013 13
2014 1 546
2015 1 165
2016 687
2017 1 008
2018 208
2019 1 515
2020 169
2021 1

Les icebergs et leurs écosystèmes environnants

Les icebergs peuvent avoir des répercussions sur les conditions océaniques et les écosystèmes. Cela se voit le plus souvent dans la zone épipélagique, qui se situe près de 200 mètres de profondeur. Ce phénomène s’explique par le fait que les icebergs de petite et de moyenne taille — les dimensions d’iceberg les plus fréquemment observées par l’IIP — peuvent atteindre 150 mètres de profondeur. L’importance de ces répercussions sur les conditions océaniques et les écosystèmes au Canada n’est pas connue, car la majorité des recherches sur les icebergs ont été menées dans l’Antarctique (Smith et coll., 2013).

Les eaux des plates-formes de Terre-Neuve-et-Labrador se sont réchauffées, avec des températures moyennes annuelles récentes supérieures de 0,4 oC à la normale climatique des zones épipélagiques (Statistique Canada, 2022). Cela pourrait avoir une incidence sur la vitesse à laquelle les icebergs fondent et sur leur taille lorsqu’ils dérivent dans le couloir des icebergs.

L’eau douce provenant de la fonte des icebergs peut affecter la salinité des eaux avoisinantes immédiates, bien que les niveaux de salinité soient principalement attribuables à des tendances de circulation océanique à grande échelle. Selon les données de 2005 à 2017, la salinité dans les plates-formes de Terre-Neuve-et-Labrador, y compris une grande partie du couloir des icebergs, est légèrement inférieure à la moyenne climatique normale, en particulier au printemps (Statistique Canada, 2022). Une réduction de la salinité dans les couches d’eau de surface peut renforcer la stratification de l’eau, formant une barrière qui empêche l’eau froide, dense, et riche en éléments nutritifs des profondeurs, de se mélanger avec les eaux de surface (Smith et coll., 2013). La faible disponibilité d’éléments nutritifs peut réduire les populations de phytoplancton, qui absorbent de grandes quantités de carbone.

Toutefois, au fur et à mesure qu’ils fondent, les icebergs libèrent également des micronutriments, comme le nitrate et le silicate, dans les eaux environnantes, ce qui fournit les éléments nutritifs nécessaires à l’activité du phytoplancton (Smith et coll., 2013). Des niveaux plus élevés de phytoplancton constituent une source d’alimentation pour les brouteurs de phytoplancton (copépodes, appendiculaires/larvacés) dans l’eau qui se trouve autour des icebergs. De minuscules poissons vivant dans de petites grottes à l’intérieur des icebergs ont aussi été observés (Smith et coll., 2013).

Bien que l’incidence écologique globale des icebergs soit minime, les sensations fortes que ressentent les touristes et les habitants lorsqu’ils aperçoivent un iceberg au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador sont indéniables.

Bibliographie

Service canadien des glaces, 2005. MANICE: manuel des norms d’observation des glaces, révision de la neuvième édition. Consulté le 15 mars 2024.

Environnement et Changement climatique Canada, 2015. Migration des icebergs. Consulté le 3 mai 2024.

Environnement et Changement climatique Canada, 2017. Aperçu des icebergs. Consulté le 3 mai 2024.

Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador ― Tourisme, culture, arts et loisirs, 2018. 2016 Exit Survey―Result highlights. Consulté le 29 février 2024.

Greene, C. A., Gardner, A., Wood, M. et Cuzzone, J., 2024. Ubiquitous acceleration in Greenland Ice Sheet calving from 1985 to 2022. Nature, 625, 523-528.

International Ice Patrol, 2020. International Ice Patrol Annual Count of Icebergs South of 48 Degrees North, 1900 to Present, version 1 [ensemble de données]. Consulté le 26 février 2024.  

International Ice Patrol, 1995. International Ice Patrol (IIP) Iceberg Sightings Database, version 1 [ensemble de données]. Boulder, Colorado, États-Unis. National Snow and Ice Data Center. Consulté le 26 février 2024.

Jones, L., 2019. Iceberg harvesting is a swashbuckling new industry in Newfoundland and Labrador. Maclean’s, 10 avril. Consulté le 29 février 2024.

Smith, K. L., Sherman, A. D., Shaw, T. J. et Sprintall, J., 2013. Icebergs as unique Lagrangian ecosystems in polar seas. Annual Review of Marine Science, 5, 269-287.

Statistique Canada, 2019. Produit intérieur brut (PIB), emplois et dépenses attribuables au tourisme, selon la province ou le territoire, 2019. Consulté le 29 février 2024.

Statistique Canada, 2022. L’activité humaine et l’environnement 2021 : comptabiliser les changements écosystémiques au Canada, produit no 16-201-X au catalogue. Comptabilisation des changements d’écosystème au Canada. Consulté le 14 mars 2024.

Date de modification :