Section 1 : Introduction
Les biens et services écosystémiques (BSE) sont essentiels à l’activité humaine. Les agriculteurs, les exploitants forestiers, les pêcheurs et beaucoup d’autres récoltent les richesses de la nature, alors que d’autres gagnent leur vie en transformant et en vendant les biens produits. Les services écosystémiques procurent des avantages sur le plan social et en matière de santé en créant des possibilités d’apprentissage ou de récréation – par exemple, le bien-être que procure une promenade en forêt ou dans un parc. Les structures et les fonctions naturelles des écosystèmes produisent des biens et des services qui profitent aux gens – les écosystèmes produisent l’air que nous respirons, filtrent l’eau que nous buvons et recyclent les éléments nutritifs qui permettent à tout ce qui vit de croître.
Les répercussions de l’activité humaine sur les terres et l’eau peuvent influer profondément sur les écosystèmes. Le changement climatique, l’acidification des océans, la fonte du pergélisol, la destruction d’habitats, l’eutrophisation, les eaux de ruissellement, la pollution de l’air, les contaminants et les espèces envahissantes ne sont que quelques-uns des nombreux problèmes qui touchent les écosystèmes. Les effets cumulatifs de ces problèmes, ainsi que de nombreuses autres pressions, peuvent avoir de graves répercussions sur les fonctions des écosystèmes et la production de BSE. Il importe de comprendre les contributions de ces services au bien-être de ceux qui en profitent – les bénéficiaires – afin de prendre des décisions éclairées. Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire d’obtenir de l’information sur la disponibilité ou la dégradation des BSE afin d’évaluer et de concevoir des politiques pertinentes qui favorisent la conservation, la remise en état et l’utilisation durable des écosystèmes (figure 1.1).
Figure 1.1 : Cadre conceptuel de la mesure des biens et services écosystémiques
Le rapport L’activité humaine et l’environnement 2013 : Mesure des biens et services écosystémiques au Canada fait état des résultats obtenus dans le cadre d’un projet de deux ans visant à recenser et à établir de l’information sur les biens et services écosystémiques. Le rapport est divisé en six sections. La section 2, Comptabilité des écosystèmes, présente des concepts pertinents pour l’élaboration de comptes expérimentaux des écosystèmes ainsi que pour la compréhension des études de cas exposées dans le rapport. La section 3, Les écosystèmes et les biens et services qu’ils produisent à l’échelle nationale, traite des résultats initiaux à grande échelle. La section 4, Étude de cas : Parc national des Mille-Îles, intègre certains des concepts présentés dans les sections précédentes et montre comment la comptabilité des écosystèmes peut être utilisée pour des études de cas locales. La Section 5, Pistes de recherche pour l’avenir, propose certains thèmes qui pourraient être approfondis afin de mieux rendre compte de l’état et des tendances des écosystèmes et de l’évolution au fil du temps des biens et services qu’ils produisent. La section 6, Appendices, fournit des renseignements détaillés sur certains de ces thèmes.
Le présent rapport expose les résultats préliminaires d’un projet interministériel portant sur la mesure des biens et services écosystémiques (MBSE), qui visait à cerner les besoins en matière de production et d’analyse de données statistiques complètes sur les écosystèmes et sur les biens et services qu’ils produisent. L’objectif était d’établir l’infrastructure et d’élaborer, mettre à l’essai et appliquer les classifications, les mesures de la qualité et les méthodes d’évaluation qui permettront d’étoffer les comptes des écosystèmes (encadré 1).
Encadré 1 : Mesure des biens et services écosystémiques (MBSE) : le projet
En 2011, le gouvernement fédéral a consenti des fonds à Statistique Canada pour l’élaboration de comptes expérimentaux des écosystèmes, dans le but spécifique de soutenir les besoins stratégiques en matière d’évaluation des biens et services écosystémiques.
Le projet MBSE a été réalisé en partenariat avec plusieurs ministères fédéraux; Statistique Canada et Environnement Canada, coresponsables du projet, ont bénéficié de la participation de d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, de Parcs Canada, de Pêches et Océans Canada, de Ressources naturelles Canada et de l’organisme Horizons de politiques Canada. Les objectifs étaient de mener des recherches, de consolider les données et d’améliorer les connaissances sur les écosystèmes du Canada; d’examiner les différentes méthodes d’évaluation et de suivi de la qualité des écosystèmes; et de rassembler les données requises pour appuyer le processus d’évaluation. Ces objectifs ont été atteints par l’établissement de normes et de systèmes de classification des données spatiales, par la normalisation des données spatiales existantes, par l’élaboration d’un projet pilote de comptes des écosystèmes et par l’étude des méthodes d’évaluation des biens et services écosystémiques.
Le projet MBSE a permis d’élaborer une infrastructure statistique à l’appui de l’étude des écosystèmes, de consolider une partie des données existantes et d’établir des méthodes qui poseront les jalons des travaux futurs dans ce domaine. La base de données géospatiale MBSE, qui intègre divers ensembles de données permettant de représenter la couverture terrestre et l’utilisation des terres au Canada, constitue l’un des principaux extrants. Les travaux initiaux étaient axés sur les données spatiales chronologiques disponibles au Canada, bien que l’on ait aussi acquis et intégré des ensembles de données de bas niveau lorsque ce type de données convenait mieux. Des ensembles de données nationales moins précises ne conviennent pas nécessairement à l’analyse à l’échelle régionale ou locale, comme pour l’étude de cas du parc national des Mille-Îles dont il est question dans le présent rapport, qui fait appel à des données d’une plus grande résolution pour l’analyse de la couverture terrestre. Des progrès ont aussi été réalisés en matière d’élaboration de mesures de la qualité et d’amélioration des connaissances en matière d’évaluation monétaire et non monétaire.
L’équipe de projet suit de près l’élaboration du Système de comptabilité environnementale et économique intégrée (SEEA) : comptabilité expérimentale des écosystèmes, manuel qui, une fois finalisé et adopté, servira de guide pour les comptes des écosystèmes 1 . Les résultats exposés dans le présent rapport font partie d’un exercice de comptabilité expérimentale compatible avec les objectifs et les lignes directrices du SEEA.
La comptabilité des BSE est une discipline de recherche relativement nouvelle, mais en pleine expansion. Comptables spécialisés en environnement, écologistes et économistes reconnaissent tous les grands défis que posent la définition des biens et services, la compréhension et le suivi des propriétés biophysiques et des structures qui produisent les biens et services, la mesure des points où les biens et services sont produits et utilisés et l’évaluation des services. Toutefois, il existe un degré élevé de collaboration intergouvernementale et interdisciplinaire pour l’élaboration de normes, de définitions, de méthodes, de classifications et d’outils communs, incluant les travaux réalisés dans le cadre du Système de comptabilité environnementale et économique intégrée (SEEA) des Nations Unies 2 .
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