Élimination des déchets spéciaux des ménages
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John Marshall
Les installations modernes d'élimination des déchets contribuent à réduire l'incidence qu'ont les déchets des ménages sur l'environnement. Par exemple, les matières organiques en décomposition produisent du méthane et du lixiviat dans les sites d'enfouissement, mais le torchage du méthane ainsi que la récupération et le traitement du lixiviat contribuent à en atténuer l'impact. Toutefois, de nombreux sites d'enfouissement plus petits et moins récents ne bénéficient pas de dispositifs de haute technologie pour lutter contre la pollution. Certains déchets des ménages peuvent représenter une menace pour la qualité de l'eau souterraine, en particulier lorsqu'ils sont traités dans des vieux sites d'enfouissement. Ces « déchets spéciaux » méritent donc qu'on leur accorde attention et prudence si l'on veut s'assurer que l'élimination et le recyclage (le cas échéant) sont sécuritaires.
Dans tout le Canada, de nombreux programmes fournissent des solutions sécuritaires pour éliminer les déchets spéciaux des ménages. Toutefois, selon les résultats de l'Enquête sur les ménages et l'environnement de 2006, de nombreux ménages ne sont pas vraiment au courant que ces options existent. Les programmes ne sont pas toujours utilisés pleinement, et de nombreux déchets spéciaux peuvent se retrouver sur le bord du trottoir.
Que font les ménages de leurs déchets spéciaux?
Médicaments inutilisés ou périmés
Piles déchargées
Ordinateurs et dispositifs de communication
Peinture : un tableau clair
Conclusion
Que font les ménages de leurs déchets spéciaux?
Les ménages du pays produisent régulièrement des déchets spéciaux, des piles déchargées aux vieux contenants de peinture. La présente étude est axée sur les quatre déchets spéciaux pour lesquels des renseignements ont été recueillis dans le cadre de l'Enquête sur les ménages et l'environnement : les médicaments inutilisés ou périmés, les piles déchargées, les ordinateurs et appareils de communication désuets et les restes de peinture; cette enquête qui a été menée en 2006. On a demandé aux répondants ce qu'ils avaient fait de ces déchets s'ils en avaient à leur domicile en 20051.
Médicaments inutilisés ou périmés
Les ventes de médicaments, qu'ils soient fournis sur ordonnance ou non (par exemple les médicaments, les vitamines et les suppléments en vente libre), sont passées de 11,8 milliards de dollars à 21,8 milliards de dollars de 1998 à 20062. Le vieillissement de la population, les progrès pharmacologiques et médicaux ainsi que la hausse des prix ont tous été désignés comme étant des facteurs de cette montée en flèche de la valeur des ventes de médicaments3.
Les gens ne finissent pas toujours les médicaments prescrits et par conséquent, il arrive qu'il en reste. Les médicaments en vente libre sont souvent conservés dans l'armoire à pharmacie jusqu'à ce que la date de péremption soit expirée. Le fait de jeter le reste de ces produits pharmaceutiques à la poubelle ou dans le tuyau de renvoi (des méthodes d'élimination non contrôlées) peut présenter un risque pour l'environnement.
La présence de ces petites quantités de substances dans l'eau devient une préoccupation importante à l'échelle nationale et internationale. Bien que les concentrations soient faibles, il peut y avoir des effets néfastes sur les humains et les animaux. Les récentes recherches indiquent que ces produits peuvent provoquer des problèmes hormonaux chez de nombreuses espèces aquatiques. On s'inquiète également des effets, sur la santé humaine, des médicaments qui se trouvent dans les sources d'eau potable4.
Plusieurs programmes gérés par des provinces ou des industries recommandent l'élimination sécuritaire des produits pharmaceutiques inutilisés, par exemple, le Programme de gérance des produits pharmaceutiques ENVIRx en Alberta5. En plus de ces initiatives de gérance, la plupart des centres de récupération des déchets spéciaux acceptent les produits pharmaceutiques inutilisés et s'assurent qu'ils sont éliminés de façon sécuritaire.
Les ménages du Québec et de l'Île du-Prince-Édouard sont plus consciencieux en ce qui concerne l'élimination des médicaments inutilisés
Au Canada, près d'un quart des ménages avaient des médicaments restants ou périmés en 2005. Presque la moitié de ces ménages ont retourné les produits à une pharmacie ou à un centre de récupération, permettant des méthodes d'élimination plus contrôlées.
Un autre 39 % des ménages se sont débarrassés de ces déchets en les jetant aux ordures, dans l'évier ou dans les toilettes, ou en les enterrant. Les autres ménages les avaient encore à la maison au moment de l'enquête et ne savaient peut-être pas quoi en faire.
Les ménages des différentes parties du pays ont traité les produits pharmaceutiques inutilisés de nombreuses façons différentes (graphique 1).
Les ménages de Terre-Neuve-et-Labrador étaient les plus susceptibles de jeter ces déchets aux poubelles, dans l'évier ou dans les toilettes ou de les enfouir. Dans cette province, plus des deux tiers des ménages possédant des médicaments inutilisés ont fait appel à ces méthodes d'élimination non contrôlées.
Près des deux tiers des ménages du Québec et de l'Île-du-Prince-Édouard ont retourné les produits à une pharmacie ou à un centre de récupération des déchets spéciaux, où les méthodes d'élimination sont davantage contrôlées.
Les raisons qui permettraient d'expliquer ces différences provinciales ne sont pas claires. Par exemple, l'Alberta et la Colombie-Britannique ont des programmes provinciaux prévoyant la collecte des médicaments inutilisés ou périmés dans les pharmacies participantes6. Pourtant, les Albertains étaient plus susceptibles que les Britanno-Colombiens de déclarer qu'ils se débarrassaient de leurs médicaments en utilisant une méthode d'élimination contrôlée.
Piles déchargées
Les piles alimentent les jouets, les montres, les téléphones cellulaires, les lecteurs de musique et les autres articles ménagers et personnels habituels. En 2004, on estime que 450 millions de piles grand public ont été vendues au Canada et qu'environ 348 millions ont été jetées7.
Même s'il n'est pas particulièrement dangereux de jeter un petit nombre de piles alcalines normales à la poubelle, certaines piles, y compris les accumulateurs au plomb, les batteries au lithium, les batteries au nickel-cadmium, les accumulateurs à oxyde d'argent et les piles au mercure représentent une menace plus importante. Ces piles peuvent contenir des métaux lourds qui, pour un grand nombre, comptent parmi les substances toxiques indiquées dans la Loi canadienne sur la protection de l'environnement de 19998. L'élimination d'un grand nombre de piles peut également présenter un risque pour la sécurité, car il peut se produire une réaction et les piles peuvent surchauffer.
Les programmes municipaux axés sur les déchets ménagers spéciaux (DMS) fournissent des options de récupération pour certaines piles grand public. La question des autres piles est gérée par des programmes bénévoles mis en place par des organisations telles que la Société de Recyclage de Piles Rechargeables au Canada. Ces programmes contribuent à faciliter et à appliquer le recyclage des métaux contenus dans les piles. De nombreuses provinces envisagent des lois en ce qui concerne les méthodes de recyclage et d'élimination des piles d'ordinateurs portables et des autres équipements électroniques9.
Les piles finissent à la poubelle, sauf à l'Île-du-Prince-Édouard
Selon les données de l'Enquête sur les ménages et l'environnement, 60 % des foyers mettaient à la poubelle leurs piles déchargées en 2005 (graphique 2). Ces piles finissent dans un site d'enfouissement ou dans un incinérateur. Un peu plus d'un quart des ménages ont porté leurs piles inutilisées à un centre de récupération des déchets spéciaux. Les autres ménages les avaient toujours à la maison.
L'élimination appropriée des piles est plus courante à l'Île-du-Prince-Édouard, la seule province où les méthodes d'élimination contrôlées sont davantage utilisées que l'élimination dans le flux de déchets habituel. Un peu plus de la moitié des ménages de cette province ont retourné leurs piles déchargées à un centre de récupération des déchets spéciaux. Même en Nouvelle-Écosse, une province qui dispose d'un plan global de gestion des déchets, moins du quart des ménages ont porté leurs piles inutilisées à un centre de récupération des déchets spéciaux ou à un fournisseur de piles, p. ex. un point de vente au détail.
Ordinateurs et dispositifs de communication
Les ordinateurs, les téléphones cellulaires et les assistants numériques personnels (ANP) sont presque devenus omniprésents au Canada. Les ventes de matériel et de logiciels informatiques sont passées de 3,0 milliards de dollars en 1998 à plus de 4,2 milliards de dollars en 200610. La part des ménages ayant un téléphone cellulaire est passée de 22 % en 1997 à 64 % en 200511.
Selon Environnement Canada, les produits de la technologie de l'information (TI) et de la télécommunication contiennent des substances dangereuses et toxiques allant du plomb, du mercure et du béryllium dans les moniteurs informatiques, à l'arsenic, au cadmium et au plomb dans les téléphones mobiles12.
Dans une étude demandée par Environnement Canada, on a estimé que 81 000 tonnes de matériel de TI et de télécommunication ont été recyclées et éliminées en 2002. Les ordinateurs et les moniteurs représentaient 70 % de ce total. L'étude projetait que le recyclage et l'élimination des déchets de TI augmenteraient pour se chiffrer à 91 000 tonnes en 201013.
La plupart des centres de récupération des déchets spéciaux acceptent désormais les articles de TI. Par exemple, des programmes de gérance des produits sont actuellement mis en place, tels que le Programme de recyclage des produits électroniques en Alberta, qui demande aux fournisseurs de produits électroniques d'appliquer une taxe environnementale sur la vente de produits électroniques désignés. Les consommateurs doivent apporter leurs équipements désuets à des points de collecte situés dans toute la province aux fins de traitement et de recyclage14.
Plus du tiers des ménages entreposent leurs ordinateurs et appareils de communication inutilisés ou désuets
Les ordinateurs et autres appareils de TI/télécommunication changent constamment avec l'avancée technologique. Par conséquent, ces articles sont fréquemment remplacés. Lorsque ces équipements sont remplacés, les équipements désuets sont souvent entreposés. Plus du tiers des ménages avaient toujours de vieux appareils de TI à leur domicile au moment de l'enquête. Dans certains cas, ces consommateurs ne veulent pas nécessairement mettre ces articles à la poubelle, mais ils ne sont pas au courant qu'il existe des méthodes sécuritaires pour traiter ces déchets.
Près de la moitié des ménages ayant des déchets de TI en ont fait cadeau, les ont portés dans un centre de récupération ou les ont retournés au fournisseur, alors que 16 % des ménages les ont mis à la poubelle et 5 % ont utilisé d'autres méthodes d'élimination (tableau 1). Les dons à une œuvre de charité, les retours aux fournisseurs ou les dépôts dans un centre de récupération étaient une habitude courante en Alberta (57 %).
Tableau 1
Traitement des ordinateurs ou des appareils de communication inutilisés par province, 2005
Peinture : un tableau clair
Les ménages du Canada semblent comprendre qu'il est nécessaire de contrôler l'élimination de ce déchet spécial que sont les restes de peinture.
Les peintures sont acceptées dans presque tous les centres de récupération des déchets spéciaux. Des programmes de gérance de la peinture, tels que le programme de récupération des peintures mises au rebut au Québec15 et le programme de gestion de la peinture postconsommation de la Saskatchewan16 ont également été mis en place dans plusieurs provinces. Dans le cadre de ces programmes, les restes de peinture et leurs contenants sont recueillis aux fins de recyclage et d'élimination. Ces programmes sont financés à l'aide des taxes payées au point d'achat. Les contenants de peinture au latex sont également acceptés aux fins d'élimination ou de recyclage municipal régulier dans la plupart des régions si la peinture a durci au fond du contenant.
En 2005, 29 % des ménages avaient de la peinture dont ils voulaient se débarrasser. Plus de la moitié d'entre eux l'ont portée à un centre de récupération des déchets spéciaux ou l'ont retournée au fournisseur aux fins d'élimination (graphique 3).
Toutefois, une part importante des ménages (38 %) ont déclaré qu'ils avaient encore de la vieille peinture à la maison, possiblement parce qu'ils ne savaient toujours pas quoi en faire. Seule une petite part des ménages l'a mise à la poubelle ou a utilisé une autre méthode d'élimination. On notait très peu de différences entre les provinces.
Conclusion
L'élimination inappropriée des déchets spéciaux peut présenter des risques pour l'environnement, pour la santé et pour la sécurité. Même si dans plusieurs régions du Canada, il existe des programmes de collecte pour éliminer et recycler les déchets spéciaux de façon sécuritaire, un grand nombre de ménages ne savent peut-être pas comment accéder à ces programmes, puisqu'un grand nombre éliminent ces déchets dans le flux de déchets normal ou dans le réseau d'égouts.
Notes
- Les déchets spéciaux ne se limitent pas à ceux indiqués dans le présent article; ils peuvent comprendre, entre autres, les aiguilles hypodermiques utilisées, les pesticides inutilisés ou les bouteilles de propane vides.
- Statistique Canada, tableau 080-0018 : Enquête sur les marchandises vendues au détail, basée sur le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN), somme annuelle calculée (dollars), CANSIM (base de données), (site consulté le 21 décembre 2007).
- Dubé, Guillaume, 2006, « Les détaillants en concurrence pour le marché des médicaments », Analyse en bref, nº 11-621-M au catalogue de Statistique Canada, nº 048, (site consulté le 1er octobre 2007).
- Santé Canada, 2007, Médicaments, comment s'en défaire, (site consulté le 13 septembre 2007).
- National Association of Pharmacy Regulatory Authorities, 2002, Recycling and Disposal of Dispensed Drugs, (site consulté le 14 septembre 2007).
- Environnement Canada, 2007, Responsabilité élargie des producteurs et gérance : Produits pharmaceutiques, (site consulté le 2 octobre 2007).
- Environnement Canada, 2007, Étude de référence sur les piles grand public au Canada : Rapport final, (site consulté le 11 septembre 2007).
- Environnement Canada, 1999, Loi canadienne sur la protection de l'environnement, (site consulté le 17 octobre 2007).
- Environnement Canada, 2007, Étude de référence sur les piles grand public au Canada : Rapport final, (site consulté le 11 septembre 2007).
- Statistique Canada, tableau 080-0018, CANSIM (base de données) (site consulté le 21 décembre 2007).
- Statistique Canada, tableau 203-0020 – Enquête sur les dépenses des ménages (EDM), équipement ménager, au 31 décembre, selon les provinces, territoires et certaines régions métropolitaines, données annuelles, CANSIM (base de données), (site consulté le 21 décembre 2007).
- RIS International Ltd., 2003, Information Technology (IT) and Telecommunication (Telecom) Waste in Canada – 2003 Update Report to Environment Canada, Toronto.
- RIS International, Ltd., 2003.
- Environnement Canada, 2007, Responsabilité élargie des producteurs et gérance : Programme de recyclage de matériel électronique, (site consulté le 13 septembre 2007).
- Environnement Canada, 2007, Responsabilité élargie des producteurs et gérance : Programme de récupération des peintures mises au rebut au Québec, (site consulté le 7 septembre 2007).
- Environnement Canada, 2007, Responsabilité élargie des producteurs et gérance : Programme de gestion de la peinture postconsommation, (site consulté le 7 septembre 2007).
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