Les nouveautés en matière de comptes économiques canadiens
Tendances relatives au financement par emprunt des entreprises canadiennes : avant et pendant la pandémie de COVID-19

par Yiling Zhang, Min Xie, Dave Krochmalnek et Matthew Hoffarth

Date de diffusion : le 26 juillet 2021

Remerciements

Ce travail n’aurait pas été possible sans la précieuse contribution et l’expertise d’innombrables employés dévoués de Statistique Canada, notamment Mélanie Bélanger, Éric Boulay, Brenda Bugge, Carolina Cabañas-Leòn, Gilbert Côté, Lydia Couture, Monique Deschambault, Thomas Haines, Roland Hébert, Dragos Ifrim, Matthew Kelly, Tony Labillois, Denise Lafleur, Hon Lam Le, Alexander Li, Vivian Niu, Greg Peterson, Rob Puchyr, Julie Racette, Daniela Ravindra, Éric Simard, Jennifer Withington, et le Comité de rédaction de la Division des prix à la production.

Introduction

Le présent article est le deuxième d’une série de documentsNote portant sur les tendances de l’activité d’emprunt observées chez les ménages et les entreprises du Canada avant et pendant la pandémie de COVID-19. Cet article porte sur les emprunts des entreprises sous forme de prêts et de titres d’emprunt. Les analyses sont fondées sur des données provenant d’un vaste éventail de sources, y compris les comptes du bilan national, les agrégats mensuels du crédit et le programme des titres d’emprunt de Statistique Canada, ainsi que des renseignements tirés du Relevé des prêts (nouveaux et existants) (A4) de la Banque du Canada et d’autres données réglementaires.

Aux fins de la présente analyse, les emprunts ou le crédit des entreprises sont définis comme des prêts provenant de sociétés non affiliéesNote et des titres d’emprunt négociables. Ces passifs seront examinés principalement du point de vue du secteur des sociétés privées non financières, qu’on peut désigner comme « les entreprises » par souci de concision.

Accélération du crédit aux entreprises au cours des dernières décennies

Avant la crise financière et le ralentissement économique de 2008 et 2009, le crédit aux entreprises augmentait à un rythme plus modeste par rapport au produit intérieur brut (PIB). En valeur nominale, les entreprises devaient 600 milliards de dollars à la fin de 2007. À partir de 2008, la trajectoire de la dette par rapport au PIB s’est accentuée à mesure que la croissance économique était touchée par la lente reprise et de nouvelles crises, comme le choc pétrolier qui a commencé durant la deuxième moitié de 2014 et, plus récemment, la pandémie mondiale de COVID-19. À la fin de 2020, le crédit aux entreprises avait plus que doublé, le ratio de la dette par rapport au PIB s’étant fortement accéléré, même avant l’arrivée de la COVID-19. Dans l’ensemble, les prêts non hypothécaires et les titres d’emprunt comme les obligations et les effets commerciaux à court terme ont stimulé cette croissance, tandis que la dette hypothécaire représentait une proportion beaucoup plus faible de la dette. Bien que le crédit aux entreprises se soit accéléré, les actifs en devises et dépôts ont également augmenté. Le fait de contrebalancer la dette des entreprises avec les actifs en devises et dépôts pour obtenir un numérateur de dette moins les actifs liquides entraîne une accélération beaucoup moins spectaculaire. Les entreprises peuvent utiliser l’argent comme mesure de protection contre les périodes de croissance économique plus faible ou afin de saisir rapidement les possibilités de croissance.

Chart 1

Tableau de données du graphique 1 
Tableau de données du graphique 1
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 1 Dettes négociables (axe de gauche), Prêts non hypothécaires (axe de gauche), Prêts hypothécaires (axe de gauche), Dettes par rapport au PIB (axe de droite) et Dettes moins les liquidités par rapport au PIB (axe de droite), calculées selon milliards de $ et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Dettes négociables (axe de gauche) Prêts non hypothécaires (axe de gauche) Prêts hypothécaires (axe de gauche) Dettes par rapport au PIB (axe de droite) Dettes moins les liquidités par rapport au PIB (axe de droite)
milliards de $ pourcentage
1991
T1 65,8 188,2 77,0 47,5 41,9
T2 66,1 184,3 81,9 47,7 41,5
T3 67,1 181,7 81,5 47,3 41,3
T4 69,4 183,1 81,4 47,6 41,3
1992
T1 70,5 182,5 82,2 47,5 41,3
T2 74,7 181,7 83,4 47,8 41,3
T3 75,4 180,1 84,1 47,6 40,8
T4 74,2 176,4 86,5 46,9 39,7
1993
T1 78,1 172,6 86,2 46,5 39,9
T2 83,3 172,5 86,2 46,7 38,9
T3 89,4 174,9 86,7 47,6 40,3
T4 92,3 175,0 86,1 47,3 39,9
1994
T1 105,0 175,1 84,1 48,2 40,9
T2 105,2 177,8 84,4 48,0 41,6
T3 104,2 177,5 81,4 46,6 39,6
T4 106,5 182,8 79,9 46,6 39,8
1995
T1 111,8 188,8 78,8 47,3 40,7
T2 113,3 191,3 76,4 46,8 40,3
T3 115,3 189,2 75,9 46,2 39,9
T4 120,9 198,0 74,3 47,3 41,1
1996
T1 122,9 205,2 72,8 47,9 42,0
T2 128,6 199,7 72,4 47,7 41,0
T3 132,1 199,9 72,1 47,6 40,8
T4 138,5 199,1 72,3 47,7 40,7
1997
T1 145,5 209,4 70,6 48,8 42,5
T2 147,8 218,5 69,8 49,3 42,8
T3 153,6 223,1 69,1 49,7 42,4
T4 160,2 225,9 68,7 50,1 41,9
1998
T1 168,6 236,8 69,7 51,9 43,6
T2 179,7 244,4 70,5 53,4 44,0
T3 190,9 245,1 70,7 54,3 44,6
T4 190,1 244,5 71,0 53,8 44,4
1999
T1 196,2 244,6 70,8 53,8 43,5
T2 195,7 239,6 68,7 52,1 41,3
T3 198,9 237,2 70,1 51,3 40,6
T4 193,1 241,4 70,9 50,1 38,7
2000
T1 199,7 258,5 75,4 51,7 39,8
T2 204,5 263,9 77,8 51,6 40,2
T3 212,5 263,4 79,1 51,2 39,2
T4 210,0 261,0 80,4 49,9 38,9
2001
T1 224,1 275,2 83,9 51,8 40,5
T2 230,2 268,3 85,7 51,3 39,6
T3 241,1 270,5 85,6 52,3 40,9
T4 248,8 263,3 86,8 52,3 39,6
2002
T1 251,5 270,9 87,6 53,2 40,9
T2 251,3 266,5 90,2 52,6 39,8
T3 261,6 260,7 92,7 52,5 39,9
T4 264,0 262,3 95,1 52,1 38,9
2003
T1 253,6 246,7 96,4 49,1 36,4
T2 253,7 242,5 98,7 48,4 34,2
T3 250,5 236,6 102,2 47,4 33,7
T4 256,3 230,6 105,8 47,2 33,2
2004
T1 261,1 238,7 107,0 47,9 33,2
T2 259,3 240,4 109,7 47,3 31,7
T3 258,6 234,3 112,6 46,2 31,4
T4 264,0 237,4 114,0 46,1 31,0
2005
T1 265,8 235,1 116,2 45,5 30,4
T2 275,8 241,9 119,2 46,3 30,8
T3 264,5 243,3 123,5 45,2 29,8
T4 261,6 242,6 125,3 44,3 28,9
2006
T1 258,7 254,9 127,1 44,4 29,3
T2 249,1 264,9 130,4 44,0 28,6
T3 256,8 268,5 132,7 44,4 29,1
T4 271,1 273,9 136,3 45,5 29,6
2007
T1 284,4 284,8 143,4 47,1 31,0
T2 267,9 295,4 146,5 46,3 29,9
T3 265,3 309,9 150,4 46,6 29,6
T4 270,2 326,4 153,6 47,5 30,6
2008
T1 284,8 334,1 164,7 49,1 33,5
T2 286,4 326,6 169,5 48,4 31,2
T3 286,9 331,3 171,9 47,9 31,4
T4 287,9 356,2 173,6 49,3 32,4
2009
T1 287,8 356,3 174,1 49,8 32,8
T2 313,7 334,0 175,4 51,0 33,7
T3 322,4 315,0 177,2 51,6 34,0
T4 324,4 300,3 178,9 51,1 32,7
2010
T1 330,0 287,2 181,0 50,3 32,8
T2 335,9 280,1 184,4 49,6 31,3
T3 346,8 276,8 186,2 49,5 30,9
T4 345,3 279,0 188,9 48,8 30,6
2011
T1 348,1 294,2 189,2 49,2 30,6
T2 355,6 291,3 190,1 48,8 30,3
T3 382,3 303,8 192,1 50,3 31,1
T4 375,5 302,4 194,4 49,2 30,8
2012
T1 364,6 329,0 196,1 49,7 31,8
T2 377,9 334,6 199,9 50,6 32,1
T3 389,7 341,1 201,9 51,4 32,9
T4 399,5 339,5 205,5 51,7 33,0
2013
T1 408,7 352,3 210,9 52,9 33,6
T2 411,8 378,9 214,1 54,3 34,5
T3 415,6 379,8 218,1 54,0 34,1
T4 429,6 378,5 223,0 54,2 34,2
2014
T1 456,2 396,9 223,4 55,9 36,2
T2 465,8 407,9 225,9 56,2 36,6
T3 483,3 425,3 228,3 57,5 36,9
T4 492,6 431,0 229,9 57,8 38,0
2015
T1 553,6 449,0 232,8 61,8 40,8
T2 531,2 468,3 234,6 61,8 41,0
T3 543,3 475,6 238,8 63,0 41,7
T4 547,5 485,0 242,0 64,0 42,4
2016
T1 528,2 474,3 245,0 62,6 41,2
T2 549,6 497,8 247,7 64,9 43,0
T3 578,1 496,4 251,5 66,1 44,0
T4 567,2 505,7 252,5 65,4 42,2
2017
T1 588,8 517,1 253,5 66,3 43,2
T2 591,3 531,7 259,2 66,3 42,7
T3 589,2 544,5 262,2 66,1 42,6
T4 618,2 544,7 268,9 66,9 43,7
2018
T1 628,3 565,1 271,0 67,7 44,9
T2 629,9 589,1 275,3 68,3 45,5
T3 610,8 606,0 278,5 67,4 44,7
T4 611,3 629,1 283,8 68,3 44,9
2019
T1 633,0 644,6 286,5 69,6 47,5
T2 647,0 658,3 291,6 70,4 47,8
T3 664,2 662,8 297,2 71,1 47,7
T4 655,2 666,6 301,6 70,3 46,4
2020
T1 610,7 740,8 313,5 72,0 46,0
T2 678,0 734,1 319,2 77,5 48,3
T3 690,6 720,4 325,8 78,5 47,4
T4 701,0 725,0 333,4 79,8 48,0
2021
T1 679,8 726,3 339,5 78,1 46,4

Au Canada, le ratio de la dette non financière au PIB s’est accéléré plus rapidement que chez la plupart de ses pairs sélectionnés au cours de la période de 1999 à 2018 (graphique 2). Seule la France a enregistré une accélération plus rapide de ce ratio, qui a dépassé celui du Canada au cours des dernières années. À cela s’ajoute le fait que le PIB nominal du Canada a augmenté davantage que celui de la plupart de ses pairs, ayant connu une hausse annuelle moyenne de 4,8 %, ce qui le classe au deuxième rang derrière l’Australie (6,6 %). On pourrait conclure que les entreprises canadiennes empruntent à un taux plus élevé que celles de pays comparables. Dans cette comparaison, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit la dette comme le passif totalNote et, bien qu’il s’agisse d’une mesure un peu plus large que la définition de la dette, la tendance générale par rapport aux pairs du Canada se maintient.

Chart 2

Tableau de données du graphique 2 
Tableau de données du graphique 2
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 2 Australie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Australie Canada France Allemagne Japon Royaume-Uni États-Unis
pourcentage
2000 70,8 116,6 132,3 100,4 198,2 111,9 118,3
2001 67,2 122,1 136,5 101,1 190,1 119,3 118,0
2002 66,5 124,1 133,0 102,7 193,5 135,3 117,3
2003 62,7 119,6 130,8 102,7 179,5 123,6 112,4
2004 63,5 120,5 130,6 98,7 171,5 121,3 112,4
2005 68,5 110,2 135,2 98,2 166,7 123,3 115,4
2006 72,1 111,1 139,1 98,6 170,5 117,8 117,5
2007 79,5 123,6 142,2 100,7 165,3 119,9 123,4
2008 85,7 132,8 145,2 103,1 161,1 135,0 126,0
2009 78,1 135,4 149,7 105,3 172,0 127,2 125,7
2010 70,8 134,1 150,2 99,5 162,3 120,3 122,9
2011 69,9 134,3 155,5 95,7 169,3 132,7 122,3
2012 72,0 138,7 155,1 97,4 161,8 129,0 124,1
2013 74,8 140,9 152,4 97,4 159,5 116,4 124,9
2014 77,4 145,8 173,0 95,5 160,0 126,7 128,1
2015 82,4 155,6 178,3 96,5 156,7 120,3 131,4
2016 79,8 159,8 185,2 97,5 157,3 126,3 136,6
2017 77,8 161,9 187,6 99,1 157,4 122,0 135,6
2018 78,6 167,5 189,4 100,8 158,0 109,4 139,4
2019 81,1 170,1 191,7 105,0 156,7 101,2 148,0

Les emprunts des sociétés ébranlés par le début de la COVID-19

À la fin de mars 2020, seules les entreprises qui fournissaient des services essentiels étaient en mesure de fonctionner et les ordonnances de confinement ont considérablement réduit la capacité des ménages à consommer de nombreux biens et services. La consommation des ménages a chuté fortement en mars, entraînant une baisse au premier trimestre (-1,7 %), suivie d’une baisse record au deuxième trimestre (-14,7 %)Note . La forte baisse des dépenses des ménages a eu une incidence directe sur le revenu des entreprises, entraînant des diminutions connexes importantes, tandis que les dépenses en immobilisations, aussi appelées formation brute de capital fixe, ont diminué considérablement (graphique 3). Pour de nombreuses entreprises, cette baisse des revenus attribuable à la diminution du chiffre d’affaires n’a probablement pas été contrebalancée par une réduction des dépenses, car bon nombre d’entre elles avaient des coûts fixes. L’adaptation à la nouvelle situation a été plus lente pour ce volet des activités. Le gouvernement fédéral a réagi en mettant en œuvre plusieurs programmes y compris ceux visant à aider les entreprises à conserver leurs employés par l’entremise de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) ou à gérer leurs autres coûts fixes, soit de façon ciblée par l’entremise de programmes comme l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) et la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL) pour alléger le fardeau du loyer ou, de façon plus générale, par l’entremise des fonds fournis directement par l’entremise du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC).Note

Chart 3

Tableau de données du graphique 3 
Tableau de données du graphique 3
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 3 Dette, variation cumulative (axe de gauche), Actifs en devises et dépôts, variation cumulative (axe de gauche), Formation brute de capital fixe (axe de droite) et Excédent brut d'exploitation (axe de droite), calculées selon milliards de $ et indice unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Dette, variation cumulative (axe de gauche)   Actifs en devises et dépôts, variation cumulative (axe de gauche)   Formation brute de capital fixe (axe de droite)   Excédent brut d'exploitation (axe de droite)
milliards de $ indice
2018
T1 30,6 -4,1 100,0 100,0
T2 56,1 2,3 102,1 101,3
T3 54,0 7,9 99,6 99,8
T4 77,6 26,5 98,1 98,5
2019
T1 114,7 -1,0 105,6 101,3
T2 142,5 15,5 102,6 101,2
T3 164,2 39,1 102,8 103,1
T4 158,9 54,9 101,8 103,1
2020
T1 188,6 104,5 101,3 102,8
T2 249,2 156,2 82,4 86,5
T3 248,2 190,8 86,8 102,1
T4 263,1 204,3 88,0 106,1
2021
T1 243,2 211,7 88,5 121,0

En mars 2020, l’encours de la dette de crédit des sociétés privées non financières s’élevait à 1,7 billion de dollars et représentait un peu moins de 72 % du PIB. Au cours du mois de mars, les entreprises ont ajouté une dette de crédit record de 52,1 milliards de dollars à leur bilan (graphique 4), montant qui a largement dépassé l’augmentation record précédente de 28,3 milliards de dollars en mars 2015. Ce financement a été réalisé principalement sous forme de prêts bancaires, les entreprises s’étant probablement prévalues des facilités de crédit existantes contractées auprès des institutions financières pour couvrir les dépenses courantes et prévues compte tenu du niveau élevé d’incertitude au début de la pandémie.

La hausse marquée des emprunts contractés auprès des banques à charte de 50,1 milliards de dollars en mars 2020 a fracassé le record précédent de 15,0 milliards de dollars établi l’année précédente. Parallèlement, les actifs en devises et dépôts ont augmenté de 49,1 milliards de dollars pour atteindre 600,9 milliards de dollars à la fin du premier trimestre, ce qui indique qu’une grande partie de ces liquidités n’a peut-être pas été dépensée immédiatement et a plutôt été accumulée comme réserve en réponse à la crise émergente (graphique 3). Toutefois, à mesure que d’autres sources de financement devenaient disponibles, les soldes de prêts contractés auprès des banques ont baissé pendant huit mois consécutifs, y compris en mai et en juin, au cours desquels des montants de remboursement records de 15,5 et 20,2 milliards de dollars ont été enregistrés.Note Les programmes gouvernementaux et d’autres facilités d’emprunt ont comblé le besoin de financement au cours des mois qui ont suivi les premières ordonnances de confinement à domicile et, dans de nombreux cas, les modalités étaient attrayantes, notamment des taux d’intérêt nuls et une radiation future des prêts. Sur une base cumulative, du début de la pandémie jusqu’en décembre 2020, les encours de prêts des entreprises contractés auprès des banques ont en fait diminué de 14,3 milliards de dollars dans l’ensemble, malgré les montants importants empruntés en mars, tandis que le financement par emprunt total a augmenté de 89,3 milliards de dollars au cours de la même période. Cela s’explique par l’augmentation des soldes de prêts non hypothécaires contractés auprès du gouvernement et de l’émission nette de titres d’emprunt.

Chart 4

Tableau de données du graphique 4 
Tableau de données du graphique 4
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 4 Prêts non hypothécaires des banques, Prêts non hypothécaires d'autres entités, Prêts hypothécaires et Opérations liées à la dette (nettes), calculées selon milliards de $ unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Prêts non hypothécaires des banques Prêts non hypothécaires d'autres entités Prêts hypothécaires Opérations liées à la dette (nettes)
milliards de $
2019
J -5,0 -1,8 0,1 -2,1
Note F: trop peu fiable pour être publié 4,0 1,1 0,6 0,5
M 15,1 2,0 2,0 4,3
A 6,1 0,6 1,5 4,6
M 8,7 0,6 0,3 -1,4
J 1,5 -3,8 3,3 -6,1
J 9,4 -0,2 1,7 0,1
A -4,2 0,3 2,7 -0,7
S 0,1 -0,8 1,2 6,1
O -2,2 0,6 1,6 0,7
N 1,8 1,3 1,2 -0,1
D 4,4 -2,1 1,6 1,6
2020
J 3,6 7,9 7,1 -2,8
Note F: trop peu fiable pour être publié 4,1 3,4 1,8 1,1
M 50,1 5,0 3,0 -6,0
A -4,4 22,8 1,6 8,0
M -15,5 7,6 2,0 10,4
J -20,2 3,1 2,1 4,8
J -6,5 2,3 2,2 0,2
A -10,0 1,5 2,1 3,2
S -5,6 4,7 2,4 6,7
O -1,9 1,0 2,8 -1,0
N -4,7 -1,5 2,2 -1,6
D 4,4 7,2 2,7 2,3
2021
J 1,5 0,6 2,2 -2,6
Note F: trop peu fiable pour être publié 2,9 2,1 1,7 -0,2
M -7,6 1,9 2,2 7,0
A -3,0 -0,8 2,0 -2,0

Augmentation de la dette contractée auprès des banques à charte attribuable aux prêts en devises

Un examen plus approfondi de la forte augmentation des prêts bancaires en mars 2020 montre que ceux-ci étaient principalement accordés en devises et que la demande était omniprésente dans un large éventail d’industries. Les données sur les prêts non hypothécaires contractés auprès des banques à charte par industrie (graphique 5) montrent que, bien que les prêts en dollars canadiens aient augmenté de 6,6 % (17,5 milliards de dollars), les prêts en devises ont augmenté de façon beaucoup plus marquée, soit de 46,1 % (42,8 milliards de dollars). Cette augmentation de la dette était principalement concentrée dans les secteurs de la fabrication et du transport, bien que la demande de prêts en devises ait été généralisée au premier trimestre de 2020. À la fin de l’année, ces prêts ont été remboursés avec le solde global des prêts en devises étrangères qui est revenu à des niveaux plus bas que ceux enregistrés à la fin de 2019.

Chart 5

Tableau de données du graphique 5 
Tableau de données du graphique 5
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 5 2019 T4, 2020 T1, 2020 T2, 2020 T3, 2020 T4 et 2021 T1, calculées selon milliards de $ unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
2019 T4 2020 T1 2020 T2 2020 T3 2020 T4 2021 T1
milliards de $
Fabrication 14,4 24,2 17,2 14,3 11,2 11,2
Exploitation minière 5,1 8,9 7,2 4,9 4,4 3,4
Pétrole et gaz 10,0 12,6 12,5 9,6 8,9 8,4
Services excluant les services immobiliers 15,0 20,8 18,4 16,3 13,2 13,2
Services, services immobiliers 12,5 16,5 15,3 14,4 5,2 4,8
Transport, communications et services publics 13,8 22,2 16,2 13,6 9,8 9,9
Commerce de gros 6,0 8,9 6,4 5,7 5,4 5,5
Commerce de détail 2,7 4,8 2,0 1,6 1,1 1,8
Autres 13,3 16,7 14,1 13,1 11,6 10,6

Le financement à court terme domine les nouveaux prêts

Les variations du niveau d’endettement masquent la démarcation entre les nouveaux emprunts et les remboursements des montants existants. Toutefois, le Relevé des prêts (nouveaux et existants) de la Banque du CanadaNote peut aider à isoler les premiers, car il enregistre les nouveaux fonds avancés chaque mois surtout par les banques à charte, ainsi que les taux d’intérêt associés à ces nouveaux fonds et aux fonds existants fournis précédemment aux emprunteurs. À compter du 4 mars 2020, la Banque du Canada a réduit le taux du financement à un jour, qui est passé de 1,75 % à 1,25 %, puis à 0,75 % le 16 mars et enfin, à 0,25 % le 27 mars. Ces réductions d’urgence extraordinaires des taux ont probablement entraîné un élargissement important de l’écart entre les taux d’intérêt à long et à court terme, car les taux d’intérêt à long terme ont été plus lents à s’ajuster. Les prêts aux entreprises contractés auprès des banques à charte sont, en grande partie, à court terme et leurs taux peuvent être relativement facilement rajustés. Comme le montrent les données historiques, en moyenne, 90 % des nouveaux prêts aux entreprises sont soit à taux variable, soit à taux fixe, pour une durée inférieure à un an. Le pic énorme des nouveaux prêts aux entreprises en mars (une augmentation de 43 %) est principalement attribuable à ce financement à court terme.

Le gouvernement devient un créancier important pour les entreprises

À la suite du lancement du programme du CUEC en avril 2020, le gouvernement fédéral a commencé à offrir un répit aux entreprises sous la forme d’un prêt de 40 000 $, dont un montant de 10 000 $ pourrait être radié si le solde était payé au complet avant la date limite indiquée. Ce programme a été élargi pour inclure un montant supplémentaire de 20 000 $ et les demandes ont été acceptées jusqu’au 30 juin 2021. S’y sont ajoutés de plus petits programmes qui offraient des prêts conjoints, des prêts directs et d’autres formes d’aide.Note

En juin 2020, les sociétés non financières avaient largement eu recours au programme, faisant passer en deux mois le bilan du gouvernement fédéral en matière d’actifs de crédit de 13 milliards à plus de 42 milliards de dollars. Parallèlement, les entreprises ont réduit leurs encours de prêts non hypothécaires contractés auprès des banques à charte. Après mai, le rythme des nouvelles demandes au titre du CUEC a considérablement ralenti jusqu’à ce que la majoration du CUEC soit offerte en décembre 2020, y compris un montant supplémentaire de 20 000 $ pour les demandeurs existants et de 60 000 $ pour les nouveaux. Cela a entraîné une hausse de 7,5 milliards de dollars des prêts gouvernementaux au cours de ce mois-là seulement.

Bien que le CUEC ait été ouvert à toutes les entreprises satisfaisant à des critèresNote spécifiques, certains secteurs et industries s’en sont plus prévalus que d’autres. Par exemple,  l’industrie de la construction a reçu la plus grande part du financement global du CUEC fourni (tableau 1).


Tableau 1
Répartitions du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) selon le secteur et l'industrie
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Répartitions du Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) selon le secteur et l'industrie. Les données sont présentées selon Industrie (titres de rangée) et Répartition du CUEC Prêts et Proportion du PIB (décembre 2020), calculées selon % unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Industrie Répartition du CUEC Prêts Proportion du PIB (décembre 2020)
%
Agriculture, foresterie, pêche et chasse 5,4 2,2
Extraction minière, exploitation en carrière et extraction de pétrole et de gaz 0,5 7,9
Services publics 0,0 2,1
Construction 14,2 7,3
Fabrication 4,3 9,7
Commerce de gros 4,0 5,2
Commerce de détail 10,3 5,1
Transport et entreposage 8,0 4,4
Industrie de l'information et industrie culturelle 1,1 3,3
Finance et assurances 2,0 7,1
Services immobiliers et services de location et de location à bail 4,4 12,8
Services professionnels, scientifiques et techniques 12,5 6,1
Gestion de sociétés et d'entreprises 0,2 0,3
Services administratifs, services de soutien, services de gestion de déchets et d'assainissement 4,5 2,6
Services d'enseignement 1,3 5,3
Soins de santé et assistance sociale 9,1 7,1
Arts, spectacles et loisirs 1,7 0,8
Hébergement et services de restauration 8,5 2,2
Autres services, sauf les administrations publiques 8,0 2,0
Administrations publiques 0,0 6,8

Les titres d’emprunt négociables augmentent dans les mois suivants le début de la pandémie

À mesure que la pandémie s’étirait, certaines entreprises ont décidé d’opter pour les emprunts à long terme. Les émissions nettes d’obligations par les sociétés non financières ont été positives d’avril à septembre 2020 (graphique 6), dont une émission nette record de 10,4 milliards de dollars en mai. Les émissions en mai étaient concentrées dans les secteurs de la fabrication (SCIAN 325), des télécommunications (SCIAN 517) et du pétrole et du gaz (SCIAN 486). L’émission cumulative sur six mois, d’avril à septembre, a également atteint un niveau record de 33,3 milliards de dollars. Bien qu’il s’agisse de montants sans précédent, ils n’étaient pas démesurés par rapport aux records historiques précédents : les records précédents sur six mois étaient de 30,8 $, 29,5 $ et 28,8 milliards de dollars en 2013, 2017 et 2015, respectivement.

Chart 6

Tableau de données du graphique 6 
Tableau de données du graphique 6
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 6 Long terme et Court terme, calculées selon milliards de $ unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Long terme Court terme
milliards de $
2020
J -2,9 0,1
Note F: trop peu fiable pour être publié 2,0 -0,9
M -1,9 -4,1
A 6,0 2,0
M 12,1 -1,6
J 3,1 1,7
J 1,3 -1,2
A 3,0 0,2
S 4,5 2,2
O -1,8 0,8
N -1,8 0,3
D 0,7 1,6
2021
J -0,9 -1,7
Note F: trop peu fiable pour être publié 0,2 -0,4
M 6,2 0,8
A -1,4 -0,6

Élargissement des écarts de courte durée

Passant de l’émission aux rendements, au début de la pandémie en Amérique du Nord, les obligations de sociétés ont chuté et le rendement moyen a bondi de 2,3 % à 3,4 % de février à mars 2020, un mouvement souvent associé à des crises. En revanche, le rendement moyen des obligations d’État sans risque a légèrement baissé, reflétant les réductions de taux de la Banque du Canada et de la détérioration des perspectives économiques.Note Par conséquent, de février à mars, l’écart entre ces deux rendements (graphique 7) s’est creusé de 1 %, ce qui représente la plus grande divergence affichée depuis mai 2017.

Compte tenu du soutien rapide et important fourni par les décideurs politiques, tant sur le plan des interventions budgétaires que monétaires, les rendements des obligations de sociétés ont chuté en avril et au cours des mois suivants, et ce, de manière plus marquée que la baisse continue du rendement moyen des obligations d’État. Par conséquent, l’écart entre le rendement des obligations de sociétés et celui des obligations d’État s’est rétréci rapidement et est revenu au niveau observé avant la pandémie à la fin de 2020.

La rapidité et l’ampleur du retour à l’écart d’avant la pandémie ont été sans précédent. En période d’incertitude économique, on s’attend à ce que cet écart demeure élevé pendant un certain temps; ce recul est encore plus impressionnant étant donné qu’il a coïncidé avec des émissions d’obligations de société record en mai. Les sociétés ont peut-être tiré parti des faibles taux d’intérêt pour bloquer des taux d’emprunt à long terme et rembourser les prêts bancaires contractés en mars (graphique 4). S’établissant à environ 2 % à la fin de 2020, le rendement moyen des obligations de sociétés a atteint son niveau le plus bas depuis le début de la série de données sur les titres d’emprunt.Note

Chart 7

Tableau de données du graphique 7 
Tableau de données du graphique 7
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 7 Écart, Rendement des sociétés et Rendement des administrations publiques, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Écart Rendement des sociétés Rendement des administrations publiques
pourcentage
2019
J 1,8 3,3 1,5
Note F: trop peu fiable pour être publié 1,7 3,3 1,6
M 1,8 3,2 1,4
A 1,9 3,1 1,2
M 1,8 3,0 1,2
J 1,7 2,9 1,2
J 1,6 2,9 1,2
A 1,7 2,8 1,0
S 1,7 2,8 1,2
O 1,7 2,8 1,2
N 1,6 2,8 1,2
D 1,5 2,9 1,4
2020
J 1,6 2,7 1,1
Note F: trop peu fiable pour être publié 1,5 2,3 0,8
M 2,6 3,4 0,8
A 2,1 2,8 0,7
M 2,1 2,7 0,7
J 2,0 2,4 0,4
J 1,7 2,3 0,5
A 1,8 2,2 0,4
S 1,7 2,1 0,4
O 1,7 2,2 0,5
N 1,6 2,1 0,5
D 1,6 2,1 0,5

Exigences différentes entre les industries pour la structure de la dette

La majorité des émissions nettes d’obligations ont eu lieu au deuxième trimestre de 2020. La composition de ces émissions de titres d’emprunt en ce qui concerne la devise d’émission, l’industrie et la durée à l’échéance est illustrée dans le graphique 8. Ces émissions étaient concentrées dans les industries du transport, de l’entreposage et de la fabrication. Compte tenu de la nature de la pandémie, de nombreuses entreprises actives dans ces industries ont été forcées de fonctionner à capacité réduite pendant de longues périodes, ce qui a probablement eu une incidence sur leurs besoins en financement. Alors que les entreprises de l’industrie du transport ont contracté des obligations de différentes durées à l’échéance et en devises nationales et étrangères, les entreprises de l’industrie de la fabrication ont contracté des obligations en devises étrangères à moyen terme avec des durées à l’échéance de 5 à 10 ans.

L’émission de dettes par ces industries est cohérente avec l’augmentation des prêts bancaires en devises étrangères au trimestre précédent; les industries de la fabrication et du transport ont affiché une augmentation importante des prêts bancaires en devises étrangères au premier trimestre, puis des augmentations subséquentes des obligations en devises étrangères émises au deuxième trimestre.

Chart 8

Tableau de données du graphique 8 
Tableau de données du graphique 8
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 8 Dollar canadien et Devises étrangères, calculées selon milliards de $ unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Dollar canadien Devises étrangères
milliards de $
Exploitation minière et pétrole et gaz
moins de 5 ans -0,3 0,5
5 à 10 ans 2,3 1,3
plus de 10 ans 0,0 -1,0
Services publics
moins de 5 ans 0,6 0,0
5 à 10 ans -0,5 0,0
plus de 10 ans 1,2 0,0
Fabrication
moins de 5 ans 0,0 -0,3
5 à 10 ans 0,8 4,8
plus de 10 ans 0,0 0,0
Commerce de gros
moins de 5 ans -0,3 0,0
5 à 10 ans 0,0 -0,8
plus de 10 ans 0,0 0,0
Transport et entreposage
moins de 5 ans 2,4 -0,6
5 à 10 ans 4,7 1,4
plus de 10 ans 1,7 2,6
Information et culture
moins de 5 ans 0,1 1,0
5 à 10 ans 0,3 -0,4
plus de 10 ans 1,0 0,0
Autres
moins de 5 ans 0,8 -0,5
5 à 10 ans 1,2 -0,9
plus de 10 ans 0,0 0,0

Les non-résidents sont demeurés d’importants créanciers pendant la pandémie

Tout au long de 2020, le secteur des non-résidents est demeuré un important créancier des sociétés privées non financières. En matière de valeur comptableNote , les créanciers étrangers ont détenu environ la moitié des titres d’emprunt en circulation des sociétés privées non financières tout au long de 2020 et la fourchette est demeurée étroite, allant d’un pourcentage maximal de 50,4 % en mars (301,7 milliards de dollars) à un pourcentage minimum de 47,6 % (289,7 milliards de dollars) en décembre. La part des avoirs étrangers en 2020 a oscillé autour de la moyenne des cinq dernières années (49,5 %).

Par ailleurs, le secteur des non-résidents a fourni des liquidités sur les marchés primaire et secondaire et cela a probablement aidé à soutenir la stabilité des prix des titres d’emprunt des sociétés privées non financières pendant la pandémie. En mai 2020, les créanciers non-résidents ont acquis pour un montant net de 4,2 milliards de dollars d’obligations sur le marché primaire, sur un total d’emprunts sans précédent de 12,1 milliards de dollars contractés auprès de tous les créanciers. De plus, au cours des deuxième et troisième trimestres de 2020, alors que des entreprises ont affiché des émissions nettes d’obligations record de 30,1 milliards de dollars, un montant de 12,3 milliards de dollars a été acquis directement par les créanciers non-résidents. Parallèlement, les investisseurs non-résidents ont été des acheteurs (nets) d’obligations émises par des sociétés privées non financières canadiennes sur le marché secondaire, en ayant acheté pendant 9 mois sur 12 en 2020, pour un total de 2,9 milliards de dollars au cours de l’année.

Sur le plan sectoriel, les créanciers étrangers ont joué un rôle plus ou moins important, selon l’industrie. En 2020, les marchés étrangers sont devenus une importante source de fonds pour les industries des services administratifs, des services de soutien, des services de gestion des déchets et des services d’assainissement. Le montant net des émissions à l’étranger s’est élevé à 3,3 milliards de dollars, comparativement à une moyenne de 654 millions de dollars au cours des cinq années précédentes. À la fin de 2020, les créanciers étrangers détenaient 79,5 % des titres d’emprunt en circulation de ces industries. De plus, les investissements étrangers importants dans l’industrie de la fabrication et l’industrie du transport et de l’entreposage, durement touchées par la pandémie mondiale, se sont poursuivis en 2020. Les investisseurs non-résidents ont ajouté 3,1 milliards de dollars en titres d’emprunt de chacune des deux industries au cours de l’année. Les activités du marché secondaire ont stimulé l’investissement étranger, ce qui a probablement aidé à stabiliser les prix de ces titres d’emprunt. À la fin de 2020, les créanciers non-résidents détenaient 83,6 % des titres d’emprunt émis par l’industrie de la fabrication et 42,2 % des titres d’emprunt émis par l’industrie du transport et de l’entreposage.

Chart 9

Tableau de données du graphique 9 
Tableau de données du graphique 9
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 9 Fabrication, Extraction minière et extraction de pétrole et de gaz, services publics, Commerce et transport et Entreprises, autres, calculées selon milliards de $ unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Fabrication Extraction minière et extraction de pétrole et de gaz, services publics Commerce et transport Entreprises, autres
milliards de $
2012
Nouvelles émissions 6,9 11,6 2,5 4,8
Remboursements -5,3 -5,0 -2,2 -4,3
2013
Nouvelles émissions 6,4 5,1 6,6 4,7
Remboursements -4,2 -9,1 -2,5 -1,4
2014
Nouvelles émissions 8,1 16,3 3,0 2,1
Remboursements -4,3 -7,4 -1,6 -1,7
2015
Nouvelles émissions 20,0 2,9 7,5 3,7
Remboursements -7,7 -7,7 -2,5 -3,1
2016
Nouvelles émissions 7,4 7,0 5,8 8,0
Remboursements -5,5 -11,3 -3,4 -1,4
2017
Nouvelles émissions 14,8 21,1 13,4 3,6
Remboursements -7,1 -13,7 -4,9 -1,7
2018
Nouvelles émissions 4,2 2,0 10,1 5,8
Remboursements -5,2 -9,9 -5,3 -7,9
2019
Nouvelles émissions 11,5 3,6 4,2 12,0
Remboursements -10,3 -15,8 -8,4 -3,2
2020
Nouvelles émissions 11,0 7,9 9,6 11,7
Remboursements -7,9 -11,2 -8,6 -7,4

Sur le plan des devises, les marchés étrangers ont été particulièrement importants pour les sociétés privées non financières qui mobilisaient des fonds en devises étrangères. Environ 92 % de leurs titres d’emprunt en devises étrangères étaient détenus par le secteur des non-résidents en 2020 et au cours des cinq années précédentes. Les sociétés privées non financières ont mobilisé 40,2 milliards de dollars de fonds à l’étranger en 2020 sous forme de titres d’emprunt libellés en devises étrangères, comparativement à une moyenne de 33,7 milliards de dollars au cours des cinq années précédentes. Ces fonds ont été principalement utilisés aux fins du refinancement de l’emprunt.

La pression exercée sur le remboursement et le service de la dette demeure modérée

Les titres d’emprunt devant être remboursés ou refinancés en 2021, y compris les instruments du marché monétaire et les obligations, se sont élevés à 43,2 milliards de dollars pour les sociétés privées non financières à la fin de 2020. Ce montant représentait environ 7,1 % de tous les titres d’emprunt en circulation pour le secteur, en légère baisse par rapport à la moyenne de 7,9 % enregistrée au cours des cinq dernières années. En comparaison, le secteur des administrations publiques a fait face à des pressions relativement plus fortes pour rembourser ou refinancer ses titres d’emprunt à la fin de 2020, car 23,3 % de ces titres d’emprunt sont exigibles en 2021.Note

Entre-temps, les obligations relatives au service des titres d’emprunt sous la forme d’intérêts à payer aux créditeurs ont augmenté de 3,0 % pour passer de 6,5 milliards de dollars en 2019 à 6,7 milliards de dollars en 2020. Cette croissance a été dépassée par une augmentation de 4,3 % de la valeur des titres d’emprunt en circulation, qui est passée de 583,5 milliards de dollars en 2019 à 608,8 milliards de dollars en 2020. Au cours de l’année, les sociétés privées non financières ont bénéficié de taux d’intérêt plus faibles pour leurs activités de refinancement. Parallèlement, puisque la moitié de leurs titres d’emprunt étaient libellés en devises étrangères, l’appréciation du dollar canadien en 2020 a effectivement réduit les intérêts à payer pour ces titres en dollars canadiens.

Chart 10

Tableau de données du graphique 10 
Tableau de données du graphique 10
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Tableau de données du graphique 10 Dette, Intérêts et Rendement implicite, calculées selon indice et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
Dette Intérêts Rendement implicite
indice pourcentage
2018
T1 100,0 100,0 1,7
T2 103,0 103,7 1,7
T3 103,2 105,8 1,7
T4 106,2 109,7 1,8
2019
T1 107,3 107,5 1,7
T2 108,4 111,6 1,8
T3 109,7 111,6 1,7
T4 109,6 113,9 1,8
2020
T1 117,4 104,7 1,5
T2 117,9 100,2 1,4
T3 117,1 104,8 1,5
T4 117,0 104,2 1,5
2021
T1 117,6 102,3 1,5

Dans l’ensemble, les entreprises ont versé 81,2 milliards de dollars en intérêtsNote en 2020, une baisse de 7,1 % par rapport à l’année précédente malgré une augmentation de 6,7 % du niveau de crédit aux entreprises. Le rendement implicite de la dette des entreprises, tel que mesuré par les intérêts en proportion des prêts provenant de sociétés non affiliées et de titres d’emprunt à la valeur nominale, a oscillé autour d’une moyenne de 1,7 % au cours des deux années précédant 2020. À la suite des réductions record du taux directeur de la Banque du Canada et d’importantes activités de refinancement, ce taux a chuté à 1,5 % au premier trimestre de 2020 et est demeuré inférieur à la moyenne historique récente.

Regard vers l’avenir

À mesure que le choc initial de la pandémie s’estompe, les entreprises canadiennes ont des niveaux d’endettement élevés. La faiblesse persistante des taux d’intérêt pourrait permettre aux entreprises de composer avec des niveaux d’endettement élevés tout en demeurant rentables. Toutefois, le fait pour les entreprises de miser sur la persistance de la faiblesse des taux d’intérêt peut présenter un risque, car elle encourage les emprunts à court terme, qui pourraient ne plus être abordables à long terme. Le choc de la pandémie a été ressenti dans tous les aspects de notre vie, et le financement des entreprises n’a pas été épargné. Les programmes gouvernementaux ont contribué à atténuer les effets de la pandémie. Les petites entreprises ont fait un grand usage du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC); il est à espérer que les conditions économiques auront changé lorsque ces prêts arriveront à échéance en décembre 2022.

Les coûts d’emprunt dans l’ère d’après la pandémie dépendront d’une foule de facteurs, par exemple les attentes en matière d’inflation, le rendement des obligations d’État, ainsi que la volonté des créanciers de financer la dette, ce qui est illustré par l’ampleur de l’écart acheteur-vendeur du rendement des obligations de sociétés et l’écart par rapport aux rendements des obligations d’État. Comme une partie importante des titres d’emprunt des entreprises se trouve dans la tranche inférieure du marché des obligations d’investissement de qualité, les entreprises se retrouveraient en position de vulnérabilité advenant une dégradation du crédit, ce qui ajoute des coûts d’emprunt importants. Les autres facteurs comprennent les fluctuations du taux de change, le soutien budgétaire et monétaire aux entreprises et à l’économie, ainsi que la vitesse de la reprise mondiale.

 


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