Décomposition des inégalités salariales selon le sexe par calage : application à l’Enquête suisse sur la structure des salaires
Section 7. Conclusion
Le phénomène de discrimination présente de
multiples facettes et peut être produit par de nombreux mécanismes. Néanmoins,
nous n’examinons ici son estimation que d’un point de vue méthodologique. Les
deux approches de calage prises en considération représentent une
généralisation de deux méthodes de décomposition existantes, à savoir la
méthode de Blinder (1973) et Oaxaca (1973) et la méthode semi-paramétrique de DiNardo et coll. (1996), toutes deux
exprimées en utilisant les poids de sondage. Les méthodes originales peuvent
aussi être obtenues si tous les poids de sondage sont considérés comme égaux
à 1. Le cas linéaire donne le même résultat que la méthode BO.
Cependant, puisque les poids résultants ne sont pas bornés, des valeurs
négatives sont parfois observées. Tout comme la méthode DFL, l’approche de
calage permet de décomposer les écarts salariaux à d’autres points que la
moyenne, tels que les quantiles. Cependant, le calage par raking ratio représente une amélioration de la
méthode DFL, en ce sens que l’estimation de l’effet de structure
comprendra toujours un effet résiduel nul. Donc, l’effet de structure sera
composé uniquement de l’effet pur. La décomposition des écarts salariaux le
long des quantiles permet de conclure que, dans les emplois faiblement
rémunérés, les inégalités sont dues uniquement à la discrimination. Dans le
présent article, l’accent est mis sur la généralisation de deux méthodes de
décomposition bien établies au moyen de l’approche de calage.
Remerciements
Les auteurs remercient l’Office fédéral de
la statistique suisse de son soutien financier, et son département des salaires
(LOHN) d’avoir fourni les données. Cependant, les opinions exprimées dans le
présent article ne reflètent pas nécessairement celles de l’Office fédéral de
la statistique suisse.
Annexe A
Preuve du résultat 1
En
divisant cette équation par
on obtient le résultat 1.
Annexe B
B.1 Linéarisation des moyennes
Afin de
calculer la variance des moyennes et des moyennes contrefactuelles, nous avons
utilisé la méthode de linéarisation proposée par Graf (2011). L’auteur propose
de calculer la dérivée partielle de l’estimateur par rapport à l’indicateur
d’échantillon. Cette dérivée fournit la variable linéarisée qui peut être
insérée dans l’estimateur de variance. Les moyennes sont définies
par :
et
Pour les deux salaires moyens, nous obtenons les variables linéarisées :
et
B.2 Linéarisation de la moyenne contrefactuelle
Afin de
calculer la moyenne contrefactuelle, nous calculons les poids
définis par le système
avec
Pour
les variables linéarisées, nous avons considéré deux cas :
- Si
Donc,
où
- Si
Donc,
Puisque nous
avons supposé qu’il existe un vecteur
tel
que
pour tout
alors nous avons
Considérons maintenant
De nouveau,
deux cas doivent être considérés :
- Si
où
- Si
Donc, la variable linéarisée est
La
variable linéarisée doit uniquement être insérée dans l’estimateur de variance
correspondant au plan de sondage. Notons que la variance de la moyenne
contrefactuelle dépend de la variance calculée pour l’échantillon d’hommes en
ce qui concerne la part qui est expliquée par la régression, et de la variance calculée
pour l’échantillon de femmes en ce qui concerne la part qui demeure inexpliquée.
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