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Les estimations officielles de la productivité fournissent des statistiques sommaires sur la croissance de la productivité multifactorielle (CPMF) qui permettent de suivre le progrès technique. Elles reposent sur la comparaison du taux de croissance réel de la production et de l’accroissement attendu de cette dernière à la suite d’une augmentation des facteurs de production en utilisant les techniques de production préexistantes ou courantes. En tout point dans le temps, les techniques existantes permettent d’augmenter les portions de facteurs (travail, capital) qui entrent dans le processus de production afin d’accroître la quantité de produits. En multipliant les portions supplémentaires de facteurs introduites dans le processus de production par le produit marginal existant de ces facteurs, on obtient une estimation de la quantité attendue de produits qui résulte, durant une période donnée, de l’utilisation de ces portions de facteurs. Si la production réelle est supérieure à cette quantité attendue, on dit que la productivité a augmenté et l’une des sources de cette croissance est le progrès technique non incorporé.

Pour que ce genre de résidu de productivité fournisse une estimation sans biais du progrès technique, tous les facteurs de production doivent être mesurés à leur niveau « en usage » au lieu de leur niveau « en place ». Cependant, comme les facteurs de production en usage sont habituellement inobservables, les mesures des portions de facteurs de production sont généralement fondées sur les facteurs de production en place. Ces facteurs de production, tels que le capital, sont fixes dans le court terme, de sorte que leur niveau en usage et leur niveau en place diffèrent souvent si la capacité d’utilisation (le ratio des facteurs utilisés aux facteurs en place) varie. Par conséquent, la croissance de la production peut découler d’une augmentation de l’utilisation de la capacité de court terme plutôt que d’une augmentation du stock de capital, et les mesures de la CPMF dérivées de ces facteurs en place seront entachées d’un biais. Sans correction pour tenir compte de l’effet des variations cycliques de l’utilisation de la capacité, la CPMF publiée peut être procyclique, c’est-à-dire due simplement à l’erreur de mesure.

Depuis Solow (1957), les auteurs de nombreuses études ont tenté d’ajuster la mesure de la CPMF pour tenir compte de l’utilisation de la capacité, mais les mesures résultantes demeurent généralement procycliques. Solow (1957) a utilisé les taux de chômage pour corriger la mesure des variations de l’utilisation du capital ainsi que du travail. Jorgenson et Griliches (1967) se sont servis d’un indice de l’utilisation des moteurs électriques dans le secteur de la fabrication des États-Unis pour corriger l’utilisation du capital dans le secteur privé aux États-Unis. D’autres mesures qui ont été utilisées pour tenir compte de l’utilisation de la capacité comprennent la croissance des quantités de matières (Basu, 1996), du nombre d’heures travaillées par travailleur (Basu et Fernald, 2001) et des parts du profit (Denison, 1979). Cependant, l’emploi de ce genre de mesures de substitution ponctuelles souffre d’un manque de justification s’appuyant sur un cadre théorique (Berndt et Fuss, 1986).

Le présent article offre une approche non paramétrique de la mesure de la CPMF. Cette approche repose sur le cadre de comptabilité de la croissance qui permet de tenir compte de manière plus appropriée de l’effet des fluctuations cycliques du taux d’utilisation de la capacité. Une mesure de l’utilisation du capital est dérivée de la théorie économique de la production, puis estimée en comparant le rendement ex post au rendement attendu ex ante du capital. Cette approche est intuitivement intéressante, parce que les variations du rendement ex post du capital reflètent sans doute principalement la variation de l’utilisation de la capacité. Un plus haut niveau de capital inutilisé est associé à un taux de rendement ex post plus faible, qui est calculé sur le niveau réel de capital.

Le présent article diffère de la littérature sur la mesure directe de l’utilisation du capital. Au lieu d’être axé sur le stock de capital disponible pour la production (capital en place), on y examine la demande de capital — la portion optimale de facteur capital associée aux quantités observées (mesurées de manière appropriée) de produits et aux portions des autres facteurs de production. Par conséquent, le taux d’utilisation du capital peut être calculé de façon endogène au lieu d’être choisi arbitrairement. Le taux d’utilisation du capital peut être exprimé sous forme du ratio du coût d’usage ex post du capital durant une période au coût d’usage ex ante, ou du marché, du capital durant la même période. Ce ratio est une variante du q de Tobin utilisée dans Berndt et Fuss (1986).

Trois méthodes de mesure de la CPMF sont examinées ici. La première est la méthode classique de comptabilité de la croissance introduite par Solow (1957) et élaborée par Jorgenson et Griliches (1967), Christensen et Jorgenson (1969, 1970) et Diewert (1976). Cette méthode d’usage très répandu a été adoptée par de nombreux organismes statistiques internationaux. La deuxième approche est la méthode non paramétrique proposée dans le présent article. La troisième est l’approche paramétrique élaborée dans Berndt et Hesse (1986). Ces méthodes sont toutes trois mises en oeuvre en utilisant les données sur le secteur canadien de la fabrication pour la période de 1961 à 2007, et les deux approches non paramétriques sont aussi mises en oeuvre en utilisant les données sur les industries canadiennes au niveau à deux chiffres du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord au cours de la même période.

Les résultats montrent que la CPMF mesurée par la méthode classique est procyclique et reflète en grande partie les variations cycliques de l’utilisation de la capacité dans le secteur de la production de biens, mais non dans celui de la production de services. Par ailleurs, la mesure non paramétrique élaborée ici élimine la majorité de la cyclicité. Les résultats suggèrent que la variation de l’utilisation de la capacité est un déterminant important de la procyclicité de la mesure non paramétrique classique de la CPMF dans le secteur canadien de la production de biens, surtout celui de la fabrication.

En outre, la présente étude fait penser que la diminution de la CPMF observée après 2000 dans le secteur de la fabrication a eu en grande partie pour origine la diminution de l’utilisation de la capacité. Après correction pour tenir compte de la diminution de l’utilisation de la capacité durant cette période, on constate que la CPMF n’a pas diminué comme le suggère la mesure officielle de la CPMF, mais a augmenté au même taux de long terme que celui observé pour les décennies précédentes.

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