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Période de boom : l’industrie canadienne du pétrole brut

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par Miles Ryan Rowat,
Division du commerce international

Résumé
Première baisse de la production de pétrole brut en six ans
Prix en plein essor et approvisionnements insuffisants : un survol des faits
Presque toutes les exportations prennent la direction du sud
Les exportations pétrolières de l’Alberta vont entièrement aux États-Unis
Les raffineries canadiennes approchent de leur capacité limite
Les raffineries transforment plus de pétrole importé que canadien
L’industrie du gaz et du pétrole en 2005 : profits records, impôts records et investissements records

Résumé

Le secteur pétrolier canadien loge à l’enseigne de la prospérité, plus particulièrement en Alberta où le sol regorge d’or noir.

Au pays, le pétrole brut coule dans sept provinces, mais la part du lion revient de loin à l’Alberta. Les prix élevés des hydrocarbures, associés à la vigueur de la demande mondiale des dernières années, ont contribué à une vaste expansion de l’industrie albertaine des sables bitumineux.

En 2005, le Canada a produit un total de 136,4 millions de mètres cubes de pétrole brut, dont les deux tiers environ viennent de l’Alberta. Dans cette province, 42 % de toute la production de pétrole brut était extraite des riches réserves de sables bitumineux.

La Saskatchewan s’est classée au deuxième rang, loin derrière, avec un apport d’environ 18 % de toute la production canadienne de pétrole brut. Les installations de forage pétrolier en mer de Terre-Neuve-et-Labrador ont contribué pour environ 13 % de la production.

Les exportateurs pétroliers au Canada ont tiré 30 milliards de dollars de leurs ventes en 2005, en hausse par rapport à 25 milliards l’année précédente. Cette augmentation est due à un bond de 30 % des prix, alors que le volume d’exportations de pétrole brut a légèrement fléchi.

Le Canada est à la fois un exportateur et un importateur du pétrole brut. Les entreprises canadiennes ont exporté environ 63 % de la production intérieure, principalement vers notre voisin du sud afin d’étancher la soif pétrolière de l’économie américaine. En 2005, le Canada a comblé presque 10 % des besoins en pétrole brut des États-Unis.

Le pétrole brut canadien représente environ 45 % seulement de la consommation pétrolière du Canada, les importations constituant les 55 % qui restent. Le pétrole que nous importons provient en majeure partie des pays de la mer du Nord et du Moyen-Orient. Ce pétrole alimente les raffineries, surtout celles de l’Est du Canada.

Les analystes considèrent les perspectives de production intérieure de pétrole brut particulièrement prometteuses. Certaines sources estiment à un peu plus de 28 milliards de mètres cubes les réserves pétrolières canadiennes, qui seraient les plus importantes au monde après celles de l’Arabie saoudite.

En quête de débouchés, le Canada portera surtout son regard à l’étranger surtout du côté des États-Unis. Selon un rapport de l’Office national de l’énergie produit au début de 2006, le marché intérieur n’offre guère de possibilités de croissance aux exploitants de sables bitumineux de l’Alberta.

Les bénéfices d’exploitation des entreprises d’extraction pétrolière et gazière ont grimpé de 50 % en 2005, passant de 20,7 milliards de dollars à 30,3 milliards de dollars en une année. L’impôt sur le revenu de ces entreprises a aussi bondi. Les entreprises gazières et pétrolières ont payé 7,5 milliards de dollars en impôt en 2005 alors qu’elles avaient payé 4,5 milliards de dollars en 2004, une augmentation de 65 %.

Dans cet article, on examine les tendances des prix du pétrole brut, de la production et des exportations de l’industrie pétrolière canadienne, ainsi que les importations canadiennes de pétrole brut.

Première baisse de la production de pétrole brut en six ans

En 2005, les entreprises canadiennes ont extrait 136,4 millions de mètres cubes de pétrole brut, ce qui représente 2,3 % de moins qu’en 2004. (Un mètre cube correspond à 6,292 barils.)

Il s’agit là de la première diminution annuelle depuis six ans. Elle s’explique surtout par des réductions de volume provenant du secteur conventionnel alors que le secteur non conventionnel a vu sa production décliner à la suite des interruptions non planifiées, en particulier à cause d’un incendie qui s’est produit dans une importante installation de traitement des sables bitumineux en Alberta.

À Terre-Neuve-et-Labrador, la production a aussi baissé de 3,1 % à la suite d’un arrêt de la production du champ de pétrole Terra Nova à des fins d’entretien.

Le pétrole classique de l’Alberta, associé à la production bitumineuse, a constitué les deux tiers (66,5 %) de la production canadienne de pétrole brut. Environ un million de barils sont produits chaque jour, uniquement à partir des sables bitumineux, lesquels représentent 42,0 % de toute la production de la province.

Bien qu’elle soit en expansion, la production à Terre-Neuve-et-Labrador n’égale toujours pas celle de la Saskatchewan. Depuis l’an 2000, la production de pétrole brut de cette dernière province est demeurée stable, se situant à une valeur annuelle d’environ 25 millions de mètres cubes. En 2005, elle constituait 17,8 % de toute la production canadienne.

À 386 kilomètres au large du littoral sud-est de Terre-Neuve-et-Labrador, le champ pétrolifère Hibernia a produit 3,8 millions de mètres cubes de pétrole au cours de sa première année entière d’exploitation, en 1997. À cette époque, la province produisait 3,2 % seulement de toute la production de pétrole brut nationale. Les plates-formes de forage pétrolier en mer Terra Nova et White Rose se sont ajoutées respectivement en 2003 et vers la fin de 2005, ce qui permet maintenant à cette province de produire annuellement près de 20 millions de mètres cubes de pétrole brut, soit 13,0 % de l’ensemble de la production canadienne.

Complétant la production canadienne en 2005, l’Ontario, le Manitoba, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest ont, ensemble, contribué pour 3,8 millions de mètres cubes de pétrole brut ou 2,8 % de toute la production.

La faisabilité technologique et la rentabilité de l’exploitation des sables bitumineux du Nord de l’Alberta a représenté la plus grande avancée dans la production de pétrole brut au Canada, car la ce type de production est relativement coûteux.

En 2003, l’Alberta Energy and Utilities Board évaluait les réserves canadiennes économiquement viables à moins de 795 millions de mètres cubes. Comme la tendance à la hausse des cours pétroliers semble vouloir se maintenir, les estimations des réserves de pétrole brut de l’Alberta ont monté en flèche.

D’après cet organisme, la province disposerait au début 2006 de réserves pétrolières de 28 milliards de mètres cubes, soit 174 milliards de barils, ce qui place le Canada au deuxième rang mondial, derrière l’Arabie saoudite dont les réserves se chiffrent à 42 milliards de mètres cubes.

Tableau 1
Les 10 principales réserves mondiales de pétrole

Qu’est-ce que le « brut classique » ?

Au Canada, on entend habituellement par « pétrole brut classique » les hydrocarbures légers, moyens et lourds, qui ont toujours été la principale source de la production pétrolière du pays. On extrait le brut classique en forant des puits. Ce type de pétrole brut se distingue du brut non classique par le mode d’extraction employé.

En Alberta, le brut non classique est le produit de l’exploitation des gisements de sables bitumineux. Comme le bitume est trop épais pour s’écouler à l’état naturel, seules des méthodes spéciales peuvent l’amener à la surface.

Les pétroles bruts se distinguent généralement par la taille des molécules d’hydrocarbure riches en hydrogène qu’ils contiennent. Ainsi, le pétrole léger s’écoule facilement par les puits et les pipelines, et son raffinage fournit de grandes quantités de carburants de transport tels que de l’essence, du carburant diesel et du carburéacteur. En revanche, le pétrole brut lourd exige un surcroît de pompage ou de dilution pour s’écouler par les puits et les oléoducs, et son raffinage produit proportionnellement plus de mazout de chauffage, mais de moindres quantités de carburants de transport.

Source : Alberta Department of Energy, « What is oil? », (site consulté le 13 juillet 2006).

Prix en plein essor et approvisionnements insuffisants : un survol des faits

Le prix mondial du pétrole brut a monté en flèche depuis qu’il a touché son cours le plus bas en 2001. En décembre de cette année-là, les cours du pétrole brut sont tombés, pour se fixer à 15,95 $US le baril1.

Depuis, les cours sont en hausse. À peine un an plus tard, ils se situaient à 26,68 $US. Cette montée rapide a été attribuée avant tout à la décision de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de réduire sa production, à l’agitation politique au Venezuela et au conflit militaire au Moyen-Orient.

Un grand facteur de renchérissement a été les économies émergentes de l’Inde et de la Chine qui ont fait monter la demande mondiale. En Inde, la consommation journalière de pétrole approchait les 238 500 mètres cubes en 1995 et, seulement cinq ans plus tard, elle avait fait un bond, passant à 397 000 mètres cubes2. Cette forte hausse tient à une plus grande utilisation de l’automobile et d’autres véhicules.

Ces dernières années, la demande pétrolière de la Chine visant à alimenter ses industries et son parc automobile en phase d’expansion a considérablement influé sur le marché mondial des hydrocarbures. Comme le précise l’Office national de l’énergie du Canada, ce pays est désormais le deuxième consommateur de pétrole en importance dans le monde et le troisième pays importateur.

En 2000, la consommation de la Chine représentait un peu moins de 794 500 mètres cubes par jour, mais depuis elle a augmenté, affichant un taux de croissance annuel moyen de 8 %. En 2003, elle délogeait le Japon du deuxième rang en matière de consommation de pétrole, utilisant 874 000 mètres cubes par jour. À ce chapitre, la Chine n’était d’ailleurs devancée que par les États-Unis. En 2005, elle contribuait à elle seule pour plus du tiers de la croissance annuelle de la demande pétrolière mondiale. Sa consommation a alors atteint le niveau quotidien de 1,1 million de mètres cubes.

Les perturbations de l’offre ont aussi contribué à la hausse de la demande mondiale et des cours mondiaux du pétrole brut.

Tant en 2004 qu’en 2005, des ouragans ont ravagé les états américains de la côte du golfe du Mexique, ce qui a déréglé la production américaine de pétrole brut et fait reporter les livraisons. Quand l’ouragan Ivan a frappé le littoral en septembre 2004, quelque 3 000 travailleurs ont dû être évacués des plates-formes de forage en mer, ce qui a fait diminuer de 61 % la production journalière de 238 398 mètres cubes de la côte du golfe.

Entre autres séquelles de cet ouragan, le prix du baril de brut WTI (« West Texas Intermediate ») a atteint un sommet de 55,17 $US à la New York Mercantile Exchange. En août 2005, des ouragans ont secoué coup sur coup la côte du golfe, causant de vastes dommages aux plates-formes de forage en mer ainsi qu’aux raffineries. Le 31 août 2005, le choc subi par l’offre à la suite de ces événements a porté à plus de 70 $US le prix du baril de WTI.

Graphique 1
Les cours du pétrole brut sont en hausse depuis 2002

Si on mentionne le plus souvent les prix du WTI, les pétroles bruts ne s’équivalent cependant pas tous. Étant donné que les entreprises canadiennes produisent de plus en plus de pétrole brut lourd en Alberta, il importe de noter les différences.

Ainsi, une des catégories courantes de brut produit au Canada se vend sous la dénomination de « Lloyd Blend » (« mélange Lloyd »). Comme ce type de pétrole brut est particulièrement lourd et sulfureux, son raffinage demande plus de temps et d’énergie. Le baril de Lloyd Blend se vend donc, depuis les cinq dernières années, de 10 à 20 $US de moins que le WTI.

Presque toutes les exportations prennent la direction du sud

Les sociétés pétrolières canadiennes tirent la majeure partie de leurs revenus des exportations. En 2005, 66 % de la production canadienne de pétrole brut a été écoulée sur le marché extérieur. Depuis 1995, les États-Unis, assoiffés de pétrole, ont reçu la presque totalité (99 %) des exportations pétrolières de notre pays.

De 1995 à 2005, la production canadienne de pétrole brut a augmenté de 2,6 % en moyenne chaque année. L’accroissement de la demande extérieure, provenant presque exclusivement des États-Unis, est à l’origine de ces hausses de production, puisque la demande intérieure est demeurée relativement stable.

Les entreprises canadiennes ont exporté pour 30,2 milliards de dollars de pétrole brut en 2005, ce qui représente une hausse par rapport aux 25,0 milliards de 2004. C’est presque quatre fois la valeur de 8,3 milliards de dollars de pétrole brut livré une décennie auparavant. La progression de la valeur des exportations de 2004 à 2005 tient à une hausse des prix de 30,0 % puisque, en volume, les exportations ont légèrement baissé.

En 2005, le pétrole brut représentait 6,7 % de l’ensemble des exportations, en hausse par rapport à 5,9 % enregistré en 2004. Il s’agit de plus du double de la proportion atteinte en 1995.

Graphique 2
Les prix ont porté les exportations de pétrole brut vers de nouveaux sommets

En volume, les exportations canadiennes ont crû de 3,3 % par an depuis 1995. Elles ont fait le bond le plus considérable (+18,3 %) en l’an 2000, période pendant laquelle les États-Unis ont importé plus de 79,7 millions de mètres cubes de pétrole brut, en hausse par rapport aux 67,3 millions enregistrés en 1999. Cette augmentation de 12,3 millions de leurs importations en provenance du Canada représente 44 % de la croissance totale des importations mondiales de pétrole brut des États-Unis en l’an 2000.

Les Américains comptent non seulement sur leurs importations provenant du Canada, mais aussi sur celles de pays comme le Venezuela, l’Arabie saoudite et le Mexique. Au cours des 10 dernières années, les exportations canadiennes vers les États-Unis, qui totalisent 890,0 millions de mètres cubes, n’ont été dépassées que par les exportations de l’Arabie saoudite (953,6 millions), du Venezuela (937,7 millions) et du Mexique (905,9 millions).

Graphique 3
En 2005, la production pétrolière a fléchi pour la première fois depuis 1999

Les exportations pétrolières de l’Alberta vont entièrement aux États-Unis

L’Alberta est la première province exportatrice au pays. En 2005, elle a expédié pour 24,6 milliards de dollars de pétrole brut, tout ce pétrole étant destiné aux États-Unis. Un réseau de pipelines de plus de 16 000 km achemine la majeure partie du pétrole albertain à l’intérieur du pays et vers le territoire américain.

Le grand bénéficiaire de ce réseau de pipelines a été le Midwest américain qui accapare littéralement les exportations canadiennes. En 2005, 60,2 millions de mètres cubes de pétrole brut sont passés par la station carrefour de Chicago à destination d’États comme l’Illinois, le Minnesota et l’Oklahoma.

Les Rocheuses sont devenues une importante destination des exportations canadiennes. Cette région qui comprend le Wyoming, le Colorado et l’Utah a, en 2005, importé plus de 15,9 millions de mètres cubes de pétrole brut canadien, faisant plus que doubler le volume de 1995.

Les raffineries canadiennes approchent de leur capacité limite

D’après l’Office national de l’énergie, le Canada est un petit marché du raffinage, puisqu’il compte seulement 19 raffineries d’une capacité journalière de 320 000 mètres cubes environ3. En 2005, ces établissements ont fonctionné à 92 % de leur capacité, et ce, essentiellement pour répondre aux besoins du marché intérieur4.

De 1995 à 2005, la demande canadienne de pétrole brut a augmenté en moyenne de 2,6 % chaque année, atteignant 102,5 millions de mètres cubes à la fin de cette période.

Les raffineries des provinces du Centre et de l’Est du Canada importent du pétrole brut pour combler leurs besoins en matière de raffinage et transforment une partie de la production de l’Est et de l’Ouest. En 2005, moins de la moitié de l’approvisionnement ontarien en pétrole brut provenait de l’Ouest canadien.

Les raffineries des provinces de l’Ouest transforment seulement la production de leur propre région, dont le pétrole brut extrait des sables bitumineux.

Les raffineries transforment plus de pétrole importé que canadien

Si le Canada exporte du pétrole, il en importe aussi. En réalité, plus de la moitié du pétrole brut raffiné au Canada provient de l’étranger.

En 2000, près de 60 % du pétrole brut au Canada était importé. En 2005, la proportion s’établissait à près de 55 %, les raffineries canadiennes s’étant davantage approvisionnées en pétrole brut de production intérieure.

La proportion des importations a diminué depuis le début de la décennie, mais leur volume augmente toujours. En 2005, les importateurs canadiens se sont procuré 56,8 millions de mètres cubes, ce qui constitue 7,0 % de plus qu’en 2000.

Graphique 4
Plus de pétrole brut d’importation que de production canadienne pour répondre à la demande intérieure

Les livraisons en provenance de l’Algérie ont dominé dans la progression des importations : ce pays a expédié 10,1 millions de mètres cubes de pétrole brut au Canada en 2005. Associé à la remontée des livraisons de l’Arabie saoudite et du Venezuela, ce bond a porté le volume des importations en provenance des pays de l’OPEP à un sommet de 21,5 millions de mètres cubes. L’Arabie saoudite et le Venezuela ont respectivement fourni au Canada 4,4 millions et un peu plus de 3,0 millions de mètres cubes en 2005.

En 2000, des 53,1 millions de mètres cubes importés par notre pays, 62 % provenaient du continent européen — source habituelle des approvisionnements canadiens à l’étranger — et près de 32 %, des pays de l’OPEP.

En 2005, le tableau a quelque peu changé. Dans les 56,8 millions de mètres cubes de pétrole importé, l’Europe ne détenait plus qu’une part de 50 %, la part des pays de l’OPEP ayant monté, pour s’établir à 38 %.

Au premier rang dans les importations issues de l’Europe, on compte les livraisons de la Norvège et du Royaume-Uni, qui, l’un et l’autre, tirent la majeure partie de leur pétrole brut des fonds de la mer du Nord. En 2000, ces deux pays regroupés ont expédié au Canada un volume jusque–là inégalé de pétrole brut, soit 32,0 millions de mètres cubes. En 2005, les importations canadiennes en provenance de l’ensemble du territoire de l’Europe ont fléchi pour se fixer à 28,2 millions.

La baisse de 43,2 % des importations en provenance du Royaume-Uni depuis l’an 2000, dont le volume s’est établi à 9,5 millions de mètres cubes en 2005, a été le principal facteur de la diminution des livraisons de l’Europe. Cette diminution a été compensée en partie par les importations en provenance de la Russie qui ont augmenté au cours de dernières années et atteignaient 2,9 millions de mètres cubes en 2005.

Les importations en provenance de plusieurs autres pays ont nettement progressé récemment. La Guinée équatoriale prédomine à cet égard. Ce dernier pays, qui n’avait pas exporté de pétrole en quantités notables avant 1995, n’a fait sa première livraison au Canada qu’en 2000. Ses importations se situaient à 1,4 million de mètres cubes en 2005.

Graphique 5
L’OPEP, une source croissante de pétrole brut canadien

Les importations provenant des États-Unis sont aussi en hausse. Premier acquéreur du pétrole brut américain, notre pays a importé 2,3 millions de mètres cubes de son voisin du sud en 2005. Après s’être mises à décroître en 1999, les livraisons pétrolières des États-Unis ont augmenté les trois années suivantes. Ce pays fournit aujourd’hui 4 % des importations canadiennes comparativement à 2 % seulement en 2000.

En 2005, l’excédent commercial du Canada avec les États-Unis au chapitre du pétrole brut s’est établi à 88,4 millions de mètres cubes. En dollars, cet excédent est en croissance à cause du prix élevé du pétrole brut. En effet, il a presque quadruplé, passant de 7,8 à 29,1 milliards de dollars de 1998 à 2005.

L’industrie du gaz et du pétrole en 2005 : profits records, impôts records et investissements records

Les entreprises gazières et pétrolières5 ont généré des profits records en 2005 de même qu’elles ont payé des impôts et investi en construction d’immobilisations plus que jamais. Elles ont déclaré 50 % plus de profits d’exploitation en 2005 qu’elles ne l’avaient fait en 2004, passant de 20,7 milliards de dollars à plus de 30,3 milliards de dollars. Par conséquent, l’impôt sur le revenu des entreprises a aussi augmenté. Les entreprises gazières et pétrolières ont payé 7,5 milliards de dollars en impôt en 2005 alors qu’elles avaient payé 4,5 milliards de dollars en 2004, une augmentation de 65 %.

Des revenus plus importants peuvent avoir jeté les bases pour des investissements plus importants. L’investissement en immobilisations a grimpé de plus de 16 % en 2005 par rapport à 2004, passant de 31,6 milliards de dollars à 36,7 milliards de dollars.

Perspective historique : évolution de la production albertaine

Avant que Terre-Neuve-et-Labrador ne commence à produire du pétrole brut, l’industrie pétrolière canadienne était un club très fermé, formé uniquement de l’Alberta et de la Saskatchewan. De 1990 à 1997, ces deux provinces ont été à l’origine de plus de 94 % de la production canadienne.

L’Alberta a toujours la part du lion, mais elle a perdu du terrain au profit de la Saskatchewan. La part albertaine de la production canadienne de brut, qui avait atteint un sommet de 81 % en 1990, a chuté en 1997, pour s’établir à 74 %.

La Saskatchewan a plus que doublé sa production grâce aux mesures incitatives mises en place par les divers paliers de gouvernement. En particulier, elle a su profiter du soutien de l’État dans la construction des usines de valorisation NewGrade (Regina) et Lloydminster, qui sont respectivement entrées en service en 1990 et 1992. Ces usines servent à transformer le brut lourd en brut léger et le rendre ainsi plus facile à raffiner.

De 1990 à 1997, la production albertaine de brut a entamé un virage du brut léger vers le brut de synthèse. En 1990, la production de brut léger en Alberta a été de 42,9 millions de mètres cubes, ce qui représente un peu moins de la moitié de l’ensemble de la production canadienne de pétrole brut.

Il reste que la production de brut léger a commencé à décroître au gré de l’appauvrissement des réserves correspondantes. En 1997, elle a totalisé 37,3 millions de mètres cubes. Elle a été en décroissance d’année en année depuis lors, s’établissant à 21,7 millions de mètres cubes en 2005, ce qui constitue un peu plus de la moitié du total de 1990.

Terre-Neuve-et-Labrador contribue à la production de brut léger

Il n’y a pas qu’en Alberta où la production de brut se porte bien, puisque Terre-Neuve-et-Labrador se démarque également comme producteur de brut léger. Depuis la création en 1997 du champ d’Hibernia, la production terre-neuvienne de pétrole a progressé, passant de 3,8 millions de mètres cubes pendant la première année entière d’exploitation à un sommet de 19,6 millions en 2003, après l’adjonction du champ pétrolifère de Terra Nova.

Depuis 2003 cependant, la production de brut a fléchi dans cette province, pour s’établir à 17,7 millions de mètres cubes en 2005. Les dérèglements de la production, causés par des problèmes liés au dispositif de compression de gaz dans le champ pétrolifère Terra Nova et par un arrêt de production au début de septembre 2005 à des fins d’entretien des installations, n’ont été qu’en partie compensés par le lancement du champ White Rose.

Ce dernier devrait pouvoir livrer près de 16 000 mètres cubes par jour lorsqu’il atteindra le point culminant de sa production au cours du premier semestre de 20066.

Notes en fin de document

  1. Voir U.S. Energy Information Administration, 2005, «  World Oil Price Chronology », (site consulté le 13 juillet 2006).
  2. Le pétrole comprend le pétrole brut, les liquides de gaz naturel, les condensats, les produits raffinés et les autres liquides. Il se compose de pétrole brut à environ 98 %.
  3. Voir l’Office national de l’énergie, 2006, « Pétrole brut et produits pétroliers — L’industrie au Canada », (site consulté le 20 juillet 2006).
  4. Données disponibles uniquement pour la transformation de produits du pétrole et du charbon combinés. Voir Statistique Canada, CANSIM, tableau 028-0002.
  5. Les entreprises évoluant dans l’industrie du pétrole brut sont aussi très souvent impliquées dans l’extraction du gaz. Les données présentées dans cette section sont consolidées au niveau de l’entreprise et il n’est pas possible de publier les profits d’exploitation ni les impôts payés uniquement pour les activités pétrolières.
  6. Voir Husky Energy, « Husky Energy Announces First Oil Production From the White Rose Field », novembre 2005, (site consulté le 20 juillet 2006).