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par Russell Kowaluk,
Division de la fabrication, de la construction et de l’énergie
Le virage vers l’Ouest canadien de l’activité manufacturière s’est intensifié en 2005, alors que l’Alberta et la Saskatchewan ont dominé la croissance des livraisons pour une deuxième année consécutive, grâce aux gains appréciables des industries primaires. En effet, les hausses des livraisons manufacturières dans ces deux provinces des Prairies ont de loin dépassé les gains observés dans le cœur industriel du Canada central.
En Ontario, les livraisons n’ont augmenté que légèrement, en partie à cause d’un secteur de l’automobile moins vigoureux. Les usines du Québec ont un peu mieux réussi, alors que la relance de l’industrie aérospatiale s’est poursuivie et que les industries de raffinage du pétrole et des produits chimiques de la province ont enregistré des gains importants.À l’échelle nationale, les fabricants ont terminé l’année avec des livraisons totalisant 611,5 milliards de dollars. Il s’agit d’un gain de 3,0 % par rapport à 2004. Cette hausse fait suite à une augmentation appréciable de 8,5 % enregistrée l’année précédente. La province de Terre-Neuve-et-Labrador a été la seule à afficher une baisse des livraisons en 2005.
Il y a eu manifestement des gagnants et des perdants dans le secteur de la fabrication en 2005. La flambée des prix des produits industriels a fait en sorte que les livraisons ont atteint une valeur record dans la plupart des industries primaires telles que l’industrie des produits du pétrole et celle des métaux de première transformation. Par contre, les fabricants de produits du bois et de vêtements ainsi que la très importante industrie des véhicules automobiles ont affiché une baisse considérable des livraisons.
L’Alberta a dominé les autres provinces, les livraisons ayant progressé de 12,0 %. Bien que les industries primaires aient contribué à la croissance, l’ensemble du secteur de la fabrication de la province, dont on peut dire qu’il est bien diversifié, a affiché une nette amélioration en raison du boom économique généralisé en Alberta. Les fabricants de la Saskatchewan ont suivi de près ceux de l’Alberta, affichant une hausse de 8,2 %, laquelle est largement attribuable aux industries primaires.
La productivité du travail dans le secteur de la fabrication a augmenté de 5,7 % l’année dernière. Toutefois, cette hausse a, en partie, entraîné des pertes d’emplois. En 2005, le niveau d’emploi moyen dans l’industrie de la fabrication avait reculé de 85 000 personnes (-3,7 %) par rapport à l’année précédente. Un rebondissement de 5,4 % de l’investissement dans les usines et les machines a contribué en partie à cette augmentation de la productivité du travail.
Malgré l’augmentation des livraisons de l’année dernière, les profits des fabricants ont chuté de 6,9 %, comparativement à la croissance exceptionnelle enregistrée en 2004 (+34,8 %). Les fabricants ont fait face à un grand nombre de défis l’an dernier, et ce, à plusieurs chapitres, notamment en ce qui a trait au dollar canadien, qui a atteint en décembre un niveau jamais égalé en 14 ans par rapport à la devise américaine. Les exportateurs de produits manufacturés canadiens, en particulier, en ont pris pour leur compte. Ces défis se sont poursuivis pendant la première partie de 2006.
Dans le cadre de la présente étude, on examine les tendances du secteur de la fabrication en 2005. De plus, on met l’accent sur les livraisons selon l’industrie et la province. On y analyse également les fluctuations récentes d’autres variables clés telles que l’emploi, les profits, les dépenses en immobilisations, la productivité et l’utilisation de la capacité.
Note aux lecteursL’Enquête mensuelle sur les industries manufacturières (EMIM) permet de publier des séries de données statistiques sur les livraisons, les stocks, les carnets de commandes et les nouvelles commandes des fabricants. Les industries sont classées selon le Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN) de 1997. Le groupe des biens non durables inclut les secteurs de l’alimentation, des boissons et des produits du tabac, des usines de textiles, des usines de produits textiles, de l’habillement, du cuir et des produits connexes, du papier, de l’impression et des activités connexes de soutien, des produits du pétrole et du charbon, des produits chimiques ainsi que des produits en caoutchouc et en plastique. Le groupe des biens durables inclut les secteurs des produits du bois, des produits minéraux non métalliques, des métaux de première transformation, des produits métalliques ouvrés, des machines, des produits informatiques et électroniques, du matériel, des appareils et des composants électriques, du matériel de transport, des meubles et des produits connexes ainsi que des activités diverses de fabrication. |
Malgré la montée du dollar canadien par rapport à la devise américaine, les livraisons manufacturières ont grimpé pour une deuxième année consécutive en 2005, après trois ans de piètre performance. On a cependant observé un ralentissement marqué, le taux de croissance de 2005 correspondant à moins de la moitié de celui de 2004.
Les fabricants ont clôturé l’année 2005 avec des livraisons annuelles totalisant 611,5 milliards de dollars, un niveau supérieur de 3,0 % par rapport à celui de 2004, mais bien inférieur à l’augmentation appréciable de 8,5 % enregistré l’année précédente.
Les livraisons manufacturières augmentent pour une deuxième année consécutive, mais à un rythme plus lent
Les livraisons mensuelles ont connu une suite irrégulière de hauts et de bas l’année dernière, enregistrant six mois de hausses entrecoupées de baisses. Cette fluctuation était partiellement attribuable à l’instabilité des industries des pièces et des véhicules automobiles, combinée à l’importante variation des prix de l’industrie des produits du pétrole. La tendance des livraisons s’est améliorée au cours des six premiers mois de l’année. Toutefois, cette amélioration a commencé à ralentir à la fin de l’été.
L’an dernier, il y a eu manifestement des gagnants et des perdants dans le secteur de la fabrication. Grâce à la flambée des prix, les livraisons ont atteint une valeur record dans la plupart des industries primaires telles que l’industrie des produits du pétrole et celle des métaux de première transformation, où l’on a enregistré une forte demande et une hausse des prix. Les industries du bois et du papier ont affiché une diminution des livraisons; il s’agit là d’exceptions notables.
L’abondance des ressources naturelles du Canada a permis de rapporter des bénéfices intéressants, la relance de la demande étrangère de différents produits métalliques de première transformation y contribuant, notamment en ce qui concerne les produits de l’or, du nickel, de l’acier et de l’aluminium. Par conséquent, le prix des produits industriels des métaux de première transformation a augmenté considérablement au cours des deux dernières années1.
La demande considérable de produits du pétrole à l’échelle mondiale a constitué l’un des facteurs commerciaux importants de l’année dernière. Cette situation a fait suite à une instabilité politique dans plusieurs des principales régions productrices de pétrole et à deux ouragans consécutifs le long de la côte américaine du golfe du Mexique. Alors que le prix du pétrole brut a dépassé la barre des 70 $US par baril en septembre dernier, le prix annuel moyen des produits du pétrole et du charbon a bondi de près de 24 % depuis 20042. En conséquence, l’industrie du pétrole du Canada a enregistré une progression de plus de 20 % de ses livraisons pour une deuxième année d’affilée. Les livraisons de produits du pétrole et du charbon ont atteint un sommet de 54,8 milliards de dollars, une hausse de 21,8 % qui fait suite à l’augmentation subite de 22,2 % en 2004.
Les bénéfices d’exploitation des fabricants de produits pétroliers ont également monté en flèche, atteignant 11,7 milliards de dollars en 20053. L’industrie des produits du pétrole et du charbon, dont l’expansion actuelle est remarquable, a investi des milliards de dollars dans les énormes dépôts de sables bitumineux du nord de l’Alberta.
La hausse des prix des produits industriels a également contribué aux gains généralisés enregistrés par les fabricants de produits chimiques. Les prix des produits chimiques ont grimpé de 6,3 % en 20054, alors que les livraisons ont bondi de 5,1 % pour s’établir à 47,9 milliards de dollars.
Une forte demande a aussi contribué à une progression de 4,0 % des livraisons de métaux de première transformation, dont le total a atteint 46,3 milliards de dollars.
La majeure partie de l’augmentation des livraisons dans les industries primaires est attribuable à une croissance des prix. En fait, les livraisons de biens non durables, en dollars de 1997, sont demeurées essentiellement inchangées (+0,1 %) en 2005, malgré l’expansion observée dans les industries comme celles des produits du pétrole et des produits chimiques. Il est possible que cela indique une capacité limitée de production des raffineries canadiennes, bon nombre desquelles ayant fonctionné à plein régime au cours de l’année.
Bien qu’une hausse des livraisons ait été enregistrée dans la plupart des industries manufacturières (13 sur 21) en 2005, les deux plus grandes industries canadiennes — celles du matériel de transport et de l’alimentation — ont affiché des baisses annuelles.
Les livraisons de véhicules automobiles ont diminué de 3,5 % pour s’établir à 69,8 milliards de dollars l’année dernière, par rapport à une augmentation de 4,5 % en 2004. L’industrie représentait 11,4 % du total des livraisons manufacturières en 2005, en baisse par rapport à 15,3 % en 1999. De plus, l’industrie des pièces de véhicules à moteur a affiché une réduction de 1,8 % en 2005, le total de ses livraisons s’établissant à 32,2 milliards de dollars, après avoir connu une montée de 6,0 % en 2004.
La demande des consommateurs, la concurrence étrangère accrue et le surplus de certains modèles de camions et d’automobiles ont contribué à l’évolution de l’industrie de l’automobile. L’année dernière, l’industrie a dû composer avec des mises à pied, des interruptions temporaires de la production et des fermetures permanentes d’usines.
Malgré ces facteurs négatifs, les perspectives du secteur de la fabrication d’automobiles du Canada ne sont pas tout à fait pessimistes. Plusieurs des principaux intervenants à l’échelle mondiale ont annoncé qu’ils investiraient plusieurs milliards de dollars au Canada au cours des prochaines années.
L’industrie des véhicules automobiles de l’Amérique du Nord est au cœur d’une restructuration majeure. Il y a peu de temps, les véhicules utilitaires sport (VUS) prenaient de l’importance dans le budget des ménages nord-américains, et le Canada était le lieu de fabrication de plusieurs modèles populaires.
Selon une étude de Statistique Canada5, depuis 1999, la production de VUS au pays a augmenté considérablement, et ce, même si l’ensemble du secteur de la fabrication des véhicules automobiles a stagné. En 2004, la production de VUS a dépassé celle des mini-fourgonnettes et des camionnettes au Canada6. En 2003, les ventes de VUS ont atteint des sommets historiques au Canada et aux États-Unis.
Toutefois, la demande de VUS et d’autres véhicules énergivores a dégringolé l’année dernière en Amérique du Nord, principalement en raison des augmentations du prix de l’essence. Bon nombre de consommateurs sensibilisés aux questions énergétiques ont réexaminé leur besoin de gros véhicules, ce qui a donné lieu à une baisse de la demande. Différents constructeurs automobiles effectuent actuellement un réaménagement majeur de leurs gammes de produits et de leurs installations de production.
De plus, la concurrence des constructeurs novateurs étrangers a contribué à une régression continue des ventes au détail des trois grands constructeurs nord-américains d’automobiles au Canada — General Motors, Ford et DaimlerChrysler. En 2005, ils représentaient environ les trois quarts des usines de montage d’automobiles, en baisse par rapport à 85 % il y a seulement cinq ans.
L’industrie de l’alimentation, la deuxième industrie manufacturière en importance au Canada, a affiché une légère baisse de 0,2 % pour s’établir à 68,5 milliards de dollars en 2005. Cette diminution est attribuable à un conflit de travail dans l’industrie des produits de la viande et à un resserrement des livraisons de mouture de céréales et de graines oléagineuses, à la suite de la sécheresse qui a ravagé la récolte de 2004.
Dans l’ensemble, les livraisons canadiennes de produits du bois ont régressé de 6,0 % l’année dernière pour se fixer à 35,4 milliards de dollars. Une baisse de la demande et une diminution considérable des prix des produits du bois ont également contribué à la régression de la production.
Le prix annuel moyen des produits industriels du bois d’œuvre a reculé de 8,5 % en 2005, bien que les travaux de reconstruction suivant la saison des ouragans aux États-Unis aient contribué à une montée des prix à la fin de l’année.
En 2005, les livraisons du secteur de la fabrication du papier, qui se trouve dans le marasme depuis bon nombre d’années, ont chuté de 2,4 % pour s’établir à 32,3 milliards de dollars, leur niveau le plus faible depuis 1998. Il s’agit là du cinquième recul annuel consécutif.
Le ralentissement de la demande de papier journal, le coût élevé de l’énergie et la vigueur du dollar canadien ont tous contribué à la faiblesse du secteur. La consommation de papier journal a également baissé au cours des dernières années en raison de la popularité grandissante des supports électroniques7.
Au chapitre des livraisons, on a observé un virage de l’élan en faveur des provinces de l’Ouest riches en ressources, ce qui a compensé une croissance plus modérée dans les provinces du Centre, qui étaient axées sur la fabrication.
De loin, la majorité de l’activité manufacturière canadienne est demeurée à l’est de la frontière séparant l’Ontario et le Manitoba. Malgré tout, pour une quatrième année consécutive, le Québec et l’Ontario ont affiché une légère érosion de leur part du total des livraisons manufacturières par rapport au reste du pays.
Ensemble, le Québec et l’Ontario ont représenté 74,6 % du total des livraisons canadiennes en 2005, une baisse par rapport à 77,4 % en 2000. Parallèlement, la part des quatre provinces de l’Ouest est passée de 18,5 % à 20,6 %. Celle des provinces de l’Atlantique est demeurée stable entre 4 % et 5 %.
Depuis quelques années, les provinces de l’Ouest se portent particulièrement bien, surtout en raison de leurs ressources naturelles abondantes et de la forte demande intérieure et mondiale pour ces ressources.
Les fabricants albertains ont expédié des biens pour une valeur de 59,3 milliards de dollars l’année dernière, ce qui représente une progression de 12,0 %. Les industries primaires de la Saskatchewan ont également contribué à la hausse de 8,2 % des livraisons provinciales, qui se sont établies à 10,4 milliards de dollars. Cette montée fait suite à un bond significatif de 21,8 % attribuable aux industries primaires en 2004.
Au Manitoba, les fabricants ont enregistré une hausse de 3,3 %. Il s’agit d’une progression pratiquement égale à l’augmentation moyenne nationale, tandis qu’en Colombie-Britannique, la hausse a été plus modérée à 1,6 %.
Les livraisons mensuelles des entreprises du Manitoba ont évolué en dents de scie en 2005. Une forte augmentation des livraisons des industries de la fabrication de produits métalliques et de celles des métaux de première transformation a contribué à la croissance globale.
En Colombie-Britannique, une baisse marquée du prix moyen du bois d’œuvre en 2005 a compensé les hausses dans les secteurs de l’alimentation et des produits métalliques ouvrés. Ainsi, la légère progression de 1,6 % de l’ensemble des livraisons enregistrée l’année dernière était bien inférieure au bond de 13,7 % de 2004 attribuable aux produits du bois.
Dans la région du Canada central — le cœur de l’activité manufacturière — le secteur qui dépend des exportations a été durement touché par l’appréciation du dollar canadien et la montée en flèche des coûts énergétiques ainsi que par l’accroissement de la concurrence mondiale.
Les livraisons de l’Ontario ont grimpé légèrement de 0,7 % pour atteindre 312,4 milliards de dollars. Un repli dans le secteur de la fabrication de véhicules automobiles, qui représentait plus du cinquième de toutes les livraisons de la province l’année dernière, a largement éclipsé le bon rendement de plusieurs industries, notamment celles de la fabrication de machines et de produits informatiques.
Le Québec s’en est tiré un peu mieux, ses livraisons progressant de 4,5 % pour se fixer à 144,0 milliards de dollars. La relance de l'industrie aérospatiale de la province s'est poursuivie, et les industries du raffinage du pétrole et des produits chimiques ont enregistré des gains importants.
Dans l’ensemble, l’activité s’est améliorée au Canada atlantique en 2005 en raison de la vigueur de l’industrie des biens non durables.
Trois des quatre provinces de l’Atlantique ont affiché des hausses supérieures à la moyenne nationale : le Nouveau-Brunswick (+7,0 %), la Nouvelle-Écosse (+5,6 %) et l’Île-du-Prince-Édouard (+5,1 %).
La seule régression est survenue à Terre-Neuve-et-Labrador, où les livraisons ont reculé de 2,7 %. Les principales industries ont enregistré des replis à la suite de l’achèvement de projets importants.
Dans les territoires, les fabricants ont connu une bonne année, le total des livraisons ayant augmenté de 14,3 % pour s’établir à 99,3 millions de dollars. Les Territoires du Nord-Ouest ont affiché un gain de 15,4 %, alors que le Yukon a enregistré une hausse de 10,5 % et le Nunavut, une augmentation de 5,8 %.
Au cours de la dernière année, les pertes d’emploi dans le secteur manufacturier ont été au premier plan, les fabricants canadiens s’efforçant de réduire les coûts et de stimuler la productivité.
En moyenne, en 2005, l’effectif du secteur était inférieur de 3,7 % à celui de 2004 (-85 000 emplois). Il s’agit du plus important recul annuel moyen de l’emploi du secteur depuis 1992, année où l’on était en pleine récession8.
La portion de l’emploi total dans l’ensemble des industries représentée par l’industrie de la fabrication est passée à 13,7 %, son plus bas niveau depuis au moins 19769. Une bonne partie des pertes d’emploi sont survenues dans la région du Canada central.
Les profits d’exploitation des fabricants ont chuté de 7 % l’an dernier, comparativement à une hausse exceptionnelle de 36,6 % en 2004. Les entreprises canadiennes du secteur de la fabrication ont réalisé 42 milliards de dollars de profits en 2005. Par contre, la situation des sociétés canadiennes prises dans leur ensemble différait grandement. En effet, elles ont réalisé des profits d’exploitation inégalés (+11,1 %) en raison, en partie, de l’industrie du pétrole et du gaz et de la forte demande des consommateurs10.
Bon nombre de fabricants ont été durement touchés par la progression du dollar canadien par rapport à la devise américaine qui a dépassé, en décembre, un niveau jamais atteint en 14 ans. Environ la moitié des biens fabriqués au Canada sont exportés. Un dollar plus vigoureux rend donc ces produits plus dispendieux et réduit les marges bénéficiaires.
Une étude récente a démontré que l’appréciation du dollar canadien par rapport à la devise américaine est un facteur important qui permet d’expliquer pourquoi les livraisons et les profits des entreprises de fabrication américaines ont été supérieurs à ceux des entreprises canadiennes en 2004 et en 200511.
D’autres facteurs contribuant à réduire la rentabilité des fabricants comprennent les hausses importantes des frais généraux de l’énergie et des matières premières ainsi que les coûts de main-d’œuvre élevés par rapport à ceux d’autres pays.
La concurrence offerte par les producteurs étrangers à faibles coûts a également constitué un défi. La Chine et d’autres pays d’Asie sont devenus des joueurs importants dans le domaine de la fabrication, étant donné leurs importantes populations, la forte demande et la main-d’œuvre abondante et bon marché.
L’investissement manufacturier a connu de faibles augmentations pendant plusieurs années, mais cette tendance semble s’être renversée l’an dernier en raison de taux d’utilisation de la capacité sans cesse élevée et de faibles taux de remplacement des machines au début des années 2000.
L’investissement manufacturier a augmenté de 6,7 % en 2005, et on prévoit une croissance de 3,4 % en 2006. Toutefois, le niveau de l’an dernier était de 10,7 % inférieur au plus récent sommet atteint en 200012.
Les taux d’utilisation de la capacité ont continué de croître l’an dernier dans le secteur manufacturier, atteignant 84,4 %. Ce niveau a été enregistré pour la dernière fois en 2000, alors que les dépenses en immobilisations étaient en forte croissance13.
Un dollar fortement évalué devrait s’avérer avantageux pour les fabricants canadiens qui achètent la majeure partie de leur nouvel équipement et de leur technologie à l’étranger. Toutefois, l’appréciation du dollar a également contribué à comprimer les profits, lesquels constituent un déterminant important de l’investissement.
La productivité du travail, mesurée en fonction du produit intérieur brut (PIB) réel par heure travaillée, est un facteur essentiel de l’amélioration du niveau de vie à long terme. Elle constitue également la source principale du développement économique.
La productivité dans le secteur de la fabrication a augmenté de 5,7 % l’an dernier, en raison de la réduction du nombre d’heures travaillées et de l’amélioration de la production14. Ce résultat a été précédé d’une hausse de la productivité de 3,5 % en 2004.
Ces gains de productivité sont importants pour la compétitivité des usines canadiennes.
L’augmentation de l’an dernier a été réalisée en grande partie au prix d’une réduction du nombre d’employés dans les usines. Le nombre d’emplois a chuté de 3,7 % (-85 000) en 2005 et le nombre d’heures travaillées a diminué de 3,5 %, comparativement à une légère hausse de 0,9 % pour l’ensemble des industries15. L’augmentation des dépenses en immobilisations pourrait également avoir contribué à la hausse de la productivité du travail. De plus, la restructuration industrielle peut avoir entraîné la fermeture d’usines moins productives.
Fait intéressant, toutes les industries manufacturières ont signalé une réduction du nombre d’heures travaillées en 2005. Certaines des industries ayant déclaré les baisses les plus importantes du nombre d’heures travaillées se rangeaient également parmi celles dont les livraisons étaient les plus faibles. Les secteurs du matériel de transport, des produits du bois et de la fabrication du papier ont signalé d’importantes baisses des livraisons et du nombre d’heures travaillées l’an dernier.
Durant les quatre premiers mois de 2006, les livraisons manufacturières n’ont augmenté qu’une seule fois, en mars, enregistrant une hausse de 1,6 %.
Même si les améliorations qui ont eu lieu en mars étaient relativement généralisées, les fabricants continuent de faire face à des défis qui mettront à l’épreuve leur capacité de maintenir leur productivité cette année. La vigueur du dollar canadien, l’augmentation des coûts des facteurs de production et les pénuries de main-d’œuvre qualifiée, en particulier dans l’Ouest canadien, constituent des obstacles considérables, mais inévitables pour bon nombre d’usines.
Selon l’Enquête sur les perspectives du monde des affaires (EPMA) de Statistique Canada, menée au mois d’avril 2006, les fabricants sont de plus en plus inquiets au sujet de leurs perspectives de production des prochains mois16.
Un principal obstacle à la production signalé par l’EPMA est la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et non qualifiée, qui est devenue particulièrement évidente dans l’Ouest. Même si le ralentissement que connaît le secteur de la fabrication dans le Canada central se poursuit, il est possible qu’un plus grand nombre de travailleurs se déplacent vers l’Ouest canadien.