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Nourrir le dragon : les exportateurs canadiens et la prospérité chinoise

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par Steve Grunau,
Division du commerce international

Résumé
Nourrir le dragon : une forte demande d’importations
Les produits chimiques organiques : hausse la plus rapide des exportations
La pâte de bois est le principal produit d’exportation vers la Chine
La forte demande chinoise augmente les prix et la valeur des exportations de métaux
Le blé : la Chine est redevenue le principal marché d’exportation
Clé pour l’avenir : la nature de la croissance économique de la Chine

Résumé

La croissance économique de la Chine représente l’une des nouvelles économiques de premier plan au cours des 10 dernières années. La République populaire de Chine est maintenant la sixième économie en importance au monde et le troisième pays commerçant, derrière les États-Unis et l’Allemagne.

La Chine est également devenue un centre de fabrication mondial. En effet, des entreprises du monde entier y déplacent leur production afin de profiter des faibles salaires et d’un marché potentiel de 1,3 milliard de personnes, dont une classe moyenne en pleine croissance, qui a de plus en plus d’argent à dépenser.

Où le Canada se situe-t-il dans cette perspective ? La présente étude, qui porte sur les principales importations chinoises en provenance du Canada entre 1998 et 2004, révèle que certaines entreprises canadiennes récoltent effectivement les fruits de la croissance économique rapide de la Chine. Le géant asiatique achète des produits canadiens à un rythme jamais observé auparavant.

La plupart des entreprises canadiennes ne se spécialisent pas dans la fabrication de machines ou de composantes que les usines chinoises assemblent pour fabriquer des produits finis. En conséquence, ces types de produit ne constituent pas des sources appréciables d’importations chinoises en provenance du Canada.

La présente étude montre plutôt que les entreprises canadiennes ont enregistré une croissance importante des ventes dans les secteurs où les exportations sont relativement robustes, par exemple les ressources naturelles. Ce sont surtout les entreprises exportatrices dans les industries primaires qui en profitent.

Les principales sources de croissance des importations chinoises en provenance du Canada sont les matières brutes, secteur dont l’essor est mené par la hausse des ventes de pâte de bois, de métaux et d’engrais. Les importations chinoises de matières brutes ont plus que triplé depuis 1998, représentant près du tiers de la croissance totale des exportations canadiennes vers la Chine.

La demande de plus en plus importante de matières brutes pour approvisionner les industries d’exportation de la Chine et permettre de répondre à la consommation intérieure croissante a contribué à une hausse du prix des produits de base à l’échelle mondiale. Cette situation a eu pour effet d’augmenter les recettes des industries primaires au Canada, comme celles des métaux grâce à une hausse de la valeur des exportations vers la Chine, mais aussi vers les autres clients importants comme les États-Unis.

On constate que les exportations de produits chimiques organiques, qui entrent dans la fabrication du polyester en Chine, sont celles qui progressent le plus rapidement. Par ailleurs, des entreprises canadiennes ont tiré avantage de l’augmentation des importations chinoises de minerai de fer et de nickel — les principaux éléments qui entrent dans la fabrication de l’acier. De plus, nos exportations de blé vers la Chine ont remonté en 2004, après une longue période de repli.

L’économie canadienne dépend fortement du commerce. En effet, nos exportations représentent à elles seules plus du tiers de notre produit intérieur brut. Bien que plus des quatre cinquièmes de nos exportations annuelles soient destinées aux États-Unis, la Chine est devenue le quatrième marché en importance pour ce qui est des exportations canadiennes, derrière les États-Unis, le Japon et le Royaume-Uni.

Au total, les importations chinoises en provenance du Canada ont plus que triplé depuis 1998, ayant progressé en moyenne de 21 % par année. Cependant, en 2004, les importations totales de la Chine en provenance du Canada — une valeur de 7,0 milliards de dollars américains1 — ne représentaient que 1,3 % des importations totales de la Chine. Pour mettre ces chiffres en perspective, précisons que la Chine a importé pour plus de 94 milliards de dollars américains du Japon, en 2004 seulement.

Note aux lecteurs

La plupart des données utilisées dans la présente étude proviennent de la base de données « UN Comtrade » de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ne comprennent que les échanges commerciaux avec la République populaire de Chine (à l’exception de Hong Kong et de Macao). Pour faciliter les comparaisons à l’échelle internationale, l’ONU compile et normalise les données sur le commerce de nombreux pays, notamment celles du Canada.

La base de données de l’ONU permet de calculer la part des importations chinoises en provenance du Canada et d’établir une comparaison avec celles d’autres pays. Comme les données sont compilées selon les normes de l’ONU, Statistique Canada ne peut vérifier si elles se conforment à ses propres normes. De plus, à moins que ce ne soit précisé autrement, les montants d’argent présentés dans cet article sont exprimés en dollars américains.

Statistique Canada calcule également la valeur des exportations canadiennes vers la Chine à partir des données des douanes canadiennes. Il existe des différences marquées entre ces chiffres et les estimations, par l’ONU, des importations chinoises en provenance du Canada, qui sont fondées sur les données des douanes chinoises.

Des études conjointes de rapprochement faites par Statistique Canada et l’Administration douanière générale de la Chine ont permis de constater que les importations chinoises déclarées en provenance du Canada étaient, en moyenne, de 30 % supérieures aux exportations canadiennes à destination de la Chine entre 1998 et 2003. (Se reporter à l’article de Sandra Bohatyretz et de Bruna Santarossa, « Étude de rapprochement sur le commerce de marchandises : Canada-Chine, 2002 et 2003 », paru dans Le commerce canadien en revue, produit n65-507-MWF2005003 au catalogue de Statistique Canada, n3, 16 août 2005.)

L’une des raisons qui explique ces différences réside dans le fait que les exportateurs canadiens ne connaissent sans doute pas ou ne déclarent peut-être pas avec exactitude la destination finale de leurs marchandises lorsqu’elles quittent le pays. Par conséquent, le produit peut être exporté à Hong Kong, où il est entreposé, pour être exporté de nouveau vers la Chine. Les douanes canadiennes indiqueraient qu’il s’agit d’exportations à destination de Hong Kong, alors que la Chine les considérerait comme des importations de leur pays d’origine, le Canada.

L’étude de rapprochement a permis d’établir que le commerce indirect, qui passe surtout par Hong Kong, était la principale cause des écarts entre les données sur les exportations canadiennes et les données sur les importations chinoises.

Nourrir le dragon : une forte demande
d’importations

L’économie en plein essor de la Chine au cours des 10 dernières années a permis de stimuler d’autres économies en déclenchant une très forte demande de biens, ce qui a entraîné une hausse des prix. Selon les autorités chinoises, le produit intérieur brut réel a augmenté de 9,6 % par année en moyenne durant les 25 dernières années2.

Entre 1990 et 1998, les exportations chinoises ont presque triplé, étant passées de 63 milliards de dollars américains à 184 milliards de dollars américains. Elles avaient de nouveau triplé en 2004, atteignant 593 milliards de dollars américains. Compte tenu de son avantage concurrentiel au chapitre des produits manufacturés, la Chine est en quête de matières brutes, de pièces et de machinerie d’usine dans le monde entier de manière à soutenir son industrie manufacturière. Par conséquent, ses importations ont quadruplé, étant passées de 140 milliards de dollars américains en 1998 à 561 milliards de dollars américains en 2004.

Les importations des pays voisins de la Chine ont connu la plus forte croissance

Les importations des pays voisins de la Chine ont connu la plus forte croissance

1. L’association des nations de l’Asie du Sud-Est est formé de Brunei Darussalam, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam.
Source : Fonds monétaire international, «  Direction of Trade Statistics ».

Les plus grands gagnants de cette vigueur économique sont les pays voisins de la Chine. Alors que le Japon continue d’être le principal fournisseur de biens à la Chine, contribuant environ à 17 % des importations chinoises, soit 94 milliards de dollars américains en 2004, ce sont la Corée du Sud et les pays de l’Asie du Sud-Est qui profitent le plus de la croissance enregistrée en Chine.

La Corée du Sud a dépassé les États-Unis en devenant la troisième source en importance d’importations chinoises en 20043. Les importations chinoises en provenance de la Corée du Sud ont atteint 62 milliards de dollars américains en 2004, soit plus de quatre fois la valeur de ses exportations vers la Chine en 1998. Les exportations ont augmenté encore plus rapidement dans les pays de l’Asie du Sud-Est, notamment la Malaisie, Singapour et la Thaïlande. Prises ensemble, les exportations de ces pays vers la Chine ont atteint près de 61 milliards de dollars américains en 2004.

Ces pays ont profité de la croissance des importations chinoises de machines et de matériel, qui font partie intégrante de l’essor que connaît la Chine en tant que centre de fabrication mondial. En raison de ses faibles coûts de main-d’œuvre, ce pays est devenu un élément essentiel des chaînes d’approvisionnement pour la fabrication à l’échelle mondiale, en important des composantes qui sont ensuite assemblées pour devenir des produits finis prêts à être exportés.

Les importations de machineries et d’équipements représentent près de la moitié de l’augmentation des importations chinoises depuis 19984. Cette catégorie comprendrait les composants électriques importés qui sont par la suite assemblés dans des usines chinoises pour devenir des produits finis, de même que les machines nécessaires au fonctionnement des usines elles-mêmes. Bien que la Corée du Sud et l’Asie du Sud-Est soient les dernières arrivées dans le domaine des importations chinoises de machines et de matériel, le Japon, Taïwan et l’Union européenne conservent une part importante de ce secteur.

Depuis 1998, les exportations de l’Union européenne à destination de la Chine ont plus que triplé, ayant atteint 71 milliards de dollars américains en 2004. Bien que la croissance des exportations américaines vers la Chine ralentisse, celles-ci représentaient 8 % des importations chinoises, soit 45 milliards de dollars américains en 2004.

La croissance rapide que connaît la Chine donne aux exportateurs canadiens l’occasion d’approvisionner les industries chinoises florissantes. D’après les données recueillies, les entreprises canadiennes en profitent5.

Entre 1998 et 2004, les exportations canadiennes à destination de la Chine ont plus que triplé. En effet, elles ont dépassé 7 milliards de dollars américains et affichent un taux de croissance annuel moyen de 21 % depuis 1998. Étant donné que les exportations du Canada dans le monde ont augmenté à un rythme inférieur à 7 % par année, en moyenne, au cours de la même période, la Chine est devenue une source de croissance importante pour les exportateurs canadiens. En 2004, le Canada était la 16e source en importance d’importations chinoises, ne représentant toujours que 1,3 % du marché chinois.

Les importations chinoises sont dominées par la machinerie et l’équipement...

Les importations chinoises sont dominées par la machinerie et l’équipement...

Source : Organisation des Nations Unies, base de données « UN Comtrade ».

... alors que les importations chinoises en provenance du Canada sont menées par les matières brutes

... alors que les importations chinoises en provenance du Canada sont menées par les matières brutes

Source : Organisation des Nations Unies, base de données « UN Comtrade ».

Dans les sections suivantes, on examine en profondeur les importations chinoises en provenance du Canada au cours des sept dernières années.

Les produits chimiques organiques : hausse la plus rapide des exportations

Les produits chimiques organiques du Canada représentent les biens d’exportation à destination de la Chine qui progressent le plus rapidement. En effet, ils constituent 17 % de la croissance des exportations totales depuis 1998. En 2004, les exportations canadiennes de ces produits chimiques étaient de 30 fois supérieures aux exportations enregistrées en 1998.

La plupart de ces exportations sont constituées d’éthylèneglycol, un produit chimique essentiel pour la fabrication du polyester dans l’industrie du prêt-à-porter. Les usines chinoises ont plus que doublé leurs exportations de vêtements depuis 1998. Ces dernières années, cette remontée s’explique, entre autres, par la suppression progressive des quotas internationaux imposés par la Chine, conformément à une entente avec l’Organisation mondiale du commerce6.

Par conséquent, les importations d’éthylèneglycol de la Chine sont près de 23 fois supérieures à celles enregistrées en 1998. Le Canada est devenu le chef de file de ce marché en Chine. Il a en effet quadruplé sa part des importations chinoises d’éthylèneglycol, qui sont passées de 0,9 % en 1998 à 3,8 % en 2004. Il s’agit d’une réalisation impressionnante compte tenu de la croissance rapide des importations chinoises. L’ampleur de la demande chinoise explique 95 % de l’augmentation des exportations canadiennes d’éthylèneglycol depuis 1998. Cette expansion ne présentait aucun signe de ralentissement en 2005. Les données canadiennes sur le commerce international indiquent que les exportations canadiennes vers la Chine de ce produit chimique ont augmenté d’un 19 % supplémentaire en 2005.

L’Arabie saoudite, les États-Unis et Taïwan ont également augmenté leur part du marché chinois des importations. En revanche, le Japon et la Corée du Sud ont perdu du terrain.

Les avantages de l’expansion du commerce des produits chimiques avec la Chine ont surtout profité à l’Alberta, qui produit la plupart de l’éthylèneglycol au Canada.

Au moment où les importations chinoises montent en flèche, le Canada devient la principale source d’éthyleneglycol

Au moment où les importations chinoises montent en flèche, le Canada devient la principale source d’éthyleneglycol

1. « Autres pays d’Asie » qui est une traduction libre de « Other Asia » comprend les pays asiatiques qui n’ont pas été désignés ailleurs dans la base de données de l’ONU, notamment Taïwan, qui ne fait pas partie de l’ONU et, en tant que telle, n’est pas inscrite séparément.
Source : Organisation des Nations Unies, base de données « UN Comtrade ».

La pâte de bois est le principal produit d’exportation vers la Chine

Si les produits chimiques représentent les biens d’exportation canadiens à destination de la Chine qui progressent le plus rapidement, la pâte de bois est notre principal produit d’exportation. Les exportations de ce produit ont bondi à la suite de l’augmentation de la demande en Chine, résultant essentiellement de l’essor de l’industrie papetière chinoise.

Les exportations de pâte de bois sont un exemple typique illustrant la façon dont la croissance économique en Chine peut offrir des possibilités aux pays qui exportent les matières brutes dont les industries chinoises ont besoin.

La production chinoise de papier et de carton a plus que doublé depuis 1998. Cependant, en raison de la consommation intérieure élevée, qui représentait 16 % de la demande mondiale en 2003, la Chine demeure un pays importateur net de produits du papier7.

L’essor spectaculaire de l’industrie papetière chinoise a également contribué à augmenter la demande de matières brutes : les déchets de papier, la pâte de bois et la paille. Étant donné que l’on compte de façon exagérée sur la paille, qui est une source de pollution environ 10 fois plus importante que la pâte de bois, l’industrie papetière est devenue l’une des principales sources de pollution de l’eau en Chine8.

Le gouvernement chinois se tourne donc vers d’autres matières brutes, comme les déchets de papier et la pâte de bois, afin d’atténuer les répercussions de l’industrie papetière sur l’environnement. Il vise aussi à augmenter l’utilisation de la pâte de bois, qui représente à l’heure actuelle 20 % des produits à base de papier, en faisant passer ce pourcentage à environ 60 %9. Pour atteindre cet objectif, la Chine espère pouvoir compter sur les plantations forestières nationales, mais il se peut qu’elle doive compléter leur apport en augmentant les importations de pâte de bois10.

L’élimination des droits de douane sur les importations de pâte de bois, conformément aux engagements pris par la Chine avec l’Organisation mondiale du commerce, a contribué à stimuler de beaucoup la croissance des importations de pâte de bois. Ces importations ont presque quadruplé depuis 1998, ce qui s’est traduit par une hausse vertigineuse des exportations canadiennes. Les exportations canadiennes de pâte de bois sont passées de 251 millions de dollars américains en 1998 à 965 millions de dollars américains en 2004. Elles représentaient près de 13 % de nos exportations totales vers la Chine en 2004. La Chine est maintenant le marché d’exportation numéro deux du Canada pour ce qui est de la pâte de bois, derrière les États-Unis. Elle a dépassé le Japon en 2002.

Malgré la croissance rapide dans ce secteur, le Canada a perdu sa position dominante en Chine en 1993, époque à laquelle il représentait le tiers des importations totales de pâte de bois. Depuis, l’Indonésie, la Russie et le Brésil ont fait des gains importants.

Les exportations canadiennes de pâte de bois vers la Chine augmentent...

Les exportations canadiennes de pâte de bois vers la Chine augmentent...

... pendant que la part de marché diminue

... pendant que la part de marché diminue

Afin de réduire l’incidence de son industrie papetière sur l’environnement et pour gérer la demande intérieure pour la pâte de bois, la Chine a récemment annoncé des restrictions sur les exportations de pâte de bois et de papier fabriqué à partir de pâte de bois importée, qui entreront en vigueur en 2006. On ne sait pas si cette mesure ralentira vraiment la croissance de la production de papier, qui, selon certains analystes, augmentera encore de 30 % à 60 % d’ici 201011.

La société d’État China Paper Group a acheté dernièrement une usine de pâte à papier en faillite située près de Prince Rupert, en Colombie-Britannique, qu’elle a l’intention de rouvrir en investissant 100 millions de dollars canadiens12. Par cette transaction, les entreprises chinoises confirment que le Canada demeurera une source importante d’importations de pâte de bois à l’avenir.

Cependant, à court terme, il semble que les fabricants de papier chinois, pressés d’aligner les nouvelles installations de production, ont augmenté trop rapidement la production par rapport à la demande, ce qui a entraîné une offre excédentaire de papier.

La demande des produits du papier, y compris la pâte de bois, ainsi que les prix ont faibli en 2005. Par conséquent, les exportations canadiennes de pâte de bois ont baissé de 12 % en 2005 alors que les exportations vers d’autres destinations connaissaient une diminution plus faible à 5 %.

La forte demande chinoise augmente les prix et la valeur des exportations de métaux

La Chine — centre de fabrication mondial — voit augmenter sa demande de métaux de base qui entrent dans la fabrication de l’acier et des produits finis. Cette tendance est amplifiée par la croissance rapide qu’on enregistre dans les régions urbaines chinoises : le besoin de nouvelles infrastructures a stimulé la construction et, par conséquent, la demande d’acier. La Chine produit et consomme désormais le tiers de l’acier du monde.

Le développement de l’industrie sidérurgique chinoise est une bénédiction pour les exportateurs canadiens. En effet, les entreprises canadiennes ont profité de l’augmentation des importations chinoises de minerai de fer et de nickel, deux éléments essentiels qui entrent dans la fabrication de l’acier. Le Canada est désormais le principal exportateur de nickel vers la Chine.

Toutefois, l’augmentation du prix des métaux, déterminé par la demande chinoise, s’est révélée encore plus avantageuse pour l’industrie minière canadienne, car les revenus des ventes aux principaux clients, comme les États-Unis, progressent également.

Le nickel est l’un des éléments essentiels qui entrent dans la fabrication de l’acier inoxydable. La croissance rapide des importations chinoises de nickel en a fait le troisième importateur de nickel en importance, derrière les États-Unis et l’Allemagne.

Le Canada a profité de cette croissance et a dépassé la Russie, devenant par le fait même le principal exportateur de nickel vers la Chine. Nos exportations, qui ont quadruplé entre 2002 et 2004 pour s’établir à 326 millions de dollars américains, représentent maintenant 28 % des importations chinoises totales.

La forte demande chinoise augmente les prix et la valeur des exportations canadiennes de métaux

La forte demande chinoise augmente les prix et la valeur des exportations canadiennes de métaux

Cependant, le doublement des prix du nickel pour les exportations canadiennes depuis 2002 s’est traduit par un gain beaucoup plus important de la valeur des exportations canadiennes de nickel. La valeur de ces exportations est passée d’un peu plus de 770 millions de dollars américains en 2002 à près de 2,0 milliards de dollars américains en 2004. Cette hausse des prix est surtout attribuable à l’augmentation de la demande chinoise de nickel, qui gruge les réserves mondiales. La Chine représente actuellement un pourcentage relativement faible de nos exportations de nickel, les États-Unis se gardant la part du lion.

La Chine est maintenant le principal importateur mondial de minerai de fer, autre matière essentielle dans la fabrication de l’acier. Elle représentait 45 % des importations mondiales de minerai de fer en 2004. Qui plus est, ce pays constituait 70 % de la croissance des importations mondiales de minerai de fer entre 1998 et 2004, ce qui en faisait l’un des principaux clients des sociétés minières cherchant à développer leurs activités commerciales.

Le Canada n’enregistrait pas une proportion aussi élevée des importations chinoises de minerai de fer, secteur qui était dominé par l’Inde, l’Australie et le Brésil. Toutefois, la demande à la hausse de la Chine a contribué à l’augmentation de 16 % des prix de ce minerai pour les exportations canadiennes en 2004 seulement.

L’augmentation des exportations canadiennes vers la Chine, qui représentent maintenant 10 % des exportations canadiennes totales de minerai de fer, a permis de compenser la diminution de nos exportations vers d’autres marchés.

Les exportations canadiennes de minerai de fer et de minerais fins vers la Chine ont plus que doublé en 2005, poussées par une augmentation des prix et du volume.

Le blé : la Chine est redevenue le principal marché d’exportation

La Chine est redevenue l’un des principaux marchés d’exportation pour le blé canadien. Ce rebondissement est un revirement positif après une longue période de repli pour les exportations de blé canadien à destination de la Chine. En effet, de 1995 à 2004, ces exportations n’ont cessé de diminuer presque chaque année.

Les récoltes de blé records enregistrées en Chine entre 1996 et 1999 ont créé un surplus énorme : le rendement à l’hectare a atteint des sommets jamais vus dans ce pays, et l’offre intérieure dépassait la demande. Cette situation a entraîné une forte baisse des importations chinoises. Cependant, la diminution de la production chinoise est venue à bout de ces excédents, et la Chine s’est de nouveau tournée vers les pays étrangers pour satisfaire à la demande.

Après avoir diminué pour s’établir à seulement 36 millions de dollars américains en 2003, les exportations canadiennes ont fait un bond en 2004, passant à un peu plus de 600 millions de dollars américains, soit le montant le plus élevé enregistré depuis 1996. Le Canada était le deuxième fournisseur de blé en importance de la Chine en 2004, tout juste derrière les États-Unis.

Le blé était un pilier du commerce entre le Canada et la Chine. Il représentait le tiers de nos exportations à destination de la Chine en 1993. Dans le passé, la Chine était un important client de la Commission canadienne du blé, qui s’occupe de commercialiser les exportations au nom des producteurs de blé canadiens.

En 2000, la production de blé était inférieure à la consommation, le nombre d’hectares de blé cultivé ayant fortement diminué. Au lieu d’augmenter les importations pour répondre à la demande, la Chine a décidé d’utiliser les stocks de blé existants, lesquels avaient augmenté considérablement pendant les années de production excédentaire.

En raison des mauvaises récoltes de blé canadien causées par la sécheresse qui avait sévi dans les Prairies en 2002 et 2003, le Canada éprouvait des difficultés à satisfaire à la demande chinoise d’importations, qui avait commencé à augmenter en 2003. En 2004, quand la production canadienne s’est remise et que les importations chinoises recommençaient à grimper, les exportations de céréales étaient devenues encore une fois un aspect important du commerce entre le Canada et la Chine.

En raison de l’augmentation des rendements et de la production intérieure, on prévoyait que les importations chinoises de blé pour 2005 devaient être essentiellement inférieures aux importations enregistrées en 200413. Bien que les données chinoises sur les importations en 2005 ne sont pas disponibles, cette baisse s’est effectivement concrétisée dans les données d’exportations canadiennes de blé vers la Chine en 2005 qui ont diminué de plus de 60 % par rapport à 2004.

La Commission canadienne du blé a noté que l’intensification de la concurrence parmi les petits exportateurs de blé, comme la Russie, pourrait ramener les prix à la baisse au cours des prochaines années14. La réussite du Canada sur le marché chinois dépendra en partie de sa capacité de faire face à ces protagonistes, de même qu’à ses concurrents traditionnels, qui sont les États-Unis et l’Australie.

Clé pour l’avenir : la nature de la croissance économique de la Chine

Que réserve l’avenir au commerce entre le Canada et la Chine ? Son avenir dépend en grande partie de la nature de la croissance économique de la Chine.

Les carnets de commandes de gros navires de charge et de pétroliers à l’extérieur des ports de la Chine donnent à penser qu’il faudra maintenir une infrastructure adéquate pour faciliter la croissance économique et l’essor du commerce. À l’avenir, la croissance pourrait contribuer à aggraver la situation actuelle en ce qui concerne la congestion due au transport et l’approvisionnement en énergie en Chine15. Le gouvernement chinois prend des mesures pour s’attaquer à ces problèmes, en annonçant la mise sur pied de projets destinés à renforcer les capacités au port de Shanghai.

Au pays, le regroupement des activités commerciales avec la Chine représente une priorité depuis les 10 dernières années pour les gouvernements fédéral et provinciaux, qui ont commandité de nombreuses missions commerciales destinées à l’imposant marché asiatique.

En octobre 2005, le gouvernement canadien a annoncé qu’il avait l’intention d’investir dans une stratégie pour améliorer l’infrastructure des transports et faciliter les liens commerciaux avec l’Asie par un meilleur accès au Pacifique.

Les importations chinoises d’énergie proviennent habituellement du Moyen-Orient, de la Russie et de l’Afrique. Cependant, les projets prévoyant la construction d’un pipeline qui pourrait servir à charger les pétroliers sur la côte ouest du Canada pourraient permettre à notre pays de devenir une source de remplacement pour répondre à la demande d’énergie de la Chine.

Seul le temps dira comment la recherche de nouvelles possibilités par les entreprises canadiennes façonnera nos exportations futures à destination de la Chine.

Notes en fin de document

  1. Puisque la source de données de cet article consiste principalement en la base de données « UN Comtrade », à moins que ce ne soit précisé autrement, les montants d’argent présentés dans cet article sont exprimés en dollars américains.
  2. Bloomberg, « China may overtake France in economy », China Daily, 23 janvier 2006, (site consulté le 3 février 2006).
  3. Bien que l’Union européenne ait exporté davantage vers la Chine que ne l’a fait la Corée du Sud en 2004, les exportations coréennes représentaient plus du double que celles de n’importe quel pays de l’Union européenne. Le Fonds monétaire international n’indique plus les importations chinoises en provenance de Taïwan, mais il les inclut dans le volume d’importations total en provenance d’Asie. Cependant, le ministre chinois du Commerce a fait savoir que la Chine a importé des marchandises pour une valeur d’un peu moins de 65 milliards de dollars américains en provenance de Taïwan en 2004, ce qui est légèrement plus que la Corée du Sud.
  4. La Classification type pour le commerce international, 3e révision, répartit les produits en dix chapitres, dont cinq sont importants pour les exportations canadiennes vers la Chine : les produits alimentaires et les animaux vivants, les matières premières (produits non comestibles qui n’ont pas été fabriqués, à l’exception des carburants), les produits chimiques, les articles manufacturés (classés principalement d’après la matière première avec laquelle ils sont fabriqués, comme l’acier), les machines et le matériel de transport. Les cinq autres catégories de biens que le Canada exporte en faibles quantités vers la Chine sont les boissons et le tabac, les combustibles minéraux, les huiles animales et végétales, les articles manufacturés (p. ex. les meubles) et la catégorie fourre-tout « autres ».
  5. Selon une étude récente de Statistique Canada, les exportations canadiennes vers la Chine ont, en 2004, augmenté plus rapidement que les importations en provenance de ce pays. Voir l’article intitulé « Échanges commerciaux du Canada avec la Chine », L’observateur économique canadien, vol. 18, no 6, produit no 11-010-XIB au catalogue de Statistique Canada, juin 2005.
  6. Pour obtenir plus de renseignements sur les récents changements survenus dans le commerce international des textiles et des vêtements et sur leurs effets sur les industries canadiennes, veuillez consulter l’article de Diana Wyman qui s’intitule  « Extension ou contraction ? Les industries du textile et du vêtement au Canada », Analyse en bref, produit n11-621-M2005022 au catalogue de Statistique Canada, mars 2005 (site consulté le 3 février 2006).
  7. Selon les statistiques publiées dans l’article de la Fondation Asie Pacifique du Canada qui s’intitule « Positioning Canada in China’s Paper Chase », Asia Pacific Bulletin, n147, 27 février 2004 (site consulté le 3 février 2006).
  8. Selon l’Agence de protection de l’environnement de l’État, dont il est fait mention dans l’article de Sun Xiaohua qui s’intitule  « New tech urged to abate paper making pollution » (en ligne), China Daily, 1er novembre 2005, (site consulté le 3 février 2006).
  9. Fondation Asie Pacifique du Canada, « Positioning Canada in China’s Paper Chase », Asia Pacific Bulletin, n147, 27 février 2004 (site consulté le 3 février 2006).
  10. Ibid.
  11. D. He et C. Barr, « China’s pulp and paper sector: An analysis of supply-demand and medium-term projections », International Forestry Review, vol. 6, nos  3 et 4, 2004.
  12. Fondation Asie Pacifique du Canada, « China: market overview », 2005 (site consulté le 3 février 2006).
  13. Département de l’agriculture des États-Unis,  « Grain: World Markets and Trade », Foreign Agricultural Service Circular Series, FG 12-05, décembre 2005 (site consulté le 3 février 2006).
  14. Commission canadienne du blé,  « CWB grain production and trade forecast to 2011-12 » (site consulté le 3 février 2006).
  15. Yanping Li,  « Beijing may expand efforts to cool economy » (en ligne), International Herald Tribune, 27 janvier 2005 (site consulté le 3 février 2006).