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Le chômage chronique : un profil statistique

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par Bradley Brooks,
Division de la statistique du revenu et
Division de l’analyse socioéconomique et de la modélisation

Sommaire
Les chômeurs chroniques : un apport disproportionné au chômage
Les chômeurs chroniques : en chômage plus souvent et plus longtemps
Le chômage chronique touche davantage les femmes
Plus de chômage chronique chez les personnes moins scolarisées
Le chômage chronique touche davantage les travailleurs plus âgés
Le chômage chronique : une réalité dans l’Est du Canada
Les membres de minorités visibles et les personnes ayant une incapacité sont surreprésentés parmi les chômeurs chroniques
Échantillon et méthodes
Tableaux

Sommaire

Le défi du chômage fait la vie dure aux décideurs canadiens depuis trois décennies. En effet, selon des recherches précédentes, le chômage coûte très cher et a de graves conséquences sur le perfectionnement des ressources humaines, tant pour les personnes que pour la collectivité, à plus forte raison lorsqu’il est chronique.

La présente étude révèle qu’un petit groupe de personnes qui chômaient, en moyenne, pendant la majeure partie de leur temps d’activité sur le marché du travail étaient responsables d’une part importante du chômage. Mais qui donc sont ces personnes qui, pour une raison ou une autre, éprouvaient des difficultés à se trouver un emploi et à le garder?

Dans le cadre de la présente étude, qui est fondée sur des données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR), on examine trois groupes de personnes en chômage : les personnes qui étaient rarement en chômage, celles qui étaient toujours en chômage et les chômeurs chroniques. Aux fins de cette étude, le groupe de personnes rarement en chômage fait référence aux 10 % de personnes chômant le moins. Les personnes toujours en chômage, c’est-à-dire celles qui n’ont pas réussi à se trouver un emploi lorsqu’elles en cherchaient un, constituaient un autre 5 % de chômeurs. Les chômeurs chroniques sont classés dans la tranche supérieure des 10 % restants des personnes qui passaient plus de temps que quiconque en chômage, soit entre 48 % et 99 % de leur temps d’activité.

Les résultats sont révélateurs.

D’abord, l’étude montre que les personnes qui étaient toujours ou chroniquement en chômage représentaient un pourcentage disproportionné du chômage. Cela est d’autant plus frappant que ces personnes participaient relativement peu au marché du travail. Durant deux périodes de six ans se chevauchant partiellement entre 1993 et 2001, elles représentaient 15 % de tous les chômeurs, mais environ 41 % du chômage global.

Autrement dit, les personnes qui étaient toujours ou chroniquement en chômage représentaient 15 % de toutes les personnes qui avaient chômé à un moment donné durant la période à l’étude. Parallèlement, le nombre total de semaines de chômage accumulées par ces chômeurs constituait 41 % du temps total accumulé.

Alors que les études précédentes portaient surtout sur le chômage chez les hommes, la présente étude révèle que le chômage chronique touchait davantage les femmes, qui représentaient 55 % des chômeurs chroniques; ce problème est particulièrement grave chez les mères seules.

De plus, les personnes qui n’avaient pas de diplôme d’études secondaires étaient surreprésentées dans les rangs des chômeurs chroniques, tout comme l’étaient les résidents du Québec et des provinces de l’Atlantique, les membres de minorités visibles et les personnes ayant une incapacité.

Définitions

Aux fins de la présente étude, la population active désigne les répondants de 16 à 69 ans qui ont fait partie de l’échantillon de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR) durant les six années du panel 1 (1993 à 1998) ou du panel 2 (1996 à 2001) et qui avaient travaillé ou s’étaient cherché du travail pendant au moins une semaine durant les six années du panel. L’EDTR est une enquête longitudinale qui présente l’avantage de suivre le même groupe de personnes tout au long de la période à l’étude.

La population ne chômant jamais désigne les répondants qui n’avaient jamais chômé lorsqu’ils étaient actifs sur le marché du travail.

La population ayant déjà chômé désigne les répondants actifs qui avaient connu au moins un épisode de chômage durant la durée de vie du panel. Le critère pour établir qu’une personne est désignée « chômeur » est qu’elle devait avoir cherché du travail; quiconque ne travaillait pas et n’avait pas cherché d’emploi était exclu de la population active.

Lorsqu’on trie la population ayant déjà chômé selon un ordre ascendant de pourcentage de temps en chômage (c.-à-d. de la personne qui avait chômé, proportionnellement à son temps d’activité, le plus petit nombre de semaines à celle qui avait chômé proportionnellement le plus), la population qui chôme rarement en représente le décile « inférieur » (de 0 % à 10 %), cette population ayant chômé durant moins de 1,3 % de son temps d’activité.

Les chômeurs chroniques désignent le décile « supérieur » de ce même groupe (de 90,0 % à 99,9 %), à l’exclusion des personnes qui avaient chômé durant tout leur temps d’activité. Les chômeurs chroniques sont ceux qui avaient chômé de 48,0 % à 99,9 % de ce temps.

Le 100 % représente les personnes qui n’ont pas trouvé d’emploi toutes les fois qu’elles étaient actives sur le marché du travail. Il s’agit de la population toujours en chômage. Ce groupe désigne environ 5 % des personnes ayant déjà chômé et est examiné séparément du groupe des chômeurs chroniques. Bien que les deux groupes aient été durement touchés par le chômage, aucune personne de la population toujours en chômage n’avait trouvé d’emploi durant la période à l’étude, ce qui rend ces gens uniques. En fait, ces personnes n’étaient pas admissibles aux prestations d’assurance-emploi, étant donné qu’elles n’avaient pas travaillé et qu’elles n’avaient pas cotisé au programme.

Les déciles de comparaison ont été choisis de façon arbitraire. La présente étude fait ressortir les différences entre les chômeurs en comparant le décile supérieur (les chômeurs chroniques) et le groupe à 100 % (la population toujours en chômage) au décile inférieur (population qui chôme rarement).

La présente étude se penche surtout sur la comparaison des groupes de chômeurs situés aux pôles opposés de la population ayant déjà chômé. L’analyse ne traite donc pas en profondeur des caractéristiques de la population des déciles du milieu (déciles 2 à 8, regroupés).

Le ratio d’activité désigne le pourcentage du nombre total de semaines durant lesquelles un répondant était actif sur le marché du travail au cours des six années du panel.

Le pourcentage de temps en chômagedésigne le pourcentage des semaines d’activité durant lesquelles une personne a chômé.

Une famille économique comprend deux personnes ou plus qui cohabitent et qui sont apparentées par le sang, le mariage, ou l’adoption, ou qui vivent en union libre.

Les chômeurs chroniques : un apport disproportionné au chômage

Les chômeurs chroniques représentaient un pourcentage disproportionné du chômage. En effet, selon les données de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR), les deux panels comptaient un peu plus de 952 000 chômeurs chroniques. Défini selon un choix arbitraire, ce groupe comprend le dixième de la population ayant déjà chômé (un peu moins de 10 millions de personnes).

Ce groupe a cependant accumulé près de 130 millions de semaines de chômage, soit presque 30 % des 443 millions de semaines de chômage qu’ont accumulées toutes les personnes ayant été en chômage à un moment donné durant la période à l’étude. Autrement dit, ces 10 % de chômeurs ont représenté 30 % du chômage.

De plus, si l’on ajoutait au nombre de chômeurs chroniques les 492 000 chômeurs qui ont été incapables de se trouver un emploi au cours de la période à l’étude (qui étaient toujours en chômage), les deux groupes représenteraient près de 15 % des chômeurs et constitueraient un peu plus de 41 % du chômage global.

En revanche, 10 % des personnes à l’autre extrémité de l’échelle étaient rarement sans travail. En moyenne, elles avaient connu des épisodes de chômage moins fréquents et plus courts, et elles avaient passé moins de 1,3 % de leur temps d’activité à chômer. Ces 10 % de personnes ayant déjà chômé avaient accumulé moins de 2,1 millions de semaines de chômage, soit à peine 0,5 % du total.

Les chômeurs chroniques représentaient un apport disproportionné au chômage

Figure 1 : Les chômeurs chroniques représentaient un apport disproportionné au chômage.  Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Une courbe de Lorenz jette un autre éclairage sur la disparité du chômage. Après avoir réparti les personnes ayant déjà chômé (en allant de celles qui avaient le moins chômé à celles qui avaient le plus chômé), la courbe montre le pourcentage cumulatif du chômage global par rapport au pourcentage cumulatif de la population ayant déjà chômé.

Il s’avère que la moitié de la population ayant déjà chômé ne représentait que 11 % du chômage global entre 1993 et 2001, tandis que les trois quarts en constituaient 35 % et que 90 % en représentaient environ 62 %.

Le coefficient de Gini de la courbe mesure 0,57, ce qui indique que la répartition du chômage est très inégale1.

Une courbe de Lorenz montre que la majeure partie du chômage était attribuable à une petite proportion de chômeurs

Figure 2 : Une courbe de Lorenz montre que la majeure partie du chômage était attribuable à une petite proportion de chômeurs.  Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Les chômeurs chroniques : en chômage plus souvent et plus longtemps

Les chômeurs chroniques avaient tendance à connaître des épisodes de chômage plus nombreux et plus longs que les autres chômeurs, en plus de participer plus faiblement à la population active.

En moyenne, les chômeurs chroniques ont vécu 3,4 épisodes de chômage, chacun ayant duré au moins 54 semaines, soit un peu plus d’un an. Plus du quart d’entre eux ont connu 5 épisodes ou plus de chômage; près du dixième d’entre eux en ont vécu 7 ou plus et certains, jusqu’à 16.

Par contre, les personnes qui étaient toujours en chômage lorsqu'elles étaient actives sur le marché du travail ont vécu, en six ans, chacun 1,7 épisode de chômage d’au moins 77  semaines en moyenne. Le fait qu’elles aient connu plus d’un épisode de chômage montre qu’elles avaient cessé de se chercher du travail et qu’elles avaient décroché de la population active à un moment donné.

Lorsqu’ils ont réintégré la population active, ces chômeurs ont été incapables de se trouver un emploi. À vrai dire, ils n’ont pas pu se dénicher un emploi quand ils en ont cherché. Environ 4 % des personnes toujours en chômage ont connu cinq épisodes ou plus de chômage durant la période à l’étude et certaines, jusqu’à huit. À l’autre extrémité de l’échelle, les personnes qui chômaient rarement n’ont connu, en moyenne, qu’un seul épisode de chômage d’au moins deux semaines.

Dans l’ensemble, chaque chômeur a vécu, en moyenne, 2,2 épisodes de chômage d’au moins 22 semaines chacun durant la période à l’étude.

Les chômeurs chroniques ont eu tendance à connaître davantage d’épisodes de chômage

Figure 3 : Les chômeurs chroniques ont eu tendance à connaître davantage d’épisodes de chômage.  Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Les chômeurs chroniques et les personnes qui étaient toujours en chômage avaient, à long terme, beaucoup moins tendance à participer à la population active que les autres travailleurs.

Les chômeurs chroniques ont affiché un ratio d’activité moyen relativement faible de 65 %, ce qui correspond à 204 semaines durant la période à l’étude. Cependant, ils participaient davantage à la population active que les personnes qui ne s’étaient jamais trouvé d’emploi. Peut-être qu’ils entrevoyaient leurs perspectives d’emploi avec plus d’optimisme, que leur capital humain était assujetti à moins de contraintes et qu’ils faisaient face à moins d’obstacles à l’emploi d’ordre personnel et familial.

Les personnes toujours en chômage affichaient, en moyenne, le plus faible ratio d’activité, soit 35 %, ou environ 109 semaines de la période à l’étude. Cela donne à penser que ce groupe se composait d’une bonne proportion de travailleurs découragés, qui avaient quitté la population active pour toutes sortes de raisons.

Les chômeurs chroniques participaient moins au marché du travail

Figure 4 : Les chômeurs chroniques participaient moins au marché du travail.  Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Le chômage chronique touche davantage les femmes

Habituellement, les études portent surtout sur le chômage chez les hommes. Les données de l’EDTR révèlent toutefois que le chômage chronique touche davantage les femmes.

Dans l’ensemble, les femmes représentaient 53 % des 10 millions de personnes environ qui ont été en chômage à un moment donné durant la période à l’étude. Elles constituaient cependant 55 % des chômeurs chroniques et près des deux tiers de la population n’ayant jamais trouvé d’emploi au cours de cette période.

À l’autre extrémité de l’échelle, les hommes représentaient un peu plus de la moitié (52 %) de la population qui n’était que rarement sans travail.

En outre, les femmes étaient environ 1,3 fois plus susceptibles que les hommes d’être chroniquement en chômage par rapport au fait de ne jamais chômer. Elles étaient également 1,7 fois plus susceptibles que les hommes de faire partie de la population toujours en chômage que de celle qui n’avait jamais été en chômage2. On a obtenu ces résultats après avoir neutralisé les effets du panel de l’EDTR, du statut d’immigrant, du groupe d’âge, de l’appartenance à une minorité visible, de la région de résidence, du type de famille économique, de la situation vis-à-vis de l’incapacité, du lien avec le principal soutien économique dans la famille économique et du niveau de scolarité.

Les chômeuses passaient, en moyenne, 24 % de leur temps d’activité à chômer, comparativement à seulement 20 % des chômeurs. Elles ont totalisé 54 % des épisodes de chômage de plus de 52 semaines durant la période à l’étude. Les hommes et les femmes ont enregistré des proportions égales du nombre total de semaines de chômage. Le fait que les proportions des hommes et des femmes soient égales alors que ces dernières représentaient la majorité des personnes en chômage et qu’elles passaient davantage de temps à chômer montre que les hommes ont affiché un ratio d’activité moyen (84 %) supérieur à celui des femmes (74 %).

 

Les chefs de familles monoparentales étaient particulièrement surreprésentés parmi les chômeurs chroniques et les personnes qui n’avaient jamais trouvé d’emploi. Il s’agissait surtout de femmes, car celles-ci se retrouvent à la tête de la grande majorité des familles monoparentales.

Dans l’ensemble, les chefs de familles monoparentales représentaient 4,8 % des 24 millions de personnes qui participaient au marché du travail à un moment donné au cours de la période à l’étude. Ils constituaient cependant 10  % des chômeurs chroniques et 12 % de la population qui n’avait pas trouvé d’emploi durant cette période.

 

Le chômage chronique touchait davantage les femmes

Figure 5 : Le chômage chronique touchait davantage les femmes.  Une nouvelle fenêtre s'ouvrira.

Les chefs de familles monoparentales — des femmes pour la plupart encore une fois — étaient 6,6 fois plus susceptibles que les hommes célibataires d’avoir chômé au cours de cette période.

Chez les chefs de familles monoparentales, le chômage chronique touchait plus particulièrement les femmes

Figure : Chez les chefs de familles monoparentales, le chômage chronique touchait plus particulièrement les femmes

 

Plus de chômage chronique chez les personnes moins scolarisées

Les personnes qui n’avaient pas de diplôme d’études secondaires étaient surreprésentées parmi les chômeurs chroniques et les personnes qui n’avaient jamais trouvé d’emploi. À l’inverse, elles étaient sous-représentées parmi les gens qui avaient rarement chômé. Elles représentaient 20 % de la population active durant la période à l’étude. Elles constituaient toutefois 38 % des chômeurs chroniques et 51 % de ceux qui n’avaient jamais trouvé d’emploi. Il s’agit de proportions supérieures à celles de tout autre groupe.

Par contre, les titulaires d’un diplôme ou d’un certificat universitaire représentaient 18 % de la population active, mais seulement 5,6 % des chômeurs chroniques. Ils constituaient aussi 17 % des personnes rarement en chômage.

Entre les groupes de chômeurs, les titulaires de certificats d’études postsecondaires non universitaires ou ayant un niveau supérieur étaient répartis de façon similaire aux titulaires d’une attestation d’études universitaires, bien qu’ils formaient une proportion moindre de la population ayant déjà chômé.

Les titulaires d’un diplôme d’études secondaires étaient relativement bien représentés dans les sous-populations de chômeurs, à l’exception de la population des personnes toujours en chômage, où ils étaient visiblement sous-représentés (par rapport à leur pourcentage de la population active).

Il était à prévoir que les personnes n’ayant pas terminé leurs études secondaires soient plus souvent en chômage que les personnes plus scolarisées. En fait, celles qui n’avaient pas obtenu de diplôme d’études secondaires étaient également huit fois plus susceptibles que les titulaires d’une attestation d’études universitaires d’être chroniquement en chômage plutôt que rarement.

Les personnes sans diplôme d’études secondaires étaient surreprésentées parmi les chômeurs chroniques

Figure : Les personnes sans diplôme d’études secondaires étaient surreprésentées parmi les chômeurs chroniques

 

Le chômage chronique touche davantage les travailleurs plus âgés

En général, les travailleurs plus âgés — ceux de 40 ans et plus — se ressentaient aussi plus durement du chômage chronique. En effet, ce groupe représentait 28,3 % des 10 millions de personnes ayant déjà chômé durant la période à l’étude, mais 38,1 % des chômeurs chroniques et 52,1 % des personnes qui n’avaient jamais trouvé d’emploi.

Les personnes de 56 à 63 ans étaient les plus touchées. Alors qu’elles étaient sous-représentées parmi les chômeurs (5,0 % par rapport à 6,8 % de la population active), elles étaient en réalité surreprésentées dans les rangs des chômeurs chroniques (8,4 %) et des personnes toujours en chômage (16 %).

Cela donne à penser que les obstacles au réemploi sont plus difficiles à franchir avec l’âge. Ces résultats sont valides même si l’on neutralise les effets des autres variables (c.-à-d. du panel de l’EDTR, du statut d’immigrant, de l’appartenance à une minorité visible, de la région de résidence, du type de famille économique, de la situation vis-à-vis de l’incapacité, du lien avec le principal soutien économique dans la famille économique et du niveau de scolarité).

Parmi les facteurs pouvant entraver le réemploi chez les travailleurs plus âgés, mentionnons que ceux-ci peuvent avoir de plus grandes aspirations salariales, qu’ils peuvent être plus pointilleux dans le choix d’un nouvel emploi (grâce à leurs épargnes) et qu’ils peuvent plus difficilement changer de carrière lorsque leurs compétences ne sont pas recherchées, d’une part, et en raison des contraintes touchant la demande associée à l’âge, d’autre part.

À l’autre extrémité de l’échelle, les travailleurs les plus jeunes — ceux de 16 à 20 ans — affichent un taux élevé de chômage, selon les résultats de l’EDTR. Toutefois, ceux-ci sont plus nombreux à faire partie de la catégorie des personnes rarement en chômage. Autrement dit, ces jeunes travailleurs sont plus susceptibles de chômer, mais ils chôment moins longtemps relativement à leur temps d'activité.

Les travailleurs plus âgés étaient davantage touchés par le chômage chronique

Figure : Les travailleurs plus âgés étaient davantage touchés par le chômage chronique

 


Tableau
Répartition en pourcentage des groupes de population, selon le groupe d’âge au début du panel de six ans

Le chômage chronique : une réalité dans l’Est du Canada

Les chômeurs vivant à l’est de l’Ontario étaient surreprésentés dans le groupe des chômeurs chroniques et des personnes n’ayant jamais trouvé d’emploi.

Les résidents des provinces de l’Atlantique représentaient 8,5 % de la population active qui fait l’objet de la présente étude. Or, ils constituaient 17 % des chômeurs chroniques. Il en était de même au Québec, où l’on trouvait 27 % de la population active et 36 % des chômeurs chroniques.

En général, plus on s’éloigne du Canada atlantique pour se diriger vers l’ouest, moins les gens sont susceptibles de chômer. La probabilité d’être chroniquement ou toujours en chômage s’estompe aussi. Ces conclusions s’avèrent justes après avoir neutralisé les effets du panel de l’EDTR, du statut d’immigrant, du groupe d’âge, de l’appartenance à une minorité visible, du sexe, du type de famille économique, de la situation vis-à-vis de l’incapacité, du lien avec le principal soutien économique dans la famille économique et du niveau de scolarité.

Cette tendance générale s’accentue du Québec aux Prairies, bien qu’elle fléchisse légèrement en Colombie-Britannique.

Les résidents du Canada atlantique et du Québec étaient plus susceptibles d’être en chômage chronique

Figure : Les résidents du Canada atlantique et du Québec étaient plus susceptibles d’être en chômage chronique

 

Les membres de minorités visibles et les personnes ayant une incapacité sont surreprésentés parmi les chômeurs chroniques

Les membres de minorités visibles constituaient généralement un petit sous-groupe de chômeurs. Toutefois, ils étaient surreprésentés parmi les chômeurs chroniques et surtout dans le groupe n’ayant jamais trouvé d’emploi. Ils représentaient à peine 7,6 % de la population active, mais 9 % des personnes qui avaient été en chômage à un moment donné durant la période à l’étude et 17 % des personnes toujours en chômage.

Les membres des minorités visibles ont passé 4,5 % plus de temps dans la population active au chômage que les autres personnes, après avoir neutralisé les effets du panel de l’EDTR, du statut d’immigrant, du groupe d’âge, du sexe, de la région de résidence, du type de famille économique, de la situation vis-à-vis de l’incapacité, du lien avec le principal soutien économique dans la famille économique et du niveau de scolarité. Ils étaient 2,6 fois plus susceptibles de faire partie des chômeurs chroniques que de la population qui chôme rarement. En outre, ils étaient 1,7 fois plus enclins à être chroniquement en chômage et 3,6 fois plus enclins à être toujours en chômage qu’à ne jamais avoir été sans emploi.

Les membres de minorités visibles étaient surreprésentés parmi les chômeurs chroniques

Figure : Les membres de minorités visibles étaient surreprésentés parmi les chômeurs chroniques

 

Les personnes ayant une incapacité étaient aussi en minorité parmi les chômeurs et la population active. Chez les chômeurs, ces personnes étaient nettement surreprésentées parmi celles qui étaient chroniquement ou toujours en chômage. En effet, elles représentaient 7,4 % de la population active, mais 8,9 % des personnes qui avaient été en chômage à un moment donné durant la période à l’étude, 16 % des chômeurs chroniques et 32 % des personnes toujours en chômage.

Les personnes ayant une incapacité étaient plus susceptibles d’être des chômeurs chroniques

Figure : Les personnes ayant une incapacité étaient plus susceptibles d’être des chômeurs chroniques

 

Échantillon et méthodes

Les données utilisées dans la présente étude proviennent de l’Enquête sur la dynamique du travail et du revenu (EDTR). Cette enquête longitudinale, tenue chaque année depuis 1992, suit environ 30 000 adultes sur une période de six ans, une cohorte désignée/ sous le nom de panel. Un nouveau panel est introduit tous les trois ans, si bien que les panels se chevauchent. La présente étude se fonde sur les données des deux premiers panels de l’enquête. Pour obtenir plus de renseignements sur l’EDTR, veuillez visiter le site Statistique Canada ou communiquer avec les Services à la clientèle au (613) 951-7355 (income@statcan.gc.ca). L’échantillon de l’EDTR se limitait aux personnes qui avaient fait partie du panel 1 ou 2 tout au long de ces six années et dont l’âge variait entre 16 et 63 ans durant la première année du panel. On restreignait également l’échantillon aux personnes qui avaient fait partie de la population active pendant au moins une semaine durant les six années du panel. L’échantillon final comprenait 11 655 répondants, lesquels ont déjà été en chômage.

Pour un même panel, si une semaine était partielle à la fin d’une année, elle était combinée à celle de l’année suivante. Pour ces cas, lorsqu’un répondant déclarait des situations différentes vis-à-vis de l’activité, la « meilleure » était retenue, « occupé » ayant préséance sur « en chômage » et « en chômage », sur « inactif ». Le nombre total de semaines est de 314 pour le panel 1, et de 313 pour le panel 2.

Les panels ont été combinés. Vous trouverez ci-dessous des statistiques sommaires sur l’échantillon, la population et les indicateurs clés. On a observé un léger effet de panel, qui est le résultat d’une baisse du taux de chômage durant le panel 2. Les changements liés à la répartition observés parmi les populations en chômage entre les deux panels témoignent en partie de la réaction des participants au redressement économique de la fin des années 1990 et aux réformes substantielles qui ont été apportées au Régime d’assurance-chômage (maintenant l’assurance-emploi) à compter de 1996.

En choisissant les variables à faire ressortir dans l’analyse descriptive, trois analyses de régression ont été modélisées à l’aide du logiciel SUDAAN et avec 1 000 poids bootstrap conçus pour être utilisés avec les données longitudinales de l’EDTR. Chaque modèle mesurait les effets des variables suivantes sur la variable dépendante : panel, sexe, statut d’immigrant, groupe d’âge, appartenance à une minorité visible, région de résidence, type de famille économique, situation vis-à-vis de l’incapacité, lien avec le principal soutien économique dans la famille économique et niveau de scolarité. Le cas échéant, on utilisait la valeur de la variable au début du panel de six ans; par exemple, le niveau de scolarité correspond au plus haut niveau de scolarité du répondant durant la première année. Les régressions ne mesurent que la seule influence de chaque variable après avoir neutralisé les effets des autres.

Les modèles étaient les suivants : une analyse par régression multiple mesurant les effets des variables énumérées sur le pourcentage du temps d’activité passé en chômage (R2 = 0,11); une régression logistique multinomiale mesurant les effets des variables énumérées sur les risques relatifs de faire partie de l’une ou l’autre des sous-populations de chômeurs compte tenu de la situation des personnes (telle qu’elle est définie par les variables énumérées); une régression logistique mesurant les effets des variables énumérées sur la probabilité relative de faire partie de la population qui chôme rarement plutôt que des chômeurs chroniques compte tenu de la situation des personnes (R2 = 0,24).

Tous les résultats présentés dans le texte sont statistiquement significatifs, du moins au seuil de signification de 95 %. Il est bon de noter que la présente analyse a été réalisée avant les révisions historiques diffusées en 2005 (voir « Enquête sur la dynamique du travail et du revenu : révision historique de 2003 », Série de documents de recherche — Revenu, produit no 75F0002MIF au catalogue de Statistique Canada, vol. 9). Bien que ces révisions donnent à penser que les niveaux de chômage peuvent être légèrement sous-estimés dans la présente analyse, les tendances observées ne devraient pas être affectées.

Pour obtenir les résultats des régressions, veuillez communiquer avec l’auteur à : analysisinbrief-analyseenbref@statcan.gc.ca.

Tableaux

Tableau
Résultats de base selon le groupe de population, Canada, échantillon combiné des panels 1 (1993 à 1998) et 2 (1996 à 2001)

Tableau
Indicateurs clés selon le groupe de population, Canada, échantillon combiné des panels 1 (1993 à 1998) et 2 (1996 à 2001)

 


Notes en fin de document

1.Le coefficient de Gini va de 0 à 1, 0 indiquant l’absence d’inégalité et 1, l’inégalité totale.
2.Ces résultats sont statistiquement significatifs, du moins au seuil de signification de 95 %. On peut obtenir les résultats des régressions auprès de l’auteur à analysisinbrief- analyseenbref@statcan.gc.ca.